EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut remettre le pouvoir, tout le pouvoir au peuple. On ne peut trouver de sens du vivre ensemble que pour une rationalité collective. En dehors de ces aspects-là, tout est colonisation (4/4)
Au Tchad, suite à l’assassinat du président Idris Deby Itno au pouvoir de décembre 1990 à avril 2021, son fils Mahamat Deby prend la tête d’un groupe d’officiers : le Conseil Militaire de Transition (CMT), et installe un régime dit de transition dont l’un des objectifs principaux est de préparer le retour à l’ordre constitutionnel au terme d’une période de 18 mois. Un ministère de la Réconciliation nationale a été chargé d’organiser un dialogue national Inclusif DNI, dans le but de faciliter la mise en place d’institutions et mécanismes devant permettre d’organiser des élections libres et transparentes. Ce dialogue, précédé d’un pré-dialogue de groupes de politico-militaires, qui s’est tenu pendant plus de 4 mois à Doha sous l’égide du Qatar et de la France a abouti à un accord entre une partie des belligérants habituels et le gouvernement issu du coup d’état d’avril 2021. Cet accord salué par l’Organisation des Nations Unies, exclut cependant le principal mouvement armé. Ledit dialogue national inclusif (DNI) se tiendra à Ndjaména à partir du 20 Aout 2022.
En marge et pour participer à la réflexion qui se mène dans son pays natal, l’écrivain tchadien Koulsy Lamko publie aux Editions Casa Hankili África, Mexico, un livre d’entretiens dont le titre sibyllin et iconoclaste présage du tumulte ambiant autour d’une rencontre dont il pense qu’elle est pour une énième fois, une ré-initiation avortée tant les dés sont pipés quant à l’issue probable : le risque de la légitimation d’une succession dynastique qui mettra le pays à feu et à sang.
SenePlus lui ouvre ses colonnes permettant que soient partagés de larges extraits de « Mon pays de merde » que j’adore avant la parution de l’essai-conversations à la rentrée d’octobre 2022.
Dans cette partie, Koulsy Lamko appelle à un renversement total du système hérité de la colonisation au profit d'un nouveau modèle de vivre-ensemble.
ARS : Je suis du même avis que vous. Ce que n’ont pas compris certains vieux marxistes de ma famille politique, c’est que le capitalisme n’est pas une « taie d’eau morte » comme dirait Césaire, une donne immobile, uni-pièce, et aisée à circonscrire. Il est évolutif dans ses stratégies et méthodes de spoliation, varie, s’adapte, se construit, feint de reculer, mais toujours se fortifie avec comme mire inaliénable : le profit. Il ne se loge pas dans un domaine fixe, cloîtré ; il éclate les cadres, grossit ses dividendes, ne s’embarrasse pas de la dynamique de la scissiparité, s’adapte aux milieux hostiles, adopte tous les discours mielleux du serpent Kaa, du Livre de la jungle de Rudyard Kipling. Et pour redorer son blason lorsqu’il le sent terne, mue et mute. C’est un virus mutant en perpétuelle transformation avec ses séquences multiples qui s’ajoutent les unes aux autres : un véritable système mouvant.
KL : Seuls les peuples organisés se décolonisent ! Il suffit d’ailleurs de tendre l’oreille vers d’autres cieux pour se rendre compte que dans ces mêmes pays de monarchie constitutionnelle ou de démocratie libérale déguisée en République, l’oligarchie mondialiste mise à part, plus personne, ne veut plus de ces formes de gestion déconcentrée où des représentants continuent d’être un alibi pour le maintien d’un soi-disant équilibre entre l’exécutif, le judiciaire et le législatif. Plus personne n’est dupe. Partout, comme rempart au capitalisme mondialiste qui mue, mute et fabrique ses variants ; partout comme rempart au crime organisé, à l’extractionisme, à la détérioration environnementale accélérée, à l’exploitation abusive des biens communs de la nature, se lève une immense clameur qui dit que les peuples veulent prendre leur propre destin en main. Contre l’offensive néolibérale qui les émascule, les populations essaient de créer une dynamique qui s’appuie sur des structures territoriales à dimension humaine où la gestion facilite une démocratie directe, et l’exercice d’un droit de regard et de décision sur l’application des ressources.
ARS : L’on vous dira que ce sera hasardeux et qu’il faut juste appliquer une gestion saine des finances de l’État, une répartition équitable des ressources… un peu d’éthique pour réguler le social…
KL : Le mythe de la bonne gouvernance, belle invention néolibérale ! On n’en sait quelque chose quant au déploiement des programmes d’ajustements structurels et la perfidie de la suprématie du marché et de l’économie sur le politique.
Au fait, qu’est-ce qui oblige à garder en l’état un territoire immense mal structuré et qui pendant des décennies ne nous pose que des problèmes de gestion ? En quoi d’avoir gardé l’État unitaire colonial nous a-t-il rendu plus forts, plus heureux ? En quoi, pour avoir accordé à ce type d’État, le bénéfice du doute depuis tant d’années en a-t-il fait un État meilleur dans lequel les communautés vivent en paix, ont suffisamment de quoi manger, se vêtir, s’instruire, vivre libre et solidaire ? En quoi l’État unitaire a-t-il promu l’éducation, la santé, l’agriculture, l’élevage, l’autonomie alimentaire ? L’industrie ? En quoi a-t-il empêché les guerres, les violences politique et symbolique, les assassinats, les clivages ethniques et religieux, la prédation, la corruption, le clientélisme ? Qu’en attendons-nous encore si pendant 60 ans, le berger, la bergère continue d’aller chercher le puits au bétail à des dizaines de kilomètres ? Qu’en attendons-nous encore si le paysan après 60 années de Tchad, continue de cultiver sa parcelle à la houe du début de la révolution néolithique, sous 40 degrés sous le soleil ? Qu’en attendons-nous si les étudiants sont obligés d’aller partout au Cameroun, au Soudan, au Burkina Faso, au Bénin, juste pour un premier cycle universitaire ? Qu’en attendons-nous si des millions de jeunes n’ont pas d’emploi, continuent de vivre chez papa maman et n’ont aucune perspective à l’horizon ? Qu’en attendons-nous avec des prédateurs insolents qui capturent tout ce qui leur passe sous le nez, déposent des sommes faramineuses dans les banques et les paradis fiscaux à l’étranger n’investissent même pas dans le pays, le fruit de leurs rapines, cependant qu’ils le destinent à l’acquisition des propriétés mirifiques au Canada, en France, en Egypte, à Dubaï, au Maroc, etc. ?
ARS : Le développement est un processus lent et du temps long.
KL : On a tout essayé : l’État multipartiste jacobin, l’État jacobin à parti unique, l’État jacobin sous la révolution culturelle, l’État d’exception militaire, l’État consensus sous gouvernement d’union nationale, l’État totalitaire policier, l’objet état non identifiable (OENI), l’hybride monarchique militaire républicain, l’état monarchique déconcentré…
ARS: Vous risquez d’être accusé de vouloir diviser le pays…
KL : Diviser le pays ! C’est le cri de ralliement de ceux que Sankara appellerait les hiboux aux yeux gluants ou les crocodiles borgnes ! Ceux qui ont divisé le Tchad, en sapant toutes les dynamiques de construction d’une nation, sont ceux qui ont tué, semé la zizanie depuis des décennies pour voler les biens du peuple… Le Tchad n’a jamais été un pays uni. Il n’a jamais constitué une entité soudée, pour que l’on évoque même sa division ! En quoi donc le diviserais-je, moi, si jamais il n’avait été uni que de façade ?
ARS : Vous manquez d’objectivité, non. Une nation est en route malgré tout, fragile sans doute, et donc à consolider dans sa gestation. C’est ce que je me borne à vous répéter…
KL : Ceux qui croient que les autres doivent subir de manière éternelle leurs bottes de conquérants ou de gouverneurs de colonies, sont ceux-là qui ont divisé le Tchad, si tant est qu’il ait été un jour uni ! Des individus, de groupes d’individus ont essaimé les régions, du nord au sud, de l’est à l’ouest, semé la désolation dans les familles, pillé, brulé les cases. Qu’attendent-ils sinon que des cœurs meurtris nourrissent la colère et parfois le désir de vengeance ! Croit-on qu’il suffira d’organiser, à la sauvette, quelques jours de prise de paroles hypocrites pour apaiser les cœurs ? Croit-on qu’il soit normal que des gens qui ont assassiné en masse, commis de crimes économiques, doivent demeurer impunis ? Croit-on qu’il suffira de distribuer des liasses de billets à gauche, à droite, pour acheter des consciences et espérer de ce commerce vilain et honteux l’amnésie sur les crimes économiques ? Au Tchad, ce sont de millions de cœurs qui sont divisés ; et profondément déchirés alors. Soyons réalistes ! Même la capitale du pays dans laquelle l’on devrait espérer tous se fondre n’est qu’un agrégat géographique de tribus et clans, de familles regroupées sous diverses bannières. Je n’ai aucun jugement de valeur à ce propos de la grégarité. Cependant, je constate simplement qu’il y a un mal profond du vivre ensemble pour le moment et que les fractures communautaires sont légion, et fidélisées topographiquement par une archipélisation outrancière avec ces saraland, zaghawaland, boulalaland, kabalailand…
ARS : Et si la solution se trouvait dans la décentralisation ?
KL : Vous voulez dire la gouvernalisation ? Ici c’est encore la question clef qu’il faut agiter : de quelle légitimité se prévaut l’individu parachuté depuis la capitale et qui impose ses désidératas ou ceux de son administration sans prendre en compte le consentement des populations qu’il oblige ou contraint ?
ARS : C’est vrai que ceux qui racontent les débuts du Frolinat de Goukouny Weddeye révèlent l’incongruité de la situation entre administrés-administrateurs avec une asymétrie dans la perception et l’interprétation du pouvoir d’état au regard des codes culturels. Dans ce cas-là, tout manquement de l’administrateur de Tombalbaye parachuté devient sévices, violation de droits culturels et humains. On se retrouve en plein capharnaüm des frontières du sens, un type de distopie identitaire collectif partagé.
KL : La décentralisation serait encore tout simplement la forme et la structure rêvée pour une meilleure répartition de prébendes entre caciques mandatés par le pouvoir central, contre la volonté des peuples. Cela dit, vous ne faites pas remarquer que ceux qui ont organisé la Conférence Nationale Souveraine en 1993 qui déjà prônait la décentralisation, sont les mêmes qui en ont sabordé les résultats immédiatement… Et au lieu de l’alternance démocratique, ils ont fait des pieds et des mains pour conserver le pouvoir pendant presque 30 années plus tard. Que décentralise-t-on dans un cadre où la volonté de vivre ensemble est mise à rude épreuve par une classe politique qui zigzague constamment et des guérilleros qui vivent de la rente politique ou des généraux propriétaires de ranchs ambulants qui n’investissent en rien dans leurs bétails transhumants et les font paitre au détriment de l’écosystème environnemental. Il faut remettre le pouvoir, tout le pouvoir au peuple !
Le fédéralisme n’est en rien lié à l’ethnicisme communautariste ou à l’appartenance tribale ou géographique primordiale du citoyen. Il s’agit de territoires et de gestion du terroir par les populations qui l’habitent hic et nunc. Dans le cadre d’États fédérés, chaque citoyen aura le choix de s’installer où cela lui conviendra. Celui qui voudra ne pas vivre dans un État en perpétuel guerre et violence s’installera là où les lois le permettront. Que ceux qui sont allergiques à la bière de mil et ne peuvent pas en sentir le drèche, choisissent de vivre là où on ne la fabrique pas. Celui qui souhaitera vivre dans un État où le port des armes est permis, le vol culturellement magnifié par la bravoure qui s’en dégage, pourra aussi s’organiser pour piller comme bon lui semble, si les lois le lui permettent. Que ceux qui veulent vivre sous la loi des États fédérés qui promulgueront la diya islamique aient la liberté de le faire. C’est aussi cela la liberté du citoyen de vivre la plénitude de sa volonté. Le territoire est suffisamment vaste pour que l’on y créé toute la diversité nécessaire aux désidératas des uns et des autres.
ARS : Et pourtant un état unitaire… garantirait mieux la sécurité de tous.
KL : Ah, ce mythe de l’État unitaire ! On sait désormais comment il fonctionne. Pourquoi refuse-t-on l’alternance à la tête de l’État et le renouvellement de la classe politique, sinon parce que le pouvoir d’État représente et est ainsi conçu, comme une rente, le lieu trouble à partir duquel l’on va s’enrichir. Pas comme l’espace du service à la collectivité. Les gouvernements et les peuples ont fini par se faire à l’idée et s’y complaisent. Former un gouvernement devient un jeu d’équilibriste : assouvir l’aspiration des différentes communautés tribales à se voir représenter par l’un des leurs au gouvernement, cela pour se sentir participant à l’ensemble. On essaie de rechercher l’équilibre par la logique ethnique ou régionale : la géo-logique ethnologique d’équilibristes ! Et c’est le clan au pouvoir qui détermine et orchestre le mouvement d’ensemble en actionnant le jeu de quille par des décrets. Il en a le contrôle de l’équilibre pourvu qu’il en soit le noyau et fasse tourner tout autour de lui, les électrons. Ceux-ci sont des représentants d’ethnies ou sont, fils ou fille de… papas ayant eu un mot à dire un jour sur la politique tchadienne depuis l’indépendance. La dynamique dynastique est à plusieurs volets, la mille-feuille spéciale ! Et le peuple d’avance soumis à la loi grégaire d’appartenance, en écoutant la liste des membres du gouvernement, veut entendre un nom bien de chez lui, de son terroir d’appartenance ethnique… Peu importe que l’heureux élu n’ait pas les compétences requises pour l’emploi. Peu importe qu’il n’ait suivi aucune formation qui lui permettrait de comprendre les dossiers qui lui seront présentés et dont il devra apprécier la qualité. Peu importe qu’il n’ait présenté de projet préalable ou qu’il ait fait ses preuves dans d’autres institutions qui auraient prouvé ses capacités de gestion d’équipe et ressources humaines… L’heureux élu répond à l’appel y vient pour juste avoir le temps de voler de l’argent public par un détournement de projets ou de biens public impliquant les biens meubles et matériels administratifs du parc mobile. Il n’aura échappé à personne que nous reproduisons l’état colonial non seulement dans ses structures, mais aussi dans la manière dont nous les désignons et les envisageons.
ARS : C’est votre mythe obsédant on dirait, vous y faites une fixation.
KL : Pédagogie oblige. Le colonisateur appelait gouverneurs, ceux qu’il envoyait et dont la mission était de : « gouverner au nom de l'État alors situé en métropole, la distance leur accordant alors de très larges prérogatives. » Dans le cadre de l’État jacobin, même décentralisé, parce que le gouverneur est nommé par le chef de l’État, il ne rend compte qu’à sa hiérarchie, à l’autorité supérieure centrale qui l’a désigné. Et non au peuple puisqu’il n’a pas été élu par lui. Et parce que les distances sont grandes, la tentation est là toute prête de reproduire le schéma colonial du rentier à larges prérogatives sur ses prébendes. C’est classique. Rien de nouveau. C’est de métamorphose dont nous avons besoin, une rupture totale de système. C’est que la puissance de renouvellement générée par tant de douleurs de sang et d’impasse, de faim du corps de la soif de justice et de volonté de vivre, éclose la chrysalide pour que le papillon naisse et se déploie en adulte. Hélas, je crains fort que nous n’en soyons qu’à l’étape larvaire nymphale.
Ce n’est pas d’équilibre dont on a besoin, mais de bascule complète, c’est que soit dégagée toute cette classe politique incompétente d’obligés et d’affidés, de fils et fille à papa; classe vieillie, sans initiative créative, sans passion pour le service au peuple, classe oligarchie clanique et comparses et affidés, instrumentalisée par des parrains étrangers et qui s’arroge tous les pouvoirs et qui pour conserver ses prérogatives et prébendes travaille à maintenir les relations d’interdépendance et de complicité afin de faciliter la déprédation au profit des puissances de l’armement néocoloniales. Il faudra une réflexion profonde pour non seulement changer le leadership qui a failli pendant autant de décennies ; mais aussi inventer de nouvelles institutions jamais encore expérimentées pour aller de l’avant. L’exigence d’une certaine rationalité dans la perception de la vie présente et la vision que l’on se prescrit…
ARS : La vie des hommes, de tout temps est faite de rapports de force. L’être humain a toujours été un conquérant et lorsqu’il a pu marcher pour coloniser des terres où trouver sa pitance, il s’est organisé pour s’y lancer. Bien d’anti-fédéralistes brandissent la menace de la guerre civile.
KL : Normal c’est le seul jeu dont certaines personnes réfractaires au changement et sans arguments se sont familiarisées aux règles : le discours de la violence et de l’inertie. Faire peur aux millions de citoyens, faire trembler ses millions de compatriotes, parce que l’on a constitué une armée clanique, jeté par la fenêtre tous les deniers publics pour l’achat d’armes aux marchands de canons dont on s’est fixé la fidélité et la protection ! Sankara disait à juste titre dans son Discours d’Addis Abeba en 1987 qu’un pays africain qui achète des armes ne peut l’avoir fait que contre un autre pays africain. Quel pays africain ici peut s’armer pour se protéger de la bombe nucléaire ? Aucun pays n’est capable de le faire. Des plus équipés aux moins équipés. Chaque fois qu’un pays africain achète une arme c’est contre un Africain. Ce n’est pas contre un Européen. Ce n’est pas contre un pays asiatique. »
L’on ne construit rien de pérenne en maniant le fouet et la frayeur, en brandissant à tout vent, le spectre d’une guerre civile. C’est cela la colonisation du peuple par l’État militariste. Et l’on voudrait promouvoir le vivre ensemble, quand paradoxalement l’on écrase la population à laquelle l’on impose toutes sortes de violences, en créant constamment des alibis et des boucs émissaires. Comment veut-on que le désir du partage des espaces de vie ne prenne-t-il pas du plomb dans l’aile ? Lorsqu’un peuple connait autant de douleurs au point que les services publics doivent organiser des séances de thé pour que les gens manifestent le vivre ensemble c’est que la douleur est abyssale. La question centrale ici c’est qu’est-ce que ceux qui veulent gérer un pays de seize millions d’âmes proposent comme projet politique, programme, vision et vers quel horizon, ceux qui se proposent de gouverner veulent entrainer le peuple ? Et aussi si cet horizon envisagé est largement souhaité par le peuple… On ne peut trouver de sens du vivre ensemble que pour une rationalité collective. En dehors de ces aspects-là, tout est colonisation !
ARS : Le fédéralisme est-il donc la solution pour le Tchad ?
KL : Vous, dites-moi comment sortir autrement du cercle vicieux dans lequel s’est enfermé le pays depuis six décennies ! Parce que pour moi, nous devons inventer nos modèles, un autre modèle que celui de l’État unitaire jacobin décentralisé ou déconcentré dans tous les cas, un modèle désirable et viable, et, décider de le nommer comme nous le souhaitons, pourvu que nous nous accordions sur les attributions des rôles et les mécanismes de gestion.
Nous avons vécu pendant 60 années, un déficit chronique d’imagination pragmatique. Du personnel politique, personne ne veut courir le risque d’oser inventer l’avenir, et qui nous arracherait à cette espèce de fatalisme béat, cette ankylose mortifère et destructrice à la longue.
ARS ; La tétanie, nous l’avons tous en partage et ce sera l’une des réussites du système ultra libéral. Raidir les peuples comme la pluie et le froid raidissent les fourmis rouges sur le tronc de l’arbre. Tant que l’on n’aura pas compris que l’état-nation de type jacobin, héritier du système westphalien, comme dirait Bertrand Badie, a été imposé pour freiner la seconde phase du panafricaniste qui aura été après la libération, celle de la construction de l’état panafricain fédéral, multinational, multiculturel l’on continuera à naviguer dans le gris douteux.
KL : Les jeunes qui font l’apprentissage violent de la précarité et qui se prennent en ce moment à la figure la barre de la désespérance comme un boomerang lancé par leurs parents, sont ceux qui doivent décider de ce qu’ils veulent pour leur avenir. A un moment donné, il faut être conséquent c’est-à-dire choisir entre la continuité désastreuse puisqu’éprouvée ou le changement ou l’inconnu peut permettre d’inventer une sortie vertueuse. Un rapport de force s’installe depuis l’arrivée des Transformateurs sur la scène politique nationale. Des partis fédéralistes, des plates-formes, s’affirment. Cela signifie l’irruption d’une certaine frange de la population longtemps écartée de la gestion de son destin et qui revendique son droit à l’existence, à l’exercice de la parole et à la prise a en main de son destin. Ce qui irrite un certain nombre de vieux routiniers de la politique politicienne qui, au lieu de faire leur mea culpa pour incompétence notoire et de disparaitre à jamais dans les oubliettes de l’histoire, au contraire, ruent dans les brancards et se hâtent de fixer l’âge minimum pour l’accès à la fonction suprême. Ces attardés de l’histoire, crient aux gémonies et au jeunisme immature dès qu’ils se sentent trembler sur leurs strapontins déséquilibrés. Il faut arrêter avec ces considérations de vieux papa donneur de leçon, cette espèce d’adultocratie endémique digne d’un autre âge. Dans un monde sans repères, il n’y a plus que les jeunes qui ont les outils de l’imagination parce qu’ils peuvent et savent les créer, les adapter aux circonstances. Eux, connaissent la mobilité du monde, des représentations et les réponses à apporter. Et puis, il s’agit de leur avenir, le leur, non plus celui d’une classe politique scotchée á la case « échec flagrant » qui a démontré ses limites en se vautrant dans le compromis et la compromission. Il faut sortir le pays de l’ornière politique dans laquelle le chaos protéiforme l’a plongé.
ARS : Vous voilà revenu à vos envolées lyriques et autres mouvements anaphoriques. Vous semblez plutôt dire un credo, traduire un acte de foi.
KL : Que veut la jeunesse ? Un emploi qui puisse permettre d’envisager un projet de vie, un toit décent où abriter sa famille, des produits alimentaires accessibles, de l’eau saine, de l’énergie pour créer la technologie, un service de santé acceptable, des espaces d’expression de ses talents culturels et scientifiques, un horizon clair dans lequel elle pourra se projeter sous le regard bienveillant des anciens. Et quand je parle des jeunes, je ne me limite pas à ceux à qui l’on a octroyé à la sauvette un diplôme ou qui se sont livrés à la débrouille sur les pistes de Maroua au Cameroun ou Porto-Novo au Bénin et à qui on promet quelques centaines d’emplois en s’égosillant, comme si c’était une prouesse que de faire miroiter des emplois à quelques cinq mille jeunes formés hâtivement à HEC ! Au Tchad, il a plus de cinq millions de jeunes en quête d’espaces viables pour travailler, offrir leurs bras et leur intelligence dans des chantiers de l’immobilier, la construction des routes, dans les usines de transformation agroalimentaires, les plantations agricoles modernes, les fermes pastorales modernes, les bassins de piscicultures, les ateliers de forge et de menuiserie modernes, des marchés de l’artisanat, des orchestres, les théâtres et autres ensembles artistiques, les entreprises de transport, les agences de tourismes, les laboratoires de recherche, des classes d’école, collèges, lycées et universités, les maternités, les hôpitaux, les agences de communication et de tourisme, les banques de développement… et aussi dans la création des emplois. Et ceux-là pour la plupart n’ont pas eu le « loisir » d’aller à l’école de Jules Ferry et qui mériteraient, parce qu’ils en ont eux aussi le droit, qu’on les forme à l’usage des technologies modernes, qu’on les forme à la serrurerie, a la plomberie, à la menuiserie, l’agroforesterie, l’artisanerie, la tannerie et ses produits dérivés. Ce que l’on demande à un gouvernement c’est de créer les conditions de l’apprentissage et d’une certaine modernité. Et non de rabrouer les jeunes ou de les gazer. L’absurde c’est quand un ministre septuagénaire, vante sa propre longévité aux affaires, en tire les raisons d’un know-how et d’une sagesse qui l’autorise à sévir, intimide un jeune responsable de mouvement politique, se plaint de ce que le jeune « immature » soit pressé d’arriver… Il en oublie que pendant que lui a stationné pendant trente ans devant la ruche d’où coule le miel dont il se délecte et se goinfre, le temps, lui, ne s’est pas arrêté. Et que pour qu’il y ait de l’emploi pour les jeunes, qui ont l’âge de ses fils, il faudra bien qu’il parte à la retraite, qu’il dégage !
Bien sûr qu’un modèle d’agglomération de populations pour constituer un territoire économiquement et culturellement viable, appelez-le fédéralisme par défaut, comme l’on veut qui permette qu’enfin ce que Merlot Ponty désigne par « le pouvoir des sans pouvoir » s’actualise, prenne corps, reviennent au peuple que le pouvoir populaire dé privatise les prérogatives de l’élite, renverse la hiérarchie des valeurs de production, dés-administre les galimatias de l’homo administratus imbibé d’eurocentrisme et qu’ils se dissolvent dans une gestion horizontale des rapports inter groupes sociaux, que les mots mobilisant soient plutôt l’explicitation des solutions pratiques à des problèmes de vie, de survie, d’organisation ; solutions proposées, débattues, discutées, amendées par des assemblées populaires de villes, de quartiers ou villages et dont l’application ne découlent que de l’acceptation populaire. Tout cela dans une relation d’échanges productifs, de dialogue permanent, de critique et d’autocritique. Les luttes pour l’horizon du bonheur, se mèneraient alors toutes ensemble et de front. Elles s’incarneraient dans les domaines suivants: le refus du colonialisme despotique et autocratique local, le refus du néocolonialisme d’une élite soi-disant, le refus du féodalisme rampant; la promotion de la lutte contre la corruption, la moralisation de la chose publique; la mise en place d’une économie centrée sur l’autosuffisance, le contrôle et la gestion des moyens de production par les forces productives elles-mêmes ; la jouissance qu’apporterait la valorisation du monde rural; de l’élevage et de la paysannerie, la réhabilitation de la femme dans son rôle moteur de l’émancipation collective; la démocratisation de l’éducation scolaire et de la santé; la mobilisation de l’armée et des forces de sécurité pour le service au peuple, l’exécution des tâches de production d’intérêt commun et de sécurité ; la lutte contre la désertification ; la promotion des méthodes de préservation de l’environnement, l’interrogation critique des valeurs de culture ; la réhabilitation des valeurs de références …
ARS : C’est ce que vous essayez de désigner par le modèle d’agglomération de communautés ! Avec Le communautarisme, vous roulez à tombeau droit à la catastrophe, dans l’abîme !
KL : Non ! Je ne prêche pas la ghettoïsation. Je ne parle pas de repli identitaire, c’est le mot à la mode, je sais. Je promeus un modèle qui facilitera la viabilité d’un territoire physique et de pensée et du corps de la parole partagée solidairement et permettra d’appliquer le principe de la communalité et que l’on pourra appeler le communalisme si l’on veut.
ARS : Il faudra bien que vous l’explicitiez, à un moment ou l’autre de notre conversation. Je n’en vois pas encore distinctement les contours.
KL : Bien sûr qu’un modèle d’agglomération de populations, appelons-le comme l’on veut… fédéralisme par défaut, permettra de retrouver la jouissance du vivre ensemble, de l’interdépendance et du sens collectif de la solidarité… Nous avons besoin d’un réarmement éthique. L’individualisme, le narcissisme, le nihilisme ont pénétré toutes nos fibres et détruisent toutes nos valeurs. Nous pourrions retrouver pour ce faire, ce que d’aucuns appellent l’Ubuntu, une didactique de la pratique communautaire de l’interrelation et de l’interdépendance, cette sagesse, cette philosophie de la vie qui considère que le soi est moi parce que les autres le sont. Je n’existe que parce que le reste du monde me sculpte ; « mon corps est fait du bruit des autres ». L’individu n’est rien sans communauté et vice versa ; ce qui impose par conséquent à tout individu des devoirs et des responsabilités devant la communauté… et le rend mécaniquement éligible dans tout processus de jouissance d’entraide, de solidarité et de justice au sein de sa communauté. J’existe parce que j’ai des droits et des devoirs. Je ne suis pas du même avis que toi. Mais comprenons-nous les uns les autres pour que nos opinions coexistent et nous obligent à créer, à inventer ce qui surgirait en dépassant nos contradictions.
ARS : Je vous suis. C’est cette même philosophie qui impose la vision holistique du monde, considère la globosphère avec toutes ses composantes et attribue à chacune une importance remarquable dans la constitution de l’ensemble et qui nous raconterait à nouveau notre dépendance par rapport à la terre, à l’eau, au feu et à l’air, ces éléments primordiaux et notre respect pour les règnes animal, végétal, minéral, qui font partie d’un tout harmonieux et conditionnent l’équilibre primordial.
KL : Bien sûr qu’un modèle d’agglomération de populations appelons-le comme l’on veut… fédéralisme par défaut, garantirait le refus de bradage des terres pour des champs de roses ou de blé saoudien, le refus d’exploitation éhontée de minerais si elles devaient se mener au détriment du bonheur du peuple… Seuls les peuples conscients de l’importance de leur patrimoine commun peuvent le défendre ensemble. Et pour cela, il faut apprendre ensemble à identifier les vrais ennemis.
ARS : J’en veux pour preuve ce que dit Jean Louis Borloo, ancien Ministre français de l’Economie et des finances : « Et tout le monde s’en rend compte! D’abord les liens avec l’Afrique, même inconscients, restent forts. Ensuite, on ne peut plus éviter le sujet. Pas besoin d’avoir fait des années d’études pour comprendre que, si l’Afrique ne se développe pas, les mouvements migratoires vont évidemment se poursuivre et s’intensifier. Ce n’est pas des centaines de milliers, mais des dizaines de millions de personnes qui voudront aller vers la lumière. Et si l’Afrique se développe, le marché au bout de la rue, avec ses 2 milliards de personnes, pourrait bien remplir les carnets de commandes de nos entreprises. Les grands dirigeants économiques français, ceux dont le métier consiste à définir des visions stratégiques, ont identifié un nid de croissance en Afrique. L’avenir de la France se joue en l’Afrique.»
Après moult hésitations, le voilà qui tapota mollement l’épaule de sa femme pour la réveiller. Son sommeil était si profond qu’il dut répéter le geste maintes fois avant d’y parvenir
Étendu sur le dos, les bras croisés sur l'abdomen, Ngor fixait pensivement son regard sur le plafond malgré l’obscurité qui régnait dans sa chambre. Contrairement à sa jeune femme qui dormait à poings fermés, depuis qu’elle s’était couchée deux heures et demie plus tôt, il avait du mal à tomber dans les bras de Morphée. Il lui était d’autant plus difficile de fermer l’œil que sa voix intérieure, qu’il était incapable faire taire, lui faisait d’innombrables objections et remarques, qui heurtaient sa conscience de plein fouet. Elle devenait même de plus en plus persistante et loquace à mesure que le temps passait. Ce qui créait dans sa tête des acouphènes, qui le tenaient éveillé. En effet, depuis une semaine, Ngor devait prendre une décision, qui pourrait à tout jamais marquer son existence. Aussi en repoussait-il toujours l’échéance tant ses idées étaient devenues confuses à cause des divers avis contradictoires qu’il avait recueillis de quelques personnes de confiance auprès desquelles il était parti demander conseil. Il était maintenant dos au mur, puisque le lendemain matin était le dernier délai qu’il avait donné à un éminent membre du gouvernement, mandaté discrètement par le président de la République, pour répondre à sa demande de rejoindre le parti au pouvoir. Ce ministre lui avait fait plusieurs propositions alléchantes avec de nombreuses opportunités à la clé.
Blanchi sous le harnais, Ngor était un meneur d’hommes hors pair, un rhéteur aguerri et un militant fidèle. Dès lors, il faisait l’objet de convoitises de plusieurs formations politiques dans le pays. Nonobstant sa longue et riche carrière politique et sa vaste culture générale, son niveau d’étude moyen avait été son talon d’Achille. Il avait constitué un plafond de verre l’ayant empêché d’atteindre les cimes des plus hautes nominations dans le pays pendant que le parti au sein duquel il militait depuis plus de 30 ans y tenait les rênes du pouvoir. Tout au plus était-il élu député. Poste qu’il occupa pendant 10 ans, le temps que durèrent ses deux mandats successifs. Depuis lors, il éprouvait de temps à autre quelques difficultés financières pour couvrir ses nombreuses dépenses quotidiennes, envoyer de l’argent à ses enfants qui faisaient leurs études à l’étranger et répondre aux fréquentes sollicitations de quelques-uns de ses amis et camarades de parti qui lui faisaient souvent part de leurs problèmes pécuniaires.
Conscients de cette situation, comme des chasseurs à l’affût, certains membres très importants du gouvernement avaient amorcé une grande offensive visant à le rallier à leur parti par tous les moyens. Mais à 67 ans, Ngor pensait de plus en plus à quitter la vie politique pour se consacrer exclusivement à ses activités champêtres d’où il tirait ses principaux revenus.
Après moult hésitations, le voilà qui tapota mollement l’épaule de sa femme pour la réveiller. Son sommeil était si profond qu’il dut répéter le geste maintes fois avant d’y parvenir. À peine s’était-elle réveillée qu’il se retourna légèrement pour allumer la lampe de chevet. Ndoumbé se mit sur son séant après avoir défait son épaisse couverture. Il faisait froid pendant cette nuit de décembre, et le quartier était calme. Excepté le bruit des feuilles de l’arbre se trouvant au milieu de la cour de la maison, qu’un vent intermittent faisait bouger de temps à autre et le miaulement de quelques chats errants, on n’entendait aucun bruit provenant de l’extérieur.
Ndoumbé prit son oreiller et l’accola au mur contre lequel elle s’adossa plus ou moins confortablement. Ce fut ce moment-là que choisit Ngor pour s’attaquer de but en blanc à la raison pour laquelle il l’avait réveillée. Il se racla la gorge puis entama la conversation :
—Après mûre réflexion, j’ai décidé de décliner l’offre du ministre. La difficulté que j’ai éprouvée ces derniers temps ne serait-ce que pour avoir quelques heures de sommeil paisible m’a prouvé encore plus que : « L'oreiller le plus confortable est une conscience tranquille1. » La mienne a été très troublée ces derniers temps.
—Ne me dis pas que tu vas laisser cette occasion de nous mettre à l’abri du besoin le restant de nos vies te filer entre les doigts, lui répondit sa femme en tournant son regard vers lui, les yeux un peu écarquillés.
—Ma décision est prise, et je la crois irréversible. En repensant depuis quelques jours aux énormes déclarations que j’ai pu faire au fil de ma longue carrière politique; aux positions que j’ai défendues lors de certains débats houleux à l’Assemblée nationale; aux leçons de morale que je n’ai eu de cesse de donner à mes enfants pour mieux les encourager et les aider à se mettre sur le droit chemin ; à l’amour qu’ils me portent et au modèle que j’ai toujours essayé de constituer pour eux ; à la déception que je risquerais de leur causer ; à l’incommensurable estime dont je jouis dans le quartier, aussi bien auprès de mes camarades de parti que de mes adversaires politiques, je me suis dit le jeu n’en vaudra pas la chandelle. Non, Ngor ne transhumera pas : il y a bien des choses que toutes les richesses du monde ne peuvent et ne doivent pas acheter.
Il y eut un moment de silence. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’il ne reprît la parole :
« De plus, je m’en voudrais à mort d’avoir attendu le crépuscule de ma vie pour faire tout le contraire de ce que j’ai toujours dit et/ou recommandé à mes enfants et à mes amis. Non, je ne serais incapable de faire face à la honte que mon ralliement au parti au pouvoir susciterait en moi.»
À ces mots, Ndoumbé répondit par une moue pour marquer sa désapprobation du choix de son mari. Elle était d’autant plus déçue que, deux jours auparavant, elle lui avait fait part de son point de vue sur le sujet, lequel était tout le contraire de ce qu’il était en train de lui raconter. Mais Ngor lui avait juste dit qu’il y réfléchirait.
— Tu viens de faire tomber à l’eau tous les projets que j’avais en tête. De quoi as-tu réellement peur, dis-moi? Je sais que les raisons que tu avances sont valables, mais il faut être réaliste : nous sommes au Sénégal. Dans ce pays, on fait souvent de la politique pour ses intérêts, les idées viennent après. À supposer qu’elles viennent. Fais le bilan de tes décennies d’engagement politique, tu n’y as presque rien gagné à part le salaire et les avantages que tu avais quand tu étais député. Maintenant, c’est toi-même qui contribues de temps à autre au financement de votre pauvre parti pour le maintenir en vie.
—Mon objectif a été toujours de servir la communauté plutôt que me m’enrichir indûment sur son dos. C’est très dangereux de faire de la politique juste pour s’enrichir - même si on peut y gagner quelque chose. N’oublie pas que je suis agriculteur, et que mon rêve a été toujours de voir triompher dans le pays les idées pour lesquelles nous nous battons depuis plusieurs années. De plus, si chacun fait de la politique pour ses intérêts, qui la fera pour celui peuple? Il faut que les mentalités changent dans ce pays si on veut aller de l’avant. On m’a souvent taxé d’idéaliste, mais c’est cela ma position.
—Détrompe-toi. Nous sommes au Sénégal. Je ne t’apprends rien. Tu as peut-être peur d’accepter la proposition du ministre à cause du qu’en-dira-t-on. Mais regarde le cas tous ces anciens opposants qui ont rejoint le parti au pouvoir. La nouvelle de leur ralliement a fait la une de certains journaux, alimenté les débats sur quelques chaînes de télévision et de radio pendant juste quelques jours puis les médias ont braqué leurs projecteurs sur autre chose. Ton cas ne serait pas différent. On oublie très vite dans ce pays. Ce qui a fait dire à un ancien président de la République, qui connaît bien notre société, que : « Nous Sénégalais et Sénégalaises avons du mal à nous souvenir de notre dîner de la veille». Ces anciens opposants jouissent maintenant tranquillement des nombreux avantages qui leur ont été offerts, dit Ndoumbé.
—Tu as raison : mon ralliement n’occuperait l’actualité que pendant quelque temps, mais que ferai-je de ma conscience qui m’accompagnera le restant de mes jours ? Je n’aurai nulle part où aller pour la fuir. De plus, comment affronterai-je tous les regards interrogateurs dont je ferai l’objet quand je me promènerai dans les rues ? Comment regarderai-je mes enfants et mes amis les yeux dans les yeux? Quelle image et souvenirs laisserai-je à la postérité? Tu sais, je ne suis plus jeune. C’est certainement à cause de cela que cette dernière question m’a beaucoup taraudé l’esprit.
—Tu t’accroches encore à je ne sais quelles valeurs. Le monde a changé, il faut évoluer avec lui. Lii politig kese la. Fii ci àddina bi la yem. Pense d’abord à tes intérêts avant de songer à quoi que ce soit d’autre. Def ni ñëp wala ñu bari.
—La dignité et l’honneur ne seront jamais passés de mode quand bien même la majorité des gens choisiraient le chemin de l’indignité et du déshonneur. Je ne veux juger personne, mais je sais que la décision que j’ai prise est la seule à pouvoir soulager ma conscience. Tu sais, j’ai beaucoup appris des différents cas des anciens opposants que tu as évoqués tout à l’heure. Tout ce qui a été dit sur eux dans différents médias m’a poussé à aller sur You tube pour visionner encore une fois certaines émissions télévisées dont j’étais le principal invité, des débats à l’Assemblée national auxquels j’ai participé et quelques-uns des meetings de notre parti. Ce que j’ai noté le plus en les regardant, c’est la récurrence de certains mots comme : éthique, déontologie, faire de la politique autrement, la vertu, lutte contre la transhumance, qui revenaient sans cesse dans mes différents discours. Donc, je me vois mal me lever un beau jour et poser un acte aux antipodes de ces maitres-mots. Non, Ngor ne transhumera pas. Demuma fenn. Gor laa. Te gor àttanul VAR
— Pourtant à 67 ans, cette proposition constitue une opportunité pouvant te permettre de te couler bientôt une retraite en or, reprit sa femme.
—C’est ce qui tu penses. Mais moi je vois les choses autrement. Du reste, de quoi ai-je besoin de plus à 67 ans sinon d’une fin de vie paisible ? Le temps qui me reste pour rejoindre ma tombe est beaucoup plus court que celui qui me sépare de mon berceau. J’ai une belle maison, une belle voiture, mes enfants étudient dans de grandes universités à l’étranger et je parviens tant bien que mal à subvenir à mes besoins grâce aux revenus que je tire de mes activités agricoles. Qu’est-ce que je demande de plus au Bon Dieu si ce n’est qu’Il raffermisse ma santé et m’accorde longue ? Non, l’argent et les autres avantages qu’on me propose ne valent pas ma tranquillité d’esprit. Qui plus est, un ralliement équivaudrait pour moi une certaine de liberté, car, pour les besoins d’un esprit d’équipe, je serais quelquefois obligé de faire des concessions, voire des compromissions et d’approuver en silence certaines choses que j’ai toujours combattues. Or, comme tu le sais, je tiens absolument à ma liberté. Je cherche à être cohérent avec moi-même et avec les idées que j’ai toujours défendues. Pour revenir aux propos de l’ancien président de la République auxquels tu as fait allusion tout à l’heure, je vais te compléter sa phrase: « (…) Nous ne croyons qu’à l’argent et aux honneurs. » Wax ji laluwul ndax ñëp yemeñu. Et c’est l’occasion pour moi de le lui prouver.
Déçue, Ndoumbé eut la certitude qu’elle ne pourrait jamais faire revenir son mari sur sa décision. Elle s’étira, bailla pour feindre une certaine fatigue : « On en reparlera à notre réveil. Je dois me reposer, car je suis très fatiguée, » avança-t-elle comme prétexte pour mettre fin à la discussion qui ne l’intéressait plus.
-S’il plaît à Dieu !
Sur ces mots, Ngor éteignit la lumière et posa sa tête sur son oreiller. Cette phrase de Victor Hugo lui revenait sans cesse à l’esprit avant qu’il ne parvînt finalement à trouver le sommeil vers l’aube : « Mieux vaut une conscience tranquille qu'une destinée prospère. J'aime mieux un bon sommeil qu'un bon lit. »
D’où nous vient le concept de Gauche/Droite ? Pouvons-nous être indépendants mentalement si nous continuons à nous gargariser de ces idéaux venus d’ailleurs ? Nos partis politiques traditionnels n’ont plus de sens
Depuis l’avènement du président Macky Sall, l’on entend de plus en plus d’acteurs du champ politique, en fonction de leurs intérêts crypto-personnels, plaider pour des retrouvailles de la grande famille libérale ou de la grande famille gaucho-socialiste.
En effet, d’où nous vient le concept de Gauche/Droite ? De ce fait, la Révolution française a donné naissance à ce concept. Et, à partir des années 1901, la vie politique française a commencé à se structurer autour des partis avec cette bipartition. Pouvons-nous être indépendants mentalement si nous continuons à nous gargariser de ces idéaux venus d’ailleurs ?
Depuis l’indépendance du Sénégal, nous avons vécu deux alternances démocratiques et, théoriquement, trois partis politiques se sont succédé au pouvoir : le Parti socialiste (PS) de 1960 à 2000 ; le Parti démocratique sénégalais (PDS) de 2000 à 2012 ; l’Alliance pour la République (APR) de 2012 à nos jours. Toutefois, en pratique, seul le PS a conquis le pouvoir et gouverné sans alliance ni coalition. Même s’il y a eu de temps à autre des gouvernements d’ouverture, l’on pouvait parler de régime de gauche ou socialiste tel que nous l’entendons. Néanmoins, le concept Gauche/Droite est-il un clivage encore pertinent au Sénégal ? N’est-il pas une grande mystification ?
En Science politique, le concept Gauche/Droite, du socialisme ou du libéralisme et, partant, les clivages qui en découlent, nous ont été légués par la civilisation occidentale du colonisateur. Ce concept a souvent été un sujet central qui anime le débat public. Aujourd’hui, les réalités ont beaucoup évolué suivant les pays, notamment ici en Afrique, plus particulièrement au Sénégal où ce clivage est défini par le positionnement des acteurs par rapport aux enjeux du moment. Si on retrouve parmi les valeurs qui fondent la Droite, la tradition, le conservatisme, la sécurité, la hiérarchie, la liberté, entre autres, à Gauche, on retrouve l’égalité, la solidarité, le progressisme, la révolution.
Entre ces deux pôles ou idéaux, d’autres enjeux nouveaux se sont greffés et viennent brouiller la donne ; on peut citer les questions de l’Environnement, de Genre, de Liberté, etc. Par ailleurs, l’histoire politique du Sénégal nous renseigne que deux grands courants, que sont le Socialisme (PS) incarné par Senghor et le Libéralisme (PDS) symbolisé par Wade ont dominé la scène politique sénégalaise. Cependant, à y voir de plus près, on peut conclure que le second est sorti des flancs du premier. En effet, le président Abdoulaye Wade fut un responsable du Parti Socialiste de Senghor avant de le quitter pour plus tard fonder le PDS qui se voulait un parti de contribution. Lequel parti de contribution évolua vers les idéaux du libéralisme.
En dépit de cela, il faut constater l’obsolescence des feuilles de route de ces principaux courants, face aux réalités du terrain et de l’heure. Par exemple, si Senghor avait théorisé un socialisme à hauteur d’homme, Sall, le Libéral ayant fait ses premières armes dans le milieu des partis de gauche, s’honore de beaucoup d’actions sociales inspirées du socialisme, comme les bourses familiales, le PUDC, entre autres.
Ainsi, plutôt que de parler de retrouvailles de la grande famille libérale, il me semble plus réaliste et judicieux de créer une voie médiane qui serait un creuset des valeurs humaines et idéologiques partagées des principales tendances de la sphère politique.
Le Sénégal est à la fois une communauté d’héritage et de destin. N’en déplaise aux nostalgiques et conservateurs, nos partis politiques traditionnels n’ont plus de sens. Si je prends le cas du Parti socialiste, celui-ci doit faire le deuil de son passé, évoluer, changer de métonymie et épouser les nouvelles dynamiques de la société sénégalaise. Le PDS de même.
Les Sénégalais ont déjà transcendé ces idéaux Gauche/Droite et font fi des partis politiques traditionnels. Pour ceux qui agitent les proximités idéologiques libérales, si leur plan avait marché, le président Macky Sall ne serait pas au pouvoir.
Le président Wade est arrivé au pouvoir avec l’appui des militants de gauche, même s’il s’en est débarrassé plutôt. Et avec l’actualité du moment, la dynamique Wallu (libéral)/Yeewi (plutôt gauche ?) sommes-nous dans une dynamique de retrouvailles de la grande famille libérale ?
Le peuple sénégalais a atteint sa maturité démocratique et préfère faire les urnes que les rues. Ainsi, ce peuple, sous la bannière de la coalition Benno Bokk Yaakaar – coalition ni exclusivement gauche, ni exclusivement libérale -, avait souverainement porté son choix, en 2012, sur le président Macky Sall. Et l’a réitéré en 2019 d’une manière beaucoup plus affirmée. Car tous les partis alliés ont investi le président Macky Sall comme leur candidat à l’élection présidentielle 2019.
Cette coalition Benno Bokk Yaakaar a une longévité inédite, et cela est dû à la fidélité des différentes parties prenantes, aux engagements souscrits, à la qualité des relations que le président Macky Sall entretenait avec ses alliés, mais surtout à l’esprit de solidarité, au sens élevé du devoir, au patriotisme ainsi qu’au souci premier de privilégier l’intérêt supérieur de la nation. Cependant, le président Macky Sall ne devrait pas prêter une oreille attentive à ceux qui le poussent à affaiblir ses alliés et compagnons de fortune, au profit de la soi-disant réunification de la famille libérale. Pour faire miens les propos de Guizot, attention à ne pas faire du pouvoir ce que l’avare fait de l’or ; il ne faudrait pas l’entasser pour le laisser stérile. L’art de gouverner consiste, non à s’approprier en apparence toute la force, mais à employer toute celle qui existe.
Certes, la Coalition politique Benno a vécu et commence à s’éroder et doit absolument se réinventer ; mais ne perdons pas d’esprit que la longévité de cette coalition, nous la devons à la clairvoyance du président Macky Sall qui a su habilement la sauvegarder en l'élargissant aux nouveaux partis et mouvements de soutien.
Ce coup d’érosion qu’amorce la Coalition Benno est dû, me semble-t-il, à trois principaux facteurs :
Le premier est lié indéniablement à la disparition d’illustres figures de cette coalition, notamment feux Ousmane Tano Dieng et Amath Dansokho ;
Le deuxième peut être attribué au coup de fatigue de certains de ses membres.
Le troisième peut venir du manque de solidarité et des guerres de positionnement de ses membres à la base. Le Benno marche à l'apex de la pyramide et boitille au soubassement de celle-ci.
Il reste à recréer une nouvelle dynamique et un nouveau souffle en initiant une nouvelle coalition politique qui mettrait l’accent sur la Mobilisation pour des Actions Républicaines et Citoyennes Taxawu Askane Wi.
Samba Aly Ba est Docteur en Science politique, Directeur de Cabinet de madame la présidente Aminata Mbengue Ndiaye, ancien Directeur de Cabinet du président Ousmane Tanor Dieng.
PAR Cheikh Anta Babou
L’ÉNIGME DU VOTE MOURIDE
Les mourides, en général, votent comme la majorité des Sénégalais. Pendant longtemps le ndigël était simplement un alibi pour masquer les fraudes massives avant l’adoption du code électoral consensuel de 1992
Le score fleuve réalisé par la coalition Wallu Sénégal dans le département de Mbacké lors des élections législatives (un écart de 72 998 voix) et la défaite historique de Benno Bokk Yaakaar malgré l’engagement de deux arrière petits-fils de Shaykh Ahmadu Bamba dont l’un était tête de la liste départementale a été surprenant. De même, lors des élections locales, certains observateurs ont été surpris par la victoire du bulletin blanc contre le maire de Tuuba, pourtant conduisant une liste officielle unique. Cependant, ceux qui observent le comportement de l’électorat mouride dans la longue durée ne sont pas surpris par ces situations qui, à première vue, peuvent paraȋtre paradoxales.
L’homogénéité de la communauté mouride et la propension du disciple à voter selon le bon vouloir du Shaykh et toujours pour le parti au pouvoir, des certitudes largement partagées par la plupart des chercheurs et des observateurs, relèvent plus du mythe que de la réalité. Un bref rappel historique nous en convaincra.
Dans les années trente, la confrontation entre Blaise Diagne et Ngalandou Diouf avait divisé la communauté mouride. Le Khalife Serigne Muhammadu Mustafa soutenait Blaise Diagne qui avait joué un rôle déterminant dans le contentieux entre la communauté mouride et l’entrepreneur français Tallerie soupconné d’avoir dilapidé les fonds destinés la construction de la grande mosquée de Tuubaa. Son oncle, Shaykh Anta Mbakke, par contre, soutenait Ngalandou Diouf. Cette position lui attira les foudres de Diagne qui le fera exiler à Ségou d’où il ne reviendra qu’après la mort de ce dernier en 1934. Cette même polarisation va se renouveler dans les 1950 avec la rivalité entre Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor. Le soutien déterminé et publique du deuxième Khalife des mourides, Serigne Falilu Mbakke, pour Senghor, n’était un secret pour personne. Serigne Shaykh Mbakke (Gaynde Faatma), fils aȋné du premier Khalife des mourides, par contre, était un ardent supportaire de Lamine Guèye. Serigne Moodu Maamun, le fils aȋné de Shaykh Anta, était également dans le camp de Lamine.
L’avènement de Shaykh Abdul Ahad, troisième Khalife des mourides, va changer la donne. Il aura des relations tendues avec Senghor. Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, les tensions entre le président de la République et le Khalife général des mourides, étaient dans le domaine publique. À côté du Khalife, Serigne Shaykh Mbakke, était un opposant actif au président Senghor, soutenant financièrement et moralement ses adversaires politiques comme Cheikh Anta Diop et mêmes les syndicalistes grévistes des années 60 and 70.
Il n’est pas étonnant que les premières localités gagnées par le PDS de Abdoulaye Wade dans le Bawol soient dans le fief de Daaru xudoos comme Taīf dont Serigne Shaykh était le leader. Durant les élections âprement disputées de 1988 où le Khalife des mourides soutenait Diouf, le pays mouride avait enrégistré un fort taux d’abstention de la part de disciples qui sympatisaient avec Wade mais préféraient ne pas désobéir à leur guide religieux. La politiste américaine Linda Beck, qui a fait des recherches sur les élections au Sénégal, d’ailleurs, suggère que Wade avait en realité, remporté les suffrages mourides et que le supposé triomphe de Diouf n’a été possible qu’à cause de la fraude massive facilitée par la loi électorale de l’époque qui ne garantissait pas des élections justes. La suite des événements semblent lui donner raison. Le score électoral du PDS dans le département de Mbacké et autres fiefs mourides ne cessera de progresser.
L’arrivée de Wade au pouvoir en 2000 lui permettra de consolider les acquis et pérenniser sa mainmise sur l’électorat mouride. Wade se présentera comme un mouride président et dévoué disciple au service de la Muridiyya. Il réussira à gagner l’admiration de la communauté mouride qui, malgré sa puissance économique et son influence culturel, se considérait, néanmoins, marginalisée dans la gestion des affaires de la nation. Son échec de 2012 était dû, en parti, à l’abandon de secteurs importants de la confrérie conduits par des shaykhs mécontents de la tentative du président Wade de vassaliser la confrérie et le danger que cela représente pour leur autorité et crédibilité face au peuple sénégalais. Les résultats des récentes élections locales et législatives montrent que ce désamour étai temporaire. Il y a donc bien une continuité dans le comportement électoral des disciples mourides. Mais ce comportement ne traduit pas l’unanimisme, une obéissance aveugle aux injonctions du Khalife ou un soutien constant au parti au pouvoir. Les mourides, en général, votent comme la majorité des Sénégalais. Pendant longtemps le ndigël était simplement un alibi pour masquer les fraudes massives avant l’adoption du code électoral consensuel de 1992.
Cheikh Anta Babou est Professeur d’histoire, Université de Pennsylvanie, USA.
L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a appelé mercredi les personnes infectées par la variole du singe à éviter d’exposer les animaux au virus, après un premier cas rapporté de transmission de l’être humain au chien.
L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a appelé mercredi les personnes infectées par la variole du singe à éviter d’exposer les animaux au virus, après un premier cas rapporté de transmission de l’être humain au chien.
Un premier cas de transmission de la variole du singe de l’être humain au chien a été rapporté la semaine dernière dans le journal médical The Lancet – deux hommes contaminés qui ont transmis le virus à leur lévrier à Paris.
« C’est le premier cas rapporté de transmission de l’être humain à l’animal (…) et nous pensons que c’est la première fois qu’un chien est infecté », a commenté auprès de journalistes Rosamund Lewis, responsable technique à l’OMS pour la variole du singe.
Les experts, a-t-elle dit, étaient conscients du risque théorique de ce type de transmission et savent que les agences de santé publique ont déjà prévenu les personnes infectées de « se tenir éloignées de leurs animaux domestiques ».
Elle a néanmoins souligné que la « gestion des déchets est essentielle » pour réduire le risque de contamination de rongeurs et autre animaux en dehors du foyer domestique.
Lorsqu’un virus franchit une barrière entre espèces, cela suscite souvent de l’inquiétude concernant une mutation possiblement plus dangereuse. Mais selon Mme Lewis, aucune information à ce stade ne permet de dire que c’est le cas concernant la variole du singe.
« Il est néanmoins certain que dès que le virus se déplace dans un autre environnement touchant une autre population, il y a évidemment une possibilité qu’il se développe différemment et mute différemment », a-t-elle dit.
La principale préoccupation concerne les animaux vivant en dehors du foyer domestique.
« La situation la plus dangereuse survient lorsqu’un virus se déplace dans une petite population mammifère avec une forte densité d’animaux », a indiqué aux journalistes le directeur des situations d’urgence à l’OMS, Michael Ryan.
« C’est à travers le processus d’un animal infectant le suivant et le suivant et le suivant que l’on voit une rapide évolution du virus », a-t-il souligné.
Selon lui, il y a peu d’inquiétude à avoir concernant les animaux domestiques. « Je ne pense pas que le virus évolue plus vite avec un seul chien qu’avec une seule personne », a-t-il estimé, ajoutant que si « nous devons rester vigilants, les animaux de compagnie ne sont pas un risque ».
Selon le dernier bilan de l’OMS, 31.665 cas de variole du singe, dont 12 décès, ont été recensés dans le monde.
L’OMS a déclenché le 24 juillet le plus haut niveau d’alerte, l' »urgence de santé publique de portée internationale », pour renforcer la lutte contre la maladie.
ABDOULAYE WADE SE PRONONCE SUR LA SUITE
Me Abdoulaye Wade s’est félicité des résultats obtenus par l’inter coalition qui leur a donné globalement 80 sièges à l’Assemblée nationale. Le président Abdoulaye Wade a par ailleurs remercié le directoire de campagne de la coalition Wallu Sénégal
Me Abdoulaye Wade s’est félicité des résultats obtenus par l’inter coalition qui leur a donné globalement 80 sièges à l’Assemblée nationale.
Le président Abdoulaye Wade a par ailleurs remercié le directoire de campagne de la grande coalition Wallu Sénégal et ses autres partenaires de l’opposition, notamment Yewwi Askan Wi : « Durant ces dernières élections législatives notre parti le PDS n’a ménagé aucun effort pour se déployer à tous les niveaux et je vous demande de rester concentrés sur l’essentiel à savoir la massification du Parti et notre ancrage dans l’opposition. Nous ne devons pas nous laisser divertir par des personnes qui cherchent à nous désunir pour casser le formidable élan et la nouvelle dynamique née de la victoire de l’alliance Wallu-Yewwi au soir des élections législatives du 31 juillet 2022 », lit-on sur le communiqué signé par le secrétaire général, Me Abdoulaye Wade.
Les opérations de vente des cartes du Parti qui avaient démarré sur l’ensemble du territoire national, avaient été suspendues provisoirement pour les besoins de la campagne électorale. Ainsi, Me Abdoulaye Wade invite à reprendre les opérations ainsi que celles de vente des cartes du parti et de renouvellement des structures dans toutes les sections et fédérations du Parti. En conséquence, il instruit le Secrétaire National chargé des Structures et des Mouvements de Soutien, Président de la Commission nationale de vente des cartes et de renouvellement des structures, de relancer les opérations, de remobiliser les superviseurs et les commissaires politiques pour reprendre les opérations à partir du 1er Septembre 2022 dans toutes les sections communales des fédérations du PDS.
AFFAIRE VIOL, BENJAMIN MENDY ENFONCÉ
Ne le dis à personne et tu pourras revenir ici toutes les nuits": le jury au procès de Benjamin Mendy au Royaume-Uni a entendu jeudi le poignant témoignage d’une victime présumée, qui a affirmé avoir été violée plusieurs fois par l'international français
"Ne le dis à personne et tu pourras revenir ici toutes les nuits": le jury au procès de Benjamin Mendy au Royaume-Uni a entendu jeudi le poignant témoignage d’une victime présumée, qui a affirmé avoir été violée plusieurs fois par l'international français malgré ses refus répétés.
Dans un enregistrement diffusé au procès à Chester, près de Liverpool, la jeune femme de 20 ans a raconté avoir rencontré Mendy et des amis dans un bar à proximité de la maison du footballeur, en octobre 2020, et avoir accepté de s'y rendre ensuite.
Sur place, alors qu'elle consultait son téléphone, Mendy s'en est emparé, l'accusant d'avoir pris des photos de lui, selon elle.
Elle l'a alors poursuivi dans la maison, jusqu'à sa chambre dont l'ouverture se déclenchait par empreinte digitale. La porte s'est refermée derrière eux.
"Écoute, je veux mon téléphone, je ne sais pas à quoi tu penses. Je ne veux pas faire l'amour avec toi", s'est-elle rappelé avoir dit. La réponse du joueur, selon elle: "de toutes façons, la porte est fermée à clé".
De même source, Mendy l'a ensuite forcée à se déshabiller et l'a violée trois fois en une vingtaine de minutes, malgré ses refus répétés: "je ne veux pas faire ça (...) il faut que je parte".
"Mon corps était si tendu, j'avais très mal", s'est-elle souvenu, disant avoir saigné après ces rapports contraints.
Elle a assuré que Mendy, après les viols, l'avait traitée de "timide", s'était vanté d'avoir eu des rapports avec "10.000 femmes" et avait essayé d'obtenir son silence en échange d'un retour les jours suivants.
"Comme si cela avait été un privilège de venir tous les soirs faire ça avec lui", a ajouté la jeune femme.
- "J'ai dit non" -
"J'ai dit non plein de fois, c'est ça qui me met vraiment en colère", a ajouté celle qui a porté plainte trois semaines plus tard, après avoir parlé à ses proches et à des professionnels spécialistes de l'accueil des victimes de violences sexuelles.
Le lendemain des viols dont elle accuse Mendy, la jeune femme a dit avoir reçu un message Snapchat du joueur, avec une série de points d'interrogation.
Benjamin Mendy est jugé au côté d'un autre homme, Louis Saha Matturie - sans rapport avec l'ancien footballeur Louis Saha -, poursuivi pour huit viols et quatre agressions sexuelles sur huit femmes entre juillet 2012 et août 2021. Comme Mendy, il a plaidé non coupable.
La victime présumée entendue jeudi a affirmé que Matturie, membre de l'entourage de Mendy, lui avait aussi écrit le lendemain via message sur son téléphone: "Est-ce que tu vas bien? Appelle-moi, qu'on discute".
Elle n'a pas répondu mais pris des captures d'écran, avant de bloquer les numéros, selon elle.
Âgé de 28 ans, le défenseur français, suspendu depuis un an par Manchester City, comparaît pour huit viols, une tentative de viol et une agression sexuelle contre sept femmes.
L'accusation l'a présenté comme un "prédateur" ayant abusé de victimes "vulnérables, terrifiées et isolées".
Les dix chefs d'accusation retenus contre lui concernent des faits qui se seraient déroulés entre octobre 2018 et août 2021 à son domicile de Prestbury, dans le Cheshire. Il risque la prison à perpétuité.
Le procès très médiatisé qui se déroule à la Crown Court de Chester doit durer plus de trois mois.
Par Moussa Sagna
BASSIROU NDIAYE, UN ROI INCONNU
Dix neuf buts restent encore le record absolu qu’un joueur ait marqué dans le championnat Sénégalais de football de première division depuis son démarrage en 1960.
Dix neuf buts restent encore le record absolu qu’un joueur ait marqué dans le championnat
Sénégalais de football de première division depuis son démarrage en 1960.
L’auteur de cette performance jamais égalée n’est autre que BASSIROU NDIAYE, aujourd’hui cinquantenaire ex sociétaire du Casa Sports et qui vit aujourd’hui en France avec sa famille.
Le monde sportif Sénégalais qui tourne autour du ballon rond semble méconnaître l’homme
qui a fait rêver toute la verte Casamance, avec une génération de footballeurs supers doués
parmi lesquels on peut citer : Ousmane Ndiaye « compliqué » le frère de l’autre, le défunt
Jules François Bocandé, Demba Ramata Ndiaye, Abdoulaye Gassama, Mody Ba, Ibrahima
Solo Gassama, Mamadou Teuw etc…
Le trône que l’ancien canonnier de l’équipe de foot du sud occupe depuis 1979 a perdu de
sa splendeur parce que son actuel occupant est un illustre inconnu dans le milieu sportif
Sénégalais.
Une grande enquête nous révèle que ce record historique du roi est injustement méconnu
aussi bien par les anciens férus de foot que par la nouvelle génération.
Nous pensons que cette méconnaissance est surtout due à la simplicité, la modestie et la
très grande discrétion de l’homme.
Nous estimons avec une grande conviction que cela ne puisse être une raison pour ranger
aux oubliettes une si grande performance.
Pour paraphraser l’autre, nous dirons : « Rendons á Bassirou, ce qui appartient á Bassirou ».
Nous essayerons de mieux connaître l’homme en l’acculant jusque dans ses derniers
retranchements.
Un voyage dans son nouveau monde s’impose.
Une belle opportunité sera donnée á ses anciens partenaires qui vivent dans l’hexagone de parler de lui sans passion et nous raconter ces moments où, ensemble, ils ont créé les
beaux jours de l’équipe fanion de Ziguinchor.
Bassirou Ndiaye nous parlera de sa carrière, de ses secrets de buteurs hors pair,
d’anecdotes les plus invraisemblables, de ses joies et regrets mais aussi de ses précieux
conseils á la génération nouvelle.
Le roi Bass nous révèlera enfin les vraies raisons des graves affrontements qui ont entachés cette fameuse “finale á oublier” de coupe nationale perdue contre la Jeanne d’Arc de Dakar en 1980.
Nous découvriront comment sa tentative de monnayer ses talents hors de son pays à
répondu á sa grande ambition.
Il nous parlera de ses joies et regrets mais surtout de ses activités après sa carrière de
footballeur.
Que dira t-il sur la nouvelle génération qui peine á lui trouver un successeur ?
Son mot sur cette manque de reconnaissance á son égard et ses impressions sur le
pourquoi du bégaiement du football Sénégalais sur le plan international, entre autres sujets
importants seront débattus sans états d’âme.
Il serait également judicieux d’approcher sa région natale afin de faire parler ses proches et
ceux qui l’ont connu et admiré.
Occasion nous sera donnée de plonger dans les profondeurs de la Casamance mystiques et
mythiques pour parler des pratiques occultes dans le foot.
Les dirigeants et entraîneurs du Casa Sport et des autres clubs de la capitale nous parleront
de Bassirou Ndiaye .
Nous irons á la rencontre et á la découverte des légendaires supporters “Allez Casa”
récemment couronné par le prix du Fair-Play lors de la 24ème édition du Glo Awards-Caf.
Lauréat du prix fairplay Albert Eboss 2015.
Nous ferons parler les populations de la région du sud pour jauger le niveau de popularité de
cet ancien buteur à qui tout le Sénégal du football cherche désespérément un successeur.
Nous irons á la rencontre d’anciens sympathisants de l’équipe de foot du sud qui ont été témoins de l’épopée du roi « Bass Tengal » (son surnom)
Avec ce documentaire, nous osons espérer rétablir un devoir de souvenir et de mémoire afin que ce roi des goleadors Sénégalais soit connu et reconnu comme étant celui, en une seule année, qui a marqué un but dans presque tous les stades du Sénégal.
Le roi est vivant.
MARIE KHEMESS NGOM SUIT LES EVACUES DE DANTEC
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye, procéde ce jeudi 18 août 2022, à une visite des structures d’accueil des différents services de l’hôpital Aristide le Dantec en reconstruction.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye, procéde ce jeudi 18 août 2022, à une visite des structures d’accueil des différents services de l’hôpital Aristide le Dantec en reconstruction. A la tête d’une délégation, elle a été accueillie, sous une fine pluie, à l’hôpital Dalal Jamm, première étape de la visite, à 11 heures par les équipes du Directeur de l’hôpital, Moussa Sam Daff. Après des mots d’encouragement au personnel d’accueil, elle a été reçue par le Pr Abou BA, pédiatre. Qui lui a signalé qu’après "un début difficile" le lundi, 15 août, "les automatismes" se sont finalement installés. Le constat a été fait que si des accompagnants de malades semblent agacés, ce n’est pas le cas de Khady Seck, au chevet de sa fille malade. " Être parent de malade, ce n’est pas du tout facile. On est là depuis lundi mais je sens que ma fille se porte mieux. Elle ne mangeait pas depuis quatre jours mais à notre arrivée, on l’a bien prise en charge. Franchement, je suis soulagée", souffle-t-elle. La visite se poursuit.