La mairie Djirnda, une commune des îles du Saloum, dans le département de Foundiougne (Ouest), a été incendiée dans la nuit de samedi à dimanche par des manifestants qui protestaient contre l’installation du maire réélu lors des élections locales
La mairie Djirnda, une commune des îles du Saloum, dans le département de Foundiougne (Ouest), a été incendiée dans la nuit de samedi à dimanche par des manifestants qui protestaient contre l’installation du maire réélu lors des élections locales du 23 janvier, a appris l’APS de source officielle.
‘’Le bureau de l’état civil et les mobiliers de bureau n’ont pas échappé aux flammes’’, a confié à l’APS, le sous préfet de Niodior, Balla Moussa Mané. Il a également signalé des blessés légers dénombrés du côté des militants.
‘’Les militants ont également fait tomber des pans du mur de clôture de la mairie et détruits des tables d’une école située à coté de l’édifice. Des bléssés légers ont été également dénombrés’’, a ajouté M. Mané.
Revendiquant la victoire de leur leader et tête de liste de l’ADDF à la mairie de Djirnda, Lamine Ndiaye, les militants de cette formation du village de Djirnda où se trouve la mairie se sont opposés à l’installation officielle du candidat de BBY, déclaré vainqueur, Badara Diom, rapporte un rapport officiel dont l’APS a obtenu copie.
Dans la journée du samedi, les militants de l’ADDF ont opposé ‘’une résistance farouche’’ à la venue du sous-préfet de Niodior, Balla Moussa Mané et les conseillers issus de la liste de du maire élu Badara Diom.
‘’Armés de coupe-coupe, de pierres, de bâtons, de bidon d’essence et d’autres armes les assaillants ont fait face aux gendarmes pendant plus de huit heures d’horloge’’, mentionne le rapport.
‘’Cette défiance à l’autorité des jeunes militants de l’ADDF, poursuit-il, ont obligé le commandant de la Brigade de gendarmerie territoriale de Foundiougne, Danga Faye de faire appel à des renforts de venant de Fatick et de Kaolack’’.
‘’Des renforts de la gendarmerie de Fatick et de Kaolack et la présence de ces officiers supérieurs ont permis d’installer finalement le conseil municipal et le maire élu aux environs de 19 heures’’, note le rapport.
Il indique qu’après installation et le départ des gendarmes, les militants de l’ADDF, ont incendié la mairie et la boutique d’Aissatou Sarr, conseillère municipale sur la liste de BBY’’.
‘’Au regard de ces événements précédents, les gendarmes se sont déployés tôt le matin du dimanche pour les besoins de l’enquête’’, a-t-il ajouté.
Aux dernières nouvelles la gendarmerie a procédé à l’arrestation du candidat de l’ADDF, Lamine Ndiaye, et d’autres personnes sont convoquées dans le cadre d’une enquête ouverte, a-t-on appris par la même source.
Joint par téléphone un peu plus tôt M. Ndiaye a déclaré qu’ il avait déposé un recours auprés de la Cour d’appel pour protester contre les résultats des élections municipales dans la commune de Djirnda.
Selon lui, ’’il y a eu beacoup d’irrégularités au bureau 1 du village de Diamniadio, où a-t-il déploré, le vote s’est déroulé jusqu’à 20 heures alors que dans les autres bureaux de vote de la commune il s’est arrété à 18 heures, le jour du scrutin du 23 février dernier’’.
Lamine Ndiaye, candidat malheureux de l’Alliance pour le développement du département de Foundiougne (ADDF) est originaire du village de Djirnda, selon la même source.
Le maire sortant Badara Diom, son adversaire, est originaire du village de Diambiadio.
La commune de Djirnda compte 10 villages.
PRÉSENCE DE WAGNER AU MALI : POUTINE PEUT CONFIRMER CE QU'IL VEUT
Au Mali, toujours pas de réaction de la part des autorités du pays après les propos de Vladimir Poutine sur la présence de mercenaires russes dans le pays
Interrogé en début de semaine par un journaliste, à l’issue d’une rencontre avec Emmanuel Macron consacrée au dossier ukrainien, le président russe Vladimir Poutine n’a pas démenti la présence de mercenaires russes au Mali. Il a en revanche démenti tout lien de l’État russe avec les sociétés privées opérant au Mali, des propos qui semblent contredire le discours des autorités maliennes de transition qui affirment que seuls des instructeurs russes, engagés dans le cadre d’une coopération d’État à État, sont présents dans le pays.
« Pas le choix »
Près d’une semaine après, et en dépit des sollicitations de RFI, Bamako n’a toujours pas réagi aux propos de Vladimir Poutine. Ce qui ne fait en aucun cas fléchir le soutien d’une large part de la population et de certains acteurs politiques, mobilisés derrière les autorités de transition.
La France et ses partenaires engagés au Sahel semblent converger vers une même décision : « quitter le Mali ». À l’Élysée, on explique au JDD que « c’est effectivement plus une question de jours que de semaines »
Elle est en ligne de mire. Le départ de la force militaire française du Mali pourrait être annoncée dans la semaine. La fin de « Barkhane » ? C’est « une question de jours », lance Le Journal du Dimanche, la France et ses partenaires engagés au Sahel semblent converger vers une même décision : « quitter le Mali ». À l’Élysée, on explique au JDD que « c’est effectivement plus une question de jours que de semaines ». Et cet hebdomadaire pense qu’Emmanuel Macron pourrait en faire l’annonce dans la foulée d’une réunion des dirigeants européens et africains « mercredi soir », à la veille du sommet UE-Afrique.
Mali, le farewell de l’armée française
Cette retraite du Mali est cette semaine à « la Une » de L’Obs. « La France dans le piège malien », y lance cet hebdomadaire, le dossier est « explosif pour Emmanuel Macron ». Selon L’Obs, « tous les ingrédients sont en effet réunis pour faire de 2022 l’année de tous les dangers dans (le) Sahel ».
Présentant comme un « acte de guerre » l’attaque jihadiste du 22 janvier dernier contre la base militaire française de Gao, et qui a coûté la vie au brigadier Alexandre Martin, 24 ans, 53e soldat français, depuis 2013, à être tombé au champ d’honneur sahélien, L’Obs se demande « jusqu’à quand? » la France va poursuivre la lutte contre le terrorisme dans la région.
« J’ai annoncé que c’était un bourbier dès 2013: j’ai été viré pour ça, dit à ce magazine un ancien diplomate. Nous avons fait exactement les mêmes erreurs qu’en Afghanistan. L’issue sera la même. Nous allons partir, oui, mais la queue entre les jambes, et sans avoir rien réglé », ajoute-t-il, tandis qu’un autre ancien diplomate explique les décisions d’Emmanuel Macron concernant le Mali par la volonté « de réduire l’exposition politique et le bruit de fond médiatique, de ne pas être embêté sur ce sujet pendant la campagne présidentielle ». Mais le silence du président français au sujet du Mali « devient de plus en plus difficile à tenir », souligne L’Obs.
APRÈS LA CAN, DEVENIR LES CHAMPIONS DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA JUSTICE SOCIALE
Le patron de BBY pensait remporter brillamment les locales. Ce qui, combiné à la victoire des Lions, aurait pu donner un second souffle à son régime aux abois et lui ouvrir la voie à cette troisième candidature
Depuis une semaine, grâce au coach Aliou, Koulibaly, Sadio et tous les autres valeureux Lions de la Téranga, la nation entière s’est payée une ivresse halal pour faire oublier aux uns, la fin proche de leur régime et aux autres, leur quotidien morose de jeunes oisifs, de ménagères désespérées et de gorgorlu désenchantés.
Projet avorté d’instrumentalisation de la victoire des Lions
Ainsi, les caravanes footballistiques ont succédé aux caravanes électorales et le peuple, ayant pris possession de la rue a pratiquement érigé des barricades footballistiques, contre lesquelles les forces de défense et de sécurité étaient impuissantes.
Cette victoire des Lions est venue rallumer la flamme de l’espoir, qui était presque éteinte par la faute des désastreuses politiques publiques mises en œuvre par le régime de Macky Sall. Mais sachons tout de même différencier les motivations des uns et des autres ! La frontière est, en effet, ténue entre la joie saine du vainqueur d’une compétition sportive et le chauvinisme infect, apanage des forces de régression sociale.
Reconnaissons-le ! Cette victoire à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) était dans l’ordre du prévisible, au vu du classement très satisfaisant des Lions, classés depuis plusieurs mois, comme première équipe africaine par les institutions sportives internationales.
C’est ce qu’ont compris les joueurs de poker, qui nous gouvernent et qui a fait dire au président de la République, lors de la remise du drapeau national aux Lions, que cette fois-ci, l’objectif devrait être de ramener la Coupe à la maison.
Il n’y a aucun doute qu’il y avait des arrière-pensées politiciennes dans la décision du pouvoir de faire coïncider les élections locales et la CAN. Comme leurs maîtres à penser de l’Occident capitaliste, ils ont compris, que le football, à défaut d’être l’opium du peuple, pouvait, tout au moins être considéré comme un outil majeur de diversion politique, pour occulter les grands enjeux sociopolitiques de l’heure.
Dans son entendement de stratège aux petits pieds, le patron de Benno Bokk Yakaar pensait remporter brillamment les élections locales du 23 janvier 2022, ce qui, combiné à la victoire des Lions, aurait pu donner un second souffle à son régime aux abois et peut-être même lui ouvrir la voie à cette troisième candidature tant convoitée.
Malheureusement pour eux, les électeurs ont préféré aux élégants mannequins de Benno, aux affiches trop belles (pour être vraies), les gavroches intrépides de la République, ayant fait plusieurs séjours dans les prisons de l’APR et pas loin d’être considérés, selon les canons de l’idéologie dominante, comme des ennemis publics.
C’est dire que le deuxième pénalty réussi de Sadio Mané n’a pas seulement provoqué une euphorie générale dans tout le pays, même chez les simples gens, mais a été perçu, par le parti beige-marron et ses satellites, comme une bouée de sauvetage.
C’est ainsi que mêmes les hauts d’en haut se sont joints à la fête, interrompant leurs interminables flâneries internationales, pour venir récolter les gains politiciens des investissements prétendument consentis, pour enfin conquérir un trophée continental.
Le football, ascenseur social
Il faut comprendre que le football est considéré par les couches populaires comme un ascenseur social, comme on peut le constater, au vu de la composition de l’équipe nationale, presqu’entièrement constituée d’émigrés de première ou deuxième génération provenant majoritairement de familles modestes ou des régions les plus déshéritées de notre pays, parfois binationaux, descendants de professionnels du foot ou self-made men. La plupart de ces footballeurs constituent des institutions sociales ambulantes, qui essaient d’atténuer les souffrances populaires dues aux manquements des politiques gouvernementales, en construisant ou équipant hôpitaux et écoles, octroyant même des subventions aux familles démunies. Les financements souscrits dans ce cadre dépassent de loin les récompenses allouées au nom de la République, dans un inextricable imbroglio de culture d’accaparement et de conflit d’intérêts dénoncé, à juste titre par les activistes.
Les excès notés dans la célébration ne font que traduire cette aspiration, voire ce besoin vital des jeunes de notre pays de s’extraire de leur quotidien cauchemardesque.
C’est dire que les fonds colossaux, que le président et son ministre réélu se vantent d’avoir affecté à notre football national n’ont jamais réellement servi à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique cohérente misant sur la décentralisation des ressources humaines et matérielles (infrastructures, équipement) ainsi que sur les petites catégories. Ils ont plutôt servi aux chasseurs de têtes, que sont devenus nos entraîneurs (nationaux ou étrangers) à voyager par monts et par vaux, afin débusquer des talents footballistiques, en vue de monter une sélection de stars internationales qui, à la force du poignet (ou de la cheville) se sont d’eux-mêmes, hissés aux plus hauts rangs du football mondial.
C’est tout cela qui rend indécentes ces entreprises de récupération politicienne des succès engrangés par nos braves footballeurs, qu’on prétend récompenser – en se servant au passage – alors qu’on les avait laissés en rade, au moment où ils en avaient le plus besoin. Pour preuve, nos footballeurs ont dû attendre d’être champions d’Afrique, pour enfin disposer d’un stade digne ce nom, réellement conforme aux normes internationales.
Non à une nouvelle entente cordiale sur le dos du peuple !
Mais heureusement que l’onde de choc de la victoire éclatante des Lions est venue après la fausse victoire des simbkat de Benno Bokk Yakaar, qui ont essuyé un revers cinglant lors des dernières élections locales, rendant sans objet toute velléité de nouvelle entente cordiale sur le dos du peuple.
L’heure de vérité a sonné pour l’ensemble de la classe politique, qui se doit maintenant de poser des actes forts.
Le camp du pouvoir devra diligenter le traitement judiciaire impartial et équitable des nombreux scandales étouffés ou mis sous le coude (présidentiel) et faire face à la problématique de la demande sociale ainsi qu’aux légitimes revendications des travailleurs, surtout ceux de l’Éducation et de la Santé.
Il doit également rétablir la confiance au niveau de l’arène politique et se résoudre à compétir loyalement, ce qui suppose de rebâtir un consensus fort autour du système électoral et du respect scrupuleux de la séparation des pouvoirs.
Une bonne gestion de la fin de son second mandat permettra au président Sall de restructurer son parti, qui devra trouver un nouveau candidat consensuel pour les prochaines présidentielles. Car, il est de plus en plus évident que ce qui plombe le processus de mise aux normes et de modernisation des partis politiques se trouve être la déliquescence du parti de la majorité sortante qui, à la faveur d’une nouvelle alternance, se trouve dans l’incapacité de fonctionner, de manière autonome, dès lors qu’il n’est plus adossé à l’appareil d’État, pour cimenter son unité organisationnelle.
Quant à l’opposition politique, il est temps pour elle, en alliance avec l’ensemble des forces vives de comprendre que la défaite politique du pouvoir de Macky Sall et la victoire électorale au niveau de certaines collectivités territoriales de notre pays ne constituent qu’un premier jalon dans l’œuvre de refondation institutionnelle.
Il ne peut s’agir, tout au plus, que de leviers de mobilisation populaire pour repenser globalement notre système politique, handicapé par une approche hyper-présidentialiste, qui a atteint ses limites historiques et pour construire une alternative politique progressiste en direction des présidentielles de 2024.
DANS LES COULISSES DE LA CAN VICTORIEUSE DES LIONS
Le ministre des Sports, Matar Ba, revient au micro de Sud FM, sur l'épopée sénégalaise en terre camerounaise ces dernières semaines, du match d'ouverture à Bafoussam au sacre final contre l'Égypte, le 6 février
Le ministre des Sports, Matar Ba, revient au micro de Sud FM, sur l'épopée sénégalaise en terre camerounaise ces dernières semaines, du match d'ouverture à Bafoussam au sacre final contre l'Égypte, le 6 février.
MOHAMED MBOUGAR SARR EXORCISE L'HORREUR DU RÉEL PAR LE ROMAN
Avant la consécration du Prix Goncourt 2021, l’auteur de «La plus secrète mémoire des hommes» avait publié deux romans témoignant d’un courage impressionnant: «Terre ceinte» et «De Purs hommes»
Avant la consécration du Prix Goncourt 2021, l’auteur de «La plus secrète mémoire des hommes» avait publié deux romans témoignant d’un courage impressionnant: «Terre ceinte» et «De Purs hommes». Le premier détaillait l’emprise d’une «Fraternité» islamiste imposant sa terreur aux habitants d’une petite ville imaginaire; et le second s’en prenait à la persécution des homosexuels, au Sénégal d’aujourd’hui. D’abord célébré dans son pays, le jeune écrivain n’a pas tardé à être vilipendé par les intégristes et leurs ouailles...
C’était à prévoir, me suis-je dit en lisant récemment De purs hommes, après avoir découvert le formidable roman de Mohamed Mbougar Sarr justement récompensé par le Prix Goncourt, et d’ailleurs les premières réactions avaient précédé le succès international du jeune auteur après la première édition du roman. De fait, au lendemain du salamalec présidentiel saluant l’honneur national que représentait, pour un auteur sénégalais, la consécration du prix littéraire le plus prestigieux de francophonie, l’on pouvait s’attendre, en fièvre virale sur les réseaux sociaux, à un retour de flamme de ceux qui se firent un devoir vertueux de rappeler que l’écrivain fêté n’était autre qu’un suppôt de la décadence occidentale appliqué à défendre cette maladie précisément importée d’Occident qu’est l’homosexualité.
Mais qu’est-ce à dire? Le roman De purs hommes fait-il l’apologie de l’homosexualité? Nullement, mais encore faut-il le lire pour voir, de bonne foi, qu’il n’en est rien. Par ailleurs, faut-il s’affliger de cette réaction vive, quoique sans commune mesure avec la fureur assassine soulevée en 1988 par Les Versets sataniques de Salman Rushdie, correspondant au choc de deux cultures? Je ne le crois pas du tout, car cette réaction prouve que la littérature peut encore, aujourd’hui, non pas choquer gratuitement mais exposer une situation complexe et faire réfléchir sur la base de situations vécues, incarnées par des personnages de chair et de sang parfois déchirés entre plusieurs «fidélités»…
Le prof, l’infâme vidéo et Verlaine censuré…
Lorsque Ndéné Gueye, le narrateur de De purs hommes, encore estourbi de volupté amoureuse partagée avec la superbe Rama, est prié par celle-ci de regarder une vidéo «virale» infectant tous les téléphones portables de la capitale sénégalaise et environs, où l’on voit deux forcenés, encouragés par une meute hurlante, déterrer le cadavre d’un jeune homme, sa seule réaction, devant son amante, est, quoique choqué, de ne pas trop «savoir qu’en penser», supposant du moins que le malheureux était un «góor-jigéen» (littéralement un homme-femme, un homosexuel en langue wolof), sans se douter que cette réaction mollement dilatoire provoquerait la colère la plus vive de sa compagne.
Aussi bien est-ce avec une violente intransigeance que Rama, d’«intelligence vive et sauvage», prend son apparente indifférence, lui lançant à la figure qu’il est «finalement semblable aux autres. Aussi con». Puis d’ajouter que «les autres au moins ont parfois l’excuse des ne pas être des professeurs d’université, de supposés hommes de savoir, éclairés». Et de conclure: «Ce n’était qu’un góor-jigéen, après tout, hein?», avant de l’envoyer promener…
Aussi secoué par cette admonestation que par la vidéo, le jeune prof va faire, peu après, une autre expérience qui achèvera de le déstabiliser, quand une note du Ministère de l’enseignement ordonnera d’«éviter l’étude d’écrivains dont l’homosexualité est avérée ou même soupçonnée», tel Verlaine dont il se fait un devoir et un plaisir de parler à ses étudiants.
Au demeurant — et c’est tout l’art de Mohamed Mbougar Sarr de plonger dans la complexité humaine —, le jeune homme a été troublé par la vision du corps déterré et exposé d’obscène façon, et le mélange de la scène éminemment érotique qu’il vient de vivre avec Rama, d’un souvenir personnel mêlant désir et violence, et de l’effroyable souillure imposée à un défunt, sur fond d’interdit social (l’homosexualité reste punissable au Sénégal) et de préjugés omniprésents, vont l’amener à s’interroger sur l’identité et le vécu réel du déterré, avec des conséquences inimaginables pour lui et combien révélatrices pour nous autres lecteurs.
DIEYNABA SIDIBÉ, PREMIÈRE FEMME GRAFFEUSE DU SÉNÉGAL
Sur les murs de l'Institut français de Dakar sont exposées jusqu'en avril les œuvres d'un projet qu'elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais
Dieynaba Sidibé, surnommée Zeinixx, est la première femme sénégalaise graffeuse professionnelle qui a su s'imposer dans le milieu influent du street art dominé par les hommes. Sur les murs de l'Institut français de Dakar sont exposées jusqu'en avril les œuvres d'un projet qu'elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais.
Dans son atelier lumineux et coloré, au centre culturel Léopold Sedar Senghor, les murs sont recouverts de projets divers. Dans un coin, des sprays sont rangés sur une étagère, et sur l’un de ses bureaux sont étalées des ébauches de dessins.
« En amont, on peut préparer des esquisses, on peut extérioriser ce que l’on a à l’intérieur, ce que l’on projette. L’idée est de visualiser ce que cela pourrait donner sur un mur, précise la graffeuse Zeinixx. Là, c'est déjà un projet qui murit : c’est très coloré et il y a pas mal de formes, arrondies, ondulées, des vagues, des fleurs et c’est comme ça que j'ai envie de le voir : éclatant ! »
Zeinixx, de son vrai nom Dieynaba Sidibé, a commencé à graffer en 2008 en autodidacte. Accompagnée par d’autres graffeurs plus anciens, elle s’est imposée dans ce milieu d’hommes, malgré le refus de sa famille au début. « C’était difficile à cause du public. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce sont les graffeurs avec qui j’étais qui m’ont boostée, parce qu’ils ne m’ont jamais regardée en tant que femme, mais toujours en tant qu’artiste. Ça m’a poussé au-delà de mes limites. »
Maha Abdelhamid est membre du Collectif de la Voix des Femmes Tunisiennes Noires. Pendant la CAN, elles ont répertorié les propos racistes diffusés sur les réseaux sociaux et à la télévision
"La CAN, c'est un espace libre qui leur permet d'extérioriser le racisme qu'ils ont en eux."
Maha Abdelhamid est membre du Collectif de la Voix des Femmes Tunisiennes Noires. Pendant la CAN, elles ont répertorié les propos racistes diffusés sur les réseaux sociaux et à la télévision.