SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
18 juin 2025
UN GAP DE 58 000 POCHES DE SANG À COMBLER
Malgré les mobilisations actives de collecte de sang, le Sénégal peine toujours à faire face à un gap énorme de 58 000 poches par rapport à ses besoins annuels de 170 000 poches.
Malgré les mobilisations actives de collecte de sang, le Sénégal peine toujours à faire face à un gap énorme de 58 000 poches par rapport à ses besoins annuels de 170 000 poches. D’où la nécessité de renforcer la communication et la sensibilisation pour pouvoir attirer plus de donateurs mais aussi les accompagner dans le sens de leur fidélisation afin de continuer à sauver des vies en détresse ou améliorer la santé de certains patients.
En 2020, le Sénégal avait un déficit de 65 000 poches de sang sur un objectif de 170 000 dons. Il n’avait en effet collecté que 105 000 poches. L’année suivante, 7000 poches de plus ont pu être collectées. Soit 120 000 d sur un besoin annuel estimé à 170 000.
En 2021, seules 112 000 poches de sang ont été collectées. D’où un gap de 58 000 poches à combler malgré les efforts déployés au niveau de chaque région. A Saint Louis, par exemple, la banque de sang a collecté 3463 poches en 2021.
Cette année, elle en est à un peu plus de 2500 poches, selon la responsable du laboratoire régional de la banque de sang de Saint Louis, Pr Seynabou Lô. « En 2021, on a eu à collecter 3463 poches auprès des donneurs qui viennent au centre et grâce aux sorties effectuées au niveau des localités. On reçoit à peu près 6 à 10 donneurs par jour. Parfois, on a une à deux sorties par semaine. On collecte dans les 60 à 80 poches», a-t-elle fait savoir tout évitant de parler de déficit au niveau local.
Elle préfère plutôt dire que «la banque ne dispose pas d’un stock conséquent». De ce fait, les demandes sont satisfaites. «Actuellement, la banque est assez fournie. Mais si on a d’autres poches, on va renforcer le stock». Pr Lô souhaite que sa «banque» soit renflouée davantage pour pouvoir parer à toute éventualité dans cette région du nord. Au niveau national, de manière générale, la situation reste encore préoccupante malgré les mobilisations collectives actives organisées au niveau national au cours de cette année. Le nombre de donneurs de sang est insuffisant à cause des croyances socio-culturelles. Beaucoup de Sénégalais n’ont pas aussi assez de temps pour prendre une heure de leur journée afin de donner du sang.
Ces freins économiques s’ajoutent au barrage socio-culturel persistant, selon le directeur du Centre national de Transfusion sanguine, Dr Saliou Diop, qui estime le besoin annuel à 170 000 dons. Malheureusement, dit-il, «nous ne récoltons pas plus de 120 000. Il y a un gap de 35 %». D’où son appel à la sensibilisation de la population. C’est d’ailleurs tout le sens de la journée internationale du donneur de sang célébrée le 14 juin de chaque année. L’objectif est de faire connaitre, à l’échelle mondiale, le besoin en sang et en produits sanguins sûrs aux fins de transfusion. Mais surtout sensibiliser à la contribution essentielle des donneurs de sang volontaires. Ce, pour aider à sauver des millions de vies et améliorer chaque jour la santé et la qualité de vie de beaucoup de patients.
Mais en dépit des mobilisations actives pour pouvoir traverser les périodes de faibles moissons, l’accès au sang pour tout patient qui en a besoin n’est pas possible quelquefois. «En principe, c’est le sang qui devrait attendre les patients. Mais s’il n’y a pas assez de donneurs dans les hôpitaux, les patients vont attendre. Sinon, on mobilise les parents des patients pour venir donner de leur sang. Ce qui non seulement retarde la prise en charge mais fausse surtout l’esprit de la prise en charge en urgence», explique le directeur du Cnts, Dr Saliou Diop dont le message traduit l’importance du don de sang. D’autant que les besoins en sang sont de plus en plus importants au Sénégal, d’après le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Alassane Mbengue considère que les cas de maladies chroniques comme le cancer, l’insuffisance rénale, la drépanocytose, l’hémophilie, ... sont en constante progression alors que leur prise en charge requiert une transfusion sanguine. «Le défi est donc énorme puisque le Sénégal n’a prélevé que 112 000 poches en 2021 pour un besoin estimé à 170 000.
Un gap important à combler pour sauver le maximum de vies possible», a-t-il indiqué en parlant du fardeau des maladies non transmissibles. D’où son invite à l’endroit des Sénégalais à accomplir le geste de don de sang. «Les donneurs et les populations de manière générale seront sollicités pour un don volontaire. Le Centre national de Transfusion sanguine et les autres structures ont fortement besoin de ces dons pour traiter les patients qui n’attendent que ces gestes citoyens pour pouvoir survivre. Chaque individu devra inciter ses amis, les membres de sa famille, l’ensemble de ses connaissances à accepter de prendre 30 minutes pour un don de sang et contribuer ainsi à sauver des vies» a exhorté M. Alassane Mbengue.
Le secrétaire général du ministère de la Santé s’est dit convaincu que l’accroissement national de poches de sang dépend de l’implication de tous pour une amélioration des conditions de vie des malades. On a beau sensibiliser mais la problématique de la collecte de sang persiste et les gens sont encore réticents. Les donneurs entendent mettre en place des stratégies pour surmonter ces réticences.
C’est le cas à Sédhiou où l’Association régionale a prévu des actions fortes pour avoir du sang en permanence. «Nous pensons qu’un plan qui devrait pouvoir couvrir toute l’année et permettant d’approvisionner la banque de manière régulière et permanente pourrait permettre de faire face à cela. Ce plan consistera à aller vers toutes les communes et faire un maillage de toute la région. Les équipes médicales pourront se déplacer à des dates bien précises pour aller collecter du sang», indique Alpha Oumar Bâ, président de l’association régionale des donneurs bénévoles de sang de Sédhiou. Pr Seynabou Lô de la banque de sang de Saint Louis plaide pour un renforcement de la communication, de la sensibilisation pour pouvoir capter plus de donneurs mais aussi les fidéliser pour leur permettre de donner trois à quatre fois de leur sang dans l’année.
Pour sa part, le président de l’Association nationale des Donneurs bénévoles de Sang (Anobes), Thierno Leconte Seck, invite les autorités à doter les centres en matériels surtout par rapport à la conservation. «Dans la transfusion sanguine, s’il n’y a pas de poches, s’il n’y a pas de réactifs, on ne peut pas faire de don de sang. Ces poches et réactifs sont achetés à la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna).
Le Cnts n’a pas ce problème, contrairement aux hôpitaux de l’intérieur du pays qui gèrent les banques de sang. Tous ces problèmes existent. Nous avons du stock de sang qui est à gérer qui n’a qu’une durée de vie de 35 jours, au-delà, c’est incinéré, on va l’amener à Fann et c’est terminé», a-t-il exposé comme doléances.
LE CHEF DE SERVICE MAINTENANCE DE L’HOPITAL SY DABAKH ENVOYÉ EN PRISON
Après l’arrestation de la sage-femme et de l’aide infirmière c’est au tour du chef de service de maintenance d’être envoyé en prison
Du nouveau dans l’affaire des 11 bébés décédés dans un incendie au service de néonatalogie de l’hôpital Mame Abdoul Aziz Sy de Tivaouane. Après l’arrestation de la sage-femme et de l’aide infirmière c’est au tour du chef de service de maintenance d’être envoyé en prison.
En effet, le chef du service de maintenance, Fodé Dione, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt, hier, par le juge d’instruction près le tribunal de grande instance de Thiès. Il est poursuivi pour le délit d’homicide involontaire.
Pour rappel, deux agents de garde, notamment la sage-femme et l’aide-infirmière, ont été envoyées en prison la semaine dernière par le magistrat instructeur.
AU SEIN DES NATIONS-UNIES, LES NOIRS AFRICAINS SONT VICTIMES DE RACISME SYSTÉMIQUE
Docteur en psychologie cognitive et spécialiste du Développement de la Petite Enfance, Ibrahima Giroux est un Sénégalais bon teint
Docteur en psychologie cognitive et spécialiste du Développement de la Petite Enfance, Ibrahima Giroux est un Sénégalais bon teint. Ex-chargé de programme Petite enfance à Unicef-Sénégal (2018-2022) et ancien président de l’Association du Personnel sous-régional, Ibrahima Giroux vient d’être licencié par Mme Hannan Sulieman, Directrice exécutive adjointe chargée de la gestion des Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) basée à New-York. Ce, pour avoir trop dénoncé voire trop parlé comme disent les Ivoiriens. Il a débarqué au pas de charge dans les locaux du « Témoin » pour mettre à nu un système onusien gangrené par un racisme dont sont victimes les Noirs particulièrement les Noirs africains ! Entretien exclusif avec un ancien fonctionnaire onusien qui n’a pas sa langue dans sa poche.
Témoin : Pour quelles raisons avez-vous été licencié du système de l’Organisation des Nations unies (Onu) ?
Ibrahima Giroux - J’ai été licencié du système de l’Organisation des Nations-Unies (Onu) pour avoir pris mon courage et ma dignité à deux mains en dénonçant les cas de racisme dont les Noirs africains y sont victimes. J’ai aussi dénoncé la haine et la ségrégation raciale au sein de l’Unicef-Sénégal dont sont aussi victimes les Noirs africains que nous sommes. Malheureusement, toutes mes plaintes et autres lettres de dénonciation de cas de racisme destinées au Secrétaire général des Nations Unies, M. Antonio Guterres, ont été bloquées voire purement censurées par Mme Hannan Sulieman, Directrice exécutive adjointe chargée de la gestion du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef). Non contente d’avoir censuré mes courriers, Mme Hannan Sulieman m’a arbitrairement licencié. Donc vous conviendrez avec moi que la dame m’a licencié pour avoir dénoncé le racisme systémique et la ségrégation raciale au sein de l’Onu, et particulièrement l’Unicef-Sénégal.
Comment Mme Hannan Sulieman a-t-elle réussi à déclencher la procédure de votre licenciement ?
D’abord, elle m’a envoyé en congé forcé de deux mois. Avant même la fin du congé, elle m’a coupé l’internet c’est-à-dire l’accès aux réseaux professionnels de l’Unicef. Ensuite, elle m’a interdit l’accès au bureau de l’Unicef avant de couper mon salaire. C’est ainsi que j’ai été viré sans aucune lettre motivant ce licenciement. Et pourtant, le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, ne cesse d’inviter les peuples à combattre le racisme sous toutes ses formes. Ce alors sa propre Organisation pratique la discrimination et le racisme à outrance. Ce sont des discours biaisés.
Comment avez-vous intégré l’Unicef ?
D’abord, permettez-moi de rappeler que j’ai travaillé au ministère sénégalais de la Petite enfance en qualité de conseiller technique. J’ai aussi travaillé comme consultant à la Banque Mondiale, à la Koica et à l’Agence Coréenne pour la Coopération Internationale. Compte tenu de mon parcours professionnel et mon expérience, j’ai postulé avec succès au système des Nations Unies. C’est ainsi que j’ai intégré l’Unicef - Sénégal en 2017. Et dès novembre 2019, j’ai été élu Président de l’Association du personnel avant d’occuper plusieurs postes de seconde zone contrairement aux « Blancs » européens, américains et autres asiatiques. Et le 28 janvier 2022, j’ai été licencié alors que mon contrat devait prendre fin 31 décembre 2022. Avant d’intégrer le système des Nations Unies, certains de mes ainés m’avaient pourtant averti que je regretterai un jour d’avoir rejoint l’Unicef à cause du racisme endémique et systémique qui y sévit. Aujourd’hui, l’histoire leur a donné raison parce que mes frères africains et moi avons subi toutes sortes d’actes de racisme. Comme partout dans les bureaux et organisations de l’Onu, les Noirs, particulièrement africains, sont réduits à leur plus simple expression « négrière ». Malgré leurs diplômes et leurs compétences, ils ne sont que des faire valoir. Durant les années passées au sein de l’Unicef, je n’ai cessé de dénoncer le racisme, la haine et la ségrégation raciale à travers des courriers adressés aux chefs d’Etat africains. Des plaintes et complaintes pour que nos dirigeants africains défendent leurs compatriotes onusiens tout en ayant un droit de regard sur les postes insignifiants qu’ils occupent depuis la création de l’Onu. Malheureusement, aucun chef d’Etat africain n’a eu à évoquer le racisme au cours d’une Assemblée générale des Nations Unies à New-York. Souhaitons que cette année, le président Macky Sall, en sa qualité de président de l’Union africaine, dénonce et condamne les cas de racisme isolés ou flagrants dont sont victimes les Noirs particulièrement les Noirs africains. D’ailleurs, le président Macky Sall aura, demain jeudi, l’occasion de faire un réquisitoire contre le racisme lors de la journée internationale de l’enfant africain que l’Unicef va célébrer. Une fête en mémoire des jeunes de Soweto injustement assassinés par le régime criminel de l’Apartheid en Afrique du Sud. Ce alors que l’Unicef fait pire que l’Apartheid. Parce que du temps de l’Apartheid, les Noirs résistaient, mais à l’Unicef, il n’y pas de résistance. Car toute résistance, même verbale, provoque un licenciement.
Comment jugeriez-vous l’expérience que vous avez vécue à Unicef ?
Une organisation toxique ! Aucune des organisations que j’ai pratiquées n’égale l’Unicef en termes de toxicité, et en hypocrisie institutionnelle et en racisme systémique anti-Noirs. Les termes mêmes utilisés pour désigner les fonctions rappellent tragiquement l’esclavage et la colonisation. On a des « chefs » de Section Occidentaux surpuissants mais parmi les moins qualifiés. Pour rester en phase avec l’injustice et le racisme, qui sont paradigmatiques et inscrits dans l’Adn de Unicef, ils sont obligés à n’importe quel prix de se persuader qu’ils doivent nous être supérieurs. Dans cet agenda de domination raciale, ils génèrent et maintiennent la peur et la convoitise, bafouent la dignité humaine des staffs noirs et se prennent des photos avec nos plus hautes autorités. Je n’ai jamais vu l’hypocrisie érigée à ce point en modèle de management qu’au sein de l’Unicef.
Pouvez-vous nous donner une petite idée attestant le racisme systémique au sein de cette organisation onusienne ?
De nombreux cas, j’en ai vus et vécus ! Car le racisme au sein de l’Onu en général est un système parfaitement bien huilé de destruction de vies en toute impunité. J’aime à citer le Secrétaire Général des Nations-Unies, M. Antonio Guterres, qui disait ceci le 17 novembre 2020 : « Une grande partie du racisme actuel est profondément ancrée dans des siècles de colonialisme et d’esclavage.....Soyons honnêtes : nous avons parfois été lents à reconnaître l’existence du racisme au sein des Nations Unies...» Le rapport global 2021 contre le racisme et la discrimination raciale à l’Unicef relate des cas de racisme anti-Noirs. Par exemple, vous entendrez leur faux argument, ils diront que les internationaux sont minoritaires en pourcentage du personnel. En réalité, il faut regarder le pourcentage d’occidentaux aux postes de décision stratégiques. Plus de 90 % des postes de décision sont occupés par des non-Africains et aucun Africain noir n’est à un poste de décision stratégique. Vous verrez aussi une surprésence des Français dans les postes de décision stratégique des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. On dirait que nous sommes dans des territoires sous colonisation française. Au bureau de l’Unicef-Sénégal situé aux Almadies (Dakar), je peux vous citer l’exemple d’une insultante discrimination dans laquelle une collègue sénégalaise a été déplacée de son bureau au 3ème étage vers un bureau au 2ème étage. Pendant tout le temps qu’elle était au 3ème étage, elle avait demandé en vain qu’on lui mette la clim car c’est un bureau sans fenêtre. Une fois la sénégalaise « noire » déplacée, le management a installé un international « blanc » dans ce bureau du 3ème en prenant soin d’y installer une climatisation de fort turbo. Je peux également vous citer le cas le plus dramatique. Il concerne le Chef de la Section Communication, un Djiboutien qui a été méthodiquement attaqué par la représentante, ses adjoints et les chefs de section Education et Protection. La chef de Section Protection « Une européenne » se permettait même d’aller vers les collègues de la Communication pour leur dire que leur chef à savoir le Djiboutien était un incapable. Je suis témoin de cette triste scène. Donc, un solide mécanisme qui maintient le racisme depuis le bureau de l’Unicef à New York. Le secrétaire général de l’Onu est-il vraiment au courant de ces actes de racisme ? Au delà du Secrétaire général de l’Onu, mêmes les dirigeants africains sont informés. Malheureusement, toutes les plaintes sont délibérément censurées. Cela assure une parfaite impunité aux managers occidentaux dans leurs crimes. Pour preuve, le 26 novembre 2020, mes frères africains m’ont délégué pour signaler des cas de malversations financières, de discrimination, de harcèlement et d’abus d’autorité. Jusque-là, nous n’avons eu aucune réponse de la part du Bureau de l’Audit Interne et des Investigations. La situation a continué d’empirer dans le bureau de l’Unicef-Sénégal avec une représentante qui use très habilement du mensonge, de l’hypocrisie et de la manipulation.
Qu’avez-vous tenté pour mettre un terme au racisme ?
Nous avons travaillé sur trois axes à savoir écouter et coacher le personnel et recenser les cas d’abus et de discrimination, discuter avec le management pour trouver des solutions sérieuses et interagir avec la Direction Exécutive de Unicef New York pour des solutions définitives et dissuasives. Je suis docteur en Psychologie et je me suis employé méthodiquement à écouter et recenser les cas de discrimination, d’abus et de harcèlement. J’ai organisé des séances de speak-up pour libérer la parole en public et redonner de la confiance aux collègues. Il était important pour moi que mes collègues sachent qu’il y a un monde bien plus grand hors de l’Unicef et de tout le système des NationsUnies. L’Afrique est plus grande que l’Unicef et tout le système des Nations-Unies. Dieu est plus Grand que l’Afrique. Nous avons discuté plus d’une dizaine de fois avec le management pour mettre un terme à la discrimination. Nous avons montré ce que le staff vit et l’insécurité émotionnelle et psychologique qui règne au bureau surtout chez les nationaux aux contrats précaires. Nous avons demandé une enquête indépendante sur la gestion du bureau et la représentante s’y est opposée contre l’avis favorable du directeur des opérations qui, à cette époque, ne s’était pas encore compromis dans les forfaitures du bureau comme il l’est aujourd’hui. J’ai moi-même donné l’exemple en dénonçant les abus et en bloquant les forfaitures planifiées par le management pour prendre en otage l’élection du bureau de l’Association du personnel. Nous les avons contraints à se conformer à la constitution de l’Association. C’était l’Appel de Dakar…
Qu’est-ce que l’Appel de Dakar a donné ?
Une sanction et c’est moi qui ai été sanctionné. En moins de deux mois après l’appel de Dakar, j’ai été fait l’objet d’une mise en accusation pour antisémitisme et mauvaise conduite. L’antisémitisme concerne un post que j’ai fait pour dénoncer les crimes odieux des soldats Israéliens sur les femmes et les enfants palestiniens. La mauvaise conduite concerne une image du président Emmanuel Macron que j’ai reprise dans le contexte où il a insulté la foi de milliards de Musulmans avec les caricatures du Prophète Mohamed (PSL). J’ai été sanctionné et j’ai perdu de manière permanente un tiers de mon salaire. En novembre 2021, j’ai demandé que le président de la République du Sénégal Macky Sall et l’ensemble des présidents des pays africains prêtent une meilleure attention à la situation de leurs nationaux dans les organisations internationales. Là également, j’ai été sanctionné de deux mois de congés forcés. J’ai été interdit de tout accès au bureau sous prétexte que ma présence était nuisible à l’harmonie du bureau.
Pourquoi les Africains vont-ils travailler dans ces agences du Système des Nations-Unies malgré ce racisme systémique ?
Les Nations-Unies n’appartiennent pas aux pays occidentaux. Il est tout à fait normal que les Africains qui ne sont pas recrutés dans les postes stratégiques dans leurs pays pour diverses raisons, servent dans une organisation qui est censée défendre les droits humains. Cependant, il est clair que l’Afrique nouvelle n’a pas vocation à garder éternellement l’Unicef. Une génération arrivera sans aucun doute et remerciera courtoisement l’Unicef. Elle lui fera comprendre que l’Afrique se suffit à elle-même pour éduquer ses enfants. Pourquoi n’y a-t-il pas Unicef en France et dans d’autres pays développés ? D’ailleurs, dans le programme Education de l’Unicef, il y a un agenda voire un module caché que les décideurs Onusiens voulaient promouvoir, mais aucun fonctionnaire n’ose l’exécuter au Sénégal, un pays musulman. Il faut savoir que la contribution de l’Unicef dans la prise en charge des enfants sénégalais est parfaitement marginale comparée à ce que l’Etat et le parent sénégalais investissent sur leurs enfants. La seule contribution significative est liée à l’expertise technique de nos compatriotes qui y travaillent. On a accepté ces organisations chez nous comme si cela va de soi et on n’envisage pas notre futur sans elles. La réalité est tout autre.
Maintenant que comptez-vous faire suite à votre licenciement ?
Je vais déposer une plainte contre l’Unicef pour licenciement abusif. Je le ferai pour les générations futures qui vont intégrer le système des Nations Unies. Je profite de l’occasion de lancer un appel à La Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho) et Amnesty International Sénégal etc. De même qu’à toutes les autres organisations de lutte contre le racisme afin qu’elles me soutiennent dans ce combat contre le racisme…
Par Madi Waké TOURE
LES RETRAITÉS SÉNÉGALAIS, DES DÉCÉDÉS ÉCONOMIQUES
Alors, bougez ! Bougez encore et toujours : que la retraite ne soit jamais un prétexte pour mettre sa vie au garage en investissant les grands places et autres endroits similaires qui finissent par abêtir l’homme
Mademba Sock, syndicaliste de son état et fin connaisseur du milieu du travail, n’a pas hésité à convoquer ces deux mots terribles « Décédés économiques » pour qualifier les retraités sénégalais. Il ne savait pas si bien dire ce chevronné syndicaliste qui a le sens de la formule-choc (Nouvel Horizon N°402 du 24 décembre 2003).
C’est vrai que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette prise de parole publique sur la situation désastreuse des retraités. Pour rappel, les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall ont fait des efforts allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des retraités. Mais ce qui est curieux avec la gouvernance Wade, c’est qu’il a complètement désarticulé la fonction publique. Senghor, en bon socialiste africain, veillait à ce qu’il n’y ait pas une trop grande différence entre les salariés.
Ce bel héritage laissé par Senghor et que Diouf s’est gardé de changer, a été totalement chamboulé par Wade qui, au gré de ses intérêts politiciens, distribuait des faveurs en termes de traitement salarial aux corps et corporations qui pouvaient servir ses desseins politiques. Mais bon, c’est là une autre histoire : focalisons-nous sur la question qui nous occupe présentement, la retraite. Celle-ci, sous tous les cieux, reste une préoccupation pour le travailleur qui n’aspire pour ses vieux jours qu’à mener une existence tranquille et épanouie. C’est peut-être là le motif qui a décidé l’autorité politique au Sénégal à mettre en place le plan Sésame. Une belle initiative mais qui, à l’épreuve de la pratique, laisse apparaitre nombre de lacunes.
Un cadre de l’Hôpital général de Grand Yoff me disait au téléphone que cet établissement, qui croule sous le poids de difficultés énormes, refuse de prendre certaines personnes éligibles au plan Sésame. Or le retraité, compte tenu de sa fragilité économique, sociale et même physique, résiste difficilement aux multiples maladies qui frappent les personnes âgées. Dans des pays comme les nôtres où pressions et charges sociales se liguent pour rendre la vie du travailleur infernal et à la limite même invivable, rares sont les travailleurs en activité qui ne se plaignent pas de la modicité des salaires qui leur sont versés.
La preuve par les multiples grèves, mouvements d’humeur et autres protestations observés dans tous les secteurs d’activités. Quand ceux-là qui bénéficient de revenus réguliers et autres indemnités se plaignent et versent dans les récriminations permanentes, on peut supposer alors à juste raison que la situation des retraités ne doit pas être des meilleures, eux qui ont connu une baisse drastique de leurs revenus. La faiblesse de la pension, ajoutée au fait que les charges qui pèsent sur le retraité ne diminuent pas, tout cela rend la vie du retraité intenable.
Et ce mot d’un retraité lu dans le magazine « Nouvel Horizon » précédemment cité, en dit long sur le calvaire des retraités : « …Il n’est que d’observer l’évolution physique d’un retraité, deux ans seulement après son départ à la retraite, pour s’en convaincre ». Et de souligner même que ce sont les pires difficultés da ns lesquelles se trouve subitement empêtré le nouveau retraité, sans y avoir été préparé, qui font le lit de plusieurs maladies. » Au fait, les retraités souffrent ! Ils souffrent le martyre avec des pensions dérisoires, loin de couvrir leurs nombreuses charges.
Selon Kaba Koné, résidant à Pikine Wakhinane, ex-employé de la défunte SIV (Société industrielle du Vêtement), le président Macky Sall a fait des efforts : « Avant, il était loisible de voir des personnes percevoir des sommes modiques tournant autour de 3000, 7000 à 10.000 FCFA. Maintenant avec la mensualisation, des retraités comme moi qui recevaient des miettes se retrouvent avec 35 000 fcfa ». Cette somme rapportée au coût de la vie et à l’inflation galopante ne représente pas grand-chose. Quant à El Hadj Birika Thiono (BT) — un nom d’emprunt bien sûr —, habitant la grande banlieue pikinoise, polygame avec une nombreuse progéniture, il vit des moments de tension sociale extrême. Cette tension déteint négativement sur sa santé.
Trêve de commentaires, laissons BT déverser sur la place publique le trop plein de souffrance et de frustration qu’il porte en lui-même : « Avec une pension de 120. 000 fcfa par mois, j’arrive difficilement à m’en sortir. La banque me coupe 40.000 fcfa pour un prêt qui a servi à l’achèvement de la construction de ma maison. Avec ce qui reste de ma pension, je suis obligé de recourir à toutes sortes d’expédients. Comme les emprunts ! La mendicité déguisée !
Cela dit, ma situation serait moins compliquée si tous mes grands enfants avaient trouvé un emploi stable. Le seul qui travaille me remet à la fin de chaque mois 30.000 fcfa. Grosso modo, je me retrouve chaque mois avec 90.000 francs. Cette somme, vous en conviendrez avec moi, ne peut nullement couvrir mes factures d’électricité et d’eau, la nourriture, la dépense quotidienne, les autres frais et imprévus.
Et pour mes traitements — je suis diabétique avec des problèmes prostatiques aigus — je suis dans l’impossibilité de suivre les prescriptions du médecin concernant le respect scrupuleux du régime alimentaire pour diabétiques. » Ce récit fait par BT qu’on peut pourtant considérer comme … un privilégié, est révélateur des drames que beaucoup de retraités vivent. Cette situation qu’il décrit et qui est le lot de l’immense majorité des retraités, n’est pas sans lien avec la violence qui prévaut dans les familles et qui font régulièrement la Une des journaux. Quand les difficultés d’ordre matériel sont à leur comble, la conscience s’obscurcit et là, bonjour les dégâts.
Le niveau de violence inouï, observable à tous les niveaux de la société, pourrait trouver son explication dans cette souffrance morale et psychologique née de l’absence de toute perspective de sortie de crise pour beaucoup de Sénégalais. Et ne l’oublions jamais : la violence est un exutoire au trop plein de frustration et d’amertume qui meuble les cœurs et les esprits. Y a trop d’injustice dans ce pays-là ! Comme on le voit, beaucoup de retraités sont au bord du gouffre. Jusqu’à quand ?
En attendant, intéressons-nous aux textes et autres qui régissent la retraite dans notre pays. « Au Sénégal, l’assurance obligatoire en matière de vieillesse est gérée par deux institutions : l’Institution de prévoyance retraite au Sénégal (IPRES) pour le privé et, pour le public, le Fonds National de Retraites (FNR)…Pour pouvoir obtenir une pension de retraite, il faut être âgé d’au moins 55 ou 60 ans, avoir cessé toute activité salariée et comptabiliser au moins 400 points de retraite ». Source : Comparaison de la situation dans 7 capitales africaines…Philippe ANTOINE (Equipe Jérémi, IRD Dial : « Le travail après la retraite ? ») Après ce petit éclairage, il serait bon d’indiquer quelques pistes à même d’aider les futurs retraités à bien se préparer à affronter la nouvelle vie qui les attend. Car la retraite est un grand changement dans la vie. De fait, on devrait s’y préparer comme on se prépare au mariage : « Une autorité en la matière a dit : “Il faudrait s’y préparer affectivement, financièrement et même physiquement (...).
Si l’on s’est bien organisé avant la retraite, on évitera nombre de difficultés.” Une institution financière bien connue, la Banque royale du Canada, conseille de commencer à s’informer concernant la retraite dès l’âge de quarante ans. Une encyclopédie (Encyclopædia of Occupational Health and Safety), publiée par l’Organisation internationale du travail, déclare qu’il faudrait y penser au moins cinq ans à l’avance. Et, d’après une publication australienne sur le travail, on se prépare une heureuse vieillesse en adoptant, dès l’adolescence, un régime équilibré. L’exercice est aussi important, sinon plus, qu’un bon régime.
C’est pourquoi le président de la commission sur le vieillissement, de l’Association médicale américaine, a soutenu ce qui suit : “L’oisiveté peut tuer. (...) Quand vous prenez votre retraite, vous quittez votre travail et vous restez chez vous. Et là commence le problème.” Ceux qui demeurent actifs après soixante-cinq ans vivent plus longtemps : telle est la conclusion à laquelle est arrivé un chercheur, le Dr R. Hamblin, qui a mené une étude sur le sujet pour l’Administration des anciens combattants des États-Unis. Oui, le retraité doit continuer à s’activer s’il veut vivre longtemps. La mise à la retraite s’accompagne généralement de difficultés financières.
La baisse drastique des revenus peut être un facteur de perturbation chez la vie d’un individu habitué à un certain standing de vie. Et l’assaut conjugué des soucis de santé, de manque d’argent, d’érosion de son autorité, de l’ennui, de l’angoisse, peut générer sur la longue durée des maladies d’une extrême gravité. Alors, bougez ! Bougez encore et toujours : que la retraite ne soit jamais un prétexte pour mettre sa vie au garage en investissant les grands places et autres endroits similaires qui finissent par abêtir l’homme. Et dangereusement ! Cela dit, l’Etat doit veiller à répercuter les augmentations qu’il consent à ses agents en activité à ses retraités. Une sorte de péréquation qui permettrait d’indexer les revenus des retraités sur le coût de la vie, soumis à une inflation constante. Les retraités peuvent aussi apporter beaucoup, compte tenu de leur expérience, aux mouvements associatifs.
YEWWI REFUSE DE SIGNER LE BON À TIRER DE LA DGE
Moins d’une semaine après sa forte mobilisation, Yewwi Askan wi a fait face à la presse, hier, pour revenir sur les derniers développements de l’affaire de sa liste nationale des titulaires pour les prochaines législatives
Moins d’une semaine après sa forte mobilisation, Yewwi Askan wi a fait face à la presse, hier, pour revenir sur les derniers développements de l’affaire de sa liste nationale des titulaires pour les prochaines législatives. Les leaders de la coalition de l’opposition ont annoncé qu’ils ne vont pas signer le Bon à tirer (BAT) qui leur a été présenté par la DGE concernant l’impression des documents électoraux.
Lundi dernier, Déthié Fall, le mandataire de la coalition Yewwi Askan wi, a été convoqué à Direction générale des élections pour un exercice pratique et habituel consistant à se prononcer sur les identifiants de leurs listes, sur la maquette et le spécimen. « Quand on est arrivé, le commissaire nous a présenté un spécimen de Yaw sur lequel ne figurait aucune photo. Et tout le monde sait qu’on avait déjà choisi notre tête de liste et avait donné, au moment du dépôt, la photo de notre tête de liste à savoir Ousmane Sonko.
Sur le spécimen qu’on nous a présenté, il n’y avait aucune photo. Quand on a demandé au commissaire Ndiaye ce qui explique que la disposition de l’article L58 du code électoral soit aujourd’hui piétinée ? Il a répondu qu’il n’est pas là pour interpréter la loi. Ils n’ont fait qu’appliquer l’arrêté du ministre de l’Intérieur ».
Le député sortant a soutenu devant les journalistes qu’il s’est rendu compte qu’en plus de « l’illégitimité » des décisions prises par le Conseil constitutionnel, un autre point vient se greffer dans le périmètre des conséquences d’un acte d’illégalité. A savoir que le Conseil constitutionnel demande à la Direction générale des élections de ne faire figurer aucune photo sur la liste de Yaw. « Alors que toutes les autres listes bénéficient de cette spécificité, nous considérons cela comme une discrimination flagrante », a-t-il lancé avec force lors de cette rencontre avec les journalistes en l’absence d’Ousmane Sonko et de Khalifa Ababacar Sall. Face à cette situation, ils ont décidé, selon Fall, de ne pas continuer à subir cette forfaiture venant du président Macky Sall. Par conséquent, indique le mandataire de Yaw, il est hors de question qu’il vise le bon à tirer, appelé (BAT).
En effet, un BAT ou bon à tirer est un terme technique utilisé en imprimerie pour qualifier l’épreuve contractuelle finale validée par le client, avant que ne soit lancée l’impression des documents commandés.
Le bon à tirer signifie que tous les éléments présents sur le projet d’impression soumis au client sont conformes à ses attentes. C’est un document signé qui fait figure de preuve contractuelle en cas de litige : par exemple, si les éléments reçus après impression ne sont pas conformes au bon à tirer, initialement accepté et signé par le donneur d’ordre.
CASA-AJEL ET LINGUÈRE-LUSITANA POUR UNE PLACE EN FINALE
Demi-finales de la coupe nationale de Football - Après le championnat bouclé ce dimanche, place sera faite ce mercredi 15 juin aux demi-finales de la Coupe du Sénégal qui se joue à Ziguinchor et Saint Louis
Le tableau final de la Coupe du Sénégal sera connu ce mercredi 15 juin, après les demifinales qui opposeront l’Etoile Lusitana à la Linguère de Saint-Louis, d'une part, et le Casa Sports à l'AJEL de Rufisque, d'autre part. Détenteur déjà du trophée, le club ziguinchorois va s’ouvrir la voie au doublé coupe-championnat quelques jours après son sacre.
Après le championnat bouclé ce dimanche, place sera faite ce mercredi 15 juin aux demi-finales de la Coupe du Sénégal qui se joue à Ziguinchor et Saint Louis. Après avoir étrenné le sacre à domicile, le Casa Sports retrouve à l’espace de quelques jours son public du stade Aline Sitoé Diatta qu’il avait quitté par une défaite du reste assez anecdotique face à Guédiawaye FC pour le compte de la 26e et dernière journée du championnat.
En quête d’une place en finale, il affrontera l’AJEL de Rufisque, club de Division 3. Le club Ziguinchorois, qui a éliminé en quart de finale l’UCST Port, est aujourd’hui sur la voie de réaliser le doublé Coupe-Championnat. Mais aussi de conserver ce trophée qu’il avait remporté la saison dernière devant Diambars en finale. Même s’ils n’évoluent pas dans la même catégorie que son adversaire, pensionnaire de National 1 ( 3e division) , les hommes de Ansou Diédhiou devront sans doute batailler ferme pour venir à bout de cette surprenante adversaire.
Une formation rufisquoise de L’AJEL qui a réussi tout bonnement à faire sensation dans le derby de Rufisque lors des quarts de finale. Ce, en écartant Teungueth FC, champion du Sénégal en titre, qu’il a dominé sur la marque de 2 à 1. L’autre demi-finale ne sera pas tout aussi déséquilibrée malgré les deux divisions d’écart. Elle opposera la Linguère de Saint-Louis à l’Etoile Lusitana (pensionnaire de la 3e division).
L’équipe saint-louisienne qui a réussi à sortir Diambars aux tirs au but, tient pour autant une bonne occasion de donner des couleurs à sa saison après avoir fini à la 9e place du championnat de Ligue 1. Mais il faudra, à domicile, passer le cap du club dakarois, qui a battu Thiès FC aux tirs au but (8-7).
Par Félix NZALE
QUEL AVENIR POUR LE SÉNÉGAL ?
Nous devenons de moins en moins responsables et de plus en plus infantiles et dépendants. Nous devenons de plus en plus perméables à la manipulation et de plus en plus friands de distractions que d’engagements courageux.
Nous devenons de moins en moins responsables et de plus en plus infantiles et dépendants. Nous devenons de plus en plus perméables à la manipulation et de plus en plus friands de distractions que d’engagements courageux.
Par « engagement courageux », j’entends la capacité pour chacun, a fortiori lorsqu’on est investi d’une certaine autorité, à articuler un discours cohérent, argumenté, fondé sur des problématiques essentielles. L’on peut être en désaccord avec la politique initiée par le président de la République. L’on peut s’inscrire en faux avec ses stratégies de développement. L’on peut le désavouer sur une foultitude d’actes par lui posés. Mais en aucun cas l’on ne peut proférer des insultes, jeter l’opprobre et déverser des insanités sur sa personne. Là, on n’est plus dans le débat critique ; on est dans des attaques ad hominem qui, soit dit en passant, ne déshonorent que leurs auteurs.
Le débat, c’est plusieurs perspectives qui se confrontent sur un fait ou un événement. Si le fait ou l’événement est suspendu, il ne reste plus que des somnambules qui marchent chacun avec ses délires. Il me semble que la plupart des opposants, mais aussi des membres de la mouvance présidentielle, sont dans cette logique qui, au demeurant, témoigne d’un manque total de culture, d’éducation, et du sens de la responsabilité.
Le député Cheikh Bara Dolly a tenu en direction du chef de l’Etat, Macky Sall, des propos inadmissibles qui méritent une sanction à la hauteur de l’insulte. C’était le mercredi 8 Juin à la Place de la Nation (ex Obélisque), à l’occasion d’un rassemblement de l’opposition. De même que Ousmane Sonko, leader de Pastef, qui a lui aussi clairement appelé à perpétrer, lors de la prochaine manifestation, des actes de nature terroriste contre des citoyens sénégalais. Il part du présupposé selon lequel ce sont des gens du pouvoir qui auraient volé les biens de l’Etat pour les cacher chez eux.
A Sonko, candidat potentiel à la magistrature suprême, il n’est pas superfétatoire de rappeler que lorsque l’on s’adresse à une foule, il est absolument nécessaire de soigner sa sémantique et de ne pas se laisser submerger par ses émotions. Parce qu’en l’occurrence, une foule ne pense pas ; elle réagit de façon épidermique. S’adresser ainsi à des milliers de jeunes en colère relève d’une entreprise d’instrumentalisation, d’une mise à jour d’une conspiration du malheur. La reddition des comptes est un impératif catégorique dans une démocratie. Et les « maîtres de l’instant » ne peuvent pas y échapper. Toutefois, c’est un processus encadré par la loi. Il est par conséquent inutile d’en appeler au pillage et/ou au meurtre.
LA TYRANNIE DES RÉSEAUX SOCIAUX
L’avènement des réseaux sociaux - qui servent aussi de supports de communication aux leaders politiques - a sans aucun doute accéléré un processus d’empaillement qui met en lumière la face la plus hideuse de nombre d’entre nous. Sur la tête du président de la République comme sur celle du citoyen lambda, des tonnes d’insanités sont quotidiennement déversées. Nous sommes supposés faire de la toile un lieu d’échanges constructifs et féconds ; nous en avons fait un espace d’expression de la haine, du mensonge et de la manipulation. Un cadre où se déploient des esprits clos, conséquence d’une éducation chahutée qui a pulvérisé tous nos référentiels et balayé quasiment tous les référents.
Le Directeur des Domaines, par ailleurs maire de la ville de Kolda, est depuis quelque temps l’objet d’une certaine forme de malveillance. Au mépris du ressenti de sa famille, de ses proches et amis, Mame Boye Diao est, comme d’autres, victime de calomnies répétitives. D’un acharnement inouï de la part de gens tapis, selon des sources, dans les officines des Finances. Pourquoi et à quelles fins ? Allez savoir ! M. Diao fait l’amère expérience des ravages sur la toile, lieu de prédilection de la rumeur sans visage, du bruit colporté qui se diffuse, s’insinue, s’enkyste et finit par détruire moralement. Comme d’autres, il va devoir se retrouver à combattre des fantômes virulents, destructeurs et inconsistants. Ces invisibles, ces bombes nocturnes, ce brouhaha de ragots et ces propos invérifiables corrodent les jugements, détruisent de réputations et préparent les lynchages. La rumeur est un virus et ces gens sont conscients du fait que l’anonymat peut tuer.
EN QUÊTE DU SENS
La démocratie est certes le moins contraignant des sys tèmes politiques. Mais la liberté sans limite produit fatalement le désordre. Tout peut ainsi s’inverser : si vous êtes modéré, vous passez pour un lâche. Si vous êtes dans la démesure, c’est le signe d’une éducation réussie. Et enfin, l’anarchie est perçue comme le summum de la liberté. Devrions-nous définitivement nous résigner parce que « condamnés » à combattre sans voir ? Assurément non. Replacer le sens de la République et les intérêts de notre Nation au cœur de nos préoccupations, voilà qui nous incombe. Notre tâche est de toujours persister dans la quête du sens et du vrai. Mais cela suppose, a priori, un travail sur nous-mêmes. Un décollage, une prise de distance initiale et un mouvement premier d’arrachement à nos certitudes bornées. Cette quête est un chemin d’interrogations. Vivre sans questionner le sens de notre vie n’est pas vivre. Enfin, que voulons-nous pour notre cher Sénégal ? Quelles perspectives pour nos enfants ? Questions à mon avis fondamentales et essentielles.
PAR Mamadou Oumar Ndiaye & Abdoulaye Bamba Diallo
MONSIEUR LE PRÉSIDENT ET MAÎTRE DU JEU, SORTEZ-NOUS DONC DE L’IMPASSE ACTUELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - La société se sent menacée par la violence verbale des politiques. Le déni et le refus du bon sens sont aussi toxiques que l’insoumission aux règles. Le Sénégal en passe de devenir un Far West
Avant d’entrer dans le vif du sujet, monsieur le président, permettez-nous de préciser que Dieu a fait que nous sommes les deux seuls membres encore vivants de ce qu’on a appelé « les quatre mousquetaires » qui ont posé l’acte fondateur de la presse privée nationale. D’un secteur dédaigné, marginalisé et méprisé, nous avons contribué à le rendre attractif au point d’en faire ce qu’elle est aujourd’hui à savoir un pan important de notre économie qui a vu naître de grands groupes employant des milliers de travailleurs. Avec nos aînés feus Sidy Lamine Niasse et Babacar Touré, devant la mémoire desquels nous nous inclinons, nous avons mené bien des combats et obtenu des acquis qu’il n’est point besoin de mentionner ici car ce n’est pas l’objet de ce texte. Au crépuscule de note vie professionnelle, et sans doute biologique, nous n’avons plus de challenge à relever et n’aspirons à plus rien — pas en tout cas en termes d’avantages matériels et financiers ou de fonctions. La seule chose qui nous préoccupe, c’est ce pays que nous aimerions léguer à nos enfants dans l’état dans lequel nous mêmes l’avons trouvé du point de vue de la stabilité et de la paix. Au moment où les canons tonnent en Ukraine et où les répercussions de ce conflit qui éclate au sein même de l’Europe se font ressentir jusque chez nous sous forme de crises alimentaire et énergétique, il nous a donc paru important de prendre notre plume pour vous interpeller, monsieur le président de la République, afin de vous demander solennellement de poser le geste qui évitera à ce pays des convulsions qui ont fait tant de mal ailleurs. Au moment où votre homologue français Emmanuel Macron vient de demander à ses compatriotes de lui donner une majorité forte à l’Assemblée nationale « pour éviter d’ajouter un désordre intérieur français à un désordre international », nous ne saurions trop vous supplier, monsieur le président, de créer les conditions d’élections législatives inclusives. Qu’elles se tiennent le 31 juillet ou plus tard, l’essentiel étant qu’aucune force représentative ne soit laissée en rade.
Connaissant votre patriotisme et votre amour ardent de ce pays que vous avez transformé de manière si spectaculaire en dix ans seulement, les derniers des Mohicans que nous prétendons être sommes sûrs que vous ne pouvez pas faire moins que le roi Henry IV qui, en 1593, pour mette fin à l’effusion de sang français dans d’interminables guerres de religion avait abjuré le protestantisme pour se convertir au catholicisme. En le faisant, il avait prononcé une phrase que l’Histoire a retenue : « Paris vaut bien une messe ». Eh bien, monsieur le président, le Sénégal quant à lui vaut bien le repêchage d’une liste !
Le Sénégal est-il en passe de devenir un Far West où la loi du plus fort est toujours la meilleure ?
Si ce n’est pas encore le cas, le champ politique national est devenu une arène de gladiateurs où la loi est piétinée en permanence. Ni la majorité présidentielle, ni l’opposition multipolaire, ni la société civile n’accordent la primauté au Droit et à l’État légal en accordant l’allégeance qui sied aux institutions, à leurs représentants et à l’autorité républicaine.
Si le pays n’est pas en danger, la société, elle, se sent menacée par la violence verbale des hommes politiques et les positions de défiance fortement teintées de provocation qu’aiment à livrer les plus intolérants de ceux-ci. Si la République n’est pas en péril, les institutions sont, elles, martyrisées par la défiance permanente que de nombreux acteurs sociaux affichent à leur endroit en ayant, en constance, recours à la vitupération, à la contestation si ce n’est à des accusations permanentes d’infamie et de trahison à l’endroit de leurs adversaires.
Le pays va mal comme l’entonne en refrain le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly. Il va mal à cause de ses élites dirigeantes. De la majorité comme de l’opposition. À cause du monde intellectuel et de la société savante qui se sont emmurés dans le silence depuis la première alternance de l’an 2000.
Le pays vit son époque et subit d’une manière violente et frontale les convictions qui caractérisent cette actuelle période de l’Histoire de l’Humanité. Une ère de mutation et de changements radicaux avec une pandémie déferlant sur la planète depuis la fin 2019 qui a entraîné une première crise économique devenue récession depuis le début de cette année 2022 avec la campagne d’Ukraine.
Pire qu’un bouleversement, le nouveau monde multipolaire qui sort des limbes interpelle les nations qui pensent avoir une place à conserver, un rôle à jouer, une influence à propager s’ils ne veulent pas devenir des pays vassaux ou des États suzerains d’un des nouveaux impériums naissants. Car le monde de l’après Seconde Guerre mondiale, divisé en deux blocs entre l’Est et l’Ouest, que la chute du Mur de Berlin et l’implosion de l’ancienne Union Soviétique ont remplacé entre 1989 et 1991, s’est, lui aussi, terminé avec la débandade américaine en Afghanistan l’année dernière.
Le monde se redéfinit et chacun cherche ses marques et se bat pour son existence alors qu’au Sénégal toute l’élite ne semble être préoccupée que par des positions de pouvoir et des postures de rentiers. Tous les maux de la société, tous les problèmes du pays sont occultés ou passent au second plan devant les permanentes, incessantes revendications et réclamations d’une faible minorité d’acteurs politiques ne parlant en tout lieu et en tout temps que de places à prendre, de positions à consolider mais jamais de l’avancée du désert et de la déforestation, les deux périls les plus prégnants. Sans oublier l’érosion côtière et le pillage de nos ressources halieutiques menaçant l’existence de millions de personnes vivant sur la bordure maritime du Sénégal et contraintes à l’exil professionnel auprès de nos pays limitrophes.
L’école sénégalaise en déperdition, la jeunesse déboussolée et désabusée, l’effondrement du faible tissu industriel hérité de l’époque coloniale complètement asphyxié par les importations massives de produits de piètre qualité en provenance de la Chine, de la Turquie, de Dubaï ne semblent point être des sujets d’intérêt pour nos acteurs politiques. Pour eux, il n’y a que le code électoral et le fichier électoral, les arrêts de la Cour suprême, les décisions du Conseil constitutionnel qui méritent engagement, bataille, confrontation, invectives, rodomontades et bras de fer.
À tel point, d’ailleurs, que la dernière actualité politique vient à nouveau d’installer le pays dans l’impasse avec ce combat frontal entre le ministère en charge des élections, le Conseil constitutionnel et l’opposition politique la plus radicale et la plus extrémiste qui veut remettre au goût du jour les combats de rue des années Sopi ou, pire encore, déboucher sur une insurrection.
N’étant ni juriste, ni constitutionnaliste, s’engager sur ce débat visqueux entre professionnels du Droit n’est pas notre exercice. Néanmoins, quelque chose nous turlupine dans ces dernières décisions entre l’administration en charge d’assurer la mise en conformité par les acteurs politiques des étapes du processus électoral, et les dernières décisions du juge politique, le Conseil constitutionnel.
Dans notre entendement, l’application du parrainage est un filtre pertinent et justifié car avec une jungle politique où plus de quatre cents partis foisonnent, il est normal de trouver un correctif démocratique pour éviter un chaos électoral avec des listes à n’en plus finir. Sur ce chapitre, nous pensons que le parrainage n’est pas un frein à l’expression citoyenne ou démocratique. Bien au contraire, cela est une attestation de la signifiance ou non de l’existence de véritables courants de pensée et de forces politiques et non l’encouragement à des expressions politiques sans contenu et n’exprimant que des calculs opportunistes.
L’introduction de la parité par le président Wade a été une réelle avancée citoyenne et démocratique. Elle a l’avantage d’avoir apporté deux correctifs majeurs en faveur de la composante féminine de notre nation. Tout en rétablissant l’égalité citoyenne entre les hommes et les femmes dans le champ politique, la parité a, aussi, dans son ADN l’équité en favorisant l’implication de la gent féminine dans l’arène politique. On peut bien comprendre et accepter la compréhension d’un juriste comme Me Wade qui, tout en reconnaissant les mêmes droits à l’homme et à la femme (tels Adam et Eve) a tenu, en plus, à inscrire dans le marbre la parité différente de la mixité ou de la discrimination positive avec la règle des quotas. La loi sénégalaise sur la parité indique que, sur toute liste élective, il faut aligner alternativement et impérativement un homme et une femme ou vice versa.
Ainsi donc, si notre système démocratique retient comme mode d’expression que le suffrage doit opposer des sensibilités politiques non uniformes donc s’étalonne sur la pluralité, cela veut bien dire que le principe c’est bien la participation et non l’élimination.
Alors, on ne peut comprendre que l’administration en charge de veiller à la régularité et à la conformité des dossiers de candidature avec les tables de la loi refuse à une liste de porter des correctifs sur celle-ci après y avoir décelé erreurs, anomalies ou inexactitudes.
Heureusement que dans un premier temps, la sagesse du Conseil constitutionnel a permis de rectifier une erreur sur la liste départementale de Yewwi à Dakar. Voilà pourquoi, nous trouvons incompréhensible la seconde décision de ce même Conseil consistant à invalider la liste majoritaire de Yewwi Askan Wi pour doublon et celle des suppléants de Benno Book Yakaar pour non-respect de la parité en faisant suivre deux femmes sur leur liste et non une femme et un homme sur la liste des suppléants. Ces deux faits notés par le Conseil constitutionnel paraissent plus relever d’une erreur ou d’une méprise plutôt que d’une faute ou d’une tentative de fraude ou d’irrégularité.
Le pays a besoin d’apaisement, le pays a besoin de sérénité et de quiétude. Le déni de réalité et le refus du bon sens sont aussi toxiques que la surenchère et l’insoumission aux règles communes et à l’autorité.
Les élections locales de janvier dernier sont là pour nous rappeler que chaque fois que le bon sens fonde l’interprétation des lois, il n’y a de péril nulle part dans la cité. Alors peut-on imaginer une élection nationale comme celle des législatives à dix-huit mois de la prochaine présidentielle sans la participation de l’opposition la plus combative du moment et qui, certes, fait peur à de larges couches de la population mais représente tout de même une sensibilité politique réelle avec des positions souvent extrémistes ? Ce qui serait lourd de danger et périlleux pour les temps à venir serait que la politique déserte les seules enceintes (les assemblées territoriales et nationales) où elle est habilitée à s’exprimer pour être confinée dans la rue.
Dans la Rome antique, les combats des gladiateurs se déroulaient dans les arènes du Colisée tandis que les Sénateurs, eux, s’affrontaient sur le plan politique au Sénat. Deux combats, certes, mais au format et à l’expression différents. Au Colisée, la loi de la force prévalait tandis qu’au Sénat la force de la loi prédominait même si les joutes orales pouvaient faire penser à un combat de gladiateurs.
Le président Abdou Diouf, à la suite de la présidentielle tumultueuse de février 88, a su inventer la Table ronde nationale suivie d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie ayant accouché du code électoral consensuel de 1992 pour vaincre les périls et les menaces qui pesaient sur le pays à l’époque.
Le président Wade a eu le génie en 2000, en s’installant sur le fauteuil présidentiel, d’éviter la chasse aux sorcières et les règlements de comptes. Il a substitué la Cena à l’Onel et a rapporté la demande d’autorisation de marche pour les manifs afin d’éviter l’application de la loi du plus fort et de la justice des vainqueurs.
Le président Macky Sall, nouveau maître du jeu, est le seul à pouvoir nous sortir de cette impasse actuelle. Un véritable imbroglio où la raideur des postures et la vanité des ego ne contribuent qu’à faire monter la tension et la surenchère et polluer les rapports au sein de la classe politique. La violence verbale a dépassé les limites de la décence avec des accusations bêtes et méchantes comme celles du député Cheikh Abdou Bara Dolly. Le combat politique avec sa passion et ses excès ne devrait jamais dépasser les règles de bonnes manières et de civilités qui s’imposent à tout acteur de la société quelque soit son statut, son titre ou son rang.
La loi est faite pour être appliquée. Elle doit l’être dans toute sa rigueur à ceux qui d’une manière lucide et préméditée cherchent à faire mal à autrui ou à enfreindre la loi.
Le maître du jeu n’a lui qu’une obligation : celle d’être à la hauteur de la situation en jaugeant avec pertinence les situations que traverse la société. Les excès et les bravades de l’opposition radicale et extrémiste et la rigidité dans l’interprétation par l’administration et le Conseil constitutionnel des lois et règlements mettent en selle le président de la République, seul maître du jeu.
Les élections doivent se tenir à date échue mais dans un climat serein et apaisé. Pour y parvenir, le président Macky Sall est le seul à détenir la clé.
Mamadou Oumar Ndiaye & Abdoulaye Bamba Diallo
Post scriptum : Qu’on nous permettre d’ajouter que le péril djihadiste qui secoue le Sahel et les menaces terroristes qu’il fait peser sur notre sous-région ont été contenus jusqu’à présent.
Le président Macky Sall qui, depuis quelques années, a mis à la disposition des forces de défense et de sécurité du pays des équipements et des armements de dernière génération fait sienne la vérité de Cheikh Anta Diop. À savoir que la sécurité précède le développement. Le préalable sécuritaire rempli et adapté au contexte sous régional a fait que la montée en gamme des différents corps d’armée de nos Diambars — à preuve par l’annonce, cette semaine même, de l’acquisition de trois patrouilleurs ultraperformants pour notre Marine — s’exprime avec efficacité dans tous les théâtres d’opération à l’intérieur comme à l’extérieur du pays (Mali, Gambie, Casamance). Les récents succès de l’armée Nationale dans la partie Sud du Sénégal contre les derniers félons rescapés du MFDC et leurs complices infiltrés dans toutes les strates de la société sont là pour nous le rappeler.
Ainsi, la perspicacité et le pragmatisme du président Sall lui ont permis de faire suivre le développement après avoir assuré le préalable sécuritaire. PUDC, Puma, Promovilles, TER, grands chantiers et infrastructures surgissent dans tous les endroits du territoire national.
Ainsi, dans la partie méridionale du pays des routes comme celle de la boucle du Boudié, des ponts comme ceux de Marsassoum et Emile Badiane ont été construits ou réhabilités.
Une élection pouvant nous entraîner dans le déchirement et le chaos ne vaut, donc, pas que des efforts comme tous ces investissements et réalisations opérés depuis quelques années en fassent les frais à cause de potentiels contentieux pré ou post électoraux. L’actualité de ce qui se déroule en Ukraine devrait nous servir de leçon.
LE DANGER EST SOURNOIS
Auteurs insoupçonnés d’actes contre nature et de pédophilie - Des affaires de pédophilie et d’acte contre nature sur des mineurs polluent l’actualité ces derniers jours
Des affaires de pédophilie et d’acte contre nature sur des mineurs polluent l’actualité ces derniers jours. Les auteurs de ces récentes affaires ne seraient pas les premiers soupçons. Les mis en causes sont des maîtres coraniques, professeurs d’écoles, agents d’ambassades et même des humanitaires.
Le scandale sexuel qui impliquerait un célèbre conférencier religieux, rendu public par le journal Libération dans ses publications du lundi 13 et mardi 14 juin 2022, rejoint d’autres cas mis en lumière également par ce même quotidien d’informations générales. Des affaires qui renseignent, avec aisance, de la présence des actes contre nature et la pédophilie dans la société. Sournois, inattendus, ils sont très souvent l’œuvre d’insoupçonnés.
En février dernier, un administrateur de réseau de l’Ambassade de France, âgé de 58 ans, a été arrêté à l’aéroport de Roissy (France). Il est soupçonné d’avoir échangé sur internet des fichiers à caractère pédopornographique. Libération renseignait que «les enquêteurs français et sénégalais ont mis la main sur deux unités centrales d’ordinateurs contenant des fichiers révélant des abus sexuels sur mineurs».
Un autre français est aussi arrêté pour les mêmes faits. Brice Théret, présent au Sénégal en avril 2019, dans le cadre du projet «Voyage humanitaire», a été arrêté en France. Il est accusé d’avoir violé et filmé nu des enfants défavorables dans un centre à Keur Massar ; d’où les accusations d’agressions sexuelles sur des mineurs de moins de 15 ans, corruption de mineurs, viols sur mineurs et pédopornographie sur mineurs par personne ayant autorité. Si ce n’est pas dans le cercle de la diplomatie ou l’humanitaire, les auteurs viennent de milieux qui, selon toute attente, seraient les derniers replis d’adeptes de la pratique. Certaines écoles coraniques sont souvent indexées.
A titre d’exemple, en février 2020, une enquête avait été ouverte par le Parquet de Dakar sur Mouhamed Habibou Gueye. Se disant maître coranique, il était poursuivi pour viol sur des mineurs âgés de moins de 13 ans, pédophile, détournement de mineurs, acte contre nature et charlatanisme contre Mouhamed Habibou Gueye. Les victimes, abusées alors qu’elles étaient mineures, ayant porté plainte contre leur bourreau qui, selon l’enquête, continuait toujours à abuser d’enfants sous sa tutelle. A Mbour, une affaire de pédophilie a éclaté au quartier Grand-Mbour. Un boucher du nom de Moustapha Mbengue, âgé de 59 ans, et Malick Ndiaye, âgé lui de 47 ans, ont été mis aux arrêts pour pédophilie présumée, après une plainte de la sœur de leur (présumée) victime.
Dans cette même ville, un professeur d’Education physique et sportive (EPS) a atterri au tribunal, suite à une accusation de viol sur un élève de 15 ans. Ce fut le début de plusieurs au tres plaintes pour les mêmes faits, à son encontre. En 2020, le formateur de football à Dakar Sacré-Cœur, Olivier Sylvain, a été arrêté pour abus et pédophilie sur sept (7) joueurs mineurs. A signaler la loi criminalisant le viol, adoptée en 2020, condamne et définit la pédophilie.
Dans son article 320 bis, il est dit que «tout geste, attouchement, caresse, manipulation pornographique, utilisation d’images ou de sons par un procédé technique quelconque, à des fins sexuelles sur un mineur de seize ans, de l’un ou l’autre sexe, constitue un acte pédophile puni de la réclusion criminelle de cinq à dix ans».
La même disposition de loi prévoit qu’en cas de circonstances aggravantes, le maximum de la peine soit infligée au coupable. «Si l’acte est commis par un ascendant ou une personne ayant autorité sur le mineur ou si la victime est un enfant âgé de moins de treize ans ou une personne particulièrement vulnérable en raison de son état de santé ayant entrainé une déficience physique ou psychique, le maximum de la peine sera toujours prononcé.»
YEWWI DROIT DANS SES BOTTES
La coalition dont la liste nationale des titulaires a été invalidée par le Conseil constitutionnel veut manifester vendredi alors que les autorités interdisent toute manifestation politique à caractère propagandiste en cette période de précampagne
Ça sent toujours le soufre entre le pouvoir en place et/ou l’Etat du Sénégal, via son administration centrale et ses institutions, et la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi. A moins d’une cinquantaine de jours du scrutin législatif, les nouvelles cristallisations ont pour noms légalité de la manifestation de Yaw prévue le 17 juin, à la place de la Nation, et divergence autour de l’effigie d’Ousmane Sonko sur le spécimen de bulletin Yaw aux Législatives.
Le contexte pré-électoral sénégalais, en cette veille d’élections législatives devant renouveler les 165 députés de la treizième législature, est lourd de menaces pour la paix civile. Pour cause, les contentieux qui accompagnent ces joutes, suite aux contrecoups du parrainage et de la parité à tout type d’élection, ont fini d’installer une sorte de guéguerre sans merci entre le pouvoir en place et son opposition, toutes tendances confondues.
A la tête du camp anti-Macky, on retrouve sans conteste la coalition Yewwi Askan Wi qui associe Taxawu Sénégal de Khalifa Sall, Pastef Les Patriotes d’Ousmane Sonko, le Pur de Serigne Moustapha Sy et bien d’autres leaders de l’opposition comme Aida Mbodji, Cheikh Tidiane Dièye, Cheikh Bamba Dièye entre autres.
A moins d’une cinquantaine de jours du scrutin législatif du 31 juillet, cette coalition de l’opposition dont la liste nationale des titulaires a été invalidée par le Conseil constitutionnel, à la suite du ministère de l’Intérieur, est engagée dans un «mortal kombat» avec le camp au pouvoir secondé par l’Etat et ses démembrements, selon certains esprits. L’une des dernières cristallisations de ce bras de fer risque de déboucher vendredi prochain sur un scénario fortement préjudiciable pour la quiétude des Sénégalais, avec la manifestation programmée par Yewwi Askan Wi à Dakar, deuxième du genre, pour décrier les accrocs contre le processus électoral.
Seule ombre au tableau, le gouverneur de Dakar s’est fendu d’un communiqué, en rapport avec l’interdiction faite par le Cnra à la presse de toute manifestation politique à caractère propagandiste, pendant la période de précampagne électorale, pour inviter la classe politique à la non tenue de toute manifestation politique dans le périmètre géographique de Dakar. Jugeant une telle attitude du gouverneur de Dakar en totale contradiction avec la loi électorale, Yewwi a confirmé l’organisation effective de sa manifestation, contre vents et marées.
En conférence de presse tenue hier, mardi 14 juin 2022, le mandataire national de Yaw Déthié Fall a été sans ambages : « Nous allons tenir notre mobilisation du vendredi que Macky Sall le veuille ou non… ». Cette rencontre avec les médias se tenait à l’issue d’une réunion d’instance de la conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, au siège du Parti républicain pour le progrès (Pep) et en prélude à la mobilisation prévue le vendredi 17 juin 2022.
La bande à Khalifa Sall, Serigne Moustapha Sy et Ousmane Sonko, représentée par Habib Sy, Cheikh Tidiane Youm et Déthié Fall ont tenu un langage clair à l’endroit du pouvoir en place. Selon le mandataire national de Yaw, «Macky semble toujours être dans sa posture pour tordre la loi à travers le Conseil constitutionnel ou encore la DGE. Mais face à cette forfaiture qui persiste, nous n’allons pas faire pédale douce. Nous ne nous laisserons pas faire, notre manifestation pour le 17 juin se tiendra à la place de l’obélisque avec ou sans autorisation. Que Macky le veuille ou non, nous la tiendrons ». Qui plus est, Déthié Fall a annoncé, en dehors de la mobilisation à la place de la Nation, que la manifestation va s’étendre à Ziguinchor où les Sénégalais sont également invités à décrier les manœuvres du régime de Macky Sall.
LE SPÉCIMEN DE YAW SANS LA PHOTO DE SONKO
L’autre point de friction qui alimente ces dernières 48 heures la guéguerre Yewwi-pouvoir en place, via ses institutions, a toujours trait à la liste nationale de la coalition de l’opposition. Selon Déthié Fall, la Direction générale des élections (Dge) du ministère de l’Intérieur qui avait convoqué les mandataires des coalitions de partis politiques, le lundi 13 juin, pour la validation les spécimens devant servir de bulletins de vote et l’approbation des bulletins prototypes pour impression, a présenté à Yewwi Askan Wi un spécimen sans photo de tête de liste et sans nom.
En réponse, la coalition Yewwi Askan Wi a fait savoir qu’elle ne signera pas le Bon à tirer (BAT) de la Direction générale des élections. Et le mandataire national de Yaw d’arguer : « Quand on est arrivé, le Commissaire nous a présenté un spécimen de Yewwi Askan Wi sur lequel ne figurait aucune photo et tout le monde sait que Yewwi Askan Wi avait déjà choisi sa tête de liste et avait donné au moment du dépôt la photo de la tête de liste, à savoir Ousmane Sonko. Et sur le spécimen qu’on nous a présenté, il n’y avait pas de photo de la tête de liste, ni les identifiants. Et que l’article L58 du Code électoral prévoit ces identifiants ». Face à ce qui semble un énième guêpier pour Yaw, en perspective des Législatives, la conférence des leaders de la coalition a averti qu’elle ne signera pas le Bon à tirer (BAT) de la Dge. « Ce Bon à tirer, nous ne le viserons pas. Non seulement, nous ne le viserons pas, mais nous ne nous laisserons pas faire ». et de se faire plus insistant encore : « Nous répétons encore une fois que nous ne signerons pas le Bon à tirer et que sans la liste nationale de Yewwi Askan Wi, les élections ne se tiendront pas au Sénégal », a ajouté le mandataire.
C’est dire à quel point les Législatives qui se profilent en fin juillet sont lourdes de menaces pour le Sénégalais lambda. Raison suffisante pour que moult acteurs sociaux, qu’ils soient de la société civile, .des milieux religieux et confessionnels en arrivent à réitérer leur appel au calme, en perspective de ces joutes.