SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 août 2025
VIDEO
DIOMAYE SANS DETOURS
C’est un président de la République sûr de lui qui a fait face à la presse hier, vendredi 4 avril 2025. Sans détours, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a répondu à plusieurs questions, allant de l’économie à la diplomatie en passant par la justice.
C’est un président de la République sûr de lui qui a fait face à la presse hier, vendredi 4 avril 2025. Sans détours, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a répondu à plusieurs questions, allant de l’économie à la diplomatie en passant par la justice. Souvent sous un ton sec et menaçant. Morceaux choisis.
Traque contre Macky Sall ?
« Je ne regarde pas qui a fait ou qui n’a pas fait. C’est moi qui ai juré de respecter la loi et de faire respecter la loi. Quand un opérateur économique est arrêté, il n’y a pas de problème. Mais quand il s’agit d’un homme politique, on dit que c’est un règlement de compte. Je ne peux poursuivre personne. C’est le travail de la justice. C’est à elle et à elle seule de décider de qui doit être poursuivi. Toutefois, je tiens quand même à ce que des enquêtes soient menées pour savoir qui a fait quoi. Et quelques soient les résultats, c’est encore la loi qui doit autoriser des poursuites. D’ailleurs, je peux même vouloir poursuivre quelqu’un alors que la loi ne me le permet. Je ne pourrais que constater mais je n’y peux rien. Je suis allé rencontrer le président Macky Sall au palais. Il y a eu des accolades. Je l’ai fait avec le cœur. Il m’a dit qu’il voulait se rendre à la Mecque pour effectuer la Oumra (petit pèlerinage, Ndlr). J’ai autorisé qu’il parte avec l’avion présidentiel. Ensuite, il a préféré aller s’installer ailleurs (Marrakech, au Maroc, Ndlr). Pendant ce temps, le pays continue sa marche vers l’avant. Pourtant, je sais qu’il fait des choses en cachette. Je suis au courant. Mais je ne lui en veux pas ».
Sonko, un super Premier ministre
Ceux qui s’attendent à ce que le président de la République s’approprie tous les pouvoirs n’ont qu’a déchanter. Bassirou Diomaye Diakhar Faye est et reste dans la logique de partage de pouvoirs particulièrement avec son Premier ministre, Ousmane Sonko. « Je veux des DG forts, des ministres forts, un Premier ministre super fort. Je ne veux pas être ce type de président qui détient tous les pouvoirs. Je crois à la répartition des pouvoirs entre les tenants de l’exécutif. Les assises restent ma boussole».
La presse : « vous êtes fautifs »
S’il y a une question qui a fait sortir le Chef de l’Etat de ses gonds, c’est bien celle relative à la situation économique que traverse les médias sénégalais. « Je n’ai jamais été d’accord avec l’amnistie fiscale. Je n'y serai jamais d’accord. Je n’étais pas d’accord quand on l’a fait sous Wade. Je n’étais pas non plus d’accord quand ça a été fait pour la première fois avec Macky Sall. L’accepter correspond à faire de la fraude fiscale. Ces comportements consistant à retenir des impôts sans les reverser correspondent à un détournement de denier public, selon le code général des impôts en ses articles 686 et 687. Le mandat de dépôt est d’ailleurs obligatoire en cas de plainte. Il y a des problèmes partout. L’argent des conventions allaient vers des insulteurs notamment contre Ousmane Sonko. Il faut que vous acceptiez les reformes qui ne peuvent pas se faire sans douleur. Payons tous nos impôts, c’est notre responsabilité ! Vous êtes fautifs ! Ce qui je n’ai pas aimé dans l’attitude de la presse, c’est que vous voulez court-circuiter tout le monde, le Premier ministre, le ministre et venir directement me voir, qu’on règle vos problèmes et qu’on prenne une photo ensemble. Je ne le ferai pas. Personne ne peut me mettre la pression. Allez discuter avec le ministre, puis le ministre des Finances. Les questions corporatistes doivent être réglées au niveau des ministères (…) ».
Par Henriette Niang KANDE
DIOMAYE PRESIDENT, UN AN DÉJÀ
Pour son message à la nation, le président a présenté discours plutôt court mais dense, bien ficelé - comme un bon thiébou dieune : copieux, légèrement salé, avec quelques arêtes bien placées. Reste à voir ce qu’il en sera dans un an
Comme chaque 3 avril au soir, beaucoup de Sénégalais s’installent, pour écouter ou voir, ou les deux à la fois, une des séries annuelles préférées : Le message à la Nation. Cette fois, c’est le président Diomaye Faye au micro, fraîchement sorti de son premier épisode présidentiel, avec en fond musical un doux air de “rupture systémique” en mode symphonique. Vous savez, celui où l’on mesure la température de la République. Pour son message de veille de 4 avril, il n’a pas déçu. Il a déroulé un programme digne d’un catalogue en promotion nationale.
Le décor est solennel, la voix grave, le ton mesuré, et surtout… les promesses bien emballées : 3000 fermes intégrées, 107 milliards pour les femmes, 2740 localités électrifiées, et des Autoroutes de l’Eau – oui, vous avez bien lu, les “autoroutes”, version H₂O. Bientôt, on prendra l’eau comme on prend l’autoroute. Péage au goulot. Il nous annonce : « rupture systémique », « diagnostic sans complaisance », « discipline budgétaire non négociable” ». On aurait presque envie de l’applaudir, s’il ne nous rappelait pas immédiatement que le basculement intégral dans le Système Intégré de Gestion de l’Information Financière est imminent. Rien que le nom donne envie de retourner en enfance. Je parle pour ceux qui ont le même âge que la République.
Le président a démontré qu’il a un faible pour les chiffres bien ronds et est d’une précision chirurgicale : 70 milliards pour apurer les dettes agricoles, 66 milliards pour les BTP, 19,53 milliards pour les enseignants. Heureusement que confronté à des finances publiques, dont l’état de santé est proche du coma, le président Diomaye Faye a perfusé le malade. On imagine les citoyens, bouche bée, se demander : « Mais où était caché tout cet argent pendant les 12 dernières années ? ». Si vous n’avez pas bien suivi : l’année dernière, on devait tout, cette année, on paie tout, et l’an prochain, on promet tout. Classique.
Et bien sûr, la grande tradition : la jeunesse, cette muse présidentielle éternelle. Toujours "au cœur de nos priorités", même si elle attend encore que le chantier de l'emploi décolle. Mais pas d’inquiétude, le président Diomaye Faye veille ! Il lui concocte des coopératives agricoles communautaires. Rien que le nom donne envie de s’inscrire. Il est dans l’innovation : 3 000 fermes intégrées vont pousser comme des champignons après la pluie, sur 15 000 hectares, avec des jeunes, des femmes, des rêves, et sûrement quelques chèvres bien briefées.
Côté armée, le discours rend un hommage appuyé aux Jambars. Que serait l’Armée sans eux ? Ces soldats de la paix, héros modernes, et bientôt peutêtre ingénieurs en souveraineté technologique et industrielle. Oui, l’Armée version 2025, ce sera : drones, satellites, et probablement un peu de wifi dans les chars d’assaut. Le président Diomaye Faye leur a offert un hommage façon superproduction. Désormais, “piliers de la nation” et “remparts de notre quiétude”, nos soldats sont aussi en route vers l’ère du numérique : gilets pare-balles connectés, chars intelligents, et peut-être un bataillon de développeurs.
Puis, il y a les “autoroutes de l’eau”. Non, ce n’est pas une métaphore poétique, c’est un projet structurant ! Et pendant que vous essayez d’imaginer un péage aquatique à Kaolack, sachez que 15 millions de Sénégalais pourront bientôt boire l’eau de la République, filtrée par la transparence gouvernementale et bénie par un “grand transfert”. Une manière élégante de dire que le robinet ne fuira plus... peut-être. Tout cela géré dans une discipline budgétaire non négociable. Traduction : serrage de ceinture, mais c’est pour votre bien.
Enfin, dans un élan d’optimisme patriotique, le président a confié les rênes du grand dialogue national à son Premier ministre Ousmane Sonko, comme pour dire : “à toi les débats, moi les grands transferts d’eau”. Un séisme sémantique. Une innovation verbale d’envergure continentale : le président Diomaye Faye a prononcé le nom de son Premier ministre en direct dans un discours à la Nation. Depuis Senghor, les chefs d’État sénégalais avaient un « étrange » réflexe : parler de tout sauf de leur Premier ministre. Une tradition de pudeur, diront certains. D’oubli stratégique, diront d’autres. Mais le président Diomaye Faye, fidèle à sa rupture systémique, a brisé le tabou avec la douceur d’un marteau piqueur : “J’ai récemment instruit le Premier ministre, Monsieur Ousmane Sonko, d’organiser la grande concertation nationale…”. Voilà, c’est fait. Ousmane Sonko, jusque-là omniprésent dans les rues, les réseaux et les débats, vient d’obtenir son « visa présidentiel officiel ». Mieux vaut tard que jamais.
Mais le vrai chef-d’œuvre du discours ne se limite pas à cette mention inédite. Non. Le président Diomaye Faye est allé encore plus loin : évoquer le plan de développement à son propre nom : le Plan Diomaye pour la Casamance. Oui, vous avez bien lu. Pas Plan Emergent, Plan Sénégal Vert, Plan Horizon 2035, Plan national de transformation du Sénégal 2050… Non. Plan Diomaye. Court, direct, centré. Ça claque comme un parfum révolutionnaire..
C’est un geste d’humilité... inversée. Car nommer un plan en son propre honneur, c’est faire preuve d’un sens aigu du branding présidentiel. Après tout, pourquoi laisser son nom à une avenue posthume quand on peut l’inscrire dans une stratégie régionale de réconciliation pendant son mandat ? Napoléon avait son Code, Senghor sa Négritude, Diomaye a son Plan. Mais allons ! Ne soyons pas mesquins. Ce double saut présidentiel – nommer son Premier ministre et s’autonommer planificateur régional – c’est une forme d’audace. Le genre d’audace qu’on attend d’un chef de l’État qui entend “changer les pratiques”. Et quoi de mieux pour commencer que de se nommer soi-même dans un plan de paix ? C’est à la fois efficace, symbolique… peut être légèrement mégalo, mais dans la limite républicaine. Quand même. Et comme il faut un peu de lumière divine dans tout ça, il insiste : “par la grâce de Dieu”, (mentionnée plus de cinq fois dans le discours), les prix vont baisser. Oui, “les baisses continueront”. Il n’a pas précisé lesquelles, mais si le prix d’autres « denrées de première nécessité » rejoignent celui du de riz brisé non parfumé indien, on saura vers quoi prier. « Inch’Allah » et « S’il plait à Dieu ».
Et pour finir, une touche de spiritualité : la fin du Ramadan, le Carême tombent ensemble. Une coïncidence divine, utilisée ici comme message de paix et d’unité. Amen et Amine.
En conclusion ? Un discours plutôt court mais dense, bien ficelé - comme un bon thiébou dieune : copieux, légèrement salé, avec quelques arêtes bien placées. Reste à voir ce qu’il en sera dans un an. En attendant, le président peut se féliciter : il aura marqué l’histoire. Celle du Sénégal, bien sûr. Mais surtout, celle du “Moi président-je-me-cite-et-je-vous-le-dis”.
Par Babacar P. MBAYE
LE BENIN, LABORATOIRE DES PARTENARIATS SECURITAIRES EN AFRIQUE DE L’OUEST
Comme aucun pays ne peut seul agir contre le terrorisme, les partenariats sécuritaires de grande envergure sont une piste à privilégier sur les fronts militaires et diplomatiques dans l’espace CEDEAO. Le cas du Bénin est intéressant à ce sujet.
Le Sénégal devrait observer de près ce qui se joue au Bénin en termes de partenariat stratégique sécuritaire. Les menaces des groupes armés terroristes se précisent, notamment à l’Est et appelle une réponse efficace et coordonnée.
Comme aucun pays ne peut seul agir contre le terrorisme, les partenariats sécuritaires de grande envergure sont une piste à privilégier sur les fronts militaires et diplomatiques dans l’espace CEDEAO. Le cas du Bénin est intéressant à ce sujet.
Toute la bande sahélo-soudanienne fait face au défi du terrorisme dont les capacités et les menaces ne cessent de s’accroitre. A l’instar des pays voisins des dictatures de l’AES, depuis 2021, le Nord du Bénin subit une pression accrue de la part des groupes djihadistes sahéliens. Le pays fait effectivement partie de la zone d’influence et d’opération ciblée par ces derniers, qui sont parvenus à étendre leur contrôle sur des régions entières au Sud du Burkina Faso et du Niger. Faute d’action significative des autorités de ces pays, les terroristes de l’Etat islamique et du JNIM circulent librement dans ces zones peu surveillées et/ou administrées à partir desquelles ils projettent leurs forces au Bénin. Ces derniers mois, une multiplication des attaques a été observée sur le sol béninois, ciblant aussi bien les forces de sécurité que les civils. Si les terroristes n’occupent pas de position permanente au Bénin, leur capacité de nuisance reste importante, en témoigne l’attaque menée par le JNIM contre un site militaire de la Pendjari (Nord) le 8 février, tuant une trentaine de soldats béninois.
A l’heure actuelle, on estime que 83% des Béninois sont préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire régionale. Face à cela, le gouvernement béninois a entrepris de renforcer sa stratégie de défense et d’intensifier la lutte contre le terrorisme. Les effectifs de l’armée ont augmenté de manière significative, passant de 7500 à 12 300 soldats entre 2022 et 2024 et le budget alloué à la défense a été porté à 90 milliards FCFA (contre 60 milliards). Le Bénin a également cherché à renforcer son arsenal et à moderniser ses capacités de renseignement, en achetant des véhicules blindés (VAB), des drones, des hélicoptères auprès d’opérateurs français notamment. Malgré ses investissements, les bilans meurtriers des dernières attaques terroristes ont poussé les autorités à entamer une révision de l’opération de lutte anti-terroriste Mirador mobilisant 3000 hommes au Nord du pays depuis 2022.
LE DEVELOPPEMENT DES PARTENARIATS INTERNATIONAUX DANS LA CEDEAO
Dans ce contexte tendu, le gouvernement béninois a entrepris de renforcer ses relations avec plusieurs partenaires internationaux, comme du reste le Sénégal l’a toujours fait avec la France, les USA, la Grande Bretagne ou le Canada. Le Bénin collabore historiquement avec les Etats-Unis dans le domaine de la sécurité et de la défense. Les forces béninoises qui bénéficient des formations américaines sur la sécurité frontalière (programme BORSEC) mènent des exercices interarmées de lutte contre le terrorisme avec le Commandement des opérations spéciales des forces africaines.
En janvier 2025, les deux Etats ont signé un accord de coopération bilatéral qui prévoit durant cinq ans « la facilitation du soutien logistique réciproque entre les deux parties pendant les manœuvres conjointes, l’entraînement des soldats, le déploiement, les opérations, ainsi que le soutien en matière d’approvisionnement et de service en cas de circonstances imprévues ou de situations critiques ».
Toutefois, ce partenariat avec les Etats-Unis est de plus en plus remis en question et l’Alliance des Etats du Sahel (AES) nouvellement formée, exerce des pressions dans le champ informationnel pour le décrédibiliser davantage. Ses activistes et réseaux d’influence s’activent à saper la confiance dans l’appui militaire américain et diffusent l’idée selon laquelle cette coopération constituerait une trahison pour les pays africains. L’objectif étant de transformer ce scepticisme à l’égard des Etats-Unis en opportunité pour la Russie.
Cette dernière tente effectivement de se positionner comme une alternative dans le domaine sécuritaire. A cet égard, plusieurs médias en ligne ont décrit l’escale des navires russes Smolny et Neustrashimy au port de Cotonou à l’automne 2024 comme une première étape du renforcement du partenariat bilatéral. À plusieurs occasions en 2023 et 2024, la Russie a présenté au gouvernement béninois des offres de formation et de vente de matériel militaire mais aucune avancée significative n’a été observée depuis. Ainsi, bien que son engagement reste largement symbolique, la Russie est perçue plutôt favorablement dans les régions du nord du Bénin en proie à la menace terroriste (notamment Alibori, Donga et Atakora). Ailleurs dans le pays, la population montre davantage de méfiance, en particulier à l’égard des activités de la société de mercenariat Wagner présente au Sahel. L’image de Wagner dans la région s’est érodée ces derniers mois, sous l’influence de ses échecs sécuritaires (Tinzawaten, Mali) et de la multiplication des exactions contre les civils. Malgré ces difficultés, la Russie promeut son offre de coopération au Bénin sur les réseaux sociaux et dans les médias grâce à des vecteurs locaux comme le quotidien « Hirondelle Infos », ou son média « Sputnik Afrique ».
QUID DE LA COOPERATION REGIONALE ?
Le Bénin a récemment sollicité une coopération militaire avec le Niger. Cette demande est intervenue plus d’un an après que les autorités nigériennes ont dénoncé l’accord de partenariat bilatéral signé sous la présidence de Mohamed Bazoum. Conclu en 2022, celui-ci prévoyait l’échange de renseignements, une assistance aérienne, l’organisation d’opérations conjointes par les armées des deux pays, en particulier dans le parc animalier du W considéré comme un repaire de djihadistes. L’accord permettait également aux forces béninoises de traquer les terroristes jusque sur le sol nigérien et vice versa.
Le contexte sécuritaire pousse les Etats de la région à mutualiser certains de leurs efforts. Le Sénégal et le Mali ont annoncé l’instauration de patrouilles mixtes pour faire face à la menace des groupes armés sur le front Est sénégalais. Pendant ce temps, le Général Tiani décide unilatéralement de se retirer de l’accord avec le Bénin, l’accusant de soutenir une intervention militaire contre le Niger. Depuis le coup d’état de juillet 2023 et la formation de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), les relations que le Niger entretenait avec ses partenaires du champ se sont largement détériorées, comme en témoigne la fermeture de la frontière commune Benin-Niger. La paranoïa des autorités nigériennes semble nourrie par des difficultés à enrayer la menace sur le terrain.
Or, au regard de la capacité de projection des groupes armés terroristes qui pullulent dans les pays de l’AES, tous les voisins dont le Sénégal sont sous la menace d’attaques. Les attaques des djihadistes dans le nord du Bénin témoignent de la métastase du cancer du terrorisme dans la région. Tous les Etats peuvent formellement être touchés, d’où l’importance de montrer le cas béninois, notamment en termes de transition démocratique, surtout que le président actuel a toujours soutenu ne pas se présenter pour la prochaine présidentielle.
Ces dernières années, le Bénin et ses voisins avaient pourtant tenté de mettre en place des cadres de coopération régionaux. Avec le Burkina Faso, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Nigeria et le Togo, le Bénin avait intégré l’Initiative d’Accra en 2017, mécanisme hors CEDEAO, qui a permis de coordonner l’opération « Koudanglou » de lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier. Toutes ces initiatives survivront-elles au départ de Talon ? Wait and see…
Par Vieux SAVANE
ET VA POUR LA SAISON II
Moins de paroles donc et plus d’actions qui ouvrent sur une espérance susceptible de projeter dans un à-venir et d’aider à supporter les affres du présent et les déconvenues du passé.
Au lendemain du 65ième anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale et internationale du Sénégal, la grande rupture attendue pour la Saison II de la gouvernance Faye/Sonko est le changement de braquet, en ne mettant plus le curseur sur la gestion antérieure. Aussi a-t-il été rafraîchissant d’entendre le ministre de la Justice réaffirmer une position républicaine dans l’enceinte de l’Assemblée nationale en s’érigeant en défenseur de la séparation des pouvoirs. Parce que les mots ne font pas disparaître les maux, il s’impose le besoin d’un engagement à bas bruit.
Moins de paroles donc et plus d’actions qui ouvrent sur une espérance susceptible de projeter dans un à-venir et d’aider à supporter les affres du présent et les déconvenues du passé. Le Président Diomaye Faye semble avoir bien compris que l’urgence gît à ce niveau d’autant plus que l’on constate que beaucoup de jeunes continuent à vouloir s’exfiltrer de leurs pays par la voie de l’émigration clandestine. En dépit de tout ce qu’ils savent de la dangerosité de s’embarquer dans une pirogue pour les îles Canaries, le rêve d’expatriation ne s’estompe toujours pas. Difficile de leur donner tort si l’on sait que le pays est toujours gangréné par la corruption avec des gens riches comme Crésus. Non point parce que ce sont des capitaines d’industrie mais plutôt des sangsues profitant de leur proximité avec le pouvoir politique en place pour sucer à satiété le sang de leurs compatriotes. « Un enrichissement sans cause » qui plombe le développement économique et social car figurez-vous que, de nombreuses de nos contrées sont sous exploitées si elles ne sont pas tout simplement dilapidées. Elles sont dépourvues de toutes infrastructures de base. Pas de centre de santé. Pas d’école. Pas d’électricité. Les immenses étendues de terres sont sous exploitées, à la merci de l’hivernage et d’outils culturaux obsolètes ou louées à des sociétés étrangères.
Il est donc question de rompre avec le monde d’avant, de le déconstruire en refusant de revêtir ses habits pour pouvoir défricher un nouveau chemin. Celui qui consolide les institutions, met l’accent sur l’Etat de droit, et respectueux de la séparation des pouvoirs.
Le Sénégal mérite qu’on l’entoure de ses meilleurs enfants en dehors de tout critère partisan et/ou politicien. Ni les « Boucliers du projet » ni les slogans déclinés sous tous les tons du souverainisme, de l’anti impérialisme et tutti quanti, n’ont capacité à transformer le monde. Puisse la rebaptisation de l’ancien Boulevard du Général De Gaulle en Boulevard Mamadou Dia être en conformité avec les valeurs du parrain et servir ainsi de viatique à un nationalisme intransigeant adossé au culte du travail, de l’éthique, de la compétence et rétif à toute forme de clientélisme. Voilà en effet une formidable fenêtre d’opportunité pour amorcer cette saison II qui coïncide avec la fête de l’indépendance.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE WEEK-END DU 5 AVRIL 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
Face aux interrogations sur l'efficacité de sa politique de rationalisation des dépenses publiques, le président Diomaye a présenté ce vendredi 4 avril, un premier bilan chiffré à 154 milliards FCFA d'économies réalisées
Le président Bassirou Diomaye Faye a présenté un bilan des économies réalisées depuis son arrivée au pouvoir, répondant à une question de la journaliste Astou Dione lors de sa conférence de presse du vendredi 4 avril.
Parmi les mesures phares évoquées, le chef de l'État a cité la réallocation de 24 milliards FCFA initialement destinés au programme spécial de désenclavement, désormais réinvestis dans la construction de nouvelles routes.
Il a également mentionné une réorientation de 30 milliards FCFA du programme de construction scolaire, ayant permis la réalisation de 2 000 salles de classe supplémentaires.
Plus significativement, le président a évoqué les 100 milliards FCFA économisés à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), selon les chiffres avancés par son Directeur Général, Fadilou Keita.
La suppression d'institutions comme le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) figure également parmi les exemples de rationalisation des dépenses publiques.
DIOMAYE DÉVOILE SES RELATIONS AVEC MACKY
Tout en affirmant son "respect" pour l'ancien président, à qui il a même prêté l'avion présidentiel pour un pèlerinage, le chef de l'État a néanmoins évoqué des "manœuvres en coulisses" orchestrées par son prédécesseur
Le président Bassirou Diomaye Faye a fait une déclaration remarquée ce vendredi 4 avril lors de sa rencontre avec la presse concernant ses relations avec son prédécesseur Macky Sall.
"On ne cible personne, même pas le président Macky Sall pour qui nous avons beaucoup de respect", a affirmé le chef de l'État. "Malgré tout ce qui s'est passé, on s'est fait une accolade. Le cœur vide me concernant."
Le président a révélé avoir mis l'avion présidentiel à disposition de Macky Sall pour effectuer la Oumra (pèlerinage musulman), lui demandant même "de prier pour moi".
Tout en soulignant ces gestes de réconciliation, Diomaye Faye a toutefois laissé entendre que son prédécesseur pourrait encore être actif politiquement, déclarant : "Il est dans autre chose maintenant, et le pays avance, même si je sais qu'il mène quelques manœuvres en coulisses."
Ces déclarations interviennent dans un contexte où des questions persistent sur d'éventuelles poursuites judiciaires contre des responsables de l'ancien régime.
LE SÉNÉGAL PRÊT À FAIRE CAVALIER SEUL SUR LA QUESTION DU FCFA
Bassirou Diomaye Faye a évoqué ce vendredi 4 avril, l'hypothèse d'une sortie unilatérale du franc CFA, positionnant la souveraineté monétaire comme une condition d'émancipation économique complète
Dans son entretien avec la presse locale, le chef de l'État a rappelé que "tous les pays du monde disposent de trois principaux moyens pour financer leur économie : la fiscalité, l'endettement et la monnaie." Sans monnaie propre, le Sénégal se trouve privé d'un levier essentiel : "Si tu ne possèdes pas ta propre monnaie, tu ne peux pas avoir d'impact sur cet élément essentiel. Il ne nous reste donc que deux leviers."
Face à la lenteur du processus d'intégration monétaire de la CEDEAO, Diomaye Faye propose une solution intermédiaire. "Si l'UMOA tarde à obtenir l'aval de la CEDEAO, elle peut prendre l'initiative de créer une monnaie souveraine avec un nom, un symbole et des billets distincts," a-t-il suggéré, s'appuyant sur une étude approfondie menée par la BCEAO.
Le président appelle néanmoins à la prudence, évoquant des prérequis économiques indispensables, notamment "la stabilisation des agrégats macroéconomiques et le renforcement des capacités de production et d'exportation."
Tout en privilégiant actuellement une approche concertée avec ses partenaires régionaux, Diomaye Faye n'exclut pas une démarche unilatérale si nécessaire : "Si ça prend encore trop de temps, on se retirera pour avoir notre propre monnaie."
Le président met cependant en garde contre toute précipitation. « On ne peut pas, en seulement un an, dire à la CEDEAO que nous souhaitons sortir de sa monnaie ou à l’UMOA que leurs procédures n’avancent pas, et engager immédiatement un processus monétaire ».
VIDEO
DAKAR DÉCOLONISE SES MUSÉES
De la Biennale de Dakar au Musée des Civilisations Noires, le Sénégal illustre l'essor culturel d'un continent qui réaffirme sa place sur la scène artistique internationale tout en questionnant son patrimoine spolié
À Dakar, le Musée Théodore Monod est au cœur d'une révolution culturelle qui redéfinit le rapport entre l'Afrique et son patrimoine artistique. Cet ancien Institut français d'Afrique noire, fondé en 1938 pendant la période coloniale, entreprend aujourd'hui un ambitieux projet de décolonisation de ses collections.
Le conservateur Malik Ndiaye, historien de l'art et spécialiste en études culturelles, transforme progressivement cette institution qui abrite près de 10 000 œuvres provenant de plus de 20 pays africains. "Comment questionner la mémoire du musée sur la base d'un patrimoine à visée coloniale mais qui reste un patrimoine africain ?" s'interroge-t-il.
Sa réponse est novatrice : ouvrir les portes du musée aux artistes contemporains africains, les invitant à dialoguer avec les collections ethnographiques héritées de l'époque coloniale. Cette approche a été particulièrement visible lors de la 14ème édition de la Biennale de Dakar, rendez-vous international majeur de l'art contemporain africain.
Des artistes comme le photographe sénégalais Ibrahima ont ainsi pu s'inspirer d'objets de la collection, tels qu'un tambour sabar traditionnel, pour créer des œuvres qui établissent des ponts entre passé et présent. "C'est un instrument visuel et sonore qui nous accompagne du début de la vie à la mort", explique l'artiste, qui fait dialoguer des photos historiques avec ses propres créations.
Le Camerounais Hervé Youmbi va plus loin en réalisant des masques hybrides contemporains inspirés des pièces du musée, mais destinés à retourner dans l'univers rituel. "C'est une manière symbolique de réparer cette cassure", affirme-t-il, en référence aux objets arrachés à leur contexte d'origine par les ethnologues coloniaux.
Cette démarche suscite l'intérêt international, notamment celui de Hartmut Dorgerloh, directeur du Forum Humboldt de Berlin : "Je suis fasciné par la pertinence des projets et des approches développés ici", confie-t-il.
Le Musée des Civilisations Noires, imposant édifice inauguré en 2018 avec le soutien financier de la Chine, s'inscrit également dans cette dynamique. Destiné à accueillir les biens artistiques et objets rituels autrefois spoliés des pays africains, il symbolise la volonté du continent de reprendre possession de son histoire culturelle.
Pour Malik Ndiaye, la décolonisation muséale est comparable à une "psychanalyse institutionnelle" : "Il faut que ces archives et ces collections puissent raconter leur propre histoire sans tabou, sans complaisance et sans aucun complexe."
Cette transformation des musées africains témoigne d'un essor culturel sans précédent sur le continent, favorisé notamment par les débats sur la restitution d'œuvres d'art pillées durant la période coloniale. L'Afrique rebat ainsi les cartes de la scène artistique internationale, affirmant sa place légitime dans l'histoire de l'art mondial.