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23 mai 2025
QUAND L’UNIVERSEL SE FORGE A TRAVERS LE DIALOGUE DES CULTURES ET LA RECONNAISSANCE MUTUELLE !
La présentation des deux nouvelles publications du Professeur Souleymane Bachir Diagne, tenue samedi 18 janvier 2025, à L’Harmattan, a été marquée par des réflexions profondes sur la philosophie et l’universalité.
La présentation des deux nouvelles publications du Professeur Souleymane Bachir Diagne, tenue samedi 18 janvier 2025, à L’Harmattan, a été marquée par des réflexions profondes sur la philosophie et l’universalité. L’événement, organisé dans le cadre des « Arthéroges de la matinée », a rassemblé des universitaires, des éditeurs, des étudiants et un large public, témoignant de l’impact intellectuel et académique du Professeur Diagne.
L es deux ouvrages, bien que distincts dans leurs thématiques, partagent un point commun : l’exploration du lien entre le particulier et l’universel. Le Professeur Diagne y développe une réflexion qui établit que l’universalité n’est pas un concept intemporel et abstrait, mais une construction active ancrée dans les réalités culturelles et historiques. L’idée centrale repose sur l’humanité en tant que processus collectif et réciproque.
Les points forts des échanges ont été la construction de l’humanité, l’impact de la philosophie dans la société et les références au concept d’Ubuntu. Le Professeur Diagne a expliqué que l’universalité se forge à travers le dialogue des cultures et la reconnaissance mutuelle. Elle repose sur l’idée que « devenir humain » implique une coconstruction avec autrui, un principe résumé dans le mot bantou Ubuntu, que l’auteur associe à l’idée de « co-humanité ».
Lors de ses interventions, le philosophe a insisté sur le rôle de la réflexion philosophique dans les enjeux contemporains. Selon lui, la philosophie, loin d’être un luxe intellectuel, est une nécessité pour éclairer les décisions politiques et sociales, particulièrement dans des contextes de crises.
LES RÉFÉRENCES AU CONCEPT D’UBUNTU
Le Professeur Diagne a longuement commenté l’éthique d’Ubuntu, expliquant son émergence comme concept politique en Afrique du Sud post-apartheid. Il a également exploré les parallèles avec des notions similaires dans d’autres cultures africaines, comme Nité en wolof, qui évoque également l’idée de responsabilité et de devenir humain par l’intermédiaire des autres. Dans Universaliser « l’humanité par les moyens d’humanité » ( Albin Michel, 2024), le Pr Souleymane Bachir Diagne explore la notion d’universalité en mettant l’accent sur la nécessité d’un dialogue interculturel. Le philosophe réfléchit sur ce que signifie être « universel » dans un monde marqué par la diversité culturelle et les différences historiques. Il plaide pour une conception de l’universalité qui ne soit pas uniforme ou dominatrice, mais qui s’enrichisse des particularités culturelles et des spécificités locales. Le livre du Pr Bachir Diagne s’inscrit dans une démarche philosophique consistant à déconstruire les hiérarchies des systèmes de pensée pour promouvoir une mondialité basée sur la pluralité et l’échange, où chaque culture contribue à une humanité commune sans nier sa propre singularité.
L’événement a été ponctué de questions et de débats sur l’applicabilité des idées développées par le Professeur Diagne. Les participants ont discuté de la manière dont ces concepts pourraient être intégrés dans les curriculums éducatifs et les pratiques politiques. Cette matinée de réflexion a mis en lumière la profondeur et la pertinence des travaux de Souleymane Bachir Diagne, dont les publications récentes invitent à repenser la philosophie comme un outil de transformation sociale et de construction d’une humanité partagée. Le message d’universalité et d’interconnexion a résonné fortement auprès des participants, consolidant l’importance de ces contributions dans le paysage intellectuel contemporain.
Par Babacar Khalifa NDIAYE
DE LA TIGRITUDE
S’offrira-t-il une sortie de l’arène toute d’élégance et de grandeur à la manière du tout premier « Tigre de Fass », Mbaye Guèye ? Ou prendra-t-il sa retraite sans gloire, contraint et forcé par les circonstances ?
S’offrira-t-il une sortie de l’arène toute d’élégance et de grandeur à la manière du tout premier « Tigre de Fass », Mbaye Guèye ? Ou prendra-t-il sa retraite sans gloire, contraint et forcé par les circonstances ? L’arène se pose ces questions et d’autres encore, dès lors qu’un retrait tout en panache et en folklore, à l’image du deuxième « Tigre de Fass », Moustapha Guèye, n’est plus d’actualité.
Pour cause, Gris Bordeaux a piteusement enregistré, l’autre dimanche, son douzième revers, face à Zarco. Le « troisième Tigre » a trop mal porté son titre et n’a point fait honneur à ses prédécesseurs porte-drapeau du célèbre quartier dakarois. Le premier sur la liste avait été élevé à ce grade, dans ces colonnes mêmes, à la fin des années 1960, par feu le journaliste Yamar Diop subjugué autant par la technique que par le courage et la témérité du lutteur. Sérieusement malmené et amoché par Sa Ndiambour, Mbaye Guèye avait refusé d’abandonner et avait été assez résilient pour s’imposer. « Un titre est né à Fass », avait écrit le doyen.
La saga était lancée. Avec des succès éclatants de ce lutteur pas grand de taille, mais coriace en diable. Mais aussi quelques revers dont le KO subi face à Mouhamed Aly en janvier 1985 pour un retour manqué après avoir fait son jubilé et remporté entretemps une autre victoire. Le combat de trop ! Mbaye Guèye lui-même en était convaincu. Puisque de retour dans ses pénates, il s’était dévêtu de son fameux « sabadoor » et avait lancé à ses suivants que l’habit reviendrait désormais à celui d’entre eux qui s’en estimait digne. Un immense défi que son jeune frère releva sur le champ. Tapha Guèye devenait ainsi le « 2e Tigre de Fass ». Un rang qu’il honora parfaitement, ajoutant son expérience et sa technique de lutte gréco-romaine à sa combativité et à sa force de frappe. Le tout assaisonné de son slogan « J’attaque, je cogne et je gagne ».
Ses retentissants succès contre des adversaires de tous les gabarits ont bâti sa légende. Au point qu’il pût se payer un jubilé haut en couleurs et en deux actes : d’abord à Dakar en août 2010 et ensuite à Paris en octobre de la même année. C’est justement lors du premier acte, au stade Demba Diop, au cœur des célébrations en marge du choc du jour Khadim Ndiaye – Bruce Lee, qu’il avait lui-même intronisé Gris Bordeaux. Plus de 14 ans plus tard, le « 3e Tigre de Fass » a manifestement grand mal à justifier ce choix alors très contesté jusque dans les rangs de la célèbre écurie dakaroise de lutte. Aucune victoire depuis 2015 et son succès sur Tyson ! Fass a raison de s’inquiéter, l’arène sénégalaise dans son ensemble est fondée à se poser des questions. Puisque cette écurie a grandement contribué à donner ses lettres de noblesse à ce « sport bien de chez nous » et peut même être considérée comme un patrimoine national.
Alors, forcément le débat est passionnant et passionné. Et revient au gout du jour la célèbre formule de l’écrivain et dramaturge nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature en 1986 qui au plus fort de la polémique avec L. S. Senghor chantre de la Négritude, avait répliqué « Un tigre ne proclame pas sa « tigritude ». Il bondit ». Et croque ses adversaires, peut-on ajouter. Dans la sinistrose actuelle, Fass ferait mieux de ne pas … choisir un 4e tigre et de laisser le titre vacant, le temps que tous ceux qui rêvent d’hériter de la lourde charge s’endurcissent et fassent leurs preuves. Puisque, en désigner pourrait avoir les mêmes effets inhibants sur l’élu que sur Gris, tant il est vrai que le fameux « sabadoor » ne sied pas à tout le monde. Vouloir dès lors « mettre de côté le titre de Tigre de Fass et viser celui de Roi des arènes », comme l’a suggéré un des sociétaires de l’écurie, ne saurait au mieux être qu’une simple fanfaronnade.
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APPEL A LA REFONDATION DE LA DEMOCRATIE SENEGALAISE
Le Cadre de réflexion démocratique et patriotique (Cdrdp-50) a été officiellement lancé.
Le Sénégal, modèle démocratique en Afrique, est confronté à des défis institutionnels et sociopolitiques dans un contexte marqué par des bouleversements économiques, des revendications sociales et une quête de souveraineté nationale accrue. Ces enjeux ont été au cœur d’un panel intitulé : « Quel modèle démocratique pour un Sénégal souverain, stable et intégré ? » et organisé, samedi dernier, lors du lancement du Cadre de réflexion démocratique et patriotique (Crdp-50), une instance de réflexion et de proposition au service de la vision du parti Pastef.
Le Cadre de réflexion démocratique et patriotique (Cdrdp-50) a été officiellement lancé. Lors de la conférence de présentation autour du thème : « Quel modèle démocratique pour un Sénégal souverain, stable et intégré ? », les discussions ont mis en exergue des préoccupations centrales. Il s’agit, entre autres, de la réforme institutionnelle, la justice, la gouvernance économique, la gestion des ressources naturelles et la nécessité de renforcer la participation citoyenne dans le processus démocratique. L’enseignant-chercheur en droit Ngouda Mboup a souligné que le modèle démocratique sénégalais est inspiré des normes occidentales souvent appliquées, de manière rigide et déconnectée, aux réalités locales.
Selon lui, la nécessité d’une africanisation de la démocratie ne serait pas un rejet des principes universels, mais un appel à leur adaptation, afin qu’ils servent réellement les aspirations des populations locales. « Une démocratie authentique ne peut être qu’une démocratie enracinée », a déclaré le président du Conseil d’administration du Port autonome de Dakar (Pad). Adama Sadio, chercheur en sciences politiques, a, pour sa part, insisté sur l’importance de pacifier les relations politiques, en particulier entre la majorité présidentielle et l’opposition. Il a proposé des mécanismes juridiques pour garantir un dialogue institutionnalisé, soulignant que les tensions politiques chroniques affaiblissent non seulement les institutions, mais aussi la confiance des citoyens envers la classe politique.
Une justice indépendante
Un autre aspect crucial abordé lors de ce panel est celui de la gouvernance économique étroitement liée à la gestion des ressources naturelles. Ngouda Mboup a rappelé que la richesse du Sénégal en ressources pétrolières et gazières peut être une bénédiction ou un fardeau suivant la manière dont elles sont gérées. Il a ainsi insisté sur l’importance d’une transparence absolue dans l’exploitation de ces ressources et d’un renforcement du contrôle parlementaire. Le juriste a également mis en exergue l’absence de consultation des communautés locales dans les grands projets économiques, un facteur qui alimente souvent les conflits sociaux.
À son avis, l’inclusion des populations dans les processus décisionnels, à travers des mécanismes de dialogue public et de participation citoyenne, est essentielle pour éviter les dérives et garantir une redistribution équitable des richesses. Le député Amadou Bâ, représentant du parti Pastef, a axé son intervention sur la réforme du système judiciaire sénégalais. Selon lui, l’indépendance de la justice est un enjeu fondamental pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions. Il a proposé la transformation du Conseil constitutionnel en une véritable Cour constitutionnelle dotée de prérogatives élargies. Le 5e vice-président de l’Assemblée nationale a également évoqué la nécessité de réformer le rôle du procureur, qu’il considère comme une partie ayant une maîtrise parfaite des dossiers au cours de l’audience. « Tant que le procureur restera un instrument de pouvoir, la justice sénégalaise ne pourra pas être indépendante », a-t-il affirmé.
Amadou Bâ de plaider aussi pour un système où les juges du siège bénéficient de plus d’autonomie, notamment par la protection du principe d’inamovibilité ; ce qui permettrait de réduire l’ingérence politique dans les affaires judiciaires. Aminata Touré, haute représentante du président Bassirou Diomaye Faye, a, de son côté, insisté sur la nécessité de promouvoir une citoyenneté active pour revitaliser la démocratie sénégalaise. Elle a souligné que la faible participation des citoyens dans les processus politiques, surtout des jeunes et des femmes, est un frein au développement d’une société inclusive et équilibrée.
Pour y remédier, l’ancien Premier ministre propose la réforme des programmes éducatifs afin de promouvoir, dès le plus jeune âge, les valeurs démocratiques, le civisme et l’éthique. Mme Touré a également dénoncé la corruption endémique qui gangrène les institutions et suggéré des mesures fortes pour y remédier. Le panel a, en outre, abordé la question de l’intégration régionale dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ngouda Mboup a ainsi salué les efforts de l’organisation ouest africaine pour harmoniser les politiques économiques et juridiques dans la région. Cependant, il a appelé à une meilleure prise en compte des spécificités nationales dans les mécanismes d’intégration. Le juriste a aussi évoqué la souveraineté, qu’il considère comme un enjeu central pour le Sénégal. À l’en croire, une souveraineté effective ne peut être garantie que si le pays parvient à réduire sa dépendance économique envers l’extérieur. Cela passe par une valorisation des ressources nationales, une industrialisation accrue et une promotion du potentiel sénégalais.
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L’ŒIL N’EST PAS FAIT POUR VOIR, MAIS POUR ÉCOUTER
La fonction première de l’œil n’est pas de voir, mais d’écouter, affirme Charles Katy, chercheur en sciences sociales, lors d’une présentation sur l’art, l’univers, la spiritualité et le champ quantique.
AfricaGlobe Tv |
Fred Atayodi |
Publication 20/01/2025
Chercheur en sciences humaines, Charles Katy est également expert en savoirs endogènes. Depuis plusieurs années, il parcourt le continent africain pour s’imprégner des multiples connaissances dont les Africains sont dépositaires, mais qui restent souvent inaccessibles au plus grand nombre.
La culture occidentale ayant longtemps été considérée comme la norme, il travaille avec d’autres spécialistes pour favoriser l’éveil spirituel des Africains. Cet éveil, précise-t-il, n’a rien à voir avec les religions abrahamiques, puisque la spiritualité africaine est bien antérieure à ces religions monothéistes.
L’exposition de la jeune artiste Marianne Diakher Senghor a servi de cadre à des conférences autour de la spiritualité africaine. En marge de la cérémonie de vernissage de cette peintre, centrée sur l’art et la spiritualité, Charles Katy a présenté un exposé sur les liens entre l’art, l’univers et le champ quantique. Il a notamment mis en évidence le lien étroit entre la création artistique et la spiritualité.
Dans cette interview, Charles Katy revient sur certains points de son exposé. Retrouvez les détails sur AfricaGlobe TV.
PAS DE DEMOCRATIE SANS JUSTICE SOCIALE
Lors du lancement du Cadre de réflexion patriotique et démocratique (Crpd-50), le sociologue Mamadou Wane dit « Mao » a appelé à une refonte radicale des modèles démocratiques et sociaux du Sénégal.
Lors du lancement du Cadre de réflexion patriotique et démocratique (Crpd-50), le sociologue Mamadou Wane dit « Mao » a appelé à une refonte radicale des modèles démocratiques et sociaux du Sénégal.
S’appuyant sur son vécu et son analyse sociologique, il a plaidé pour une souveraineté populaire plus ancrée dans les réalités locales. Pour Mamadou Wane, le modèle démocratique sénégalais actuel reste tributaire de l’héritage colonial. « Le modèle démocratique que nous avons est un modèle néocolonial, hérité de la colonisation. Il n’a jamais été réformé ». Le spécialiste a également insisté sur l’importance d’une justice sociale, condition sine qua non de toute démocratie véritable. « Il ne peut pas y avoir de démocratie politique s’il n’y a pas de justice sociale. Une démocratie politique est incompatible avec les inégalités sociales », dit-il.
M. Wane a critiqué le décalage entre le droit en vigueur et les représentations populaires : « Le droit ne correspond pas à l’imaginaire des masses. Il faut ramener nos concepts à nos réalités ». Il a notamment évoqué la notion d’innocence et dénoncé le langage juridique qui ne reflète pas les réalités locales, tout en appelant à une refonte des priorités. « Ce ne sont pas des réformes du Conseil constitutionnel qu’il nous faut en priorité, mais des réformes qui permettent au peuple de retrouver sa souveraineté économique », assure le sociologue.
Mamadou Wane a également mis en garde contre l’isolement des dirigeants actuels. Selon lui, « les révolutionnaires d’hier ne doivent pas devenir les bureaucrates d’aujourd’hui ». Il a ainsi dénoncé le « formalisme juridique excessif » qui éloigne le pouvoir des préoccupations populaires.
LE DAK'ART 2024 A TENU SES PROMESSES
On redoutait des couacs en raison d’un report inattendu de six mois de ce grand événement culturel. Mais force est de constater que ce report s’est révélé être un repli stratégique, permettant un bon départ pour aboutir à un résultat remarquable.
On redoutait des couacs en raison d’un report inattendu de six mois de ce grand événement culturel. Mais force est de constater que ce report s’est révélé être un repli stratégique, permettant un bon départ pour aboutir à un résultat remarquable.
La 15ᵉ édition de la Biennale de l’art contemporain de Dakar (Dak’Art 2024) a connu un franc succès, presque à tous points de vue : la mobilisation, notamment de la jeunesse (collégiens et lycéens attirés par la magie des réseaux sociaux), la diversité des thématiques, les excellentes propositions des artistes, etc.
C’est le constat sans équivoque du journaliste culturel et critique d’art Aboubacar Demba Cissokho, qui suit cet événement culturel depuis plusieurs années.
Non seulement il note le bon déroulement de cette édition, mais il relève qu’au fil des années, l’intérêt pour cet événement demeure intact, du moins pour le monde des arts et de la culture, ainsi que pour les différents acteurs que cet événement implique et engage.
En revanche, sur le plan de la communication institutionnelle, des lacunes subsistent. Il appartient aux autorités d’y remédier pour continuer à positionner le Dak’Art comme un événement culturel et artistique incontournable. En effet, le Dak’Art est à mettre sur le compte du soft power du Sénégal.
Retrouvez les explications d’Aboubacar Demba Cissokho sur AfricaGlobe TV.
Par Elhadji Ibrahima THIAM
GESTION PETROLE ET GAZ : L’ECHEC N’EST PAS UNE OPTION
Les torchères se sont enfin allumées. Elles éclairent désormais les allées bordées de haies faites de pétrole, d’une part, et de gaz d’autre part qui ont mené le Sénégal dans le cénacle des pays producteurs. Une ère d’opportunités s’ouvre donc.
Les torchères se sont enfin allumées. Elles éclairent désormais les allées bordées de haies faites de pétrole, d’une part, et de gaz d’autre part qui ont mené le Sénégal dans le cénacle des pays producteurs. Une ère d’opportunités s’ouvre donc.
Toutefois, ces opportunités ne se transformeront en succès que si et seulement si les défis auxquels ils sont adossés sont pris par le bon bout. Et, il faut le dire, ces défis sont grands mais pas au point d’être une montagne infranchissable. Cela étant, la gestion de la rente pétro-gazière semble être l’aspect le plus critique dans la gouvernance des ressources naturelles. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’elle intéresse et préoccupe aussi bien les pouvoirs publics, les organisations de la société civile que les populations. À juste raison, car l’histoire a montré que tous les pays producteurs de pétrole et de gaz n’en profitent pas toujours autant qu’ils le croyaient aux premiers jours de l’annonce des découvertes.
C’est encore plus vrai en Afrique où la gestion des recettes générées par les richesses naturelles n’est pas des meilleures. La plupart du temps, l’euphorie s’estompe très vite à cause d’une gouvernance calamiteuse. Et souvent, quand la bénédiction annoncée ne se transforme pas en malédiction (guerres civiles par exemple), c’est le « syndrome hollandais » qui anéantit les espoirs de tout un peuple. Mais comme l’a souligné le Pr Paul Collier, professeur d’Économie et de Politique publique à l’Université d’Oxford, lors d’une conférence à Dakar, « les ressources naturelles ne déterminent pas l’avenir d’un pays, mais bien les choix politiques». Il avait ajouté que deux pays pouvaient renfermer dans leur sous-sol les mêmes ressources naturelles et les exploiter en même temps et connaître pourtant des sorts différents. Pour étayer ses propos, le Professeur Collier avait donné le cas du Botswana et de la Sierra Léone, deux pays riches en diamant.
Quand le premier, enclavé, truste les premières places mondiales en termes de croissance économique et d’indice de développement humain, le second, pays côtier, sombre dans les bas-fonds de ces mêmes classements. « Les choix que votre gouvernement fait vont déterminer votre réussite comme le Botswana ou votre échec comme la Sierra Léone. Il n’existe pas d’autres domaines d’opportunités économiques et de politiques économiques qui soient si sensibles au choix politique que la gestion des ressources naturelles », avait-il conclu. Cet exemple dans le domaine du diamant est applicable à toutes les ressources minérales.
En la matière, des modèles de réussite existent et le sujet très bien documenté. La Norvège est citée en exemple. Il ne s’agira pas de copier à la lettre ce que ce pays scandinave a fait, mais de s’inspirer des bonnes pratiques susceptibles d’éviter au Sénégal de se louper dans la gestion de cette manne. Quand des éléments de comparaison sont sur la table, l’échec n’est pas une option. Il suffit de respecter le triptyque – des règles claires, des institutions solides et des citoyens informés – dont on dit qu’il est le fondement d’une politique gouvernementale en matière de gouvernance des ressources pétro-gazières, pour échapper au piège de la malédiction du pétrole.
Le Sénégal a déjà posé des actes qui peuvent, cependant, inciter à l’optimisme (Code pétrolier, Code gazier,loi sur le Contenu local, loi sur la répartition des recettes, Cos-Pétrogaz, Secrétariat permanent pour le suivi du contenu local, Institut national du pétrole et du gaz, Réseau gazier, Stratégie Gas to power…) le défi est d’arriver à faire en sorte que ces trois éléments soient présents, dans la durée, dans la chaîne de décision. Alors, on pourra espérer voir la flamme de la torchère continuer d’illuminer la marche du Sénégal vers l’émergence.
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PRES DE 13 MILLIARDS FCFA COLLECTES PAR LE BUREAU DE LA DOUANE DE ROSSO EN 2024
Le bureau des douanes de Rosso a collecté, en 2024, 12,78 milliards de FCfa, dépassant son objectif annuel de 11,78 milliards.
Le bureau des douanes de Rosso a collecté, en 2024, 12,78 milliards de FCfa, dépassant son objectif annuel de 11,78 milliards.
Cette performance représente une augmentation de 39 % par rapport à 2023, avec un excédent de 3,6 milliards de FCfa. Le chef du bureau, le lieutenant-colonel Abdoulaye Ndiaye, a attribué ce succès à l’efficacité de l’équipe et à la lutte contre la fraude, ainsi qu’à l’utilisation du système informatisé « Gaïndé ».
Il a également souligné l’importance de la coopération avec les commerçants et commissionnaires en douanes. En 2025, il prévoit de consolider ces résultats et espère que l’achèvement du pont de Rosso contribuera à augmenter les recettes grâce à un meilleur flux de marchandises. Il s’est entretenu avec notre correspondant, Ibrahima MBAYE
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUND 20 JANVIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
par Ibrahima Thiam
QUAND JUSTICE RIME AVEC COÏNCIDENCE
Le Premier ministre l'avait annoncé : "Farba Ngom ne fera plus jamais campagne après cette consultation." Une déclaration qui résonne aujourd'hui comme un oracle, alors que le nouveau député se retrouve menacé de perdre son immunité parlementaire
Rappelez-vous cette déclaration mémorable du Premier ministre en pleine campagne : “Farba Ngom ne fera plus jamais campagne après cette consultation.” Un avertissement ? Une prophétie ? On aurait dû écouter plus attentivement, car voilà que l’élu fraîchement installé au parlement se retrouve déjà sur le banc des accusés, au cœur d’une procédure de levée d’immunité parlementaire. Si la politique sénégalaise était une série, ce serait un cliffhanger de choix.
Qu’on soit clair, la levée d’immunité parlementaire, c’est une procédure tout à fait normale. Mais pourquoi le timing donne-t-il toujours l’impression qu’il a été soigneusement scénarisé ? Pourquoi, subitement après son élection, Farba Ngom se retrouve-t-il au cœur de l’ouragan judiciaire ? Si le dossier était prêt, pourquoi ne pas l’avoir traité avant ? mais ce serait gâcher tout le suspense, n’est-ce pas ?
Il faut dire que le peuple sénégalais adore les feuilletons politico-judiciaires. On nous promet de la justice, on nous sert du spectacle. D’un côté, on agite la bannière de la reddition des comptes, ce qui est légitime. De l’autre, on laisse planer l’ombre d’un règlement de comptes savamment orchestré. Et nous, pauvres spectateurs, oscillons entre applaudissements pour la transparence et soupçons sur la motivation réelle du scénario.
Attention, ne nous méprenons pas : toute personne ayant abusé des deniers publics doit être traduite devant la justice. Mais pour que cela ait du sens, encore faudrait-il que la justice soit perçue comme impartiale et indépendante. Car, voyez-vous, une justice qui choisit ses cibles, ça ressemble plus à une chasse qu’à une quête de vérité.
Prenons un instant pour réfléchir. Farba Ngom est-il coupable ? Peut-être. Est-il victime d’un jeu politique ? Qui sait ? Mais ce qui est sûr, c’est que le calendrier pose question. Ce timing impeccable, juste après son élection, donne l’impression d’une justice qui, comme un acteur principal, attend toujours son moment de gloire. Pourquoi ne pas éclaircir ces soupçons avant qu’il ne devienne député ? Pourquoi attendre que les projecteurs soient braqués sur lui pour sortir le dossier ?
Ne nous mentons pas : cette affaire dépasse le cas de Farba Ngom. Elle pose une question essentielle sur l’état de nos institutions. Une justice équitable ne doit pas donner l’impression d’être une marionnette manipulée par des intérêts politiques. Sinon, on risque de confondre reddition des comptes et règlement de comptes, ce qui, reconnaissons-le, est une nuance de taille.
Le peuple sénégalais mérite mieux qu’une justice qui semble toujours intervenir au bon moment pour le mauvais effet. Il aspire à des institutions fortes et crédibles, où la lutte contre la corruption est menée avec rigueur et impartialité. Parce qu’au fond, ce que les citoyens veulent, ce n’est pas des séries à rebondissements, mais un véritable système de justice où les lois s’appliquent à tous, sans distinction ni manipulation.
Alors, Farba Ngom, héros ou bouc-émissaire ? La réponse importe moins que la manière dont cette affaire sera gérée. Parce qu’au final, la crédibilité de nos institutions en dépend. Et si cette affaire n’est qu’un épisode de plus dans la longue série des manipulations politiques, alors il faudra bien admettre que ce n’est pas la justice qui triomphe, mais le cynisme. À quand une vraie réforme, pour qu’on arrête de confondre tribunal et théâtre ?