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16 juin 2025
L' ARTP SANCTIONNE ORANGE FREE ET EXPRESSO
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a déclaré jeudi avoir pris des sanctions à l’encontre des opérateurs de téléphonie mobile Free, Expresso Sénégal et la Sonatel,
Dakar, 9 déc (APS) – L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a déclaré jeudi avoir pris des sanctions à l’encontre des opérateurs de téléphonie mobile Free, Expresso Sénégal et la Sonatel, en raison de manquements observés dans la qualité de leurs services.
Dans un communiqué, l’organe de régulation précise avoir pris des ‘’sanctions’’ à leur endroit à cause ‘’des manquements constatés dans la qualité de service’’.
L’ARTP leur reproche d’avoir manqué aux ‘’obligations contenues dans les cahiers des charges’’, les contrats qui les lient à elle.
Une pénalité de 1 milliard 28 millions 466 mille 443 francs CFA hors taxes est infligée à l’opérateur de communications électroniques Expresso Sénégal, selon le communiqué.
L’opérateur Free, également mis en cause, doit s’acquitter du paiement de 2 milliards 528 millions 108 mille 92 francs CFA, indique la même source. Un montant ne prenant pas en compte les taxes liées à la pénalité.
La Sonatel, elle, doit payer 16 milliards 727 millions 712 mille 422 francs, hors taxes, pour les manquements qui lui sont reprochés.
L’ARTP déclare avoir pris ces mesures à la suite d’‘’une large campagne de mesure de la qualité de service et de la couverture des réseaux mobiles 2G, 3G et 4G exploités par les [mêmes] opérateurs, sur l’ensemble du territoire national’’.
Elle précise leur avoir transmis, ‘’par respect pour le principe du contradictoire’’, les résultats de ladite campagne.
Selon le communiqué, la Sonatel, Free et Expresso Sénégal ont fait parvenir au régulateur des télécommunications ‘’leurs observations, qui ont été bien analysées’’.
LA SONATEL, FREE ET EXPRESSO FRAPPÉS AU PORTEFEUILLE
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes a déclaré jeudi avoir pris des sanctions à l’encontre des opérateurs de téléphonie mobile, en raison de manquements observés dans la qualité de leurs services
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a déclaré jeudi avoir pris des sanctions à l’encontre des opérateurs de téléphonie mobile Free, Expresso Sénégal et la Sonatel, en raison de manquements observés dans la qualité de leurs services.
Dans un communiqué, l’organe de régulation précise avoir pris des ‘’sanctions’’ à leur endroit à cause ‘’des manquements constatés dans la qualité de service’’.
L’ARTP leur reproche d’avoir manqué aux ‘’obligations contenues dans les cahiers des charges’’, les contrats qui les lient à elle.
Une pénalité de 1 milliard 28 millions 466 mille 443 francs CFA hors taxes est infligée à l’opérateur de communications électroniques Expresso Sénégal, selon le communiqué.
L’opérateur Free, également mis en cause, doit s’acquitter du paiement de 2 milliards 528 millions 108 mille 92 francs CFA, indique la même source. Un montant ne prenant pas en compte les taxes liées à la pénalité.
La Sonatel, elle, doit payer 16 milliards 727 millions 712 mille 422 francs, hors taxes, pour les manquements qui lui sont reprochés.
L’ARTP déclare avoir pris ces mesures à la suite d’‘’une large campagne de mesure de la qualité de service et de la couverture des réseaux mobiles 2G, 3G et 4G exploités par les [mêmes] opérateurs, sur l’ensemble du territoire national’’.
Elle précise leur avoir transmis, ‘’par respect pour le principe du contradictoire’’, les résultats de ladite campagne.
Selon le communiqué, la Sonatel, Free et Expresso Sénégal ont fait parvenir au régulateur des télécommunications ‘’leurs observations, qui ont été bien analysées’’.
par Francis Laloupo
BÉNIN, L'HORREUR POLITICO-JUDICIAIRE
Les procès de Joël Aïvo et celui de Reckya Madougou confirment un peu plus encore le message envoyé aux adversaires de l’actuel exécutif béninois : choisir entre l’exil ou la prison
Dans la nuit du 7 décembre 2021, la juridiction d’exception – Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) – créée par le régime du Président Patrice Talon, a condamné à 10 ans de prison l’opposant Frédéric Joël Aïvo, à l’issue d’un procès où l’aberration le disputait à l’inconcevable.
Un dossier vide de preuves et de sens, et l’incapacité patente des juges à étayer les accusations de « complot contre la sûreté de l’Etat » – variante désormais connue d’accusation de « terrorisme » – et de « blanchiment d’argent »… « Faites de moi ce que vous voulez » (1) : cette phrase fut prononcée, de guerre lasse, par l’accusé, en direction d’une Cour dont le verdict était manifestement fixé avant même la tenue de ce procès. Nous vivons une époque formidable où les nouvelles tyrannies ne s’embarrassent plus de forme ou de nuance. Inutile de nous attarder ici sur la dérive autocratique signalée au Bénin, depuis l’accession au pouvoir en 2016 de l’homme d’affaires Patrice Talon. Inutile de rappeler que dans le Bénin actuel, tout mouvement d’opposition est assimilable à une « association de malfaiteurs ». Nous avons largement développé, au cours des derniers mois et années, l’irrésistible désintégration de la démocratie béninoise à laquelle s’est attelé ce régime qui a, avec un cynisme consommé, privatisé à son profit, en plus des leviers de l’Etat, l’ensemble des secteurs vitaux de la vie nationale.
Face à cette déconstruction en règle de l’histoire politique et sociale du Bénin, Joël Aïvo, constitutionnaliste de renom, s’était donné pour projet de restaurer les valeurs démocratiques. En se portant candidat à la présidentielle du 11 avril 2021, il s’engageait à « réparer » cette démocratie abîmée par les assauts mortifères des nouveaux tenants d’une invraisemblable tyrannie. Une candidature jugée outrecuidante à l’égard du président sortant qui a banni toute concurrence et toute forme de compétition de la vie politique nationale. Le rejet de la candidature de Joël Aïvo sera suivi, le 15 avril 2021, de son arrestation et de son incarcération assortie de traitements dégradants. Il est tout aussi inutile d’insister ici sur une procédure judiciaire effarante où un prétendu « flagrant délit » fut ensuite gaillardement remplacé par une instruction aux conclusions tout aussi artificieuses. Bien que le procès – annoncé cinq jours seulement avant sa tenue – ait confirmé la vacuité de l’accusation, celui qui est devenu l’un des prisonniers personnels du régime Talon a été renvoyé en prison. Pour 10 ans, formellement. Le temps, pour la néo-dictature béninoise, de fortifier son règne, sans s’exposer à l’expression d’une opposition aussi affirmée qu’incorruptible. L’opinion qui a suivi ce simulacre de procès hésite, depuis, entre la colère et la nausée.
Au moment où nous publions ces lignes, un autre procès, gravé dans le même « format » que celui de Joël Aïvo, a été annoncé pour le 10 décembre 2021 : celui de l’opposante Reckya Madougou, candidate elle aussi empêchée à la présidentielle d’avril 2021. Elle fut appréhendée, à la manière d’un kidnapping, et incarcérée le 3 mars 2021, et poursuivie pour « association de malfaiteurs et financement du terrorisme ». Un procès tout aussi politique, semblable à une pièce de théâtre dont l’épilogue aura été préalablement consigné auprès d’une Cour aux ordres.
Les procès de Joël Aïvo et celui de Reckya Madougou confirment un peu plus encore le messageenvoyé aux adversaires de l’actuel exécutif béninois : choisir entre l’exil ou la prison. Cette sidérante équation ne souffre aucune forme de négociation. Après la transition autocratique entreprise par ce pouvoir, voici venu le temps de la tyrannie ordinaire et, disons-le, du terrorisme d’Etat. Nombre d’observateurs peinent encore à y croire. Et pourtant, cette réalité a déjà imposé son empire dans ce pays dont le « patrimoine démocratique » n’est plus qu’une évanescente évocation.
Le succès de l’écrivain dominé a un prix : pour être accepté et reconnu, il doit écrire des textes qui répondent aux attentes des dominants. On lui autorise, par ailleurs, un degré de subversion, mais une subversion permise et convenue
Jeune Afrique |
Umar Timol |
Publication 09/12/2021
En 2021, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, le Tanzanien Abdulrazak Gurnah et le Sud-Africain Damon Galgut ont reçu de prestigieux prix littéraires. Des consécrations méritées, mais qui répondent aux attentes de la critique occidentale.
L’attribution du prix Goncourt à La plus secrète mémoire des hommes,de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, a été, à juste titre, saluée par tout le monde, ou presque. Selon l’auteur primé, « c’est un signal fort […], un moyen, aussi, de montrer que la France est parfois beaucoup plus grande et beaucoup plus noble – en tout cas beaucoup plus ouverte – que ce à quoi on peut, on veut la réduire. » Ce prix récompense un roman de grande qualité, met en lumière le formidable travail de deux petites maisons d’édition (Philippe Rey et Jimsaan) et, surtout, inscrit une littérature périphérique sur la carte littéraire mondiale. Que peut-on vouloir de plus ?
Une dose de distanciation critique semble cependant nécessaire. L’enthousiasme doit céder la place à un travail de réflexion critique. Il y a ainsi plusieurs problématiques qu’il est utile d’explorer. Que nous révèle ce triomphe sur les rapports, structurés par l’histoire coloniale, entre les dominants et les dominés ? À quel prix le succès quand il dépend d’un autre qui est en position de force ? Que nous dit-il sur la condition de l’écrivain du Sud ?
Asservissement intellectuel
Derrière la consécration littéraire se profile la question du pouvoir littéraire, qui est inséré dans les structures de la domination coloniale. Ainsi, des milliers d’hommes et de femmes écrivent dans le monde, dans de nombreuses langues, avec des pratiques d’écritures diverses mais ils sont peu à accéder à la reconnaissance globale car cela dépend des centres littéraires qui décident de la légitimité de leurs écrits.
Pour la langue française, Paris est au cœur de cette pratique de légitimation. Le pouvoir de ces centres émane de l’histoire coloniale, d’une histoire de subjugation de l’autre. Il est multiforme, économique, politique, militaire et aussi symbolique. Il s’est peut-être atténué au fil du temps, mais son emprise demeure. On ne peut donc dissocier ces instances de légitimation d’une histoire et du contexte.
Cinq ans après le début des travaux, et un mois avant la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun, le stade d’Olembé, où doit se tenir la cérémonie d’ouverture, n’est toujours pas réceptionné
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 09/12/2021
Le comité local d’organisation de la « CAN Total Energies 2021 » a le sens du suspense. Le 29 novembre dernier, une note d’information du président du Cocan 20-21 camerounais annonçait la réception officielle, le 3 décembre 2021, du stade d’Olembé près de Yaoundé. Quelques jours plus tard, Narcisse Mouelle Kombi, par ailleurs ministre des sports et de l’éducation physique, alertait que la cérémonie était reportée à une date ultérieure…
Si l’annulation de la réception inquiète, c’est que l’infrastructure est censée abriter la cérémonie officielle et le match d’ouverture de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), le 9 janvier, soit 40 jours après le rendez-vous manqué du 4 décembre.
Or, décalée d’un an pour cause de pandémie, datée de 2021 mais prévu en 2022, la compétition camerounaise était déjà un lot de consolation, après le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun, en raison de retards dans les travaux d’infrastructures et de la situation sécuritaire. Quant à l’inauguration du stade d’Olembé, infrastructure de 60 000 places en chantier depuis douze ans, elle a déjà été décalée de juillet 2021 à septembre, puis à novembre, puis à décembre…
Douala en solution de secours ?
Chat échaudé craignant l’eau froide, le secrétaire général de la Confédération africaine de football (CAF), Véron Mosengo-Omba, avait exigé que les travaux du chantier soient achevés le 30 novembre, sous peine de délocalisation de la cérémonie d’ouverture et de la première rencontre de la CAN 2021. Il se murmure que les instances continentales auraient déjà modifié certaines réservations d’hôtels, privilégiant Douala où se trouvent deux stades opérationnels : le Japoma Stadium et le stade de la Réunification.
Une prochaine pandémie risque d'être "pire", prévient ce lundi la scientifique britannique Sarah Gilbert, co-créatrice du vaccin d'Oxford/AstraZeneca contre le Covid-19, appelant à investir dans la recherche pour être mieux préparés à cette éventualité.
"Ce ne sera pas la dernière fois qu'un virus menace nos vies et nos moyens de subsistance. La vérité est que le prochain pourrait être pire. Il pourrait être plus contagieux, ou plus mortel, ou les deux", doit avertir Sarah Gilbert selon des extraits d'un discours qui sera diffusé sur la BBC lundi soir.
Cette allocution se déroule dans le cadre de la conférence Richard Dimbleby, qui fait intervenir chaque année des personnalités du monde des sciences, des arts ou des affaires.
Cette professeure de vaccinologie à l'université d'Oxford, qui a contribué à créer un vaccin contre le Covid-19 désormais utilisé dans plus de 170 pays, appelle à ne "pas perdre" faute de financement les progrès scientifiques réalisés dans la lutte contre le coronavirus.
"Nous ne pouvons pas permettre une situation où, après avoir traversé tout ce que nous avons traversé, nous constatons que les énormes pertes économiques que nous avons subies signifient qu'il n'y a toujours pas de financement pour la préparation à une pandémie", doit-elle dire.
LE FRANC CFA, UN SYSTÈME OBSOLÈTE ET DÉFAVORABLE AU DÉVELOPPEMENT
L’arrimage à l’euro est dépassé. Les intellectuels séduits par l’orthodoxie dominante n’examinent pas le système de manière critique - ENTRETIEN AVEC ALI ZAFAR
Ali Zafar est macroéconomiste et a une longue expérience au sein des institutions financières internationales. Sa particularité : il est l’un des rares experts dans ce milieu à travailler sur le franc CFA et à avoir le courage d’aborder les sujets qui fâchent, dont la surévaluation chronique du franc CFA et le retard économique considérable des pays utilisant cette monnaie. Entretien.
Petit rappel introductif : le franc CFA est une monnaie utilisée par 14 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, réunis au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA, huit pays) et de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC, six pays). Créé en 1945, durant la période coloniale, le franc CFA est toujours régi par les mêmes principes de fonctionnement. Contrairement aux annonces faites par Emmanuel Macron en décembre 2019, le franc CFA de l’UEMOA n’a pas changé de nom et reste sous le contrôle étroit de Paris.
Comment avez-vous été amené à vous intéresser au franc CFA ?
Ali Zafar : Au cours des vingt dernières années, j’ai travaillé comme macroéconomiste à la Banque mondiale et dans d’autres organisations, dont les Nations unies et la Fondation Gates, et j’ai conseillé de nombreux gouvernements du monde en développement en matière de politique économique. Je m’intéresse à la politique macroéconomique, à la compétitivité et au développement du secteur privé. J’ai travaillé à la Banque mondiale sur la stratégie d’intégration régionale de la CEMAC au début des années 2000 et sur la stratégie macroéconomique de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest dans les années 2010, et au cours de ce travail, j’ai été de plus en plus intrigué par la zone CFA. Elle est à la croisée de nombreux défis en matière de développement et l’un des derniers bastions de la pauvreté endémique dans le monde rural.
Avant de travailler sur l’économie des pays de la zone franc, connaissiez-vous la manière dont fonctionne le franc CFA ?
Ali Zafar : Je ne connaissais pas avec précision le mécanisme de la zone franc. Au départ, j’ai accepté l'idée reçue selon laquelle il s’agirait d’une zone de stabilité macroéconomique.
Avec le temps, j’ai découvert à ma grande surprise que le système était un héritage de la colonisation et qu’il n’avait pas beaucoup évolué au fil des ans, et que les pays qui en dépendaient accusaient du retard par rapport au reste du monde en développement. J’ai eu la chance d’avoir étudié le français au lycée en Italie, ce qui m’a aidé à apprendre les choses rapidement.
Qu’avez-vous découvert de particulièrement étonnant ou choquant à l’issue de vos recherches sur le franc CFA ?
Ali Zafar : Il y a plusieurs choses qui m’ont choqué, si bien que j’ai dû écrire un livre sur le sujet, The CFA Franc Zone, Economic Development and the Post-Covid Recovery (Palgrave Macmillan, 2021) ! Il y a d’abord le fait que la zone franc continue à exister depuis autant de temps avec un arrangement monétaire aussi rigide, reposant sur une parité fixe avec la monnaie française (franc puis euro à partir de 1999), malgré l’évolution de l’économie mondiale et du commerce avec le reste du monde. C’est un système obsolète qui limite les options de politique macroéconomique des pays membres, en particulier en matière de politique fiscale et monétaire.
Ensuite, ce n’est pas un régime favorable au développement, l’accent étant mis sur une faible inflation plutôt que sur la croissance économique et le développement. Rien ne semble être produit dans la zone CFA en dehors des produits primaires, des métaux et du pétrole, en comparaison avec des pays comme le Rwanda et le Ghana.
Enfin, l’élite politique francophone est étroitement liée à la France – politiquement, culturellement et économiquement – et est généralement favorable à l’ancrage à l’euro. Dans la plupart des pays en développement, y compris parmi les anciennes colonies britanniques, la rupture avec l’ancienne puissance coloniale est nette, et les élites, que ce soit en Corée, au Vietnam, au Kenya en passant par l’Inde et le Mexique, sont imprégnées d’un fort nationalisme et d’un désir d’indépendance.
Vos travaux vous ont amené à constater que le franc CFA de l’UEMOA et celui de la CEMAC sont surévalués. Pouvez-vous donner des détails sur la manière dont vous êtes arrivé à ce constat ?
Ali Zafar : En 2020, la CEMAC présentait un désalignement [un écart vis-à-vis du taux de change réel considéré normal/en conformité avec ses caractéristiques économiques] de plus de 30 % et l’UEMOA un désalignement de plus de 20 %. La méthodologie utilisée pour obtenir ces chiffres est basée sur un modèle EGC (équilibre général calculable), développé par Devarajan, Lewis et Robinson (DLR) dans les années 1990 dans le contexte de la dévaluation du franc CFA. Il examine la manière dont le taux de change devrait s’ajuster en réaction à un choc commercial. Par exemple, si la CEMAC exporte du pétrole à 100 dollars le baril, et que le prix du pétrole tombe à 50 dollars le baril, le DLR mesurera la différence entre le taux de change réel (puisque le CFA est ancré à l’euro et ne change pas) et le taux de change dit « d’équilibre » (où le CFA évoluerait dans un régime plus normal).
En pratique, un taux de change surévalué agit comme une subvention pour les importations et comme une taxe sur les exportations. En l’absence de dévaluation, le système ne permet pas aux pays de réagir aux chocs. Si les prix des produits de base chutent, par exemple, le pays doit emprunter davantage ou réduire ses investissements, car il ne peut pas réagir de manière conventionnelle en laissant le taux de change s’ajuster, soutenir les exportations et réduire les importations. En conséquence, la monnaie est sujette à la surévaluation.
Quelles sont les répercussions du système CFA sur le niveau de vie des ménages ?
Ali Zafar : Le système CFA entraîne généralement une croissance du PIB réel par habitant inférieure à celle d’un régime de taux de change plus flexible. Ce n’est pas un hasard si les pays qui ont le plus réduit la pauvreté en Afrique – le Ghana, l’Éthiopie, le Rwanda et Maurice – sont des pays dont la monnaie est plus flexible et plus compétitive. Un taux de change déprécié déplace les ressources des biens non échangeables (services) vers les biens échangeables (produits nationaux et exportations).
Si l’on divise la société en cinq parties distinctes en fonction du revenu, du haut vers le bas, les 20 % les plus riches profitent le plus du système CFA, tandis que les 60 % suivants en profitent le moins, car ils ne peuvent pas s’intégrer aux chaînes de valeur régionales et mondiales. L’Afrique de l’Ouest importe la moitié du riz qu’elle consomme, ce qui coûte très cher à ces pays.
À propos de ceux qui se situent tout en bas de l’échelle, qui sont des paysans pratiquant une agriculture de subsistance, qui importent peut-être de la nourriture ou du carburant, il est nécessaire d’effectuer des travaux empiriques supplémentaires sur l’impact d’une monnaie moins chère sur les producteurs marginaux. Les travaux microéconomiques sur les conséquences de la dévaluation de 1994, auxquels je fais référence dans mon livre, ont confirmé l’augmentation de la croissance et la réduction de la pauvreté.
Vous dîtes que le franc CFA est un système pour les élites. Pourquoi et qui sont ces élites ?
Ali Zafar : Que des économies aussi pauvres soient liées à une monnaie aussi forte constitue une anomalie internationale. Le système crée deux catégories de personnes. Une monnaie forte et surévaluée profite à l’élite urbaine de l’Afrique francophone, qui importe des produits étrangers moins chers. Elle pénalise à l’opposé les producteurs ruraux et les industriels nationaux, dont les exportations sont trop coûteuses par rapport à celles des pays concurrents. Il y a moins d’incitations économiques à produire des biens localement.
Les grandes entreprises étrangères dominent le marché, dans des domaines allant des services publics aux ports en passant par la fourniture d’infrastructures. De puissants lobbies d’importateurs profitent également de ce système.
Le rationnement du crédit, qui est l’une des conséquences des règles de la zone franc, signifie qu’il est particulièrement difficile pour les petites et moyennes entreprises d’obtenir des financements. Si vous comparez le Kenya et l’Afrique du Sud avec le Sénégal et le Gabon en termes d’accès au crédit, vous constaterez que les premiers ont des taux d’intermédiation financière beaucoup plus élevés.
Par ailleurs, les règles de libre transfert des capitaux entre la CEMAC, l’UEMOA et la France font qu’une partie de l’élite francophone achète des actifs en Europe ou déplace des capitaux à l’étranger. C’est un monde de réseaux par excellence, avec des barrières élevées pour entrer dans tous les secteurs. Le lien étroit entre le Trésor français et les banques centrales, la BCEAO et la BEAC, cimente tous ces liens dans des arrangements formels. L’arrimage à l’euro et la mise en commun des réserves minimisent le risque de change pour les entreprises françaises et les autres entreprises étrangères de la zone franc.
WAÏYYENDI, LE ROMAN D'OUSSEYNOU NAR GUEYE, DISPONIBLE EN LIVRE IMPRIMÉ
L'ouvrage de 160 pages, le premier de l'auteur, dresse le tableau du voyage au bout de la folie, dans un combat judiciaire et justicier contre plus fortes parties que lui, de Karbala, surnommé El Phénoméno par son patron
Depuis ce mercredi 8 décembre, le roman Waïyyendi d'Ousseynou Nar Gueye est disponible, en version livre imprimé.
"Waïyyendi", roman de 160 pages, est publié par les Éditions Presqu'île Lettrée, du Sénégal, en ce mois de décembre 2021.
Le prix du roman en librairie est de 13.000 FCFA. Toutefois, en vente directe, le livre coûte 10.000 F.CFA, en contactant l'adresse contact@axes-et-cibles.com.
Dans ‘‘Waïyyendi’’, Karbala est le bras droit de Waïyyendi, qui est l'étoile au firmament du ‘‘champ des chants à rythme ternaire’’ du pays de Nittie, sur le continent dénommé la Négritie, musique que seuls ses habitants savent apprécier et danser, en raison de son caractère syncopé, qui agit comme un exorcisme sur eux et leurs angoisses existentielles. Karbala s’oppose vite à 2 co-sociétaires de son patron au sein d’une association sur la question de la stratégie pour la loi sur la rétribution indirecte des chants, puis à son propre patron quand celui -ci prend le parti des sociétaires en question. Dès lors, Karbala réclame le paiement d’une ‘‘hache d’argent’’ à Waïyyendi, et de diverses prestations aux deux autres co-sociétaires, Baaboune Kathé et Akiboul. Dans un retournement de situation, il s‘ensuit un procès intenté par les trois contre Karbala. Karbala gagne le procès. Et il se met à harceler les trois protagonistes pour être payé. Des fans fortunés de Waïyyendi paient des sbires, actionnés par l’homme d’affaires Badoulaye, pour faire taire définitivement Karbala et le tuer. C’est l’histoire de cette chasse à l’homme à laquelle Karbala échappe.
Comment y échappe-t-il ?
Karbala tient donc aussi du anti-héros, car ses manques affectifs, son mode de vie hédoniste et ses proclamations de primauté de sa vérité, ne sont pas toujours à son avantage. Le roman aborde également les thèmes de l’amour, de l’amitié, de la politique et des luttes pour le pouvoir temporel. L’amitié est ici traitée comme une valeur suprême qui une fois trahie peut donner lieu à toutes les révoltes des concernés. L’amour est exposé comme un moteur essentiel à l’activité sociale et professionnelle, dont il est l’aiguillon. La description de personnages inspirés de personnalités politiques contemporaines donne lieu à une analyse de la société dans laquelle vivent les protagonistes du roman, société qui n’en ressort pas grandie mais pour laquelle malgré tout, on sera tenté de garder de la tendresse, pour ses travers, pesanteurs et tabous, finalement risibles et attachants
Ce premier roman de 160 pages dresse le tableau, tour à tour transparent et translucide à en être aveuglant, du voyage au bout de la folie, dans un combat judiciaire et justicier contre plus fortes parties que lui, de Karbala, surnommé El Phénoméno par son patron. Combat qui tourne à la lutte à mort, pour restaurer son honneur, au péril de sa raison. Dans une écriture aux scansions parfois hypnotiques, ‘‘Waïyyendi’’ fait la part belle à l’onirisme, dans un style gourmand de mots et de créations métaphoriques inspirées du wolof ; avec un goût prononcé pour le troussage de la langue française.
Un premier roman d'Ousseynou Nar Gueye, qu'un critique littéraire n'a pas hésité à trouver "délirant, poignant, envoûtant, vivant", à sa sortie en version électronique chez l'éditeur français Youscribe, en janvier dernier.
KHALIFA SALL CANDIDAT À LA PROCHAINE PRÉSIDENTIELLE
L'ancien maire de Dakar parle du climat sociopolitique nationale et des prochaines échéances électorales avec la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi, au micro de RFI/France 24 - ENTRETIEN
RFI |
Marc Perelman, Charlotte Idrac |
Publication 09/12/2021
Il s’était fait discret depuis sa sortie de prison fin septembre 2019. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, condamné pour escroquerie sur les deniers publics, revient sur le devant de la scène politique sénégalaise. En perspective : les élections locales du 23 janvier, avec la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi. Et au-delà, la présidentielle de 2024.
Khalifa Sall est l’invité et Charlotte Idrac (RFI) et Marc Perelman (France 24).
Le passage hier en session plénière du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, pour défendre son budget arrêté à plus de 128 milliards de francs CFA, n’a pas été de tout repos. En réalité, les députés ont acculé Serigne Mbaye Thiam sur plusieurs maux des populations, notamment la surfacturation, les perturbations dans la distribution de l’eau, ainsi que la problématique de l’hydraulique rurale, entre autres.
Visiblement, la Sen’Eau cause plus de problèmes aux populations qu’elle n’apporte de solutions. C’est la conviction des députés qui ont profité du passage du ministre de l’Eau et de l’Assainissement hier à l’hémicycle pour mettre à nu les problèmes du secteur. Entre surfacturations, perturbations dans la distribution de l’eau, la problématique de l’hydraulique rurale entre autres problèmes, Serigne Mbaye Thiam a eu du fil à retordre de la part des parlementaires.
Pour Marième Soda Ndiaye, l’audit de la facturation de la Sen’Eau s’impose pour régler de manière définitive le problème de la hausse récurrente des factures d’eau. « Si l’on sait que la Sen’Eau s’est assignée comme mission l’excellence dans la qualité de service, le service qu’elle doit nous offrir aujourd’hui doit être des meilleures », fulmine-elle avant de rétorquer : « nous ne sommes pas contents des services de la Sen’Eau ». Interpellant le ministre, elle déclare que les compteurs ont été renouvelés, mais le problème demeure toujours. Quid de l’hydraulique ? Elle invite le ministère de l’Eau à continuer les réformes en y associant les parties prenantes comme les collectivités locales, les communautés pour l’actionnariat, mais aussi en allant vers la restructuration du capital de Aquatech, Flexon et des autres opérateurs. Prenant la parole, le député libéral n’a pas manqué non plus la directrice de la Sen’Eau. Mame Diarra Fam qui a aussi axé son plaidoyer sur la hausse des factures a sommé la direction de la Sen’Eau de vérifier les compteurs qui, selon elle, sont à l’origine de ces défaillances. « La seule réponse que la Sen’Eau sait donner, c’est de dire que le prix de l’eau n’a pas varié. Mme vérifiez vos compteurs sinon vous n’aurez pas notre félicitation », a-t-elle lancé à l’endroit de la directrice. S’adressant au ministre, elle enchaîne : » ceux qui disent que tout va bien dans le département de Pikine vous trompent. A Guinaw rail, même s’il y a des efforts qui ont été faits, il faut des projets structurants pour faire de l’assainissement et des inondations un mauvais souvenir. Il est difficile voire impossible d’accéder à l’hôpital de Guinaw rail durant la saison des pluies.
ABLAYE MAKHTAR DIOP : « IL FAUT ESSAYER L’ASSAINISSEMENT A CIEL OUVERT EN SUIVANT LES MOUVEMENTS PAR GRAVITATION»
Ancien directeur du service des eaux, Ablaye Makhtar Diop dit être constant dans son refus de la privatisation de la Sones. « Même si je reconnais que des bonds qualitatifs et quantitatifs sont fait dans le secteur de l’eau, je fais partie des Sénégalais qui s’étaient opposés fermement à la privatisation de la Sones alors que j’étais ministre sortant ; et je reste constant », a-t-il réitéré devant le Parlement. Par ailleurs, il soutient que le Sénégal a fait énormément de progrès depuis quelques années. Se refusant de considérer Dakar en opposition à toutes les régions du Sénégal, il affirme qu’alimenter correctement en eau Dakar, c’est aussi alimenter en eau la plus grande portion du Sénégal, tant du côté des populations que des services.
A l’en croire, le Sénégal est un des rares pays où on utilise l’eau potable pour laver des voitures, faire des travaux de constructions etc., alors que nous avons des bassins de rétention qui ne servent à rien. Laquelle eau pourrait servir, selon lui, à la construction à travers des zones d’épandage. En matière d’assainissement, il révèle que le problème résulte du fait que les colons ont installé des canaux en lieu et place de tuyaux presseurs. Dakar étant entouré d’eau, l’expert en eau propose des solutions pour résoudre de manière définitive la question des inondations. Il s’agit, selon lui, de l’assainissement à ciel ouvert en suivant les mouvements par gravitation. Et là où les coupes planimétriques ne permettent pas une coupe gravitaire, de mettre des accélérateurs plutôt que d’injecter des milliards à Keur Massar qui relève du gâchis.