CONTRE LE CUMUL DES MANDATS ET FONCTIONS POLITIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - La limitation du cumul des mandats est un élément majeur de la restauration de la confiance des citoyens envers les élus. La question interpelle tous les membres de YAW, dont Barthélémy Dias et Ahmed Aïdara
Loin d’être un poncif ou une simple clause de style, l’affirmation que notre pays et l’ensemble de la sous-région ouest-africaine sont à la croisée des chemins traduit une réalité tangible. La flambée des prix des produits de première nécessité, du ciment, du carburant, la faillite des systèmes publics de santé et d’éducation, l’étouffement de l’agriculture familiale, de l’élevage et de la pêche artisanale, les inondations récurrentes, les accidents meurtriers de la circulation, les transports publics exsangues, l’insécurité́ endémique, etc., frappent avec une extrême violence les ménages populaires des villes et des campagnes. Dans le même temps, la bourgeoisie néocoloniale bureaucratique et compradore, boulimique et arrogante, alliée aux forces obscurantistes, s’enrichit éhontément par le pillage des ressources foncières, la mise en coupes réglées du pays au profit de ses maîtres impérialistes, les trafics, la création de fonds secrets et « d’institutions » dont la seule fonction est l’entretien d’une clientèle politique parasitaire. La perspective de l’exploitation prochaine du gaz et du pétrole dans notre pays aiguise les appétits et corse le tableau.
Ceci exacerbe les contradictions entre l’impérialisme, notamment français, ses suppôts au pouvoir, leurs alliés d’une part, et d’autre part le peuple, notamment la jeunesse écrasante majorité́ de la population et les travailleurs. La jeunesse sénégalaise et plus largement celle ouest-africaine désigne de plus en plus massivement la France et les régimes néocoloniaux à sa botte comme la cible de son combat. L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui un champ clos de rivalités entre puissances étrangères et d’exactions des diverses fractions de la nébuleuse « djihadiste ». Elle voit la naissance d’une puissante vague montante transnationale, panafricaniste, patriotique et démocratique portée par la jeunesse ouest africaine contre l’impérialisme français et les forces rétrogrades obscurantistes. De nouvelles forces politiques et sociales se dressent en Afrique de l’Ouest avec des leaders surgis hors du champ de la vieille «classe politique» rompue aux manœuvres et combines politico- bureaucratiques. Ces nouvelles forces patriotiques ont certes des insuffisances liées à leur nature de classe mais elles s’inscrivent dans le nouveau courant anti-impérialiste, panafricaniste et démocratique qui grandit et se renforce.
La gauche révolutionnaire ouest-africaine est au défi d’orienter ce courant pour rompre avec le cycle des « alternances démocratiques » ou « putschs militaires/transitions », confinés dans le champ néocolonial, qui suscitent de formidables espérances populaires suivies de terribles désillusions, tel un éternel parcours de Sisyphe. Relever ce défi est la condition déterminante pour parachever le processus vers l’indépendance nationale véritable, la démocratie, la justice sociale et l’unité́ africaine, à travers la combinaison judicieuse des batailles électorales et des mobilisations populaires.
Notre sous-continent est ainsi devenu une zone des tempêtes qui concentre les contradictions fondamentales de notre temps. Elles ne seront résolues victorieusement par les forces populaires que si celles-ci osent se remettre en cause pour rompre le consensus présidentialiste néocolonial et faire avancer avec esprit de suite et détermination les combats pour l’indépendance nationale, le panafricanisme, la démocratie et la justice sociale. Au Sénégal, les défaites électorales cuisantes infligées à la coalition BBY aux dernières locales et législatives s’inscrivent dans cette direction. Elles amorcent le processus irrésistible d’effondrement du régime.
La question du cumul des mandats est un exemple des ruptures nécessaires d’avec le système présidentialiste néocolonial. Celui-ci s’appuie sur un réseau de barons indéboulonnables concentrant et cumulant les postes de responsabilités, les rémunérations et avantages durant parfois des décennies. Ces potentats locaux enrichis par le détournement de l’argent du contribuable cumulent les mandats, les fonctions exécutives et législatives ainsi que les rémunérations et avantages qui y sont attachés (immense parc de voitures de luxe utilisées à des fins privées, carburant, téléphone, signes extérieurs de pouvoir très appréciés par la Nomenklatura néocoloniale au pouvoir). Ce réseau constitue l’appareil du pouvoir qui maille le territoire de fiefs et prétendus « titres fonciers ». La déroute du pouvoir aux dernières élections locales et législatives va considérablement ébranler ce dispositif.
Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’Autonomie populaire a toujours exprimé son opposition radicale au cumul des mandats et fonctions. Pastef a inscrit à l’article 7 de ses nouveaux statuts, « le cumul de fonctions et/ou de postes au sein d’une structure, d’une instance ou d’un organe est interdit ». La coalition Yewwi Askan Wi s’est engagée, à l’article 17 de son Programme de législature (« Sémb Ngomblaan gi »), à « interdire le cumul de mandats et de fonctions pour les Ministres et les présidents de Conseil de collectivités territoriales ». Le Programme Jotna de la Coalition Sonko président (présidentielle de février 2019) prônait clairement « l’interdiction de tout cumul de mandats électifs et de fonctions ».
« Un seul mandat électif, une seule fonction exécutive , une seule rémunération »
Les maires, adjoint(e)s au maire, président(e)s et vice-président(e)s de conseils départementaux ne devraient pas détenir de mandat parlementaire. Le maire élu député́ devra renoncer au mandat de député́ ou démissionner de sa fonction exécutive de maire. La même obligation s’exercera pour la fonction de président(e) ou de vice-président(e) de Conseil départemental, incompatible avec l’exercice d’un mandat législatif. Les chantiers gigantesques d’une gestion municipale de type nouveau exigent une mobilisation pleine et entière des maires et ne peuvent s’accommoder d’un travail à mi-temps. De même, un député́ qui assume pleinement son mandat législatif ne devrait pas être en mesure de présider un Conseil départemental ou un Conseil municipal. La mise en œuvre de ce principe par tous les élus de la coalition YAW permettra d’accélérer le renouvellement du personnel politique et d’assurer une meilleure répartition des responsabilités. Elle devra être combinée à une politique active de formation pour mettre très rapidement les nouveaux élus en position de défendre efficacement les intérêts nationaux et populaires. Ceci favorisera l’accélération du rajeunissement et la féminisation accrue du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. La limitation du cumul des mandats constitue une pierre de touche de toute politique de rénovation effective de la vie publique. Elle est un élément majeur pour la restauration de la confiance des citoyens envers les élus qui défendent leurs intérêts. Cette question interpelle vigoureusement tous les dirigeants et membres de la coalition YAW qui sont en position de cumul de mandats, Barthélémy Dias et Ahmed Aïdara notamment.
Le groupe parlementaire YAW qui vient d’être constitué devrait élaborer une proposition de loi pour l’interdiction du cumul des mandats parlementaires, des fonctions exécutives locales et des rémunérations et avantages. De même, il devrait préparer une proposition de loi pour reconnaître le droit de vote des ressortissants de la CEDEAO aux élections locales dans les circonscriptions où ils résident. Ceci contribuera à poser les bases de l’intégration sous-régionale par les peuples, et de la citoyenneté ouest-africaine, de lutter contre les préjugés xénophobes. Également des propositions de loi pour limiter le nombre de mandats consécutifs, pour bannir les conflits d’intérêts, règlementer l’utilisation des fonds secrets et interdire formellement leur usage à des fins d’enrichissement personnel ou de financement opaque de partis politiques. Les députés de YAW devraient proposer la réduction drastique du parc automobile de l’Assemblée nationale en mettant en place un pool de véhicules réservés aux missions des députés. La réduction du parc automobile permettrait de doter les services techniques de l’État de véhicules dont manquent cruellement les zones rurales notamment (ambulances, véhicules de terrain pour l’agriculture, l’éducation nationale, etc.). Elles pourraient aussi de mettre à la disposition de chacun des groupes constitués une équipe d’assistants parlementaires. Ces chantiers doivent prendre le pas sur la bataille engagée par YAW pour la criminalisation de l’homosexualité́.
Mamadou Aliou Baldé est sympathisant de Pastef, Parcelles Assainies.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
COURAGE MIMI
EXCLUSIF SENEPLUS - Ta longue marche vient seulement de commencer. Permets-moi tout de même de douter de ce qui semble être ta stratégie : quitter le groupe parlementaire de Benno pour devenir députée non inscrite tout en restant à l’APR ?
Toutes celles et tous ceux qui te veulent du bien et te savent (te croient) courageuse et battante ne peuvent te dire que : « courage Mimi, ce n’est que le début.. » Et comme il se dit que dans une autre vie (ta jeunesse) tu fus une sportive, une athlète prometteuse, j’ajoute que tu viens de démarrer une course de fond de plusieurs kilomètres (plus longue et plus pénible que ta randonnée de cinq milles kilomètres et des poussières de la campagne des législatives de juillet dernier) et non un sprint de 100 m haies...
Parce que vois-tu, alors que pour ta randonnée électorale tu avais le soutien (hypocrite pour certains) d’une monstrueuse caravane de l’écurie APR-Benno, qui tenait le parapluie en cas de pluie, veillait à ce que ta glacière dans ton blindé électoral ne se vide jamais, des personnes qui te servaient de miroir pour la bonne tenue de ton « moussor » royal, d’autres qui te rendaient compte à l’instant T des propos des adversaires... À présent toutes ces fourmis qui travaillaient pour toi et ton patron vont désormais travailler contre toi, s’atteler à te couper les ailes (ou les pieds) pour empêcher ton envol.
Évidemment qu’il y aura non seulement des CMHA (comité Mimi hors de l’Assemblée) comme tu le prédis, mais il y aura aussi les fameux groupes de nervis que votre parti l’APR, votre coalition Benno, avaient lâché en mars 2021 contre les manifestants avec la bénédiction (le contraire serait douteux) du chef de votre coalition. Des menaces verbales et/ou téléphoniques, ils passeront au cran supérieur de la haine (pas lutte) politique : ta tête sera mise à prix. Tu n’auras plus le parapluie sécuritaire de la puissance publique, tu vivras dans la fragilité, la vulnérabilité et la peur de l’opposant dans la ligne de mire de la meute cannibale. Et les premières flèches empoisonnées sont venues de ta ville, Kaolack, de la part de celui qui est chargé de nous éclairer (courant électrique bien sûr) et non de cramer nos matos électriques. Il avait la bave à la bouche pour déclarer que tu étais désormais persona non grata dans ce qu’il considère peut-être comme son « titre foncier », Kaolack. Ce sera un de tes premiers défis à relever. Car si on ne peut pas aller dans sa ville pour y prêcher la bonne parole...
Oui, courage, ce n’est que le début. Mais permets que je doute de ce que je crois se dessiner comme ta stratégie : tu quittes le groupe parlementaire de Benno pour devenir « non inscrite » et rester à l’APR ? Même si je doute qu’on t’ouvre désormais les portes du siège du parti, de ses réunions. Que tu y sois accueillie sans quolibets ni « thipatous » et autres dégueulasseries dont sont capables tous les répondeurs automatiques. Tout sera fait pour te pousser à la faute (absence ou retard à une réunion, une convocation pour explications, etc.) pour pouvoir t’exclure « dans les règles » ou que tu finisses par jeter l’éponge. Ils te veulent morte pour récupérer « leur mandat », tant il vaut des milliards.
Ils ne s’attendaient pas à ce qu’un -e-des leurs soit le « judas » qui les précipitera au bord du gouffre de la « minorisation » au parlement. Alors qu’ils cherchent à pêcher des députés dans les eaux troubles des groupes parlementaires de l’opposition et des deux non alignés, tu viens leur rappeler que leur majorité, leur régime tient et tiendra toujours à ...un seul député. Aussi, prépare-toi à sprinter aussi vite que Bolt pour échapper à leurs baves mortelles. Mais un autre terrain miné t’attend aussi à ta gauche : réussir à te faire accepter comme nouvel allié de l’opposition et faire oublier que tu fus leur plus féroce pourfendeuse. Notamment contre celui qui est de facto le chef de l’opposition Ousmane Sonko que tu raillais méchamment à chacune de tes sorties (ce n’est pas nous qui tenons le carnet de rendez-vous du salon de beauté).
Courage parce que ta course de fond qui a commencé vraiment dimanche 25 septembre 2022 en annonçant ta « transhumance » sera pleine d’embûches : celles que poseront tes « frères » d’hier, la méfiance goguenarde de ton nouveau camp (opposition, non alignés) forcé et surtout la mise sur pied d’un outil de combat (mouvement, parti) ONG (?). D’une certaine manière tu peux « copier » sur ton ex-chef, le président Macky Sall, quand il rompit les amarres avec son passé « PDiste » et partit à la rencontre des Sénégalais. Ce que tu envisages de faire dans les prochaines semaines.
La méchanceté étant dans la nature des ex, notamment ex-camarades, ex-compagnons de route, ils aiguisent déjà leurs couteaux pour te piquer profond en te rappelant ce qui était l’apanage de l’opposition : c’est une « looser » et une « voyageuse sans passeport ». « De Grand Yoff à Kaolack toutes ses tentatives de se faire une base se sont soldées par de retentissants échecs ». Elle a même perdu dans son propre bureau de vote », ajouteront ceux et celles qui ne te veulent vraiment pas du bien...
Dans ce qui se dessine comme étant tes éléments de langage certains ne manqueront pas d’y voir une révolte tardive contre des pratiques qui pourrissent depuis longtemps la quasi-totalité de nos régimes politiques : combines politiques hors de vue des citoyens, l’enterrement de première classe de l’éthique en politique et le respect de la parole du chef. Ainsi, vous « aviez trouvé un accord préalable » pour la présidence de l’Assemblée avant d’accepter de diriger la collecte des parrainages et la campagne des législatives. Cela t’a poussé à cautionner la mise à l‘écart des titulaires de YAW et vos seconds couteaux. Admets que ce fut une des plus grandes offenses contre la démocratie faite à notre pays à notre intelligence...
Ces deals qui tuent la transparence à donner des coups de canifs à la vérité comme quand tu convoquais une conférence de presse à l’heure du crime (minuit) pour annoncer que vous aviez « gagné» les législatives avec 30 des 45 départements. En oubliant seulement de dire que c’était dans les bleds et que vous aviez perdu les 3-4 premières villes du pays, dont Dakar, la capitale...
Il faudra aussi et surtout expliquer aux gens pourquoi vous aviez relégué comme une « petite gêne démocratique » ce qui vous semble désormais comme essentiel : « la politique peut et même doit s’accompagner de valeurs humaines, d’éthique, de respect de la parole donnée et par-dessus tout du respect de nos lois et règlements ».
Mais comme disent les sages optimistes, « mieux vaut tard que jamais » pour bien faire, pour ouvrir les yeux sur les petites agressions (qui deviennent grandes), les petits meurtres contre les libertés et la démocratie sur lesquels on ferme les yeux.
Ta longue marche commence. Beaucoup dans l’opinion te crédite du courage et d’opiniâtreté face à l’adversité. Conforte-les. Convaincs-les. Parce que ce seront tes compagnons de galère et de route de demain dans les chemins qui seront minés. Mais ici, elles seront bien personnalisées et dirigées contre toi... Oui, courage. Ce n’est que le début pour le long combat que tu envisages de mener. Oui courage, ce n’est que le début de ta « longue marche » ....
LE SÉNÉGAL EST LE PAYS LE PLUS ENDETTÉ DE LA SOUS-RÉGION DE L’UEMOA
L’économiste, Amath Soumaré par ailleurs Directeur général de SOPEL International, spécialiste de l’Intelligence économique était l’invité de Mamoudou Ibra Kane dans l’émission Jury du Dimanche. Parmi les sujets abordés, il y’a la question de l’inflation
L’économiste, Amath Soumaré par ailleurs Directeur général de SOPEL International, spécialiste de l’Intelligence économique était l’invité de Mamoudou Ibra Kane dans l’émission Jury du Dimanche. Parmi les points développés, il y’a la question de l’inflation au Sénégal. Selon l’économiste, aujourd’hui, nous sommes à l’inflation à deux chiffres. « Au mois de juillet on était à 11% et fin août début septembre on est à 11,3% de taux d’inflation. Au niveau de la dette, il y’a deux mois on était à 75,6% de dette. On a le critère de convergence de l’Uemoa qui est à 70% maximum qu’on ne peut pas dépasser. On est le pays le plus endetté de la sous-région de l’Uemoa », a révélé l’invité du JDD.
Cependant, il reconnaît que ce ne sont pas les chiffres donnés par l’Etat du Sénégal. Parce que, explique-t-il, nous sommes dans une période trouble. « Ils doivent comprendre que nous sommes dans une économie de l’information. L’économie de la connaissance. On ne peut plus cacher les chiffres. Même si vous ne les publiez pas ça ne peut pas se cacher. Moi mes sources je ne les regarde pas ici. Je les regarde dans mes anciennes institutions ou sociétés que j’ai travaillé. Il s’agit de l’Ocde, la Banque mondiale, le FMI, etc. », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, il demande la réédition des comptes dans cet endettement. « Il faut nous dire où est-ce que l’argent est utilisé ? Je suis incapable de vous dire où est-ce que ces dettes sont passées parce que ce n’est pas publié », a dit Amath Soumaré.
Sur une question de savoir comment enrayer cette inflation ? Il a rétorqué qu’il faut que nous ayons notre monnaie nationale. Parce que la première souveraineté, c’est la monnaie. Pour répondre concrètement à la question, il a ajouté : « avec ce que je vois et je vous donne rendez-vous d’ici l’année prochaine, je ne pense pas qu’il ait un gouvernement capable en 16 mois de juguler le problème de l’inflation. Parce qu’on n’a pas le patriotisme. Tout le monde est indiscipliné et on ne respecte rien ici. Il n’y a pas de contrôle. Alors que l’économie n’a pas besoin de désordre ».
RECIT D'UN VOYAGE DE CALVAIRE
Le symbole du surnombre est aujourd’hui dans les transports publics terrestres. A l’occasion du 20e anniversaire du naufrage du Joola, Bés bi monte à bord du bus Tata de ligne 62. Récit d’un voyage de galère de Rufisque au centre-ville.
Le symbole du surnombre est aujourd’hui dans les transports publics terrestres. A l’occasion du 20e anniversaire du naufrage du Joola, Bés bi monte à bord du bus Tata de ligne 62. Récit d’un voyage de galère de Rufisque au centre-ville.
Il est midi passé de 35 minutes lorsque nous montons à bord, à l’arrêt de Keur Mbaye Fall. L’arrêt grouille de monde. Chacun attend avec impatience l’arrivée de son bus. L’attente peut être parfois longue. Pourtant, à cet arrêt, il n’y a même pas d’abris ou de bancs publics où s’asseoir pour se protéger du chaud soleil. Certains clients se réfugient aux abords du mur de la gendarmerie qui jouxte l’arrêt, en quête d’ombre.
À cet endroit cohabitent arrêt de transport en commun et un marché très animé, avec une pollution sonore d’enfer portée par les radios de la bande Fm. L’odeur des légumes, du poisson frais et du poisson séché embaume tout le décor. A côté des senteurs de poivre, de piment, d’ail, entre autres condiments qui chatouillent les narines. Au moment où les apprentis des « Cars rapides » et « Cars Ndiaga-Ndiaye » hèlent, par des cris stridents, les clients qui se regroupent çà et là, les véhicules les plus sollicités restent les bus Tata.
À l’image de la ligne 62. Dès que le 62 se pointe, c’est la ruée. Parmi cette foule de passagers en attente, chacun veut monter en premier. Une longue queue se forme aux alentours du véhicule, causant un début de bousculade. Mais, ils finissent tous par prendre place à bord. Le bus est plein à craquer. Ceux qui sont assis voyagent en toute quiétude. Certains tombent même dans les bras de Morphée et somnolent. Pendant que les uns bouquinent, les autres, écouteurs à l’oreille, dégustent de la bonne musique ou écoutent la radio. Ce, alors que les hauts parleurs du bus distillent une musique mise à fond par le chauffeur. Par contre, pour les passagers qui sont restés débout, c’est le début de la galère pour ce long trajet qui, du fait des embouteillages interminables de Dakar, peut durer des heures.
« Vous ne retenez jamais les leçons du passé »
Dans cet environnement difficile, les clients sont à fleur de peau et s’échauffent pour une petite poussette, un piétinement involontaire, etc. « Monsieur, regardez où vous mettez les pieds, vous me faites mal », peste ainsi d’un ton sévère, accompagné d’un « chiiip », une jeune fille de petite taille, crâne rasé et visage rempli de boutons. Le jeune homme, habillé d’un jean bleu, assorti d’un maillot blanc, non content de l’attitude de la fille, de rétorquer : « Vous êtes incorrecte, pourquoi vous me parlez ainsi ? Est-ce que je l’ai fait exprès ? Impoli, ‘ak sa niaway’ (moche) ». Un concert de rires s’élève dans le bus. « ’Ma dakk sa ndéye’ (ta mère est plus moche) », réplique-t-elle en sautillant, ouvrant gros les yeux.
Après ce brouhaha de quelques minutes, le calme revient. Arrivé à hauteur de Keur Massar, un monde fou qui attendait ce bus se bouscule et fait le forcing pour monter. Le receveur somme les clients de bouger pour faire de la place à ceux qui viennent de monter. « S’il vous plaît, il y a de la place au milieu bouger un peu, vous êtes méchants… », dit-il. Comme un concert de casseroles, les clients, dans une colère noire, ripostent : « Nous ne sommes pas des animaux, ni des prisonniers de Rebeuss. Le bus est plein, avec cette chaleur suffocante et les bouchons, ayez un peu de pitié et de respect. Les surcharges doivent être bannies dans ce pays ».
Le visage dégoulinant de sueur, un mouchoir rouge à la main, un homme renchérit : « Boy boulniou fonto’, tu es assis confortablement dans ta cage à perroquet et tu veux nous entasser comme des poissons pourris ». Il s’en suit des échanges de propos aigres et doux entre les clients, le receveur et même le chauffeur. Au bout d’un moment, le calme revient encore. Après un passage par l’autoroute, nous arrivons à hauteur du marché Hlm. Une dame, la cinquantaine dépassée, relance les débats. « Ce sont les receveurs et les chauffeurs qui sont la cause de ces conflits avec les clients dans les bus. Car, ils surchargent les bus et, de ce fait, on est au bord de l’étouffement. Vous ne retenez jamais les leçons du passé. N’oublions pas que c’est dans ce pays qu’il y a eu la tragédie du Joola », rappelle-t-elle. « Inconscients, tous coupables », renchérit un groupe de jeune habillés tous en maillot vert. On descend à l’arrêt. Mais ce ne sera pas l’arrêt de ces comportements dangereux.
PAR Francis Akindès
QUAND L'AFRIQUE RÉCLAME LE DROIT AU POPULSIME
Polariser l’attention sur l’ancien colon européen mobilise tellement qu’il se trouve des Maliens pour aller en pèlerinage à Moscou ! Et des taxis dans les rues d’Abidjan pour afficher le portrait de Poutine
La mort de Mikhaïl Gorbatchev est venue nous rappeler à quel point le monde et le rapport des forces ont changé ces trente dernières années. Cette figure politique qui a marqué la fin de l’Union soviétique divise plus que jamais.
Certains l’adulent pour avoir marqué une bascule historique, la fin de la guerre froide. D’autres, en Russie, lui reprochent d’avoir fait perdre sa grandeur au pays. Une puissance que cherche à restaurer l’ancien agent du KGB Vladimir Poutine, avec une offre politique qui semble figurer, vue d’Afrique, une alternative au modèle occidental.
Pèlerinage à Moscou
Que le continent cherche une alternative à l’Occident n’a rien de problématique en soi, à condition qu’il cultive sa propre vision et qu’il ait le courage d’admettre et surtout de soigner ses propres fragilités. Polariser l’attention sur l’autre, l’ancien colon européen maintenant en difficulté avec la Russie, mobilise tellement qu’il se trouve des Maliens pour aller en pèlerinage à Moscou ! Et des taxis dans les rues d’Abidjan pour afficher le portrait de Poutine, comme s’il s’agissait de prendre une revanche imaginaire sur l’ancien colonisateur…
De son côté, la France rend à l’Afrique des objets d’art pillés pendant la colonisation, monte une commission paritaire d’historiens – annoncée lors du voyage d’Emmanuel Macron en Algérie –, va certainement en monter d’autres ailleurs, comme si ces gestes pouvaient tenir lieu de reformatage d’une relation France-Afrique que chaque président français prétend « refonder », sans que les fondations ne bougent vraiment.
La plupart des pays « partenaires », « traditionnels » comme « émergents », organisent sommets et quantité de forums, où les dirigeants africains se rendent la main tendue, offrant, pour certains, un spectacle désolant. Dans ces espaces où rien ne se passe, le Japon critique, comme lors de la dernière Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), l’endettement des pays africains auprès de la Chine.
Autrement dit, les grands se parlent entre eux, par Africains interposés. Que faut-il en retenir ? Il est possible d’accéder à des financements auprès de bailleurs de fonds prêts à fermer les yeux sur la corruption. Ce sont finalement eux qui décident quoi faire de l’Afrique, alors que les Africains n’ont guère une nette conscience de quoi faire d’eux.
Revanche sur l’Occident
La perception dominante en Afrique francophone est celle-ci : des gens que nous avions cru vaincus, les Russes et les Chinois, sont en train de prendre leur revanche sur l’Occident, de renverser l’ordre établi et l’horizon quasi mystique et indépassable du néolibéralisme.
ON ÉTAIT TOUS CENSÉS PRENDRE LE BATEAU AVEC MES FRÈRES ET SŒURS
Très engagé dans le combat des familles des victimes du Joola, Samsidine Aïdara, fait penser à Nassardine Aïdara, celui qui avait perdu quatre de ses enfants dans le naufrage le Joola et membre du Comité pour l’érection du Mémorial-Musée.
Très engagé dans le combat des familles des victimes du Joola, Samsidine Aïdara, fait penser à Nassardine Aïdara, celui qui avait perdu quatre de ses enfants dans le naufrage le Joola et membre du Comité pour l’érection du Mémorial-Musée. Naturel, puisque c’est son fils. Cadre à Expresso, il a décidé de prendre la relève pour continuer le combat de son père et de ces milliers de victimes qui n’ont toujours pas eu gain de cause dans cette affaire, qui n’a que trop duré et qui risque d’être impunie.
Racontez- nous votre parcours scolaire et professionnel
Je suis Samsidine Aïdara, membre du Comité d’initiative pour l’érection du Musée-Mémorial le Joola. J’ai eu un baccalauréat S2, avant d’aller à l’université Gaston Berger de Saint-Louis où je faisais la filière Maths appliquées sciences sociales. Une fois revenu à Dakar, j’ai suivi une formation à l’Institut supérieur d’informatique. Une double formation, une en réseau Télécoms et une autre en génie-logiciel, avant d’intégrer le cycle d’ingénieur en technique informatique. Actuellement, je suis ingénieur de données à Expresso Sénégal.
Qui avez-vous perdu dans le naufrage du Bateau le Joola ?
J’ai perdu mes quatre frères et sœurs dans le bateau le Joola (Papi, Aliou Bachir et Fatou). C’était difficile mais surtout bizarre, parce que je perdais du jour au lendemain mes compagnons de jeu ; et c’est eux que je connaissais. Je perdais mes inspirations. J’avais 7 ans à l’époque. Et c’était à la suite de vacances merveilleuses à Ziguinchor, où ils m’ont vraiment traité comme un prince. Et d’un coup, je n’avais plus personne avec qui jouait au football ou tout simplement faire mes caprices. C’était très dur. A la base, on était tous censés prendre le bateau avec mes frères et sœurs. Il y avait ma mère, ma grand-mère et ma tante et moi-même. Mais au dernier moment, ma grand-mère a eu des superstitions qui nous ont un peu sauvés. Elle avait dit qu’une même famille ne devait pas voyager en entier, par le même moyen de transport. Donc, on a finalement fait deux groupes, l’un par le bateau et l’autre par la route.
Comment avez-vous vécu cette période ?
A Ziguinchor, il y avait une ambiance très lourde. Cela se voyait tout de suite qu’il se passait quelque chose. Nous, les enfants, on ne nous avait rien dit clairement, mais au vu du comportement des plus grands, c’était évident. Et j’ai compris en écoutant les gens parler et en voyant leurs réactions. On nous avait emmené dans une maison voisine et presque tous les enfants du quartier étaient regroupés là-bas. On discutait entre nous, et certains étaient plus âgés. Moi je suis sorti et je suis allé au Port où je suis resté presque toute la journée avant de revenir. Mais, pour moi, le naufrage du Joola était à dissocier avec la perte de mes frères, que ce n’était pas nécessaire de s’inquiéter outre-mesure.
Qu’est-ce qui vous lie à Nassardine Aïdara, ancien coordonnateur du comité d’initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola ?
Nassardine Aïdara, c’est mon père. C’est à ses contacts que j’ai intégré le comité parce que c’était logique pour moi. Je le voyais pendant des années, très actif dans ce combat. Il se faisait vieux et c’était à mon tour de commencer à m’impliquer dans ce combat. Cela fait maintenant cinq, voire 6 ans que j’ai intégré le comité avec beaucoup d’autres orphelins parce qu’il y avait une volonté de rajeunissement de ce comité-là.
Pourquoi avez-vous senti la nécessité d’intégrer le comité pour la défense des familles des victimes ?
Il y’avait une volonté de prendre la relève, car nos parents se sont battus pendant toutes ces années, et il fallait montrer également que le combat ne s’arrêtait pas avec eux, qu’il allait continuer et qu’il y a une nouvelle génération pour prendre la relève. Les gens qui étaient des enfants à l’époque et qui n’avaient jamais eu droit à la lumière sur cette affaire du Joola, même en étant grands, ils n’ont pas oublié, car c’est quelque chose qui te marque durant toute ton existence. Donc, c’était naturel pour moi d’intégrer le comité.
Où en êtes-vous avec ce combat ?
Depuis lors, on s’est battus sur tous les plans et sur les cinq points de la plateforme revendicative des familles des victimes, à savoir la construction d’un Mémorial-Musée à Dakar sur la Corniche-Ouest. A ce propos, il y a quelques avancées, notamment la construction de ce mémorial à Ziguinchor qu’on applaudit, malheureusement ce n’est toujours pas terminé et on a aucune idée de ce qui est en train d’être fait là-bas, car on nous a écartés de ce dossier-là. Il y a la prise en charge des orphelins du Joola et je tiens à préciser « orphelins » et non pupilles, parce que ceux qui ont été reconnus comme pupilles, c’est juste une minorité et tous ont perdu des parents. Donc, tous ont droit à une prise en charge correcte et ce qui leur ai dû doit leur être donné. Il y a la question du renflouement et de la justice qui n’ont connu absolument aucune avancée. Et cela est dû à une forte volonté politique de faire oublier tout ce qui a trait au Joola, ce que nous déplorons très fortement. Il y a aussi que le 26 septembre doit être pour nous, une journée nationale du souvenir. On ne cesse de le répéter depuis lors et on ne comprend vraiment pas, parce que c’est une demande qui n’implique pas de faire de cette journée, une journée chômée et payée, mais juste une journée inscrite sur le calendrier national, pour que tout le monde puisse se souvenir du Joola. Et cela, ce n’est pas compliqué et cela ne coûte absolument rien du tout. Il suffit juste de voter cette loi et de dire aux Sénégalais : n’oublions pas notre histoire, n’oublions pas le Joola et plus jamais çà.
NON GUY ! LE CONCOURS DE L’ENA EST TRANSPARENT, CRÉDIBLE ET N’EST PAS CLIENTÉLISTE
Le 25 septembre 2022, sur sa page Facebook, le Député-activiste honorable Guy Marius Sagna a fait une publication dont la teneur du titre suit : « savez-vous que le concours de l’Ecole nationale d’Administration (ENA) n’est pas transparent...
Le 25 septembre 2022, sur sa page Facebook, le Député-activiste honorable Guy Marius Sagna a fait une publication dont la teneur du titre suit : « savez-vous que le concours de l’Ecole nationale d’Administration (ENA) n’est pas transparent, n’est pas crédible et est devenu clientéliste ? ».
Dépité par les arguments soulevés par le Député, il est de notre devoir de faire quelques précisions pour éclairer la lanterne de l’opinion publique (abstraction faite des commentaires sur la décision de justice qui sera un exercice de commentaire d’arrêt)
Sur la supposée absence de TRANSPARENCE, il convient de souligner que le concours d’entrée à l’ENA est organisé et encadré par des règles strictes. La transparence est de rigueur tout au long du processus, de l’ouverture du concours à la proclamation des résultats définitifs.
D’abord, l’ENA est régie par un décret (décret n° 2011-1704 du 6 octobre 2011 portant création de l’Ecole nationale d’Administration) et fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement). L’ouverture ainsi que les programmes du concours sont annoncés par arrêtés pris par le Premier Ministre (ou le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, lorsque le poste de Premier Ministre était supprimé). Lesdits Arrêtés sont publiés au journal officiel et font l’objet d’une large diffusion par le canal du site officiel de l’ENA (www.ena.sn) et des réseaux sociaux. Les informations relatives au calendrier des différentes épreuves, au nombre de places à pourvoir et aux programmes sur lesquels les candidats seront évalués y sont clairement mentionnées, dès l’annonce de l’ouverture du concours. Ainsi, avec l’existence des textes susmentionnés, nul ne peut invoquer une asymétrie de l’information. Le principe d’égal accès à l’information n’est-il pas respecté ?
Ensuite, dans le déroulement du concours, le principe d’égalité de traitement des candidats est mis en avant lors des épreuves d’admissibilité. Tous les candidats, placés dans la même situation (direct ou professionnel), sont mis au même niveau d’égalité. Le concours se déroule aux mêmes jours et heures. Les épreuves, sous enveloppes fermées, sont dépliées publiquement et distribuées aux candidats. Les copies sont remises aux correcteurs sous anonymat. Le correcteur ne peut avoir aucune information relative au candidat. Les notes sont attribuées en considération de la qualité de l’argumentaire du candidat et non de sa personne. A la proclamation des résultats des épreuves d’admissibilité, ne sont admissibles que les candidats ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à dix sur vingt (10/20) et un procès-verbal signé par les membres du jury du concours est dressé à cet effet.
Aux épreuves d’admission définitive, avant l’entretien avec le jury, les candidats du cycle A sont soumis aux épreuves de rédaction d’une note de synthèse. Dans cette phase, la procédure est la même que celle suivie durant les épreuves d’admissibilité. Aux épreuves orales, à la fin de l’entretien avec chaque candidat, de façon contradictoire, le jury délibère, séance tenante, et lui attribue une note.
Enfin, à la proclamation des résultats définitives du concours, il est fait une synthèse des moyennes obtenues aux épreuves d’admissibilité et d’admission. En fonction du nombre de places à pourvoir, sont déclarés admis les candidats ayant obtenu les meilleures moyennes. Là également, un procès-verbal signé par tous les membres du jury est dressé, publié et partagé.
Au regard du processus retracé ci-dessus, il y’a un effort de transparence qui est fait. Quand bien même, il serait tenté de la remettre en cause, la crédibilité attachée au concours permettra de conforter cette exigence de transparence recherchée.
Sur les accusations d’incrédibilité, quelques précisions s’avèrent nécessaires, pour les battre en brèche. En effet, les épreuves d’admissibilité du concours de l’ENA, hormis celles relatives aux test psychotechniques, ne relèvent pas des sciences exactes. Elles portent sur les sciences sociales (Droit, Science politique, Economie, etc.). A priori, aucun candidat ne peut avoir la certitude d’avoir bien posé et répondu aux véritables problématiques. A l’entretien, le jury du concours de l’ENA, nommé par arrêté du Premier Ministre, a une composition hétérogène. En effet, ses membres sont composés, entre autres, de professionnels des 7 sections (Administration générale, Diplomatie, Enquêtes économiques, Impôts et Domaines, Travail et Sécurité sociale, Trésor et Douanes), de professeurs des universités, d’un Inspecteur général d’Etat, d’un psychologue… Lors des épreuves orales, en sus d’une évaluation objective des connaissances du candidat, il y a un test de personnalité. L’entretien avec le jury prend en compte des facteurs subjectives liées à la moralité, la probité, la psychologie et le comportement du candidat. A l’image de l’entretien d’embauche dans le privé, l’employeur (l’Etat), représenté par le jury, juge les capacités du candidat à occuper un emploi. Il décide souverainement de retenir tel ou tel candidat par l’attribution d’une note laquelle sera compilée avec celles obtenues dans les épreuves précédentes. Quand bien même le candidat aurait obtenu de bonnes moyennes, ne seront retenus que ceux ayant les meilleures : c’est tout le sens d’un concours, à la différence d’un examen où il y’a une moyenne exigée pour réussir. Donc obtenir de bonnes notes ne garantit pas de facto la réussite à un concours.
Par conséquent, vouloir expliquer la cause d’un échec par une réponse donnée à une question est tout simplement fantaisiste et hérétique.
Sur le prétendu caractère clientéliste du concours, il ne repose sur aucun argument objectif qui laisserait présager cela. Les énarques viennent du peuple. Ils sont sénégalais. Si vraiment l’ENA était clientéliste, le fils de boulanger, le diplômé docker, l’étudiant gréviste, ou le cultivateur venu d’une contrée lointaine du Sénégal n’y auraient jamais accès. Tellement les demandes de candidatures sont importantes et les nombres de places à concourir trop limités. Certaines personnes intègres et nobles ont décliné des pré-inscriptions à l’étranger, d’autres sont rentrés au pays après leurs études, pour réussir à ce concours très sélectif. Des candidats animés par la volonté de servir le pays ont dû quitter leurs postes dans le privé pour intégrer l’administration à travers la prestigieuse ENA.
Au lieu de discréditer l’ENA en entachant le mérite, l’effort et la détermination de milliers de personnes pour justifier son échec, il serait mieux de se remettre en question. L’être humain est souvent enclin à trouver justification à son échec au lieu de se remettre au travail. Seule la sueur est le carburant de l’avenir.
ASSEMBLEE NATIONALE, MIMI TOURE DESCENT DU NAVIRE BENNO
Face à la presse dimanche, la députée de la majorité Aminata Touré a annoncé sa démission du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby).
Face à la presse dimanche, la députée de la majorité Aminata Touré a annoncé sa démission du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby). Un départ qu’elle compte officialiser dès ce lundi à travers une lettre adressée au président de l’institution, Dr. Amadou Mame Diop. L’ancienne Première ministre a précisé qu’elle va rejoindre le camp des non-inscrits.
L'ETERNEL CHANTIER DU MEMORIAL-MUSEE DE ZIGUINCHOR
Le Sénégal commémore ce lundi 26 septembre les 20 ans du naufrage du Joola, une des plus grandes catastrophes de la navigation civile. Pourtant, 20 ans après, le mémorial-musée n’a toujours pas ouvert ses portes à Ziguinchor.
Le Sénégal commémore ce lundi 26 septembre les 20 ans du naufrage du Joola, une des plus grandes catastrophes de la navigation civile. Pourtant, 20 ans après, le mémorial-musée n’a toujours pas ouvert ses portes à Ziguinchor.
Coincé entre une rue bruyante et le paisible fleuve Casamance, le mémorial-musée de Ziguinchor qui a commencé à être érigé en 2020, devrait être terminé en décembre prochain. Malgré les retards, Elie Diatta, frère d’un naufragé et membre de l’association national des familles des victimes, est tout de même satisfait que cet immense bâtiment commence à sortir de terre.
« Ça permettra à la nouvelle génération qui ne connaît pas le Joola de savoir qu’il y a eu une catastrophe pire que le Titanic ici aussi au Sénégal. Et dans l’histoire du Sénégal, il y a un pont noir qui s’appelle le Joola. Si le Joola était enseigné dans les écoles, les universités, un peu partout, la génération présente pourrait s’emparer de cette histoire, et ce n’est pas le cas », regrette Elie Diatta.
Pour le moment, rien de concret n’a été décidé concernant le contenu. Selon le ministère de la Culture, un comité scientifique et technique travaille à partir de documents pour « construire un discours scénographique cohérent ». Un travail qui n’inclut pas suffisamment les familles de victimes ou les rescapés, qui sont pourtant les premiers concernés, revendique Elie Diatta.
« Le mémorial doit pouvoir contenir les reliques du Joola, il faut que le renflouement soit fait. Ça peut être la barre, ça peut être la cloche. Il y a des éléments importants dans le Joola, les hélices de l’épave qu’on pourra sortir de l’épave et apporter ici », évoque Elie Diatta.
Boubacar Ba, président de l’association nationale des familles de victimes et des rescapés, insiste aussi pour qu’un mémorial et lieu de recueillement soit érigé à Dakar, la capitale : « Il le faut pour tout le monde, pour les étrangers qui arrivent à Dakar, qu’ils puissent disposer de quelque chose pour montrer que ce 26 septembre 2002, il y a eu un événement terrible et inoubliable pour l’humanité. Venir jusqu’à Dakar et n’avoir aucun monument qui représente le drame, c’est déshonorer les familles et le pays, l’image du pays. »
Sur la place du souvenir de Dakar, une gerbe de fleurs sera déposée dans la journée pour commémorer les 20 ans de ce drame. RFI