Les réactions de désapprobation enflent après la sortie maladroite du président de Naples qui a déclaré qu’il ne recrutera plus de joueurs africains disputant la Can. D’autres réactions aussi musclées, comme celle du président de la Fédération sénégalaise de football, sont venues «mousser» ces missiles qui se sont abattus sur la tête de l’ancien patron de Kalidou Koulibaly.
Dans un entretien avec le média transalpin Well Street Italia, mardi dernier, le président de Naples, Aurelio De Laurentiis, a déclaré qu’il ne veut plus de footballeurs africains à cause de la Can.
«Ne me parlez plus des (footballeurs) Africains. Je leur veux du bien, mais soit ils me signent une renonciation à participer à la Coupe d’Afrique ou sinon (…) je ne les ai jamais à disposition», a lancé le dirigeant napolitain. Qui ajoute : «Nous sommes les idiots qui payons les salaires pour les envoyer jouer pour d’autres.» Une sortie maladroite et inappropriée venant de l’ancien président de Kalidou Koulibaly. D’ailleurs, le nouveau pensionnaire de Chelsea a été le premier à dégainer.
«La Coupe d’Afrique va continuer avec ses meilleurs joueurs africains»
Depuis, les réactions enflent. Et c’est au tour du président de la Fédération sénégalaise de football d’entrer en jeu. Dans un tweet assez salé, Me Au-gustin Senghor écrit : «Aurelio De Laurentiis : Ce Monsieur, soit il n’est pas intelligent (idiot ?), soit il est raciste. Je préfère retenir la première hypothèse par respect pour lui. La Coupe d’Afrique va continuer avec ses meilleurs joueurs africains et il continuera à nous appeler les autres.» Ce tacle appuyé des deux pieds du patron du football sénégalais et vice-président de la Caf, est suivi d’une autre réaction d’un journaliste sportif camerounais.
«A la vérité, c’est la révélation d’une hypocrisie qui dure depuis des dizaines d’années»
Selon Martin Camus Mimb, les propos de Aurelio De Lau¬rentiis révèlent une forme d’hypocrisie qui dure depuis des dizaines d’années. Le con¬frère a réagi sur sa page Facebook.
«Voici exactement le genre de choses que le football ne doit pas tolérer. Le type de déclarations qu’il faut sanctionner. Mais à la vérité, c’est la révélation juste d’une hypocrisie qui dure depuis des dizaines d’années. Beaucoup de footballeurs africains ont eu des carrières brisées à cause de leur amour pour le maillot de leur pays. A une époque où les lois de la Fifa sur les délais et l’obligation de libérer les joueurs pour des compétitions internationales étaient inexistantes, beaucoup ont souffert. Ils rentraient de la Can et perdaient leur place, ou refusaient simplement de retrouver leur équipe nationales pour garder leur place au chaud. Ce qu’on ne dit pas, c’est que plusieurs retraites internationales des footballeurs africains masquées par une dénonciation de l’amateurisme qui est réel, sont généralement motivées par des clauses non écrites en rapport avec leur disponibilité totale», a-t-il déploré.
Premier à tirer sur son ancien patron, Kalidou Koulibaly avait lâché : «En tant que joueur de Naples, j’ai aussi représenté le Sénégal, ce n’était pas facile mais il faut aussi respecter les équipes nationales africaines. Le plus important est de respecter tout le monde. C’est vrai que c’était dur d’aller en Coupe d’Afrique pendant la saison où j’étais à Naples, mais en tant que capitaine du Sénégal, je ne pense pas qu’il soit juste de parler d’une Equipe nationale africaine qui mérite le respect», a tenu à clarifier le capitaine des champions d’Afrique. Qui poursuit : «Si c’est la pensée de De Laurentiis, je la respecte, c’est son droit de penser qu’il peut construire une équipe sans joueurs africains. Mais je suis sûr que beaucoup de gens à Naples ne pensent pas comme lui.»
Notons que si «KK26» est parti à Chelsea, le Came¬rounais, André-Frank Zambo Anguissa, et le Nigérian, Victor Oshimen, sont restés à Naples.
«LE CONSOMMATEUR DE DROGUE EST UNE VICTIME…»
Faut-il traquer le consommateur de drogue ? De plus en plus, la réponse à cette question est négative, car plusieurs acteurs de la Société civile réclament même la dépénalisation de la consommation de stupéfiants
Faut-il changer la législation actuelle sur la consommation de drogue ? En tout cas, la répression qui frappe les consommateurs n’a rien réglé alors qu’ils sont victimes d’un système qui les maintient dans la dépendance. Le Conseil national de lutte contre le Sida demande la validation du nouveau Code de la drogue.
Faut-il traquer le consommateur de drogue ? De plus en plus, la réponse à cette question est négative, car plusieurs acteurs de la Société civile réclament même la dépénalisation de la consommation de stupéfiants. Chez nous, elle est même criminalisée…, montrant les efforts à faire pour assouplir une législation répressive.
Pour un environnement social et juridique favorable aux consommateurs de drogue, l’Association sénégalaise pour la réduction des risques infectieux chez les consommateurs de drogue injectable (Asrdr), en partenariat avec le Cnls et Cild, mène régulièrement sur le terrain, des interventions de Réduction des risques liés à l’usage de la drogue (Rdr) afin de faciliter l’accès aux soins de prévention et de traitement aux consommateurs. Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), Dr Safiétou Thiam réitère son engagement à soutenir l’Asrdr et tous les acteurs qui travaillent dans ce projet. Selon elle, le délinquant n’est pas le consommateur de drogue. «Le consommateur de drogue est d’abord une victime qu’il faut soutenir et aider à sortir de la drogue. Et ensuite, une victime qu’il faut aider à se réinsérer et à reprendre ses activités normales», a-t-elle déclaré hier, lors d’un panel sur la politique de lutte contre les drogues au Sénégal. A l’en croire, les con¬sommateurs de drogue font partie de ces populations prioritaires pour le programme du Cnls. Elle propose, à cet effet, après l’atelier de partage sur les différents points de vue sanitaires, sociologiques, que les experts procédent à une validation du nouveau Code de la drogue.
C’est un combat que mène la Commission ouest-africaine sur les drogues et la Fondation Kofi Annan, qui ont toujours recommandé la dépénalisation des délits liés à la consommation de drogue. Pour les deux structures, la «prohibition, les politiques actuelles de lutte contre les drogues ont échoué». Il faut avoir le courage de changer en mettant sur pied des politiques plus humaines et plus coordonnées. Car «les usagers de la drogue méritent notre assistance et non notre punition», soutiennent-elles.
Aujourd’hui, la consommation de la drogue est plus une question de santé publique que de sécurité, car des centaines de milliers de personnes meurent de maladies liées à la drogue. De plus, l’environnement est marqué par un manque de structures de traitement pour les usagers de la drogue. Cela augmente le risque d’alimenter la propagation des infections. Un rapport mondial de l’Onudc, datant de 2013, estimait que 11,8% des usagers de drogues injectables en Afrique vivaient avec le Vih.
Au Sénégal, le taux de prévalence des usagers de la drogue était de 9,1% contre moins de 1% pour le reste de la population.
Par Seybani SOUGOU
TOUS LES PROCÈS-VERBAUX NON SIGNÉS DOIVENT ÊTRE ANNULÉS
La sincérité du scrutin du 31 juillet 2022 implique, que le résultat de l'élection soit l'exact reflet de la volonté, exprimée par la majorité du corps électoral.
La sincérité du scrutin du 31 juillet 2022 implique, que le résultat de l'élection soit l'exact reflet de la volonté, exprimée par la majorité du corps électoral. Les coalitions YEWWI-WALLU ont relevé de nombreuses irrégularités dans plusieurs bureaux de vote émanant des départements du Nord (Matam, Kanel, et Ranerou), qui sont de nature à altérer la sincérité du scrutin, dans ces localités.
En effet, de nombreux procès-verbaux ne comportent aucune signature des représentants des coalitions précitées. La signature du procès-verbal par l’ensemble des membres du bureau de vote avant la proclamation des résultats provisoires par la commission, nationale de recensement des votes est une exigence fixée par l’article 85 du code électoral qui dispose que « Tous les membres du bureau de vote doivent obligatoirement signer le procès-verbal avec, le cas échéant, leurs observations, réclamations et contestations ».
C’est une obligation. Le non-respect de cette obligation constitue une irrégularité substantielle de nature à affecter la sincérité des opérations électorales, qui justifie l’annulation du procès-verbal. Aux termes de l’article LO.143 du code électoral, La Commission nationale de recensement des votes dispose du pouvoir de rectifier, de redresser et d’annuler les procès-verbaux des bureaux de vote.
Art.LO.143 de la Loi n°2021-35 du 23 juillet 2021
«……. La commission nationale procède au recensement des votes à partir des procèsverbaux des commissions départementales de recensement des votes. Elle peut les rectifier. Pour cela, elle procède, le cas échéant, à l’annulation ou au redressement des procès-verbaux des bureaux de vote ».
Tous les procès-verbaux non signés doivent être annulés, d’autant qu’ils émanent de départements dont les résultats provisoires douteux suscitent de fortes suspicions de fraudes, tendant à fausser le scrutin, par un mécanisme de rattrapage et de compensation des pertes de BENNO au niveau des autres localités.
La Commission nationale de recensement des votes qui prévoit de proclamer les résultats provisoires, ce jeudi 04 aout 2022, doit surseoir à cette proclamation jusqu’au vendredi 05 aout 2022 (date limite), le temps de procéder au redressement des résultats provisoires, dans ces localités. Il ne s’agit pas d’annuler l’élection dans ces localités, mais d’annuler tous les procès-verbaux fictifs, sur lesquels des chiffres fallacieux et inventés ont été reportés (sans aucune signature d’un représentant de l’opposition). Le résultat du scrutin du 31 juillet 2022, doit être le reflet de l’expression de la volonté populaire, issue des urnes.
MACKY SALL SEMBLE AVOIR IGNORÉ L’ÉTAT VÉRITABLE DE SON ÉCURIE
D’élection en élection, d’alternance en alternance, les mêmes travers, toujours, perdent nos dirigeants, les mêmes dérives comportementales, toujours, perdent nos élus.
D’élection en élection, d’alternance en alternance, les mêmes travers, toujours, perdent nos dirigeants, les mêmes dérives comportementales, toujours, perdent nos élus. Pendant les élections de 2000, Abdou Diouf avait révélé à la face du monde son ignorance du pays qu’il dirigeait et des réalités que vivait son peuple.
À la campagne électorale du deuxième tour des présidentiels, en effet, il avait avoué qu’il ne savait pas que le sucre en paquet et le lait en poudre se vendaient au détail. « J’ignorais ce prix de denrées si exorbitant ! », « Ah bon, je ne savais pas ! » était devenu le pathétique refrain de ses derniers échanges avec le peuple. Juste histoire de rappeler que le président Abdou Diouf ne savait pas à quel point les sénégalais subissaient la cherté de la vie.
En 2012, Abdoulaye Wade, lui aussi, ne savait pas grandchose des turpitudes et autres « farberies » de son entourage, ainsi que les dégâts qu’elles avaient causés à son image, à sa respectabilité et à son œuvre ; et cela malgré le signal fort des élections locales de 2009. Aujourd’hui, hélas !
Au vu des listes présentées par Benno aux législatives de 2022, des discours et postures de ses leaders pendant la campagne électorale, on devine que le président Macky Sall a méconnu l’état véritable de ses chevaux de course que les services d’un bon palefrenier ou d'un bon vétérinaire auraient pu lui révéler.
En vérité, ils ne sont même plus dignes (à quelques exceptions près) de tirer les calèches branlantes de la banlieue dakaroise. Ces leaders politiques qui ne savent plus écouter le peuple ni lui parler Mamadou Dia avait choisi d’habiter à la Médina, de faire ses prières à la mosquée du quartier, de fréquenter ses voisins, pour rester en phase avec son peuple. Beaucoup parmi les hommes politiques de l’époque Senghorienne, même s’ils n’habitaient plus leur terroir, maintenaient un lien réel avec lui.
Aujourd’hui, même ceux-là d'entre les élus, qui habitent encore leur quartier d’origine, ont rompu les amarres avec leur population. Ils ne sauraient comprendre le lien qui rattachait Mamadou Diop à Yoff et à Dakar, Ameth Diene à la Médina, Mbaye Jacques Diop à Rufisque etc. Ils ont creusé tellement de fossés entre eux et le peuple que lorsque celui-ci parle, ils n’entendent plus, ne comprennent plus ! Et leur bouche ne saurait émouvoir les cœurs en souffrance. Leurs discours sonnent faux et creux. Ils sont ailleurs. Ils vivent comme dans un autre monde, une autre planète.
Peut-être celle de « Mars », pas celle de Juillet. Et c’est cette distance-là, cette fracture que le peuple ne leur pardonne pas. Il (le peuple) peut accepter une telle coupure de la part d'un opposant, même s'il est fourbe, même s'il est fieffé menteur, pourvu qu’il soit solidaire à sa colère et crie avec lui. Il peut l’accepter d’un activiste, beau parleur et grand trompeur du peuple. Mais pas d’un élu local. Et parfois, hélas !
Pour se venger d’un tel état de fait, les électeurs préfèrent offrir le pouvoir à un illustre inconnu, un risible pantin, plutôt que de reconduire un « traître à la communauté » ou un…traitre communautaire. Le cas de la tête de liste de Benno à Dakar, maire de Dakar Plateau, ministre de la Pêche Il est le type même de l’ « élu-étranger » obligé de se créer « sa propre population » par un transfert massif d’électeurs venu d’on ne sait où. L’appât : les secours aux indigents, les « bourses » sociales et autres aides de Korité, Tabaski, Pentecôte, Noel etc
Un ratage de cible volontaire, quoi ! Un détournement qui renforce et justifie la colère populaire ! Car, parfois, les grimaces de la politique sénégalaise jouent un sale tour à la république et aux acteurs. Et l’on entend souvent parmi la population autochtone ou réelle du Dakar-Plateau cette exclamation qui peut sonner bizarre à certaines oreilles : « dëkufi ! », « bokufi !».
Et les jeunes de le dénoncer ainsi : « Il ne fréquente aucune mosquée, aucune maison, aucun grand place du Plateau. Il n’a ni ami ni ‘‘grand’’ ni ‘‘boy’’ ni compagnon de jeu d’enfance ni promotionnaire dans la commune qu’il dirige… ».
En vérité, son cœur est fermé aux populations. Sa tête est ailleurs. Il ignore Dakar Plateau et Dakar Plateau l'ignore. C'est pourquoi les fonctions qu'il occupe et les moyens mis à sa disposition pour la campagne ne lui ont servi à rien. Pour preuve : il semble que c’est seulement au lendemain de sa défaite, c’est-à-dire le lundi 1er aout 2022, qu’il a enfin accepté d’ouvrir (prochainement ?) aux jeunes des quartiers l’espace de l’ex Service d’hygiène réfectionné et fermé depuis je ne sais plus combien d’années déjà. Cette fermeture est d’autant plus absurde que la commune a perdu son centre socioculturel avec la démolition du stade Assane Diouf en 2008. Il a aussi accepté, semble-t-il, de procéder à la distribution des logements sociaux de Dakar Plateau (une dizaine d’appartements situés à la cité capverdienne). Il a même accepté d’arrêter de snober les populations, de se faire dorénavant plus humble, plus accessible, de suivre des cours de gentillesse et de devenir véritable « boy Plateau » comme disent les jeunes. Je doute qu’il en soit capable.
Pourvu que la leçon soit retenue par tous les acteurs, aussi bien ceux du pouvoir que ceux de l'opposition En vérité, il est plus que temps qu’on arrête de se suffire du plaisir de l’emporter sur l’adversaire avec les sempiternels enfantillages du type «ñafal ! ñafal ! » ou « seen baay ñëwna ! » ; il est temps d’arrêter les radotages, les dénonciations, les attaques et les contres attaques puériles : il s’agit de transformer ce peuple, de transformer ce pays, de les sortir du sous-développement et de la pauvreté.
Il s’agit de la reconquête de notre dignité et de notre place en Afrique et dans le monde. Et la position d’élu doit rapprocher son détenteur des populations et de leurs préoccupations, non pas l’en éloigner. C’est cela qui est logique. C’est cela qui est intelligent. Mais la politique, bien souvent, affaiblie la vue. La partisannerie entraine la cécité. Le pouvoir, on le sait, rend ivre. Quelquefois même il rend carrément fou.
Et le peuple alors, bouche bée, de regarder ses élus s’enfoncer dans la fosse puante, en se demandant : « Pourquoi le pouvoir au lieu d’élever, abaisse-t-il ainsi ceux-là que je place sur le piédestal ? » Et de changement d’élus en changement d’élus notre peuple piétine, notre pays s’enlise. Répondre positivement aux attentes du peuple clairement révélé par les derniers suffrages C’est pourquoi je pense que cette situation d’équilibre annoncée dans la distribution des postes de député dans notre prochaine assemblée me semble une bonne chose pour notre pays et notre démocratie.
Pourvu seulement que les députés soient à la hauteur des enjeux par, entre autres, la reconquête de leur honorabilité perdue. Car le peuple en a assez des députés bagarreurs et insulteurs représentant non pas le peuple, mais leur intérêt personnel ou un leader ou un groupe quelconque. Elle sera l’occasion pour notre classe politique de montrer ce qu’elle vaut véritablement et quelles sont ses ambitions véritables pour ce peuple plus que « fatigué » qui a perdu jusqu’au courage d’exercer son droit de vote au regard du fort taux d’abstention constaté le 31 juillet dernier. Elle sera l'occasion pour le président Macky Sall de se surpasser, d’aller (et je le lui souhaite bien) plus loin qu’on ne l’aurait jamais deviné, en répondant positivement aux attentes du peuple clairement révélé par les derniers suffrages.
Et, comme l’a suggéré l’ex-président dans son message délivré à la veille des élections, cette présence massive de l'opposition à l’Assemblée nationale servira à rétablir les équilibres rompus, non pas à renverser l’actuel président avant l’heure ni bloquer le fonctionnement du gouvernement. Une belle leçon de lucidité politique du patriarche qui sait ce que s’opposer veut dire et ce que gouverner veut dire.
Par Abdoul Aly KANE
SUR LA CESSION DE LA BICIS AU GROUPE SUNU
C’est le lieu de nous réjouir qu’un compatriote, rôdé au monde de la finance, ait pris le risque d’acquérir la majorité des actions de la BICIS, banque phare du panorama bancaire de notre pays et filiale d’un des plus grands groupes bancaires du monde
Longtemps évoqué depuis près d’un an dans la presse économique internationale, le changement d’actionnaire de référence à la BICIS (Banque internationale pour le commerce et l’Industrie du Sénégal) vient d’être acté avec la cession de la filiale sénégalaise de la BNP à un assureur, le Groupe Sunu assurance crée et dirigé par le Sénégalais Pathé Dione.
C’est le lieu de nous réjouir qu’un compatriote, rôdé au monde de la finance, ait pris le risque d’acquérir la majorité des actions de la BICIS, banque phare du panorama bancaire de notre pays et filiale d’un des plus grands groupes bancaires du monde. Son interview à Financial Afrik a permis d’en savoir plus sur ce dirigeant d’entreprise qui semble allier acharnement au travail, sens de l’opportunité et humilité. Son groupe, Sunu, a été créé en 1998 et comprend 28 sociétés d’assurance après avoir absorbé 6 filiales d’Allianz, une banque (SUNU Bank Togo), une société de microfinance, une société de gestion santé.
Il est présent dans 15 pays d’Afrique subsaharienne francophone et anglophone : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Guinée, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, RDC, Sénégal, Togo, et son total bilan consolidé serait d’environ 852 milliards de Fcfa.
Cette cession au groupe SUNU est précédée d’un long partenariat avec la BNP en Afrique dans le domaine de la bancassurance, notamment en Côte d’Ivoire, pays dans lequel le groupe de Pathé Dione est l’assureur attitré de la BICICI dont il détient 18 % du capital social, et où il serait leader en matière d’assurance-vie avec plus de 30 % de parts de marché.
Le groupe SUNU est également annoncé favori pour l’acquisition des parts de la BNP dans le capital de la BICICI, ce qui pourrait augurer d’un modèle économique ayant pour finalité d’utiliser le canal bancaire, très fourni en clientèle potentielle, pour distribuer des produits de bancassurance plus compétitifs sur le marché africain.
« Notre premier objectif est d’offrir des solutions financières complètes avec un réseau de banques et de sociétés d’assurances plus proche des entreprises et des populations. La Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal est une belle opportunité de réaliser cette ambition au Sénégal et dans la sous-région », précise à ce propos l’acquéreur.
Cette opération se fait dans un contexte évolutif. En effet, le métier bancaire évolue à grands pas, et la concurrence est rude. La vitesse de changement observée est à relier aux exigences d’une clientèle jeune et connectée. L’heure est aux banques en ligne à effectifs et réseaux physiques quasi inexistants.
Les Fintechs utilisatrices des nouvelles technologies en matière financière concurrencent les banques sur les services classiques, à savoir les ouvertures de comptes, le paiement de factures et le transfert d’argent national et international (envoi et réception).
Des links sont même établis entre des banques et des Fintech (Wave/UBA) au profit du même client laissant esquisser les contours de la banque de demain en Afrique.
Concernant la BICIS, on ne peut pas dire qu’elle ait mené jusque-là une politique d’extension de son réseau d’agences comme ça a été les cas pour la Société Générale.
Elle est toujours apparue comme une banque concentrée sur un portefeuille de gros clients et de commerçants et particuliers à amples mouvements de comptes, contrairement à la Société Générale de Banque et l’ex Crédit Lyonnais et la CBAO rachetés par le groupe marocain Attijari, davantage portés sur la collecte de dépôts via un réseau d’agences étendu.
Nous pensons utile de rappeler que l’investissement privé en banque ne diffère en rien de l’investissement dans un autre secteur. L’objectif poursuivi demeure le même : « rentabiliser » afin de dégager des marges aptes à couvrir les charges et assurer un retour sur investissement. Les banques sont cependant soumises à plusieurs types de contrôles.
Le contrôle sur la progression de l’activité et les résultats annuels obtenus est effectué en interne et, en dernière instance, par les conseils d’administration sur mandat des actionnaires.
Les banques reçoivent les dépôts de leur clientèle qu’elles transforment pour partie en crédit, en les prêtant aux acteurs économiques, et perçoivent ainsi une marge d’intermédiation constituant leur chiffre d’affaires (compte non tenu des commissions diverses perçues pour les nombreux services rendus).
Le risque de transformation peut se manifester à travers des crédits irrécouvrables et entraîner des pertes potentielles d’exploitation. Les managers sont donc sensibles au sort des crédits consentis parce que déterminants pour la suite de leurs carrières.
L’équation à plusieurs inconnues du financement des PME
Il y a également le contrôle de l’Etat du fait de l’impact de cette activité d’intermédiation sur l’ensemble de l’économie. Ce contrôle est exercé par la Banque centrale (BCEAO pour l’Afrique de l’Ouest), notamment en matière de distribution de crédits, dans le souci de protection des déposants et de la marche sans entraves de l’économie.
De ce double contrôle, il résulte que les dirigeants de banques sont comptables des résultats de leur gestion vis-à-vis de leurs actionnaires mais également vis-àvis des Banques centrales par rapport aux normes de gestion instituées.
Les nouvelles normes de Bale 3 imposées aux banques européennes depuis la crise financière de 2007/2008 témoignent du durcissement progressif de la règlementation bancaire en matière de crédit, avec l’exigence d’un surcroît de fonds propres par rapport aux risques.
Adoptées par les banques centrales africaines, la BCEAO en particulier, sans pour autant que les banques soient actuellement exposées au risque de liquidité et de solvabilité, elles ont pour effet négatif de davantage évincer les entreprises petites et moyennes du crédit bancaire, sans que celles-ci, à l’instar de celles de l’Europe puissent, se tourner vers d’autres sources de financement.
L’effet de ce contrôle renforcé est que les banques s’orientent progressivement vers les emplois de trésorerie réputés « sûrs » et liquides, en l’occurrence l’acquisition de titres publics (obligations d’Etat et autres bons du Trésor), les prêts aux salariés et le financement de fonds de roulement.
Cela pour dire que le financement des PME africaines via le secteur bancaire privé relève d’une équation à plusieurs inconnues du fait de l’aversion des banques pour ce risque, et des dispositifs de contrôle de ces dernières par nos banques centrales, alors que les besoins de financement, à relier aux stade de développement des économies, sont différents.
Face à un marché bancaire étroit et une concurrence avérée, aux nouvelles exigences d’un marché qui change mais aussi aux normes prudentielles renforcées, il est compréhensible d’assister au retrait progressif des banques européennes et à l’arrivée de nouvelles banques africaines pilotées par des professionnels.
On peut en effet constater que, des banques françaises des années 80 à savoir le Crédit lyonnais, la BIAO, la BICIS, la SGBS, il ne reste plus que la SGS (ex-SGBS), et que, depuis lors, aucune filiale de banque européenne n’a demandé un agrément pour s’installer dans nos pays.
Si ce retrait pouvait aboutir à un renforcement de la prise de risque, cela serait bénéfique à nos PME. Il reviendrait dès lors à nos banques centrales de desserrer l’étau en étant moins « prudentielles ».
Pour finir, la perspective d’une faillite bancaire doit être considérée comme le versant d’une politique volontariste de financement des entreprises.
Après la crise des subprimes et à la suite de Lehman Brothers, près de 400 banques ont fait faillite aux Etats-Unis. Malgré cela, le système bancaire américain continue tout de même à fonctionner.
Il en résulte que dans la configuration règlementaire actuelle, les créations de nouvelles banques ou le rachat de banques étrangères par des nationaux ne sauraient régler la question du financement de l’économie.
SUNU Bank est une entité privée qui a un modèle d’affaires précis dont il attend le renforcement de ses marges et de son activité. On ne saurait lui en demander plus.
Cela ne nous rend pas moins militants d’une implication de nos compatriotes dans la création de banques à l’instar des capitalistes d’autres pays.
Nous souhaitons donc bonne chance à SUNU Groupe pour cette prise de risque tout en appelant les Etats à mettre en place des dispositifs pérennes pour le financement des PME africaines.
CES SOLIDES DÉFENSEURS DE MACKY SALL QUI NE SIÈGERONT PLUS À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Aymérou Gningue, Awa Niang, Cissé Lô, Anna Gomis, Yaya Sow…ne seront pas de la 14ème législature
Macky Sall n’a pas seulement perdu des députés au plan numérique, il perd aussi des tauliers, des défenseurs qui n’hésitaient pas à se battre à l’Assemblée pour le défendre intelligemment et faire passer ses lois. Aymérou Gningue, le désormais ex-président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar, le deuxième questeur sortant, Awa Niang, ou encore Moustapha Cissé Lô ne seront pas de la 14ème législature. Sans oublier Ndiagne Diop, Anna Poupaye Gomis et d’autres.
Avec 125 députés en 2017, la coalition Benno Bokk Yakaar a dégringolé à 82 élus pour la 14ème législature qui commencera le mois prochain. En plus d’avoir perdu presque le tiers de ses effectifs à l’Assemblée nationale, la majorité sortante devenue minorité Place Soweto perd également des ténors qui étaient des soutiens et des boucliers— les mauvaises langues diraient « des bras armés » — du chef de l’Etat, à commencer par son président de groupe parlementaire, Aymérou Gningue, un fidèle allié de Macky Sall et ancien collègue à Pétrosen. Ce dernier, un grand défenseur de son patron à l’hémicycle, sera un des grands absents de la nouvelle législature. La tête de liste départementale de Benno Bokk Yaakar dans le département de Tivaouane ne siègera plus à l’Assemblée nationale car ayant perdu la poussière face à la liste dirigée par Yewwi Askan Wi. Benno Bokk Yakaar perd ainsi au profit de l’opposition ses deux députés gagnés lors de la précédente législature. Gningue ne sera pas le seul fidèle défenseur du président de la République absent Place Soweto.
Pikine, le département qui a été remporté par Wallu Sénégal, ne verra pas une autre figure du parti présidentiel briguer un troisième mandat et le représenter. Cette figure, c’est le deuxième questeur à l’Assemblée nationale, un poste dont le titulaire fait l’objet d’une cour assidue de la part de ses collègues députés. Awa Niang, qui était investie comme tête de liste de BBY à Pikine, ne siègera plus à l’Assemblée nationale — du moins pendant cette législature qui commence — après avoir été élue à deux reprises en 2012 et 2017. Comme Tivaouane et des dizaines d’autres départements, Pikine est tombé entre les mains de l’opposition.
A Guédiawaye, Anna Poupaye Gomis, elle aussi très connue pour ses positions en faveur de son chef de parti, va quitter l’hémicycle. Investie comme suppléante, elle aurait pu se retrouver à la Place Soweto en faveur du désistement de Néné Fatoumata Tall, si la liste menée par cette dernière avait triomphé. Auquel cas, il y aurait eu de fortes chances que l’encore ministre de la Jeunesse continue sa mission au gouvernement. Jean-Baptiste Diouf, Juliette Zenga, tous les deux du Parti Socialiste, ont perdu dans le département de Dakar où ils étaient investis. Leur camarade socialiste, le jeune Bounama Sall, 40ème sur la liste nationale, aura du mal à passer.
Yaya Sow, un fidèle allié qui a claqué la porte et perd dans son département
A Rufisque aussi, la coalition perd un autre taulier et fidèle défenseur du président de la République. Ndiagne Diop, tête de liste départementale pour la vieille ville, n’aura plus l’occasion de lancer des piques à ses collègues de l’opposition depuis son siège avec sa voix très audible.
Malgré son long silence constaté depuis quelques années, Moustapha Cissé Lô, connu pour ses attaques envers ses camarades de parti et des propos très déplacés parfois, ne siégera par l’hémicycle pour la première fois depuis 1998. Celui qui était sur la liste de Mbacké a été élu député cinq fois de suite sous les couleurs de trois partis qui ont eu à diriger le pays depuis l’indépendance. D’abord avec le Parti Socialiste, ensuite le Parti démocratique sénégalais et enfin la coalition Benno Bokk Yakaar. Sa tentative de briguer un sixième mandat sera vaine. Investi sur la départementale à Mbacké, un bastion du parti libéral, Cissé Lô, qui n’hésitait pas de défier des députés au sein de l’Assemblée, sera un absent de taille dans rangs des députés du parti au pouvoir. On se rappelle ses attaques en pleine plénière envers son collègue député Djibril War, provoquant, à la sortie, une bagarre dans le hall où il a bénéficié du soutien de son fils aîné.
Fidèle parmi les fidèles et membre fondateur de l’Alliance pour la République, Yaya Sow, qui avait déjà claqué la porte du parti avant les élections pour se retrouver dans l’opposition après un seul mandat, sera un absent de taille pour le régime et son chef. Il a été battu par ses anciens camarades du département de Koungheul.
DANS LA BOITE SECRETE DE TITI
Titi « La Lionne » revient sur scène après un break de 3 ans. Invitée du groupe Emedia la semaine dernière, dans l’émission « Sama Sénégal » de ItV, elle s’est livrée à quelques confidences sur sa vie privée.
Elle a le vent en poupe actuellement dans le milieu du showbiz. Ce, grâce à son nouvel album intitulé « Live Performance », qui connaît un succès énorme sur la toile, mais aussi sur la bande Fm. Titi « La Lionne » revient sur scène après un break de 3 ans. Invitée du groupe Emedia la semaine dernière, dans l’émission « Sama Sénégal » de ItV, elle s’est livrée à quelques confidences sur sa vie privée.
Surnommée Titi « La lionne », Ndèye Fatou Tine à l’état civil est revenue sur la scène musicale avec punch. Après un break de 3 ans, elle vient de mettre sur le marché un album « Live Performance », avec la maison de production Prince Arts. Un opus qui a été vite adopté par les Sénégalais. Connue pour ses thèmes engagés et instructifs, elle n’a pas dérogé à la règle avec cet album de 8 titres, considéré déjà comme une œuvre musicale de haute facture et caractérisé par des lives. D’où son titre « Live Performance ». Mais tout le reste est sur une sonorité Mbalax.
Ce choix pourrait se justifier, à l’en croire, par ses prestations en live qui séduisent le public. Les mélomanes aiment bien voir Titi sur scène avec sa belle voix et ses belles chorégraphies. D’où sans doute le succès que connaît déjà son nouveau produit sur le marché qui est en train de faire le tour du monde, étant au top sur la plateforme Youtube. La reine du groupe « Bari bagass » a tenu à détailler le contenu de son album lors d’une émission sur Iradio avec Dj Boub’s. Et parmi les thèmes développés, il y a une invitation à la jeunesse pour un retour à nos valeurs. « Nous commençons à les perdre les valeurs qui ont fondé la société sénégalaise. Telles le « Jom », le « Sutura », le « kersa », aujourd’hui en voie de disparition », s’est-elle désolée comme dans le titre « Jikko », alors que « Gen Gui Dekk », « Bul Ma Fire » sont une ode à l’amour. Sur le plan spirituel, elle rend aussi hommage aux érudits sénégalais notamment à travers « Mame Saliou », « Abdou Aziz Dabakh », « Cheikh Mahi Niasse », « Ndindy », (…).
« La jalousie, le mensonge et la méchanceté gagnent du terrain »
Aux flamboyants locaux du groupe Emedia pour la promotion de son album, elle a lancé un appel pour la paix sociale, surtout la tolérance. Et sans langue de bois. « Je ne reconnais plus mon pays, le Sénégal. Les valeurs commencent à disparaître, les gens sont devenus de plus en plus faux. La jalousie, le mensonge et la méchanceté gagnent du terrain, ils sont même devenus un trophée pour certains. Pis, il y en a même qui n’aiment pas voir les gens heureux, ça perturbe même leur sommeil », regrette l’ex-danseuses. « C’est pourquoi, j’ai repris le titre « Jikko » dans l’album. Il faudrait que l’on fasse revenir l’humanisme dans notre société », exhorte la diva.
Au cours de cette émission fun et fluide, « La Lionne » s’est laissée aller en faisant même quelques confidences sur sa vie privée, particulièrement sur son enfance. Ce qui a surpris même les internautes. Car, Titi n’a pas l’habitude de se confier. Ainsi, en répondant à la question de l’animateur sur son amour pour la famille de Serigne Touba, elle s’est évertuée à faire quelques révélations sur son premier mariage. La chanteuse de confesser avoir été victime d’un mariage forcé, alors qu’elle était très jeune.
« Je ne voulais pas de ce mariage à Touba… »
« Quand j’étais jeune, mon père m’a donnée en mariage à un homme qui habitait à Touba. Mais, je ne voulais pas de ce mariage. Je suis restée là-bas contre mon gré. Car, à cette époque, tout ce que le père ou la mère dit, on l’exécute sans broncher », explique-t-elle, avant d’ajouter : « Comme je ne voulais pas rester dans ce mariage, mais que je n’avais pas le choix. Il y avait une photo de Serigne Touba accrochée au mur dans ma chambre, et on dirait que je discutais avec lui. Je lui disais : Mame je suis là contre mon gré, je veux rentrer, mais je n’ai pas de transport, je ne veux pas rester ici », révèle l’artiste.
Toujours face à l’animateur vedette, Dj Boub’s, la chanteuse de revenir sur les péripéties de cette odyssée. « Comme par hasard, il y avait des « talibés » qui venaient faire leur Ziar et qui me donnaient de l’argent. Mais à chaque fois que je quittais mon domicile conjugal, mon père me renvoie chez mon mari. Un jour, j’ai marché de Darou Miname jusqu’au garage tout en jetant un coup d’œil partout pour voir si les gens ne me reconnaissaient pas. J’ai fait la connaissance d’une belle dame, une vraie drianké, je lui ai dit que je veux rentrer à Dakar, mais que je n’ai pas de transport. Elle m’a offert une somme de 20.000 francs CFA », raconte Titi dans un éclat de rires. Avant de poursuivre : « Je n’ai pas l’habitude de parler de ma vie privée. Mais il est bon, de temps en temps, de partager certaines choses. Pour dire nous sommes des personnes comme tout le monde. C’est ce qui explique mon adoration envers la famille de Serigne Touba, ma première chanson lui est dédiée ».
PAR Serigne Saliou Diagne
LES AFFREUX AFFRONTS FAITS À L'ADMINISTRATION
Ce Parlement est l’aboutissement d’une période de tensions artificiellement maintenue dans ce pays par une classe politique irresponsable, de surenchère médiatique, de violences verbales et physiques et des pertes en vies humaines
Le Sénégal vient de sortir d’élections législatives donnant une configuration toute particulière à l’Assemblée nationale. Trois pôles aux offres politiques différentes, mais conciliables sur tous les impératifs de notre pays, ont pu se démarquer et devront représenter dignement les Sénégalais dans l’Hémicycle. Cette configuration donne l’image d’une démocratie moderne guérie des hégémonismes du passé. Un jeu d’intelligence devra être de mise entre tous les élus de la quatorzième législature, en espérant que le débat parlementaire soit exigeant, nourri de compétences et surtout sincère dans son respect du pays. Beaucoup d’espoirs sont nourris pour que le Parlement sénégalais, au vu de cette configuration inédite, consolide davantage notre modèle démocratique. Toutefois, en jetant un regard ramassé sur le processus qui a mené à cet accouchement, on peut être réservé, tant il a été difficile.
Ce Parlement est l’aboutissement d’une période de tensions artificiellement maintenue dans ce pays par une classe politique irresponsable, de surenchère médiatique, de violences verbales et physiques et des pertes en vies humaines. En posant le regard sur certains faits, on peut se dire qu’une campagne dégueulasse aura donné un Parlement hétéroclite qui, s’il est moulé à l’image de notre débat public, pourrait être invivable et indigne du suffrage exprimé par les Sénégalais.
On ne pourra oublier que dans la venue de cette quatorzième législature, les manifestations interdites du 17 juin, organisées par Yewwi askan wi (Yaw), auront fait trois morts. On ne pourra effacer des mémoires que dans la campagne qui vient de s’achever, des journalistes ont été pris à partie en faisant leur travail de couverture et leurs médias stigmatisés. On ne pourra occulter que dans cette campagne, des individus affiliés à des formations politiques se sont sciemment livrés au piratage des «Unes» des journaux, s’en donnant à cœur joie à une entreprise de désinformation. On ne pourra effacer des mémoires tous les propos ethnicistes et stigmatisant des personnalités politiques à l’encontre de différentes couches de la population sénégalaise. On ne pourra que constater le fossé encore plus grand que les réseaux sociaux ont eu à creuser dans le clivage du pays. Des plateformes comme Facebook, WhatsApp et TikTok ont été des babillards où les personnes, selon leur affiliation politique, ont bombardé leur entourage de contenus propagandistes et faux. Il n’est pas étonnant que la cohésion du pays se fissure au rythme où les familles, les écoles et les bureaux sont tiraillés par la partisannerie politique irréfléchie.
Les rentiers de la tension n’ont également pas été en reste. L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, en adepte du triomphe par procuration, s’est empressé de sauter sur les premiers fagots d’un éventuel contentieux électoral pour professer un hold-up et indexer une «fraude» passant par un «gonflement» de voix à Podor. Il insulte toute une Administration intègre dont il a pu être le chef et connaître toute sa rigueur. Si un ancien Premier ministre peut cracher sur la parfaite machine électorale de son pays, on ne peut pas être surpris quand une activiste des réseaux africains connectés compare Podor au Haut-Ogooué. On ne peut demander à autrui de respecter nos institutions et administrations, si nous sommes les premiers à leur pisser dessus. Le maire de Ziguinchor et ses ouailles feront également dans la stigmatisation des populations du Nord du Sénégal, alors qu’il criait quelques semaines encore contre une «ostracisation» de la Casamance par le Président Macky Sall. L’impertinence est un plat qui se sert avec générosité au Sénégal !
La solidité de notre Administration est l’une des rares lueurs de ces élections législatives. Elle aura montré encore une fois à la face de tous que le vote est sanctifié au Sénégal. Elle rappellera encore une fois qu’elle reste impartiale, lucide et au service des Sénégalais, malgré tous les quolibets. La bave des crapauds ne pourra la salir.
En attendant les nuits des longs couteaux entre nos parlementaires, le Peuple sénégalais aura clairement délibéré qu’il ne mourra pas entre les crocs des bêtes brutes et les couteaux des bouchers.
Par Christian SENE
ET LA MAJORITÉ DEVINT… MINORITAIRE À L’ASSEMBLÉE
De 125 députés à 82 élus, on ne peut pas parler de recul mais, carrément, de dégringolade
Comme nous l’écrivions dans notre édition d’hier en révélant en exclusivité les résultats des élections législatives de dimanche dernier, il y aura bel et bien une cohabitation…à l’Assemblée nationale entre le pouvoir et l’opposition.
Avec respectivement 82 et 80 députés Place Soweto, Benno Bokk Yaakar (BBY) et Yewwi-Askan Wi/Wallu font jeu presque égal avec les trois élus obtenus par Aaar Sénégal, Bokk Guiss Guiss et Les serviteurs comme arbitres ou faiseurs de rois comme on voudra.
On assiste donc à une situation inédite dans notre pays qui voit un président de la République ne pas disposer de la majorité absolue à l’Assemblée nationale ! Benno la frôle mais ne l’atteint pas. La liste parrainée par le président de la République n’atteint même pas 50 % des suffrages valablement exprimés le 31 juillet dernier et obtient moins que le cumul des voix de Yewwi-Wallu. Ce qui fait que la majorité présidentielle n’en est plus vraiment une et constitue plutôt…une minorité présidentielle ! C’est ce que font apparaître les chiffres dans toute leur cruauté.
Telle est aussi la volonté des Sénégalais qui n’ont pas souhaité offrir au président de la République la large majorité (ou la majorité confortable) qu’il souhaitait pour pouvoir gouverner sans entrave. On pourra sans doute dire : « tout ça pour ça ! »
La montagne a en effet accouché d’une souris pour le camp présidentiel qui n’a pas ménagé sa peine pour obtenir une large victoire et qui, à l’arrivée, n’a pas atteint ses objectifs. Pensez donc : interdire toute précampagne à l’opposition — ce qui est là encore inédit dans l’histoire de ce pays depuis qu’il est retourné au multipartisme en 1974 — au moment où la RTS de Brejnev Talla se livrait matin, midi et soir à une propagande d’enfer sur les « réalisations » du président de la République, faire disqualifier par une Cour constitutionnelle à la dévotion du pouvoir la liste nationale des titulaires de Yewwi Askan Wi, procéder à un débauchage tous azimuts de maires fraichement élus sous la bannière de cette même coalition, stigmatiser son principal dirigeant, ourdir des complots imaginaires dans le but de l’incriminer on en passe et des meilleures, pour aboutir à ce piètre résultat… avouons que le jeu n’en valait pas la chandelle et qu’au vu de leur vote, nos compatriotes ont bel et bien tourné le dos au régime en place en même temps qu’ils se sont exprimés sans réserve contre toute tentative du président de la République de briguer un troisième mandat.
Désormais, à l’Assemblée nationale, le groupe Benno Bokk Yaakar, qui avait la fâcheuse habitude de dicter sa volonté à l’opposition à travers sa majorité mécanique va être obligé de négocier avec l’opposition pour que les projets de lois du Gouvernement puissent être adoptées. Et même pour l’élection du bureau de l’Assemblée nationale, il va falloir de sacrées tractations pour faire élire les candidats du pouvoir ! Il est à prévoir d’ailleurs que, cohabitation parlementaire oblige, Benno et Yewwi vont devoir se partager les postes dans ce bureau de l’Assemblée nationale et aussi les présidences de commissions.
Bref, c’est la fin d’un règne Place Soweto, celui, ces dix dernières années, de la toute-puissance de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) dont les dirigeants disaient eux-mêmes qu’elle n’a jamais perdu d’élections. Ils devront ajouter « du moins jusqu’aux élections législatives du 31 juillet 2022 ».
De 125 députés à 82 élus, on ne peut pas parler de recul mais, carrément, de dégringolade. Pour des gens qui ambitionnaient d’effectuer une remontada par rapport aux élections locales de janvier dernier, on peut dire que c’est plutôt raté !
Par Dr Abdoulaye Taye
L’EFFET SONKO
Avec Sonko on gagne, contre lui on perd. Il fait tomber des espoirs, fait douter des destins présidentiels et ruine des ambitions. Il a défait à la fois le pouvoir et l’opposition. Il est aimé par les uns et haï par les autres
Il est percutant, destructeur, ravageur, perturbateur. Il draine des foules. Il fait gagner des députés et des maires. Avec Sonko on gagne, contre lui on perd. Il fait tomber des espoirs, fait douter des destins présidentiels et ruine des ambitions. Il a défait à la fois le pouvoir et l’opposition. Il est aimé par les uns et haï par les autres.
Le phénomène Sonko est irrationnel et profondément émotionnel. Sonko se profile comme une singularité politique qui défie et résiste à toute stratégie de communication destinée à l’arrêter. C’est une intelligence politique en mouvement doublée d’un génie qui déjoue tous les pièges.
Les réalisations, les évènements, les actes qui se sont produit entre janvier et juillet 2022 ne peuvent expliquer ni justifier la foudroyante vague-Sonko. Cela devrait donner tout le contraire. Certes il y a eu la hausse des prix ou l’inflation, mais il y a eu (surtout pour la jeunesse) la victoire de la coupe d’Afrique, la qualification à la coupe du monde, l’inauguration du stade Abdoulaye Wade, il y a eu l’apaisement du front social, la hausse des salaires, il y a eu le TER, les chantiers du BRT avancent, 43 milliards sont distribués aux familles nécessiteuses, il y a eu la présidence de l’Union africaine, la prouesse diplomatique des négociations avec la Russie qui a fait briller le Sénégal dans le monde entier, …,
UN BILAN POSITIF OBTENU EN UN TEMPS SI BREF.
Tout ceci est inaudible et invisible aux oreilles et aux yeux des électeurs. La démocratie devient folle, sourde, aveugle et inconsciente. Sonko a réussi en un laps de temps à polariser l’espace politique (entre lui et le président Macky Sall). Il a réussi ce que Wade a réussi en 26 ans. Il est devenu le leader incontesté de l’opposition.
Fort de sa confiance en l’adhésion des électeurs, le président Sonko a pris le risque de transformer les législatives en présidentielles : Sonko contre Macky au destin politique exceptionnel auréolé de toutes les étoiles en politique. Il fallait gagner ou périr. Il a engagé toute sa personne, tout son destin présidentiel, tout son aura, tout son leadership dans le combat qui enfin lui réussit. Il a «blacklisté» les candidats de YAW dont personne ne connait leur nom. Il a transformé la campagne électorale en « politique people », caravanes et casques bien vissés sur la tête. Il a écrasé au passage par un coup de gueule l’opposition prétentieuse, cloué le bec aux oiseaux migrateurs (les transhumants) avant de semer la peur et le désarroi dans les rangs de BBY en renvoyant Macky au « second tour ». Un test grandeur nature !
Le signal est donné pour renverser le mastodonte BBY. Le pouvoir en place ne peut pas ignorer la menace. C’est un avertissement mais aussi une bénédiction pour Macky s’il sait déchiffrer l’information avec toute la sérénité qu’on lui connait. Il lui faut prendre au sérieux l’alerte et agir en conséquence en posant les actes suivants :
1.Répondre aux échos assourdissants des messages des électeurs par un discours inédit après les résultats des élections législatives.
2.Inviter l’opposition à lui proposer un premier ministre (il ne s’agit pas de cohabitation).
3.Etre le président de tous les sénégalais par les actes qu’il pose.
4.Préparer et organiser de manière satisfaisante et irréprochable les présidentielles de 2024. Ni orgueil, ni revanche, ni prétention rien que de la lucidité.
Entendre la voix sacrée du peuple est une vertu de démocrate !
Dr Abdoulaye Taye
Enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop à Bambey