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23 juin 2025
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AU BAPTEME DE ZEMMOUR
A l'instar de l'ancien président français François Hollande et du président Emmanuel Macron qui avaient subis les attaques publiques de la foule, Eric Zemmour a lui aussi reçu sa dose.
A l'instar de l'ancien président français François Hollande et du président Emmanuel Macron qui avaient subis les attaques publiques de la foule, Eric Zemmour a lui aussi reçu sa dose. Alors qu'il était en déplacement à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, pour sa campagne, le candidat à la prochaine présidentielle d'avril 2022 a reçu un œuf sur la tête. Suivez dans cette vidéo le film de son attaque.
DES FEMMES AFRICAINES FORMÉES À S’OPPOSER À LA VIOLATION DE LEURS DROITS
Des femmes venues de plusieurs pays d’Afrique participent à une session de formation ouverte lundi à Saly-Portudal, dans le but de les amener à être en mesure d’exprimer leur refus en cas de spoliations de leurs biens
Saly-Portudal (Mbour), 14 mars (APS) - Des femmes venues de plusieurs pays d’Afrique participent à une session de formation ouverte lundi à Saly-Portudal, dans le but de les amener à être en mesure d’exprimer leur refus en cas de spoliations de leurs biens, a constaté l’APS.
Les participantes sont originaires de l’Afrique du Sud, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Liberia, du Nigéria, du Sénégal et de la Sierra Leone.
"Les femmes souffrent souvent de l’exploitation de leurs ressources ; leurs terres sont spoliées, alors que ce sont elles qui nourrissent la population et qui donnent à manger à toute la communauté (…)", a fait valoir Georgine Kegne de l’ONG WoMin.
Elle intervenait à l’ouverture de cette session (14-17 mars) organisée à Saly-Portudal (Mbour, ouest) par les ONG Lumière-synergie-développement" (LSD) et WoMin.
"Nous travaillons avec les communautés dont les terres où les sources de subsistance ont été prises par des entreprises multinationales pour laisser place, soit à des barrages, soit à des grandes plantations, en privant ces communautés de leurs droits", a dit Mme Kegne.
"Nous disons non, pour qu’on ne détruise pas les moyens de subsistance des communautés et les moyens de subsistance de l’environnement. Il y a des minerais qui doivent rester sous terre, donc si l’extraction doit causer des dégâts à la communauté, mieux vaut que l’exploitation soit laissée", a-t-elle préconisé.
Elle déplore que "quand des multinationales s’implantent dans certaines localités, on ne dédommage pas les femmes".
De son côté, Odette Napina de l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE) estime qu’il est important que de renforcer davantage les capacités des femmes, de manière à leur permettre de "pouvoir mieux défendre la cause des communautés".
L'US AFRICA BUSINESS COUNCIL, LE PNUD ET LA BAD S'ENGAGENT POUR LA ZLECAF
Alors qu’elle est censée être opérationnelle depuis 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine peine encore dans sa mise en œuvre effective. 41 Etats sur les 54 que compte le continent remplissent toutes les conditions pour son opérationnalisat
Alors qu’elle est censée être opérationnelle depuis 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine peine encore dans sa mise en œuvre effective. 41 Etats sur les 54 que compte le continent remplissent toutes les conditions pour son opérationnalisation.
Le Cadre intégré renforcé (Cir), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (Cea) et la Société internationale islamique de financement du commerce (Sifc) vont aider des pays africains à opérationnaliser la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). L’information a été rendue publique via un communiqué de presse publié le jeudi 10 mars sur le site Internet de la CEA.
Huit pays sont concernés par cette aide qui consiste en la mise en œuvre d’une trentaine d’activités. Il s’agit du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Togo et de la Tunisie. D’après la note d’information, l’initiative permettra de « créer un environnement où le commerce peut être plus efficace et inclusif dans les huit pays bénéficiaires ».
L’objectif est de renforcer les capacités de ces pays à travers « des emplois et d’autres opportunités économiques ».
« Ce projet conjoint peut potentiellement faire passer les niveaux de commerce régional de 18% à 25% en une décennie. Avec une mise en œuvre appropriée, cela pourrait également conduire à une diminution de 10 milliards de dollars des importations en provenance de l’extérieur, tout en stimulant les exportations agricoles et industrielles jusqu’à 45 milliards de dollars (7 %) et 21 milliards de dollars (5 %) par an », a révélé Vera Songwe, sous-secrétaire générale des Nations unies et secrétaire exécutive de la CEA.
Cette zone a déjà reçu plusieurs soutiens des partenaires internationaux. Les Etats-Unis, via l’US-Africa Business Council, ont affirmé l’intention « d’attirer les investissements dans un marché moins fragmenté ». Des institutions telles que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Banque africaine de développement (BAD) accompagnent également la ZLECAf.
Dans sa pleine mise en œuvre, elle permettra de supprimer les droits de douane sur 97 % des lignes tarifaires sur une période de 13 ans, à partir du 1er janvier 2021. Elle constitue actuellement la plus grande zone de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
PARRAINAGE ET INFLATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES, GUEUM SA BOPP INDEXE MACKY
La grande coalition Gueum Sa Bopp dit rejeter « en bloc le parrainage ». L’entité de l’opposition dénonce une prise de décision sciemment portée pour épauler la mouvance présidentielle. En sus, la gestion du pays avec la hausse des prix, est aussi décriée
La Grande coalition Gueum Sa Bopp dit rejeter « en bloc le parrainage ». L’entité de l’opposition dénonce une prise de décision sciemment portée pour épauler la mouvance présidentielle. En sus, la gestion du pays, avec la hausse des prix, est aussi décriée.
C’est dans ce sens que la coalition invite « l’opposition à se dresser comme un seul homme contre cette nouvelle forme d’oppression. Notre rejet est encore légitimé par l’arrêt de la cour justice de la CEDEAO. Notre pays doit se conformer aux injonctions de cet institution sous régionale à laquelle nous sommes membres. Par conséquent la grande coalition Gueum Sa Bopp appelle toute l’opposition à la création d’un cadre unitaire de lutte face aux dérives monarchiques et électoralistes de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) ».
« Dès demain (mardi 15 mars 2022), nos experts électoraux vont saisir la Cedeao pour dénoncer l’entêtement dont fait montre le gouvernement de Macky Sall . Nous prenons le peuple en témoin si cette forfaiture électorale de Macky Sall passe pour les législatives du 31 Juillet prochain », ajoute ladite coalition. Celle-ci estime qu’ « il n’est pas encore tard pour construire un consensus politique autour de cette question au lieu d’engager le Sénégal et les sénégalais dans des lendemains sans issue. La tradition électorale du Sénégal est faite de consensus.
« Le génie de Macky Sall et de son gouvernement doit se trouver dans la lutte contre l’inflation qui prend l’ascenseur, le chômage des jeunes bref dans la définition de priorité dans les dépenses publiques. Nous dénonçons l’inertie du Ministère du commerce face à la flambée des prix et aux mesurettes prises pour l’endiguer » fustige la Grande coalition Gueum Sa Bopp.
Y EN A MARRE ET FRAPP CONTRE LE PARRAINAGE
Le parrainage est aussi exclu par la Cedeao. Mais Guy Marius Sagna estime que cette décision de la Cour de Justice de la Cedeao n’a pas été respectée.
Des leaders de mouvements citoyens, dont Y en a marre et le Frapp, se sont prononcés ce matin sur le parrainage des élections législatives de juillet 2022. Le gouvernement, accuse-t-on, cherche à « exclure la concurrence que certains partis politiques peuvent bien imposer ».
Le parrainage est aussi exclu par la Cedeao. Mais Guy Marius Sagna estime que cette décision de la Cour de Justice de la Cedeao n’a pas été respectée.
Ainsi, ils demandent à l’Etat du Sénégal de « lever tous les obstacles pour une libre participation aux élections consécutifs à cette modification, par la suppression du système du parrainage électoral».
HONNEUR ET HOMMAGES A PAPE DIOUF
La Ligue universelle du Bien public, une association française, vient de décerner, à titre posthume, une médaille d’or à l’ancien président de l’Olympique de Marseille, Pape Diouf, a-t-on appris de source médiatique.
Dakar, 14 mars (APS) – La Ligue universelle du Bien public, une association française, vient de décerner, à titre posthume, une médaille d’or à l’ancien président de l’Olympique de Marseille, Pape Diouf, a-t-on appris de source médiatique.
La décoration du lauréat a été remise à Alexandre Faure, président de la Fondation Pape Diouf, lors d’une cérémonie déroulée vendredi dans les locaux du Sénat français, à Paris, précise la même source.
"La Ligue universelle du Bien public estime que le défunt avait œuvré à la valorisation et à la protection des joueurs de football en général et des joueurs africains en particulier et a magnifié l’homme", peut-on lire dans un message publié par cette association.
"Votre parcours exceptionnel marqué par le travail, le courage et la persévérance fait de vous un véritable serviteur de l’homme", ajoute-t-elle dans ce message adressé au lauréat.
La nomination de Pape Diouf a été parrainée par l’avocat sénégalais Papa Khaly Niang, délégué international de la Ligue universelle du Bien public.
Il était présent à la cérémonie de remise de la décoration, en même temps que Sira Sylla, députée française d’origine sénégalaise, indique la même source.
Cet hommage intervient à quelque deux semaines de la célébration des deux ans de la disparition de Pape Diouf, décédé le 31 mars 2020 à Dakar.
LE CNRA AVERTIT D-MEDIA
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a adressé lundi une mise en demeure au groupe Dmedia (privé) en raison des "manquements répétés" d’Ahmed Aïdara, l’un de ses employés, à la "réglementation" des programmes de radio et de télévision
Dakar, 14 mars (APS) – Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a adressé lundi une mise en demeure au groupe Dmedia (privé) en raison des "manquements répétés" d’Ahmed Aïdara, l’un de ses employés, à la "réglementation" des programmes de radio et de télévision.
’’Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel a constaté, en plus du conflit d’intérêt, des manquements inacceptables à la réglementation, notamment aux principes d’objectivité, de neutralité, d’équité et d’équilibre", écrit son président, Babacar Diagne.
"Monsieur Ahmed Aïdara, depuis son retour [des] élections territoriales à l’issue desquelles il a été élu maire de la ville de Guédiawaye, ne cesse de faire sa promotion et [celle] de son bord politique", déplore l’organe de régulation dans la mise en demeure dont l’APS a reçu une copie.
En raison des faits décriés, "le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (…) met en demeure la Sen TV et la Zik FM de prendre les dispositions pour mettre définitivement un terme aux violations de la réglementation par Monsieur Ahmed Aïdara dans ses revues des titres et de presse".
"La constatation de nouveaux manquements aux principes d’objectivité, de neutralité, d’équité et d’équilibre commis par Monsieur Aïdara expose la Sen TV et/ou la Zik FM aux sanctions prévues par la réglementation, notamment la suspension partielle ou totale des programmes", avertit le CNRA.
L’assemblée du CNRA reproche au journaliste du groupe Dmedia "de dénigrer le côté opposé (ses adversaires politiques) ou des citoyens, aussi bien dans les revues des titres que dans les revues de presse".
"De telles pratiques constituent une violation de la réglementation" de l’audiovisuel au Sénégal, argue l’organe de régulation dans la mise en demeure adressée à Moumy Seck Guèye, la directrice générale du groupe de presse comprenant, entre autres supports, la télévision Sen TV et la radio Zik FM.
Au Sénégal, tout support de communication audiovisuelle "doit veiller à ce que les émissions qu’il diffuse soient réalisées dans des conditions qui garantissent l’indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts de ses actionnaires et/ou dirigeants et vis-à-vis de tout groupement économique ou courant politique", rappelle le CNRA.
"Il doit veiller également à ce que les journalistes intervenant dans les émissions d’information ne fassent valoir des idées partisanes", en plus d’assurer "une présentation honnête, impartiale et objective des questions et sujets traités, en veillant notamment à (…) assurer l’expression des différents points de vue", ajoute-t-il.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
L’AFRIQUE FACE À LA GUERRE RUSSIE-UKRAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - En s'abstenant massivement à l'ONU lors du vote de la résolution sur l’agression contre l’Ukraine, le continent se réserve pour le monde d’après. Ce dernier sera marqué par un nouvel ordre mondial quelle que soit l’issue du conflit
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 14/03/2022
La guerre déclenchée avec l’attaque délibérée de l’Ukraine par l’armée de la Russie le 24 février 2022 marque de manière dramatique un tournant dans les relations internationales. D’aucuns y voient même les prémisses de la troisième guerre mondiale. Elle oppose en effet non pas seulement deux pays, mais, d’une part une Russie qui bénéficie du soutien tacite pour le moment ou déclaré, de pays allant de la Biélorussie à l’Iran, à la Syrie, le Venezuela et la Chine, d’autre part l’Ukraine adossé aux États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN.
Il ne s’agit pas d’une simple guerre de frontière comme l’a présentée le représentant kenyan aux Nations Unies M. Martin Kimani condamnant l’invasion russe de l’Ukraine au nom de l’intangibilité des frontières héritées de l’histoire. Il s’agit en réalité d’une guerre pour l’hégémonie mondiale au XXIe siècle. Une guerre entre deux blocs comme du temps de la guerre froide. Les deux blocs possèdent chacun bien entendu des armes de destruction massive, dont des engins nucléaires d’une puissance inouïe. L’enjeu est tellement important pour les deux camps, que tout peut arriver, y compris le pire : une guerre mondiale.
Le spectre de la 3e guerre mondiale
L’horloge de l’Apocalypse est une métaphore élaborée par Albert Einstein en 1947, pour traduire de manière imagée la proximité du risque atomique, qui surviendrait à minuit. Le 20 janvier 2022 déjà, cette horloge indiquait minuit moins 100 secondes. La catastrophe nucléaire peut survenir donc à tout moment, non pas seulement de manière volontaire, mais d’une façon accidentelle, par erreur humaine ou matérielle…
Déjà, la bataille pour le contrôle de la centrale nucléaire dite de Zaporijjia, la plus puissante d’Europe, dans la nuit du 3 au 4 mars, a fait craindre le pire. Or l’Ukraine abrite, nous dit-on, quatre centrales nucléaires qui comprennent au total 15 réacteurs en activité.
Le monde d’après et l’Afrique
Catastrophe nucléaire ou pas, aucun pays n’a intérêt au fond à pousser à l’affrontement. La tension internationale que la guerre a suscitée et les sanctions économiques à l’encontre de la Russie ont déjà provoqué une hausse considérable des prix du blé dont la Russie et l’Ukraine sont respectivement le premier et le deuxième producteur mondial. Le prix du baril du pétrole est déjà à son plus haut niveau depuis 2008.
Le Fond Monétaire international (FMI) prévient que « les conséquences économiques au niveau mondial d'une escalade du conflit en Ukraine « seraient « dévastatrices ». Il précise : « le bond des prix aura des effets dans le monde entier, en particulier sur les ménages modestes pour lesquels les dépenses alimentaires et d'énergie représentent une proportion plus importante de leur budget que la moyenne ».
Plus que les « ménages modestes » d’Europe, ce sont les populations pauvres d’Afrique qui vivent avec moins de 1 000 FCFA par jour qui vont souffrir. Le « kilo » de pain, aliment de base de nombreux Sénégalais, porté à 175FCFA récemment pourrait, dit-on, se vendre bientôt à 250 FCFA sinon à 300 FCFA !
En outre, il est à craindre que l’ONU et la communauté internationale dont toute l’attention est tournée vers le conflit russo-ukrainien ne détournent les maigres ressources destinées à l’Afrique au profit de l’Ukraine.
L’Afrique et le monde d’après
On le voit donc, l’Afrique, plus que toute autre région du monde, n’a aucun intérêt à la prolongation dans le temps de ce conflit. Or l’alignement derrière un camp ou un autre ne peut avoir d’autre effet que d’attiser les tensions et d’alimenter la guerre.
C’est pourquoi l’abstention des 16 pays africains, dont le Sénégal, lors du vote à l'Assemblée générale des Nations-Unies de la résolution sur « l’agression contre l’Ukraine et exigeant le retrait immédiat des forces russes » est à saluer. L’Afrique se réserve ainsi en fait pour le monde d’après. Car le monde qui émergera de ce conflit sera bouleversé de fond en comble, avec un nouvel ordre politique, économique et social complètement différent de celui que nous connaissons encore en cette première moitié du XXIe siècle. Quelle qu’en soit l’issue.
Le monde d’après sera un autre monde, n’en doutons pas. Quel que soit le scénario qui conduira à la fin de la guerre.
Que la Russie écrase effectivement toute résistance ukrainienne et installe un gouvernement fantoche selon le projet que des analystes américains prêtent au président Poutine, qu’un compromis entre les deux camps prévale, l’Ukraine cédant les « Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk » et acceptant un statut neutre par lequel il renoncerait à l’adhésion à l’OTAN ou même qu’une « main invisible » organise une espèce de « printemps de Moscou » et assassine le président russe, une « guerre froide » d’un nouveau type s’installera [1].
Quel impact cette nouvelle situation géopolitique aura-t-elle sur le monde ? Comment l’Afrique y fera-t-elle face ? Comment s’y préparer ?
L’Afrique devrait à mon sens se poser clairement en entité neutre et œuvrer à la reconstruction d’un nouveau mouvement international des non-alignés.
Elle devrait dans le même temps anticiper sur son agenda 2063 de développement économique et social et hâter son intégration politique et la réalisation de son objectif de sécurité.
Elle œuvrerait à la construction urgente de son union selon un modèle original, conforme à ses spécificités géographiques et historiques, avec des institutions communes à ses 54 États ainsi qu’une langue de travail partagée et une monnaie unique. Ceci est tout à fait possible puisque ne tenant qu’à la signature des chefs d’État, les peuples africains, du Caire au Cap et de Dakar à Antananarivo, étant acquis à l’idée depuis très longtemps.
On devra de même hâter la mise en place des cinq brigades régionales de la force d’attente dont le lancement a été repoussé à plusieurs reprises.
Ce sont là en tous cas, me semble-t-il, les questions brûlantes dont les intellectuels africains devraient se saisir au lieu de prêcher les principes du droit international et humanitaire et d’exiger l’alignement sur le camp occidental ou bien de demander le soutien à la Russie au nom du principe primaire de l’ennemi de mon ennemi.
Doit-on s’alarmer de la baisse de niveau des enseignants ? Une question que se posent encore nombre d’observateurs à cause de l’ampleur du phénomène dans le système éducatif national. Si pour certains, point n’est besoin d’être un expert pour reconnaître cette situation, pour d’autres il faut tout de même la relativiser dans ce contexte marqué par la hausse du minimum requis en termes de diplômes pour aspirer à devenir enseignant.
Si la baisse du niveau des élèves ne fait plus de doute, les raisons de cette situation, elles, font encore l’objet d’un débat au sein de l’opinion. Alors que certains y voient les effets de la massification des effectifs, d’autres pointent du doigt plutôt le système de formation des enseignants. Formation insuffisante, manque de motivation, etc., sont autant de causes qui seraient à l’origine de la plupart des problèmes que rencontrent les élèves.
Trouvé dans son bureau entouré de documents à l’école Khalifa Mansour de Dalifort, le diplôme d’Honneur accroché sur un tableau, Maguèye Faye, Directeur de cet établissement d’enseignement privé n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il est formel sur la question. Le niveau des enseignants, a-t-il reconnu, a fortement baissé depuis des lustres. Cet enseignant de formation est nostalgique même du passé quand il parle de formation des enseignants. Il est établi que l’enseignement est un métier à apprendre, rappelle M. Faye. Il revient sur ce qui se faisait dans le passé en termes de d’encadrement dans le système éducatif. Le Sénégal, dit-il, a connu une longue évolution de ses systèmes de formation aussi bien en matière de structures que d’approches. On peut citer les écoles normales, les centres de formation pédagogiques avant la mise en place des écoles de formation des instituteurs (Efi) remplacées aujourd’hui, par les Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation et de la formation (Crfpe).
Le curriculum de base, une équation
Si pour la plupart des personnes-ressources interrogées c’est la massification à outrance notée dans le recrutement des enseignants pour réduire de manière considérable le déficit dans le système qui est à l’origine de la baisse de niveau noté chez les enseignants, d’autres indexent, pour le déplorer, l’instauration durant les années 2000 du curriculum de base comme principal outil de formation dans le secteur. « Le niveau a complétement baissé et pour moi, cela est dû à l’instauration de ce qui est appelé le curriculum de base », indique Maguèye Faye. Il cite aussi l’arrivée des volontaires de l’éducation dans le système. Parmi ceux-ci, dit-il, on retrouve des gens qui n’avaient pas le diplôme requis pour prétendre à ce métier. « Des enseignants ont intégré le système alors qu’ils n’ont pas fait de formation », rappelle M. Faye.
Mais, à en croire le Directeur d’école, c’est surtout le problème du curriculum de base qui est à l’origine de cette baisse de niveau des enseignants. Aujourd’hui, dit-il, il y a un grand fossé entre la formation classique qui se faisait dans des établissements d’alors comme les écoles normales régionales et ce qui se passe actuellement dans les établissements de formation d’enseignants. « À l’époque, le candidat faisait bac+4 et bénéficiait d’une formation pointue. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, où souvent on ne fait que six mois ou tout au plus une à deux années pour intégrer les classes », note M. Faye. Et de rappeler que la plupart des sortants des anciennes écoles sont devenus, aujourd’hui, des Directeurs d’écoles ou des inspecteurs de classe exceptionnelle. En dehors de l’Ecole normale, il y avait aussi le Centre de formation pédagogique et spécial. Il était logé à Thiès et ne recrutait que des bacheliers, se souvient l’ancien instituteur. « Il fallait avoir le Bac et faire cette école pour une année de formation. En plus de ça, quand les écoles normales régionales ont disparu, il y avait les écoles de formation d’instituteurs (Efi). C’était aussi une formation très sérieuse, indique M. Faye. Dans les Efi, il fallait avoir aussi le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) ou le Bac et faire une formation de deux ou trois ans avant d’exercer le métier, se rappelle avec nostalgie le Directeur de Khalifa Mansour.
Aussitôt après la disparition de ces structures de formation décentralisées même au niveau régional, apparaît le corps des volontaires de l’éducation. « Une cassure », note l’enseignant. Les candidats ne subissaient qu’une formation d’un ou deux mois seulement. « C’est un problème », a dit M. Faye. Il attire aussi l’attention sur le fait que « être aujourd’hui bachelier, cela ne veut pas dire avoir un bon niveau et ce sont ces gens qui se retrouvent comme enseignants dans les classes ». Il s’étonne du fait que des formations durent juste un ou deux mois ou tout au plus 6 mois. « Avec ça comment peut-on avoir un bon niveau ? » s’interroge M. Faye. Il y a eu plusieurs paramètres qui ont conduit à cette situation, estime-t-il. M. Faye de citer, entre autres, le chômage des jeunes et la quête de l’emploi à tout prix.
La formation initiale, un facteur à ne pas négliger
Au-delà du curriculum de base, un autre aspect est devenu plus qu’une certitude quand on parle de baisse de niveau dans le corps enseignant, selon les acteurs du secteur. La formation initiale. Nombre d’observateurs du secteur de l’éducation ainsi que les hommes du sérail lancent à qui veut l’entendre que la formation initiale dans son contenu même constitue aussi un problème. « Elle n’est pas suffisamment satisfaisante pour assurer la compétence, voire la qualification professionnelle tout au long de la carrière des enseignants », affirme Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Malgré le fait que des structures de formation actuelles disposent de référentiels acceptables, M. Mbow estime que les conditions matérielles et logistiques des écoles de formation, ainsi que les limites dans l’encadrement et les effectifs pléthoriques remettent en cause l’efficacité des stratégies de formation.
Des efforts importants sont nécessaires pour rendre les enseignants suffisamment compétents, moralement aptes, socialement forts pour faire face aux nombreuses mutations exigées par le métier. Dans cette perspective, il convient de prendre en considération un certain nombre de paramètres indispensables. S’y ajoutent aussi, de l’avis de Cheikh Mbow, « l’absence d’innovations et le manque de réajustement des contenus et des approches ». En outre, dit-il, l’insuffisance des moyens matériels, l’inadéquation des équipements et la courte durée de la formation font que l’accent est souvent mis sur la didactique des disciplines au détriment des autres compétences. Ce qui fait dire à M. Mbow que « la prise en compte de l’éthique et de la déontologie dans la formation des enseignants est aujourd’hui une urgence au regard des crises que traverse le système éducatif ». Il déplore le fait que la durée de la formation initiale évolue en fonction des circonstances. Celle-ci est passée de 4 ans puis 3 ans voire même 1 an, 45 jours ou 9 mois au besoin, déplore cet enseignant devenu membre de la société civile éducative. Pire encore, il a été signalé qu’aujourd’hui, la formation initiale ne dépasse pas souvent les 5 ou 6 mois dans les Centre régionaux de formation des personnels enseignants (Crfpe).
Des doyens du métier confirment
Le doyen Maguèye Kassé, Professeur titulaire des universités à la retraite, interpellé sur le sujet, abonde dans le même sens. Il reconnaît la baisse de niveau chez les enseignants. « C’est un problème qui est très important. Le niveau des enseignants à qui nous avons confié la charge très lourde de transmettre du savoir dans la tête des enfants depuis le préscolaire jusqu’à l’université a véritablement baissé », a dit le Pr Kassé. Nostalgique, Maguèye Kassé renvoie au passé. « C’est pourquoi j’étais contre le fait de transformer l’Ecole normale supérieure en Faculté. Puisque l’université est composée d’écoles supérieures universitaires et de facultés dont les missions sont relativement différentes », note M. Kassé. L’Ecole normale supérieure, a dit le Pr Kassé, avait en charge de former les enseignants à tous les niveaux jusqu’à l’université. Elle leur donnait le background nécessaire plus une culture générale pour bien exercer le métier. « Parce qu’un enseignant qui n’a pas de culture générale ne peut pas être un bon enseignant », martèle le doyen. Maguèye Kassé de préciser que « ce n’est pas parce qu’on sait beaucoup de choses qu’on est capable de les transmettre ». L’Ecole normale supérieure avait cette capacité de transmettre ce qu’on avait appris pour que les étudiants ou les élèves qu’on aura dans les classes puissent être dans une situation de plaisir d’apprendre parce que l’apprentissage est, avant tout, un acte de plaisir, souligne-t-il. « Or, de plus en plus, nous nous rendons compte qu’il y a eu des dérives dans les recrutements. Le quota sécuritaire, pour ne citer que cet exemple, a été un désastre », se désole M. Kassé. Tout le monde ne peut être enseignant. Être enseignant, c’est une vocation, c’est un sacerdoce, rappelle Maguèye Kassé.
Ces propos sont également confirmés par le Pr Babacar Diop dit Buuba. Historien et ancien médiateur de l’Ucad, Buuba de rappeler que le débat sur le niveau des enseignants est loin d’être un sujet nouveau. Plus nuancé, le Pr Buuba estime qu’il faut comparer ce qui est comparable. Le niveau a baissé par rapport à quoi ? S’interroge-t-il. Si c’est pour parler français, dit-il, c’est sûr que le niveau des enseignants a baissé. « À l’époque, il y avait les exigences du système colonial. On apprenait le français comme les Français. J’apprenais le latin et le grec et il m’arrivait de parler français mieux que les Français, de dire des mots qu’ils ne comprenaient pas », affirme Babacar Diop dit Buuba qui trouve la parade pour revenir sur l’ancienne époque.
« Il y avait des enseignants qui étaient formés à l’époque mais selon des schémas avec des objectifs différents de l’état actuel », rappelle Babacar Diop. « Aujourd’hui, s’interroge-t-il, dans ce contexte où l’État mène des combats pour les langues nationales, si quelqu’un arrive à expliquer un cours d’Histoire-Géographie ou de Mathématiques en wolof est-ce que son niveau a baissé même s’il ne parle pas bien français ? ».
L’enseignant, comme le confirme le Président de la Coalition nationale Education pour tous (Cnept), Silèye Gorbal Sy, est le premier intrant du système, c’est pourquoi, soutient-il, celui-ci doit être bien formé et se parfaire aussi dans le temps.
Le clientélisme politique dans les recrutements, un facteur limitant
Selon nos interlocuteurs, la baisse de niveau chez les enseignants s’est accentuée avec l’arrivée de nouvelles catégories d’enseignants communément appelées les « corps émergents » dans le système éducatif. Le phénomène, de l’avis de certains acteurs du milieu, est marqué par le clientélisme politique noté dans les recrutements. Cette politique, soutient Silèye Gorbal Sy, Président de la Cnept, a contribué à ternir la fonction et à impacter négativement la qualité et le niveau. Selon lui, il y a aussi le fait que certains ne choisissent plus le métier par vocation mais pour trouver juste un emploi et subvenir aux besoins. « Le défi dans le système, c’est de disposer suffisamment d’enseignants de qualité pour que l’école puisse fournir de bons produits », indique M. Sy.
Avis mitigé des concernés
M. Diédhiou, enseignant dans une école publique de la banlieue dakaroise, reconnaît le problème de la baisse de niveau dans son corps. Entre autres raisons avancées par notre interlocuteur qui a préféré ne pas divulguer entièrement son identité ni le nom de son établissement, pour diverses raisons, il cite d’abord le manque de culture de la langue enseignée. « Les gens ne lisent plus. On ne se donne pas le temps de lire et de fréquenter les bibliothèques », déplore-t-il. Il pense que la situation va s’aggraver davantage surtout avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notamment les réseaux sociaux. « Le français est écrit aujourd’hui n’importe comment par les élèves dans les réseaux sociaux et on n’oublie que ce sont ces enfants qui deviendront après des enseignants », a dit M. Diédhiou. Il évoque aussi le problème des programmes enseignés en classe. « Ils sont vaste et longs et on a du mal à les maîtriser et cela influe sur la formation des élèves appelés aussi à devenir enseignants. C’est la racine du mal », note-t-il.
Monsieur Barro, enseignant à l’Académie de Pikine-Guédiawaye, ne dit pas non plus le contraire. Comme son collègue Diédhiou, lui aussi reconnaît la baisse du niveau des enseignants. Il s’empresse toutefois de la justifier par les politiques de massification développées dans le secteur depuis belle lurette. Celles-ci sont marquées par l’avènement des corps dits émergents pour diverses raisons.
Hamidou Diédhiou du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) estime que le mode de recrutement est un facteur déterminant quand on parle de niveau des enseignants. La tendance actuelle du mode de recrutement (le Bac au minimum) aura des répercussions positives sur le niveau des enseignants.
Le cri du cœur des parents d’élèves
« Point n’est besoin d’être un expert pour se rendre compte qu’il y a une véritable baisse du niveau des enseignants et des enseignements-apprentissages au Sénégal. C’est un constat partagé par tous », note Abdoulaye Fané, Président de l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapes). Le niveau des enseignants a fortement baissé, dit-il, avant d’ajouter que cela est dû au système de formation et au niveau des candidats à ce métier. « On se rend compte que depuis l’avènement des volontaires et autres vacataires dans le système, le niveau a commencé à baisser car la plupart des candidats à ces corps émergents n’ont ni la compétence ni le niveau », affirme l’ancien inspecteur de la jeunesse. Il indexe aussi une certaine démotivation notée dans l’exercice du métier ainsi que les grèves cycliques. Mais, soutient-il, depuis 2012, il y a eu des avancées avec le Ministre Serigne Mbaye Thiam qui a introduit une nouvelle réforme qui relève le niveau de recrutement au diplôme du Bac. « Cela peut déteindre sur la qualité à la longue », espère M. Fané.
Le retour à l’ancienne méthode préconisé
Pour le Pr Buuba Diop, le retour à la méthode classique de formation est la seule solution pour relever le niveau dans le corps enseignant. Un enseignant doit être bien formé, martèle le doyen. Une formation, dit-il, ne doit pas être bâclée. Et c’est regrettable d’en arriver à cette situation, déplore Babacar Diop dit Buuba. Il préconise la tenue d’une étude pour évaluer l’ensemble du système.
Les corps de contrôle qui sont composés d’inspecteurs de l’enseignement vivent le même problème. Comment un inspecteur qui n’est pas bien formé peut encadrer, suivre et évaluer un enseignant ? s’interroge Maguèye Faye, Directeur d’école.
par Cissé Abdou
À QUAND LA PROTECTION SOCIALE EN ZONE CFA ?
L’Occident s'est construit autour de la création monétaire et de l'impôt. L'Afrique subsaharienne qui n’a jamais bâti ses structures lui permettant de lever l’impôt, ne pourra pas se construire autour de la dette
L’État c’est nous tous (communauté d’Hommes) ; la personne humaine étant sacrée et inviolable, tout État a l’obligation de la respecter et de la protéger. En ce début d’année 2022, place à l’urgence de la demande sociale : la protection sociale pour les citoyens en zone franc CFA.
Zoom sur le Sénégal
Après le TER cher (train express régional qui a fini par rouler au grand bonheur des usagers) et après le scrutin local marqué par les émeutes de mars 2021, place à la satisfaction de la demande sociale : la justice sociale par une réelle protection sociale.
La ferveur issue de la victoire des Lions (à travers tout le Sénégal, voire même toute l’Afrique), est venue nous rappeler l’énergie qui nous relie. Cette notion d’énergie de liaison traduit quelque chose au-delà même de ce que nous sommes, qui nous attire les uns vers les autres et doit nous rassembler pour réaliser des projets qui nous dépassent. Elle nous rappelle aussi que toutes nos sociétés africaines sont construites autour d’une conscience historique, à savoir le ciment qui réunit les individus d’un peuple (feu Cheikh Anta Diop). L’heure est arrivée pour les Sénégalais, de mettre ensemble un pot commun et un feu pour faire cuire la marmite sociale. Comment ? En bâtissant un projet social et en redonnant espoir à la jeunesse.
Depuis 2012, nous reconnaissons des efforts vers l’émergence par des actions sociales de l’État, mais après soixante années d’indépendance, les gouvernants successifs continuent de repousser la signature d’un contrat social avec les citoyens. Faute de n’avoir jamais pris la mesure de ses engagements envers son peuple, l’autorité étatique sénégalaise (à l’image de nombreux pays de la zone franc CFA) assiste progressivement à la destruction de sa chaîne de valeurs sociétales. Cette chaîne de valeurs reliant les enfants, les jeunes, les adultes et les personnes du troisième âge a toujours créé des liens sociaux qui se doivent d’être soudés, consolidés et entretenus continuellement. Nous constatons aujourd’hui que tous les maillons de cette chaîne posent problème. Cette perception relève de l’angoisse des sénégalais générée par leurs conditions de vie ; une jeunesse à remotiver, une partie des travailleurs qui n’arrivent pas à vivre de leur salaire mensuel, des retraités qui survivent et une couverture sociale non adaptée à la demande sociale. Cette situation nécessite de mettre en place un véritable contrat social adapté à nos réalités, opérationnelle et viable. Les besoins du Sénégal dépassent le cadre d’une protection sociale et vont jusqu’à la protection de la dignité des Sénégalais. Les solutions passeront nécessairement par la mise en place d’un PROJET et non par une addition d’actions sociales.
Constat sur la chaîne de valeurs sociétales
La jeunesse : Tous les patriotes sénégalais ont été heurtés par les événements du mois de mars 2021. Nous regrettons les conséquences de ces mouvements sociaux qui ne font pas partie de nos habitudes, mais nous sommes tous invités à une lecture de ces évènements au cours desquels la jeunesse sénégalaise a mis au cœur du débat public, la question de la justice sociale et celle de la protection sociale. Cette mobilisation ne pourrait être réduite à ce que certains détracteurs mettent en avant. La violence des événements nous a tous dépassés, mais ne pourrait se comprendre qu’à travers une violence sociale vécue. Violence pour laquelle, au bout d’une soixantaine d’années d’indépendance et de néocolonialisme, parachevées par une vingtaine d’années de néolibéralisme et d’inaction, toutes les catégories sociales du Sénégal ont été poussées à bout. La résonance du mouvement de notre jeunesse en mars 2021 était frappante. Ces derniers n’avaient pas brandi des pancartes, mais la liste de leurs revendications sociales se doit d’être résumée en agrégats de principes économiques que notre génération n’a cessé de murmurer des années durant, en lien direct avec la moralité. Pourquoi ? Parce que dans ce Sénégal réduit en un village, caricaturé Ndoumbélane suite aux faits et gestes de la politique politicienne, il est grand temps que la solidarité fonctionne, que les plus fragiles soient protégés, que les travailleurs soient correctement rémunérés pour pouvoir supporter le coût de la vie ; en bref, il est urgent de rétablir la justice sociale. Ces mouvements populaires ne sortent pas du néant ; ils résultent d’une agression en continu des gouvernants successifs envers le peuple, agression d’autant plus violente symboliquement qu’elle ne semble pas se reconnaître. Ceux qui sont censés représenter les citoyens sénégalais n’ont pas pris la mesure des inégalités qui n’ont cessé de se creuser ces dernières années.
Les adultes et les retraités : La cacophonie autour de la pauvreté a révélé le virus occidental de la valeur de mesure de pauvreté, illustrant la réalité que vivent les derniers maillons de notre chaîne de valeurs sociétales. De l’avis des journalistes sénégalais, le ministre de l’Économie, du plan et de la Coopération refuse de regarder la réalité des chiffres annoncés dans le rapport de l’ANSD (agence nationale de la statistique et de la démographie), suivant les normes de la banque mondiale. Pour sa part, le ministre considère que les journalistes qui restent sur l’augmentation du nombre de pauvres entre les deux périodes d’enquête achètent ainsi de l’information et vendent de la rumeur. Heureusement que les Sénégalais, qui se reconnaissent à 50,9 % comme des pauvres, ont fini par arbitrer (selon l’enquête). Le débat devrait aller au-delà de la pauvreté, pour atteindre la question de la précarité d’une majorité des travailleurs du secteur privé et des agents de certains corps de l’État. Oui, il faut reconnaître que l’Afrique subsaharienne est beaucoup plus marquée par ses habitants en activité formelle ou informelle vivant dans la précarité que par ses habitants sans activité et pauvres. En se félicitant de la position du Sénégal à la borne inférieure de la fourchette des taux de pauvreté en zone UEMOA ([37.8% ; 47.7%]), le ministre confirme que la distribution de la pauvreté est uniforme dans notre espace économique et monétaire ; espace où (pour rappel), le franc CFA est le seul dénominateur commun aux pays membres. Ce qui nous mène vers l’idée de savoir quel est le lien entre la pauvreté en zone UEMOA et le fonctionnement du système monétaire ? Une question qui divise Africains et Occidentaux depuis la crise de 2008. Réaliser des statistiques nationales sur le niveau de la pauvreté sans disposer d’un pays soudé, sans richesse mutualisée, ne relève d’aucun sens. Surtout dans le contexte africain où un individu pris à part n’a aucune représentation, car c’est sa famille qui compte. La dernière enquête de l’ANSD démontre juste que la somme totale d’actions sociales et des conférences sociales ne vaudra jamais la mise en place d’un projet de protection sociale.
Le secteur de la santé est sinistré ; la couverture maladie universelle (CMU) ne répond que par son nom, car ses prestations ne sont pas à la hauteur des besoins ; la majorité des salariés du secteur formel sont affiliés par leurs employeurs à des institutions de prévoyance ou des compagnies d’assurance, mais ne sont pas correctement couverts en santé. Depuis les années 80, plusieurs entreprises sont tombées en faillite sans que les indemnités dues aux salariés ne soient légalement versées. Le marché des assurances privées est complètement abandonné aux mains des assureurs ; les assurés n’ont pas la capacité d’être acteurs et l’État y est inexistant ; or un marché, quel qu’il soit, dès que l’État en est absent, devient difficile à contrôler. Le marché des assurances sociales ne couvre pas les besoins sociaux ; une coordination entre les caisses sociales existantes est nécessaire (Institut de Prévoyance des Retraites (IPRES), Fonds national des retraites (FNR) et la Caisse de Sécurité sociale (CSS)). Les retraites supplémentaires par les entreprises sont à créer de toute pièce.
Moralité
Le système sénégalais vacille et nous oblige à sortir de la défiance réciproque entre État et populations pour rétablir le lien de confiance entre citoyens et institutions ; cela passera par le point de départ de toute forme d’émergence, précisément l’entretien de notre chaîne de valeurs sociétales (élaborer un contrat social en corrélation avec l'emploi des jeunes).
Rappel sur les engagements sociaux de l’État
Sur la question de la Protection sociale, il est nécessaire de retourner à l’école de la constitution pour rappeler certains principes.
Un État se doit de protéger son peuple (selon la constitution du Sénégal par exemple), au moins sur le plan social. Ce devoir de protection inscrit dans la constitution sénégalaise est forcément accepté par l’État ; ce dernier doit ainsi s’engager. Dès que cet engagement prend date, alors l’État doit signer un contrat social avec le peuple ; lequel contrat consiste à assumer l’ensemble de ses engagements sociaux envers les citoyens et donne naissance (dans ses livres) à un passif d’engagements et bien connu sous le nom de passif social.
Rappelons que les articles 8, 17, 20, 21, 22 et 32 de la Constitution sénégalaise précisent en termes clairs l’essentiel des engagements de l’Étatenvers le peuple (engagements sociaux).
Dans le cadre des relations entre un État et ses Citoyens (ou entre une Entreprise et ses Salariés), un passif social est issu du décalage temporel entre la naissance d’un droit à prestation et son paiement effectif. Ce passif social provient ainsi des obligations de l’État ou de l’Entreprise (en dehors de considérations fiscale et juridique), et traduit une responsabilité que ces derniers doivent assumer. Les engagements sociaux sont des régimes (des droits accordés aux citoyens d’un État ou aux salariés d’une entreprise) qu’il faut identifier en tant que Risque et anticiper afin de pouvoir y apporter des solutions dans un futur plus ou moins proche. Comme l’État porte ce risque que sont ses engagements sociaux et que ce risque pèse sur ses citoyens, alors l’État se retrouve premier Assureur du pays, du fait qu’il doit gérer en continu son passif d’engagement et indépendamment de son passif de dettes souveraines. Le droit à un état civil, à la couverture maladie et à l’éducation pour tout enfant est partie intégrante des engagements sociaux de l’État qu’il doit assumer ; le droit à tout étudiant de percevoir sa bourse au plus tard le 5 du mois fait partie intégrante des engagements sociaux de l’État qu’il doit assumer ; le droit à tout retraité de toucher sa pension au plus tard à la fin du mois fait partie intégrante des engagements sociaux de l’État qu’il doit assumer…
En exemple, l’État du Sénégal a externalisé une partie de ses engagements (la retraite privée de base à l’IPRES, la retraite publique de ses fonctionnaires au FNR et la prévoyance sociale à la CSS) ; mais l’État porte toujours le risque de l’ensemble de ses engagements. Ses organismes sociaux qui encaissent des cotisations sociales (primes) et payent des prestations (sinistres), sont des assureurs ; ils doivent être gérés et contrôlés comme des compagnies d’assurance. En cas de défaut de leur part, l’État du Sénégal sera dans l’obligation de respecter ses engagements ; donc l’État porte une double casquette d’assureur de ses citoyens et de réassureur de ses organes sociaux.
Ce rôle protecteur des citoyens fait de l’État le premier responsable des conséquences aux émeutes, grèves, pillages, mouvements populaires et violences politiques subies par des personnes physiques ou morales sur le territoire sénégalais.
L’État doit prendre conscience qu’en plus de ses dettes en numéraire, contractées annuellement envers ses créanciers, il doit assumer ses dettes d’engagement envers le peuple.
Notre conception de la protection sociale doit être une formalisation dans la confiance ; un système volontaire, régulier et contributif ; un système de prévoyance collective contre la réalisation des risques sociaux susceptibles de compromettre l’hygiène, la santé ou la sécurité économique des personnes physiques et morales.
Pour un Etat, la protection sociale doit traduire la prise en compte de ses engagements sociaux (comme un assureur) et le suivi en continu des engagements sociaux des entreprises envers leurs salariés (comme un réassureur), par des prestations sociales versées directement aux ayants droit ou par des prestations de services sociaux.
La protection sociale matérialise la couverture par l’État ou par les entreprises d’une absence ou baisse de ressources, ou d’une hausse de dépenses liées à la vieillesse, la maladie, l’invalidité, l’arrêt de travail, la maternité, les diverses charges de famille et les autres types de risques sociaux tels que les conséquences de mouvements populaires, émeutes, grèves, pillages et violences politiques.
Les prestations d’une protection sociale sont gérées par assurance (sociale ou privée), ou par une couverture universelle ou encore par une assistance. C’est ainsi que la couverture des retraites, la couverture santé universelle, le plan Sésame, la couverture des branches famille, maternité et arrêt de travail de la sécurité sociale relèvent globalement de cette conception de la Protection sociale.
Tout projet de construction d’une protection sociale doit s’articuler autour de l’État, en invitant l’ensemble des secteurs concernés, à savoir les acteurs de la santé, les acteurs du marché des assurances, les acteurs du système financier et des représentants du peuple.
Pourquoi bâtir une protection sociale ?
Les évènements qui ont frappé la famille de Babidou en 2020 mettent en lumière les raisons de bâtir un projet social au Sénégal. Militaire de carrière et libéré, il avait été retenu une dizaine de jour à l’hôpital Principal de Dakar. A sa guérison, l’intendance lui réclamait des frais d’hospitalisation d’un million de FCFA pour rejoindre son domicile. Une panique s’en suivit au point où tous ses amis d’enfance se sont cotisés pour disposer de la somme. Triste évènement, car si demain matin le Sénégal devait entrer en guerre (ce qu’on ne souhaite pas) alors Babidou serait forcément rappelé pour défendre sa patrie ; pire, de sa vie, il n’a jamais reçu une somme d’un million de F CFA sous quelque forme que ce soit. Dans la même année, son oncle est rappelé à Dieu après une semaine passée à l’hôpital I Pouye de Grand Yoff (ancien Centre de Traumatologie et d’Orthopédie). La famille était obligée de verser un million cinq cent mille FCFA pour pouvoir disposer du corps et l’enterrer ; une somme non négligeable obtenue après mutualisation des cotisations des membres de la famille et des amis du défunt.
Quand est-ce que les Sénégalais vont commencer à réclamer leurs droits fondamentaux à l’Etat, par le respect de ses engagements sociaux ? Quand est-ce que l’Etat va en retour exiger aux élites, aux institutions et aux divers groupes de pression tapis dans l’ombre, de lui laisser une marge de manœuvre afin qu’il puisse s’atteler à la couverture des engagements envers son peuple (droits à l’état civil, au minimum existentiel, à la santé, à l’éducation, à la sécurité et au décès) ?
Nous avons oublié les fondamentaux de notre vie en société. Un pays c'est avant tout une zone de protection mutuelle et réciproque et non une zone de prédation. La question est de savoir est-ce que réellement nous souhaitons ‘faire société’ ensemble au Sénégal ? Quel est l'intérêt de se dire que nous sommes des Sénégalais ? Sans solidarité autour d’un contrat social, nous ne pourrons pas répondre à cette question, car pour ‘faire peuple’ il faut au moins se protéger mutuellement ; d’où la nécessité de bâtir un socle de protection sociale par un mode projet.
Le dénominateur commun de tous les problèmes énoncés ci-dessus est que l’État n’a jamais inscrit en priorité dans ses livres, la construction de la protection sociale sénégalaise depuis 1960. Les limites de nos structures de santé révélées par la crise de la Covid 19 et les défaillances constatées autour des modèles occidentaux (particulièrement en zone euro depuis 2008) nous imposent de bâtir nos propres modèles à travers de réelles innovations, portées par l’Etat pour atteindre une dimension nationale.
L’Occident s'est construit et reconstruit autour de la création monétaire et de l'impôt ; l'Afrique subsaharienne (zone franc CFA) qui n’a jamais bâti ses structures lui permettant de lever l’impôt ne pourra pas se construire autour de la dette. Elle vient de connaître en 2020 sa première année de récession depuis 25 ans suite à la crise sanitaire ; elle a ainsi droit, comme les pays occidentaux, de disposer d’une capacité d’émettre de la monnaie à la naissance et au décès de chacun de ses citoyens.
Comment bâtir une protection sociale en zone CFA ?
La tontine à l’africaine est une action sociale qui doit intégrer notre conception de la protection sociale. Les États doivent formaliser la tontine des tontines : un pot commun.
Bâtir une protection sociale revient à résoudre l’équation du financement des engagements sociaux (passif social) ; une solution consiste à construire un actif tangible en mode projet et pratiquer la Gestion actif-passif en continu.
À suivre : Comment financer un projet de protection sociale ?
Remerciements à C. Mombo, F. Keita, G. Rakotonirina et B. Ndiaye pour la relecture à valeur ajoutée.