KEEMTAAN GI – ERRANCES
Parait qu’ils sont en train de chercher des coupables à leurs errances. Quelques millimètres d’eau et voilà la capitale transformée en lac avec des scènes que d’autres ont jugées apocalyptiques. Rien que ça ! Heureusement que Dakar n’est pas Abidjan qui accueille chaque jour, durant la majeure partie de l’année, des trombes. Même si là-bas, le président semble avoir retrouvé ses esprits. Plus de mille morts mais le tout se termine par de joyeuses étreintes, une grâce présidentielle en plus de permettre au malheureux prédécesseur renversé avec l’aide de la France de reprendre le sourire avec le dégel de ses comptes. Le Chef va certainement imiter Ado. Karim et Khaf peuvent s’échauffer. La vie reprend son cours… Cette pluie que l’on craint, a pourtant son côté lyrique. Vous avez déjà contemplé le corps tout trempé d’une belle meuf ? Quel joli tableau pour les Kaccoor comme moi ! Plus sérieusement, ces inondations montrent les errances de ceux qui nous gouvernent et qui semblent le faire à l’aveuglette. Une ville ça se construit, ça s’imagine. Mais eux, ils veulent nous en mettre plein la vue avec des projets coûteux et improductifs. Singer les Toubabs pour faire moderne. Ça se décline en BRT et TER. Tous concentrés, ces projets, dans un petit coin de terre qui s’appelle Dakar et qui attire toute la misère du monde. Une ville étroite et où des malheureux ont dû passer plus de neuf heures dans les bouchons avant de rejoindre le cocon familial. Et ça ne semble émouvoir personne. Ne nous voilons pas la face. Dakar est devenue un danger pour ses habitants. Une bombe écologique dont la déflagration emporterait tout. La capitale pourrait être notre tombe. Imaginons toute une ville qui tente d’échapper à une calamité et qui n’a qu’une seule sortie, à Diamniadio, là où, selon Idrissa Seck, s’arrête la vision de l’autre. En tout cas, Dakar est à désengorger. On n’y vit pas ! On y étouffe. Les errances, ce sont également ces jeunes en prison pour avoir juste détourné des unes de journaux sans gros dégâts. Et curieusement, ceux qui ont poussé l’effronterie jusqu’à caricaturer un opposant en tenue d’Adam courent toujours. Ce sont là, des errances quand on ne veut voir que ce qu’on veut voir. KACCOOR BI (LE TEMOIN)
LE TABASSAGE D’UNE DIPLOMATE SÉNÉGALAISE VIRE À UNE CRISE ENTRE OTTAWA ET DAKAR
Les belles relations entre le Sénégal et le Canada ont été secouées en fin de semaine par un incident diplomatique provoqué par le tabassage d’une diplomate sénégalaise par les services de police de Gatineau, une province du Québec située près de la capitale fédérale Ottawa. Le 02 août dernier, la police canadienne a fait une descente au domicile d'une diplomate sénégalaise. Selon le service de police de la Ville de Gatineau (SPVG), elle aurait reçu un appel demandant "que des policiers portent assistance à un huissier muni d'une ordonnance devant être exécutée "au domicile de la diplomate sénégalaise." Dans une note publique, la police de la ville de Gatineau soutient qu’une fois sur les lieux et dans l’exercice de sa fonction, la réaction de la diplomate sénégalaise était "agressive’’. Constatant son refus de collaborer, la diplomate sénégalaise aurait frappé et blessé au visage une policière. En réaction et pour faire cesser l'infraction, pour la sécurité des personnes présentes, ils ont alors décidé « de procéder à l'arrestation de la personne », informe la même note publiée sur le site de la police. Toujours selon la SPVG, la diplomate aurait résisté et même blessé par morsure un deuxième policier. Voilà qui justifie, selon la police, que la diplomate ait été amenée au sol pour être maîtrisée. Elle sera alors détenue à l'arrière du véhicule de patrouille, sous supervision d'une policière. En aucun moment, précise la police, « la diplomate n'a mentionné avoir été blessée ou avoir des douleurs lorsque questionnée. » Selon, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (MAESE), "la police canadienne a exercé sur la diplomate une violence physique et morale humiliante, devant témoins, et en présence de ses enfants mineurs." Toujours selon le MAESE, malgré le rappel de statut de diplomate de la victime et de l'inviolabilité de son domicile, "les éléments de la police canadienne l'ont menottée et sauvagement tabassée, au point qu'elle a du mal à respirer, ce qui a conduit à son évacuation à l'hôpital. Informé de ces faits "inacceptables et injustifiables" et pour dénoncer et condamner fermement cet acte "raciste et barbare", le MAESE a convoqué la chargée d'affaires de l'ambassade du Canada à Dakar le 04 août dernier. Une note de protestation a été servie aux autorités canadiennes via l'ambassade du Canada à Dakar et celle du Sénégal à Ottawa. Le Sénégal a aussi exigé "qu'une enquête soit diligentée sans délai et que des poursuites soient menées contre les auteurs de cette agression inadmissible."
LE CANADA AFFICHE SA PRÉOCCUPATION EXTRÊME
Le MAESE informe également que le Sénégal se réserve "le droit d'exercer toute autre action appropriée et demande incessamment aux autorités canadiennes de veiller à ce que pareils actes ne se reproduisent." Après la sortie de la police de la ville de Gatineau, le ministère des Affaires étrangères du Canada a fait part, samedi 06 août 2022, de sa « préoccupation extrême par le traitement allégué » à une diplomate sénégalaise qui aurait été arrêtée violemment par la police de la ville de Gatineau. Dans un communiqué adressé aux médias, le ministère canadien des Affaires étrangères dit prendre « très au sérieux ses obligations en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. » Ce qui s’est passé est tout simplement inacceptable », estime le ministère. En outre, le Canada s’engage à continuer de coopérer pleinement avec le Sénégal pour remédier à cette situation regrettable et la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, est en contact avec son homologue sénégalaise, ajoute le même le texte. Mélanie Joly affirme également travailler « assidûment avec les différents paliers de gouvernement concernés et attendons une enquête approfondie », conclut la cheffe de la diplomatie canadienne. En plus de la réaction du ministère des Affaires étrangères, le département provincial de la Sécurité publique du Québec a indiqué que le « Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a été mandaté pour enquêter » sur cet incident. Le Sénégal est un allié stratégique du Canada qui veut éviter à tout prix une crise diplomatique avec lui.
ALLIANCE PARLEMENTAIRE PAPE DIOP SE SOUVIENT DES ATTAQUES DE PASTEF
Depuis la proclamation provisoire des résultats des élections législatives, les tractations vont bon train pour décrocher les trois députés élus en dehors des bannières de Benno et de Yewwi-Wallu ! Avec 82 députés pour Bby et 80 pour Yaw-Wallu, les deux principales coalitions devront composer, de gré ou de force, avec les trois députés restants à savoir Thierno Alassane Sall d'Aar-Sénégal, Pape Djibril Fall de Les Serviteurs et Pape Diop de Bokk Gis Gis. Des députés qui font l’objet d’une cour assidue car leur renfort assurera à la mouvance présidentielle (Bby) ou à l’opposition (Yaw-Wallu) une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Pour « Le Témoin » quotidien, l’honorable Pape Diop de « Bokk Guis-Guis » semble être l’énigme entre les deux fronts. L’ancien maire de Dakar et ex-président de l’Assemblée nationale puis du Sénat est présenté comme étant si loin et si proche de l’opposition. Selon un haut responsable de « Bokk Guis-Guis », leur leader Pape Diop ne cesse de se rappeler les nombreuses attaques qu’il a subies durant la précampagne et la campagne de la part des membres de Pastef. « Certains de l’opposition disaient même que Pape Diop était un pion de Macky sur l'échiquier électoral. Autant d’accusations, d’injures et de calomnies que Pape Diop déplore à chaque fois qu’on lui parle d’alliance avec Yaw-Wallu. En tout cas, je vois mal un Pape Diop rejoindre ces gens-là. Souhaitons qu’il misera sur un bon cheval au moment du départ de la 14e législature … » nous confie un haut responsable de « Bokk Guis-Guis » au quotidien « Le Témoin ». Et si ces « attaques » (de campagne électorale) n’étaient qu’un prétexte pour Pape Diop de confirmer son soutien à Macky Sall ? Un soutien qui, de l’avis de beaucoup d’observateurs, n’a jamais fait l’ombre d’un doute l’homme étant un pion masqué du pouvoir. Qui vivra verra !
AXE DAHRA-LINGUÈRE 55 MONTONS ÉCRASÉS PAR UN CAMION FOU
Sur l’axe Dahra-Linguère, avant-hier samedi, un camion fou a fauché un troupeau de moutons qui traversait la route goudronnée pour rallier un « louma » ou marché hebdomadaire. Roulant à vive allure, le chauffard n’a laissé aucune chance au troupeau puisque 33 moutons ont été « écrasés » sur le coup. D’autres bêtes ont succombé à leurs blessures quelques heures après l’accident. Au total, 55 petits ruminants ont donc été tués par ce camion fou. Inutile de vous dire qu’après le choc, le chauffard a pris la fuite avant d’être rattrapé par une « meute » voire un cortège de motos-Jakarta. Le chauffeur du camion a été conduit, sain et sauf, à la brigade de gendarmerie de Dahra-Djoloff. Sans doute, il doit s’estimer heureux entre les mains des gendarmes car les bergers Peulh avaient décidé de le charcuter à mort si toutefois ils parvenaient à le rattraper. Car c’est bien connu qu’entre un berger et ses vaches ou ses moutons, c’est une histoire de vie ou de mort…
ACCORD DE BISSAU ABDOUL MBAYE FÉLICITE MACKY SALL
Pour une fois, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye n’a pas lancé des missiles vers le Macky. A travers un post, il a félicité le président Macky Sall à la suite des accords de paix signés jeudi dernier à Bissau. « La signature de l’Accord de Bissau 2022 sera un des acquis majeurs de la gouvernance de Macky Sall. Rien ne vaut la paix interne. Toutes nos félicitations à l’Armée sénégalaise, aux franges du MFDC concernées et au président Macky Sall sans oublier ceux qui inlassablement ont œuvré dans l’ombre » a écrit le Premier ministre Abdoul Mbaye.
LEGISLATIVES : AUX EXPLICATIONS DE LA DÉFAITE DE BBY À MBAO
A Mbao, la défaite de Benno Bokk Yakaar est attribuée à la démarche sectaire et solitaire du ministre maire de Mbao Abdou Karim Sall. Ce dernier surfant sur une victoire acquise lors des locales de janvier dernier n’avait pas compris que la réalité des législatives était autre. A travers le déploiement d’un cortège qui faisait plus du tintamarre qu’une prise en compte des réalités du terrain politique, Abdou Karim Sall a raté l’opportunité de rassembler tous les responsables et porteurs de voix du président Macky Sall dans la zone. Les supports de communication du ministre étaient à son effigie alors qu’il n’était pas candidat. Il en a fait la démonstration lors du meeting de clôture en avançant son effigie, alors qu’il n’était même pas candidat. Abdou Karim Sall a cherché à démontrer qu’il était le seul leader du camp présidentiel à Mbao. Son slogan était qu’à Mbao, il n’y a pas une opposition. Pourtant, au sein de la ville de Mbao, il y a des leaders qui se réclament de Macky Sall. Abdou Karim Sall a totalement ignoré ces derniers notamment le docteur pharmacien Alioune Diop qui se déploie énormément pour le triomphe du président Macky Sall. Dr Alioune Diop, président du conseil d’orientation du Fonds de Développement des Transports Terrestres a été totalement ignoré.
LEGISLATIVES : AUX EXPLICATIONS DE LA DÉFAITE DE BBY À MBAO (BIS)
L’homme jouit d’un respect et d’une considération dans la zone et pourrait constituer un atout intéressant pour BBY à Mbao. Abdou Karim Sall n’a pas non plus cherché à démarcher l’ancien maire Abdoulaye Pouye Obama qui avait boudé les rangs de la majorité pour dénoncer l’ostracisme dont il était sujet. Ce alors que Obama pèse à lui seul près de 5000 voix à Mbao. Ignorer Abdoulaye Pouye à Mbao, c’est courir vers une défaite certaine. L’ancien maire a rallié Wallu pour faire la jonction avec Tahirou Thiam de Pastef, mais surtout Pape Ousseynou Pastef arrivé en deuxième position Yewwi de la Sipres. L’adversité était telle que la seule alternative pour le maire de Mbao, c’était de fédérer toutes les forces de BBY à Mbao pour espérer gagner. Hélas, doté d’un égo surdimensionné, Abdou Karim Sall ne l’a pas fait. Il a été sanctionné pour son arrogance, sa démarche folklorique, son attitude vindicative. Espérons qu’avec le temps, il puisse rectifier le tir
Spécialisée dans la sculpture perlée, Beya Gille Gacha a commencé à réaliser ses pièces dès l’âge de 8 ans. Elle moule des êtres humains et elle utilise la perle de rocaille pour faire leur peau C’est unique. Voir photos et vidéo.
Un jour, une création. Nous poursuivons notre exploration décalée du Dak’Art 2022 avec AfricaGlobe Tv. On note clairement une certaine originalité dont ont fait montre les femmes lors de la dernière biennale de l’art africain contemporain de Dakar.
Après la théière et tasse suspendues de la nigérienne Ngozi, les femmes nues de la Camerounaise Edwige Ndjeng ou encore le « Quantum Tunneling » de la Sénégalaise Caroline Guèye, nous vous proposons ici « L’Autre royaume » de la plasticienne Franco-Camerounaise Beya Gille Gacha.
Spécialisée dans la sculpture perlée, Beya Gille Gacha a commencé à réaliser ses pièces dès l’âge de 8 ans. Elle moule des êtres humains et elle utilise la perle de rocaille pour faire leur peau C’est unique. Voir photo et vidéo.
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SANS DÉTOUR SUR L'ISSU DU SCRUTIN
Les Sénégalais ne sont pas indifférents à l’issu du scrutin du 31 juillet dernier. Ils suivent de près le processus. Après l'annonce des résultats provisoires cette semaine, nous avons donné la parole à quelques-uns qui se livrent sans détour.
Au soir de la proclamation des résultats des Législatives du 30 juillet dernier, marqués par une percée des grandes coalitions de l’opposition, nous avons interrogé des Sénégalais, très intéressés par cette élection, dans les rues de la capitale pour prendre leurs réactions.
Ces résultats montrent très clairement que la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakar (BBY), du président Macky Sall a perdu sa majorité à l'Assemblée nationale.
Pour gouverner plus ou moins dans la quiétude, la majorité au pouvoir va devoir négocier avec une partie de l'opposition, notamment les "petits candidats" avoir ne serait-ce qu’un seul. Chose qui n'est pas gagnée.
Inversement si ces candidats « faiseurs de rois » rejoignaient les grandes coalitions gagnantes l'opposition, celles-ci auront la majorité et pouvoir aura beaucoup du mal à avancer sans elles. Voici le florilège de réactions recueillis pour vous.
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
UM NYOBÈ, ASSASSINÉ PAR LA FRANCE POUR SES IDÉAUX
EXCLUSIF SENEPLUS - La répression des nationalistes camerounais par les armées française, puis camerounaise fit, entre 1955 et 1964, des dizaines de milliers de morts. Des crimes contre l’humanité pour lesquels Paris persiste à ne pas demander pardon
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 07/08/2022
Certes, prononcer son nom n’est plus chose interdite puisque la loi camerounaise n° 91/022 du 16décembre1991 le réhabilita, dissipant tout préjugé négatif qui entourait son histoire et sa biographie mais, jusqu’à ce jour, seul un monument fait penser à lui. Inauguré le 22 juin 2007, ce monument, que l’on doit au pasteur Samuel Bikoi 2, ancien maire d'Éseka, représente l’arrivée de Ruben Um Nyobe à la gare d’Éseka en 1952 après son voyage à New York où il avait fait une poignante déclaration à la tribune de l’Onu. Les gens d’Éseka et des autres villes du Cameroun estiment qu’il faudrait plus qu’un monument pour rendre hommage à Um. Selon eux, il est, par exemple, nécessaire que son nom soit donné à des rues, avenues, boulevards, stades, écoles et collèges, que le gouvernement s’occupe matériellement et financièrement de sa famille, que disparaisse la peur de parler de lui. Car beaucoup de Camerounais ont encore du mal à discuter librement de sa vie et de sa mort. Même ses deux veuves, Marie Ngo Njock et Marthe Ngo Mayack, n’osent pas raconter ce qu’elles ont vécu avec leur mari. Pourquoi Um Nyobè mérite-t-il d’être davantage reconnu et connu ? Parce qu’il œuvra “pour la naissance du sentiment national, l'indépendance du pays, le rayonnement de son histoire et de sa culture”, parce qu’il se sacrifia pour le Cameroun.
En 1913, année de la naissance de Um, le Cameroun est encore sous occupation allemande. À la fin de la première Guerre mondiale, une partie du pays est confiée à la France et l’autre à l’Angleterre. Um Nyobè fréquente les écoles presbytériennes situées dans la partie occupée par la France. Fin 1930, il s’engage dans la Jeunesse camerounaise française, une organisation que l’administration française avait créée pour faire pièce à la propagande nazie.. En 1945, il milite dans le Cercle d’études marxistes fondé par l'instituteur et syndicaliste français Gaston Donnat. Ce cercle, qui façonna la plupart des nationalistes camerounais, combattait à la fois le nazisme, le racisme et le colonialisme. Sa formation achevée, Um travaille, d’abord, dans les finances, puis dans l’administration judiciaire. C’est pendant cette période qu’il intègre l’Union des syndicats confédérés du Cameroun (USCC) soutenue par la Confédération générale du travail (CGT). Le 18 octobre 1946, il est à Bamako (Mali) pour le premier congrès du Rassemblement démocratique africain (RDA) soutenu par le Parti communiste français. Il y représente l’USCC. De retour au Cameroun, il s’attelle, avec d’autres syndicalistes, à la création d’un parti politique. Ce parti verra le jour dans la nuit du 10 avril 1948, dans un café-bar de Douala, et s’appellera l’Union des populations du Cameroun. Um n’était pas présent, cette nuit-là. Choisi par ses pairs pour diriger le nouveau parti, Léopold Moumé Etia se désiste vite au profit de Um qui prend les commandes de l’UPC en novembre 1948. Bien que disposant de peu de moyens financiers, le parti lance trois journaux (“La Voix du Cameroun”, “L’Étoile” et “Lumière”). Les thèmes, qui y sont régulièrement abordés, sont l’indépendance nationale, la réunification de l'ex-Kamerun allemand et la justice sociale. Um donne des conférences un peu partout dans le pays.
À cette époque, que réclament les Camerounais ? Quelles sont leurs aspirations profondes ? Ce qui les préoccupe avant tout, c’est le cacao des paysans vendu moins cher que les produits importés d’Europe, le chômage qui ne cesse d’augmenter, l’insuffisance des hôpitaux et des écoles, les brutalités et travaux forcés auxquels sont soumises les populations, etc. Um Nyobè et les autres leaders politiques (Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié…) sont évidemment révoltés par cette situation. Tous veulent le changement mais ce qui distingue Um des autres, ce qui lui donne un certain avantage sur eux, c’est son expérience avec les syndicats qui militent pour l'égalité salariale entre travailleurs blancs et travailleurs noirs, contre les relations d'autorité entre l’administration française et les populations camerounaises. Comme le note Louis Ngongo, “au lieu de s’envoler dans des théories fumeuses de liberté, d’indépendance, le secrétaire général de l'UPC fait passer ses idées en assumant les préoccupations des manœuvres des villes et des paysans des brousses (cf. Saïd Bouamama, ‘Figures de la révolution africaine’, Paris, La Découverte, 2014). Ces préoccupations, Um va les répercuter aussi loin que possible. Il devient ainsi “la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche” (Césaire), le chef incontesté du nationalisme camerounais. C’est de là que vient le surnom qui lui fut donné : celui qui porte la parole des siens (“Mpodol” en bassa, la langue de Um). L’administration coloniale ne tarde pas à le dénigrer et à le diaboliser en le présentant comme un agent du communisme international. Mais Um résiste à cette campagne haineuse, tout comme il résiste au tribalisme, aux intégrismes religieux, à la discrimination envers les Blancs et à la violence. Tout en prônant des actions pacifiques (boycotts, grèves et manifestations non-violentes), Um affirme ne pas mettre les colonialistes français et le peuple de France dans le même sac. Parallèlement, il envoie des messages à l’Onu. Entre 1952 et 1954, à trois reprises, il y prend la parole pour “demander à l’Organisation des Nations unies de trouver de véritables solutions qui permettront aux Camerounais d’accéder à leur indépendance dans un avenir raisonnable, c’est-à-dire le plus proche possible”. Ses revendications sont soutenues par l’Union soviétique, les pays d’Europe de l’Est et certains pays d’Amérique latine.
Le 10 avril 1955, les vicaires apostoliques du Cameroun publient une lettre commune qui invite les fidèles catholiques à se tenir loin de la “violence et de l’idéologie communiste” de l’UPC. Um et Mounié leur répondent, 12 jours plus tard. D’une part, ils font remarquer que Graffin (Yaoundé), Bonneau (Douala), Bouque (Nkongsamba), Teerenstra (Doumé) et Plumey (Garoua) sont des imposteurs parce qu’ils n’arrivent pas à vivre l’Évangile qu’ils enseignent. D’autre part, ils les accusent d’être les complices du colonialisme oppresseur et du patronat français qui réalise de gros bénéfices sur le dos des Camerounais (cf. Louis Ngongo, ‘Histoire des forces religieuses au Cameroun. De la Première Guerre mondiale à l’indépendance’, Paris, Karthala, 1982). Ruben Um Nyobè était contre la violence et la lutte armée. C’était un combattant modéré et non extrémiste mais “il ne reste souvent à l’opprimé d’autre recours que d’utiliser les méthodes qui reflètent celles de l’oppresseur”. Et Nelson Mandela d’ajouter : “Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense” (cf. ‘Un long chemin vers la liberté’, Paris, Fayard, 1995).
C’est l’attitude du gouvernement français qui va jeter Um dans les bras de la violence. Le 13 juin 1955, en effet, non seulement l’UPC est interdite par le gouvernement français mais ses dirigeants commencent à être traqués. Um prend alors le maquis où il crée, le 2 décembre 1956, une armée dénommée Comité national d’organisation (CNO). Cette armée est dirigée par Isaac Nyobè Pandjok, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Les élections législatives du 23 décembre 1956 sont remportées par le parti d’André-Marie Mbida. Celui-ci sera ensuite nommé Premier ministre de l’État autonome du Cameroun sous tutelle des Nations unies. Le scrutin n’avait pu se tenir dans la région d’Um Nyobè. Lorsque Pierre Messmer propose l’organisation d’une élection partielle afin que Ruben Um Nyobè puisse siéger à l’Assemblée, ce dernier pose des préalables, à savoir la légalisation de l’UPC, le vote d’une loi qui efface les condamnations, l’installation d’un comité national pour assurer la transition vers l’indépendance, la cession du poste de Premier ministre à Um Nyobè et une rencontre publique avec le haut-commissaire de la France au Cameroun. Il dit la même chose à l’évêque de Douala, Mgr Thomas Mongo, qui avait tenté une médiation entre le pouvoir de Yaoundé et le leader charismatique de l’UPC. Mais la France rejette les préalables de l’UPC.
Après plusieurs mois de traque, Um Nyobè est abattu par l’armée française, le 13 septembre 1958 dans la forêt où il se cachait, non loin de son village natal, Boumnyebel, dans le département du Nyong-et-Kellé. Son cadavre est traîné par terre, comme si on voulait l’humilier jusque dans la mort. On lui refuse une sépulture digne. La répression des nationalistes camerounais par les armées française, puis camerounaise fit, entre 1955 et 1964, des dizaines de milliers de morts, membres de l’UPC et civils confondus (cf. Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, ‘La Guerre du Cameroun. L’invention de la Françafrique’, Paris, La Découverte, 2016). Des crimes contre l’humanité pour lesquels la France persiste à ne pas demander pardon. Elle se refuse à emboîter le pas à l’Allemagne et à l’Angleterre qui, elles, ont présenté des excuses pour le génocide des Herero et des Nama (Namibie) et le massacre des Mau-Mau (Kenya). Ces deux pays ont promis en outre d’indemniser les victimes. Quand on n’est pas la première puissance économique européenne et qu’on perd chaque jour du terrain dans ses ex-colonies, que gagne-t-on à faire montre d’arrogance et de mépris ?
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES EN AFRIQUE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Comment soutenir la résilience climatique sur sans hypothéquer la survie du continent ? Rama Yade, directrice du programme Afrique d'Atlantic Council et Youba Sokona, vice-président du Giec en débattent dans l'émission l'Amérique et vous sur VOA
Comment soutenir la résilience climatique sur sans hypothéquer la survie du continent ? Rama Yade, directrice du programme Afrique d'Atlantic Council et Youba Sokona, vice-président du Giec en débattent dans l'émission l'Amérique et vous sur VOA.
par Amadou Fall
PLAIDOYER POUR LE SOLEIL, PREMIER-NÉ DE LA NATION
Les employés du quotidien national ont frappé à toutes les portes, remué ciel et terre, sans quasiment le moindre écho, la moindre réaction à leurs doléances et revendications. Les autorités leur doivent des réponses
Le paysage médiatique sénégalais n’a jamais connu pareille éclipse, depuis cinquante deux ans : deux jours sans l’astre national, sous de sombres nuages déversant intempestivement leurs eaux sur la capitale qui n’en a que faire. Le problème du quotidien national n’est toutefois pas dans ces intempéries, mais dans une crise interne qui perdure et qui, de fait, a atteint son paroxysme, pour avoir poussé une bonne frange de ses employés à bloquer la parution du journal, voire le fonctionnement de l’entreprise.
Je ne jugerai ni ne condamnerai personne. Aucunement ces travailleurs qui se croient obligés d’en arriver à ces extrêmes, parce que sevrés d’avantages acquis sous les gestions précédentes et convaincus que celle en cours ne se déroule pas dans le sens des intérêts de l’entreprise, de ses acteurs et de la Nation dont elle est un patrimoine irréfragable. Et pour le moins l’actuel directeur général dont les proches disent qu’il est dans une dynamique de rupture positive, mais avec des conséquences qui n’ont pas l’heur de convaincre ou de plaire.
Toujours est-il que la situation délétère qui prévaut, et qui en est à un stade trop avancé de pourrissement, ne saurait perdurer. Cela ne se pourrait que s’il y avait derrière une volonté cachée, non-avouable, de mettre une croix définitive sur “Le Soleil”. Je n’ose pas le croire, ni même le penser. Mais le silence assourdissant des pouvoirs publics, du président de la République et d’abord de son ministre de la Communication, n’est pas sans inquiéter, troubler les esprits bien comme mal pensants.
Les employés du quotidien national ont frappé à toutes les portes, remué ciel et terre, sans quasiment le moindre écho, la moindre réaction à leurs doléances et revendications. Les autorites leur doivent des réponses qui, pour le mieux, participeraient à ramener la raison sur les passions, taire les ranceurs, donner satisfaction aux revendications légitimes et incompressibles des travailleurs et asseoir un mode de direction et de management répondant aux exigences qui doivent être celle d’une entreprise de presse de service public, dans un contexte continu de pluralisme politique et d’émergence sociale, et non plus seulement la caisse de résonance et le faire-valoir de tout régime en place.
Vingt-deux années plutôt, le président Abdoulaye Wade avait promis de faire tourner la roue de notre histoire dans ce sens, en clamant, haut et fort, au lendemain de sa première investiture, n’avoir “nul besoin d’une presse gouvernementale dithyrambique, mais d’une presse libre et critique dans le respect des libertés et droits des citoyens.” Les journalistes et autres employés de ma génération qui, sans l’aide de l’Etat, avaient jusqu’alors soutenu à bras le corps le quotidien national pour qu’il ne sombrât pas face à une coriace concurrence privée et libre, n’en espéraient pas tant !
Comme j’ai eu à le crier haut et fort alors, dans un article publié le 7 avril 2000, dans le quotidien national, en écho aux propos du nouveau président de la République : “Les aspirations des travailleurs du quotidien national demeurent, aujourd’hui comme hier, pour un « Soleil » dépouillé de sa camisole de force, libre de traiter objectivement de toutes les informations relatives au quotidien des sénégalais, à leurs problèmes, réalisations et espérances, à la situation et aux perspectives politiques, économiques, sociales, culturelles et sportives du pays, à la politique et à l’action gouvernementales, avec « Le monde » comme référence. Sous quelque forme juridique que sera demain « Le Soleil », ses ressources humaines, avec ou sans appoint extérieur, ont la capacité de relever ces défis, comme ils cherchent à le prouver dans cette phase transitoire, avec les tout nouveaux moyens techniques dont ils disposent.”
Je reste convaincu que la génération actuelle qui a remplacé la nôtre, agit et s’agite dans les arcanes du “Soleil", est dans le même état d’esprit que nous. Je crois que, en plus d’aspirer à des conditions de travail plus valorisantes et exaltantes et de vie plus décente, elle est plus que jamais déterminée à mettre ses compétences au service de l’entreprise et de la Nation, en toute responsabilité, pour que le journal, continue à livrer quotidiennement une information fiable, pertinente, équilibrée et accessible.
Leur combat est assurément noble, nonobstant les irrévérences et violences qui l’entachent, et que l’on pourrait mettre sur le compte d’une fougue juvénile dans l’air du temps. Je n’en retiens qu’une farouche volonté qu’ils ont en partage avec leurs ainés, de “conquérir d’autres espaces de libertés, l’autorité et la possibilité de réajuster la ligne éditoriale du journal et d’en équilibrer le contenu, surtout politique,” sur la toile de fond d’une gestion participative d’un patrimoine qui est le leur comme celui de tous les Sénégalais, de quelque obédience qu’ils soient.
A mon sens, l’Etat doit s’ouvrir impérativement à cette perspective. Une petite brèche avait été créée avec l’offre symbolique d’une action dans le capital de la société permettant au personnel d’être représenté aux réunions de son Conseil d’administration et de s’y faire entendre. Timidement.
Il est plus que temps de l’élargir, en sorte que les travailleurs du quotidien national aient pleinement voix au chapitre, pour peser sur toutes les décisions ou recommandations du Conseil d’administration relatives à l’administration et à la gestion de l’entreprise. À cet égard, la puissance publique est tenue d’accepter que les employés du Soleil puissent se constituer en Société de rédacteurs ou autres, et participer, de façon conséquente, à l’actionnariat de l’entreprise. Un actionnariat des plus obsolètes présentement, quand on sait que, d’une crise à l’autre, le capital social de départ constitué par des démembrements de l’Etat comme la Mairie de Dakar ou la Chambre de commerce, n’a plus aucune consistance, sauf pour des gens qui ont hâte qu’une réunion de CA soit convoquée, pour de misérables jetons de présence et le banquet qui suit.
En vérité, outre ses immobilisations, le revenu plus consistant et régulier du service public de l’information et d’autres subventions, le patrimoine le plus déterminant dont dispose le quotidien national, ce son sont ses ressources humaines. Sans elles, point de Soleil. Celles-ci ont donc grand intérêt à s’organiser pour peser sur la balance, pas seulement pour leurs droits matériels et moraux, mais également et surtout pour la pluralité et l’équilibre des informations que leur organe véhicule, gage de leur crédibilité et et de leur honorabilité, d’une meilleure acceptation par les citoyens de ce pays, et donc de performance pour leur entreprise.
Cela suppose bien évidemment que la désignation de leurs directeurs généraux ne découle plus seulement du bon vouloir familial et politique du Prince, mais d’une sélection en bonne et due forme de compétences loyalement concurentes. Que l’Etat daigne relâcher la bride, pour que Le Soleil respire, rayonne et brille enfin pour tous les Sénégalais et tous les citoyens du monde. C’est là son ambition de tous les temps, d’être le premier-né de la nation et de garder son rang d’aîné dans le paysage médiatique, et non plus être la victime expiatoire de tous les régimes qui passent. C’est le sens de ce plaidoyer, quasiment le même qu’il y a vingt-deux ans…
AMADOU Fall est ancien Directeur des rédactions, ancien Directeur commercial, ancien Coordonnateur général de l’Administration de la SSPP Le Soleil.
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ATOUTS ET HANDICAP DE SONKO
Le verdict des élections législatives 2022 annonce une nouvelle recomposition politique, selon le constitutionnaliste Ngouda Mboup
Le verdict des élections législatives 2022 annonce une nouvelle recomposition politique. Selon Pr Ngouda Mboup, le leader de Pastef / Les Patriotes, Ousmane Sonko, en a tiré « deux avantages » : D’abord, il s’est positionné comme le leader naturel de l’opposition. Il y avait une inter-coalition Yewwi-Wallu, c’est lui quasiment qui a mené la campagne. Il était la force d’attraction de cette campagne (électorale). »
Ensuite, « il a réussi à prendre de l’avance sur ses potentiels concurrent parce qu’en réalité, la campagne électorale était, pour lui, une façon de se préparer par rapport à l’élection présidentielle. Il a fait de son parti une machine électorale et ça c’est important. Parce qu’il savait qu’à l’élection présidentielle de 2019, il lui manquait certaines choses. Il n’avait pas ce maillage du territoire à travers de grands électeurs. Aujourd’hui, il a des élus. Pastef va se retrouver avec plus de 30 députés à l’Assemblée nationale. »
Mais, il a « un inconvénient », a-t-il poursuivi, soulignant que « (Sonko) est dans une Coalition où ses coalisés sont ses potentiels adversaires : Khalifa Sall et Karim Wade. Est-ce que s’ils partent en ordre dispersé, cette machine électorale pourrait permettre d’engranger autant de voix ou plus de voix ? »
BÉDIÉ ET GBAGBO BOUDENT LA FÊTE DE L'INDÉPENDANCE
Les anciens présidents ivoiriens n'ont pas répondu à l'invitation de leur successeur Alassane Ouattara à participer dimanche à Yamoussoukro (centre) aux célébrations du 62e anniversaire de l'indépendance du pays
Les anciens présidents ivoiriens Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo n'ont pas répondu à l'invitation de leur successeur Alassane Ouattara à participer dimanche à Yamoussoukro (centre) aux célébrations du 62e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, ont constaté des journalistes de l'AFP.
En dépit de la grâce présidentielle accordée la veille à Laurent Gbagbo, qui était encore sous le coup d'une condamnation à 20 ans de prison dans son pays, ni lui, ni Henri Konan Bédié, opposants à M. Ouattara, ne se trouvaient dans la tribune officielle, selon des images de la télévision publique RTI qui retransmettait la cérémonie en direct.
Lors d'un discours prononcé samedi à la veille de la fête de l'indépendance, le chef de l'Etat avait annoncé avoir signé "un décret accordant la Grâce présidentielle" à Laurent Gbagbo, "dans le souci de renforcer la cohésion nationale". Il avait aussi annoncé avoir demandé que "soit procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères" et avoir signé un décret accordant "la libération conditionnelle" à deux anciennes figures de l'appareil militaire et sécuritaire du régime de Laurent Gbagbo, condamnées pour leur rôle dans la crise de 2010-2011.
Laurent Gbagbo, 77 ans, définitivement acquitté en mars 2021 de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye où il avait été transféré fin 2011, est rentré dans son pays le 17 juin 2021 avec le feu vert de M. Ouattara. Sans jamais avoir été inquiété depuis son retour, il restait néanmoins sous le coup en Côte d'Ivoire d'une condamnation à 20 ans de prison pour "le braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011.
La crise était née du refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle de fin 2010 qui avait entraîné des violences ayant fait quelque 3.000 morts jusqu'à l'arrestation de Laurent Gbagbo à Abidjan en avril 2011. La grâce a été accordée peu après une rencontre le 14 juillet entre Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié à Abidjan.
Si MM. Gbagbo et Bédié ont boudé les cérémonies de la fête de l'indépendance, deux chefs d'Etat ouest-africains, Umaro Sissoco Embalo de Guinée Bissau - président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - et Georges Weah du Liberia, étaient présents à Yamoussoukro, capitale politique ivoirienne.
Les célébrations du 62e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, ancienne colonie française, se sont tenues alors que 49 soldats ivoiriens sont détenus depuis le 10 juillet au Mali. Ils ont été accusés par les militaires qui ont pris le pouvoir en 2020 à Bamako d'être des "mercenaires", ce que nie la Côte d'Ivoire qui affirme qu'ils se trouvaient au Mali dans le cadre d'une mission de soutien à la mission de l'ONU dans ce pays.
Dans son discours samedi, Alassane Ouattara a déclaré qu'ils sont "détenus injustement" et que "que la Côte d'Ivoire ne les abandonnera jamais".
INCIDENT DIPLOMATIQUE ENTRE DAKAR ET OTTAWA
La police canadienne était dans l'embarras samedi après l'arrestation tendue, et contraire aux règles internationales, d'une diplomate sénégalaise en banlieue d'Ottawa, Dakar dénonçant un "acte raciste" et violent
La police canadienne était dans l'embarras samedi après l'arrestation tendue, et contraire aux règles internationales, d'une diplomate sénégalaise en banlieue d'Ottawa, Dakar dénonçant un "acte raciste" et violent, le Canada promettant "une enquête approfondie" face à un incident "inacceptable".
Le ministère sénégalais des Affaires étrangères avait indiqué vendredi avoir convoqué la veille la chargée d'affaires de l'ambassade du Canada à Dakar pour "dénoncer vigoureusement et condamner fermement un acte raciste et barbare".
"Nous sommes extrêmement préoccupés par le traitement présumé d'une diplomate sénégalaise par le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG)", a réagi le ministère canadien des Affaires étrangères dans un communiqué."Ce qui s'est passé est tout simplement inacceptable."
La police canadienne a fait mardi "une descente au domicile" de la diplomate sénégalaise lors de laquelle elle a "exercé" sur elle "une violence physique et morale humiliante", selon Dakar.
"Le Canada prend très au sérieux ses obligations en vertu de la Convention de Vienne", a insisté le gouvernement de Justin Trudeau, rappelant que cette convention régit depuis plus de 60 ans les relations diplomatiques et "prévoit un certain nombre d'immunités, y compris contre toute forme d'arrestation".
En fin de journée samedi, le gouvernement du Québec - province où s'est déroulé l'incident - a annoncé l'ouverture d'une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI, la police des polices québécoises) après "une intervention policière qui soulève des questions" contre "la Premier conseiller (sic) de l'Ambassade du Sénégal au Canada".
- Ambulance dépêchée -
La police de Gatineau, banlieue québécoise de la capitale fédérale canadienne, avait reconnu vendredi soir l'altercation, survenue mardi alors qu'un huissier de justice "muni d'une ordonnance devant être exécutée" avait demandé le concours des forces de l'ordre.
"Malgré le rappel du statut de diplomate de la victime et de l'inviolabilité de son domicile, les éléments de la police canadienne l'ont menottée et sauvagement tabassée, au point qu'elle a eu du mal à respirer, ce qui a conduit à son évacuation par ambulance à l'hôpital", selon les autorités sénégalaises.
La police canadienne a assuré de son côté avoir préalablement confirmé que "le document judiciaire était bel et bien valide et que l'officier de justice ayant autorisé l'ordonnance judiciaire avait été informé que la personne avait un statut diplomatique".
Puis, a ajouté le SPVG, "faisant face à une personne agressive et refusant de collaborer, les policiers sont intervenus" pour ramener le calme, mais c'est alors qu'"une policière a été frappée au visage et blessée".
"Les policiers ont donc décidé de procéder à l'arrestation" de la diplomate.Mais elle "a résisté" et "blessé par morsure un deuxième policier".
La diplomate sénégalaise "a alors été amenée au sol pour être maîtrisée", puis détenue "à l'arrière du véhicule de patrouille, sous supervision d'une policière, le temps que le huissier exécute son ordonnance", mais à "aucun" moment la diplomate "n'a mentionné avoir été blessée ou avoir des douleurs", a souligné la police canadienne.
Pourtant, quelques minutes plus tard, une ambulance a été dépêchée auprès de la diplomate, a reconnu la police, sans plus de détails.
- "Enquête approfondie" -
Le ministère sénégalais des Affaires étrangères a indiqué avoir remis une "note de protestation" aux autorités canadiennes.
Il "exige" qu'une enquête soit "diligentée et que "des poursuites soient menées contre les auteurs de cette agression inadmissible".
"Le Canada continuera de coopérer pleinement avec le Sénégal pour remédier à cette situation regrettable", a assuré Ottawa.
"Nous travaillons assidûment avec les différents paliers de gouvernement concernés et attendons une enquête approfondie", a indiqué le gouvernement canadien, notant que la cheffe de la diplomatie canadienne Mélanie Joly est "en contact avec son homologue sénégalaise", Aïssata Tall Sall.
Le Sénégal "se réserve le droit d'exercer toute autre action appropriée", a averti Dakar.
Le Sénégal est l'un des principaux partenaires du Canada en Afrique de l'Ouest et le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'entretient régulièrement avec le président sénégalais Macky Sall, leur dernière échange remontant à fin juin.