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20 mai 2025
DANS L’HISTOIRE DE 86.6 !
Le projet de loi de finances 2025 a été adopté, samedi, sans débat, par l’Assemblée nationale sur la base de l’article 86.6 de la Constitution invoqué par l’Exécutif, qui a évoqué le temps court pour tenir les plénières.
Le projet de loi de finances 2025 a été adopté, samedi, sans débat, par l’Assemblée nationale sur la base de l’article 86.6 de la Constitution invoqué par l’Exécutif, qui a évoqué le temps court pour tenir les plénières. Mais du côté de l’opposition, des parlementaires dont Abdou Mbow, membre du groupe parlementaire Takku Wallu et TAS, dénoncent «une violation grave de notre Constitution» et un dilatoire qui a abouti à cette situation.
L’Assemblée nationale a adopté sans débat le projet de loi de finances 2025. Cela, conformément à la volonté du Premier ministre Ousmane Sonko qui s’est appuyé sur l’article 86 alinéa 6 de la Constitution pour engager la responsabilité de son gouvernement. «Nous avons reçu une lettre du Premier ministre qui a saisi l’Assemblée nationale, conformément à l’article 86 alinéa 6 de la Constitution, en soulignant l’engagement de la responsabilité du gouvernement. En l’absence d’une motion censure qui devait être déposée 24 heures avant, l’Assemblée adopte la loi de finances 2025», a déclaré Malick Ndiaye, président de l’Assemblée nationale. Qui a lu la lettre du Premier ministre indiquant l’adoption de la loi de finances du budget de l’année 2025.
Sonko absent !
Mais, cette volonté des députés de la majorité n’a pas du tout rencontré l’adhésion des parlementaires de l’opposition. Abdou Mbow, député membre de la coalition Takku Wallu, trouve ainsi «inacceptables» les conditions dans lesquelles le budget a été voté. Pour étayer son propos, il invoque le même article 86 alinéa 6 de la Constitution qui stipule : «Le Premier ministre peut engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale pour faire adopter une loi des finances, sauf s’il y a une motion de censure dans les vingt-quatre heures.» Selon l’ancien président du Groupe Benno bokk yaakaar, «c’est le Premier ministre qui devait se présenter devant les députés pour engager la responsabilité du gouvernement. Car, le ministre des Finances et du budget, membre du gouvernement, ne peut pas engager le gouvernement. La Constitution parle du Premier ministre, et non de son représentant». Abdou Mbow voit à travers ce geste des députés de la majorité «une violation grave de notre Constitution».
Abdou Mbow dénonce «une violation de la Constitution»
Le député non inscrit, Thierno Alassane Sall, ne cache pas lui aussi sa surprise. «C’est la première fois dans l’histoire politique du Sénégal qu’une loi de finances est votée sans débat», a-t-il martelé, en accusant le régime en place d’être à l’origine d’une telle situation. «Le gouvernement a fait du dilatoire pour retarder l’examen de la loi de finances initiale. Ils ont fait du dilatoire sur la suppression du Hautconseil des collectivités territoriales (Hcct), du Conseil économique, social et environnemental (Cese) en reportant la Loi des finances rectificative (Lfr) jusqu’à ce qu’on arrive au 27 décembre sans avoir les séances, alors que le gouvernement avait tout le temps pour faire voter la loi avec des débats», se désole-t-il, en rappelant dans le même sillage l’importance des débats. «Les séances plénières sont les plus essentielles, car elles permettent d’étudier en profondeur les problèmes du Sénégal», assure TAS.
Mais, Abass Fall, ministre du Travail en charge des relations avec les institutions, n’est pas du même avis que les députés de l’opposition. D’après lui, le vote sans débat s’explique par les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles le projet de loi de finances initiale a atterri à l’Hémicycle. «Le projet de budget est venu en Commission technique dans des conditions extrêmement difficiles et on a dû accélérer son examen pour être à jour. Au préalable, on avait même établi un calendrier qui pouvait nous permettre de passer en commission et de revenir en plénière», s’est-il dédouané. Le ministre du Travail en charge des relations avec les institutions trouve qu’ils n’ont pas failli à la loi.
PREVISION DE CROISSANCE DE 8, 8%
Dans le budget 2025 de l’Etat, les recettes sont arrêtées à 5014, 3 milliards de francs Cfa, contre 4915, 2 milliards pour la Lfi 2024. Quant aux dépenses, elles sont évaluées à 6614, 8 milliards, contre 5755, 4 milliards en 2024, indique le rapport de la Commission des finances de l’Assemblée nationale.
Le budget 2025 connaît ainsi une hausse des recettes de 99, 1 milliards, soit 2%, selon ce document élaboré avec des données fournies par le ministère des Finances et du budget. Les dépenses ont augmenté de 859, 4 milliards, l’équivalent de 14, 9%.
prévision de croissance de 8, 8%, contre 6, 7% en 2024, et un déficit budgétaire attendu à 7, 08%, contre 11, 6% en 2024, «avec l’objectif d’aller vers la consolidation budgétaire en 2027 et d’atteindre un déficit de 3% du Produit intérieur brut (Pib), en respect des critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa)».
Les recettes du budget général sont arrêtées en 2025 à 4794, 6 milliards. La pression fiscale est projetée à 19, 3% du Pib pour 2025, contre 19, 4 % au titre de la Lfi 2024.
Les recettes des comptes spéciaux du Trésor sont arrêtées à 219, 7 milliards de francs Cfa pour 2025. Les dépenses du budget général sont programmées à 6395, 1 milliards pour l’année 2025, soit une progression de 861, 2 milliards, soit 15, 6% par rapport à la Lfi de 2024. Les charges financières de la dette publique et la masse salariale devraient progresser respectivement de 13, 1% et 3% pour s’établir à 932, 1 milliards et 1485,5 milliards en 2025.
Les dépenses d’investissement du budget 2025 sont estimées à 2047 milliards, contre 1836, 3 milliards dans la Lfi de 2024. Les dépenses des comptes spéciaux du Trésor sont programmées à 219, 7 milliards pour 2025, contre 221, 5 milliards en 2024
Budget de la Présidence
S’agissant des moyens dévolus aux institutions constitutionnelles, le budget de la présidence de la République est arrêté à 78 milliards 609 millions 617 mille 404 francs Cfa, contre 80 milliards 129 millions 718 mille 244 francs Cfa en 2024. Celui de la Primature est fixé à 25 milliards 6 millions 817 mille 345 francs Cfa, contre 25 milliards 723 millions 322 mille 360 francs en 2024
Le budget de l’Assemblée nationale s’élève à 22 milliards 474 millions 15 millions 137 francs, contre 20 milliards 158 millions 15 mille 137 francs en 2024. Pour le Conseil constitutionnel, le budget est arrêté à 1 milliard 453 millions 826 mille 65 francs pour 2025, contre 1 milliard 755 millions 705 mille francs en 2024, celui de la Cour suprême est fixé à 5 milliards 89 millions 993 mille 426 francs, contre 6 milliards 979 millions 625 mille 379 francs en 2024. Le budget de la Cour des comptes est programmé à 14 milliards 512 millions 706 mille 792 francs, contre 13 milliards 199 millions 273 mille francs en 2024.
Lors des débats en commissions, des commissaires ont, selon le rapport, insisté sur le budget de la présidence de la République, notamment les rubriques de dépenses de personnel ainsi que l’augmentation de la dotation de l’Assemblée nationale de l’ordre de 2 milliards de francs Cfa. Selon eux, ces constatations vont à l’encontre de l’ambition de rationalisation des dépenses largement affichée.
Par ailleurs, jugeant trop important le montant des réserves de précaution, certains commissaires ont souhaité être édifiés sur les raisons sous-jacentes à cette décision. A ce propos, ils ont souligné le fait que le Fonds intergénérationnel soit logé dans le budget de la présidence de la République alors qu’aux termes de l’article 8 alinéa 3 de la loi n° 2022-09 du 19 avril 2022 relative à la répartition et à l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures, la gestion de ce fonds incombe plutôt au Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis). Ainsi, les ministres ont été interpellés sur les raisons qui sous-tendent une telle décision.
A ce propos, le ministre des Finances et du budget a-t-il précisé que «celui-ci n’est pas géré par la présidence de la République, mais par le Fonsis qui a comme ancrage le Mfb»
Au titre des perspectives pour 2025, mentionne le document, «l’économie nationale devrait bénéficier d’une conjoncture internationale plus favorable, caractérisée par la détente anticipée des cours des produits de base, notamment le pétrole dont les cours mondiaux pourraient baisser de 10, 4%, entraînant un prix de 72, 8 dollars le baril».
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CE QUE LE SECTEUR EXTRACTIF A GÉNÉRÉ EN 2023
L’Itie Sénégal vient de rendre public son rapport portant sur l’exercice fiscal 2023. Pour cette année, les revenus ont grimpé de plus de 102 milliards de francs Cfa
L’Itie Sénégal vient de rendre public son rapport portant sur l’exercice fiscal 2023. Pour cette année, les revenus ont grimpé de plus de 102 milliards de francs Cfa.
Pour l’exercice fiscal 2023, le total des revenus générés par le secteur extractif a augmenté. Il est passé à 380 milliards de francs Cfa, soit une hausse de plus de 102 milliards de francs Cfa par rapport à 2022.
De ces revenus, 346 milliards sont directement allés au budget de l’Etat, informe la Présidente de l’Itie Sénégal, Mme Oulimata Sarr.
Le secteur des hydrocarbures a, quant à lui, enregistré une augmentation de 5,95 milliards, passant de 24 milliards en 2022 à 30 milliards en 2023.
Par ailleurs, 11,7 tonnes d’or ont été produites pour une valeur de 484,4 milliards de francs Cfa durant l'année 2023. Ci-dessous l'extrait vidéo.
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TEMPETE CONTRE GCO
Des terres spoliées, des récoltes perdues, des indemnisations très faibles, les populations de la zone des Niayes ont manifesté leur colère ce samedi par une marche entre les villages de Lompoul sur mer et Lompoul village.
Mame Woury THIOUBOU (A Loumpoul) – |
Publication 30/12/2024
Des terres spoliées, des récoltes perdues, des indemnisations très faibles, les populations de la zone des Niayes ont manifesté leur colère ce samedi par une marche entre les villages de Lompoul sur mer et Lompoul village. «Stop Eramet», ont scandé ces populations qui demandent un moratoire sur l’exploitation du zircon à Lompoul.
Abdoulaye Sow en a gros sur le cœur. Vêtu d’une chemise en wax, il arbore, comme les centaines de personnes qui ont participé à la marche contre Grande Côte opération (Gco), une écharpe rouge. Mais pour Abdoulaye Sow, ce morceau de tissu cristallise toutes les épreuves, les frustrations et les injustices que lui et les siens ont subies. Sur cette terre de Lompoul, ses parents, ses grands-parents et arrières grands-parents ont vécu à la sueur de leur front. Ils ont bêché, semé et récolté pendant des dizaines et des dizaines d’années. Ce champs aujourd’hui est situé à l’endroit même où Gco a érigé un lac, cœur de son système d’exploitation. «Je n’ai jamais eu de problème avec les Forces de sécurité. A cause de Gco, on m’a menotté et arrêté. Tout simplement parce qu’on a refusé les indemnisations proposées, qu’on a dit clairement qu’on préférait garder nos champs, les agents des Eaux et forêts nous ont menottés dans leur voiture de 10h à 14h. C’était la première fois que des menottes touchaient mes mains», raconte, avec une voix chargée d’émotion, l’agriculteur devenu ouvrier agricole pour survivre. «L’arrivée de Gco a été une calamité. On a perdu nos champs. Et les indemnisations qu’ils nous ont données ne représentent même pas le quart de ce qu’on a obtenu à notre dernière récolte. Et j’ai dû partager cette maigre somme avec mes trois frères», continue-t-il de raconter. Ils sont nombreux à avoir vécu les mêmes misères que Abdoulaye Sow, certains ayant même été emprisonnés pendant des mois. Dans le village, la situation économique se détériore de plus en plus et les populations doivent désormais composer avec de nouvelles formes de délinquance. «Aujourd’hui, des jeunes se tournent vers la délinquance parce qu’ils ont perdu leur travail. Ca n’existait pas avant», dénonce M. Sow. Autre phénomène qui a fait son apparition, ce sont les départs de pirogues qui se sont multipliés au point que les gendarmes ont dû installer un camp de fortune à Lompoul sur mer pour y mettre fin.
Dans la foule des marcheurs qui ont pris le départ ce samedi 28 décembre à la sortie de Lompoul sur mer, les injustices «subies» sont scandées avec colère. Dans la foule, les pancartes crachent les messages de désespoir. Tous veulent un arrêt immédiat des activités de la mine. «Moratoire Lompoul pour évaluer les dégâts de Gco et prendre des mesures fermes», rappellent avec insistance les habitants des trois communes de Diokoul, Kab Gaye et Thieppe. A la tête de ce mouvement de protestation qui prend de l’ampleur de jour en jour, Gora Gaye, le maire de Diokoul Diawrigne. «Ce que nous exigeons, c’est l’arrêt des activités de Gco. Que l’on évalue la situation et qu’on sache si réellement le Sénégal tire un quelconque bénéfice de cette exploitation. Mais ce que je peux dire, c’est qu’avec tous les efforts que l’Etat a faits pour reboiser la zone des Niayes et stabiliser les dunes, je doute que les ressources issues de l’exploitation du zircon en vaillent le coup. Les Niayes produisent 80% des légumes de ce pays», souligne le maire Gora Gaye. Autour de lui, les différentes associations, les mouvements de défense se sont mis en ordre de bataille. Le mot d’ordre est le même : «Stop Eramet. Dafa doy (Ca suffit).»
L’administration locale au pilori
Sur d’autres pancartes, les populations laissent parler leurs ressentiments contre l’administration locale. En première ligne, la Commission d’indemnisation composée de membres de l’exécutif local. Dans plusieurs témoignages, les populations dénoncent des méthodes peu orthodoxes et une administration locale aux ordres de Gco. «Quand on doit indemniser un agriculteur, les Eaux et forêts viennent d’abord pour retirer toutes les installations sur ton champ sous prétexte que tu n’as pas les papiers. Mais nous cultivons et vivons dans ces zones depuis des décennies. On n’a jamais eu besoin de présenter des papiers. Ces terres, nous les avons reçues de nos parents. C’est totalement injuste», explique un agriculteur. Les poings levés, il brandit une pancarte sur laquelle on peut lire : «Non à une administration complice de Gco pour détruire nos communautés.»
Au moment où la marche des populations victimes de l’exploitation du zircon se préparait, le ministre de l’Environnement, le Dr Daouda Ngom, a effectué une visite sur les sites de Gco ce 26 décembre. Mais en omettant de prêter une oreille aux complaintes des populations. A la place, la visite d’une maison que Gco a louée pour y installer des familles déguerpies de chez elles en pleine nuit et en attente d’être relogées.
L’OURS D’OR DE MATI DIOP, POINT DE DEPART D’UNE ANNEE AUREOLEE DE PRIX POUR LES ARTISTES SENEGALAIS
Les artistes sénégalais ont glané, en 2024, des récompenses un peu partout dans le monde dans plusieurs disciplines dont le cinéma qui a valu au Sénégal l’Ours d’or de la 74e Berlinale (Festival international du film de Berlin en Allemagne) le 26 février
Les artistes sénégalais ont glané, en 2024, des récompenses un peu partout dans le monde dans plusieurs disciplines dont le cinéma qui a valu au Sénégal l’Ours d’or de la 74e Berlinale (Festival international du film de Berlin en Allemagne) le 26 février avec le long métrage ‘’Dahomey’’ de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop.
Le film de Mati Diop, entre fiction et documentaire, retrace le voyage de trésors royaux d’Abomey, pris lors de la colonisation du Bénin et restitués par l’Etat français à leur pays d’origine.
Le Dahomey, ancien royaume africain, est situé sur l’actuel Bénin, a reçu, dans le cadre de la restitution du patrimoine africain initiée par le président français, Emmanuel Macron, les 26 pièces d’arts sacrés pillés dans des palais royaux lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892.
En novembre 2021, vingt-six trésors royaux du Dahomey quittent Paris pour être rapatriés vers leur terre d’origine, le Bénin.
Le film de Mati Diop a remporté l’Ours d’or de la 74e Berlinale (Festival international du film de Berlin en Allemagne).
Après ce sacre, il a été projeté en mai au Sénégal et au Bénin.
Le 7 art sénégalais a aussi été récompensé le 21 décembre dernier aux 35ème édition des Journées cinématographiques de Carthage où le film ‘’Demba’’ de Mamadou Dia a décroché le tanit de bronze dans la catégorie long métrage fiction.
Le film explore le deuil, la résilience, la santé mentale et les tabous culturels liés à l’expression des émotions.
Le documentariste Ousmane William Mbaye a reçu une mention spéciale du jury pour son film ‘’Ndar saga Waalo’’, une production sortie en février et et qui dresse un portrait ‘’riche et complexe’’ de Ndar, le nom originel de la ville de Saint-Louis (nord), la première capitale du Sénégal bercée entre un riche passé colonial et un présent plein de questionnements sur l’avenir et la meilleure manière de préserver un héritage qui se veut universel..
Côté musique, le chanteur et compositeur sénégalais Youssou Ndour a été élevé le 8 juillet au rang de docteur honoris causa par l’université Berklee Valencia en Espagne.
Réagissant à cette distinction, il a déclaré: »Recevoir un titre de docteur Honoris Causa dans cette prestigieuse institution est une reconnaissance qui me touche profondément. C’est un symbole fort qui me rappelle que la musique, au-delà des frontières, est une langue universelle capable de changer le monde ».
par l'éditorialiste de seneplus, Boubacar Boris Diop
DEVOIR DE MÉMOIRE, QUÊTE DE VÉRITÉ AUTOUR DE THIAROYE 44
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion absurde et suicidaire. La frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 30/12/2024
C'est une chose de critiquer d'un point de vue général l'institution militaire connue sous le nom de "Tirailleurs sénégalais" et c'en une autre de cracher sur la dépouille de chacune des centaines de victimes du massacre du 1er décembre 1944 à Thiaroye. Dans le premier cas de figure, on peut légitimement se prévaloir d'une liberté de jugement qui ne donne toutefois à personne le droit de falsifier des faits patiemment reconstitués depuis les années quarante par des spécialistes de tous horizons. Les tirailleurs insultés par Cheikh Oumar Diagne ne sont pas des êtres abstraits, chacun d'eux a un nom et une histoire mais aussi de nombreux descendants qui chérissent de génération en génération sa mémoire. Il est tout de même troublant de voir un adulte se déchaîner contre des morts avec une haine et une rage qui ne peuvent avoir un peu de sens qu'à l'égard des vivants. Cela fait penser à des vitupérations dans le silence d'un cimetière.
À Thiaroye, des combattants africains ont été trahis par leurs supérieurs, assassinés et jetés à la hâte dans des fosses communes. C'est aussi simple que cela. Cheikh Oumar Diagne veut-il nous dire que c'était bien fait pour eux ? Il ne va pas jusqu'à qualifier les tirailleurs sénégalais de sous-hommes mais le mot n'est sans doute pas loin de sa pensée puisqu'il les décrit comme des traîtres, victimes moins du racisme colonial que de leur appât du gain. Si ses propos ne sont pas passés tout à fait inaperçus c'est uniquement parce qu'il est un proche collaborateur du président Diomaye Faye. À vrai dire, il est difficile de prendre au sérieux un langage aussi excessif. On s'en est bien rendu compte lors de la "Déclaration de politique générale" du Premier ministre Ousmane Sonko. Il y a fait en passant l'éloge des martyrs de Thiaroye mais aucun député n'a cru devoir revenir sur cette polémique lors de la séance-marathon de questions-réponses qui s'en est suivie.
Cependant Cheikh Oumar Diagne aura au moins eu le mérite de susciter ces jours-ci de nombreux articles dont les auteurs se veulent heureusement bien plus rationnels et nuancés que lui. On peut cependant se demander pourquoi un tel débat sur les tirailleurs sénégalais a lieu avec un si grand retard. Pendant près d'un siècle, l'Aube de sang - titre d'une pièce rarement prise en compte de Cheikh Faty Faye - a surtout interpellé les cinéastes, écrivains et musiciens africains et la relative indifférence des historiens et des politiques a permis à l'Etat français, coupable de ce crime de masse sous l'autorité du général de Gaulle, d'en contrôler totalement le récit, faisant par là-même obstruction à tout véritable travail de mémoire. Paris s'est vu finalement obligé de passer aux aveux il y a seulement trois semaines et on aurait pu s'attendre à ce que cette victoire quasi inespérée stimule la quête de vérité sur les circonstances exactes du carnage de décembre 1944 et un surcroît de considération pour ses victimes originaires de plusieurs pays africains. C'est au contraire le moment que l'on choisit pour surfer sur une vague révisionniste un peu chic et de moins en moins pudique. Des médias dits internationaux - il est aisé de deviner lesquels - ont voulu profiter des écarts de langage d'un haut fonctionnaire sénégalais pour en rajouter à la confusion. C'est de bonne guerre. D'autres réactions, quoique sincères, mesurées et tout à fait respectables, sont moins faciles à comprendre dans la mesure où elles servent naïvement les desseins de journalistes littéralement en mission commandée et pour qui des dizaines, voire des centaines de milliers de morts hors d'Europe compteront toujours moins que les intérêts de leur pays.
On pourrait croire à la lecture de certains analystes que les tirailleurs sénégalais étaient dans leur immense majorité des engagés volontaires. Rien n'est plus faux. L’administration coloniale, avec son formidable appareil de propagande et ses capacités de coercition, ne leur laissait la plupart du temps d'autre choix que d'aller au front. Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion personnelle absurde et suicidaire puisqu'aucune organisation politique ou sociale ne s'était élevée contre les campagnes de recrutement initiées par les tout-puissants maîtres de l'heure avec l'aide de leurs relais locaux. Le corps des tirailleurs sénégalais n'a pas été une exception africaine puisque sur tous les continents et à toutes les époques les vainqueurs en ont créé de semblables pour parachever le processus de conquête. Le fait est que partout, en attendant des jours plus favorables à une résistance concertée, les colonisés n'ont eu d'autre choix que de prendre les armes aux côtés du colonisateur.
Quid des Africains qui se sont précipités avec enthousiasme sur les lieux de recrutement, prêts à verser leur sang pour la France ? Ils ne méritent pas davantage notre mépris. Sembène Ousmane et Frantz Fanon firent partie de ces adolescents qui ont presque dû faire le forcing pour offrir leur vie à la Mère-Patrie en lutte contre l'Allemagne nazie.
Samba Gadjigo rapporte à ce propos une anecdote révélatrice dans sa biographie du célèbre écrivain-cinéaste sénégalais. Au début de la guerre, Sembène, apprenti-maçon à peine âgé de seize ans, est légèrement blessé à l'œil par un de ses copains devant une salle de cinéma du Plateau et sa première réaction a été de s'écrier qu'il ne pourra hélas plus être recruté par l'armée des Tubaab car "ils n'acceptent pas les borgnes !" Finalement mobilisé en 1944 dans le 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale stationné au Niger, il avouera un jour n'avoir jamais autant appris sur la vie et sur les êtres humains que pendant cette courte période sous les drapeaux. On connaît la suite de l'histoire : une exceptionnelle prise de conscience anticolonialiste et un film d'une rare efficacité en hommage à ceux de ses camarades tombés à Thiaroye.
Frantz Fanon, à qui l'humanité entière doit tant, n'aurait peut-être pas non plus été le même penseur fécond sans sa participation à la Deuxième Guerre mondiale au cours de laquelle il fut du reste blessé à la poitrine. N'écoutant à dix-sept ans que son précoce instinct antifasciste, il n'attend pas d'y être invité pour s'engager dans les forces gaullistes. Sa famille essaie en vain de le dissuader et puisqu'il n'a pas de quoi se payer le passage jusqu'en République dominicaine - d'où il devait rallier l'Angleterre - il vole et vend un costume de son père ! Toujours égal à lui-même, il se distancera plus tard de cette expérience qui lui avait pourtant permis, de son propre aveu, de mieux comprendre la Révolution algérienne. Dans Les damnés de la terre, son maître-livre, il reprendra intégralement Aube africaine, le célèbre poème dramatique de Keita Fodéba, consacré au drame de Thiaroye et ce n'est certainement pas par hasard.
Un traître à l'Afrique, Sembène Ousmane ? Un vulgaire chasseur de primes, Frantz Fanon, futur porte-parole du FLN algérien et selon le mot de son biographe Adam Shatz "une figure emblématique des mouvements de libération nationale en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine" ?
Est-il raisonnable d'attendre de jeunes paysans africains des années quarante - qui étaient en fait des gamins - qu'ils aient une meilleure compréhension des enjeux politiques de leur temps que des esprits aussi puissants que Frantz Fanon et Sembène Ousmane ? Poser la question c'est y répondre.
On ne peut donc que se féliciter du choix fait par le gouvernement du Sénégal de commémorer l'événement sans attendre la permission d'une quelconque puissance étrangère. Cette décision a très vite obligé Paris à reconnaître officiellement que ce qui est arrivé au camp de transit de Thiaroye était bel et bien un massacre soigneusement planifié et non la répression d'une mutinerie. Il est essentiel de noter que ce geste public de repentance est sans précédent dans l'histoire post-coloniale française.
La tragédie de Thiaroye n'a jamais été vraiment oubliée en Afrique de l'Ouest mais il a fallu attendre soixante-quatre ans d'indépendance pour qu'un de nos gouvernements ose en marquer l'anniversaire par une cérémonie du souvenir digne de ce nom. C'est en présence de plusieurs de ses pairs - y compris le président en exercice de l'Union africaine - que le chef de l'Etat sénégalais a rendu un hommage chargé d'émotion aux tirailleurs et cette communion avec nos disparus a aussi été un grand moment de fierté. Même s'il reste bien du chemin à faire pour que la commémoration de ce drame africain ne soit pas l'affaire exclusive du pays où il a eu lieu, le sursaut mémoriel du 1er décembre 2024 est un message clair des autorités quant à leur volonté de redire avec force l'humanité de nos compatriotes naguère déshumanisés par l'occupant. Cette reconnexion lucide avec un passé douloureux relève, en dépit de sa complexité, d'une simple nécessité de survie.
Dans le cas précis de Thiaroye, la frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse. Il se trouve qu'assez étrangement il semble embarrasser ou agacer certains petits-enfants des tirailleurs. C'est leur droit puisqu'il faut de tout pour faire un monde mais il est tout de même curieux que l'on se lâche avec tant de véhémence contre des personnes décédées depuis bientôt un siècle dans les circonstances que l'on sait. Cheikh Oumar Diagne est heureusement le seul à s'être laissé aller à une telle extravagance.
LA CAN, LES JO DE PARIS, LE COME-BACK DE DONALD TRUMP, PARMI LES FAITS MARQUANTS DE 2024
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre dernier, celle de la Côte d’Ivoire à la Coupe d’Afrique des nations, la guerre au Proche-Orient et la décision de retrait des pays de l'AES de la CEDEAO ont marqués 2024
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre dernier, celle de la Côte d’Ivoire à la Coupe d’Afrique des nations, la guerre au Proche-Orient et la décision de retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) ont sur le plan international marqué sans doute les esprits en 2024.
Présidentielle américaine : le come-back de Trump
Juste quatre petites années, la durée du seul et unique mandat de Joe Biden, lors duquel il a eu plus de temps pour jouer au golf dans son club privé de Bedminster, et revoilà Donald Trump qui s’apprête à retrouver le Bureau ovale.
Quarante-cinquième président américain (2017-2021), il sera donc également le 47e à partir du 20 janvier 2025, jour de son investiture.
Donald Trump a été donné pour mort… politiquement, après avoir été déclaré coupable de 34 chefs d’accusation et qu’il risquait une peine d’emprisonnement de quatre ans pour falsifications de documents coupables. Il a également été victime d’une tentative d’assassinat et blessé à l’oreille par les tirs d’un jeune Américain lors d’un rassemblement politique.
Mais voilà que le milliardaire de 78 ans, tel le phénix, renaît de ses cendres. Contre toute attente, déjouant les sondages, il remporte haut la main le scrutin présidentiel américain. Son challenger, la vice-présidente Kamala Harris, n’a pu que constater ses espoirs de devenir première femme présidente des Etats-Unis s’évaporer, emportés par le raz-de-marée MAGA (Make America Great Again), cri de ralliement de Donald Trump et ses partisans qui entendent, disent-ils, redonner à leur pays son leadership d’antan.
Un exemple de sa large victoire : au collège électoral, Donald Trump a obtenu 312 grands électeurs, laissant loin derrière sa rivale démocrate, à 224 grands électeurs. La victoire la plus nette depuis Barack Obama en 2012, et… depuis 36 ans pour un républicain. Le vote populaire n’a pas été différent, non plus.
Ce come-back de Trump, nommé ‘’Personnalité de l’année’’ par le magazine Time a, à coup sûr, consacré l’élection présidentielle parmi les événements majeurs de l’année 2024.
Les États de l’AES annoncent leur retrait de la CEDEAO
En janvier 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger annoncent leur retrait ‘’sans délai’’ de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), après que ces trois États ont mis sur pied la confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).
De gauche à droite : général Assimi Goïta (Mali), le général de brigade Abdourahmane Tiani (Niger) et Ie capitaine brahim Traoré (Burkina Faso) ont annoncé le retrait de leur pays de la CEDEAO et mis sur pied la confédération de l’AES.
Ils reprochent à l’organisation sous régionale ouest-africaine de ne leur avoir apporté aucune assistance dans leur lutte contre le terrorisme. Pire, la CEDEAO leur a même imposé des « mesures [d’embargo] illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables, en violation de ses propres textes », les menaçant d’une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans ces pays.
Bien qu’ayant acté ce retrait des États de l’AES, la CEDEAO a annoncé, lors de son dernier sommet, le 15 décembre dernier, à Abuja, au Nigéria, la mise en place d’une « période de transition » de six mois, à partir du mois de janvier 2025, pour négocier les modalités de départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de l’organisation.
La Côte d’Ivoire remporte sa CAN
En Afrique, la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), en Côte d’Ivoire, a fait partie des faits marquants de l’année 2024. Alors qu’on la voyait éliminée dès le premier tour, la Côte d’Ivoire finit par créer la surprise en remportant la compétition, évitant ainsi une grande désillusion pour le pays hôte de cette compétition internationale de football parmi les plus prestigieuses au monde. La CAN s’est jouée du 13 janvier au 11 février 2024.
Ce couronnement a connu des péripéties. Deux défaites en phase de groupe, suivies de la démission de l’entraîneur Jean-Louis Grasset sous la pression de tout un peuple qui ne pouvait concevoir une élimination dans ‘’sa’’ compétition, dès le premier tour.
En remportant la 34e édition de la CAN chez elle, la Côte d’Ivoire a accroché une troisième étoile à son maillot.
Il sera remplacé par l’ancien international Emerse Faé, qui réussira, avec ses joueurs, à accrocher une troisième étoile sur le maillot frappé de la tête d’éléphant, après 1992 et 2015, en s’imposant face au Nigéria deux buts à un.
JO de Paris 2024 : ce fut grandiose !
Dans un contexte politique clivé, marqué par la victoire de l’opposition aux législatives anticipées initialement prévues en 2027, suivie de la dissolution du parlement, les Jeux olympiques (JO) de Paris ont constitué un moment de répit pour les Français et le président Macron, mal en point sur le plan politique.
Durant 19 jours de compétition, ces 33e olympiades de l’ère moderne, qui se sont déroulées du 26 juillet au 11 août 2024, ont marqué les esprits par une cérémonie d’ouverture fabuleuse, jamais vue dans l’histoire de ces jeux, malgré les polémiques qu’elle a suscitées.
Pour autant, les compétitions ont tenu leurs promesses, avec des exploits et des records de champions attendus, à l’instar du judoka français Teddy Riner, qui a décroché sa quatrième et cinquième médaille olympique lors de ces Jeux devant son public.
Avec sa cérémonie d’ouverture époustouflante et des exploits sportifs retentissants, les 33e JO, à Paris ont également été un moment de répit politique pour le président Macron.
Son compatriote, Léon Marchand, nageur de 22 ans, détenteur du record du monde du 400 m 4 nages, a marqué l’histoire des JO avec cinq médailles dont quatre en or.
L’Américaine Simone Biles, légende de la gymnastique a, elle, remporté quatre médailles, dont trois en or, reprenant ainsi la couronne qu’elle avait perdue par abandon, en 2020, à Tokyo, huit ans après les Jeux de Rio.
Que dire du Cubain Mijain Lopez, qui a remporté, à Paris, sa … cinquième médaille d’or consécutive en lutte ! Devenant le premier athlète de l’Histoire à réussir ce tour de force, toutes disciplines confondues !
Une semaine après la fin des JO, les Jeux Paralympiques ont pris le relais, du 28 août au 8 septembre.
La guerre d’Israël dans les territoires palestiniens occupés
Comment revenir sur les faits marquants de l’année 2024 sans évoquer la situation au Proche-Orient avec la guerre que mène Israël en terre palestinienne occupée. Débuté en octobre 2023, après l’attaque du Hamas, ce conflit s’est transformé en génocide contre les Palestiniens, selon l’organisation de défense des droits humains, Amnesty international.
Plus d’un an après le déclenchement de l’intervention de l’armée israélienne dans le territoire palestinien de Gaza, des dizaines de milliers de personnes, dont près de 70% de femmes et d’enfants, ont été tuées dans l’enclave palestinien, selon les Nations unies.
Avec la poursuite des bombardements à Gaza et leur extension au Liban, ce conflit se poursuit dans l’espoir d’un cessez-le-feu.
Toutes les infrastructures vitales de la Palestine détruites par l’armée israélienne dans une guerre contre le Hamas qui a causé des dizaines de milliers de morts, dont près de 70% de femmes et d’enfants.
par Tamsir Anne
LA TRANSGAMBIENNE, VOYAGE AU BOUT DE L'ABSURDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui se passe sur l'axe Sénégal-Gambie est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. À la fois horrible et humiliant. Notre seule faute ? Avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère
Keur Ayib, à une vingtaine de kilomètres de Nioro du Rip, surgit presque par enchantement de nulle part, un peu comme ces concessions sur lesquelles on trébuche au détour d’une ruelle dans les bidonvilles. Le décor, cependant, ne trompe pas : c’est bien celui d’une frontière, celle de deux pays dits frères, entrelacés, l’un dans l’autre, s’étreignant jusqu’à se faire mal. Les postes de police, l’un adossé à l’autre, de part et d’autre d’une barrière des files de passagers et de voitures attendant dans un chaos plus ou moins organisé.
Les uniformes, bleus d’un côté, beige-marron de l’autre, les enseignes en anglais d’un côté, en français de l’autre, donnent à l’ensemble une allure surréaliste. On pourrait presque croire que le temps s’est arrêté. On s’imagine que cela n’a pas dû changer depuis l’époque de la colonisation franco-anglaise.
Tant de slogans comme la libre circulation des personnes et des biens, l’intégration sous-régionale se bousculaient maintenant et résonnaient dans mes oreilles, semblables au ricanement d’un fantôme. Je revins à la réalité lorsque l’agent sénégalais nous interpella, mon épouse et moi, nous enjoignant de descendre de voiture, de chercher un laisser-passer pour le véhicule et de nous soumettre au contrôle d’identité.
Nous nous exécutâmes, valsant de bureau en bureau, jusqu’à obtenir le sésame tant espéré, tamponné et cacheté. Le coût de cette première opération : 2500 francs. Ma demande de reçu resta sans réponse.
Je ravalais les mots de protestation qui me brûlaient les lèvres. Après tout, nous avions bien reçu un papier. Restait à se faire identifier. Cette fois, l’opération coûtait 2000 francs. Je déclarai, sans trop réfléchir, que j’avais déjà payé 2500 francs sans reçu et que je ne pouvais pas, une nouvelle fois, payer 2000 francs sans savoir pourquoi.
L’agent me fit savoir qu’il n’agissait que sur ordre, mais finit par renoncer à la somme demandée. Une petite victoire, certes, mais avec un arrière-goût amer.
Passés du côté gambien, à peine cinq mètres plus loin, le décor changea, mais la scène demeura la même. Munis de notre laisser-passer, nous devions passer dans un bureau adjacent pour un autre cachet. Coût de l’opération : 1000 francs CFA. Je redemandai un reçu, mais l’agent gambien me répondit que, puisque j’avais déjà payé 2000 francs dans mon propre pays, où j’étais supposé avoir tous mes droits sans reçu, il n’y avait rien à discuter : c’était 1000 francs, ni plus ni moins.
Je m’exécutai, craignant que, face au ton martial de l’agent, tout geste maladroit ou parole irréfléchie n’aggrave ma situation. Direction le contrôle d’identité suivant. Cette fois, la policière gambienne annonça la couleur : 5000 francs pour mon épouse. Je protestai encore. Sans doute interloquée par la véhémence de mes propos, elle demanda si elle était diplomate. J’acquiesçai sans hésiter et elle tamponna sans même lever la tête. Ouf, me dis-je, il s‘en était fallu de peu.
Malheureusement, ce n’était qu’un début. À peine un kilomètre parcouru, un autre poste de police nous attendait. Les agents, cependant, semblaient indifférents à notre présence, discutant tranquillement. Je ralentis, leur fis un salut militaire, et passai au pas de course. Leur réaction fut immédiate et violente. Un agent me cria que j’avais eu l’audace de passer devant un barrage sans m’arrêter. Je lui expliquai, de manière quelque peu hésitante, qu’ils ne m’avaient pas donné l’ordre de m’arrêter. C’était pour cela que j’avais cru pouvoir passer.
Il demanda la carte grise et le permis de conduire, et m’invita à le suivre dans une cabane située de l’autre côté de la route. Là, il remit les papiers à un autre agent, qui déjeûnait tranquillement. Il me répéta, narquois : « Vous avez passé un barrage de police sans vous arrêter. »
Je lui répondis que c’était ma première traversée de la Gambie et que je ne savais pas s’il fallait s’arrêter à chaque fois que l’on voyait un policier ! Cela le mit dans une colère blanche. Mon crime était trop grave, il allait me renvoyer à Farafenni. Un autre homme, sur place, me souffla qu’il était préférable de donner le prix de la “cola”, sinon cela me coûterait beaucoup plus cher à Farafenni.
Armé de quelques billets de 2000 et 1000 francs, comme certains amis me
l’avaient conseillé, j’essayai de lui glisser un petit bleu, mais sans succès. Le policier scrutait minutieusement mon permis européen, comme si cela aiguisait son appétit. Il refusa l’argent, prenant un air profondément offensé. Il ne pouvait comprendre que je refusais de reconnaître ma faute, que j’avais commis un crime grave en ne m’arrêtant pas à la vue de la police. Et là, je me sentais comme un personnage du procès de Kafka : accusé sans raison, mais coupable tout de même, l’innocence n’existant pas.
Après un long échange, j’admis ma faute, confessai mon ignorance et lui demandai d’accepter le billet. Je ne pouvais pas retourner à Farafenni, cela aurait signifié abandonner le voyage. Finalement, par l’intermédiaire d’un troisième acteur, le billet fut accepté, et mes papiers me furent rendus. Je pus enfin reprendre la route… jusqu’au prochain poste.
Le calvaire ne tarda pas à reprendre. Cette fois, la leçon semblait apprise : je m’arrêtai net à la vue de l’uniforme, saluai militairement et baissai la vitre. La policière me tança vertement : « Quand on parle à la police, on doit baisser la vitre entièrement ! » Je m’exécutai, tendis mes papiers, et elle fit un signe de dédain, m’autorisant à continuer. Je pensais enfin avoir compris la règle du jeu. Mais j’avais trop vite crié victoire.
À chaque 20 ou 40 kilomètres, de nouveaux contrôles, de nouvelles demandes de “cola” ou d’« attaya » (thé). Il fallait s’exécuter, ou risquer de rester bloqué dans cette contrée aussi inhospitalière qu’absurde. C’était la première fois que je ressentais une telle exaspération face à des "frères", parlant de surcroît la même langue, mais sur un ton d’une hostilité que je ne lui soupçonnais pas.
La Sénégambie, quel cauchemar ! Je vous épargne les détails des 20 autres haltes, chacune avec ses tracasseries, ses demandes de “cola” et d’“attaya”. Enfin, j’aperçus le panneau annonçant le Sénégal. Je n’étais pas moins soulagé qu’un naufragé apercevant la terre ferme. Un dernier contrôle à la sortie : il fallait encore donner deux fois 1000 francs au « kilifa », comme il se faisait appeler, qui ne pouvait pas demander publiquement. Pour le punir, j’achetai un sachet d’oranges pelées pour 1000 francs et demandai à la dame de lui remettre la monnaie. Il était quitte avec son honneur… et son hypocrisie.
À quelques mètres de la terre promise, un homme trapu, agressif et féroce surgit. Il brandit une carte : « police des stupéfiants ». Il fallait faire demi-tour et se soumettre à une fouille minutieuse. Chaque coin et recoin de nos bagages, jusqu’au linge de corps, fut inspecté. C’était à la fois horrible et humiliant. Notre seule faute fut d’avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère.
Le Sénégal et la Gambie sont-ils vraiment une seule tête, inséparable ? J’en doute désormais sérieusement. La prochaine fois qu’une commission mixte sénégalo-gambienne se réunira, au plus haut niveau, comme ce fut le cas il y a juste quelques semaines, abandonnons de grâce la langue de bois et les formules consacrées, si éloignées de la réalité. Ce qui se passe sur la Transgambienne est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. Commençons par le commencement, du bas vers le haut !
À l’avenir, je contournerai ce pays “frère”, quitte à faire un détour par Koulikoro.
LE FORUM CIVIL DEMANDE DES COMPTES AU GOUVERNEMENT
Le vendredi 27 décembre 2024, le Bureau Exécutif du Forum Civil s’est réuni à Saly pour aborder, entre autres questions inscrites à son ordre du jour, la participation du Forum Civil à la gouvernance de la vie publique relativement à la promotion de la...
Le vendredi 27 décembre 2024, le Bureau Exécutif du Forum Civil s’est réuni à Saly pour aborder, entre autres questions inscrites à son ordre du jour, la participation du Forum Civil à la gouvernance de la vie publique relativement à la promotion de la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption, à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit.
Le Bureau Exécutif du Forum Civil s’est aussi penché sur l’état de mise en œuvre de ses projets et programmes en 2024 relativement à l’augmentation de la taxation du tabac et des produits nouveaux émergents, à la mobilisation des ressources, au renforcement des réformes fiscales justes, à la lutte contre les flux financiers illicites, à la transparence et à la redevabilité dans le secteur extractif, à la gouvernance des finances publiques, à l’intégrité électorale et à la lutte contre les violences politiques au Sénégal.
Enfin le Bureau Exécutif s’est prononcé sur la Préparation de la prochaine Assemblée Générale du Forum Civil.
Au titre du point sur sa participation à la gouvernance publique, le Bureau Exécutif se félicite vivement de sa contribution au débat public tant du fait des instances, de son Coordonnateur général ou de ses sections territoriales. A cet effet, le Bureau Exécutif invite tous ses membres à redoubler de vigilance pour la défense des intérêts des populations pour un accroissement rigoureux et responsable du contrôle citoyen de l’action publique.
"Ainsi, le Forum Civil demande au Gouvernement d’apporter des éclairages sur les activités du « Comité chargé de proposer une assistance aux ex-détenus et autres victimes de la période pré-électorale » créé par arrêté du Ministre de la Famille et des Solidarités ministériel n°017540 du 30 juillet 2024 publié au Journal Officiel n°7758 du 31 août 2024."
Le Bureau Exécutif du Forum Civil encourage aussi le Gouvernement dans sa volonté de réformer ou de refonder le Code général des Impôts. Ainsi il l’invite à mettre en place des Commissions inclusives pour que le Principe de consentement à l’impôt connaisse une réelle appropriation par l’ensemble des acteurs et des citoyens. Le Bureau Exécutif du Forum Civil considère que cette initiative ne doit pas reproduire les formes d’un système bureaucratique inopérant.
Au titre du point relatif à l’exécution des projets et programmes le Bureau Exécutif a apprécié positivement leur rythme et leur niveau d’exécution qui dénote une excellente performance de l’Organisation. A cet égard, le Bureau Exécutif renouvelle ses félicitations appuyées au Coordonnateur Général du Forum Civil, Monsieur Birahime SECK, pour son engagement, son courage et sa ténacité pour la défense de l’intérêt général et du Forum Civil.
Pour la même occasion, le Bureau Exécutif du Forum Civil félicite l’ensemble des membres de l’administration du Forum Civil et des membres sections territoriales pour leur dévouement et leur engagement au service de la nation et de la patrie.
Au titre du point relatif à la vie de l’Organisation et de la préparation de l’Assemblée générale, le Bureau Exécutif a passé en revue les grands moments qui ont rythmé l’activité du Forum Civil et a particulièrement souligné la qualité de sa participation à la vie publique du pays et à l’animation de l’espace public.
Le Bureau Exécutif s’est félicité de ce qui a été réalisé et les défis qui se posent au Forum Civil pour parfaire son développement organisationnel en mettant ses textes, son cadre de gouvernance à la hauteur des meilleurs standards en la matière et asseoir la dimension territoriale de son action.
Le Bureau Exécutif a acté le processus de renouvellement de ses instances par la mise en place d’un Comité de préparation, d’organisation et de supervision de la prochaine Assemblée générale de l’Association.
Le Comité est notamment chargé de proposer les réformes des textes et du cadre de gouvernance et de produire les notes de cadrage encadrant chaque étape devant conduire à la tenue parfaite de l’Assemblée générale.
Le Comité a reçu mandat du Bureau Exécutif de prendre toutes mesures pour la bonne tenue de la prochaine Assemblée générale du Forum civil prévue au plus tard en septembre 2025.
Le Bureau Exécutif du Forum Civil souhaite à ses membres et à toute la Nation une bonne et heureuse année 2025.
Par Hamidou ANNE
2025 RAISONS D’ESPERER
Les caisses de résonance qui célèbrent l’arrestation d’un militant politique pour ses opinions, ces chantres de l’obscurantisme, n’ont jamais rien lu à l’image de leur gourou, qui n’a jamais ouvert la page d’un livre.
Ce jeudi, je suis allé voir mon ami Moustapha Diakhaté, détenu politique à la chambre 42 de la prison de Rebeuss. J’ai trouvé un homme à l’exquise courtoisie. Il m’a bien fait rire, fidèle à son humour et à sa capacité à toujours avoir une lecture politique du cours des choses. C’est sa passion pour l’histoire qui lui permet de penser les choses en les réinvestissant dans un cadre plus large et dans le temps long pour en saisir les nuances et les réels enjeux. Moustapha a déjà terminé onze livres. Il m’a demandé de lui faire parvenir le Discours sur la servitude volontaire de La Boétie. Ce qui fut fait le lendemain. Les caisses de résonance qui célèbrent l’arrestation d’un militant politique pour ses opinions, ces chantres de l’obscurantisme, n’ont jamais rien lu à l’image de leur gourou, qui n’a jamais ouvert la page d’un livre. Le savoir est leur adversaire. Ils ont avec eux la vacuité qui nourrit l’arrogance et la témérité. L’inculture des responsables publics pour moi est l’un des plus grands dangers pour un pays.
Moustapha passe donc ses journées à lire et à écrire, pour documenter le temps qui passe, ponctué de privations certes, mais auréolé de victoires futures pour les nôtres, partisans d’un attachement sans relâche à ce qui fait de nous un peuple sans couture. Il m’a fait penser à un des monuments de la pensée politique, Antonio Gramsci dont je me réfère tant, et qui a écrit l’œuvre de sa vie, Les Cahiers de prison, justement en prison ; somme vertigineuse dans laquelle il développa une pensée rigoureuse sur ce qu’il appela la philosophie de la praxis. Idéologiquement, Moustapha est un libéral assumé, partisan du moins d’Etat, mais il est surtout un intellectuel engagé en politique, soucieux de son rôle de tribun au service de la patrie républicaine. En prison, il ne déroge pas à sa ligne, celle d’un républicain total et d’un militant du progrès social.
Quelqu’un me faisait remarquer le silence des intellectuels jadis hardis dans la lutte contre la judiciarisation du débat public et contre la répression par la prison des opinions considérées comme contraires à celles du Prince. J’ai répondu qu’on observait un effet de mode chez de nombreux intellectuels et universitaires, des adeptes d’une sorte de Fashion week de l’engagement. La saison des jets de projectiles sur la figure du régime précédent avait été décrétée dans les officines et tout le monde y allait de sa pétition nerveuse ou de sa tribune énervée. Désormais, l’heure est au partage du butin de guerre dont Idrissa Seck nous a appris à nous méfier, car elle préfigure les problèmes sur la part de chacun. Mais avant que les querelles ne surgissent, la nuit des longues attentes déroule son voile sur leur capacité d’indignation désormais anesthésiée. D’ailleurs, à ce propos, je n’ai eu pas connaissance de la réaction de Mamadou Diouf après qu’un pilier du système a insulté les tirailleurs sénégalais que le même Diouf célébrait récemment. Aucun membre du comité Théodule mis en place n’a daigné contrarier le complotiste anobli par la dignité ministérielle. Ni un passage à l’émission Objection, où manifestement certains ont leur rond de serviette, ni une tribune écrite hâtivement, mal écrite sur Seneplus… On ne parle pas la bouche pleine, dit l’adage.
Tenir au fil sacré de la République, c’est savoir renoncer aux petits privilèges qui poussent à terme à un renoncement à la simple humanité. Mon ami Ibou Fall rappelle souvent qu’un changement de régime sous nos tropiques est une transmutation de classe. Les marginaux d’hier deviennent les élus du jour. Le business lui, se poursuit. Surtout que désormais le populisme a érigé une frontière entre les uns et les autres. La patrie républicaine est happée par des marchands de morts et des charognards. Journalistes corrompus, universitaires incultes et intellectuels faussaires se liguent pour braquer la République et remettre tout à plat. Le mérite, le travail acharné, la vérité scientifique, la raison n’ont plus cours. Il s’agit désormais de panser les blessures de l’aigreur, de profiter de l’ignorance et de l’inculture des tenants de la machine de l’Etat pour obtenir sa breloque de «patriote», de «nationaliste» ou de «souverainiste», ces mots vaseux, en vérité issus d’une pudeur de gazelle pour ne pas nommer les choses. Chez moi on dit facho. Il faut s’inquiéter quand la hantise de la caste d’intellectuels et d’universitaires est de retourner rapidement à la niche ; quand son obsession est de plaire, de récolter une gloire, aussi infime et fugace soit-elle. Se crée ainsi une société politique dévitalisée, où l’opportunisme et la couardise ont élu domicile. Où sont les pétitionnaires quand la composition du Conseil supérieur de la magistrature est encore la même ? Que disent-ils des arrestations sur des motifs aussi risibles que celui qui a fait condamner Moustapha Diakhaté ? Que signifie pour ces doctes la trahison de la parole et de la signature le 12 septembre dernier, alors qu’ils arguaient que le débat sur le 3ème mandat était d’abord une affaire de respect de la parole ?
Une caste de malhabiles et de laudateurs s’érige pour constituer une avant-garde prétorienne afin de vivre de la rente politicienne. Parmi eux, l’un évoque, avec le zèle des transhumants professionnels, un «exploit constitutionnel». Un autre crie que les régimes précédents étaient «dans un silence coupable et complice» à propos de Thiaroye, tronquant sans fard les faits historiques. Quand même ballot pour un historien. Les plus décents dans la compromission sont ceux qui ont préféré se lover dans le silence gênant, attendant une position en guise de retour sur investissement
Notre pays clôt cette année 2024 rude et inédite. Le Sénégal, à l’instar d’autres nations, vit son moment populiste. Il se caractérise par une valorisation de l’incompétence technique, de la vacuité intellectuelle et de la brutalité dans les méthodes. Depuis 8 mois, et encore ce 27 décembre, le pays vit au rythme des déclarations aussi pénibles qu’empreintes de généralités. Aucun propos mesuré, aucune proposition sérieuse, aucune réalisation. Une litanie de menaces, d’accusations graveleuses, de curiosités et de mise à nue d’une réelle impréparation. Mais cela ne change nullement la donne et il faut le rappeler sans cesse ; les Sénégalais ont fait un choix clair le 24 mars. Ils ont confié les clefs du pays à des gens sur la base de promesses et par le fait d’un immense espoir. Il faut en prendre acte car le Peuple en démocratie en dernier lieu est toujours le souverain pour trancher les divergences d’offres et de projets de société. Mais il faut aussi prédire au regard des faits, que nous récolterons un abaissement moral, un recul économique et une polarisation accrue au sein de la Nation. La peste brune avance et recouvre de sa nuit noire le corps social du pays et le visage des républicains. Intellectuels debout, militants progressistes et journalistes libres sont en alerte car il s’agit de leur responsabilité de faire face à toute tentative de siphonner les droits et de rétrécir les libertés. Nous nous mettrons sur les barricades pour lancer une insurrection citoyenne dont le moteur sera la République ; la République seule ; la République jusqu’au bout
Partout dans l’histoire politique, les meilleurs parmi les nôtres ont pris leurs responsabilités quand les plus irréductibles adversaires de la République, de la laïcité, de la liberté et des lumières que charrient la raison et la science, ont tenté de fermer les espaces de respiration démocratique. Ils ont pris le maquis de la résistance pour mener la charge de la contre-insurrection citoyenne et républicaine. C’est le défi des nôtres aujourd’hui, faire face d’abord pour conjurer la tentation de l’hiver brun. Mais ceci n’est qu’une étape, une autre plus importante, plus cruciale attend les Républicains, les démocrates, les patriotes et les progressistes : proposer une alternative révolutionnaire, crédible et porteuse d’espérance. Il nous faut bâtir une République sociale garante de la laïcité et soucieuse de l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à la sécurité ; une République qui libère les millions de jeunes dans les zones urbaines des chaînes affreuses de l’ignorance, de la précarité et de la servitude volontaire. Il est aussi possible de redonner au Sénégal son prestige sur la scène internationale, sans xénophobie ni choix aventurier comme celui fait par les juntes voisines. Le Sénégal est un grand peuple qui mérite mieux que la haine érigée en système de gouvernance. Pour 2025, c’est à ce travail-là que j’envisage de m’atteler avec sérieux, rigueur et méthode.
Je souhaite bonne année aux Républicaines et aux Républicains, à toutes celles et ceux qui font des défaites d’hier un ferment pour nos victoires futures. Je forme le vœu d’une année où les graines de la résistance semées donneront les fruits de l’espérance.
Ora et labora !
LES SYNDICATS DEVRONT FAIRE AVEC LES MOYENS DE L’ETAT
Le premier ministre Ousmane Sonko a appelé les organisations syndicales à prendre en compte, dans leurs revendications sociales, l’état dans lequel le pays a été trouvé par les nouvelles autorités en avril 2024 et les multiples contraintes du gouvernement
Le premier ministre Ousmane Sonko a appelé les organisations syndicales à prendre en compte, dans leurs revendications sociales, l’état dans lequel le pays a été trouvé par les nouvelles autorités en avril 2024 et les multiples contraintes du gouvernement. A ce titre, il a annoncé l’ouverture « dès le début de l’année 2025 » de discussions sur la base de la « situation de référence des revendications sociales » établie par le gouvernement.
C’était lors de sa déclaration de politique générale du 27 décembre 2024 devant l’assemblée nationale. Le lendemain, les députés sénégalais ont adopté par vote mais sans débat la loi de finances initiale pour l’année 2025.
Dans les négociations qui seront ouvertes avec les organisations syndicales, qualifiées d’« exercice vérité et de responsabilité », le premier ministre a souligné que l’autorité ne prendra d’engagement que « sur ce qui est réaliste », « supportable par l’Etat ». En revanche, « ce qui est hors de la portée des moyens publics » devra être différé « jusqu’à meilleure fortune ».
Les pressions des organisations de travailleurs sont de plus en plus fortes sur les pouvoirs publics. Elles pourraient l’être davantage au cours de cette année nouvelle. Les syndicats bataillent pour arracher des augmentations de salaires, obtenir le respect d’accords signés sous l’ancien régime, l’intégration et/ou la régularisation d’agents dans la fonction publique d’Etat ou décentralisée… service public. Autant de demandes à impact financiers immédiats dans des secteurs comme l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la santé, les collectivités locales…