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17 juin 2025
UNE LONGUE JOURNÉE ATTENDUE À L'HÉMICYCLE CE LUNDI
Ce lundi 12 septembre 2022, les députés élus le 31 juillet dernier prennent officiellement fonction, à la faveur d’une cérémonie d’installation de la 14ème Législature, pour la période 2022-2027
Ce lundi 12 septembre 2022, les députés élus le 31 juillet dernier prennent officiellement fonction, à la faveur d’une cérémonie d’installation de la 14ème Législature, pour la période 2022-2027. Ce qui augure une longue journée de fortes tractations et de vote ce, du fait de l’écart étriqué entre la majorité et l’opposition.
A l’Assemblée nationale, les choses solennelles vont commencer lundi 12 septembre 2022 avec la première séance publique de la 14e Législature, à 10 heures. Les nouveaux députés éliront le président de l’Assemblée nationale par bulletin secret à la tribune. Tout ce processus est régi par la loi organique portant Règlement intérieur notamment aux articles 9 et suivants.
D’abord, il faut rappeler que la séance se déroulera sous la supervision du Bureau d’âge sachant lire et écrire la langue officielle, (Me Abdoulaye Wade, député ‘’Wallu Sénégal’’, 96 ans, même si l’on annonce son retrait), à qui revient la présidence de cette séance inaugurale. Il est assisté par les deux plus jeunes, sachant également lire et écrire le Français, pour assumer les fonctions de secrétaire.
Le doyen de la nouvelle Assemblée fait donc procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum est atteint, il déclare la séance ouverte. A préciser, tout de même, qu’aucun débat ne peut avoir lieu sous la présidence du doyen d’âge, sauf s’il porte sur des questions de procédure relatives à l’élection en cours.
Mais, dès son élection, le Président de l’Assemblée nationale prend fonction. Ce qui veut dire que l’élection des autres membres du Bureau se déroule sous sa présidence. Là aussi, il est à préciser que ce n’est qu’en cas d’empêchement du Président que le plus âgé des députés présents, sachant lire et écrire la langue officielle, préside à l’élection des autres membres du Bureau, d’après toujours le RI de la deuxième institution de la République du Sénégal.
Aux cours des travaux, il peut être demandé une suspension de séance. Le Président de l’Assemblée nationale peut aussi autoriser des explications de vote après l’installation du Bureau définitif.
Au jour et à l’heure fixés pour l’ouverture de la session, le nouveau Président fait ainsi procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum fixé à l’article 6 est atteint, il déclare la session ouverte. Il est ensuite procédé à l’élection du Bureau, dans les conditions prévues aux articles 13 et 14 du Règlement intérieur.
Une installation particulière
Pour rappel, le Bureau comprend, outre le Président, huit vice-présidents ; six secrétaires élus et deux questeurs.
Le Président de l’Assemblée nationale est élu au scrutin uninominal, à la majorité absolue des suffrages exprimés. Et si cette majorité n’est pas atteinte au premier tour du scrutin, il est procédé à un second tour, pour lequel l’élection est acquise à la majorité relative.
Quant aux vice-présidents, secrétaires et questeurs, ils sont élus au scrutin de liste, pour chaque fonction. Chaque groupe de l’Assemblée peut présenter une liste par fonction. En cas de contestation, la séance est suspendue, et le scrutin ne peut avoir lieu qu’une heure après.
Mais sur proposition de son Bureau, l’Assemblée nationale peut, au cours d’une séance solennelle, recevoir des personnalités éminentes venues délivrer un message ou accorder l’honorariat à ses anciens présidents.
La particularité de cette séance d’ouverture, c’est que les discussions s’annoncent déjà très serrées, notamment entre la majorité présidentielle ‘’Benno bokk yaakaar (Bby) avec 82 députés et l’inter-coalition ‘’Yewwi Askan wi-Wallu Sénégal’’, qui s’en adjuge 80. Il est donc clair que le pouvoir, qui disposait de 129 sièges sur 165, lors de la précédente Législature, a perdu du terrain au niveau de l’Hémicycle. Reste maintenant à voir si elle va réussir le défi de la massification si l’on sait que, contrairement aux séances ordinaires, le vote pour le président et les membres du bureau sera secret.
Par ailleurs, il faut rappeler que même si c’est moins risqué dans le camp présidentiel, au sein de l’opposition, un choc des ambitions s’est dessiné. Déjà, l’on annonce deux à trois prétendants pour le poste de président de l’Assemblée nationale (Mamadou Lamine Thiam choisi par le Pds, Ahmed Aïdara et Barthélémy Dias de Yewwi).
Du côté des députés « faiseurs de roi », Pape Diop de la coalition ‘’Bokk Gis-Gis Ligueey’’ a déjà clarifié sa position, assurant se joindre au groupe parlementaire que Benno va mettre en place. Au même moment, Pape Djibril Fall (Les Serviteurs) et Thierno Alassane Sall (‘’Aar Sénégal’’) ont décidé de « rester » dans l’opposition, mais qu’ils seront non-alignés.
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BARTH VEUT LA PRÉSIDENCE DE L'ASSEMBLÉE
Après le maire de Guédiawaye, Ahmed Aidara, c’est au tour de son homologue de Dakar d’officialiser sa candidature ce dimanche. "Ma candidature est portée par toute la coalition Yewwi", a-t-il dit, promettant aux citoyens sénégalais un parlement de rupture
Après le maire de Guédiawaye, Ahmed Aidara, c’est au tour de son homologue de Dakar, Barthémémy Dias d’officialiser sa candidature ce dimanche. "Ma candidature est portée par toute la coalition Yewwi", a-t-il dit lors d'un point de presse, promettant aux citoyens sénégalais un parlement de rupture.
LA VEILLÉE D'ARMES
Pouvoir comme opposition partagent une incertitude liée au respect des consignes des états-majors par les députés pour l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. Chaque voix vaudra son pesant d’or…
Les députés élus à l’issue des élections législatives du 31 juillet dernier seront installés, lundi prochain. Jamais, dans l’histoire du Sénégal, un président de la République n’a eu une majorité parlementaire aussi étriquée, à une voix près. Pouvoir comme opposition partagent une incertitude liée au respect des consignes des états-majors par les députés pour l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. Chaque voix vaudra son pesant d’or…
Briefing de rentrée parlementaire ! Le groupe des députés nouvellement élus de la coalition Benno Bokk Yaakaar organise, à l'intention de ses membres, ‘’un séminaire de formation’’ à partir d’aujourd’hui et pour deux jours à Saly. Derrière les termes ouatés, ce synode très politique cache une véritable mise en condition, une sorte de préparation, comme le feraient des sportifs avant une entrée en compétition. Parmi les organisateurs de ce raout des députés de la majorité présidentielle, figure en bonne place Abdou Mbow, premier vice-président de l’Assemblée nationale, lors de la précédente législature, réélu sur la liste nationale et transmetteur attesté des directives présidentielles.
Loin du farniente propre à la station balnéaire de la Petite Côte, il y sera question de ‘’construction d’un bloc solidaire, solide et uni dans la promotion d’une Assemblée nationale forte’’ et de préparation à accomplir ‘’leur exaltante mission dans la marche de notre nation vers son destin de progrès’’. Dans le programme concocté depuis le palais, officiellement, les députés de Benno vont s’imprégner de l’environnement institutionnel de la République du Sénégal, des rapports entre les pouvoirs Exécutif et Législatif ; du rôle, des missions et de la responsabilité du député au regard de la Constitution ; du règlement intérieur de l’Assemblée nationale ; du budget et du contrôle budgétaire. Entre les mots, il faut comprendre que ce sera surtout un exercice pour recevoir des consignes, harmoniser les positions et briser le tabou constitué par la fragilité de la majorité. En clair, partager la spécificité de l’hémicycle : une majorité à une voix près…
Le camp présidentiel sait que sa majorité ne tient qu’à un fil. Et depuis l’annonce des résultats des législatives du 31 juillet dernier, à part le ralliement de l’ancien maire de Dakar Pape Diop (ex-président de l’Assemblée, puis du Sénat), aucun mouvement n’a été noté dans le sens de rompre le presque équilibre sorti des urnes, presque du 50/50. Il s’en est fallu de peu pour que le fameux projet de cohabitation cher à l’opposition ne devienne envisageable.
Dès lors, les échanges pourraient glisser des incitations à ‘’la loyauté’’, à un réarmement moral, pour relancer une dynamique mise à mal par la retentissante entrée en force de l’opposition au Parlement et illustrée par le silence de Macky Sall qu’on ne peut décrypter autrement que par le constat de prévisions faussées.
Réarmement moral, car l’Assemblée nationale qui s’installe lundi prochain sera inédite, avec une opposition ragaillardie par sa victoire dans les régions de Dakar et Ziguinchor, dans les départements de Saint-Louis, Thiès, Tivaouane, Goudomp, Mbacké et Saraya. La majorité Benno aura besoin de cohésion et de discipline pour s’assurer du perchoir, de quatre postes de vice-président, d’autant de postes de président de commission et d’un poste de questeur que lui permet sa majorité. Si la veillée d’armes de Saly n’aboutit pas à un consensus fort pour désigner le président de l’Assemblée nationale, alors que le vote est secret pour son élection, un coup de tonnerre pourrait retentir à la place Soweto et dont les échos lézarderaient tout l’édifice Benno, à 17 mois de la Présidentielle elle-même entourée d’incertitudes.
La présidentielle est dans les esprits
Déjà, les noms de la tête de liste Aminata ‘’Mimi’’ Touré et du ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo circulent avec insistance pour la candidature au perchoir. Macky Sall peut-il se payer le luxe de voir ‘’ses’’ députés aller en rangs dispersés, avec le risque de se coltiner un président de l’Assemblée nationale qu’il n’aurait pas choisi ?
En face, on n’est pas mieux loti. Pire, l’opposition n’apparaît porteuse de changement qu’unie. Or, dans le sillage de la proclamation des résultats des Législatives par le président de la Cour d’appel de Dakar, Ciré Aly Bâ, ce sont des listes Yewwi Askan Wi (56 députés) et Wallu (24 sièges) bien différenciées qui vont se présenter à l’hémicycle. L’enjeu pour Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Habib Sy, Aïda Mbodj (tous non élus) et les autres leaders de l’opposition est de maintenir l’alliance électorale entre eux et le président Abdoulaye Wade. Déjà, le poste de président de l’Assemblée a révélé les divisions qui y ont cours.
Ousmane Sonko a fort opportunément annoncé qu’il soutient la candidature de Lamine Thiam portée par le PDS et des alliés dans Wallu. C’est un indicateur pertinent de sa volonté de maintenir l’alliance avec le ‘’Pape du Sopi’’. Mais les ambitions du maire de Dakar, Barthélemy Dias, et de son collègue de Guédiawaye, Ahmed Aidara, ainsi que celles de l’élu de Mbacké, Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, se sont révélées au grand jour. Et il est constant que le nombre important de nouveaux élus, novices, mais conscients de leurs nouveaux pouvoirs, peut favoriser l’émergence de nouvelles aspirations, ajoutant ainsi à l’incertitude. Et, en filigrane de ce jeu d’ombres, il y a les agendas convergeant vers la Présidentielle de plusieurs figures de l’opposition à Macky Sall, et que les députés Yewwi et Wallu devront nécessairement endosser.
Jusqu’à hier, les positions restaient figées, ‘’même si les gens se parlent’’, comme l’a soufflé un responsable de Pastef, le parti d’Ousmane Sonko. Ce n’est pas seulement le maintien de l’intercoalition Yewwi-Wallu qui sera en question. La bataille pour les postes fera rage. L’argument du temps de parole pour justifier la probable inflation de groupes parlementaires cache le besoin de fixer les positions autour des futurs candidats de l’opposition à la Présidentielle de 2024 et de renforcer leurs appareils présents à la place Soweto.
Bien qu’absents de l’hémicycle, Khalifa Sall, Ousmane Sonko et Karim Wade joueront leur partition par procuration.
ABDOURAHMANE DIOUF N'EXCLUT PAS UNE ENTRÉE AU GOUVERNEMENT
Le responsable d'Aar Sénégal demande à Macky Sall de tirer les leçons des dernières législatives et d’aller vers un gouvernement de concordance
Tous les chemins mènent, d’ici jeudi prochain, à Touba. Le président Sall est attendu, cet après-midi, dans la cité religieuse. Il a été devancé dans cette ville par le chef du parti Awalé. Abdourahmane Diouf demande à Macky Sall de tirer les leçons des dernières Législatives et d’aller vers un gouvernement de concordance.
Le Magal de Touba sera célébré, le 15 septembre prochain. À jour J -5, les hommes politiques se bousculent au portillon de la cité religieuse. Alors qu’il est attendu cet après-midi à Touba, Macky Sall a été devancé dans cette ville religieuse par certains de ses adversaires. Parmi eux, le chef du parti Awalé. Hier, Abdourahmane Diouf lui a demandé de reconnaître qu’il a perdu le pouvoir. ‘’Il n’y a pas de gouvernement de majorité présidentielle élargie. À l’époque, dans les années 90, quand on parlait de gouvernement de majorité présidentielle élargie, il y avait clairement une majorité présidentielle, aussi bien au niveau de l’Exécutif qu’au niveau du Législatif. Aujourd’hui, il faut que le président de la République saisisse que les Sénégalais comprennent qu’en réalité, le président de la République a perdu le pouvoir. Il n'a plus la majorité qui lui permet d'exercer la totalité de son pouvoir. C’est pourquoi je parlais de générosité, d’humilité’’.
Abdourahmane Diouf, qui n’exclut pas de travailler dans l’intérêt exclusif du Sénégal aux côtés de Macky Sall, confie : ‘’Aujourd’hui, s’il lui arrivait d’inviter l’opposition dans un gouvernement, ce n’est pas un cadeau qu’il ferait à cette opposition. Cela résulterait simplement de sa bonne lecture de cette situation. Nous, nous avons toujours parlé de gouvernement de concordance qui n’est pas, je le précise, un gouvernement de transhumance. Mais il peut arriver que, dans la sagesse d’un peuple, on choisisse de ne pas donner tout le pouvoir à une personne, mais qu’on donne le pouvoir à plusieurs personnes et à plusieurs entités.’’
L’opposant d’ajouter : ‘’Maintenant, celui qui est la clé de voûte de toutes les institutions, le président de la République, c’est à lui d’ouvrir les opportunités, que tout le monde puisse travailler. Nous, nous sommes à l’écoute. On ne nous a consultés sur rien. Nous donnons notre point de vue que le président de la République n’a plus la totalité du pouvoir. Nous sommes à l’écoute pour voir. Mais s’il continue à vouloir gouverner de façon solitaire, avec son clan, avec sa famille, avec sa coalition, comme il l’a toujours fait, cela veut dire qu’il n’a pas compris les enjeux. Cela veut dire qu’il n’a pas une bonne lecture de la façon dont le Sénégal doit fonctionner pour les 16 prochains mois. Et cela veut dire que nous allons vers le chaos, s'il ne revient pas à de meilleurs sentiments, que nous ne souhaitons pas.’’
Sur les raisons de sa présence à Touba, il a déclaré : "Je suis venu à Touba pour faire du ziar, dans le cadre des préparatifs des festivités du Safar. Le Sénégal traverse des moments qui ne sont pas évidents, du point de vue de la cherté de la vie, du point de vue des inondations et du point de vue du climat politique. Il est extrêmement important qu'il y ait une communion des cœurs et ces exemples nous viennent des chefs religieux, en l'occurrence Touba qui joue un rôle de régulateur dans le dialogue social et politique".
‘’Aller vers une gouvernance concertée’’
Et Abdourahmane Diouf de renchérir en s’adressant à ses pairs politiques : ‘’Les tiraillements par rapport à la classe politique, il faut que la classe politique comprenne que les aspirations du Sénégalais qui a voté pour lui ne sont pas dans le tiraillement. Nous avons beaucoup parlé d’une démocratie de communion, de concordance des cœurs. Il ne faut pas que la classe politique continue d’être l’objet de déception des Sénégalais. Elle représente un espoir. Que l’on soit de l’opposition ou bien du parti au pouvoir, il faut savoir, des fois, ranger les armes, se mettre ensemble et travailler pour l’intérêt du pays. Nous espérons que cette 14e législature va apporter la prospérité, la paix au Sénégal. Et qu’aussi, celui qui est à la tête des institutions, le président de la République, comprenne les enjeux, qu’il arrive avec beaucoup d’humilité à lire les résultats des élections.’’
S’adressant au président Macky Sall, l’ex-directeur exécutif du Club des investisseurs l’invite à faire une lecture lucide des Législatives passées. Toutefois, il note que, pour la première fois depuis 1960 et sur 13 législatures, aucun président de la République du Sénégal n'a été mis en situation de ballottage pareil à l'Assemblée nationale. Donc, à son avis, ‘’quand il arrive dans un pays une réalité politique qui n’est jamais survenue, le président de la République doit avoir la modestie de lire les résultats et de faire ce qu’aucun autre président n’avait jamais fait. Le pouvoir ne lui appartient plus exclusivement. Il faut qu’il se consacre avec ceux qui ont fait l’objet de la confiance des Sénégalais, pour que nous vivions les 16 mois qui lui restent au pouvoir dans le calme, dans la sérénité, dans la paix et dans la tranquillité. Et pour que cela puisse se faire, il faudra, avec beaucoup d’humilité, que le président de la République reconnaisse qu'il n'a plus la totalité du pouvoir entre ses mains, mais que l'opposition a une partie du pouvoir et qu’on doit aller vers une gouvernance concertée’’.
LES FORCES DE L'ONU CONTESTÉES
Les missions onusiennes de maintien de la paix font de plus en plus face à l'hostilité des populations dans certains pays en Afrique
Les attaques dont font l'objet les casques bleus depuis un certain temps dans des pays comme le Mali, la Centrafrique et la République démocratique du Congo ont fait réagir Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations unies.
Ce responsable onusien a déploré, mardi (6 septembre) devant le Conseil de sécurité de l'Onu, la situation dans laquelle se trouvent les casques bleus dans ces trois pays.
Cette déclaration intervient après la mort d'un civil dans la ville de Beni lors de nouveaux affrontements entre les casques bleus et la population qui critique depuis plusieurs mois l’inefficacité de la force onusienne face aux attaques des groupes armés .
Un dispositif armé qui n'arrange rien
Au sein de cette mission de maintien de la paix au Congo se trouve, depuis plusieurs années, une brigade spéciale ayant pour mission d'intervenir militairement en cas d'attaque contre la population.
C'est la même brigade qui était intervenue en chassant en 2013 les rebelles M23 qui avaient pris la ville de Goma.
L'intérêt personnel, selon Judith Raupp, journaliste allemande basée dans cette ville, est aujourd'hui mis en avant par les casques bleus sur place. "Pendant le temps qu'ils sont au Congo, ils gagnent de l'argent et leur intérêt tourne autour de ce qu'ils vont gagner pendant la mission, tout en pensant à ce qu'ils feront chez eux, notamment économiser et se payer des maisons ou l'école. Donc, cela fait que la Monusco n'est pas aussi forte qu’on le souhaiterait" explique t-elle.
Le même sentiment d’hostilité se retrouve au Mali, mais dans un contexte différent. Bien que la population éprouve du mal à comprendre le mandat de la la Minusma , d'autres facteurs d'ordre politique font que cette mission onusienne fait face à une forte contestation.
Aly Barry, intellectuel malien, rappelle le différend qui existe entre le pouvoir de Bamako et la Minusma. "Aujourd'hui, les rapports de la Minusma accusent les forces armées maliennes et les groupes terroristes d'exactions sur les civils. Et celui qui dit le contraire de la version officielle, selon laquelle l'armée monte en puissance et respecte les droits humains, devient l'ennemi public numéro un" précise t-il.
En Centrafrique aussi, le gouvernement a souvent manifesté son mécontentement face aux nombreux rapports faits par la Minusca qui accusent les forces centrafricaines d'être impliquées dans les violations des droits humains. Notamment aux côtés des mercenaires russes de Wagner, présents au Mali et en Centrafrique.
HAUSSE DE LA MOBILITÉ DES ÉTUDIANTS AFRICAINS EN FRANCE
Pas moins de six pays africains figurent dans le top 10 des pays d’origine des étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur français en 2021-2022 : le Maroc, l’Algérie, le Sénégal, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Cameroun
Le Monde Afrique |
Nathalie Sala Gisa |
Publication 11/09/2022
A la veille de la rentrée universitaire, la France affiche une augmentation record du nombre d’étudiants internationaux. Six pays africains se retrouvent dans le top 10.
Après une année universitaire 2020-2021 de relative stagnation, marquée par la crise pandémique, le nombre d’étudiants étrangers en France a augmenté de 8 % au cours de l’année 2021-2022, selon Campus France. C’est « la croissance interannuelle la plus forte depuis 2005 », indique le communiqué publié par l’agence chargée de l’accueil des étudiants étrangers, qui précise qu’« en incluant les apprentis du supérieur, le seuil des 400 000 étudiants étrangers en France vient tout juste d’être franchi (400 026) ».
Ce rebond semble se confirmer cette année. D’après Campus France, qui s’appuie sur des chiffres fournis par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et la sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques, « fin 2022,plus de 140 000 étudiants issus de 70 pays dans le monde entier avaient déposé une candidature via [la plateforme] Etudes en France. Un nombre record,en hausse de 18 %par rapport à la situation pré-Covid ».
La progression la plus importante concerne les zones Amériques (avec 15 % d’étudiants supplémentaires) et Europe (+ 13 %). L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, en tête pour ce qui est du nombre d’élèves accueillis, connaît une hausse de 10 % des mobilités. Et pas moins de six pays africains figurent dans le top 10 des pays d’origine des étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur français en 2021-2022 : le Maroc, l’Algérie, le Sénégal, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Cameroun.
LANCEMENT D'UN AUDIT SÉCURITÉ ET SANTÉ DES ÉTABLISSEMENTS HOSPITALIERS
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a engagé un audit sécurité et santé des établissements hospitaliers dans l’optique d’offrir aux agents un environnement propice à de bonnes conditions de travail
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a engagé un audit sécurité et santé des établissements hospitaliers dans l’optique d’offrir aux agents un environnement propice à de bonnes conditions de travail, a appris l’APS de Cheikh Tidiane Guèye, un conseiller technique de ce département ministériel.
« Le ministère a engagé un audit sécurité et santé de ses établissements, dans le but de permettre aux agents de travailler dans un environnement propice à de bonnes conditions de travail, où sécurité et hygiène sont assurées », a-t-il dit.
Il présidait la cérémonie de clôture d’un atelier de trois jours sur le suivi-évaluation de la mise en œuvre des systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail, suivant la démarche « healhwise » et intégrant la menace des urgences sanitaires dans les établissements de santé pilotes du Sénégal.
Il a rappelé que la pandémie de covid-19 a mis en évidence « la nécessité de mettre en place un dispositif structurel d’un système de santé faisant face, notamment, aux urgences sanitaires ».
Le docteur Joseph Dieuboue, spécialiste santé et sécurité au Bureau international du travail à Dakar, relève lui que la pandémie a montré la vulnérabilité des systèmes de santé.
« La pandémie de covid-19 a permis de révéler au grand jour les déficits du secteur de la santé dans l’ensemble des pays, y compris le Sénégal aussi », a-t-il fait remarquer.
Il a indiqué que le Bureau international du travail de Dakar travaille en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère du travail et celui de la santé, pour développer le système de gestion de la sécurité de santé au travail dans le secteur de la santé.
Le Bureau international du travail (BIT), dans le cadre de ce projet, accompagne 15 structures de santé pilotes, dont cinq établissements de santé publiques (EPS), quatre centres de santé, cinq cliniques privées et le siège du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Bara Diop, chef de division à la Direction des ressources humaines du ministère de la Santé, souligne que ce projet a permis de capaciter tous les agents, afin qu’ils puissent disposer des outils nécessaires, pour travailler dans la sécurité et la convivialité.
Selon lui, ce besoin de renforcement de capacités s’est fait davantage sentir, surtout avec les drames survenus à Linguère, Tivaouane et Louga, justifiant d’autant l’idée de créer des comités d’hygiène et de sécurité (CHS).
Ces structures devraient permettre d’éviter et de prévenir « toutes ces difficultés qui nous arrivent très souvent dans les structures hospitalières ».
Ndiémé Seck Diouf, la cheffe de division sécurité et santé au ministère du Travail et des Relations avec les institutions, a magnifié le travail accompli par les participants durant les trois jours de l’atelier.
L'AFRIQUE DIVISÉE FACE À LA MORT D'ELIZABETH II
Certains Africains ont exprimé des sentiments mitigés à propos de la monarque et de l'héritage colonial de son pays sur un continent où la Grande-Bretagne gouvernait autrefois plus de la moitié du territoire
Certains Africains ont de bons souvenirs de la reine Elizabeth II, la plus ancienne monarque de Grande-Bretagne, qui est venue saluer les populations dans 20 pays à travers le continent au cours de ses 70 ans de règne.
D'autres ont cependant rappelé des passifs humanitaires comme l'écrasement brutal par la Grande-Bretagne dans les années 1950 de la rébellion des Mau Mau au Kenya, et l'énorme diamant que la famille de la reine a acquis de l'Afrique du Sud coloniale en 1905, qu'elle n'a jamais rendu malgré les appels à le faire.
Nana Akufo-Addo, président du Ghana, où la reine s'est rendue en 1961, quatre ans après qu'il soit devenu l'un des premiers pays africains à obtenir son indépendance, a mis les drapeaux en berne et déclaré que le Ghana était fier de faire partie du Commonwealth.
Le président kenyan Uhuru Kenyatta, dont le prénom signifie liberté en swahili et dont le pays a obtenu son indépendance en 1963, l'a qualifiée d'"icône imposante du service désintéressé".
Mais beaucoup étaient moins enthousiastes à l'idée de célébrer la vie d'une reine dont le pays a un parcours mouvementé en Afrique.
Soutien à une dictature militaire
Certains Nigérians ont rappelé le soutien de la Grande-Bretagne dans les années 1960 à une dictature militaire qui a écrasé la rébellion du Biafra. Les officiers Igbo avaient lancé la rébellion en 1967, déclenchant une guerre civile de trois ans qui a tué plus d'un million de personnes, principalement à cause de la famine.
Uju Anya, professeur Igbo et survivante de cette guerre qui vit maintenant aux États-Unis, a suscité la controverse lorsqu'elle a écrit sur Twitter jeudi soir son "mépris pour la monarque qui a supervisé un gouvernement qui a parrainé le génocide qui a massacré et déplacé la moitié ma famille et dont ceux qui vivent aujourd'hui tentent encore de surmonter les conséquences".
"Nous ne pleurons pas la mort d'Elizabeth", a déclaré le parti d'opposition marxiste sud-africain, les Economic Freedom Fighters, dirigé par Julius Malema.
"Notre interaction avec la Grande-Bretagne a été marquée par la douleur, la mort et la dépossession, ainsi que par la déshumanisation du peuple africain", a-t-il déclaré, énumérant les atrocités commises par les forces britanniques à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Malgré cette vision d'elle, Elizabeth a forgé une relation étroite avec feu le dirigeant sud-africain Nelson Mandela, le premier président post-apartheid, et s'est rendue deux fois en Afrique du Sud après la fin du régime de la minorité blanche.
Elizabeth n'avait que 25 ans et était en visite au Kenya avec son mari Philip lorsqu'elle a appris la mort de son père, le roi George VI, et son accession au trône le 6 février 1952.
Pendant ce temps, l'accession du roi Charles au trône a suscité de nouveaux appels de politiciens et d'activistes pour que les anciennes colonies des Caraïbes retirent au monarque le rôle de leur chef d'État et que la Grande-Bretagne paie des réparations pour l'esclavage.
LE MARIAGE DE CHEIKH YERIM SECK, UNE LÉGITIMATION DE LA CULTURE DU VIOL
Baol Baol, militante pour les droits des femmes, membre fondatrice du Collectif des Féministes du Sénégal, Awa Seck a jeté un pavé dans la mare par un tweet sur le récent mariage de Cheikh Yérim Seck - ENTRETIEN
Baol Baol, militante pour les droits des femmes, membre fondatrice du Collectif des Féministes du Sénégal, Awa Seck a jeté un pavé dans la mare par un tweet sur le récent mariage de Cheikh Yérim Seck et Astou Dione. Connue par son pseudo “La Moussoreuse”, elle assume sa prise de position et la clarifie pour Seneweb. Entretien.
En commentant sur Twitter le mariage de Cheikh Yérim Seck et Astou Dione, vous n’avez pas mâché vos mots : “réhabilitation de violeurs”, “conséquence de la culture du viol”, “prédateurs adulés”. Pourquoi avoir senti le besoin de porter une prise de position aussi forte et controversée ?
Ma prise de position n’est pas controversée, elle est très claire et s’inscrit dans notre lutte contre les violences sexuelles et sexistes au Sénégal.
Dans notre société, le viol est toujours banalisé. Les violeurs vaquent tranquillement à leurs occupations sans aucune vergogne ni sentiment de honte alors que les personnes violées disparaissent de l’espace public et sont donc doublement victimes. On ne peut pas continuer à détruire les femmes sans conséquence pénale ou sociale. Les violeurs doivent faire profil bas.
Les agressions à caractère sexuel constituent les formes les plus répandues de violences. Elles se déroulent dans la sphère publique ou dans le cadre familial et causent des conséquences néfastes aux victimes.
Selon l’Association des Juristes du Sénégal (AJS), le viol et la pédophilie occupent la première place de ces violences, et les chiffres enregistrés pour l’année 2020-2021 dans les huit (8) boutiques de droit le confirment avec plus de 260 cas signalés, sur des victimes dont la tranche d'âge varie entre 03 et 48 ans. A noter que la majorité de ces dossiers sont en instruction et jusqu’à ce jour aucune décision n’a été rendue.
Nous vivons dans un pays où un homme peut refaire sa vie peu importe le crime qu’il a commis s’il est influent, riche ou fait partie d’un cercle de privilégiés, ce qui est le cas de Yérim Seck. La culture du viol au Sénégal persiste grâce à notre environnement social et médiatique dans lequel les violences sexuelles sont toujours justifiées, excusées, banalisées voire acceptées.
C’est un environnement qui culpabilise les femmes et jeunes filles en faisant peser sur elles la responsabilité du crime. N’oublions pas de rappeler que le viol est un crime. Malgré la loi 2020- 05 criminalisant le viol et la pédocriminalité modifiant la loi n° 65-60 du 21 Juillet 1960 portant code pénal visant à durcir la répression du Viol et de la Pédophilie avec des sanctions pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité a été adoptée et promulguée le 13 janvier 2020, l’impunité règne toujours.
Dans un pays où très peu de viols sont déclarés, dénoncés et poursuivis, la parole de la victime est fragile face aux accusations.
Mais quel rapport entre ce que vous venez de décrire, et le mariage qui a été célébré le week-end dernier ?
Ce mariage symbolise tout ce que ce pays pense de ce crime.
N’oublions pas qu’à sa sortie de prison, Yérim a été récompensé avec une émission de télé et qualifié du plus grand analyste politique du pays. Un pays qui a tellement d’hommes intelligents et jeunes, comment peut-on faire de lui un rôle modèle ? Non seulement il est réhabilité mais adulé.
De plus en plus de victimes seront réticentes à dénoncer leurs agresseurs parce que la société sénégalaise excuse les violeurs comme Yérim, symbole de l’impunité.
Certains vous reprochent une forme d’acharnement sur Cheikh Yérim Seck. Vous donnez l’impression de vouloir sa “mort” professionnelle et sociale. N'a-t-il pas droit à une seconde chance ?
Soyons clair, la vie professionnelle de Yérim ne m’intéresse pas, socialement il doit se faire discret. Dans un pays normal, les violeurs font profil bas, nous luttons contre l’impunité des agresseurs sexuels comme lui.
Il est important de rappeler qu’il n’a pas été gracié, il bénéficie d’une liberté conditionnelle à laquelle il n’a pas droit, ce qui n’est pas normal. Des jeunes croupissent en prison pour des faits beaucoup moins graves. Yérim a reconnu les faits de viol, condamné en première et deuxième instance par la justice sénégalaise en septembre 2012, sa peine réduite il est sorti en janvier 2013. L’AJS et d’autres organisations des droits de l’homme ont contesté à l’époque cette libération. Ils ont exigé que l’Etat rectifie le tir et que la tolérance zéro soit la règle en cas de viol.
Parmi les motifs de grâce, le viol n’en fait pas partie.
Les citoyens sont d’égale dignité et doivent être punis à hauteur de leur crime. Ce n’est pas un acharnement sur la personne de Cheikh Yérim Seck, l’acte qu’il a commis est un acte grave qui a porté atteinte à la dignité d’une jeune fille. En continuant à se pavaner partout, il contribue à banaliser le viol et ceci nous ne pouvons l’accepter.
À Diourbel, un conducteur de Jakarta a été condamné à 15 ans de prison pour tentative de viol. On voit clairement le traitement « coumba am ndeye ak coumba amul ndeye ». Une société juste ne devrait pas être indifférente face à un tel double standard.
Yérim ne s’est jamais excusé, n’a jamais regretté ce qu’il a fait.
Nous continuerons, je continuerais à dénoncer la culture du viol tant qu’il ne paiera pas sa dette. D’ailleurs à sa libération, Moustapha Fall, président du réseau des journalistes contre le viol (oui ça existe), disait que : « les auteurs de viols sont des poisons pour la société. Ils doivent être mis hors d’état de nuire, on doit les castrer, les piquer…qu’ils soient journalistes, ministres, députés ou directeurs de sociétés, ils doivent tous croupir en prison ».
Nous avons tous été témoins, ces dernières semaines, de comment la société sénégalaise traite injustement des femmes qui n’ont commis aucun crime, leur reprochant leur divorce, remariage, leur courage de vouloir vivre heureuse. On les accuse de ne pas être de bons exemples pour les femmes. De l’autre côté, ces mêmes personnes félicitent Yérim, personne ne dit qu’il est un mauvais exemple pour les garçons et hommes de ce pays.
Je n’ai pas le temps de m’acharner sur Yérim, je parle de lui parce qu’il continue à faire un doigt d’honneur aux femmes, aux victimes et aux survivantes de violences sexuelles. En effet en juin 2021 le collectif des féministes du Sénégal a organisé un sit-in suite à l’agression sexuelle d’une fille mineure de 15 ans par le fils de Yerim Seck qui a tout filmé et publié la vidéo. Son père a voulu étouffer l’affaire. C’est suite à notre mobilisation que le jeune homme a été cueilli par la justice et encore une fois libéré (#JusticePourLouise).
On entend toujours, “ quel exemple, quel message envoie-t-on aux garçons et hommes de ce pays ?” Et les victimes dans tout ça ?
Dans cette affaire, d’autres vous reprochent aussi votre critique implicite du choix de vie de Astou Dione, accusée de participer à la “réhabilitation” d’un “violeur”. Par son mariage, trahit-elle réellement la cause des femmes ?
Comme tout le monde j’étais contente à l’annonce de son mariage dans ses stories. Elle n’avait pas encore donné l’identité de l’heureux élu. Lorsqu’elle l’a publié et je ne suis pas la seule, ce fut un choc de découvrir l’identité du marié : un violeur en liberté conditionnelle.
Les féministes sont pro-choix, nous luttons pour que chaque femme ait la liberté de décider de sa vie personnelle, professionnelle, sociale sans risquer d’être en danger.
Nous soutenons toujours les femmes parce qu’elles sont des victimes du système. Mais les femmes sont malheureusement les plus fidèles alliées du patriarcat. Les choix de vie de Astou Dione ne nous concernent pas mais quand ils contribuent à faire revenir un prédateur sexuel sur la scène, on s’octroie le droit d’en parler.
En tant que militante contre les violences faites aux femmes, son choix amène beaucoup de questions. Surtout pour les victimes qui voyaient en elle une défenseure de par ses positions sur le viol, la loi criminalisant le viol, qui selon elle manque de rigueur dans son application.
Si la loi justice sénégalaise était rigoureuse avec Yerim Seck il n’aurait pas la réhabilitation qu’il a eu aujourd’hui parce que les peines étaient de cinq à dix ans à l’époque.
On ne peut pas demander aux citoyens de rester neutre face à son choix, celui d’un violeur condamné et en liberté conditionnelle. En tant que militante et pour ce qu’elle représente, c’est assez troublant.
Vous avez tantôt parlé de double standard. Ne peut-on pas vous faire le même reproche : forte contre Yérim Seck et faible contre Ousmane Sonko dans l’affaire Adji Sarr ?
Je suis très contente que vous posiez cette question, je trouve très dommage que nos détracteurs, ces hommes et certaines femmes qui ne s’engagent que selon leur appartenance politique nous attribuent des combats de circonstances. Qu’attendent-ils pour agir pour leurs sœur, mère, épouse, tante, fille, comme c’est la seule condition pour qu’une femme mérite d’être traité avec dignité dans ce pays.
Le collectif féministe dont je fais partie a toujours soutenu Adji Sarr, nous soutenons toute femme qui dit être sexuellement abusée sans conditions. D’ailleurs lors de notre sit-in, on lui a montré tout notre soutien, on continue de le faire, elle est aussi assistée par des femmes incroyables mais tout n’est pas sur internet .
L’affaire Adji Sarr est encore une conséquence de comment on traite la parole des femmes et des hommes puissants dans ce pays : les femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde zones, les hommes hyper protégés.
Personnellement il suffit d’aller sur ma page facebook et taper Adji Sarr vous verrez tous mes posts de soutien. J’ai toujours dénoncé l’inégalité de traitement entre Sonko et Adji Sarr depuis que l’affaire a éclaté. Sa vie a été fouillée, sa réputation salie, des enquêtes sur elle.
Adji est une fille sénégalaise lambda victime de la culture du viol qui culpabilise une fille célibataire qui a essayé de gagner sa vie comme elle peut, personne n’a le droit de porter atteinte à son intégrité. Un homme polygame a laissé femmes et enfants pour aller dans un institut de beauté en plein couvre feu, c’est lui qu’on croit pas une pauvre fille.
Sonko est un homme puissant, privilégié qui utilise son pouvoir et ses gens dans une société sénégalaise où les femmes qui brisent le silence sont brisées. Nous sommes dans un environnement social qui culpabilise les femmes quant à leurs tenues et apparences pour faire reposer sur elles la responsabilité de l’agissement d’un homme adulte souvent beaucoup plus âgé, deux fois son âge pour elle.
Il appartient aux hommes adultes de se contrôler, respecter leurs familles, femmes, d’avoir une certaine moralité, éthique quand ils ont pour ambition de diriger ce pays, être journalistes comme Yérim ou d’être des modèles pour cette jeunesse.
Pourquoi n' a pas appliquée la même démarche sur la vie privée de Sonko ? Non, une victime doit être irréprochable, et son agresseur « non sa vie privée ne nous intéresse pas » disent ses partisans. Adji Sarr sache que nous te soutenons quelle que soit l’issue.
En dehors des affaires médiatisées, tous les jours on accompagne des femmes broyées par un système qui protège les hommes et fait tout reposer sur les femmes et jeunes filles.
Chacune de nous a un travail, une famille, des occupations et nous ne sommes pas payées pour notre militantisme. Nous combattons le patriarcat, les oppressions des hommes, sur les femmes par principe.
Nous disons “victime je te crois” pour permettre aux personnes vulnérables de briser le silence dans une société où elles sont stigmatisées.
Pour ceux qui ne prennent pas la peine de savoir c’est quoi le féminisme : le féminisme est politique donc pluriel il y’a autant de féminismes donc de modes d’actions. L’essentiel est que nous avons un objectif commun : lutter pour avoir une société juste où les hommes et femmes sont égaux en droit pour éradiquer les violences.
Nous militons contre les violences sexuelles, économiques, l’accès à l’éducation des filles, les mariages forcés, l’accès à la santé des femmes. Cela fait des mois que beaucoup de femmes perdent la vie en donnant la vie, dans notre collectif il y a des femmes spécialisées selon les domaines.
Je suis très sensible à la mortalité maternelle et infantile. En effet, j’ai perdu ma mère quand j’avais 8 ans à cause d’une mauvaise prise en charge, elle était enceinte de 9 mois. Cela fait 35 ans que les femmes décèdent toujours en donnant la vie. Lutter contre les violences obstétricales fait aussi partie de nos combats.
Ce que nous défendons est un principe de droit humain, de respect de la dignité et de l’intégrité physique des femmes, ce n’est pas notre combat, cela doit être le combat de chaque citoyen sénégalais sans conditions.
Arrêtez de demander où sont les féministes ? Ne nous attendez plus, on est tous concernés !
Dans cette polémique, vous prenez aussi des coups souvent sexistes d’ailleurs, les attaques classiques contre les défenseurs des droits des femmes : “frustrée”, “jalouse”, “aigrie”, “mal baisée”. Comment vivez-vous avec ça et qu’est ce que cela traduit du climat de notre pays ?
Je suis féministe radicale, femme, entrepreneure, épouse, mère, épanouie, malheureusement on a l’habitude des attaques, insultes. Cela m’encourage encore plus dans mon militantisme. J’ai été élevée à Diourbel par un père (que Dieu ait pitié de son âme) qui s’est toujours battu pour que ses filles choisissent leur vie. Donc ce ne sont pas des hommes fragiles qui vont m’empêcher de parler, d’agir pour ce qui est juste. On a vraiment reculé parce que mon père, délégué syndical et compagnon de Cheikh Anta Diop, était plus déconstruit que nos harceleurs.
Ces hommes qui nous traitent de frustrées, mal baisées sont sexistes et misogynes. Jamais ils ne parlent de cette façon des militants comme Guy Marius Sagna ou Assane Diouf, Clédor Sène. Et puis aigrie n’est pas une insulte parce les féministes non-mariées préfèrent rester seules qu’être avec un homme qui abusent d’elle. Seuybadeh du ngoreu. Ce que nos mères ont accepté elles nous ont éduquées pour avoir ce qu’elles n’ont pas eu.
Des femmes font aussi partie de ces harceleurs, nous ne leur en voulons pas, à la fin de la journée tout droit acquis, tout combat gagné profite à toutes les femmes. Il est très difficile de faire ce qu’on fait dans une société comme la nôtre, il faut beaucoup de courage pour aller à contre-courant de ce que les hommes qui bénéficient du patriarcat qui nous oppressent, attendent des femmes. C’est aussi une stratégie de protection pour ces femmes. En effet, les femmes qui osent bouger de leurs places sont sévèrement punies.
Nos ancêtres Mariama Bâ, Caroline Faye, toutes les femmes qui nous ont permis aujourd’hui d’accéder à l’éducation étaient aussi attaquées, mais elles ont tenu. Nous avons un héritage de femmes battantes, qui défendent une société plus juste où toutes les femmes vivent en sécurité sans craindre pour leur intégrité physique ou leur vie.
Les féministes sont des régulatrices, nous savons qui nous sommes, d’où nous venons, décomplexées et décolonisées. La plupart des attaques c’est sur notre physique cela en dit plus sur eux que nous. Nous ne recherchons pas la validation des hommes pour savoir ce qui est bien pour nous et comment y arriver, c’est normal qu’ils aient peur.
Nous avons compris leurs stratégies pour faire taire, silencer toute femme qui dénonce les violences économiques, sexuelles, sexistes dont les femmes sénégalaises sont victimes.
Nous sommes la voix des sans voix, nous ne sommes pas nombreuses mais assez pour faire bouger les lignes. Soit on s’en sort ensemble soit on coule ensemble, aucune femme n’est en sécurité nulle part.
Le Sénégal est devenu un pays qui n’est plus sûr pour les femmes et je suis de plus en plus inquiète pour nos filles qui sont quotidiennement confrontées aux harcèlements de rue, violences dans les familles dont l’inceste etc.
Notre société est extrêmement violente envers les femmes et très conciliante avec les hommes violents. Ce constat devrait alarmer tout sénégalais.
EN GUINÉE, PLUS DUR EST LE DÉSENCHANTEMENT
Le coup d’État du colonel Doumbouya avait été salué, y compris dans le camp de certains démocrates. Un an après, la déception est à la hauteur des espoirs soulevés
Le Point Afrique |
Sabine Cessou |
Publication 10/09/2022
C'est peu de dire que le contraste est saisissant entre les images des rues de Conakry dans les heures qui ont suivi le putsch du 5 septembre 2021 et celles illustrant l'atmosphère de la fin juillet 2022 dans la capitale guinéenne. En effet, les militaires qui ont renversé Alpha Condé, fort d'un troisième mandat très contesté, ont d'abord été accueillis par une foule en liesse à Conakry. Neuf mois plus tard, ils en sont réduits à interdire les manifestations sur la voie publique. Celles des 28 et 29 juillet derniers ont été réprimées dans le sang, faisant au moins 5 morts. Et quelques jours plus tard, le 9 août, c'est rien moins qu'un décret d'interdiction pur et simple du Front national de défense de la Constitution (FNDC), vaste coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, qui est promulgué. Que s'est-il passé entretemps ? Petit à petit, les espoirs suscités par les putschistes ont été douchés. Après des mois d'incertitude sur le calendrier de la transition, la junte a annoncé, le 30 avril 2022, que celle-ci durera trois ans là où les partis politiques préconisaient un calendrier de dix-huit mois et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) faisait pression pour un passage express de six mois de la junte au pouvoir. Vaine pression.
Malgré des gages de bonne volonté…
Le colonel-président Mamady Doumbouya, 43 ans, ancien sous-officier de la Légion étrangère en France, à la tête du Groupement des forces spéciales constitué par Alpha Condé, avait promis un autre « système » de gouvernance respectueux de la justice et axé sur la lutte contre la corruption. Par ailleurs, Doumbouya, qui appartient à l'ethnie malinké comme Alpha Condé, a libéré le 8 septembre 2021 quelque 79 opposants, principalement des Peuls, dans une tentative d'apaisement. L'ancien chef de l'État, Alpha Condé, a de son côté été placé en résidence surveillée, puis libéré le 22 avril 2022. Il s'est envolé pour la Turquie où il est suivi médicalement. Par ailleurs, une Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a été instaurée. Un ancien Premier ministre d'Alpha Condé, Ibrahim Kassory Fofana, incarcéré en avril, doit ainsi répondre d'accusations de détournement, de blanchiment et de corruption portant sur 4,5 millions d'euros.
… des décisions qui défient la logique démocratique
Cela dit, parallèlement, le chef de la junte ne s'est pas gêné pour verrouiller son pouvoir, avec fermeté. « Chassez le naturel, il revient au galop », analyse Aliou Barry, spécialiste de l'armée et directeur d'un think tank à Conakry, le Centre d'analyse et d'études stratégiques (CAES). « La rupture espérée ne s'est pas produite parce que l'armée, qui s'est infiltrée dans les rouages du pouvoir sous la présidence de Lansana Conté, de 1984 à 2008, reste maîtresse de la situation. » L'homme fort et le cerveau du CNRD ne serait autre que le général Aboubacar Sidiki Camara, surnommé « Idi Amin », actuel ministre délégué à la présidence chargé de la Défense. « Alpha Condé s'en méfiait tellement qu'il l'a nommé ambassadeur à Cuba, rappelle Aliou Barry. C'est le parrain de Mamady Doumbouya, qu'il a présenté à Alpha Condé. On lui prête des ambitions hyper-présidentielles, et c'est l'homme incontournable. »