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21 juin 2025
AUX URNES
Les 6.613.962 électeurs inscrits sur les listes électorales doivent départager 3149 listes. Le scrutin peut s’avérer complexe car les électeurs sont appelés à voter deux fois, voire trois en fonction de la collectivité locale
Plus de six millions et demi de Sénégalais se rendent aux urnes ce dimanche pour élire les maires des 552 communes, 5 villes et les présidents des 43 Conseils départementaux du pays.
Les 6.613.962 électeurs inscrits sur les listes électorales doivent notamment départager les 3149 listes en compétition dans les différentes collectivités territoriales.
Le vote doit débuter à 8 heures dans les 15.066 bureaux ouverts à travers le pays.
Les élections locales de ce 23 janvier revêtent un caractère inédit dans la mesure où les maires et présidents de conseils départementaux sont élus au suffrage universel direct.
Il y a 166 listes en compétition pour les départements, 44 listes pour les villes et 2939 listes pour les communes.
Le scrutin reporté à plusieurs reprises peut s’avérer complexe car les électeurs sont appelés à voter deux fois, voire trois en fonction de la collectivité locale.
Les élections municipales sont organisées dans les 552 communes.
Concernant les élections départementales, elles sont organisées dans 43 départements sur les 46 que compte le pays à l’exception de Dakar, Pikine et Guédiawaye.
Dans les collectivités où sont élus conseillers de la ville, lorsque le territoire de la ville est le même que celui du département, il n’est pas organisé d’élections départementales.
A Thiès et Rufisque, les électeurs voteront pour les trois types d’’élections : départementales, municipales et de ville.
Le contrôle du scrutin est effectué par les délégués des Cours d’appel, les superviseurs et contrôleurs de la CENA, les représentants des candidats et les observateurs.
Les états-majors des partis et coalitions sont sur le qui-vive alors que le scrutin, dont les résultats sont fortement scrutés, précédent les élections législatives prévue également cette année.
Face au bloc de la majorité présidentielle et machine électorale, l’opposition a tenté en vain d’aller aux locales sous une même bannière.
Cette dynamique s’est heurtée aux ambitions des uns et des autres. Finalement, trois grandes coalitions sont sorties : Yewwi askan wi, Wallu Sénégal et la Grande coalition Gueum sa bopp.
Pour Yewwi askan wi et la Grande coalition Gueum sa bopp, le dépôt de listes n’a pas été une simple formalité.
Les listes de Yewwi askan wi ont été déclarées irrecevables à Saint-Louis, Golf Sud, Sahm Notaire (Dakar) et Kédougou, entre autres. A Mbour, la tête de la liste de la coalition, Me Abdoulaye Tall, n’a pas pu déposer sa liste.
A Matam, le coordonnateur de Yewwi Askan wi, préposé au dépôt des listes pour le compte de la coalition, a décidé finalement de rejoindre la mouvance présidentielle avant de disparaître avec les documents.
Yewwi askan wi et la Grande coalition Gueum sa bopp ont dû attendre la décision de la Cour suprême qui a statué sur les recours introduits par l’administration après la réhabilitation par les cours d’appel des listes rejetées dans un premier temps dans certaines collectivités lors des opérations de dépôt.
La haute juridiction a tranché les différends qui portent essentiellement sur le rejet de certaines listes de la coalition Yewwi askan wi (YAW) pour les élections départementales et municipales.
Sur 10 recours déposés, le ministère de l’Intérieur qui avait saisi la Cour suprême, a eu gain de cause sur les 8 tandis que les 12 recours des partis d’opposition ont tous été rejetés.
La liste de Yewwi à Matam a été validée, par contre la candidature de Moustapha Guirassy à Kédougou a été rejetée.
La candidature de l’homme d’affaires Bougane Guèye Dany à la mairie de Dakar est invalidée.
Pour ces locales, les yeux sont braqués sur la mairie de Ziguinchor que va briguer l’opposant Ousmane Sonko (Yewwi) et la ville de Dakar qui sera âprement disputée par Abdoulaye Diouf Sarr (majorité), Barthélémy Diaz (Yewwi), Doudou Wade (Wallu), la maire sortante, Soham el Wardini, entre autres.
MOUVEMENT D'HUMEUR DANS LES CASERNES AU BURKINA
Des coups de feu ont été tirés dimanche dans plusieurs casernes du pays, dont trois situées à Ouagadougou, des tirs reconnus par le gouvernement qui a démenti "une prise de pouvoir par l'armée"
Des coups de feu ont été tirés dimanche dans plusieurs casernes du Burkina Faso, dont trois situées dans la capitale Ouagadougou, des tirs reconnus par le gouvernement qui a démenti "une prise de pouvoir par l'armée" et affirmé que les institutions n'étaient pas menacées "pour le moment".
Ces mouvements d'humeur dans les casernes du Burkina, pays qui a connu par le passé plusieurs coups d'Etat et tentatives de putsch, illustrent la fragilité du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré face aux violences jihadistes qui s'accroissent dans son pays depuis 2015.
"Depuis 01H00 du matin (GMT et locales), des tirs ont été entendus ici à Gounghin provenant du camp Sangoulé Lamizana", a affirmé un militaire de ce quartier situé à la sortie ouest de Ouagadougou, ce qu'ont confirmé des habitants, parlant de "tirs de plus en plus nourris".
Des tirs ont également été entendus dans un autre camp militaire de Ouagadougou, celui de Baba Sy, à la sortie sud de la capitale, et à la base aérienne proche de l'aéroport, selon des sources militaires.
Des coups de feu se sont aussi produits dans des casernes de Kaya et Ouahigouya, dans le nord du pays, selon des habitants joints par l'AFP.
Des habitants du quartier Gounghin ont affirmé que des militaires du camp Sangoulé Lamizana sont sortis de leur caserne, tirant des coups de feu en l'air, et ont bouclé le périmètre aux alentours de la caserne.Le périmètre autour de la caserne de la base aérienne, était également bouclé par des soldats encagoulés tirant en l'air.
Une centaine de personnes qui tentaient de se rassembler place de la Nation, en plein centre de Ouagadougou, pour exprimer leur soutien au mouvement des soldats, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène par les policiers, a constaté une correspondante de l'AFP.
- Internet coupé -
L'internet mobile a été coupé dimanche dans la matinée, ont en outre constaté les journalistes de l'AFP.
Le camp Sangoulé Lamizana abrite la Maison d'arrêt et de correction des armées (Maca) où est détenu le général Gilbert Diendéré, proche de l'ancien président Blaise Compaoré renversé en 2014 qui vit depuis en Côte d'Ivoire.
Le général Diendéré a été condamné à 20 ans de prison pour une tentative de putsch en 2015 et est actuellement jugé pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ancien président Thomas Sankara, icône panafricaine, en 1987.
Le gouvernement a rapidement réagi en démentant une tentative de coup d'Etat.
"Des informations véhiculées dans des réseaux sociaux tendent à faire croire à une prise de pouvoir par l'armée en ce jour" de dimanche, indique un communiqué du porte-parole du gouvernement, Alkassoum Maiga.
"Le gouvernement, tout en reconnaissant l'effectivité de tirs dans certaines casernes, dément ces informations et appelle les populations à rester sereines", ajoute-t-il.
"Aucune institution de la République n’a pour le moment été inquiétée", a de son côté affirmé le ministre de la Défense, le général Barthélémy Simporé, dans une intervention à la télévision nationale.Il a ajouté que les mouvements observés "dans quelques casernes" sont "localisés, circonscrits", et qu'il était "en train de rentrer en contact avec ceux qui sont à la manœuvre pour comprendre les motivations".
- Manifestations de colère -
Ces mouvements dans des casernes burkinabè surviennent au lendemain de nouvelles manifestations de colère d'habitants excédés par l'impuissance des autorités à faire face à la violence jihadiste qui ravage le Burkina Faso.
Samedi, des incidents ont éclaté à Ouagadougou et dans d'autres villes du pays entre les forces de l'ordre et des manifestants qui ont bravé l'interdiction de se rassembler pour protester contre l'insécurité.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays.
Samedi encore, au moins deux soldats ont été tués et plusieurs blessés dans l'explosion d'un engin artisanal, sur l'axe entre Ouahigouya et Titao (nord), au passage de leur véhicule qui escortait des commerçants, selon des sources sécuritaires et locales.
Le 23 décembre, une embuscade de groupes armés visant un convoi de ravitaillement composé de civils et de Volontaires de défense pour la patrie (VDP, supplétifs de l'armée) dans la zone de You (nord), avait fait 41 morts, dont le célèbre Ladji Yoro, considéré comme un leader des VDP.
Les violences des groupes jihadistes ont fait depuis six ans plus de 2.000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leur foyer.
Plusieurs militaires sont détenus depuis mi-janvier pour des faits présumés de "tentative de déstabilisation des institutions".
Parmi eux, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, ex-chef de corps du 12e régiment d'infanterie commando, qui était jusqu'à présent commandant du groupement des forces du secteur ouest, engagées dans la lutte antiterroriste.
LOCALES 2022, MACKY VOTERA DANS SON CENTRE DE VOTE HABITUEL
Le président de la République se rendra dimanche au centre de vote du collège d’enseignement moyen Thierno-Mamadou-Sall, son lieu de vote habituel, situé dans la commune de Fatick (centre), pour voter aux élections départementales et municipales
Fatick, 22 jan (APS) - Le président de la République se rendra dimanche au centre de vote du collège d’enseignement moyen Thierno-Mamadou-Sall, son lieu de vote habituel, situé dans la commune de Fatick (centre), pour voter aux élections départementales et municipales, a-t-on appris de source administrative.
Macky Sall, qui sera accompagné de son épouse, va voter au bureau numéro 3 de ce centre, tandis que la première Dame, Marième Faye Sall, votera au bureau 1, a indiqué la même source, sous le sceau de l’anonymat.
Les 10 bureaux de vote du centre de vote qu’abrite ce collège doit recevoir 5.523 électeurs inscrits.
La commune de Fatick compte six centres de vote répartis dans les écoles Thiagoune-Ndiaye, Faye-Dali, Ngor-Ndame-Ndiaye, Khar-Ndoffène-Diouf, Thierno-Mamadou-Sall et Salif-Bâ.
Quelque 6.613.962 Sénégalais se rendront aux urnes, dimanche, pour élire les conseillers de 552 communes et de cinq villes, selon la direction générale des élections (DGE).
La DGE indique que 166 listes sont entrées en compétition pour 43 conseils départementaux, 44 listes pour les villes et 2.939 listes pour les communes. Le collège électoral votera dans 15.066 bureaux de vote répartis entre 6.639 centres de vote, ajoute-t-elle.
TRANSITION AU MALI, L'UA VALIDE LE DELAI DE 16 MOIS
L’Union africaine brise le silence sur les sanctions contre le Mali. Et c’est pour aller dans le sens de la Cedeao.
L’Union africaine brise le silence sur les sanctions contre le Mali. Et c’est pour aller dans le sens de la Cedeao. Considérant les quatre ou cinq ans proposés par la junte, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui s’est réuni la semaine dernière, dénonce, dans un communiqué publié hier, « un allongement indu du processus de transition au Mali ». Cela est, selon l’Ua, « inconstitutionnel, inadmissible, inapproprié et constitue une grave obstruction au processus démocratique dans le pays ». L’organisation continentale souhaite un retour « rapide » à l’ordre constitutionnel et s’aligne sur la proposition de médiation formulée par l’Algérie, c’est-à-dire que 16 mois de transition supplémentaires au maximum avant l’organisation des élections présidentielle et législatives, est « approprié et réalisable ».
LA VIOLENCE CONTINUE AU-DELÀ DES CAMPAGNES À KOUMPENTOUM
La campagne électorale est terminée. Mais, les scènes de violences se poursuivent. À Koumpentoum le sang a encore coulé.
La campagne électorale est terminée. Mais, les scènes de violences se poursuivent. À Koumpentoum le sang a encore coulé.
Plusieurs militants de la coalition "Défar Sa Gokh" ont été blessés suite à des échauffourées. Plusieurs d’entre eux ont été évacués à l’hôpital départemental de Koumpentoum. Un des blessés, devrait être évacué sur Tamba, au vu de son état, confie le responsable de la jeunesse de la coalition Défar Sa Gokh, Isméla Sarr. Ils pointent du doigt le camp du maire sortant. Une semaine déjà, la maison Ibn Taimya Sylla avait été attaquée, dit-il.
MACKY ET ADO, ZELÉS DE L'IMPÉRIALISME FRANÇAIS AU MALI
Les dirigeants de la cedeao et de l'UEMOA n'ont aucune considération pour la sécurité et la souveraineté de la République malienne, encore moins pour le bien-être de son peuple - DÉCLARATION DE YOONU ASKAN WI
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du parti Yoonu Askan Wi /Mouvement pour l’Autonomie Populaire, daté du 22 janvier, à propos des sanctions récemment infliggées au Mali par la CEDEAO, entre autres.
« Lors de leur récent sommet extraordinaire sur la situation au Mali, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont pris des mesures draconiennes contre ce pays frère et son peuple, déjà largement éprouvés par une décennie de guerre sans merci contre le terrorisme. Ces mesures, à la fois inhumaines, parfaitement illégales au regard du Protocole de la CEDEAO et des textes qui régissent son fonctionnement, visent à asphyxier le Mali. Par ces actes, les dirigeants de la CEDEAO et de l’UEMOA, Macky Sall et Ouattara en tête, véritables sous-préfets zélés de l’impérialisme français en Afrique, ont montré qu’ils n’avaient aucune considération pour la sécurité et la souveraineté de la République du Mali, encore moins pour le bien-être de son peuple. Ces décisions, ont été manifestement inspirées par la France et d’autres puissances extérieures, comme l’illustrent la satisfaction non dissimilée et la précipitation du président français, Emmanuel Macron, à pousser ce qu’il considère comme sa victoire jusqu’à faire adopter ces mêmes sanctions par les pays de l’U.E.
Logique du « deux poids, deux mesures » concernant les coups d’Etat militaires et constitutionnels ! Dispositions du Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance, ainsi que de celles de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine ou du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples allègrement convoquées selon une géométrie variable en fonction de la tête du client ! Le fondement du Protocole de la CEDEAO est précisément la libre circulation des personnes et des biens. Et en juillet 2021, lors de sa visite à Paris, le président nigérien, Mohamed Bazoum, rappelait cela lui-même devant monsieur Macron, en soulignant que les textes de la CEDEAO ne prévoient pas la fermeture des frontières entre pays membres.
En violant manifestement les clauses dudit Protocole, les décisions contre le Mali ont accentué le discrédit de la CEDEAO aux yeux de l’écrasante majorité des citoyens de cette Communauté.
En tentant d’asphyxier le Mali, Macky Sall, Ouattara et les autres dirigeants de la CEDEAO portent une très grave responsabilité dans l’issue de la lutte contre le terrorisme, dans l’évolution de la situation de ce pays comme dans le sort des relations entre pays frères de la sous-région.
A la lumière de ces constats, Yoonu Askan Wi /Mouvement pour l’Autonomie Populaire :
Condamne avec la dernière énergie les sanctions illégales et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le peuple malien frère et ses dirigeants, sanctions dont le peuple sénégalais figure aussi au rang des premières victimes,
Dénonce l’attitude honteuse et servile de nombre de dirigeants de la CEDEAO et de l’UEMOA, Macky Sall et Ouattara en tête, vis-à-vis de la France dans sa croisade contre la volonté des dirigeants et du peuple maliens d’assumer leur souveraineté ainsi que leurs responsabilités devant l’histoire,
Exige la levée immédiate du blocus contre le Mali et la reprise du dialogue, tel que préconisé par les autorités maliennes elles-mêmes et certains autres dirigeants africains, afin de trouver une solution qui préserve les intérêts fondamentaux de nos peuples, loin du fétichisme de la fausse démocratie électorale des prédateurs et autres autocrates africains,
Réitère son soutien sans faille au peuple malien dans sa résistance pour assurer sa souveraineté, son indépendance, son unité et son intégrité territoriale,
Appelle toutes les forces démocratiques du Sénégal et de la sous-région à se mobiliser sous diverses formes, y compris au besoin à travers des brigades populaires africaines, aux côtés du peuple malien pour la liberté, l’unité, la sécurité et la prospérité des peuples de notre continent. »
UNE NOUVELLE DE RAMA SALLA DIENG
GOOR YOMBUL, OU UN HOMME VAUT CHER
Dès qu’elle entendit le mot ‘takk’, Buguma, perdit pied. ‘’Takk’’ ainsi que les autres termes wolof relatifs au mariage, la rebutaient. Elle avait toujours trouvé ces mots révélateurs des termes sexistes de l’institution du mariage
Dès qu’elle entendit le mot ‘takk’, Buguma, perdit pied. ‘’Takk’’, littéralement, ‘ligoter’,‘enchainer’, ainsi que les autres termes wolof relatifs au mariage, la rebutaient. Elle avait toujours trouvé ces mots si peu poétiques et révélateurs des termes sexistes de l’institution du mariage par rapport à la jeune mariée, malgré les explications de sa mère.
Serign-Kemtaan-Men-Lep [1]se redressa sur son tapis et se gratta le front comme à chaque fois qu’il était perplexe. Cela faisait une demi-heure que l’homme qui était venu lui rendre visite lui racontait à quel point il avait besoin de son aide pour obtenir l’immunité. L’homme avait réalisé une transaction foncière importante avec Mercenaire, le représentant d’une compagnie originaire de Dëkk-bi-fog-ni-moo-nu-moom, l’ancien colonisateur du Galguisen. Le lamaan-boromsuuf[2]de Figaalgiteene, un village de la Vallée du Fleuvelui reprochait de ne pas l’avoir consulté car il avait autorité sur la terre, toute la terre autour de la vallée du fleuve : Walo et Jeeri[3]. Seulement, l’homme pensait que cette autorité était maintenant entre les mains des communautés rurales avec les lois sur la décentralisation des années 90 et ne lui avait donc pas versé de ndaalu[4]. En réponse, le lamaan-boromsuuf avait juré que l’homme n’obtiendrait jamais la terre et avait menacé de le ‘travailler’ pour qu’il ne soit pas réélu.
En cette période pré-électorale, l’homme avait peur que le contrat aakimoo-suuf[5] qu’il avait conclu avec Mercenaire ne lui coûte son poste et il ne souhaitait pas que le scandale éclate. Le marabout se gratta la tête encore plus nerveusement devant l’exposé de la situation. Puis il cessa son geste quand il réalisa que cela pourrait trahir son trouble. Sa mère lui interdisait ce geste quand il était petit. Puis quand il était devenu un homme : ‘un homme doit faire ceci, il doit éviter cela, etc.’ Et la liste de ce qu’était un homme, ‘un vrai’ selon sa mère, était longue : il fallait avoir un travail décent, pouvoir résoudre les problèmes de sa famille, savoir se faire respecter des femmes, bref, ‘être capable’ de tout, en toutes circonstances. Elle concluait toujours ses longues tirades par :’Goor Yombul’[6].
Pour se calmer, le marabout se mit à penser à la somme rondelette qu’il aller réclamer pour cette opération. Son sourire se fit brusquement carnassier. Sa mère serait fière de lui si elle le voyait aujourd’hui. Il était devenu un homme puissant, écouté, respecté et obéi. La population du Galguisen, religieuse et croyante était grande consommatrice de services maraboutiques. Il jouait alors sur la crainte, l’immatériel, l’inexistant car dans ce monde-là, tout était possible. Serign-Kemtaan-Men-Lepp était devenu plus que capable et il avait tenu à le signifier en choisissant son nom de marabout : ‘le marabout-omnipotent-faiseur de miracles’.
Il ordonna à l’homme une liste de sacrifices à réaliser et lui imprima une facture avec le montant des honoraires pour la consultation. A l’opposé de beaucoup d’autres marabouts, Serign-Kemtaan-Men-Lepp avait fait des études universitaires et possédait un vrai bureau avec un ordinateur portable et une imprimante. Il avait une secrétaire et parlait quatre langues étrangères pour ses affaires. Il disait avoir abandonné son affaire ‘B&B’ pour se consacrer à la noble mission qui lui avait été révélée car un tel pouvoir ne saurait rester caché et il se devait de l’utiliser pour abolir les souffrances des personnes qui l’entouraient.
Serign-Kemtaan-Men-Lepp pour mettre un terme à l’entrevue, s’adressa à l’homme d’un ton qui lui fit lui-même froid dans le dos : ‘melal ni say aajo fajuna’[7].
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Trois mois plus tard, dans le quartier de Patdwa, situé à Ndakaaru, se tenait cet échange :
- Ndayu-Mbilligi, merci de l’accueil chaleureux. Je commence cependant à m’impatienter car Buguma n’est même pas là pour m’accueillir et le mariage n’a toujours pas été célébré. J’espère officialiser l’union avant ma tournée à l’intérieur du pays. Je vais officiellement envoyer mes proches demander sa main avant la fin de ce mois.
- Buursaayna,Na sa xel dall. Yonnel say mbokk ma may la jabar.[8]
En s’entendant faire une telle promesse, Ndayu-Mbilligi sursauta, paniquée. Que ferait-elle si elle perdait ce gendre idéal qui occupait une place importante dans le comité du Nguur de Galguisen ? Elle-même avait mis les bouchées doubles pour son invité : Cuuray[9] à gogo, mets délicieusement cuisinés et dont l’odeur vous accueillaient à la porte, servis dans la vaisselle qu’elle avait ramenée de son voyage àde Dubaay, elle ne laissait rien au hasard. Il fallait que le poisson morde à l’hameçon, mieux s’étrangle avec!
Dès son entrée dans la maison de Ndayu-Mbilligi,Buursaayna, accompagné de son griot et conseiller Kanté, avait étalé ses largesses aux habitants de la maison : un cuub fara-fara[10] commandé spécialement du Mali pour la maitresse des lieux, deux IPad pour Saer et Yunuss, puis s’ensuivit une longue distribution de billets de banque.
Que ferait-elle si elle perdait cette manne financière que lui enviaient ses amies du quartier ? Cela faisait maintenant deux mois que Buursaayna qui avait le même âge qu’elle venait lui rendre visite au sujet de sa fille ainée de 26 ans, Buguma. Il voulait maintenant une réponse ferme car cette dernière allait retourner à Figaalgiteene dans quinze jours pour terminer son enquête de terrain dans le cadre de sa thèse de doctorat. Ndayu-Mbilligi ne comprenait pas Buguma, cette dernière était trop éduquée et elles n’arrivaient jamais à communiquer. Pourquoi Buguma n’était-elle pas comme Maajigeen sa petite sœur qui s’était mariée durant sa deuxième année de licence et qui lui avait donnée depuis un beau petit-enfant, Taawbugoor. Maajigeen ne s’était pas pourtant faite prier car elle voulait plus que tout entrer dans le cercle très « couru » de ses jeunes mariées de copines.
Buguma elle, lui mettait plus de bâtons dans les roues : elle parlait de droits, de révolution et d’équité ! Elle était obsédée par sa recherche et ne l’écoutait jamais quand elle lui disait que la ménopause approchait à grands-pas. Celle-ci ne voulait pas se marier avant la fin de son doctorat.
Récemment revenue à Ndakaaru pour un mois, elle restait chez sa mère deux semaines, et logeait à Kolaudel le reste de son séjour avant de retourner à Figaalgiteene bientôt. Elle lui tenait fermement tête depuis qu’elle lui avait interdit la zone Fann-Point-E-Plateau et surveillait ses moindres déplacements de peur qu’elle ne se remette à fréquenter de nouveau son amoureux d’opposant politique. Ndayu-Mbilligi pensait que « ses lois de l’immigration » si fermes feraient à sa jeune Ndate Yalla se languir de son bon-à-rien de bien-aimé et se laisser mettre la bague au doigt par le révéré Buursaayna!
Le copain de sa fille était un jeune Ngembicain Nadem Nademademdem, idéaliste qui n’avait aucun métier respectable sinon celui d’opposant au régime en place en Ngembique qu’il espérait un jour renverser. Buguma semblait indifférente au chantage de sa mère et pis avait l’air d’avoir tout son temps pour relever le défi que lui avait lancé celle-ci! Elle allait à son wolonteeru-non-remunéré-mais-en-contrepartie-de-laquelle-elle-aurait-une-grande-experience-du-plaidoyer-au-sein-d’une-grande-ONG chaque jour, affronter ses deux superviseurs qui l’exploitaient et l’accablaient de travail. Elle revenait éreintée mais Ndayu-Mbilligi ne se laissait pas berner par cette fatigue feinte car elle savait sa fille excitée par son immersion dans cette organisation qui défendait la liberté d’expression et les droits humains même si elle se plaignait que l’ONG en question avait oublié les droits de ses employé-e-s, ’di digle cangaay te dugnu sanggu’[11].
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Ndayu-Mbilligi soupira en pensant à l’ingratitude de sa fille qui, au lieu de rester à ses côtés pour reprendre son ‘bizness’[12] qu’elle avait commencé quelques années auparavant, ne parlait que de retourner à Figaalgiteene pour faire ses interviews. Ces dernières années déjà, Malamin son cadet avait pris soin de la fratrie mais lui a refilé le fardeau dès son retour en invoquant le droit d’aînesse et s’était enrôlé dans l’armée galguisennaise, fatigué de sa vie de chômeur. Il avait été envoyé en mission au Mali et donnait très peu de nouvelles. S’enrôler dans l’armée ? C’était la faute du Nguur qui n’arrivait pas à créer des emplois pour les diplômés-chômeurs mais les envoyait mourir pour réduire leur nombre! Ndayu-Mbilligi, amère comme à chaque fois qu’elle pensait à Malamin, n’arrivait pas à comprendre que son fils n’ait pas réussi sa vie en suivant le chemin qu’elle lui avait tracé.
‘Tchiip’, Ndayu-Mbilligi émit ce son qui valait tous les mots lorsqu’elle était dépitée et en colère. Elle repensa de nouveau à Buguma. Elle n’arrivait pas à lui faire comprendre qu’il y avait bien plus important dans la vie d’une jeune femme que les études! Elle-même s’était mariée à seize ans! En plus, Buguma risquait de faire fuir le peu de soupirants qu’elle avait en étant si diplômée. Qu’attendait-elle donc ? N’avait-elle pas appris de sa propre expérience ? Elle, Ndayu-Mbilligi, la femme d’affaires veuve avait eu comme couronnement d’une vie, deux « sœurs » une qui n’est pas allée très loin dans les études et plus âgée qu’elle, et une autre ‘intellectuelle’ qui avait un an de moins que Buguma au moment du mariage ; que son mari, Alaaji Zolikeer de son vivant, allait rejoindre chacune deux nuits sur sept, à tour de rôle. Mais c’est à elle, petite-fille d’AlburyNjaay, Buurba[13] Jolof que son mari accordait trois nuits. Et cela après qu’elle lui ait acheté une voiture au retour du troisième ‘Haj’[14] qu’elle lui avait offert et ajouté un autre étage à leur maison de trois niveaux.
Le nombre d’étages est un signe extérieur de richesse, peu importe si les fondements de la maison le permettaient. Alaji Zolikeer s’en était allé, il y a deux ans, mort d’une crise cardiaque dans les bras d’une jeunette mais cela, elle Ndayu-Mbilligi avait évidemment veillé à ce que personne n’en sache jamais rien. Buguma n’avait-elle donc pas conscience de tous les sacrifices qu’elle avait faits pour leur bien-être car elle était restée avec Alaji Zolikeer pour l’équilibre familial.
Ou était-elle d’ailleurs ? Que lui préparait-elle donc? Elle était la seule à ne pas répondre à l’appel marital : toute la famille était là pour l’occasion et attendait de jouer sa partition, sauf elle. Saer-Bënële feignait de lire en gardant un œil bienveillant sur la table somptueusement dressée, de temps en temps il se tournait vers de son cadet Yunuss Dëgër-Bopp, le petit dernier qui n’arrêtait pas de tomber de son vélo pour y remonter pour retomber. Elle pensa alors à Maajigeen sa fille à elle qui la secondait dans ses affaires. Maajigeen, sa préférée qui était partir s’installer chez sa belle-famille, comme le voulait la coutume. Elle lui avait donnée un beau petit-fils mais Ndayu-Mbiligi attendait plus que tout les petits-enfants que lui donneraient ses fils, à qui il revenait de perpétuer le patronyme familial.
Ndayu-Mbiligi soupira. De toute la journée, Buguma n’était apparue que pour manger, l’avait un peu aidée à faire les comptes de la semaine pour le magasin du marché Achelem et les deux de Sindaga, puis s’était retirée « dans ses appartements ». Résolument, Ndayu-Mbilligi promit d’un ton encore plus ferme à Buursaayna : Alxames bi mujj si weer bi nga yonne ma say mbokkma mayla jabbar[15]martela-t-elle en se levant pour rajouter deux fois plus d’encens dans le « and[16] » comme si cela pouvait conjurer le sort très certainement jeté sur sa fille. Car celle-ci ne pouvait avoir toute sa raison!
Buursaayna la remercia avant de prendre congé. Une fois dans sa voiture, il dansa de soulagement. Il allait unir sa voie à celle de ‘l’élue’. Ses soucis seraient bientôt terminés.
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Dans le bus 23 qui la ramenait chez elle à Patdwa, Buguma repensait à ses activités de ce mois de mai chargé et dont elle avait hâte de voir la fin. Plus que quelques jours se dit-elle. Elle aurait pu prendre le bus 6 ou le P1 qui étaient plus rapides mais préférait le 23 qui lui permettait d’avoir tout le loisir de lire ou de rêvasser. A la radio, Professeur Jallo Joob s’exprimait sur le parti politique qu’il dirigeait et qui avait été créé clandestinement par l’illustre anthropologue, historien et homme politique dont le nom fut donné à l’Université de Ndakaaru. Sa pensée alla alors à un autre frère Blondin Joob, qui était mort au même âge qu’elle, dans sa cellule de prison à Gorée. Elle était fascinée par Omar, ce brillant jeune révolutionnaire dont les circonstances de la mort restait toujours non-élucidée même si l’administration pénitentiaire et les autorités politiques de l’époque avaient avancé l’hypothèse d’une mort par pendaison dans la nuit du 10 au 11 mai 1973.
Pour sa part, après avoir décortiqué tous les articles de presse, le livre blanc du Nguur de l’époque et la lettre de Ndakaaru publiée en 1978, elle était persuadée qu’Omar avait été assassiné. Fort de cette conviction, elle avait proposé un article dans le bulletin d’information de son ONG, sous forme de lettre ouverte au nouveau Nguur galguisennais, lui demandant de rouvrir les dossiers d’Omar Blondin Joob et de Suus Baabakar Sey, une autre personnalité assassinée. Elle attendait toujours le retour de son superviseur pour savoir si l’article serait publié ou non.
Quelques minutes plus tard, Bob Marley fredonnait ‘Redemption Song’. N’était-ce pas ironique, ne put-elle s’empêcher de penser, que Bob Marley et Omar Blondin Joob soient tous les deux morts le même jour et que la jeunesse galguisennaise célèbre plus Marley que leur compatriote. Après tout pensa-t-elle ce qui importe c’est la conclusion de Thomas Sankara, Ancien Buuru Dekku-Gor-yi[17], une autre des figures qui l’inspiraient : ‘les individus peuvent être assassinés, pas les idées’. Cette pensa ne la réconforta que peu.
Le bus qui freinait brusquement à hauteur du Stade Demba Joob la ramena à la réalité. Maintenant, il allait rouler doucement jusqu’à la Sitedeezo à partir d’où il allait commencer à ramer tranquillement jusqu’à la station Mobile Garan-Medin où son trajet s’arrêtait. Et elle terminerait son chemin en prenant un taxi ‘kalando’[18]. Parfois quand elle était plus ‘en forme’, elle s’arrêtait à la police des Parcelles-Yi-Dessee-Set puis marchait le reste du trajet. Pour l’instant, elle pensait davantage à ceux et celles qui étaient à l’avant du véhicule. Comme elle était assise derrière, elle n’étouffait pas autant que ces derniers, confrontés aux ‘humeurs’ et relents de corps actifs au repos cherchant à investir chaque bout d’espace disponible.
Le bus était maintenant arrivé au rond-point Liberté 6 et s’était immobilisé, elle aperçut une affiche d’Ellari Kiris-Koros, Envoyée de Dekk-Bi-Epp-Doole-Yepp, le pays le plus puissant, certainement lors de sa visite à Ndakaaru au début du mois et eut une moue incontrôlée. Elle repensa à son discours plein d’espoir’ sur l’avenir radieux promis à la démocratie galguisennaise et ne put s’empêcher de faire le parallèle avec le discours paternaliste et humiliant tenu par le Buuru Dekk-bi-fog-ni-mo-nu-moom Nitki Sarkastik à Ndakaaru en 2007. Elle en avait marre de ce néo-impérialisme et pensait que seule Nguurgurafet, un mode de gouvernement équitable et endogène, pouvait permettre au Galguisen et aux autres pays africains d’aller de l’avant et non pas les recettes de ‘bonne gouvernance’ toutes faites importées et imposées par les grandes Institutions-Jumelles-Associées basées à Nioko-Yor.
A ce moment, elle entendit à la radio, M. Polotik revenir sur les incidents du dimanche dernier en Ngembique. Trois galguisennais avait était exécutés par le Buur de Ngembique, un petit Etat enclavé voisin du Galguisen. L’ONG pour laquelle elle travaillait avait déjà publié plusieurs dépêches, rapports et fait des communications pour pousser le Nguur Galguisennais à réagir fermement à ce nouvel affront du Buuru Ngembique qui se pensait tout-puissant. Elle-même avait passé sa journée à un sit-in devant l’ambassade de Ngembique et était frustrée par cette affaire.
**** Buguma ferma les yeux et préféra penser au sujet qui la préoccupait : sa recherche sur les contrats aakimoo-suuf qui avaient eu lieu à Figaalgiteene en octobre dernier. Ces contrats aakimoo-suuf portaient sur plus de 18 000 hectares accordés à un investisseur privé pour la production de patates douces et d’éthanol et 4 500 hectares accordés à un autre investisseur dont l’identité restait à déterminer pour qu’il établisse une ferme nommée Saa-baay-a-gën-sa-bosprès de Figaalgiteene. Ces contrats qui avaient dépossédé certaines populations de la terre qu’ils cultivaient ou les avaient contraints à se déplacer avaient poussé les populations locales à se soulever violemment contre les comités ruraux représentant le Nguur au niveau local depuis la décentralisation. Ces soulèvements répétés avec le soutien d’ONG locales avaient fait quatre morts et plusieurs blessés contraignant le Nguur à suspendre provisoirement les activités des investisseurs. Buguma cherchait à documenter les processus, acteurs et résultats des contrats aakimoo-suuf à Figaalgiteene depuis les politiques agricoles qui devaient permettre l’autosuffisance alimentaire à Galguisen.
Cependant, son enquête de terrain qu’elle avait commencé il y a plus de 6 mois lui donnait du fil à retordre : si elle avait pu obtenir des informations sur le premier cas de 18 000 hectares, elle se heurtait au silence et au manque de coopération des investisseurs et travailleurs de la ferme Saa-baay-a-gën-sa-bos. Ceux-ci refusaient de répondre à ses coups de fil, ne voulaient pas la recevoir ou participer au groupe de discussion qu’elle avait organisé il y a six mois lorsqu’elle élaborait son questionnaire qu’ils refusaient maintenant de renseigner. Elle ne savait plus quoi faire. Elle redoutait le moment où elle allait rencontrer le délégué du comité rural de Figaalgiteene qui avait signé le contrat. Non pas par peur car Buguma n’avait peur de rien, mais elle souhaitait avoir le tact qui lui faisait tant défaut, pour ce jour-là amener le délégué à répondre à ses nombreuses questions.
Le long râle du bus qui freinait sortit Buguma de sa torpeur, lui faisant remarquer qu’il était temps pour elle de descendre. Buguma fut accueillie par Bajjan, la sœur de son défunt père qui la serra dans ses bras en lui disant que sa mère, Ndayu-Mbilligi l’avait chargée de lui transmettre un message. Buguma opina du chef et se laissa guider par sa tante vers la maison familiale. Elle était surprise que Ndayu-Mbilligi ait chargé Bajjen de quelque chose car les deux femmes se parlaient rarement, Ndayu-Mbilligi disant du mal de Bajjan à chaque fois qu’elle le pouvait, lui reprochant d’avoir poussé son frère Alaji Zolikeer à lui trouver des ‘sœurs’. Bajjan pour sa part reprochait à Ndayu-Mbilligi ses nombreux déplacements à l’étranger et sa richesse subite. Buguma ne comprenait pas comment ces deux femmes qui étaient les meilleures amies du monde étaient devenues si distantes. La dernière fois qu’elle avait vu Bajjan c’était au baptême de Taawbugoor et avant cela le mariage de Maajigeen.
- Buguma, ma fille, mon ainée, j’ai tant attendu ce jour que j’ai cru qu’il n’arriverait pas. Ton oncle Mayekat-bi et moi avons discuté jeudi dernier après que j’ai été informée par ta mère que l’événement aurait lieu aujourd’hui. Il a de son côté contacté le responsable du quartier Kilifë-Kogn-bi et Xaritu-benn-Bakkan, l’ami de ton père pour qu’ils puissent procéder au ‘Takk’, le mariage.
Dès qu’elle entendit le mot ‘takk’, Buguma, perdit pied. ‘’Takk’’, littéralement, ‘ligoter’, ‘enchainer’, ainsi que les autres termes wolof relatifs au mariage : ‘Maye’ : donner en mariage, donner carrément, la rebutaient. Elle avait toujours trouvé ces mots si peu poétiques et révélateurs des termes sexistes de l’institution du mariage par rapport à la jeune mariée, malgré les explications de sa mère. Selon cette dernière, vouloir juger une culture avec des concepts et des réalités étrangers était une initiative vide de sens. Par le passé, le mariage était une manière pour deux familles de raffermir leurs liens et de s’allier. Malgré cela Buguma parlait d’‘objectification’ de la jeune femme et détestaient ces mots. Il y avait aussi l’expression qu’elle venait d’entendre Bajjan prononcer comme à travers un cauchemar : ‘So demee sa ker jekker, bul seyi, seeyil’ : ‘quand tu iras t’installer dans la maison de ton mari, ne sois pas seulement sa femme, mais ne forme plus qu’un avec lui et sa famille’, en écho a ces paroles, elle entendait : ‘Fonds-toi’.
****
Durant cet après-midi de novembre, le Délégué du comité rural était pris de panique. Il venait de terminer une réunion de comité avec le Buuru Galguisenn qui venait de lui signifier que s’il n’arrivait pas à justifier qu’il n’y avait aucun contrat aakimoo-suuf dans la semaine suivante pour faire taire les rumeurs, il n’hésiterait pas à se séparer de lui. Le délégué n’avait pas l’immunité malgré son cumul de fonctions et il voulait conserver ses deux positions. Il se dépêcha d’aller chercher Serign-Kemtaan-Men-Lepp pour l’amener à sa réunion de 14 heures. Depuis le début de leur collaboration, Serign-Kemtaan-Men-Lepp s’était montré très imprévisible. Ce dernier lui avait donné l’ordre de réaliser un sacrifice humain puis s’était ravisé pour lui demander d’épouser cette jeune femme qu’il lui avait décrite de manière précise. Cette femme était l’élue, selon Serign-Kemtaan-Men-Lepp, et l’épouser lui permettrait d’avoir l’immunité pour être invincible aux prochaines élections.
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Buguma relisait nerveusement son questionnaire. Elle se forçait à se retenir d’empoigner le Délégué dès qu’il franchirait la porte de ce bureau ou son assistante l’avait installée quelques minutes plus tôt. Elle vérifia une énième fois son apparence dans le miroir en face d’elle et observa ses yeux bouffis à force de cumuler des nuits blanches. Ses gros yeux qu’elle avait hérités de sa mère Ndayu-Mbilligi qui l’avait déshéritée depuis qu’elle lui avait signifié devant les parents de Buursaayna qu’elle ne se marierait jamais avec ce dernier. Qu’elle ne voulait pas d’un mari dont elle ne serait pas l’égale. Un mari qui la couvrait de cadeaux alors qu’il ne pouvait lui faire l’honneur de la considérer, de lui parler, de lui demander ce qu’elle pensait du ‘takk’. Un mari qui ne ferait que la montrer à des réunions politiques ou pour inaugurer des chrysanthèmes comme disait un fameux général. Elle ne voulait pas d’un mari qui l’exhiberait comme un trophée mais qui lui demanderait son opinion sur la campagne électorale.
A la fin de sa longue tirade, sa mère s’était levée et lui avait hurlée :’ Et tu te prends pour une femme ! Une intellectuelle! Tu ne connais rien de la vie ma petite Buguma. Tu penses que tu peux être l’égale des hommes ! N’es-tu plus croyante ? Je me demande comment tu as pu sortir de mes entrailles et me ressembler si peu ! Je ne comprends plus ce monde où les femmes veulent être des hommes et les hommes ne sont plus capables d’être de vrais hommes. Est-ce que tu as oublié l’histoire de Malamin ? Ton propre frère qui préférait fréquenter des hommes qui satisfaisaient ses moindres désirs au lieu de se trouver un travail et une femme !? Malamin, qui a préféré rejoindre l’armée surement pour avoir davantage d’hommes autour de lui ? Tu veux être la deuxième honte de cette famille ? Le Bon Dieu te donne la chance d’avoir un vrai homme, capable de te prendre en charge et de régler définitivement les besoins de notre famille, et tu veux cracher dessus ? Buguma, ne comprends-tu pas que ‘Goor Yombul’[19] ? Tant que tu ne reviendras pas à la raison, je ne veux plus te voir. Je veux que tu dégages de ma maison et surtout ne laisse aucune miette de tes idées de féministe occidentale désorientée dans cette maison.’ Puis elle lui avait craché au visage et était sortie.
****
Buguma inspira profondément en pensa en son for intérieur : ‘si être féministe, c’est refuser d’être étrangère à mon propre mariage et à ma vie, si être féministe c’est me battre pour ne pas être une citoyenne de seconde classe, si être féministe, c’est refuser d’être traitée comme de la merde par une société patriarcale qui établit des privilèges pour certains et asservit l’autre moitié de la population, alors je suis féministe maman.’ Buguma se regarda encore dans le miroir, elle avait enveloppé ses longs locks dans un foulard assorti à sa tenue de wax ‘woodin’ que son frère Malamin lui avait offert. Elle pensa à lui nostalgique, Malamin le chômeur à qui sa mère passait tous les caprices. Malamin, son petit frère qui avait le droit de sortir n’importe quand et revenait à des heures indues alors que son couvre-feu à elle était 19h30. Malamin dont elle lavait les habits avant que Ndayu-Mbilligi ne décide de lui trouver une petite bonne comme il grandissait. Buguma et Maajigeen était leur propre bonne, car elles étaient des jeunes filles ‘appelées à être des épouses respectables’, d’ailleurs Buguma était contre le principe d’avoir une bonne chez soi, car ces dernières étaient payées une misère, et traitées de manière très injuste par des patronnes qui cherchaient à maximiser leur budget. Malamin, qui dormait jusqu’à 13h tous les jours et ne se réveillait que pour manger dans la maison familiale qu’il appelait son ‘B&B’, son ‘Bed & Breakfast’[20]. Les larmes lui aveuglaient la vue quand elle pensa à combien son frère lui manquait. Elle pensa au fait qu’elle n’avait plus aucune nouvelle de lui depuis plus de deux ans. Depuis que sa mère l’avait jeté à la rue quand elle avait découvert son secret. C’est ainsi que la société galguisennaise gérait ce qu’elle ne voulait pas comprendre : la fuite, le mépris et le rejet au lieu de promouvoir le dialogue où de chercher à comprendre. Comprendre que certains ‘maux’ de la société n’en sont pas. Que ce sont les mots qui créent les maux.
La porte s’ouvrit soudain. Buguma n’en revenait pas. Malamin était la devant lui, en habits de marabout. Il était accompagné d’une autre personne surement le délégué qui la fixait intensément. Le délégué de Figaalgiteene, Buursaayna n’arrivait pas à détacher son regard de Buguma, la jeune femme que Serign-Kemtaan-Men-Lepp lui avait recommandée d’épouser. ‘L’élue’ qui devait résoudre ses problèmes mais qui avait humilié ses parents le jour où ils se sont présentés chez Ndayu-Mbilligi, sa mère, pour célébrer leur union.
Maajigeen : Prénom féminin, choisi dans ce texte par ce qu’il contient le mot femme en wolof : ‘jigeen’
Ndakaaru : Ville imaginaire, Dakar en wolof
Kolodel : Résidence universitaire pour jeunes filles imaginaire construit sur une wolofisation de l’actuelle résidence Claudel à Dakar
Ndate Yalla (Mboj) : Dernière Lingeer (Reine) du Royaume du Walo, un ancien royaume du Sénégal. Elle fut une combattante, une éducatrice, une mère et une figure emblématique de la résistance coloniale.
Nadem Nademademdem : Refrain wolof scandé en général dans les manifestations politiques ou publiques et signifiant : ‘Qu’il (ou elle) parte! Qu’il (ou elle) parte! Qu’il (ou elle) parte! (Nous n’en voulons plus comme dirigeant (e).
Alaaji Zolikeer : Elhadj est le titre donné à tout homme qui a effectué le pèlerinage à la Mecque,ce terme est wolofisé dans ce texte et de même que ‘Zoliker’ : Joli-cœur en français, séducteur Saer-Bënële : Saer-le-gourmand
Yunuss Dëgër-Bopp : Yunuss-le-têtu
Patdwa : Quartier imaginaire, pouvant être considéré comme une wolofisation de l’actuel quartier de la ‘Patte d’Oie’ à Dakar
Sitedeezo : Quartier imaginaire, pouvant être considéré comme une wolofisation de l’actuel quartier de la ‘Cité des Eaux’ à Dakar
Garan-Medin : Quartier imaginaire, pouvant être considéré comme une wolofisation de l’actuel quartier de ‘Grand-Médine’ à Dakar
Parcelles-Yi-Dessee-Set : Quartier imaginaire, construit par opposition à l’actuel quartier de la banlieue de Dakar, ‘les Parcelles Assainies’ qui ne sont pas aussi propres que leur nom le laisse penser.
Buur : Roi (Reine) ou Président-e
Ellari Kiris-Koros : Nom imaginaire, Kiris-Koros est une wolofisation du groupe de rap américain des années 90, Kriss Kross
Nitki Sarkastik : Nom imaginaire, littéralement :l’homme sarcastique Saa-baay-a-gën-sa-bos : Nom imaginaire, littéralement : ‘Mon père vaut mieux que le tien’
Bajjan : La marraine
Mayekat-bi : le marieur (le donneur en mariage)
Kilifë-Kogn-bi : le responsable du quartier
Xaritu-benn-Bakkan : l’ami de longue date
Goor Yombul : Littéralement : ‘un homme vaut cher’ signifie que tous les hommes ne sont pas considérés comme ‘hommes’, renvoie à la construction de la masculinité en fonction de la ‘capacité’ à être homme. Cette capacité est socialement définie en termes de pouvoir économique et sociale, de la capacité à se faire respecter des femmes et surtout de la sienne. Cette capacité est aussi définie sexuellement à travers la notion de virilité et de sa capacité à ‘avoir’ plusieurs femmes.
Par opposition, la fémininité qui définit la construction sociale des attributs propres aux femmes renvoie à la soumission, l’obéissance, la douceur, etc. Si ces notions de masculinité et de fémininité sont quelques peu relatives car définies spatio-temporellement, quelques attributs sont universellement reconnus comme ‘masculins’ ou comme ‘féminins’. Ce texte illustre ces concepts dans la société ‘wolof’.
[1] Un lexique des noms propres est disponible à la fin du texte.
SANCTION SANITAIRE CONTRE PEKIN, 44 VOLS AMERIQUE CHINE SUSPENDUS
Les États-Unis annoncent la suspension de 44 vols à destination de la Chine par des compagnies chinoises, et ce, à compter du 30 janvier prochain. Une décision qui fait suite à la suspension par la Chine de vols américains, en raison d’infections Covid.
Les États-Unis annoncent la suspension de 44 vols à destination de la Chine par des compagnies chinoises, et ce, à compter du 30 janvier prochain. Une décision qui fait suite à la suspension par la Chine de vols américains, en raison d’infections Covid.
Comme une sorte de disjoncteur des liaisons aériennes en provenance et vers les destinations à risque Covid, depuis le printemps 2020 la Chine applique la stratégie dite du « coupe-circuit », avec une règle simple : si cinq cas positifs sont rapportés sur un vol, le transporteur ne pourra plus assurer de liaison vers la Chine pendant deux semaines. Si c’est plus de dix cas, la suspension passe à quatre semaines. C’est au nom de ce principe que les autorités chinoises de l’aviation civile ont suspendu 20 vols d’United Airlines, 10 d’American Airlines et 14 de Delta Airlines à la fin de l’année dernière.
Règles sanitaires très strictes
Cette décision a provoqué la colère de Washington qui dénonce une « action unilatérale » de la Chine à l’égard de ses compagnies. Pour l’ambassade de Chine aux États-Unis, ces mesures de rétorsions américaines sont jugées « très déraisonnables » alors que la même règle est appliquée de manière « équitable, ouverte et transparente » à tous les transporteurs. Des mesures sanitaires strictes qui, selon les compagnies étrangères, sont de plus en plus difficiles à respecter avec Omicron.
Pour éviter des contaminations, les équipages chinois sont soumis à des procédures drastiques, comme en témoignent les images sur les réseaux sociaux montrant régulièrement des pilotes et des personnels de bords chinois tirant leurs valises en combinaisons PPE dans les aéroports, et cela, après avoir été conseillés de porter des couches pour éviter toute infection aux toilettes.
Même chose pour les appareils : un avion de Delta Airlines a ainsi dû récemment faire demi-tour en plein ciel afin de se conformer aux règles de nettoyage imposées par l’aéroport international de Shanghai.
Des mesures qui ont considérablement ralenti le trafic et fait exploser les prix des billets. Afin de contrer cette inflation, les expatriés en Chine tentent d’organiser des charters.
La Chine a pratiquement fermé ses frontières aux voyageurs, réduisant le nombre total de ses vols internationaux à 200 par semaine, soit 2% des niveaux d’avant la pandémie, a déclaré en septembre dernier l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC) cité par l’agence Reuters. Cette même administration estimant le retour à la normale du trafic pas avant l’année prochaine.
TRANSITION AU MALI, L'UA VALIDE LE DELAI DE 16 MOIS
L’Union africaine brise le silence sur les sanctions contre le Mali. Et c’est pour aller dans le sens de la Cedeao.
L’Union africaine brise le silence sur les sanctions contre le Mali. Et c’est pour aller dans le sens de la Cedeao. Considérant les quatre ou cinq ans proposés par la junte, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui s’est réuni la semaine dernière, dénonce, dans un communiqué publié hier, « un allongement indu du processus de transition au Mali ». Cela est, selon l’Ua, « inconstitutionnel, inadmissible, inapproprié et constitue une grave obstruction au processus démocratique dans le pays ».
L’organisation continentale souhaite un retour « rapide » à l’ordre constitutionnel et s’aligne sur la proposition de médiation formulée par l’Algérie, c’est-à-dire que 16 mois de transition supplémentaires au maximum avant l’organisation des élections présidentielle et législatives, est « approprié et réalisable ».
CAMPAGNE ELECTORALE, LA COALITION AND LIGGEY ENREGISTRE DEUX MORTS PAR ACCIDENT
Deux morts et plusieurs blessés graves, c’est le bilan de l’accident noté dans le cortège de la coalition "And Liggey Sunu Gox". L’accident a eu lieu sur la route nationale numéro 1 entre Goudiry et Boynguél Bamba.c
Deux morts et plusieurs blessés graves, c’est le bilan de l’accident noté dans le cortège de la coalition "And Liggey Sunu Gox". L’accident a eu lieu sur la route nationale numéro 1 entre Goudiry et Boynguél Bamba. En effet, un mini-car en partance pour Tambacounda a gravement heurté une moto qui supportait deux jeunes de la coalition "And Liggey sunu Gox" dans le cadre de la clôture de la campagne électorale. Ces derniers ont rendu l’âme. Plusieurs blessés ont été évacués à l’hôpital régional de Tambacounda.