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16 juin 2025
Par Alassane THIAM
AIR SÉNÉGAL, PRENDS GARDE À TOI
Nous assistons à des jeux de chaises musicales depuis l’envol de ce joyau plébiscité par les sénégalais : Trois directeurs ont été nommés en six ans et la suite n’est pas encore écrite
La compagnie nationale créée en 2016, suite à la faillite de Sénégal Airlines, avait comme objectif de devenir un acteur majeur du transport aérien de l’Afrique de l’ouest. L’Etat sénégalais propriétaire de la compagnie par le biais de la Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC), avait accueilli les premiers Airbus d’Air Sénégal avec faste pour lever une anomalie. En effet, le Sénégal qui vient de construire un aéroport qui a l’ambition d’être un «HUB», ne pouvait pas rester sans une flotte nationale digne de ce nom.
Nous assistons à des jeux de chaises musicales depuis l’envol de ce joyau plébiscité par les sénégalais : Trois directeurs ont été nommés en six ans et la suite n’est pas encore écrite.
Air Sénégal a démarré en grande pompe et les passagers semblaient épanouis dans ses vols, malgré un personnel sénégalais encore en formation. Les agents au sol avaient un sourire exagérément sympathique et les passagers sénégalais étaient fiers d’entendre les annonces de l’équipage en français, anglais et surtout en Wolof (une des langues nationales du Sénégal).
A l’instar des autres compagnies, le fleuron est confronté à des retards et surtout sa communication devient inaudible et hasardeuse. La compagnie était aux abonnés absents : injoignable au téléphone pour la diaspora et d’autres passagers en provenance d’Europe.
Suite aux différentes plaintes des usagers relayées par les réseaux sociaux, la compagnie annonce laconiquement sur son site que Monsieur Kane n’est plus Président de la compagnie sans que ce dernier ne soit remercié du travail accompli. Il convient de rappeler que Air Sénégal dispose de 9 avions pour 24 destinations.
Les années «COVID» ont fait apparaitre sa fragilité. Beaucoup de passagers qui n’ont pas pu prendre leurs vols ne sont ni remboursés, et aucun avoir leur est proposé, contrairement aux compagnies européennes. Air Sénégal a fait la sourde oreille, considérant peut-être à tort, que ses passagers floués, finiront par abandonner. Il n’en est rien : Un cabinet d’avocats français vient de l’attaquer au tribunal de Paris pour non-respect du contrat qui la lie à ses usagers.
Notons qu’une directive européenne oblige les compagnies, en cas de retard de plus de 3 heures, à indemniser leurs passagers à hauteur de 250 € (160 000F CFA) pour les moyens courriers et 600€ (400 000Ff CFA) pour les longs courriers.
Des mensonges grossiers cousus de fil blanc font légion : A titre d’exemple, ce vol Paris-Dakar qui a atterri avec 3 heures de retard, a coïncidé avec l’atterrissage de la compagnie belge, Brussel Airlines. Une annonce de l’aéroport indique aux passagers d’Air Sénégal que leurs bagages n’ont pas pu être embarqués par la compagnie, par conséquent, les personnes concernées pourront revenir le lendemain pour les chercher.
Face à la révolte, à l’incompréhension et des esprits qui commençaient à s’échauffer, il est annoncé que finalement les bagages sont bien arrivés. Que signifie ce mensonge ? Y a-t-il eu une confusion entre la gare routière de Dakar et l’aéroport internationale Blaise ? La compagnie nationale sénégalaise est dans un grand flottement. A-t-elle- démarré précipitamment ? A-t-elle voulu desservir plusieurs destinations internationales sans en avoir les moyens ? Elle est irréprochable, lorsque tout tourne: Personnel à bord très dévoué et professionnel, Airbus Néo confortable…
Néanmoins, dès qu’il y a un imprévu, c’est la panique et les bonnes décisions claires ne sont jamais prises. Il est plus important pour les passagers de transmettre aux clients des vérités difficiles à entendre que les mensonges qui finiront toujours par être dévoilés.
Air Sénégal joue encore avec ses clients fidèles. Il vaut mieux une perte d’argent conjoncturelle pour conserver ses clients que de les voir fuir et se diriger vers d’autres compagnies qui rencontrent aussi des difficultés mais qui l’assument. Je crains qu’Air Sénégal puisse tenir à long terme car elle ne semble avoir des reins solides pour affronter une concurrence ardue qui nécessite une remise en cause en permanence.
Le changement perpétuel de Directeur n’est pas la bonne clef pour maintenir en vie ce joyau qui fait la fierté des sénégalais. Peut-être que l’Etat du Sénégal n’est pas mieux indiqué pour gérer une compagnie aérienne ?
L’EXPORTATION ET LES USINES DE FARINE DE POISSON CONSTITUENT UN FREIN
L’exportation et l’approvisionnement des usines de farine de poisson constituent un frein à la bonne gestion et à la résilience des petits pélagiques côtiers
L’exportation et l’approvisionnement des usines de farine de poisson constituent un frein à la bonne gestion et à la résilience des petits pélagiques côtiers. C’est ce que révèlent les résultats d’une recherche qui ont été partagés hier, mercredi 17 août lors d’un atelier organisé par le centre de recherche océanographique de Dakar Thiaroye.
Le Sénégal est un grand pays consommateur de poisson. Aujourd’hui, les petits pélagiques côtiers sont la première source de protéine animale au niveau du pays. Cependant, cette consommation est menacée par plusieurs facteurs particulièrement les exportations vers la Sous-Région et l’approvisionnement des usines de poissons.
Selon les résultats d’une recherche réalisée sur les enjeux socioéconomiques des petits pélagiques côtiers, ces facteurs risquent de bloquer à long terme cette consommation de poissons. «Les petits pélagiques côtiers sont les ressources les plus accessibles et à moindre coût aux populations. Nous voulons booster la contribution de ces ressources au produit intérieur brut. Nous avons eu à décliner tous les segments de la chaine de valeur, calculer la valeur ajoutée et identifier l’ensemble des facteurs qui freinent cette création de valeur ajoutée», indique Moustapha Dème, Chercheur économiste au centre de recherche océanographique de Dakar Thiaroye. Il s’exprimait hier, mercredi 17 août lors de l’atelier de partage des résultats de la recherche sur les enjeux socioéconomiques des petits pélagiques au Sénégal.
Pour lui, il ne s’agit plus de produire davantage parce que les ressources ne le permettent pas mais, de valoriser les niveaux de captures. Par ailleurs, M. Dème relève que les aspects migratoires doivent être pris en compte aussi bien dans la gestion des pêcheries qu’au niveau de la recherche. «Aujourd’hui, le Sénégal peut tirer près de 50 à 90 mille tonnes de petits pélagiques en Mauritanie et ces ressources sont assimilées comme si elles étaient effectuées dans la zone sénégalaise. Ce qui est loin d’être le cas. Cela donne du poids à notre potentiel. Des voies et moyens sont définis pour que tous les aspects migratoires soient mieux considérés par les administrations, la recherche et les organisations professionnelles», a-t-il fait comprendre.
De son coté, Dr El Hadji Traoré, conseiller technique du Directeur général de l’ISRA pense que la gestion des petits pélagiques côtiers passe par la disponibilité d’informations fiables et accessibles pour une formulation d’avis scientifiques robustes, base d’une bonne politique de pêche. «La pêche a beaucoup de contraintes de type environnemental et développement industriel et économique qui souvent ne sont pas en phase avec un bon développement du secteur. Cela demande de la recherche et la prise de bonnes décisions pour que nos ressources soient protégées au profit des populations», souligne-t-il.
Inflation, bérézina de Benno, regain de l’opposition, nouveau gouvernement... Le chef de l'État Macky Sall semble parti pour vivre une fin de mandat très mouvementée
L’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, qui a été pendant dix ans (2012-2022) le maitre incontestable du jeu politique semble parti pour vivre une fin de mandat présidentiel très mouvementée, sinon très difficile. Le contexte actuel marqué par une combinaison de plusieurs facteurs dont la hausse généralisée des prix, la régression sur le terrain électoral de sa coalition politique, Benno Bokk Yakaar et la montée en puissance de l’opposition sous l’égide de l’inter-coalition Yewwi-Wallu ne laissent pas beaucoup de liberté de manœuvre au chef de l’Etat très attendu dans la nomination du nouveau gouvernement qui devrait consacrer le retour du poste de Premier ministre.
C’est un secret de polichinelle. L’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, est parti pour vivre une fin de mandat présidentiel très mouvementée voire très difficile. Et ce, après avoir été pendant dix ans (2012- 2022) le maitre incontestable du jeu politique qui inspire et fixe à lui-seul les règles démocratiques dans sa propre coalition grâce à son pouvoir de décret mais aussi dans l’opposition par le biais de l’instrumentalisation des dossiers judiciaires à des fins d’élimination de potentiels adversaires.
Aujourd’hui, force est de constater que Macky Sall pourrait vivre les 18 mois qui lui restent en tant que président de la République dans un état de tension permanent et largement préjudiciable, tout le contraire du temps qu’il a passé au Palais de la République. Sa coalition, Benno Bokk Yakaar qui a battu tous les records en termes de longévité (12 ans au pouvoir) a amorcé une dangereuse régression sur le terrain électoral. Benno n’a pas plus son statut de principale force politique au Sénégal acquise grâce à la double politique d’aliénation des principaux partis de gauche dont le Parti socialiste, l’Alliance des forces de Progrès (Afp), le Parti de l’indépendance et du travail (Pit), la Ligue démocratique et celle visant à « réduire l’opposition à sa plus simple expression », minutieusement exécutée par le président Sall.
La preuve, nonobstant sa victoire au niveau départemental lors des élections législatives du 31 juillet dernier, la coalition Benno Bokk Yakaar a perdu plusieurs communes symboliques. Dans la région de Dakar, toutes les communes sont quasiment remportées par l’opposition notamment l’inter-coalition Yewwi-Wallu.
A l’intérieur du pays, des communes à l’image de Kaolack, Saint-Louis, Kolda, Louga, Mbour, Tivaouane, Saly Portudal, Nguékokh, Sindia, Somone et Diass dans la Petite côte et Sédhiou, dirigées par des proches du pouvoir en place sont toutes tombées dans l’escarcelle de l’opposition. A ce défi de régression de la coalition au pouvoir, il faut également ajouter d’autres paramètres qui ne participent pas à aplanir le chemin de la gouvernance du Président Sall durant les dix-huit mois à venir.
Le premier concerne l’inflation généralisée des prix de consommation qui ont fini de plonger beaucoup de ménages sénégalais dans le désarroi. Sans revenu minimum et livré à la merci d’un marché des prix totalement hors de contrôle, il est difficile pour le « gorgolu » (débrouillard) de joindre les deux bouts. Ensuite, de l’autre côté, il y a la montée en puissance de l’opposition sous la houlette de l’intercoalition Yewwi-Wallu plus que jamais déterminée à imposer sa « loi de rupture ».
Ragaillardie par son score historique à l’issue des élections législatives du 31 juillet dernier, l’inter-coalition Yewwi-Wallu qui était à trois sièges de remporter la majorité parlementaire, a plus d’atouts que la coalition au pouvoir. Et ce, malgré la majorité absolue de 83 sièges obtenus grâce au revirement du leader de la coalition Bokk gis gis liggey, Pape Diop qui avait pourtant enfilé la tunique d’un opposant lors de la campagne électorale. Macky Sall n’est plus le maitre du jeu politique qui peut continuer à décider tout seul de tout. Il sera donc obligé, au risque de se mettre dans une situation d’impasse politique, de revoir beaucoup de choses pour pouvoir gouverner tranquillement durant le peu de temps qui lui reste à la tête de l’Etat.
Et la première équation à résoudre réside sans doute dans la composition du prochain gouvernement. Au risque de précipiter la dislocation de sa coalition, Benno Bokk Yakaar ou s’attirer les foudres d’une opposition qui a le vent en pourpre au niveau du Parlement, le chef de l’Etat est condamné à composer une équipe gouvernementale qui non seulement apportera des solutions à la hausse généralisée des prix de consommation mais aussi qui saura travailler en parfaite harmonie avec l’opposition.
UN DÉFI, SI LOIN, SI PRÈS !
Un défi d’autosuffisance alimentaire plus que pressant au regard des crises cycliques exogènes (covid-19, conflit Russo-ukrainien) et endogènes (changement climatique, faible production céréalière) qui menacent lourdement les dynamiques de croissances
Du lancement de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) en 2008 par le président de la République d’alors Abdoulaye Wade jusqu’en 2022 en passant par le Programme national d’autosuffisance en riz, actualisé par le président Macky Sall, qui s’était fixé comme objectif d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017, le Sénégal peine toujours à voir le bout du tunnel. Pourtant, plus de 100 milliards, de 2014 à nos jours ont été injecté dans ce secteur. Un défi d’autosuffisance alimentaire plus que pressant au regard des crises cycliques exogènes (covid-19, conflit Russo-ukrainien) et endogènes (changement climatique, faible production céréalière) qui menacent lourdement les dynamiques de croissances économiques et durables pour un développement harmonieux.
Fortement déficitaire depuis 1960, pour défaut de production agricole suffisante à même de couvrir nos besoins céréaliers (riz, maïs, sorgho, mil), en produits horticoles (fruits et légumes) d’une part et largement tributaire du marché extérieur et sur une très large gamme de produits allant des biens de consommation intermédiaire aux biens de consommation courante, en passant les produits de consommation d’autre part, le Sénégal tarde encore à équilibrer la balance commerciale, voire à l’inverser. Et ce, en dépit des nombreux efforts enclenchés par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade en 2008 pour faire face à l’augmentation du prix des denrées alimentaires, à la diminution des stocks et la difficulté d’approvisionnement des marchés locaux (crise alimentaire), par la mise en place de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana).
Le visé de cette politique était d’augmenter la production agricole relativement aux principales cultures consommées au Sénégal. Ceci, dans le but d’assurer la sécurité alimentaire, de réduire la dépendance nationale aux importations et de garantir la souveraineté alimentaire. Une orientation qui intégrait et transcendait les différents programmes spéciaux, notamment d’autosuffisance en riz. Quatorze ans après, l’objectif principal est encore le même et les enjeux de maîtrise de l’eau ; de régénération des sols ; de reconstitution des stocks de semences ; de modernisation du secteur par l’intensification des productions ; de soutien aux producteurs approfondi ; de promotion des cultures d’exportation ; de promotion des cultures énergétiques ; de protection des cultures ; et de promotion d’une agriculture saine et durable sont plus que des défis à relever.
MACKY ET L’AUTOSUFFISANCE EN RIZ POUR 2017
A son accession à la magistrature suprême (2012) et deux ans plus tard (2014), le président Macky Sall avait proclamé sa volonté de réaliser l’autosuffisance en riz en 2017, une des denrées de base au Sénégal. Pour y arriver, il avait appelé les commerçants à contribuer à cet effort de ‘’guerre alimentaire’’. Faute de quoi, il sera très difficile. Le chef de l’état avait estimé urgent de produire suffisamment pour satisfaire les besoins du Sénégal en riz. Dans sa ferme volonté, le président Sall s’était résolu à relever le défi de l’autosuffisance en riz en 2017. Après cette échéance que nenni ! Et pourtant, en 2014, l’Etat Sénégal avait injecté 74 milliards de FCFA pour l’atteinte de cet objectif. Le coordonnateur du Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar), Waly Diouf, en marge de l’ouverture des rencontres régionales d’harmonisation faisait part de sa satisfaction relativement à ce niveau d’engagement des pouvoirs publics devant permettre d’atteindre cet objectif. «Cette année, j’avais besoin environ de 74 milliards. Et l’Etat a tout mis à ma disposition », avait-il dit. Aujourd’hui, même si cet objectif est de loin atteignable, tout de même, le président Sall peut s’enorgueillir d’avoir réalisé des résultats encourageants en terme de rendement agricole inédit et assez encourageant pour conduire le pays vers une autosuffisance alimentaire. Ainsi, la récolte de céréales a été satisfaisante en 2020/2021. Selon le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Pr Moussa Baldé, «la production de graminées s’est chiffrée à 3,64 millions de tonnes au terme de ladite campagne. Ce volume est en hausse de près de 1 million de tonnes comparativement au résultat de la saison précédente (2,7 millions de tonnes) ».Dans les détails, toutes les cultures ont affiché une progression par rapport à leur moyenne quinquennale. La principale céréale à savoir le riz a vu sa récolte atteindre 1,3 million de tonnes contre 1,15 million un an plus tôt. Pour ce qui est de la production de mil, elle a grimpé à 1,14 million de tonnes, soit 44 % de plus que le volume moyen de ces 5 dernières années. Le maïs et le sorgho ont affiché respectivement 761 883 tonnes et 377 323 tonnes. Le département agricole entend maintenir la dynamique en tablant sur une nouvelle production record de 4 millions de tonnes de céréales pour 2021/2022.
COVID-19, INVASION RUSSE EN UKRAINE PLOMBENT L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE
La pire crise sanitaire jamais connue au monde a mis à terre des pans entiers de l'économie mondiale (tourisme, transport, matières premières...). Une situation inédite aux conséquences économiques, sociales assez considérables. Deux ans après cette pandémie aux allures finissantes, la guerre en Ukraine continue d’exacerber la flambée des prix des matières premières énergétiques et agricoles. Ce qui menace fatalement la sécurité alimentaire de millions de personnes, notamment dans les pays en développement comme l’Afrique. Dans un récent rapport de la FAO (Food and agriculture organisation) les experts renseignent que l’indice des prix des produits alimentaires a augmenté de 12,6% en mars 2022 et a atteint son plus haut niveau jamais enregistré. Selon eux, «la hausse des prix alimentaires affecte de manière disproportionnée les plus pauvres car, ils dépensent une part plus importante de leurs faibles revenus pour se nourrir».
En moyenne, souligne le rapport «la part de l’alimentation dans les dépenses totales des ménages atteint 40% en Afrique subsaharienne, contre 17% dans les pays riches». Ces menaces interpellent à plus d’un titre, l’urgence pour les Etats en voie d’émergence comme le nôtre (Sénégal), à développer une politique agricole accrue devant permettre d’arriver à une autosuffisance alimentaire dans le cours terme, du moins sur certaines denrées à forte consommation.
KEEMTAAN GI - LA SAISON DES MANIPULATEURS
Ils sont subitement devenus si agités ! Si bavards, si accessibles et d’une touchante générosité avec les médias qu’ils courtisent. C’est leur avenir qui est en jeu. Des privilèges suspendus au bout d’une signature qui pourrait les renvoyer à leur vie d’avant. Celle où ils végétaient dans l’anonymat, procédant à une éhontée danse du ventre pour se faire remarquer de celui qui nomme et dégomme. Certains se sont vite retrouvés dans des cercles de décisions à force d’aboyer ou de tirer sur l’ennemi. Pris comme des machines électorales, ils ont été grassement servis à travers des fonctions bien rémunérées qui leur ont servi de tremplins pour s’enrichir à un rythme supersonique. Plutôt que de servir la nation, ils se servent eux-mêmes, favorisant la famille, les amis et les coquins. Des privilèges qui pourraient bien leur passer entre les doigts après. Les plus forts en gueule d’entre les gens dont il est question ici sont justement ceux qui ont été sévèrement corrigés lors des deux dernières consultations électorales. Ne se sentant plus en place et craignant d’être remerciés, ils ont repris leur danse favorite. La manipulation et le mensonge. Ils procèdent à de la cosmétique comme certaines dames et demoiselles écervelées avec leur « make-up » et leurs cheveux dits naturels. Ils procèdent à un bourrage des consciences par des artifices qui se révèlent être du vent. De la poudre aux yeux. La preuve de la bonne tenue de la chose qui leur a été confiée, ils l’exhibent comme un trophée de guerre. Même s’ils sont dans la manipulation. Tous ceux qui sont sortis vainqueurs veulent également accéder au saint des saints. Là où se prennent les grandes décisions. C’est la course au ministrable. Ou au Premier ministrable ! Et pour ce faire, il leur faut une large fenêtre dans les médias histoire de se faire remarquer par le Chef. Les plus pathétiques parmi ces manipulateurs disent avec le plus grand sérieux avoir gagné leur centre de vote, d’autres leur bureau. A défaut d’avoir gagné leur département, ce qui était l’enjeu des dernières élections législatives. On se console comme on peut. Bien entendu, ils savent qu’ils ont été défaits. Mais veulent se voir plus beaux que les vainqueurs. Ah, l’odeur onctueuse du fromage du pouvoir ! Kaccoor Bi
TRAVAUX HÔPITAL LE DANTEC UNE COURSE CONTRE LA MONTRE…2024
A peine la mafia foncière actée, le « deal » finalisé et la « cola » des courtiers distribuée, les promoteurs immobiliers se pressent pour actionner les bulldozers devant raser le mythique et historique hôpital Aristide Le Dantec. Ce, dès la semaine prochaine pour pouvoir battre un record de « démolition-vente » ou « démolition-reconstruction » jamais égalé dans l’histoire du Btp au Sénégal. Pour « Le Témoin » quotidien, les promoteurs et sous-promoteurs espagnols, trucs et sud-africains appuyés par leur partenaire financier « Bdk » doivent entamer vite, et très vite, les travaux avant la présidentielle de 2024. Comme pour dire qu’un éventuel changement de régime pourrait arrêter les travaux de résurrection d’« Aristide Le Dantec » et remettre en question le juteux projet des promoteurs chargés de cette reconstruction. Toute cession de terrains du domaine privé immobilier de l’État devant être soumise à l’autorisation de l’Assemblée nationale, les promoteurs de cette reconstruction doivent accélérer la cadence des travaux en cette période où tous les sièges de l’hémicycle sont vacants. Car, si jamais ils trainent les «Caterpillar » jusqu’à l’arrivée de la 14e législature dite de « cohabitation », les turbulents députés de l’opposition risquent de torpiller leur projet ! Atout le moins de le déchirer.
HÔPITAL LE DANTEC IL Y A UN AN, « LE TÉMOIN » SONNAIT L’ALERTE !
Dans son édition du 09 septembre 2021, « Le Témoin » avait ainsi titré à la Une : « L’hôpital Le Dantec suscite des convoitises ». Presque un an après, l’histoire a donné raison à votre quotidien préféré. Malheureusement, à l’époque, notre l’alerte « Leuk » n’avait pas réveillé les combattants pour la défense du foncier qui se sont endormis depuis belle lurette. Pourtant, nous avions bel et bien révélé que des promoteurs immobiliers turcs, espagnols, marocains et indiens luttaient pour s’accaparer de l’assiette foncière de l’hôpital qui s’étend sur 6 hectares en plein Plateau de Dakar et au bord de l’océan. Ensuite « Le Témoin » était revenu à la charge par une alerte « Gaïndé » en révélant que des Indiens et Espagnols appuyés par des courtiers d’Etat s’activaient pour provoquer l’«euthanasie » de l’hôpital déjà malade de ses infrastructures. Obnubilés par cette assiette foncière estimée à une centaine de milliards cfa, ces prédateurs véreux avaient même proposé de démolir le stade de Léopold Sédar Senghor ou de délocaliser le dépôt Sotrac (Dem-Dik) de Ouakam à Dakar pour y reconstruire l’hôpital Le Dantec. Donc vous voyez à quel point ces promoteurs et courtiers d’Etat étaient prêts à tout pour s’enrichir illicitement sur les gravats et décombres de l’hôpital Le Dantec. Ils sont parvenus à leurs fins !
FONCIER UN PONTE DES DOMAINES S’OCTROIE 8 HA À BAMBILOR
Qui est ce ponte des impôts et domaines qui s’est octroyé une assiette foncière de 8 hectares à Bambilor ? Dans les milieux avisés, les commentaires fusent de partout pour décrier une telle gloutonnerie qui est passée certainement inaperçue au niveau des autorités supérieures du pays. Nous gardons pour le moment le nom du concerné. En tout cas ce qui est sûr, c’est que le bonhomme ne s’est pas gêné pour abuser de sa position et s’octroyer une telle assiette foncière. Et le pire dans tout cela, c’est que le concerné ne s’est pas caché en mettant directement son nom sur le titre de l’assiette foncière ainsi privatisée à son profit.
MAIRIE DE DAKAR LE SALAIRE DU CAPITAINE TOURÉ SUSPENDU
Le capitaine Seydina Touré continue de subir les harcèlements du régime. Depuis qu’il a été recruté par le maire de Dakar Barthélémy Dias, il n’a pas touché son salaire. Et cela fait 5 moins maintenant. C’est le concerné lui-même qui donne l’information, ce mercredi, sur sa page Facebook. «Aujourd’hui, cela fait cinq (05) mois depuis la date de ma signature du contrat avec monsieur Barthélémy Dias, cinq mois également depuis que l’État du Sénégal a décidé de suspendre les salaires de l’ensemble des membres de son cabinet » a souligné Seydina Omar Touré. L’ancien officier de la gendarmerie, qui parle d’« acharnement », a déploré une « haine des gouvernants contre un citoyen qu’ils doivent protéger et dont ils doivent garantir la survie conformément à leur engagement constitutionnel». Il a décidé avec des sympathisants, « de mettre en place un plan d’action dans les jours à venir pour participer activement dans l’assainissement politique de notre pays ». Interpellé sur le recrutement de Seydina Oumar Touré à la ville de Dakar, le ministre de tutelle, Oumar Guèye, avait signifié que les collectivités territoriales étant des démembrements de l’Etat, n’ont pas le droit de faire des recrutements qui ne sont pas conformes à l’organigramme type. « Car aucun inspecteur du travail ne signera le contrat de travail, aucun percepteur municipal ne procédera au paiement du salaire. Donc si vous avez un contrat et que la perception municipale ne vous paye pas, il n’y a pas de recrutement», avait-il dit. Seydina Oumar Touré continue d’être persécuté par le régime de Macky Sall. Avant l’épisode de la mairie de Dakar, l’homme radié des cadres de la Gendarmerie avait été recruté par l’IAM. Mais, après des pressions du ministère de l’Enseignement supérieur, il avait été remercié.
LE CASA SPORT EN DEUIL, DÉCÈS DE BASSIROU NDIAYE
Bassirou Ndiaye, frère de l’ancien joueur du Casa Sport, Ousmane Ndiaye alias «Compliqué», ancien sociétaire du club fanion de Ziguinchor, est décédé hier en France. Le défunt fut de la génération des années 1980 qui avait offert au Casa Sports sa première coupe du Sénégal de football en 1979. Cette finale très mémorable avait opposé le Jaraaf des Mbaye Fall, Séga Sakho, Cheikh Fam au Casa Sports avec les Jules Bocandé, Mody Ba, Mamadou Teuw, Ousmane Ndiaye (Compliqué) et autres. Le Casa Sports l’avait remporté par 2 à 0 avec un doublé de Bassirou Ndiaye qui est aussi parent de Aliou Cissé, l’actuel sélectionneur national. Le Témoin présente ses condoléances à toute la famille sportive du Sénégal ainsi qu’à celle biologique du défunt.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le grand mensonge c’est de prétendre que les communautés que l’on rassemble de temps à autres pour une harangue adressée dans un galimatias intraduisible souhaitent avoir pour représentants des gens qu’ils ne connaissent pas (3/4)
Au Tchad, suite à l’assassinat du président Idris Deby Itno au pouvoir de décembre 1990 à avril 2021, son fils Mahamat Deby prend la tête d’un groupe d’officiers : le Conseil Militaire de Transition (CMT), et installe un régime dit de transition dont l’un des objectifs principaux est de préparer le retour à l’ordre constitutionnel au terme d’une période de 18 mois. Un ministère de la Réconciliation nationale a été chargé d’organiser un dialogue national Inclusif DNI, dans le but de faciliter la mise en place d’institutions et mécanismes devant permettre d’organiser des élections libres et transparentes. Ce dialogue, précédé d’un pré-dialogue de groupes de politico-militaires, qui s’est tenu pendant plus de 4 mois à Doha sous l’égide du Qatar et de la France a abouti à un accord entre une partie des belligérants habituels et le gouvernement issu du coup d’état d’avril 2021. Cet accord salué par l’Organisation des Nations Unies, exclut cependant le principal mouvement armé. Ledit dialogue national inclusif (DNI) se tiendra à Ndjaména à partir du 20 Aout 2022.
En marge et pour participer à la réflexion qui se mène dans son pays natal, l’écrivain tchadien Koulsy Lamko publie aux Editions Casa Hankili África, Mexico, un livre d’entretiens dont le titre sibyllin et iconoclaste présage du tumulte ambiant autour d’une rencontre dont il pense qu’elle est pour une énième fois, une ré-initiation avortée tant les dés sont pipés quant à l’issue probable : le risque de la légitimation d’une succession dynastique qui mettra le pays à feu et à sang.
SenePlus lui ouvre ses colonnes permettant que soient partagés de larges extraits de « Mon pays de merde » que j’adore avant la parution de l’essai-conversations à la rentrée d’octobre 2022.
Dans cette troisième partie, Koulsy Lamko explore l'idée du fédéralisme comme possible solution aux misères de l'État-nation jacobin qui, à ses dires, fait tant de mal aux populations
Vous avez participé à une conférence sur la Forme de l’État au Tchad en novembre dernier. Le thème était : « Le Fédéralisme est-il la solution ? » Encore une de vos multiples contradictions…Un panafricaniste…
KL : Ne vous laissez pas abuser pas l’apriori facile dans vos argumentaires. Au contraire c’est mon idéal panafricain qui exige que soit amorcée une réflexion qui inclut des déterminismes géographiques, culturels, confessionnels ou sociétaux sur la question. Et qui pose celle de la décolonialité, le dépassement de ces corsets sociologiques d’hier ou d’aujourd’hui. L’État fédéral multinational multiculturel a toujours été la base politique et idéologique de l’État africain avant les traites et les colonisations arabo-berbères et européennes. On ne dira jamais assez la nécessité de puiser dans les savoirs africains précoloniaux pour comprendre un certain nombre de situations de chaos que nous vivons. Quand on a lu Cheikh Anta Diop et Mbog Basong on s’en trouve très vite convaincu.
ARS : Vous chérissez bien les galères dans vos activités ! Et ce n’est pas pour vous taxer de masochiste.
KL : Les initiateurs de la Conférence ont souhaité que je les accompagne dans le suivi des travaux ; que j’organise en collaboration avec le groupe technique, les aspects scientifiques. Cela avec l’ambition qu’à partir des contributions, naisse un document d’auteurs collectifs. Interroger l’établi, remettre en question ce qui semble être un acquis devrait être un exercice permanent, sain, et qui ne devrait pas souffrir de tabou, d’autodafé ou de fatwa. Et, cela davantage lorsque les faits têtus démontrent l’inadéquation des structures qui moulent nos pensées, nos actions individuelles ou collectives et nous font exister comme des ersatz. Dès lors que l’on jette un regard sur l’évolution du continent ou de nos communautés nationales, l’on peut aisément conclure à l’impasse… Face auquel il faut proposer des esquisses de solutions.
ARS : Revenons au Tchad… Tout bien pesé, analyses, réflexions, débats d’idées sont indispensables quant à la redéfinition de la forme de l’État pour un renouveau sérieux. Le Tchad n’en sera pas à sa première expérience de réflexion sur la forme de l’État. Par le passé, de nombreuses femmes et hommes politiques ont évoqué cette alternative à maintes reprises, pour parer aux insuffisances que vous évoquez par rapport à l’État-nation de type jacobin. Hélas les efforts sont restés vains…
KL : Précisons mots et contextes. Au Tchad, les gens en sont arrivés à créer intuitivement un lexique de mots tabous qui provoquent de l’urticaire ou réveillent des phobies enfouis dans les limbes de la mémoire collective. C’est que j’appelle les mots apocryphes de notre mythe obsédant et du narratif de notre courte et brève histoire de vie. Ils sont nombreux : frères du nord, frères du sud, laoukoura, doum, habit, saarai- alcoolique, zagh, kirdis, mbamban, djaman, domaïn, njékouboujé ge ngal, kara gourbolo, hiner, plata, souweu, esclavage, fédéralisme… Fédéralisme fait partie de ce champ lexical particulier. Pendant longtemps, il suffisait qu’en proposant un débat sur la forme de l’État l’on prononce le mot fédéralisme pour qu’une espèce de police d’opinion vous taxe de sécessionnisme, de séparatisme ou de divisionnisme. Une confusion volontaire dans la perception des mots, de leur contenu et des réalités auxquelles ils renvoient.
ARS : N’est-ce pas aussi parce qu’il y a souvent eu plutôt manipulation ou interprétation tendancieuse. Il faut reconnaître que des femmes et hommes politiques ont battu des campagnes électorales en prônant un régionalisme ethnicisé…
KL : C’est que ces mots cachent un malaise sociétal profond. Quand dans une communauté nationale l’on se refuse de se poser les vraies questions sur le devenir collectif, on laisse le champ libre à l’ignorance et le pas au roman national débridé plutôt qu’à une critique rationnelle de l’histoire. À nul esprit qui ne soit tordu, jamais, il viendrait à l’idée que les peuples décident d’opérer un tri discriminatoire sur des bases régionales ethnicisées pour assigner à perpétuelle résidence cloitrée telle ou telle autre communauté. Depuis des générations les peuples se sont rencontrés, des alliances se sont tissées. Et les gens en Afrique savent qu’ils ont le droit de vivre où ils sont accueillis et les autres le devoir d’accueillir celui qui le souhaite.
ARS : Et pourtant, on a entendu des politiques agiter le « rentre chez toi, ici c’est chez » moi, le principe du « premier occupant », l’autochtonie exclusive et excluant. Des crimes odieux, des génocides, ont été commis avec à la base ce principe ségrégationnel et du déni de l’Autre…
KL : Résultats d’une politique d’instrumentalisation des faiblesses structurelles, dont l’ignorance et l’inculture encouragées sciemment. Si seulement l’on se posait la question du moule que l’on pourrait inventer pour définir la forme d’organisation dans laquelle toutes les communautés se sentiraient vivre pleinement leur existence selon les valeurs qu’elles se sont librement choisies, l’on n’en serait pas à fomenter l’ignorance ou à perpétrer les perceptions erronées et connotées qui ne recoupent pas nécessairement les réalités effectives et affectives.
ARS : Mais la Conférence semblait déjà induire un parti pris parce que le sous-titre se présente comme une affirmation et le mot fédéralisme mis en lumière.
KL : La question centrale dans ces échanges s’inscrivait au-delà de l’intitulé. Le terme fédéralisme comme moule d’idées renvoyait plutôt à une catégorie en opposition à l’État-nation unitaire déconcentré ou même décentralisé. Puisqu’en fait, ce qui préoccupait les participants à cette réunion c’était la réponse à la question : « Quelles articulations trouver pour que les peuples de l’ensemble du territoire, se sentent libres de choisir ceux qui les représentent, de participer à la gestion de leur terroir, d’en conserver les moyens de production et les bénéfices de la plus-value, d’exercer un contrôle sur la gestion, de sanctionner au besoin ceux qui en perturbent l’équilibre ? Et surtout de vivre en toute quiétude sans l’omniprésence de la botte du soldat ou du combattant armé ?» Il s’agissait de ne plus tergiverser sur une discussion qui réactualisait, remettrait à l’ordre du jour des acquis de réflexions déjà menées tout le long de notre histoire tumultueuse, et dont ont émané plusieurs partis politiques fédéralistes. La Conférence Nationale Souveraine en 1993 a fait des propositions de modèles, de centaines d’articles et ouvrages publiés, etc. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’il y ait eu pendant les communications une présentation du livre de Feckoua Laoukisam[1] qui 25 ans plus tôt prônait déjà le fédéralisme.
ARS : Et alors pourquoi l’urgence…
KL : Il arrive toujours dans l’histoire des peuples, un moment charnière où l’on doit se regarder en face, froidement, sans faux fuyant, sans flagornerie, sans ressentiment, sans haine, sans violence ; mais avec franchise et fermeté. L’occasion qu’offrait la violation de la Constitution de 2005 en cours par une suspension arbitraire et le vide juridique que pouvait faire constater l’irruption d’un Conseil Militaire de Transition s’y prêtait. Dans ces cas-là, il semble normal que l’on revienne au contexte pour mieux appréhender les tenants et aboutissants.
ARS : Lesquels ?
KL : Un seigneur de guerre règne sans partage pendant 30 ans, maintenu à bout de bras par l’ancienne puissance colonisatrice qui selon lui-même l’a obligé à demeurer au pouvoir même lorsqu’il s’en disait éreinté. Il meurt dans des conditions floues tant la version officielle ne convainc personne. Manifestement c’est un coup d’État, du moment que la junte militaire qui usurpe le pouvoir, dissout l’Assemblée nationale et le gouvernement, faisant fi de toutes les dispositions légales. Il n’y a même pas eu de déclaration de vacance de la présidence de la République. On brandit l’indisponibilité du président de l’Assemblée tout en l’accusant de n’avoir pas voulu assurer l’intérim et pour ainsi justifier l’État d’exception. On ne dit pas assez que la Constitution a prévu qu’en cas d’empêchement du président de l’Assemblée, c’est le premier vice-président qui assure l’intérim. Le coup d’esbroufe réussit puisqu’on fait croire qu’il y a un impératif besoin d’un militaire à la tête de l’État, parce que des rebelles attaquent... Un argument insuffisant, même fallacieux, parce qu’un civil à la tête de l’exécutif aurait pu engager plus aisément des consultations avec la partie adverse. Mais au Tchad, l’on n’a ni honte, ni peur des mensonges grossiers !
ARS : Qu’avez-vous contre les coups d’États militaires ? Ils ont parfois abouti à clarifier la situation.
KL : Mon problème, ce n’est pas le coup d’État militaire, c’est ce qu’on en fait. Si c’est pour organiser une révolution qui impose la volonté populaire et change tous les paradigmes en les tendant vers le mieux-être des populations toutes, why not… Mais si c’est juste pour installer et en pire les mêmes turpitudes sans rien changer aux structures inopérantes, cela ne vaut pas la peine…
ARS : Vous publiiez dans une interview au magazine italien Il libretto … que cela défie le bon sens que de toute la folle pléthore de généraux, c’est-à-dire environ 400, dont certains sont bien plus expérimentés, l’on choisit le plus jeune, la trentaine, qui manifestement ne comprend pas grand-chose aux affaires de l’État, pour diriger un pays dont la Constitution invalide les candidats de moins de 45 ans de surcroît…
KL : L’impensé impensable ! 300 à 400 généraux emmargeant au budget d’un des pays les plus pauvres de la planète ! Il faut un effort surhumain de la pensée pour y croire ! Idriss Deby a juste semé des camps de déstabilisation permanente dans tout le pays : un héritage empoisonné, une bombe à retardement. De dizaines de camps militaires plus ou moins répertoriés, une sous armée clanique au sein de l’armée nationale dont la mission est celui du mercenariat au service des intérêts de la Françafrique. À l’heure de la démobilisation, à quels métiers pourra-t-on convertir ces milliers de braves gens de villages entiers du grand Darfour que l’on a arraché à leurs travaux champêtres et de pâturage pour un enrôlement douteux ?
ARN : Ne vous préoccupez pas de leur sort. Les généraux semble-t-il sont autant commerçants et hommes d’affaires et qui ont investi dans le pays… La rumeur raconte qu’on en a même épinglé quelques-uns dans des trafics de drogue…Et puis l’État devra-t-il prendre en charge des mercenaires, ce serait a minima…
KL : Quant à l’actuel gouvernement de transition, il n’est rien d’autre qu’un remake, un recyclage, agglomérat de bons serviteurs impénitents du système Habré-Deby, ministres « multirécidivistes», les uns depuis le régime habréiste, les autres n’ayant de légitimité que celle des armes, d’éternels affidés-agrippés à la machine du loto-gagnant, ou d’éternels fils à papa. C’est de la poudre aux yeux, une sorte de gage de bonnes intentions face aux probables velléités de sanctions de l’Union Africaine ou des institutions financières « bailleurs de fonds », mais un gage très peu convaincant. L’agenda non avoué, mais qui ne dupe personne, sera d’installer durablement le fils d’Idriss Deby, pérenniser le système clanique, élargir la base des affidés, pour continuer à nager en eau trouble et conserver les propres intérêts de classe, de clans et d’affidés ! Et personne ne rendra compte des crimes politiques, des assassinats, des crimes économiques, des détournements massifs et monstrueux des biens publics.
ARS : Revenons au fédéralisme
KL : La formule interrogative : Le fédéralisme est-il la solution ? Plus qu’hypothèse de travail réflexif, était davantage un cri du cœur qui exprime non seulement l’indignation, le ras-le-bol du peuple qui après des décennies d’espoir et de désespérance à la fois, pensait que seule la mort du tyran le délivrerait de l’étau. Le réveil est douloureux, pour se rendre à l’évidence qu’en tyrannie l’on doit compter avec les rhizomes qui poussent comme à l’état de nature du banian. Le Frolinat avec ses multiples ramifications et seigneurs de guerre qui se relaient au pouvoir depuis plus de quatre décennies et qui pour le comble se paie le luxe d’imposer, à la barbe de l’opinion publique nationale médusée et des alliances internationales, une succession dynastique ! Cela au mépris des souhaits et injonctions de tous.
ARS : Que préconiseriez-vous dans cette situation ?
KL : J’avoue n’avoir ni les compétences du juriste, ni celles de l’historien politiste qui a l’habitude de démêler les écheveaux dans les situations alambiquées, ni celles du chercheur spéculatif. Mais comme tout le monde, je lis, j’observe la réalité, j’analyse et j’interprète avec les outils d’analyse que je glane de ci de là. À vrai dire, de nombreuses études ont été faites sur le Tchad pour l’atypie que présente ce territoire immense au cœur de l’Afrique : ses interminables guerres de fractions, ses régiments claniques menés par des potentats et qui ont étalé le long des décennies leur incapacité à améliorer la vie des populations, le règne généralisé de la terreur, les fraudes électorales, l’instrumentalisation de l’élite et de la classe politique à des fins inavouées du diviser pour régner, l’intimidation systématique de la société civile, la corruption généralisée, le détournement des deniers publics et leur affectation à l’achat massif d’armements, l’absence de créativité politique et de vision. De centaines de rencontres, réunions de conciliation, sommets tous azimuts avec des chartes et traités et accords qui ne sont pas respectés par leurs signataires. Où n’est-on pas allé pour résoudre les dissensions et conflits inter tchadiens ? Soudan, Lybie, Lagos, Kano, Congo Brazza, Congo RDC, Gabon, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Yémen, Rome, Doha, Paris… Il ne nous reste plus qu’à aller nous réunir au Groenland ou sur la lune ! Et ce sont pour la plupart les mêmes, qui depuis plus de cinq décennies se sont installés dans ce mouvement de transhumance du politico-militarisme qui vont et viennent au gré des prébendes que ceux qui sont au pouvoir à Ndjamena leur accordent. Ces sont les mêmes délictueux qui sont condamnés mardi, amnistiés vendredi, gratifiés dimanche, nommés à des postes de responsabilité samedi, et qui la semaine suivante reprennent les armes dès qu’ils se sentent fragilisés dans leur contrat avec le pouvoir central et repartent au maquis. Les mêmes qui détournent les deniers de l’État, passent par un séjour initiatique dans une cellule de prison, en ressortent après avoir promis d’en rétrocéder une partie à la hiérarchie et après la geôle sont nommés à de postes supérieurs encore plus juteux pour continuer la capture !
ARS : Vous avez déjà raconté cette dynamique…du chaos
KL : Il me semble que lorsque toutes les tentatives d’organisation sociopolitique ont fait long feu, lorsque l’échec clignote en rouge cinglant au tableau de bord du bolide, la question de la forme de l’État ne peut plus être subsidiaire ou tributaire du roman national naïf où l’on se susurre que tout le monde il est beau il est gentil, tout le monde s’aime beaucoup et qu’il faut continuer à revivre chaque jour les mêmes violences et misères. Pourquoi donc malgré toutes les énergies qui se déploient depuis six décennies, l’on en est toujours à devoir gérer le chaos ?
ARS : Bien de gens pensent et à juste titre que promouvoir fédéralisme c’est semer le grain de la discorde et espérer que pourra croitre l’idée de la sécession, ou l’éclatement du territoire en plusieurs États…
KL : Toujours cette lecture erronée parce qu’incomplète par le prisme nordistes/sudistes, musulmans/chrétiens ! En réalité, la plupart de ceux qui continuent de prôner le maintien d’un État unitaire, sont ceux-là qui en tirent leurs intérêts individuels, de classe, de parti ou de clan, d’hommes d’affaires en eaux troubles et qui tiennent mordicus à la pérennisation d’un système légué par l’Empire Français et qui a fait long feu. Cela, même lorsque la majorité du peuple souhaite la fédération. On retrouve le même type de réticence lorsque l’on évoque le panafricanisme : la frontière qui sécurise les rentes pour l’élite.
ARS : Et pourtant il semble que les résultats des consultations qui ont été menées pour préparer le dialogue révèle une prédominance de l’opinion pour l’État unitaire…
KL : Je n’y crois pas un seul mot. Il suffira d’un référendum sur le fédéralisme, sans fraudes et manipulations pour se rendre compte que si l’on demandait aux populations de s’exprimer sur la question en en expliquant objectivement le bien fondé, aucune communauté qu’elle soit de l’est, du nord, de l’ouest, du sud ne refuserait d’avoir la possibilité de voter directement ses gouverneurs, ses députés locaux, ses représentants locaux et surtout d’être à l’initiative des projets de développement d’un territoire qu’elle connait bien et dont les bénéfices lui seront immédiatement perceptibles. Quelle communauté refuserait-elle d’user de son droit à décider de ce qu’elle souhaite pour elle-même ? Quelle communauté refuserait-elle d’être débarrassée de groupes de parasites, cette protobourgeoisie militaire et civile qui joue à la colonisation, impose ses insuffisances notoires, ne fait même pas l’exercice d’apprentissage de quelques mots de la langue de ses « administrés» ? Le grand mensonge c’est de prétendre que les communautés villageoises que l’on rassemble de temps à autres pour une harangue qui leur est adressée dans un galimatias intraduisible souhaitent avoir pour responsables ou représentants des gens qu’ils ne connaissent ni d’Adam, ni d’Eve. Surtout des gens qu’elles n’ont ni élus, ni désignés, ni choisis et qui leur ont été imposés depuis une capitale lointaine que beaucoup d’entre eux n’auront jamais la chance de visiter avant de mourir. De ces gens-là, ils ne retiennent que le caractère félon et violent d’une élite barbare parachutée depuis un autre pays inconnu, surtout lorsque le comportement violent, irrespectueux des us et coutumes démontrent à satiété le caractère inapproprié de la relation. Rien de différent du commandant militaire des colonies envoyé depuis Paris. C’est d’ailleurs l’une des acceptions sémantiques liée au vocable « gouverneur » et au droit de bastonner, de spolier, d’obliger au travail forcé.
ARS : Nous ne sommes plus à l’ère de la colonisation !
KL : L’état colonial est teigneux et celui que l’on nous a légué draine dans son sillage, le système économique avec qui il fait corps : le néolibéralisme, aujourd’hui, ultra libéralisme.
Retrouvez la dernière partie sur SenePlus.com ce jeudi 18 août 2022.
[1] F. Laoukissam, Tchad, la solution fédérale: une dynamique de paix et une stratégie de développement par la gestion partagée
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
LÉGISLATIVES, LA VICTOIRE DES VAINCUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Pape Diop a offert sa béquille au sursitaire président. On en saura bientôt le prix parce que personne ne croit à une mission de sauvetage (du soldat Macky) de nos institutions contre les flibustiers de Yaw-Wallu
À minuit, l’heure des crimes sordides, ils ont réveillé la presse pour, avec des mines de rescapés d’un naufrage. Ils sont venus dire aux Sénégalais dont beaucoup fêtaient eux leur défaite qu’ils avaient « gagné » 35 des 45 départements du pays. Ce n’était pas drôle, mais d’un tel ridicule qu’on a éclaté de rire devant nos petits écrans : les vaincus fêtaient leur victoire. Victoire qu’ils étaient les seuls à voir, avec des mines de déterrés. Depuis que le ridicule est devenu une valeur et non une honte, tout est possible.
Ne croyant pas aux miracles, j’ai refusé de penser que les tendances lourdes égrenées ce dimanche soir du 31 juillet pendant des heures par les reporters des radios et télés allaient changer notablement, dans les heures et jours suivants et changer ma conviction selon laquelle Benno Book Yaakar (BBY) a bien reçu ce jour historique, une déculottée mémorable.
Quelles que soient les manœuvres qui n’allaitent pas manquer, la gouvernance politique du pays pourrait bien connaître des changements majeurs. Et le président Macky Sall allait connaître des cauchemars pour les deux ans qui lui restent. Parce qu’avec les résultats de ces législatives, son rêve caressé et jamais (encore) avoué d’un troisième mandat venait d’être définitivement enterré par les résultats qui s’égrenaient avec la désagréable musique d’une scie métallique à leurs oreilles bourdonnantes des maudits chiffres issus des urnes.
Il semble bien qu’au-delà de toute attente, avec notamment les ridicules manœuvres de listes électorales amputées de moitié (titulaires pour les uns et suppléants pour les autres), les citoyens aient administré au pouvoir, au parti pris peu éthique de « sa » presse (une véritable cinquième colonne d’une coalition épuisée, usée), une leçon politique majeure : « nous préférons une gouvernance éthique au béton armé d’arène, de stades et autres TER, BRT. Nous votons pour l’espoir que demain la Justice sera juste et non tragiquement sélective, une police qui respecte sa devise, de protéger et servir et non aux ordres de gouvernants provisoires et délestés de ce qui semble être un permis de tuer. Le retour à un véritable service public de l’audiovisuel. Bref, le choix de la morale contre un régime dont les députés se transforment en dealers, trafiquants de passeports, ou, qui gardent par-devers eux des millions au point de se les faire « voler »....
Leur « victoire » est une défaite non assumée, un Waterloo de dimension modeste. S’ils se cramponnent à un résultat d’honneur de 82 députés contre 80 d’une liste largement amputée de ses « stars », c’est pour faire oublier qu’ils dégringolent de 125 députés sur les 165 de la précédente législature à 82 ; qu’ils arrivent notablement derrière l’opposition en termes de voix. Que pour survivre, ils sont obligés de débaucher (acheter) quelques nouveaux députés affamés, ou surtout, amener à Canossa, un politicien au crépuscule de sa vie politique et qui rêve d’occuper à nouveau le perchoir, bien que ne disposant que d’un député. Mais qui vaut cher pour que le cadavre au pouvoir obtienne un sursis afin d’éviter un enterrement prématuré.
Monsieur Pape Diop, a offert sa béquille au sursitaire président. Bientôt on en saura le prix parce que personne ne croit à une mission de sauvetage (du soldat Macky) de nos institutions contre les flibustiers de Yaw-Wallu. De grâce monsieur Diop, n’essayait pas de nous faire croire que vous êtes devenu un Pape investi d’une mission salvatrice contre des irresponsables, couteaux entre les dents, venus charcuter nos institutions. Vous êtes venus vous servir sur la bête et non service la République. En accusant l’opposition victorieuse de desseins cannibales, vous insulter le plus que million et demi de Sénégalais qui ont voté pour elle. Allons ! Ayez donc la trahison « honorable » (si c’est possible) et un certain respect pour ceux qui ont cru à votre discours électoral, vous ont donné leurs voix et à la clé, un député qui vaut plus que les 82 de celui dont vous allez faire les louanges pour les 16 mois qui lui restent pour engloutir nos maigres ressources dans le kérosène de « son » avion à faire le tour du monde au nom d’une certaine Afrique : celle des prédateurs et autres usurpateurs de fonctions...
Et donc le roi est à poils, nu comme un ver. Pas d’héritiers. Tous reniés. Défroqués. Dégradés de la lignée royale ! Même celle qui a voulu (oser) accélérer la cadence en oubliant que Sa Majesté a une démarche de Sénateur et non les jambes d’un sprinteur. Depuis, elle n’arrête pas de valser au gré des pertes de boussole du navigateur en chef. Une sorte de maquerelle de la République. Ses rêves d’une « remontada » dans l’estime du chef viennent de se fracasser sur la déculottée du 31 juillet. Parce que, même le monarque sait pertinemment que « sa victoire » est une défaite magistrale, historique.
Mais voilà, à force de tuer ses potentiels héritiers, à force de les envoyer au casse-pipe pour sauver un empire en déconfiture du fait des orgies d’une gouvernance putride, à cause de ce cannibalisme royal donc, le monarque n’a plus d’héritiers. Même pour sauver le trône pour les seize mois restants. Ainsi donc, « la plus grande coalition que le pays ait connu » comme ils se qualifiaient dans l’euphorie de l’arrivée de « mburu ak soow » s’est transformée en la « plus grande coquille vide » que le pays ait jamais connue. Mais ça, ils refusent encore de le voir, de le reconnaître au mat tanguant d’un paquebot en fin de croisière. Comme le Titanic, ou le Joola, notre tragique Titanic....