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27 août 2025
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
ALINE SITOÉ DIATTA, HÉROÏNE DE LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE
EXCLUSIF SENEPLUS - Surnommée la Jeanne d’Arc africaine, elle refusa de s’accommoder de la colonisation du pays par la France comme la Française qui se dressa contre l’occupation de la France par les Anglais
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 19/08/2022
On trouve les Diolas en Casamance, au Sud du Sénégal. C’est là-bas, précisément dans le village de Kabrousse, qu’Aline Sitoé Diatta voit le jour en 1920. Après la mort de son père, elle est élevée par un oncle paternel. À 18 ans, elle décide de voler de ses propres ailes. Elle se rend alors à Ziguinchor, porte d’entrée et capitale de la Casamance. Elle y sera embauchée comme docker mais le salaire qui lui est versé est si maigre qu’elle est obligée de quitter la ville pour Dakar où elle espère que le travail de bonne à tout faire lui permettra de gagner plus et de vivre mieux. Dans la capitale sénégalaise, son employeur est un colon français qui se prénomme Martin. En 1941, alors qu’elle se rendait chez lui, une voix lui aurait demandé de rebrousser chemin pour organiser la lutte pour la libération de son pays occupé et exploité par la France, voix à laquelle elle aurait obéi immédiatement. Selon une autre version, une voix aurait invité Aline Diatta à rentrer en Casamance pour libérer son pays de la colonisation mais, ayant ignoré le message de la voix, elle aurait été paralysée pendant quatre jours. La même version ajoute que c’est après être revenue en Casamance qu’elle retrouva l’usage de ses jambes.
Quoi qu’il en soit, sitôt arrivée à Kabrousse, Aline Sitoé Diatta appelle les villageois à la désobéissance civile qui peut se définir comme “le refus de se soumettre à une loi inique ou à un pouvoir dictatorial, la résistance à une décision injuste ou à un régime qui viole les droits humains” (cf. Henry David Thoreau, ‘Civil disobedience’, 1849). Thoreau, le créateur de ce concept, a vécu avec des hommes et femmes qui se contentaient de se plaindre de la situation qui les faisait souffrir. Pour lui, l’indignation et la colère devant une situation injuste ne sont pas suffisantes. C’est ce qui le conduit à écrire ceci : “Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme ; qui, se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien ; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre-échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et, peut-être, s’endorment sur les deux... On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un ‘Dieu vous assiste’ à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux.” (cf. ‘Civil Disobedience’, Op. cit.)
Que ce soit Thoreau, Gandhi ou Martin Luther King, ceux qui ont pratiqué la désobéissance civile l’ont fait au nom de l’intérêt général et de manière non-violente. Aline Diatta n’était ni résignée, ni passive. Elle n’attendait pas que Dieu fasse les choses à la place des hommes. Mais elle n’était pas non plus favorable à des actions violentes dans le combat contre la colonisation. Jamais elle n’a appelé ses compatriotes à prendre les armes contre le colon. Ce qu’elle prêche, c’est un triple refus : refus de payer l’impôt, refus de cultiver l’arachide destinée à l’exportation, refus de s’enrôler dans l’armée française qui avait besoin de combattants pour mettre fin à l’occupation de la France par l’Allemagne hitlérienne. Elle prône en même temps un retour aux sources et valorise d’anciennes prières et coutumes telles que la semaine diola qui consistait à travailler 5 jours et à se reposer le 6e jour.
On lui prête des pouvoirs surnaturels comme faire tomber la pluie ou soulager des malades par l’imposition des mains. Évidemment, des gens en quête de guérison viennent la voir mais, si Aline Diatta attire et draîne des foules, c’est surtout en raison de ses idées et de son engagement. Les colons commencent à s’inquiéter quand ils apprennent que de nombreux Sénégalais convergent vers sa maison. Avant de l’arrêter, ils l’accusent d’être une femme rebelle, de prôner l’insurrection et de s’opposer à la France. Les soldats envoyés par l’administration coloniale pour la mettre aux arrêts tirent sur les gens présents dans la cour d’Aline Diatta. Celle-ci n’était pas présente, ce jour-là. Les soldats tuent une femme et blessent plusieurs personnes. Le lendemain, c’est-à-dire le 8 mai 1943, Aline Diatta se livre aux forces de l’ordre pour éviter la mort d’autres innocents. Elle est incarcérée d’abord au Sénégal, puis en Gambie, enfin à Tombouctou (Mali) où elle décède en 1944. Les mauvais traitements subis en prison avaient probablement nui à sa santé.
Le Sénégal a-t-il honoré Aline Diatta ? Oui car il n’était guère possible d’oublier cette héroïne de la désobéissance civile. Pourquoi ? Parce que, au lieu de faire carrière et de fonder une famille, Aline Sitoé Diatta a choisi de se battre pour son pays, parce qu’elle a sacrifié sa jeunesse pour que les futures générations puissent vivre dans un Sénégal libre et maître de son destin. Reconnaissant, le pays donna son nom à un campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (la Cité Aline Sitoé Diatta), à un stade de Ziguinchor, à plusieurs écoles et au bateau qui assure la liaison Dakar-Ziguinchor. Une exposition lui a été consacrée en 2007. La cinéaste Rokhaya Baldé a réalisé un court métrage pour parler de son combat. Quant à la Franco-Sénégalaise Karine Silla, elle a écrit en 2020 un roman intitulé ‘Aline et les hommes de guerre’.
Aline Diatta fut surnommée la Jeanne d’Arc africaine parce qu’elle refusa de s’accommoder de la colonisation de son pays par la France comme la Française qui se dressa contre l’occupation de la France par les Anglais. Elle est partie de ce monde à l’âge de 24 ans. Certains diront : Quel gâchis ! Mais, tout bien pesé, le nombre d’années que nous passons sur la terre des hommes est-il si important ? Vivre 90 ans dans la lâcheté et vivre 20 ans en ayant essayé de contribuer à l’avènement d’un monde plus juste et plus humain sont deux choses différentes. À mon avis, ce qui compte vraiment, c’est l’image ou le souvenir que chacun de nous laisse à ceux qui n’ont pas achevé leur pèlerinage terrestre. Qui parle aujourd’hui de Joseph Mobutu, de Francisco Macías Nguema, de Jean-Bedel Bokassa qui ont régné par la terreur et se sont outrageusement enrichis pendant que le peuple qu’ils prétendaient servir croupissait dans la misère ? N’ont-ils pas fini dans les poubelles de l’Histoire ? À combien d’enfants a-t-on donné leurs noms ?
Par contre, des gens comme Sankara, Lumumba, Um Nyobè, Moumié, Steve Biko continuent d’être vénérés et cités longtemps après leur mort. Passer un siècle sur terre ne signifie pas nécessairement avoir vécu utilement pour son pays et son continent. L’important n’est donc pas combien d’années on a eues ici-bas mais comment on a vécu ces années, ce qu’on a fait utilement pour son pays. Nelson Mandela avait sa manière de l’exprimer. L’ancien président sud-africain affirmait que “ce qui importe le plus n’est pas tant le fait que nous ayons vécu mais la différence que nous avons faite dans la vie des autres”. Lumumba et Mobutu n’ont pas été pleurés de la même façon et il n’est pas certain que beaucoup d’Africains puissent verser autant de larmes le jour où Blaise Compaoré tirera sa révérence que pour l’assassinat de Thomas Sankara, tout simplement parce que “toutes les morts n’ont pas la même signification”, pour reprendre la formule du poète congolais Franklin Boukaka dans sa chanson culte ‘Les immortels’. Les jeunes filles africaines devraient s’inspirer du noble combat d’Aline Diatta au lieu de chercher à imiter les influenceuses de pacotille qui ont envahi les réseaux sociaux.
LA DIRECTION DU COMMERCE POINTE DES SPÉCULATEURS ET MENACE
La direction du commerce a procédé à des saisies de l’oignon auprès des commerçants qui faisaient dans la spéculation avec des marges de plus de 200% sur le prix du produit.
La direction du commerce a procédé à des saisies de l’oignon auprès des commerçants qui faisaient dans la spéculation avec des marges de plus de 200% sur le prix du produit. En conférence de presse, vendredi, au niveau du siège de ladite direction, le directeur du commerce intérieur prévient « on n’acceptera plus que ce niveau de spéculation soit menée par des individus ».
Oumar Diallo, en revenant sur les faits qui sont à l’origine de cette situation, a indiqué que « les récentes spéculations constatées sur la vente de l’oignon principalement à Touba à l’occasion du Magal de Darou Khoudoss ne sont pas justifiées. Aujourd’hui, le marché est dans la phase de cohabitation qui marque la fin de la production locale d’oignon et l’ouverture des importations qui consacre la fin du gel ».
Chaque année, cette période est très difficile pour la régulation du marché car la présence simultanée des 2 produits sur le marché est souvent « source de contestations de la part des producteurs locaux qui crient à la concurrence déloyale de l’oignon importé », entrainant des méventes.
En prévision des événements futurs, notamment le grand Magal de Touba en septembre, les approvisionnements sont calés pour mettre sur le marché plus de 20 000 tonnes à l’importation. « Ainsi 120 conteneurs sont sortis du port depuis le 15 août et destinés à couvrir les besoins du marché », a rassuré M.Diallo.
D’après lui, les prix pratiqués par les grossistes importateurs varient entre 13 500 et 14 000 f le sac en raison de la hausse du prix du sac à l’international qui est passé de 8 à 13 euros entre 2021 et 2022.
Les prix excessifs de 1500 et 2000 le kg constatés à Touba sont le fait de spéculateurs véreux qui appliquent des margent de plus de 200%. Ce qui a motivé la descente de nos services de contrôle sur le terrain à Darou Khoudoss. « Des saisies de sacs d’oignon ont été opérées et le produit vendu sur place aux populations à 600 f le kg. Le prix étant en vente libre, le défaut de facture pour justifier la détention licite a été la principale infraction constatée », a-t-il étayé.
Dans ce sens, le directeur du commerce intérieur menace : « on n’acceptera plus que ce niveau de spéculation soit fait par des individus. Il va falloir que ces personnes soient en mesure de le justifier ».
« Il faut retenir que les difficultés rencontrées pour la disponibilité de l’oignon en Hollande, sont la conséquence des mauvaises récoltes dues à la vague de chaleur en Europe, de la lenteur des rotations des bateaux entrainant l’indisponibilité des conteneurs du coût du fret maritime », a-t-il également prévenu en guise d’alerte.
PLUS AUCUN ENFANT NE DOIT NAÎTRE AVEC LE VIH
Le Sénégal doit parvenir à éliminer la transmission mère-enfant du VIH, afin que plus aucun enfant ne naisse avec ce virus, a exhorté la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), docteur Safiatou Thiam.
Dakar, 19 août (APS) – Le Sénégal doit parvenir à éliminer la transmission mère-enfant du VIH, afin que plus aucun enfant ne naisse avec ce virus, a exhorté la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), docteur Safiatou Thiam.
‘’On m’entend parler de la campagne nationale de mobilisation pour accélérer la prise en charge des enfants, mais, normalement, les enfants ne devraient plus naître avec le VIH’’, a-t-elle dit dans un entretien accordé à l’APS.
Selon elle, le Sénégal compte moins de 5.000 enfants vivant avec le VIH. Elle a souligné la nécessité d’avoir une cohorte nationale afin de suivre les enfants infectés et de les mettre sous traitement pour leur bien-être, d’autant qu’ils peuvent grandir sans le VIH.
Mais, cela implique la vision selon laquelle il ne doit plus y avoir d’enfant naissant avec le VIH. ’’C’est possible avec la prévention de la transmission mère-enfant’’, a-t-elle affirmé. Selon elle, ’’une femme enceinte qui prend des médicaments antirétroviraux (ARV), ne peut pas transmettre le VIH à son enfant’’.
Elle appelle à ’’trouver toutes les femmes enceintes, les dépister, et les mettre sous traitement’’. Cela nécessite, dit-elle, d’’’avoir un appui fort des services materno-infantiles’’. S’y ajoute que les sages-femmes doivent prendre "à bras-le-corps cette stratégie pour qu’on décide ensemble’’ qu’aucun enfant ne doit plus naitre avec le VIH.
Docteur Safiatou Thiam déclare que l’autre défi doit consister au dépistage du dernier tiers, c’est-à-dire ’’les populations cachées et quasi inaccessibles’’, lesquells doivent être dépistées et mises sous ARV.
‘’Ce sont des personnes qu’il faut chercher et trouver, parce qu’elles ont peut-être des orientations ou un type de vie qu’elles ne voudraient pas partager avec les populations’’, explique-t-elle.
Elle suggère de trouver des stratégies permettant à ces personnes d’accepter de se faire dépister et se faire traiter.
‘’Je pense qu’il nous faut une réflexion différenciée sur cette approche, parce que je pense qu’il y a beaucoup d’hommes dans le tiers qui reste, dans ce qui doit être dépisté et qui ne peuvent pas venir pour des raisons inavouées’’, a confié docteur Safiatou Thiam.
LES PHASES NATIONALES SUSPENDUES
Ce vendredi, Dakar sera privée des matchs de phases nationales. Il n'aura pas d'arbitres officiels pour cette journée, apprend-on.
Ce vendredi, Dakar sera privée des matchs de phases nationales. Il n'aura pas d'arbitres officiels pour cette journée, apprend-on.
En effet, tout a commencé suite à une radiation des arbitres de la CRA (sous-commission régionale des arbitres) de Dagana depuis l'année dernière. Et ces derniers n'ont pas respecté la sanction, en affichant un niet catégorique. Faute de quoi, la commission nationale chargée des arbitres et dirigée par Malang Diédhiou impose son veto et demande l'arrêt immédiat des phrases nationales.
Une décision mal appréciée par les arbitres qui s'érigent en bouclier afin de soutenir les siens. Ce bras de fer risque de gâcher la compétition des phrases nationales.
Malgré ce désaccord, des voix se lèvent partout pour renouer le fil du dialogue afin de trouver une solution.
LA DIRPA DÉMENT LE RETRAIT DES SOLDATS SÉNÉGALAIS DE LA MINUSMA
La Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA) a publié un communiqué pour démentir les rumeurs selon lesquelles le Sénégal se retirait du Mali.
La Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA) a publié un communiqué pour démentir les rumeurs selon lesquelles le Sénégal se retirait du Mali.
« Le Sénégal a entamé cette semaine la relève périodique de ses contingents engagés dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), à l’instar d’autres pays contributeurs de troupes. Il s’agit d’une opération normale de rotation visant à remplacer, nombre pour nombre, les troupes engagées par notre pays sur le théâtre malien depuis 2013 dès les premières heures de la crise, d’abord au sein d’une mission de la CEDEAO (MICEMA), puis de l’Union africaine (MISMA) avant même l’arrivée de l’ONU », note la Dirpa.
PAR El Hadji Fallilou FALL
POURQUOI SITOU ET PAS SONKO
Au Sénégal, le doute est permis, car dans l’affaire Sonko il est évident que les juges ont tenu compte du calendrier électoral parce que certains politiques ont des privilèges de juridictions. Il ya aussi deux poids deux mesures
Le temps de la justice n’est pas le temps de la politique. En France, on peut dire que c’est le cas. Quand François Fillon, le favori de la présidentielle 2017 a été inculpé à quelques jours des élections, personne n’a accusé les juges d’avoir un agenda politique.
Au Sénégal, le doute est permis, car dans l’affaire Sonko il est évident que les juges ont tenu compte du calendrier électoral parce que certains politiques ont des privilèges de juridictions. Il ya aussi deux poids deux mesures entre les politiques et les citoyens ordinaires, mais aussi entre les politiques eux-mêmes.
En termes simples, pourquoi les jugesont-ils été diligents dans l’affaire SitorNdour prestement envoyé en prison et pourquoi traînent-ils les pieds avec Sonko-AdjiSarr depuis plus d’un an ? Etre opposant et politiser son dossier a été la défense efficace pour le chef de l’opposition.
Sitorndour, ami du président de la République, qui a été son chef de cabinet à la Primature avant d’être directeur général du Coud, n’a pas eu le privilège de juridiction ou comme disent les wolofs «CoumbaamndeyakCoumbaamulndey».
Pour les mêmes accusations, SitorNdour, l’ami du Président, croupit à ebeuss alors qu’Ousmane Sonko nargue les juges en déclarant sa candidature en 2024 pour se créer une nouvelle immunité politique après avoir perdu son immunité parlementaire. Etant donné qu’être politique, c’est s’octroyer une zone de non-droit, pourquoi Khalifa Sall et Karim Wade ne demanderaient-ils pas l’amnistie ?
Mamadou Dia, Abdoulaye Wade, Karim Wade et Khalifa Sall, Idrissa Seck, ont eu à passer devant les juges, mais souvent pour des raisons politiques. Sonko est le premier homme politique de cette envergure à y être convoqué pour une affaire de mœurs. Il y va de la crédibilité de la justice que d’éviter le déni de justice dans cette affaire afin de respecter le vieil adage qui dit : «Selon que vous soyez riche ou pauvre, la justice vous rendra blanc ou noir.»
Avec les affaires Sonko et Sitor, il n’est pas faux de dire qu’au Sénégal, selon que vous soyez opposant capable de politiser votre dossier, la justice se hâtera ou prendra son temps. N’est-ce pas demain, samedi 20 août, l’AG annuelle de l’UMS ?
LA POPULATION CARCERALE EN CHIFFRES
Au Sénégal 12 430 détenus sont dans les 37 prisons du pays. Parmi ces détenus, il y a 320 femmes, 130 mineurs et 1130 ressortissants de pays étrangers.
Au Sénégal 12 430 détenus sont dans les 37 prisons du pays. Parmi ces détenus, il y a 320 femmes, 130 mineurs et 1130 ressortissants de pays étrangers.
D’après le dernier recensement disponible ce 1 août, 6 443 personnes ont été jugés et condamnés, tandis que 5 987 sont en détention préventive. La Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss concentre le plus grand nombre de détenus, ils sont près de 2500 détenus. L’effectif a presque doublé en vingt ans.
Par Assane Guèye
BESOIN DE SPONTANÉITÉ ET DE VÉRITÉ
Le retour du Premier ministre ne va pas bouleverser nos vies. Sa suppression il y a huit mois relevait du fait du prince. Le poste est une variable d’ajustement. Le chef de l’Etat est la seule constante.
Le retour du Premier ministre ne va pas bouleverser nos vies. Sa suppression il y a huit mois relevait du fait du prince. Le poste est une variable d’ajustement. Le chef de l’Etat est la seule constante. Depuis décembre 2021, il n’y a pas eu grand monde qui se soit aperçu de la vacuité de la primature. Le Président peut cogiter encore avant de prendre un décret. À moins de 600 jours du terme de son présent mandat, les choix ne sont plus évidents. L’erreur de casting ne sera pas pardonnée. Faire du neuf avec du vieux sera une déception. Le 31 juillet, les Sénégalais ont envoyé une série de messages. Ils veulent une mise en perspective, de la fraîcheur et des visages neufs. Nos compatriotes exigent aussi de la diligence. L’épouvantable crise sociale peut s’accommoder de petits calculs mais n’accepte pas la fébrilité ni le manque de spontanéité. Les dernières lignes droites sont complexes. On a moins d’assurance et de certitude mais plein de doute. Avec l’avantage du recul, les paroles d’un ancien chef d’Etat résonnent comme un coup de semonce. À chaque fois qu’on entre en responsabilité, il faut penser à la sortie.
Le pays sort fraîchement d’élections sans trop de frasques. Notre démocratie n’est certes pas encore la fresque qu’on veut qu’elle soit. Les scrutins s’entrechoquent. La Présidentielle aiguise les appétits. La pré-campagne est lancée. Les candidatures vont exploser. La politique a pris trop de place. Le travail a reculé. C’est toujours le jeu d’échecs où chacun avance ses pions. Sur l’échiquier, le bal des narcissiques est plus animé que le ballet des pudiques et des véridiques. Le narcissisme est le goulag des temps modernes.
Les temps sont brouillons. Il y a un besoin pressant de modernité et encore une fois de spontanéité à tous les étages de la fusée. La fusée qui décolle consomme énormément de carburant. Pape Djibril Fall pour ne pas le nommer démarre en fanfare. Véritable révélation de ces élections, il a le mérite de s’engager en politique et de faire bon usage de la communication. C’est la clé pour avoir la communauté et la communion. Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir. Le métier est pourtant le plus perméable au monde. Le fatras des réseaux sociaux va lui donner le coup de grâce. Le piège qui guette le confrère a pour noms saupoudrage et rhétorique. L’équivalent de l’action et le savoir-faire, ce n’est jamais la parole. La spontanéité encore et toujours, l’humilité et la vérité empêchent de fanfaronner. Auparavant, les poètes et les philosophes avaient les rênes du pouvoir. Ils avaient le sens du beau et du bien. Aujourd’hui, les disciples de Machiavel souvent déraisonnables sont partout aux manettes. Un pays comme l’Inde est le berceau de la philosophie. Sa devise qui est que la vérité finit toujours par triompher est implacable et universelle. Vérité et spontanéité, ici et ailleurs constituent la vraie modernité.
LE SÉNÉGAL, LA CYBERSÉCURITÉ, LE PÉTROLE, LE GAZ ET…
Le directeur général de Techso Group, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité et basée au Maroc, en France et au Sénégal, décortique les enjeux de la sécurisation de l’information. ENTRETIEN
Le directeur général de Techso Group, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité et basée au Maroc, en France et au Sénégal, décortique les enjeux de la sécurisation de l’information. Pour Daouda Sow, le Sénégal, futur producteur de pétrole et de gaz, doit davantage en faire une préoccupation, car « la cybersécurité est une question de souveraineté ».
Vous venez de sortir d’un séminaire axé sur le digital et la cyber sécurité. Que peut-on en retenir ?
Effectivement, on avait une rencontre ici, avec le Groupe Bgfi Bank, la holding qui détient les filiales du groupe. Ils étaient au nombre de douze et le thème était la sécurité à l’ère de la transformation digitale. Le sujet sécurité du système d’information qu’on appelle aujourd’hui cybersécurité est un sujet qui préoccupe le plus les entreprises, le top management, qui sont assez sensibilisés sur la question au vu du contexte. Nous, on travaille dans la région, on voit les choses qui se passent, des attaques systémiques et qui touchent une entité, qui se déplacent d’un pays à un autre. Donc, ils ont souhaité regrouper l’ensemble des filiales pour qu’on puisse justement échanger et exploiter les expériences des uns et des autres. Cela a été un succès, car le groupe était fortement représenté et nous aussi, en tant que prestataire qui travaille avec les partenaires de renom dans la région, il y avait Kaspersky, Wallix et c’était vraiment un succès. Je pense que les ateliers se sont bien déroulés et aujourd’hui il y a de fortes recommandations qui sont sorties de ce séminaire et qui seront mises en application.
Aujourd’hui, la sécurité de l’information est devenue un enjeu majeur pour les États et les entreprises. Quelle analyse faites-vous de la cybersécurité au Sénégal ?
Je pense que c’est un enjeu mondial. Aujourd’hui, quand on regarde l’impact de la cybersécurité sur le Pib des pays en Afrique dont le Sénégal, on voit l’impact que peut avoir ce sujet-là. La cybersécurité est tout simplement une question de souveraineté puisque quand on n’est pas souverain dans sa maîtrise des données, ça pose problème. Aujourd’hui, des entreprises à caractère vital sont attaquées et l’impact que ça peut avoir sur un pays est immense. Ce qui fait qu’il y a des initiatives qui sont prises par le gouvernement comme la stratégie nationale de cybersécurité. Il y a des lois qui sont votées à l’Assemblée nationale, notamment la protection des données à caractère personnel, qui est géré par une entité. Maintenant le constat, ce n’est pas seulement au Sénégal, l’expertise et les compétences sont des problématiques réelles. Je pense que l’État devrait aussi travailler sur ce levier-là.
Dans la stratégie nationale de cybersécurité (Snc 2022), l’État vise des objectifs à atteindre. Pensez-vous que c’est la bonne approche ?
Oui clairement, on ne peut pas aussi traiter cette question sans qu’elle ne soit inscrite dans une stratégie et je pense que cela a été discuté par des experts. La stratégie nationale de cybersécurité vise à renforcer les mécanismes de sécurité du système d’information, notamment ce qu’on appelle des infrastructures critiques d’un pays. Quand on parle d’infrastructure critique, on parle du secteur bancaire, d’eau, de l’électricité. Parce qu’une société comme la Senelec, si demain elle subit une attaque, l’impact que ça peut avoir sur la population est immense. Donc, il y a des entités qui sont identifiées comme des entités à caractère critique. Et donc la stratégie tient compte aussi de tout cela. C’est ce qui fait que c’est la stratégie qui fixe le cap, qui donne les orientations et qui est déclinée en projet.
Nous sommes dans un pays où la majorité n’a pas la culture de la cybersécurité. Que devrait faire concrètement l’État pour que tout le monde soit conscient de ses enjeux ?
Je pense que la culture commence à s’installer un peu partout. Parce que la cybersécurité, on le vit au quotidien, on le voit, on entend. Même si on n’est pas directement impliqué, on voit quelque part des attaques, des actes cybercriminels qui ont lieu. Maintenant la cybersécurité, il y a trois piliers extrêmement importants : le premier, c’est de mettre en place la stratégie, c’est le volet gouvernance. Ensuite, il y a le volet technologie. Il faut aujourd’hui avoir des outils qui permettent de pouvoir savoir. Ce qui peut être catastrophique, c’est de faire l’objet d’attaques, sans pour autant le savoir. Aujourd’hui, il existe des outils qui permettent au moins d’être au courant quand on est attaqué ou quand il y a un évènement indésirable qui se passe. Ça c’est l’aspect outils. Enfin, l’aspect formation et sensibilisation est un maillon important de la chaîne. On a beau investir, on a beau mettre en place la stratégie, la technologie, si on ne met pas les personnes, parce que tout système d’information est géré par des individus.
Dans un futur proche, le Sénégal va devenir un pays pétrolier et gazier, quelle devrait être la place de la cybersécurité dans la protection de ces ressources ?
C’est une question intéressante. Je pense que les autorités doivent prendre cela au sérieux et c’est le cas déjà. Aujourd’hui, la sécurité doit être en amont et en aval de tout ce qui touche les systèmes d’informations. L’État doit mettre en place des mécanismes pour que demain, les systèmes d’informations de ces entreprises qui vont travailler dans le domaine pétrolier puissent être sécurisés. L’État doit jouer pleinement son rôle de souveraineté. Parce que s’il n’a pas des mécanismes qui permettent de savoir ce qui se passe, en termes de sécurité, il peut faire l’objet d’attaques à tout moment. Je crois que cela s’inscrit dans la stratégie nationale. Autre chose, la cybersécurité est un domaine qui exige beaucoup de budget. Vous prenez un pays comme la France et le Maroc, les questions de cybersécurité sont des sujets qui sont gérés directement par la défense nationale. Ce sont les militaires qui s’en occupent, pour vous dire à quel point le sujet est sérieux et important. On voit aussi les investissements à coût de milliards qu’ils font dans ce domaine. Et ça, on ne le sent pas aujourd’hui dans nos pays. Les préoccupations on en parle, mais il faut aussi que les moyens puissent suivre. Et je pense que les autorités en ont conscience.
Vous êtes le Directeur général de Techso Group, une entreprise spécialisée en cybersécurité. Que peut-on savoir sur Techso Group ?
Techso Group est une boîte que j’ai fondée avec des partenaires, depuis quelque temps, disons une année. Et moi je travaille dans la cybersécurité depuis 15 ans. J’étais basé au Maroc et en France où je travaille pour une grande entreprise. Techso Group est basé au Maroc, en France et au Sénégal. Au Maroc, on a une équipe d’experts qui interviennent un peu partout. En France aussi on n’a pas mal de contrats. La particularité de Techso Group est qu’on est focus sur la cyber sécurité, on ne sait pas faire autre chose. C’est un choix stratégique qui a été fait, mais on se donne les moyens de faire la sécurité. Aujourd’hui, Techso détient des accréditations assez spécifiques : nous sommes accrédités par le consortium Visa master card American express qui se sont retrouvés pour créer une norme, une entité qui s’appelle Pci Ssc qui accrédite des entreprises, pour pouvoir certifier les banques, les entités qui traitent les données des cartes à une norme Pci Ssc. On fait partie d’une liste très restreinte de 300 et quelques entreprises dans le monde qui sont autorisées à pouvoir faire ce travail. Mais avant d’avoir cette accréditation, il faut prouver le niveau d’expertise et la compétence de la boîte. On est aussi partenaire du réseau Swift pour le virement à l’international. Ils ont un programme de sécurité, une norme qui s’appelle le Customer Security Program, qui accrédite les entreprises pour pouvoir accompagner les banques dans le cadre de la conformité. Nous travaillons beaucoup aussi sur tout ce qui est sécurité industrielle et c’est là où nous sommes en train de faire la différence sur le marché.
par Mamadou Bamba Ndiaye
2024, LA FRANCE ET NOUS
Le « principal opposant » désigné de la presse parisienne n’apparaît comme un challenger crédible que dans l’hypothèse d’une candidature unique de l’opposition autour de lui. La presse parisienne nous parle d’un vieux Sénégal dépassé depuis mars 2000
Commençons par une question facile. Dans le contexte actuel marqué par une montée vertigineuse du sentiment anticolonial en Afrique de l’ouest, quelle est le meilleur moyen, pour Paris, de promouvoir un candidat à la présidentielle sénégalaise de 2024 ? La réponse est à chercher dans les colonnes du quotidien Le Monde et dans les dépêches de l’Agence France-Presse (AFP).
Dès le lendemain des législatives, Le Monde révèle que l’élection présidentielle de 2024 au Sénégal se réduirait à un duel Sall-Sonko et que la France redouterait une éventuelle victoire de Sonko. Ensuite, comme dans un duo parfaitement maîtrisé, Sonko lance sa campagne sur le thème du « candidat dont la France ne veut pas ». Quelques heures plus tard, l’AFP nous informe que « le principal opposant sénégalais accuse la France et le Sénégal de se liguer » contre lui. La ficelle est un peu trop grosse quand même.
Outre le caractère comique de l’accusation qu’on reprend sans guillemets, c’est la promotion insistante d’un statut de « principal opposant » qui doit retenir l’attention. Il ressemble fort à un désaveu des propos du président Wade qui a déclaré la veille, en s’appuyant sur les résultats des législatives, que le PDS représente le « premier parti de l’opposition parlementaire » et qu’il s’organise « pour gagner la présidentielle de 2024 ». Décidément, Me Wade n’incarne pas l’opposition chouchoutée par Paris ...
Le poète Senghor nous a appris à décoder la rhétorique coloniale dans toute sa perfidie : « La France qui dit bien la voie droite et chemine par les chemins obliques ». De même, l’actualité du Mali nous sensibilise à la sournoiserie comme stratégie diplomatique. Alors que la patrie de Marianne se pose en héraut universel de la lutte contre le terrorisme au Sahel depuis neuf ans, le ministre malien des Affaires étrangères vient d’informer le Conseil de sécurité de l’Onu que son pays dispose « de plusieurs éléments de preuve que (des) violations de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour larguer des armes et des minutions ».
Il serait naïf de penser que le pouvoir français souhaiterait une victoire des terroristes au Sahel. Il s’agirait plutôt d’entretenir l’instabilité et la guerre en vue d’empêcher les États de se concentrer sur leurs missions essentielles et de garantir la continuité d’une emprise militaire, politique et économique multiséculaire.
Concernant le Sénégal, ce ne sont pas des avions mais une certaine presse qui largue régulièrement des armes et des minutions informationnelles destinées à alimenter la propagande du « principal opposant » désigné par Paris. Ici aussi, le but serait moins d’influencer le résultat du prochain scrutin que de baliser le chemin oblique devant conduire, enfin, à l’«embrasement du Sénégal » qu’on prédit sans désemparer depuis quelques mois avec une assurance quasi prophétique.
Pourtant, une analyse superficielle des résultats des législatives 2022 aurait offert une vision plus réaliste des rapports de force politiques et permis des projections plus crédibles.
Par rapport aux législatives 2017, la coalition BBY n’a perdu qu’environ 100 000 voix imputables en partie à la baisse de la participation. Elle conserve, sur les quatre élections organisées ces cinq dernières années, son socle d’environ un million et demi de voix. L’effondrement de son nombre de députés ne crée qu’une illusion d’optique : ce qui est réel en démocratie, c’est le nombre d’électeurs.
L’opposition incarnée par le PDS bénéficie également d’une stabilité déroutante : son demi-million d’électeurs lui demeure fidèle qu’il pleuve ou qu’il vente.
La coalition brinquebalante de Yewwi, formée par Pastef, Taxawu et Pur en 2021, rassemble environ un million de voix, dont une bonne partie semble imputable à un vote protestataire, variable et incertain par définition.
La stabilité des votes observée depuis 2017 permet de penser que, sauf événement majeur, la coalition BBY pourrait probablement conserver le pouvoir en 2024.
Le « principal opposant » désigné de la presse parisienne n’apparaît comme un challenger crédible que dans l’hypothèse d’une candidature unique de l’opposition autour de lui. Les armes et minutions informationnelles qui lui sont si généreusement larguées pourront peut-être réussir sa promotion ...
En essayant de nous convaincre de la primauté de la « main de Paris » dans nos prochaines élections, la presse parisienne et son « principal opposant » désigné nous parlent d’un vieux Sénégal dépassé depuis le 19 mars 2000. La première alternance politique de notre histoire a mis fin au téléguidage du pouvoir sénégalais par la Françafrique et ses diverses dépendances de droite et de gauche. Depuis cette date, le Sénégal a pris son destin en mains. Cela nous a permis 22 ans d’émergence économique qui ont changé qualitativement le visage de notre pays sur tous les plans, malgré d’incontestables travers.
À l’heure du patriotisme concret
Au-delà des péripéties des alliances et mésalliances politiques, la continuité de ce combat patriotique est le véritable enjeu des luttes d’aujourd’hui. D’autant qu’à partir de l’année prochaine, le Sénégal doit commencer à en récolter les véritables fruits avec les premières retombées de l’exploitation du pétrole et du gaz, dont l’ancien colonisateur s’était réservé l’exclusivité au moment de la signature des accords de la Communauté en 1958. Il a fallu le 19 mars 2000 pour que le Sénégal ose entreprendre librement l’exploitation de ces ressources au profit de ses citoyens.
La presse parisienne et son « principal opposant » désigné n’ignorent rien de tout cela. Ils devraient donc comprendre que l’époque de l’anti-impérialisme déclamatoire, qu’ils cherchent à ressusciter artificiellement, est bel et bien révolue. Les dirigeants actuels du Sénégal et de nombreux pays ouest-africains sont ceux que le militantisme a convaincu de la vanité des effets de parole. Il est fini le temps des cris : « L’impérialisme, à bas ! Le néocolonialisme, à bas ! ». C’est l’heure du patriotisme concret, majeur et en action.
L’année qui vient sera décisive. Le risque d’une guerre européenne avec ses conséquences déstabilisatrices comme la cherté croissante de la vie, la perspective immédiate des revenus du pétrole et du gaz, l’appétit insatiable des prédateurs en quête de milliards faciles, ... orientent notre pirogue vers un cap dangereux. C’est alors le moment d’apurer intelligemment les passifs politiques et de bâtir hardiment l’union sacrée des véritables patriotes.