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22 juin 2025
GUERRE EN UKRAINE, POURQUOI LE SÉNÉGAL S'EST-IL ABSTENU ?
L'abstention de Dakar le 2 mars dernier lors du vote de la résolution de l'ONU sur le conflit russo-ukrainien est-elle le signe d’un non-alignement idéologique ou la manifestation d’une posture momentanée ? Décryptage
Le Point Afrique |
Clémence Cluzel |
Publication 22/03/2022
S'il n'est pas le seul pays africain à s'être abstenu lors du vote à l'ONU sur l'Ukraine le 2 mars dernier, le Sénégal a en revanche largement fait réagir les observateurs par le positionnement diplomatique mis en avant, à savoir la neutralité. La question a été posée de savoir s'il s'est agi d'une volonté de s'affirmer différemment sur la scène internationale ou d'un désir de calmer le jeu au niveau régional et local.
L'Assemblée générale de l'ONU (AGNU) votait le 2 mars dernier une résolution intitulée « Agression contre l'Ukraine », dont le texte pensé par l'Union européenne avec l'Ukraine exige « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine et retire immédiatement complètement et sans condition toutes ses forces militaires » d'Ukraine. Si une très large majorité des 193 pays participants a voté pour condamner « l'agression de la Russie contre l'Ukraine », 12 pays africains n'ont pas pris part au vote et 17 pays du continent se sont abstenus. Parmi eux, le Sénégal.
Le choix de la diplomatie
Comme il l'avait fait lors du vote concernant l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, le Sénégal s'est de nouveau abstenu le 2 mars dernier. « C'est une position de principe. Le Sénégal adopte une posture de non-alignement comme il l'a déjà fait dans le passé. Il veut montrer qu'il a toujours été un pays de dialogue », argumente le Dr Serigne Bamba Gaye, politologue, spécialiste en relations internationales et de politiques publiques. Dans un éditorial publié par le Quotidien, le journaliste Mohamed Gueye saluait une « position courageuse » qui va dans le sens d'une « tradition de neutralité et de diplomatie active du pays », rappelant que le Sénégal a maintes fois affiché cette position dans les conflits, préférant les canaux diplomatiques et la voie de la conciliation, notamment sur la question du conflit israélo-palestinien.
Habituel allié du bloc occidental, et de la France en particulier, le vote du Sénégal a surpris même s'il apparaît également répondre à une certaine logique, le pays adoptant une stratégie de non-alignement depuis la guerre froide. Dans un communiqué du gouvernement daté du 2 mars, le pays « réaffirme son adhésion aux principes du non-alignement et du règlement pacifique des différends ». « Cela s'inscrit aussi en continuité de la lutte coloniale : le positionnement du Sénégal sur la scène internationale est aussi lié à son histoire. Sa politique étrangère est basée sur la défense de la paix et sur la conciliation », ajoute le politologue. Même si des répercussions économiques du conflit seront ressenties localement, il s'agit avant tout d'un conflit lointain qui se déroule en Europe et dont les protagonistes sont l'Est et l'Ouest.
Cette neutralité pourrait également être appuyée par le fait que le président Macky Sall occupe depuis le 5 février dernier la présidence de l'Union africaine (UA). Une responsabilité qui favoriserait une position modérée plutôt que l'adoption de choix tranchés. « Le Sénégal a une démarche cohérente, car quand on a cette responsabilité, on se doit d'avoir une attitude équidistante. Le pays qui assure la présidence de l'UA imprime sa marque sur la posture de l'Union. En restant neutre, cela assure la sérénité dans les rangs. Il est impossible de rallier tous les États africains, car chacun est souverain et il n'y a pas de politique étrangère commune qui pourrait servir de boussole. Les votes se font en fonction des intérêts de chacun, il n'y a pas de consigne de vote de l'UA », détaille encore le Dr Gaye.
Neutralité relative
Bien que positionné comme un acteur diplomatique qui s'est abstenu lors de l'assemblée générale des Nations unies, le Sénégal est d'une neutralité toute relative. En effet, dès le 24 février, l'UA, par le biais du président du Sénégal Macky Sall et du président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a signé une déclaration réclamant le « respect de l'intégrité territoriale et à la souveraineté nationale de l'Ukraine » ainsi que « l'instauration immédiate d'un cessez-le-feu et l'ouverture sans délai de négociations politiques sous l'égide des Nations unies ».
Suspensions de médias étrangers, attaques contre la presse malienne, défense d’un journalisme « patriotique » soutenant les autorités… À Bamako, la liberté d’informer est de plus en plus menacée
Jeudi 17 mars, les autorités maliennes ont suspendu la diffusion de RFI et de France 24 pour des reportages mettant en cause l’armée dans des exactions visant des civils. Un mois plus tôt, l’envoyé spécial de Jeune Afrique était expulsé du pays, faute de détenir une accréditation dont le gouvernement a gelé le processus d’obtention. Depuis plusieurs mois, la pression s’est accrue sur les médias travaillant au Mali. Les correspondants de France 24 et de RFI, notamment, sont dans le viseur d’organisations réputées proches de la junte au pouvoir, comme le Collectif pour la défense des militaires (CDM), qui ont publié plusieurs communiqués appelant à renvoyer ces journalistes étrangers, qualifiés de « propagandistes » au service de l’État français.
Entre communiqués incendiaires, déversements de haine sur les réseaux sociaux, convocations au ministère de la Communication ou encore appels à faire du « journalisme optimiste » œuvrant à la « reconstruction du Mali », le travail des journalistes étrangers a largement été commenté. Celui des médias maliens, beaucoup moins.
Rédactions « à couteaux tirés »
Pourtant, dans ce climat d’intimidation, la presse locale fait face à un rétrécissement de sa liberté d’informer, menacée par des pressions qui poussent à l’auto-censure. « Au sein de la rédaction, les journalistes sont devenus beaucoup plus prudents dès qu’il s’agit de traiter un sujet portant sur la sécurité. Tout ce qui concerne l’armée malienne, qui est actuellement la question la plus délicate, suscite désormais le débat », explique un journaliste malien sous couvert d’anonymat.
Dans de nombreuses rédactions maliennes, le fossé s’est élargi : d’un côté, ceux qui défendent le devoir du journalisme d’informer sans parti pris et refusent de passer sous silence certains événements. De l’autre, ceux qui souhaitent encourager « la montée en puissance » de l’armée prônée par les autorités et craignent que certaines informations mettant en cause les Fama ne démoralisent les troupes dans leur lutte contre le terrorisme.
« Journalisme patriotique »
« On nous dit aujourd’hui qu’il faut prendre partie, il n’y a plus de neutralité. Certains ont le sentiment que se joue une guerre de l’information et que les journalistes maliens doivent choisir leur camp. Si on n’encense pas l’action de l’armée malienne ou de la transition, c’est forcément qu’on est contre eux », constate notre source.
EN CASAMANCE, LES AUTORITÉS OPTENT POUR UNE STRATÉGIE MILITAIRE
Le dialogue est-il toujours possible avec les rebelles de Casamance ? Réponses de Madiambal Diagne, journaliste, chroniqueur pour le journal sénégalais Le Quotidien et président international de L’Union internationale de la presse francophone
TV5 Monde |
Christian Eboulé |
Publication 22/03/2022
Dans la nuit du 13 au 14 mars dernier, les autorités sénégalaises ont lancé une opération militaire dans le sud du pays, en vue de démanteler les bases du MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance. Cette offensive intervient deux mois après la mort de quatre soldats sénégalais et la capture de sept autres par les rebelles dans la zone frontalière avec la Gambie. Depuis, les sept soldats ont été relâchés, mais les opérations militaires se poursuivent. Comment expliquer cette résurgence des violences ? Le dialogue est-il toujours possible avec les rebelles de Casamance ? Réponses de Madiambal Diagne, journaliste, chroniqueur pour le journal sénégalais Le Quotidien et président international de L’Union internationale de la presse francophone. Entretien.
TV5MONDE : Pour quelles raisons l’armée sénégalaise a-t-elle lancé une opération contre les rebelles de Casamance dans la nuit du 13 au 14 mars dernier ?
Madiambal Diagne : En s’attaquant il y a deux mois environ, à un détachement de l’armée sénégalaise qui était en mission en Gambie dans le cadre de la mission militaire ouest-africaine (Ecomig), Salif Sadio, le leader d’une des factions du MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, a commis une très grave imprudence.
Cette attaque a en effet entraîné la mort de quatre soldats sénégalais et sept autres ont été pris en otage. Il y a eu des pourparlers pour la libération de ces otages. Ce qui a été fait depuis, avec en particulier la médiation de la Communauté de Sant’Egidio, basée en Italie et qui intervient très souvent dans ce conflit.
Après cette libération, l’armée sénégalaise a organisé une opération que certains ont qualifié de « vengeance de l’humiliation », parce que les soldats sénégalais avaient été exhibés par les rebelles ; des soldats à genoux et qui avaient subi des mauvais traitements. Bref, des soldats humiliés par des chefs rebelles. Ça été un choc pour l’opinion publique sénégalaise. L’armée sénégalaise est donc intervenue sur instruction des autorités sénégalaises, pour laver l’affront, mais aussi pour en finir avec le contentieux.
TV5MONDE : Comment expliquer cette résurgence des violences après plusieurs mois d’accalmie ?
Madiambal Diagne : Le Sénégal avait procédé à des opérations de ratissage de certaines bases ou sanctuaires rebelles. Et depuis, la faction favorable à Salif Sadio, le chef de guerre qui contrôle le front nord, c’est-à-dire le front qui est à la lisière de la frontière gambienne, s’était calmé. Il s’est trouvé aussi que le Sénégal a pu déplorer le trafic de bois de vène qui était prélevé dans les forêts sénégalaises pour l’exporter à l’étranger via la Gambie.
Les services des eaux et forêts, rattachées au ministère de l’Environnement, ont intercepté des cargaisons de bois. Et le Sénégal avait interpellé les autorités gambiennes sur ce trafic. Parce que la Gambie passait pour un des plus grands exportateurs de bois de vène. Or, toutes les exportations ou presque étaient prélevées dans les forêts sénégalaises. Il y a donc eu des arraisonnements de convois de bois de vène. L’économie de guerre de Salif Sadio est entretenue par le trafic de chanvre et l’exportation du bois de vène.
TV5MONDE : Il y a quelques mois Salif Sadio était un interlocuteur des autorités sénégalaises. Cette attaque contre ses troupes signifie-t-elle qu’il n’y a plus de dialogue entre les différentes factions du MFDC et les autorités sénégalaises ?
Madiambal Diagne : A partir du moment où les armes crépitent encore, on ne peut pas vraiment parler de dialogue. Et je ne crois pas que le gouvernement du Sénégal soit dans une logique de dialogue. Il y a eu plusieurs rounds de dialogue, des situations où on parlait de réinsertion des combattants, d’amnistie, de faveurs accordées à d’anciens rebelles…
Aujourd’hui, la population est exaspérée par cette situation. C’est sans doute aussi le cas des autorités sénégalaises. Et à l’heure actuelle, les autorités sénégalaises semblent déterminées à avoir Salif Sadio, mort ou vif. Et ce sentiment est très largement partagé au sein de la population sénégalaise.
TV5MONDE : Est-ce à dire que la stratégie militaire constitue aujourd’hui la seule alternative aux yeux des autorités sénégalaise ?
Madiambal Diagne : Je crois que de guerre lasse, la seule solution aujourd’hui semble être la stratégie militaire. De nombreuses initiatives ont été tentées, des financements d’opérations de désarmement et de réinsertion ont été lancées, des opérations de déminage ont été lancées, des opérations de réimplantation de populations déplacées ont été effectuées… Pendant de nombreuses années, beaucoup d’efforts ont été consentis dans le but d’atteindre la paix.
Aujourd’hui, le constat est que malgré tout cela, 7 soldats ont été pris en otage, exhibés à la face du monde et quatre autres ont été tués lors d’une attaque unilatérale, décidée par Salif Sadio. Du coup, l’état d’esprit des autorités sénégalaises et d’une majorité des populations, c’est qu’on en finisse avec ce contentieux. Je crois que la carte militaire est en train d’être jouée, et peut-être qu’elle sera suivie de négociations. Mais pour le moment, il y a une résolution ferme de démanteler toutes les bases rebelles qui sont implantées le long de la frontière entre le Sénégal et la Gambie.
TV5MONDE : La Gambie et la Guinée-Bissau ont souvent joué un rôle important dans ce conflit. Ces deux pays soutiennent-ils la stratégie militaire actuelle des autorités sénégalaises ?
Madiambal Diagne : En Guinée-Bissau comme en Gambie, il y a deux régimes qui sont très proches du gouvernement du Sénégal, et qui semblent jouer dans le sens d’aider le Sénégal à éradiquer la rébellion. Le Sénégal ne manquera pas de profiter de cette situation. Après l’attaque des troupes de Salif Sadio contre l’armée sénégalaise, le gouvernement gambien a été très ferme. Il s’est engagé à ne pas laisser les rebelles faire de la Gambie un territoire de repli. La même logique semble de mise du côté de la Guinée-Bissau. Le Sénégal semble donc avoir les cartes en main pour pouvoir peut-être mener ses opérations militaires avec succès.
TV5MONDE : Au-delà de cette stratégie militaire, les autorités sénégalaises pourraient-elles répondre malgré tout à certaines revendications des rebelles ?
Madiambal Diagne : En réalité, le temps joue contre la rébellion. Leurs rangs se dégarnissent, elles s’affaiblissent, et elles ont de moins en moins de légitimité politique dans leur combat. Je ne crois pas que les autorités sénégalaises soient dans les dispositions de satisfaire cette revendication de fond qui est l’indépendance.
Maintenant, il y a des palliatifs proposés par les autorités sénégalaises, comme la réinsertion des rebelles considérés comme des enfants égarés de la République. C’est la seule option qu’offre le Sénégal, parce que même la question du statut particulier de la Casamance que certains hommes politiques sénégalais avaient brandi avait été rejetée par tous les régimes au Sénégal. Et aujourd’hui, personne n’envisage ce statut particulier pour la Casamance, encore moins l’indépendance.
LE FRANÇAIS MERIDIAM DÉCROCHE LE CONTRAT DE GESTION DES BRT
Le Sénégal et le groupe tricolore, spécialisé dans le financement et le développement d'infrastructures, ont annoncé lundi avoir signé un contrat pour l'acquisition et la gestion de bus électriques à Dakar
Le Sénégal et le groupe français Meridiam, spécialisé dans le financement et le développement d'infrastructures, ont annoncé lundi avoir signé un contrat pour l'acquisition et la gestion de bus électriques à Dakar, en vue de désengorger cette métropole ouest-africaine.
Le projet dit BRT (bus rapid transfer, en anglais), dont les travaux sont en cours, vise à doter Dakar à compter de 2023 de bus rapides électriques roulant sur des voies exclusives entre la banlieue et le centre-ville, sur plus de 18 km, un tronçon où la circulation est ralentie à cause des embouteillages. Les investissements pour les bus électriques se chiffrent à 127 milliards de FCFA (193,6 millions d'euros), selon les autorités sénégalaises. Le coût total du projet BRT fait plus de 300 milliards de FCFA (450 millions d'euros) financés par des bailleurs comme la Banque mondiale.
Le Sénégal a signé le contrat avec Meridiam et un groupement formé des sociétés publiques françaises SNCF et RATP, l'opérateur de transport français Kéolis et le Fonsis, un fonds d'investissement sénégalais, indique lundi un communiqué du Conseil exécutif des transports urbains à Dakar (Cetud), organe rattaché au ministère des Transports sénégalais. Le contrat de concession, d'une durée de 15 ans, vise "l'acquisition, l'exploitation et la maintenance du matériel roulant et des systèmes du BRT".
Meridium annonce "la mise à disposition d'une flotte de bus 100% électriques, avec des batteries, dont un parc initial de 121", dans un communiqué distinct. "C'est un projet concret en faveur de la transition énergétique qui offre une solution adaptée au défi du changement climatique, mais aussi une alternative efficace au réseau existant de bus au diesel", indique-t-il. Le projet BRT comprend également l'édification d'ateliers et dépôts, plus de 80 km de voiries et trottoirs à aménager ou réhabiliter le long des axes desservis, y compris des carrefours, des arrêts et terminus de bus.
Le BRT vient en complément du train express régional (TER) circulant entre Dakar et sa banlieue, dont un premier tronçon a été inauguré en décembre. Les deux systèmes de transports BRT et TER, complémentaires avec des lignes de rabattement, visent à désengorger Dakar, qui concentre sur 0,3 % du territoire le cinquième des 17 millions de Sénégalais et la quasi-totalité des activités économiques du pays. Les embouteillages coûtent officiellement à la ville 152 millions d'euros par an.
PAR Hamidou Anne
LE VISAGE DE LEURS LUTTES
Adji Sarr a mis à nu nos lâchetés, nos défaites morales et nos reculs face à l’exigence de la vérité et de la Justice. Elle a éventé le rabougrissement intellectuel de la société et la corruption morale des élites
On sert aux hommes, même au premier benêt venu, du «Monsieur», de l’«Honorable» ou du «président», afin de les élever pour mieux écraser l’autre. Pour elle, l’interpellation est directe : un prénom, un nom et un vocabulaire de l’écrasement voire du dénigrement en référence à sa catégorie sociale et à son genre. Comme pour, par les mots, confirmer une hiérarchie et catégoriser la vulgaire soubrette. Une année que les consciences de la société ignorent l’interpellation d’une jeune femme réduite à la vie en marge ; une vie dans son propre pays sous la protection d’hommes armés afin d’éviter que l’irréparable ne se produise. Cette jeune femme a raison de vouloir quitter son pays et de rallonger la longue liste de gens qui sont partis pour échapper au cercueil de leur société. Ce pays pour elle n’est que violence.
Le propos de madame Adji Sarr, dans une interview avec les médias internationaux, est implacable : «Je ne crois pas en la Justice de mon pays.» Phrase répétée à l’envi par des politiciens et des membres de la Société civile depuis des décennies. Mais quand elle sort de la bouche de cette jeune femme, une frange de la société se bouche les oreilles et érige une chape de plomb sur une liberté pourtant à sacraliser : celle de haïr l’injustice et la tyrannie.
Cette jeune femme est depuis un an la cible d’insultes, de calomnies, de médisances de la part d’adultes et de jeunes surexcités qui, dans leur entreprise, ne convoquent plus la raison. Des responsables publics ont nié son propos et l’ont sommée de se taire, car son discours dérange un récit savamment construit. Un vacarme, dénué de distance et de recul, nourri par la manipulation, le mensonge voire l’ignorance, tente d’enlever à une femme de vingt ans sa dignité.
Notre société patriarcale banalise et encourage la culture du viol.
Madame Adji Sarr n’est pas la seule victime de la violence sociale, mais elle en incarne le visage. Des animateurs l’ont, en direct à la radio, traitée de femme aux mœurs légères. Hommes politiques, journalistes, religieux, hommes d’affaires ont, dès les premières heures, accusé cette jeune femme sans preuve, dans le but de la salir. Un mouvement féministe aussi puissant que le Réseau Siggil Jigeen a publié un communiqué pour la bannir du cercle des femmes qui méritent d’être défendues. Des syndicalistes et des activistes soucieux, disent-ils, de défendre les pauvres et les précaires et l’exercice des libertés, l’ont forcée au silence. Les récits médiatiques de cette affaire furent le dernier acte d’un effondrement du journalisme sénégalais. La haine qu’inspire cette jeune femme se dessine sur des visages de pères et mères de famille qui ne s’attachent plus à la vérité, mais exigent l’expression d’opinions qui renforcent leur conviction déjà faite. Ils ont fait passer une jeune orpheline venue de son village, exploitée par une patronne indélicate et payée une misère, pour une bourrelle. Quand les détracteurs de cette jeune femme en ont fini avec toutes les théories possibles, ils l’ont accusée de comploter avec les médias étrangers pour rajouter de l’eau au moulin de leur pseudo anti-impérialisme. Des journalistes, en pensant «analyser» le mobile du «crime», rivalisant d’ardeur dans le mensonge et la manipulation, étalent devant des millions de gens, leur incompétence et les preuves de l’ignorance des règles de base régissant leur métier. Le ridicule n’écorche même plus sous nos cieux.
Tout un pays a décrété la mort sociale d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. Où est le courage dans le fait de s’en prendre à une enfant, orpheline, pauvre et sans défense, dont l’ordre moral a décrété le suicide social ?
La défense de cette jeune femme, voire le doute sur une théorie du complot, provoque pour son auteur, un torrent de menaces d’une extrême violence. La peur a été instaurée, et la liberté d’expression censurée par des hystériques aux discours aussi guerriers que superficiels. Face à cette tyrannie verbale se voulant pertinente mais qui hélas n’est que vulgarité, ils ont été rares à la défendre ; peu ont fait preuve de lucidité quand tout un pays est devenu fou. Ils font l’honneur de notre pays.
Quelle que soit la configuration, cette jeune femme est une victime oppressée ; victime, car le corps des femmes reste un terrain des luttes masculines pour le pouvoir, sans préjudice de la vérité et de la Justice.
Mais entre-temps, Madame Adji Sarr a mis à nu nos lâchetés, nos défaites morales et nos reculs face à l’exigence de la vérité et de la Justice. Elle a éventé le rabougrissement intellectuel de la société et la corruption morale des élites. Elle incarne le visage de luttes futures de pans entiers du mouvement progressiste pour la liberté, la dignité et l’égalité.
PROJET GAZIER GTA : LE DERNIER CAISSON MIS A L’EAU
«Le projet Grand Tortue Ahmeyim (Gta) phase 1, vient de franchir une importante étape dans sa mise en œuvre.
«Le projet Grand Tortue Ahmeyim (Gta) phase 1, vient de franchir une importante étape dans sa mise en œuvre. Le dernier des 21 caissons du brise-lame vient d’être achevé et mis à l’eau avec succès», informe Bp via un communiqué de presse. D’après la compagnie pétrolière, «le caisson a été amarré au large de Dakar avec 3 autres caissons en attente d’installation. Dès que les conditions météorologues seront favorables, chaque caisson sera remorqué jusqu’au site du hub terminal situé à 10 km de la côte à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie et installé. Ce dernier cais¬son va compléter le brise-lame d’une longueur de 1,2 km qui servira de protection aux équipements et navires qui viendront s’approvisionner sur la base du terminal de liquéfaction de gaz naturel».
Cité dans le document, Massaer Cissé, vice-président Directeur Pays de Bp Sénégal, déclare : «La mise à l’eau avec succès et en toute sécurité de ce dernier caisson marque une étape cruciale vers la production de gaz pour le projet Gta. Je félicite l’ensemble des équipes de bp, ses partenaires et contractants qui ont ensemble abattu un travail de titan depuis 2 ans et demi pour arriver à ce résultat. Il nous reste encore d’autres défis avant la livraison de la première molécule de gaz, nous les abordons avec confiance et détermination.»
La compagnie rappelle que «la construction des caissons et la création du chantier sont une première expérience du genre en Afrique. Plus de 12 hectares ont été gagnés sur la mer pour offrir suffisamment d’espace pour la construction de ces énormes structures en béton. En effet, d’un poids de 16000 tonnes, chaque caisson mesure 55 mètres de long sur 28 mètres de large et 32 mètres de hauteur. Les travaux ont mobilisé près de 2000 travailleurs sénégalais».
Au cours des prochains mois, Bp et ses partenaires promettent de continuer «un travail intensif en mer. En plus de l’installation du brise-lame en cours, les travaux sur les installations sous-marines vont démarrer, de même
que les travaux de préparation pour l’accueil de l’unité flottante de stockage et de traitement actuellement en construction en Chine. Il en va de même pour l’unité flottante de liquéfaction de gaz naturel en construction à Singapour. Les travaux de forage en eaux profondes devraient également démarrer au 2ème tri¬mestre de cette année».
SOUPÇONS D’EMPLOIS FICTIFS À LA MAIRIE DE SANGALKAM
Le système d’émargement quotidien des agents, initié par la nouvelle équipe municipale pour connaître le nombre d’employés municipaux à la commune de Sangalkam, a donné ses premiers résultats. Plus de 50 salariés ne se sont pas pointés
Plusieurs personnes, censées travailler à la mairie de Sangalkam, n’ont jamais pointé à leur lieu de travail. Cela a poussé la nouvelle équipe municipale à les considérer comme occupant des emplois fictifs et ne devant pas être payées. Une situation qui a conduit à une forte baisse de la masse salariale.
Le système d’émargement quotidien des agents, initié par la nouvelle équipe municipale pour connaître le nombre d’employés municipaux à la commune de Sangalkam, a donné ses premiers résultats. Plus de 50 salariés ne se sont pas pointés depuis le début des opérations.
Par conséquent, l’équipe du maire, Pape Sow, soupçonne des emplois fictifs. «Nous avons démarré avec un système d’émargement pour les agents de la mairie. Nous en sommes à 67 pour l’heure et en déduisons donc que pour le reste, ce sont des emplois fictifs ou des personnes payées et ne travaillant pas pour la mairie», a noté Ibrahima Thiam, 2ème adjoint au maire. Une accusation qui vise la gestion de l’ex-maire, Oumar Guèye. Cette opération de vérification a eu une incidence sur la masse salariale qui a baissé de 12 à 4 millions francs. «On ne peut pas payer des personnes qui ne travaillent pas», a insisté l’adjoint au maire, assurant que les évaluations sont en cours et portent aussi sur d’autres domaines comme le foncier.
La coalition Yewwi askan wi a affirmé que les premiers résultats compromettants sur l’évaluation amorcée par l’équipe municipale sont la cause des agissements de Oumar Guèye, ministre des Collectivités territoriales. «L’insistance sur le recours fait apparaître qu’il y a des choses qu’il veut cacher», a soutenu Amary Dabo, con¬seiller municipal et porte-parole de la coalition. «C’est l’Etat qui a édité un fichier dans lequel sont inscrits tous ceux qui devaient voter à Sangalkam, qui a délivré des cartes d’électeur, qui a choisi ses représentants et qui a accordé la supervision à la Cena et à l’observatoire national», a rappelé Dabo, «optimiste». Suite à un recours introduit par la coalition Benno bokk yaakaar, les parties sont convoquées aujourd’hui à la Cour d’appel de Dakar.
«C’EST UN FORUM DES TERRITOIRES ET NON DES ÉTATS»
Barthélemy Dias n’a pas mis de l’eau dans son vin concernant l’organisation du forum mondial de l’eau
Le Forum mondial de l’eau n’est pas une affaire de chefs d’Etat. C’est la conviction de Barthélemy Dias qui a ouvert hier son Forum mondial de l’eau.
Barthélemy Dias n’a pas mis de l’eau dans son vin concernant l’organisation du Forum mondial de l’eau. Au moment où le président de la République lançait la 9ème édition à Diamniadio hier, le maire de Dakar ouvrait ses assises à l’Hôtel de ville. Le tout avec la même dénomination : Forum mondial de l’eau. Axée sous le thème «L’eau à Dakar : Dakar sous les eaux», la rencontre a permis à Barthélemy Dias de s’attaquer au Président Macky Sall. «Le Forum mondial de l’eau est un forum des territoires et non un forum des Etats. Le sommet de l’Oci est un sommet des Etats comme le sommet de la Francophonie. C’est la raison pour laquelle là-bas, on cherche à avoir la participation de maximum de chefs d’Etat. Ici, il s’agit d’un forum des territoires», a déclaré le maire de Dakar.
En présence du maire de Guédiawaye, Ahmed Aïdara, des maires des communes de Dakar, Barthélemy Dias est revenu sur sa décision d’organiser un forum qui va se terminer demain. «La candidature de Dakar a été portée par la Ville de Dakar et non par l’Etat du Sénégal. On ne peut pas accepter d’être invité à notre propre anniversaire», a tonné Dias-fils. Ce dernier a lancé des pierres en direction des rencontres de Diamniadio. «Des gens sont en train de se réunir à Diamniadio. Mais je voudrais leur faire savoir qu’à Diam¬niadio, il n’y a pas d’assainissement, ni de station d’épuration. Diamniadio d’ici quelques années, sera une bombe écologique parce qu’il y aura des inondations. A Keur Ndiaye Lô, Sangalkam, Keur Massar, il n’y a pas d’assainissement», a relevé M. Dias.
Barthélemy Dias a marqué son désaccord concernant les politiques de l’Etat pour lutter contre les inondations, notamment le Plan Orsec. «Plus de 1300 milliards ont été injectés dans ce plan pour l’achat de motopompes et de gasoil. Pour¬tant, les inondations reviennent chaque année», a-t-il souligné.
En écho, Ahmed Aïdara a demandé au président de la République Macky Sall d’apporter des solutions durables aux difficultés rencontrées par les Sénégalais de la capitale et de ses banlieues. «Il y a les inondations et les factures salées avec la fameuse société Sen Eau. Il n’y a pas d’eau mais on a toujours des factures salées. C’est contradictoire ! Il y a aussi la qualité de l’eau à Dakar et dans le monde rural. L’assainissement n’est pas une compétence, mais ce sont toujours les maires qui paient les pots cassés», a noté le maire de Guédiawaye, qui a félicité Bar¬thélemy Dias pour son courage.
ALIOU CISSÉ PEAUFINE DÉJÀ SES PLANS
Les choses sérieuses démarrent pour Aliou Cissé et ses hommes. A moins de trois jours de la manche aller comptant pour les barrages de la Coupe du monde, les champions d’Afrique sont bien arrivés à Marrakech (Maroc).
En prélude à la rencontre contre l’Egypte prévue le 25 mars prochain, l’équipe nationale du Sénégal a effectué hier sa première séance d'entraînement à Marrakech. Pour cette séance du jour, Aliou Cissé a compté sur l'ensemble de son effectif.
Les choses sérieuses démarrent pour Aliou Cissé et ses hommes. A moins de trois jours de la manche aller comptant pour les barrages de la Coupe du monde, les champions d’Afrique sont bien arrivés à Marrakech (Maroc).
Sadio Mané, Idrissa Guèye, Nampalys Mendy, Pape Abou Cissé ou encore Pape Matar Sarr ont notamment été les derniers arrivés après le premier groupe composé d’Abdoulaye Seck, Mame Baba Thiam, Ismaïla Sarr, Edouard Mendy, Loum Ndiaye, Moustapha Name, Bouna Sarr, Bingourou Kamara et Saliou Ciss. D’ailleurs hier, ils ont pu démarrer leur stage en vue de la manche aller prévue le 25 mars au stade international du Caire. Pour ces trois jours dans le royaume chérifien, Aliou Cissé aura la possibilité de peaufiner ses stratégies afin d’aborder avec beaucoup de sérénité la rencontre de ce vendredi qui s’annonce déjà palpitante. D’autant que les Egyptiens rêvent seulement d’éliminer les rois de l’Afrique.
La délégation sénégalaise va se rendre au Caire le jeudi matin comme Aliou Cissé l'avait annoncé lors de sa conférence de presse. « On sera au Caire le jeudi matin pour nous entraîner l’après-midi. Après le match, on sera à Dakar pour venir préparer le deuxième match. Le temps est très court, mais on aura trois, quatre jours de séance pour bien nous préparer.»
Pour rappel, le Sénégal avait mené son groupe en totalisant 16 points après cinq victoires et un nul. Les deux équipes vont se retrouver pour l’une des cinq places de l’Afrique lors de la prochaine Coupe du monde qui va se dérouler au Qatar. Après le Caire, les deux équipes vont se retrouver au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio le 29 mars prochain pour la manche retour.
«NOUS DEVONS OUBLIER LE 6 FÉVRIER ET NOUS FOCALISER SUR LA RENCONTRE»
L’équipe du Sénégal doit se donner les moyens de ramener « un résultat positif » de son déplacement au Caire en match comptant pour les play-offs aller des éliminatoires de la Coupe du monde 2022, a suggéré Diomansy Kamara
L’équipe du Sénégal doit se donner les moyens de ramener « un résultat positif » de son déplacement au Caire où elle va jouer vendredi l’Egypte, en match comptant pour les play-offs aller des éliminatoires de la Coupe du monde 2022, a suggéré l’ancien attaquant international sénégalais Diomansy Kamara.
« Nous ne devons pas jouer petits bras lors de cette manche aller, au contraire, l’option pour l’Egypte, c’est d’essayer de gagner cette rencontre, donc elle va laisser des espaces et le Sénégal n’est jamais assez bon que quand il dispose d’espaces», a analysé l’ancien attaquant sénégalais dans un entretien avec l’APS.
Le Sénégal ira en Egypte auréolé du titre de champion d’Afrique, mais les joueurs doivent « oublier ce sacre continental« , selon Diomansy Kamara. « Nous devons oublier le 6 février et nous focaliser sur la rencontre de vendredi qui peut tout déclencher« , a-t-il dit, appelant les Lions à la sérénité, en dépit de l’enjeu du match contre l’Egypte, équipe dont ils ont triomphé le 6 février dernier pour remporter leur premier titre continental. « Les Pharaons viendront avec le couteau entre les dents, ils ont encore en travers de la gorge ce titre perdu, alors qu’ils avaient réussi à amener les Lions à la série de tirs au but« , a rappelé Diomansy Kamara.
A l’en croire, « une grande bataille » attend les Lions au Caire. « Nous devons nous mettre dans la peau d’une équipe qui va gagner toutes les deux rencontres« , ce qui ne veut pas dire selon lui manquer de respect à l’adversaire. « Au contraire, nous devons rester humbles et jouer tous les coups à fond« , a insisté Diomansy Kamara, ajoutant : « Il ne faut jamais dire qu’il y aura un match retour à la maison« . L’Egypte dit-il, fait partie des équipes qui défendent le mieux, et la dernière Coupe d’Afrique des nations l’a prouvé. Les Lions seraient donc bien inspirés de profiter de toutes les opportunités qu’ils auront face aux Pharaons, a ajouté Kamara. Surtout que ces opportunités « vont exister sur ce match aller où ils (les Egyptiens) seront obligés d’attaquer et de laisser donc des espaces« , a-t-il assuré. Ce match retour est prévu le mardi 29 mars au stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio.