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21 juin 2025
LES PUTSCHISTES DU BURKINA FASO CÉLÉBRÉS À OUAGADOUGOU
"Vive l'armée", "Vous êtes des héros": des centaines de personnes favorables au putsch militaire qui a renversé le président Roch Kaboré au Burkina Faso, ont manifesté mardi à Ouagadougou, certains adressant des messages hostiles à la France
A grands coups de klaxons, de sifflets et de vuvuzelas, les manifestants se sont massés sur la place de la Nation, au coeur de la capitale burkinabè, pour célébrer les nouveaux hommes forts du pays.
Des posters du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, leader des putschistes, étaient même vendus sur place.
"Nous avions demandé à plusieurs occasions le départ du président Kaboré qui n’a pas entendu cet appel.L’armée nous a entendu et compris", se réjouissait Lassane Ouedraogo, un manifestant de 43 ans et militant de la société civile.
"Pour nous ce n’est pas un coup d’Etat.C’est une libération de notre pays qui était dirigé par des incompétents", renchérit Julienne Traoré, une enseignante de 30 ans.
Ces dernières semaines, des manifestants étaient plusieurs fois descendus dans les rues pour critiquer "l'inaction" de l'exécutif face aux attaques jihadistes qui endeuillent quasi quotidiennement le pays.
Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Kaboré en 2015, "le pays n'a fait que sombrer et il était temps de mettre fin à cette catastrophe", assure Mamadou Drabo, membre du mouvement de la société civile Sauvons le Burkina Faso.
- Drapeaux malien et russe-
Aucun dispositif sécuritaire n’était visible mardi sur la place de la Nation, ce qui tranche avec les regroupements des semaines passées où les manifestants étaient dispersés sans ménagement par la police anti-émeutes.
"Les militaires ne sont pas suffisamment armés pour lutter contre le terrorisme.Maintenant qu'ils ont pris le pouvoir, ils sauront comment outiller les soldats pour récupérer l'ensemble du territoire", espère Mamadou Drabo.
Des manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "A bas la France, à bas la Cédéao", la Communauté des Etats ouest-africains.
La Cédéao est plus particulièrement dans le viseur d'une partie des populations sahéliennes depuis qu'elle imposé au Mali le 9 janvier des sanctions soutenues par la France.
Mardi, la Cédéao a "fermement" condamné "le coup d'Etat militaire" au Burkina Faso et "la démission" du président Kaboré "obtenue sous la menance, l'intimidation et la pression des militaires".
Certains manifestants brandissaient également des drapeaux malien et russe, appelant à une coopération avec Moscou comme le régime militaire de Bamako le fait depuis plusieurs mois.
"A la communauté internationale, nous demandons de respecter la volonté du peuple qui a été parachevée par l’armée.Sanctionner l’armée, c’est sanctionner le peuple burkinabè", prévient Lassane Ouedraogo.
Les soldats qui allaient et venaient dans le camp Guillaume Ouedraogo en face de la place de la Nation, étaient acclamés par des cris de joie.
Le camp fait partie des casernes où des soldats se sont mutinés, tirant des coups de feu pendant des heures dimanche, point de départ des évènements qui ont abouti au coup d'Etat.
"Merci à l’armée", "vous êtes des héros", pouvait-on entendre dans la foule.
Déjà lundi, des habitants de Ouagadougou s'étaient spontanément rassemblés, dans la soirée, après l'annonce du coup d'Etat pour célébrer les nouveaux leaders du pays.
LIEUTENANT-COLONEL DAMIBA, CHEF DES PUTSCHISTES BURKINABÈ, STRATÈGE ET ÉCRIVAIN
Le nouvel homme fort du Burkina Faso, président de la junte qui a pris le pouvoir lundi à Ouagadougou, est un soldat de terrain spécialiste de la lutte contre les jihadistes, qu'il a combattus dans leurs bastions du nord et de l'est
Agé de 41 ans, il est aussi l'auteur d'un livre intitulé "Armées ouest-africaines et terrorisme: réponses incertaines ?", dans lequel il se montre critique envers les politiques anti-jihadistes menées dans une région frappée de plein fouet par les groupes armés liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique.
Lundi, il faisait partie du groupe de militaires en uniforme qui ont annoncé à la télévision nationale avoir pris le pouvoir et dissout les institutions du pays, mais il n'a pas pris la parole, laissant ce soin au capitaine Sidsore Kader Ouédraogo.
Le communiqué lu par ce dernier était cependant signé de sa main, en tant que président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte qui dirige désormais le Burkina.
Il y dénonce en particulier "la dégradation continue de la situation sécuritaire, qui menace les fondements mêmes de notre nation" et "l'incapacité manifeste du pouvoir" du président Roch Marc Christian Kaboré "à unir les Burkinabé pour faire face efficacement à la situation".
"C'est l'exemple d'un bon militaire, un bon commandant rigoureux qui est monté aux fronts avec ses hommes", selon une source militaire qui salue son "dévouement".
Il a été formé à l'Académie militaire Georges Namoano de Po, dans le sud du Burkina Faso, dont la majorité a servi au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) l'ex-garde rapprochée de Blaise Compaoré, président renversé en 2014 après une vague de manifestations.
- "Des choses dans la tête" -
Le lieutenant-colonel d'infanterie Damiba a lui-même été commandant de compagnie au RSP de 2003 à 2011, ce qui ne l'avait empêché de s'opposer à la tentative de coup d'Etat de 2015 contre les autorités de transition d'alors, fomentée par le général Gilbert Diendéré, proche de Blaise Compaoré.
C'est en tant que chef de corps de régiment qu'il a eu le plus combattre les groupes armés jihadistes du pays de 2019 à 2021.
Après le massacre en novembre 2021 à Inata (nord) de 53 gendarmes laissés à eux-même, qui avait provoqué un électrochoc au sein des forces armées, il a été nommé commandant à Ouagadougou de la 3e zone militaire couvrant l'est du pays, à la faveur d'un vaste changement des chefs militaires opéré par le président Kaboré.
Le nouvel homme fort du Burkina est également diplômé de l'école militaire de Paris.
"Il fait partie des élites mais a obtenu des résultats sur le terrain, il a dirigé et commandé un certain nombre d’unités", estime l'analyste politique burkinabè Oumarou Paul Koalaga qui ajoute: "Ce sont des officiers avec des choses dans la tête".
Selon les Editions des 3 colonnes qui ont publié son livre en juin 2021, le lieutenant-colonel Damiba est aussi "titulaire d'un master 2 en sciences criminelles du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Paris", ainsi que "d'une certification d'expert de la défense en management, commandement et stratégie".
Les 3 colonnes indiquent dans leur présentation de son ouvrage, qu'il y "livre son analyse aussi bien sur les particularités du terrorisme ouest-africain, que sur les réponses apportées par les armées de la région avant de porter un jugement critique sur les éléments rédhibitoires des approches actuelles".
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LES LIONS EN QUART DE LA CAN
Le Sénégal s'est difficilement qualifié pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations en éliminant le Cap-Vert, pourtant réduit à neuf à la suite de deux exclusions, (2-0) mardi à Bafoussam
Le Sénégal s'est difficilement qualifié pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations en éliminant le Cap-Vert, pourtant réduit à neuf à la suite de deux exclusions, (2-0) mardi à Bafoussam.
Un but de Sadio Mané (63e) puis un contre assassin de Bamba Dieng en toute fin de match (90e+2) ont suffi à assurer la présence des Sénégalais en quart, où ils croiseront la route du Mali ou de la Guinée équatoriale.
MERCY SHIPS BIENTOT DE RETOUR AU SENEGAL
Mercy Ships va revenir au Sénégal. La flotte américaine est attendue dans la capitale sénégalaise en ce début de l’année 2022.
Mercy Ships va revenir au Sénégal. La flotte américaine est attendue dans la capitale sénégalaise en ce début de l’année 2022. Après avoir quitté le Sénégal en mars 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, les professionnels bénévoles de Mercy Ships s’honorent de s’associer au ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal en proposant une intervention chirurgicale immédiate aux populations. Mercy Ships compte également partager des ressources et des formations pour le renforcement de capacité des professionnels de santé du Sénégal.
Organisation caritative internationale, Mercy Ships utilise des navires-hôpitaux pour apporter espoir et guérison aux nations qui construisent des systèmes de santé plus solides. Sa collaboration avec l’Etat du Sénégal vise à accompagner le pays et à soutenir le volet santé de sa stratégie existante « Sénégal émergent ».
Pour son retour annoncé sur le terrain, Mercy Ships 2022 se concentrera sur le service aux patients qui ont déjà été sélectionnés pour subir une intervention chirurgicale. Ces patients vivent dans les 14 régions du Sénégal. En collaboration avec les professionnels de la santé locaux, le dépistage des patients a commencé avant l’arrivée de l’Africa Mercy. Des politiques et des exigences en matière de vaccination sont en place, permettant à Mercy Ships d’opérer de manière sûre et responsable tout en offrant une chirurgie qui transforme la vie de ceux qui en ont le plus besoin.
L'ALGERIE AU SECOURT DU MALI
L’Algérie annonce avoir envoyé lundi au Mali une aide alimentaire composée de 108 tonnes de nourriture et 400.000 doses de vaccin anti-COVID-19, dans un contexte où ce pays fait face à des sanctions financières et économiques imposées par la CEDEAO
Dakar, 25 jan (APS) - L’Algérie annonce avoir envoyé lundi au Mali une aide alimentaire composée de 108 tonnes de nourriture et 400.000 doses de vaccin anti-COVID-19, dans un contexte où ce pays fait face à des sanctions financières et économiques imposées par la CEDEAO, dont le gel de ses avoirs à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
Les dirigeants des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont pris ces mesures en guise de protestation contre la décision annoncée par les militaires maliens d’assurer une transition de cinq ans avant de remettre le pouvoir à un gouvernement dirigé par les civils.
La junte, au pouvoir depuis mai 2021, a dénoncé les sanctions de la CEDEAO, les qualifiant d’"illégales et illégitimes" et tente depuis de les contourner en se tournant vers la Mauritanie et l’Algérie notamment, avec lesquels le Mali fait partie du G5 Sahel.
Dans ce cadre, une aide humanitaire composée de 108 tonnes de denrées alimentaires et de 400.000 doses de vaccin anti-COVID-19 a été envoyée lundi par l’Algérie au profit du Mali, a indiqué le ministère algérien de la Défense nationale dans un communiqué cité par l’agence Chine nouvelle.
"Acheminée à bord d’avions cargo de l’armée de l’air algérienne, cette opération constitue la première phase de cette aide humanitaire, don du Croissant rouge algérien au Croissant rouge malien, qui a vu l’envoi de 23 tonnes de nourriture et 300.000 doses de vaccin anti-COVID-19", rapporte ce média.
Il ajoute que cet élan de solidarité vise à "renforcer les liens d’amitié et de coopération entre les deux peuples frères algérien et malien".
Chine nouvelle signale que ce n’est pas la première fois que l’Algérie témoigne de sa solidarité et de sa générosité envers le Mali.
En pleine crise sanitaire de COVID-19, rappelle l’agence publique chinoise, une aide composée de 90 tonnes de denrées alimentaires et de produits de protection contre le coronavirus, a été acheminée vers Bamako en juin 2020.
BOUSCULADE A BAFOUSSAM, PAUL BIYA VEUT DES REPONSES
Le président camerounais, Paul Biya, a ordonné mardi l’ouverture d’une enquête sur la bousculade à l’origine de la mort d’au moins huit personnes au stade d’Olembé, à Yaoundé, lundi soir.
Bafoussam, 25 jan (APS) - Le président camerounais, Paul Biya, a ordonné mardi l’ouverture d’une enquête sur la bousculade à l’origine de la mort d’au moins huit personnes au stade d’Olembé, à Yaoundé, lundi soir.
Le drame est survenu avant le match Cameroun-Comores des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations.
Le gouvernement camerounais a signalé la mort de huit morts au moins. Trente-huit personnes ont été blessées, et sept d’entre elles sont un état grave.
Selon les médias camerounais, la bousculade est survenue lorsque des supporters se sont rassemblés pour passer les contrôles de test Covid-19.
La Confédération africaine de football a, elle aussi, annoncé l’ouverture d’une enquête.
LOCALES 2022, BENNO BOKK YAAKAAR RAFLE LES SIEGES A GOSSAS
La coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a obtenu 30 des 40 sièges du conseil départemental de Gossas (centre), a appris l’APS de la commission départementale de recensement des votes.
Fatick, 25 jan (APS) – La coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a obtenu 30 des 40 sièges du conseil départemental de Gossas (centre), a appris l’APS de la commission départementale de recensement des votes.
Dix-huit conseillers de BBY ont été élus au scrutin majoritaire, les 12 autres au scrutin proportionnel, selon les résultats provisoires publiés par ladite commission.
Le Parti socialiste, Wallu Sénégal et Yewwi Askan Wi se partagent les 10 sièges restants.
Benno Bokk Yaakaar a obtenu 14.226 voix, sur un total de 27.218.
Selon la commission départementale de recensement des votes, 26.836 suffrages ont été valablement exprimés, contre 382 bulletins nuls.
La liste du Parti socialiste, arrivée deuxième avec 7.790 voix, obtient six conseillers.
Avec 2.700 voix, la coalition Wallu Sénégal remporte deux sièges. Les deux sièges restants reviennent à la coalition Yewwi Askan Wi, qui a obtenu 1.950 voix.
Quatre listes ont pris part à l’élection du conseil départemental de Gossas : BBY, Wallu Sénégal, Yewwi Askan Wi et le Parti socialiste.
L'ESSOR DU MMA AU SÉNÉGAL
L'engouement est fort chez les jeunes, qui y voient aussi un moyen de gagner davantage d'argent qu'avec la lutte traditionnelle
Les MMA, c’est-à-dire les Arts martiaux mixtes, se développent de plus en plus au Sénégal, pays historique de lutteurs traditionnels. L'engouement est fort chez les jeunes, qui y voient aussi un moyen de gagner davantage d'argent qu'avec la lutte traditionnelle. Mais ce sport de combat a encore du mal à se structurer.
LA CAN DE LA DERNIÈRE CHANCE POUR CISSÉ ET LA GÉNÉRATION MANÉ ?
Rien ne garantit que Kalidou Koulibaly (30 ans), Cheikhou Kouyaté (32 ans) ou encore Idrissa Gueye (32 ans) et Sadio Mané (30 ans en avril) participeront aux prochaines CAN avec le Sénégal en 2023 et 2025
Le Figaro |
Vincent Moyet |
Publication 25/01/2022
Guère convaincant en poules, le finaliste de la dernière édition est attendu au tournant en huitièmes de finale contre le Cap-Vert mardi (17h).
Le Sénégal doit passer à la vitesse supérieure. Finaliste de la dernière édition, première de son groupe et qualifiée pour les huitièmes de finale cette année, la formation d'Aliou Cissé est pourtant au centre des critiques et des inquiétudes depuis le début de cette CAN. Et pour cause. Avec un seul petit but en trois matches, les Lions de la Téranga manquent cruellement de mordant. Après sept ans passés sous les ordres d'Aliou Cissé, le Sénégal se dirige-t-il vers une fin de cycle ?
Cissé ne fait plus l'unanimité
À la tête de la sélection Sénégalaise depuis 2015, Aliou Cissé est en proie à de nombreuses critiques ces derniers temps. S'il est entré dans l'histoire du Sénégal en emmenant les Lions au Mondial 2018 et jusqu'en finale de la CAN 2019, le technicien sénégalais ne jouit plus de sa côte d'antan. Alors qu'il possède dans ses rangs des joueurs évoluant dans les plus grands clubs européens, Aliou Cissé pratique un jeu plus que décevant dans cette 33e CAN, sa troisième à la tête de l'équipe du Sénégal. Souvent bousculés par des formations valeureuses, les Sénégalais donnent l'impression d'un manque de confiance en leurs qualités individuelles et collectives.
Lors des trois premiers matches de groupes, le Sénégal n'a jamais vraiment eu l'emprise. Même dans la victoire, les Lions souffrent terriblement : contre le Zimbabwe (1-0), Mané et les siens ont dû attendre la 97e minute pour inscrire l'unique but de la rencontre... sur pénalty (1-0). Aliou Cissé pratique un jeu direct, souvent précipité et brouillon alors qu'il a à sa disposition des joueurs très habiles balle au pied et habitués (pour la plupart) à la possession de balle en club.
Les états-majors et les observateurs sont en train d’analyser la déroute de la coalition Benno Bokk Yaakaar dans ces locales que plusieurs considéraient comme «imperdables» pour le camp présidentiel
Les états-majors et les observateurs sont en train d’analyser la déroute de la coalition Benno Bokk Yaakaar dans ces Locales que plusieurs considéraient comme «imperdables» pour le camp présidentiel.
Parmi les raisons que l’on entend souvent évoquer, il y a les divisions internes, les rivalités et la multiplicité des listes se réclamant toutes plus ou moins de la personne de Macky Sall. On n’a toutefois pas encore entendu remettre en cause la personne et la politique du chef lui-même. Il y aurait de quoi pourtant.
Nul dans son entourage n’aura eu le courage de dire à Macky Sall qu’au-delà de bien d’éléments, c’est son ambiguïté qui a enfermé son camp dans la situation qu’il connaît aujourd’hui. Cette ambigüité a pour lui été un mode de gouvernance, pendant des années. Nombre de ses proches n’ont vraiment jamais su comment décrypter les signes que lance le chef. Cela a conduit à l’éclosion des listes des frustrés, dans quasiment chaque commune ou département. Même des pontes du régime se permettaient de contester les choix du chef dans certaines localités. Car chacun pensait être le véritable «choix du cœur de Macky».
On peut sans craindre d’être démenti, avancer que si Mame Mbaye Niang a «tutoyé» les leaders de Bby à Dakar, c’est qu’il était sûr de ne pas se faire rabrouer par son mentor. La même chose est valable pour Mame Boye Diao à Kolda, Mamour Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye à Louga, et de bien d’autres, même dans des localités sans grands enjeux. Mais cette ambigüité a aussi servi d’argument politique à l’opposition. Des personnes ont perdu leur poste pour avoir évoqué l’impossibilité pour Macky Sall de briguer un troisième mandat.
Le sujet est même devenu tabou dans le camp présidentiel, au point que, toute personne se sachant en disgrâce, se précipitait de l’évoquer, afin de pouvoir avancer qu’elle devait son limogeage à sa position. Dans le même temps, des gens du pouvoir, qui semblaient inciter le Président à tenter sa chance pour un «jamais deux sans trois», se voyaient entourés d’une sorte de protection. Il était dès lors facile aux opposants d’avancer que Macky voulait voir dans les résultats de ces Locales, comme des Législatives à venir, une justification pour se lancer en 2024. Et les fuites des confidences de son directeur de Cabinet, Mahmout Saleh, avant les Locales, n’ont fait que conforter cet argument. Hormis cette ambigüité politique, il y a surtout la gestion de certains dossiers judiciaires.
Le Président a parfois des déclarations malheureuses, qui l’enfoncent lui-même. Quand il a déclaré, parlant de Sindiély Wade et d’autres, qu’il gardait sous le coude certains dossiers judiciaires, quand des années plus tard, il a ajouté que pour «des raisons de sécurité nationale, on ne pouvait laisser mettre certaines personnes en prison».
Les partisans de Ousmane Sonko se sont empressés de rappeler ces propos, pour justifier que leur leader ne devait pas répondre à un juge. Au prix de voir de nombreux jeunes en mourir. Dans le même registre, comment l’opinion pouvait-elle comprendre, et surtout accepter, de voir qu’un député convaincu de faux-monnayage puisse se promener libre, au moment où des citoyens, connus pour leurs positions hostiles au pouvoir, croupissaient en prison pour trafic de visas ? Cela faisait penser à «Coumba am ndeye…».
En plus, l’étalage de l’argent au cours de cette campagne, par les gens du pouvoir, donnait une impression d’arrogance. Qui ne pouvait que choquer des personnes dont beaucoup vivent avec moins de 1000 francs Cfa par jour. Il était évident qu’à un moment ou à un autre, il allait falloir sortir de l’ambigüité. Le Président le voyait sans doute le plus tard possible, et a voulu le retarder autant que faire se peut. La suppression du poste de Premier ministre comme son rétablissement, visaient sans doute cela. Mais à un moment, surtout avec les résultats de ce scrutin électoral, le premier qu’il perd aussi lourdement depuis son arrivée au pouvoir, le Roi se retrouve nu.