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5 août 2025
LE MAENUC PRIME SIX PROJETS D’ÉTUDIANTS A BAMBEY
Au total, six projets d’étudiants ont été primés mercredi, dans le cadre du Marathon entreprendre université communauté (MAENUC), une initiative de l’université Alioune Diop de Bambey visant à orienter les étudiants vers l’auto-emploi, a appris l’APS.
Bambey, 26 jan (APS) - Au total, six projets d’étudiants ont été primés mercredi, dans le cadre du Marathon entreprendre université communauté (MAENUC), une initiative de l’université Alioune Diop de Bambey visant à orienter les étudiants vers l’auto-emploi, a appris l’APS.
Des étudiants ont présenté leurs projets à des partenaires et "six parmi ces 30 projets ont été primés comme pouvant donner lieu à une exploitation future’’, a déclaré le recteur, Mahy Diaw, au cours de la cérémonie de remise de prix de la 5ème édition du MAENUC.
Le premier a été attribué au projet Cactus innovation avec un montant d’un million cinq cent mille FCFA.
Les six meilleurs projets ont reçu des montants allant à de 1,5 millions FCFA à 500.000 FCFA.
Selon le recteur, les universités ont la responsabilité d’insérer les étudiants dans le monde du travail à travers des partenariats.
"Ce sont des projets qui sont portés par des étudiants à la suite de leur formation, donc ce sont des étudiants qui s’orientent vers l’auto-emploi qui ne s’attendent pas à être insérés dans le circuit étatique’’, a indiqué M. Diaw.
Moussa Dieng, vice-recteur chargé de la recherche, de l’innovation et des relations extérieures et du partenariat, a martelé que l’UADB privilégie de plus en plus des formations orientées vers l’entreprenariat dans le souci d’insérer ses sortants.
La MAENUC vise à "accompagner les étudiants dans le processus d’insertion professionnelle" et "les meilleurs projets de création d’entreprise sont encadrés dans la recherche de financement", a-t-il expliqué.
Sidy Guissé Diop, président directeur général de Sidio group, parrain de cette cinquième édition du MAENUC, a demandé aux étudiants de dépasser "les complexes" pour être ’’excellents’’ dans tous les domaines.
"Nous sommes prêts à entrer dans les capitaux et travailler avec eux pour que cela ne soit pas seulement au niveau de Bambey ou Diourbel mais pour qu’on atteigne les marchés du monde", a-t-il fait savoir.
par Achille Mbembe
QUAND LE PANAFRICANISME DEVIENT SECTARISME
Plus de soixante ans après les indépendances, la forme-État héritée de la colonisation s’est avérée plus résiliente qu’on ne l’aurait pensé. Le colonialisme interne a pris le pas sur toute perspective de révolution sociale
Jeune Afrique |
Achille Mbembe |
Publication 26/01/2022
Plus de soixante ans après les indépendances, la forme-État héritée de la colonisation s’est avérée plus résiliente qu’on ne l’aurait pensé. Ses racines plongent désormais dans un humus autochtone. Tout comme d’autres objets d’importation, les Africains ont réussi à en faire quelque chose de profondément syncrétique.
Taillées au vif, les frontières sont, de leur côté, demeurées plus ou moins intactes. Peu de velléités sécessionnistes ont abouti à la formation de nouveaux États. Résultat, les grandes luttes sociales d’aujourd’hui se déroulent prioritairement dans un cadre national, et presque aucune n’a pour visée directe l’unification du continent. D’ailleurs, cet objectif ne figure dans aucune constitution africaine.
Colonialisme interne
Deux paradoxes caractérisent les décolonisations africaines. D’une part, elles n’auront pas débouché sur la démocratie, peu importe la définition que l’on en donne. D’autre part, elles auront signé l’arrêt de mort du panafricanisme. À la place de la démocratie et du panafricanisme, elles auront ouvert la voie à une forme de colonialisme interne qui, dans certains cas, est relativement avancé tandis que dans d’autres, il reste à l’état d’ébauche.
C’est l’une des raisons pour lesquelles la plupart des guerres et conflits en cours ne visent pas, à proprement parler, le démantèlement de l’État ou son remplacement par une forme alternative d’organisation politique des communautés. La plupart de ceux qui contestent l’État cherchent plutôt, soit à se protéger de ses prédations, soit à en prendre le contrôle et à subordonner l’appareil étatique à leurs intérêts privés.
Le colonialisme interne a donc pris le pas sur toute perspective de révolution sociale. Adossée sur la logique de l’accaparement, une classe dominante, mais fragmentée, s’efforce de se reproduire et d’asseoir son emprise sur les sociétés locales en se greffant sur les réseaux transnationaux d’accumulation. La plupart de ces réseaux reposent sur l’extraction des ressources nationales à l’état brut.
Les réformes économiques introduites au milieu des années 1990 dans le contexte de l’ajustement structurel ont accentué la compétition pour l’accaparement des richesses nationales et leur privatisation. C’est en cela qu’elles représentent un moment-clé de l’histoire économique et sociale récente du continent. La compétition sociale s’est avivée et les fractures internes ont été, partout, mises à nu. Mais le langage politique pour nommer ces antagonismes n’a guère fait l’objet de renouvellement. Pour dire le dissensus, beaucoup continuent de mobiliser les référents identitaires que sont l’ethnie, le clan, ou la religion. Ni les coups d’État militaires, ni les élections dans le cadre du multipartisme ne parviennent à briser cette logique. Les imaginaires d’un possible changement restent par conséquent atrophiés.
C’est dans ce contexte que tente de s’imposer un néo-panafricanisme aussi virulent que clivant. Il apparait sous des visages multiples. Pour l’essentiel, il consiste en une évocation sans fin de penseurs des générations passées, dont on psalmodie les noms à la manière d’un rosaire, mais dont on se préoccupe peu d’étudier les œuvres. Il ne s’agit guère de revisiter leurs théories à la lumière des enjeux du présent. Il ne s’agit pas non plus de produire une nouvelle pensée. Ce qui compte, c’est d’instituer un dogme au nom duquel l’on peut disqualifier toute dissidence.
Chauvinisme racial
Concrètement, certains utilisent la référence panafricaniste comme si le panafricanisme se ramenait à un simple équivalent du nationalisme anticolonial. Pour d’autres, il fonctionne surtout comme alibi d’un chauvinisme racial à peine déguisé. Pour d’autres encore, il s’agit purement et simplement d’un filon que l’on exploite cyniquement, au gré des circonstances politiques. Menacés dans leurs assises ou mis à l’index par leurs tuteurs étrangers, des pouvoirs vieillissants et corrompus en découvrent soudain les vertus et s’en font les chantres. Ils se proclament anti-impérialistes et utilisent l’argument de la souveraineté à des fins de maintien du statu quo.
Cette version du néo-panafricanisme, réactionnaire, est en quête de boucs émissaires. Opium des masses, elle sert en premier lieu les intérêts des classes au pouvoir qui, ayant bénéficié de la protection impérialiste, craignent qu’un changement de cap ne nuise à leurs acquis. Une autre version du néo-panafricanisme se fait au nom d’une autodétermination africaine parfois hypostasiée. Elle est prête, au nom de la communauté de race, à fermer les yeux sur le colonialisme interne pourtant responsable, lui aussi, de la destruction des moyens d’existence de millions de personnes sur le continent.
Ce cirque ne signifie pas que la perspective d’une Afrique capable de marcher sur ses propres jambes s’est totalement évanouie. Ni que l’idée d’une nationalité africaine, que portèrent de grands penseurs afro-diasporiques depuis la fin du XIXe siècle, n’a plus de valeur. Encore faut-il qu’elle fasse l’objet d’une reprise à la fois théorique et pratique, à l’ère ou la planète ne cesse de se contracter. Cette perspective planétaire manque à l’appel et empêche un renouvellement significatif de la réflexion sur les devenirs du continent.
Sensibilité « afropolitaine »
Il faut par conséquent prendre acte de la banqueroute d’un certain panafricanisme politique. En revanche, de nouvelles sensibilités tournées vers le futur ne cessent d’émerger. C’est le cas dans le nouveau roman africain, dans la musique, les arts plastiques et les arts digitaux. Cette sensibilité peut être qualifiée d’ »afropolitaine ». La réalité qu’elle donne à voir est celle d’une Afrique à fuseaux multiples, dont les points d’arrimage transversaux se trouvent partout. Cette sensibilité afropolitaine s’efforce d’intégrer, dans sa démarche, toutes les parts non-africaines de l’Afrique et d’en dégager toutes les conséquences philosophiques, politiques et culturelles.
Elle le fait alors même qu’une critique intergénérationnelle est en cours à l’intérieur du continent et dans ses diverses diasporas, sur fond d’un double rejet : celui de l’impérialisme contemporain sous sa forme néolibérale, et celui du colonialisme interne sous sa forme gérontocratique, patriarcale et masculiniste. Loin d’être fixée sur ce sur quoi elle bute, cette critique neuve montre, à n’en pas douter, les limites de la sorte de fatalisme qui, de nos jours, prétend passer pour du radicalisme.
LES RENCONTRES DU FILM MUSICAL DE DAKAR, LA RUMBA CONGOLAISE À L’HONNEUR
La deuxième édition du Festival Cinéma 48-Les rencontres du film musical de Dakar s’ouvre demain jeudi.
Après deux reports liés à la pandémie du Covid19, la deuxième édition du Festival Cinéma 48-Les rencontres du film musical de Dakar va reprendre. Elle se tiendra, cette année, à la Place du souvenir africain, du 27 au 29 janvier2022.
La deuxième édition du Festival Cinéma 48-Les rencontres du film musical de Dakar s’ouvre demain jeudi. A l’initiative du journaliste culturel, Alioune Diop, en partenariat avec le Goethe Institute, ce festival de documentaires musicaux fait partie des événements du programme agenda de trois ans, initié par l’entreprise culturelle Pacaf (Productions artistiques et culturelles d’Afrique), fondée et dirigée par ce dernier.
Dans un communiqué signé par le comité artistique d’organisation, le Pacaf informe que la présente édition va être intégrée dans son programme de la session de janvier 2022 du Salon journalistique Ndadje, initié par l’institution allemande, organisé et coordonné par le journaliste Alioune Diop. Au programme, il y aura des projections, conférences et prestations musicales, avec les groupes congolais Fresh acoustique et Caterpillar. «La rumba congolaise est la musique à l’honneur», informe le comité artistique d’organisation du Pacaf.
Pour rappel, la rumba congolaise a été inscrite sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, en décembre dernier. Dans le cadre des projections, le public verra des films du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, la France, la Rd Congo et la République du Congo. Il y aura également des films documentaires, long-métrages et moyen-métrages, autour des musiques modernes et traditionnelles d’Afrique et d’ailleurs. En plus de ces projections, le Congolais Paul son i Benga sera présent pour échanger avec le public sur son film Nganga Edo, le dernier des Bantous de la capitale. De même que la Française Caroline Pochon, qui aura le plaisir de présenter son film «Comme un air de famille», un film réalisé lors de la tournée japonaise du chanteur sénégalais basé au Canada, Zale Seck.
Cette production a remporté le Californian music video and film awards, rappelle le communiqué.
À LA DISGRÂCE SUBITE
Tête bien faite, à l’expérience politique reconnue, Diouf Sarr est clivant et hautain pour certains. A 58 ans, commence une période des vaches maigres, qui plonge dans le flou l’avenir politique du maire sortant de Yoff
Après une ascension express depuis 2014, Abdoulaye Diouf Sarr a été sèchement freiné par la coalition Yewwi Askan Wi dans son ambition de briguer la mairie de Dakar. Tête bien faite, à l’expérience politique reconnue, Diouf Sarr est clivant et hautain pour certains. A 58 ans, commence une période des vaches maigres, qui plonge dans le flou l’avenir politique du maire sortant de Yoff.
Il vivait trop près du soleil et s’est longtemps cru intouchable. «A Yoff, même si je dors, je vais gagner», bombait le torse Abdoulaye Diouf Sarr. La grosse surprise de ces élections locales du 23 janvier est venue de cette commune et le candidat de la coalition Benno bokk yaakaar a trébuché face au jeune Seydina Issa Laye Samb de la coalition Yewwi askan wi. Diouf Sarr voit son avenir politique basculer dans les abysses après avoir entrevu l’Everest. C’est un retour brutal sur terre pour ce Lébou, qui a connu une ascension politique express depuis 2014.
Ministre du Tourisme et des transports aériens, ministre des de la Gouvernance locale, du développement et de l’aménagement du territoire, ministre de la Santé… Diouf Sarr a rampé jusqu’à s’imposer comme un taulier du régime de Macky Sall. Sans être un membre fondateur de l’Apr ! Mais la politique qui l’avait adoubé, l’a lâché dimanche dernier. Diouf Sarr est tombé du capitole vers la Roche Tarpéienne. Ses partisans massés dans les nombreux bureaux de vote, avaient senti le sol se dérober sous leurs pieds à l’annonce des premiers résultats.
Personne ou presque n’avait vu venir le séisme. Diouf Sarr était considéré comme une forteresse infranchissable, un mariage d’amour à l’infini le liant aux Yoffois depuis le soir du 29 juin 2014. Aujourd’hui, c’est l’heure des interrogations, des questionnements qui font mal à la tête. C’est la cruauté ou le charme de la politique qui fait et défait des destins. Pour le coordonnateur des cadres de l’Apr, c’est un nouveau jour qui se lève. Celui de la chute et de la remise en cause. A Yoff, la légende raconte qu’aucun des siens ne peut émerger. Nombreux sont les sportifs ou intellectuels au talent à l’état pur qui se sont cassés les dents.
A l’exception de Mamadou Diop, ex-maire de Dakar sous le régime socialiste, ils sont rares, les Yoffois à investir l’espace politique. Depuis 1432, année de création de cette commune, très attachée aux rituels coutumiers, tracer un chemin vers le succès rime avec le plus grand secret. Loin des regards indiscrets et des mauvaises langues. Abdoulaye Diouf Sarr n’a pas essayé de déroger à la règle légendaire. C’est dans une villa chic des Hlm Grand-Yoff que le ministre de la Santé a fourbi ses armes. Une trajectoire enveloppée de chance qu’il a su provoquer à l’épreuve de sa vie au cours atypique. Longtemps, Abdoulaye Diouf Sarr a cru que son destin en politique n’allait pas décoller. Poulain de Moustapha Niasse, il milite à l’Alliance des forces de progrès (Afp) pendant une dizaine d’années. «Il ne faisait pas partie des militants actifs mais il était dans le parti. Ce n’était pas un homme de terrain», témoigne un responsable du parti de Niasse. S’il n’était pas actif, c’est sûrement à cause à ses charges professionnelles. En 2009, il est le candidat de la coalition Benno siggil Senegaal à Yoff, lors des Locales, mais ne peut empêcher la victoire de la libérale Oumou Khairy Guèye Seck, ministre de l’Elevage sous Wade.
Transfuge de l’Afp
Sans être un membre du Parti socialiste, Diouf Sarr hérite de Mamadou Diop en 1996, les rênes de la Cellule d’appui aux élus locaux. Il va quitter ce poste pour «mettre à l’aise» «Diop le maire» car convaincu par le discours de Moustapha Niasse lors de son fameux appel du 16 juin 1996 créant l’Afp. Mais Diouf Sarr doit s’imposer à Yoff. Lors des Locales de 2014, Abdoulaye Diouf Sarr, devenu apériste et directeur du Coud, tente le forcing pour faire cavalier seul. Car Macky Sall aurait tranché en faveur de Dr Ndir. «Lors des négociations au Méridien Président (King Fahd Palace. Ndlr) au sixième étage, on était tous là, Abdoulaye Diouf Sarr, Moustapha Ndir et moi-même devant les ministres Mbaye Ndiaye et Mary Teuw Niane. Ce dernier a lu le message du Président qui voulait que le Docteur Moustapha Ndir conduise la liste majoritaire de Benno bokk yaakaar et Abdoulaye Diouf Sarr la proportionnelle. Abdoulaye Diouf Sarr a fait un forcing, il n’a pas été choisi», raconte Birame Gningue, candidat malheureux à la mairie de Yoff. Diouf Sarr décide de passer outre les directives présidentielles et tente son va-tout. Au soir de ce 29 juin 2014, les urnes lui donnent raison. Il est largement élu et évite à sa commune la razzia de la coalition Taxawu Dakar de Khalifa Sall, contrairement aux autres responsables de l’Apr de la capitale. Lors de son entrée dans le gouvernement en 2014, il aurait eu une houleuse discussion avec Thierno Alassane Sall qui dirigeait les cadres de l’Apr. «Lorsque Diouf Sarr entrait dans le gouvernement, Thierno Alassane Sall avait été limogé à cause de la défaite à Thiès aux Locales. Il a commencé à faire des communiqués contre le gouvernement. Mais Diouf Sarr, qui dirigeait les cadres Apr de Dakar, l’a sérieusement recadré en lui disant : «Thierno, quand tu étais dedans, on t’a soutenu. Donc, tu ne peux pas avoir cette position»», raconte un cadre de l’Apr.
Homme de forcing ?
Un homme de forcing, «hautain» et «clivant» pour certains, l’homme qui affectionne souvent les tenues traditionnelles, a souvent donné du grain à moudre à ses détracteurs. «Il gère la mairie avec un groupe restreint. Tout le monde n’est pas associé», accuse Penda Ndiaye Cissé, patronne de l’Afp à Yoff.
En octobre 2015, Abdoulaye Diouf Sarr retire la gestion des ordures à Khalifa Sall pour créer l’Ucg. 6 mois plus tard, il sabre Aïda Mbodj de la présidence du Conseil départemental de Bambey pour cumul de mandats. «Lorsqu’il commence une chose, il y va jusqu’à bout. Diouf Sarr est très courageux. C’est une de ses qualités», loue un conseiller municipal de la commune de Yoff. «Abdoulaye Diouf Sarr s’acquitte bien de ses tâches de ministre. Il est très dévoué dans son travail. Je salue ses efforts. Sur le plan politique, il se bat bien aussi», a salué le Président Macky Sall lors de l’Appel 2017 des Layènes. Ce «courage» va le conduire à mener une bataille féroce pour casser la coalition de Khalifa Sall. A l’élection des membres du Haut-conseil des collectivités territoriales de septembre 2016, il convainc Macky Sall de créer une liste alors que le Président leur avait proposé de s’allier avec Khalifa Sall à Dakar. Diouf Sarr se retrouve comme tête de gondole de Bby à Dakar. Il «recrute» Alioune Ndoye, Jean-Baptiste Diouf, Doudou Issa Niasse, entre autres maires de Taxawu Dakar. Rêve brisé pour la mairie de Dakar En eaux troubles, Abdoulaye Diouf Sarr et Cie se font recadrer par le président de la République qui ne veut pas entendre de «patron de Dakar». Amadou Ba en profite pour mieux s’implanter aux Parcelles Assainies.
Aux Législatives, le ministre des Finances d’alors dirige la liste départementale de Bby à Dakar. Diouf Sarr est deuxième. «Il a accepté ce choix par loyauté à Macky Sall. Amadou Ba n’a rien fait pour mériter de diriger cette liste devant Diouf Sarr. Mais Diouf Sarr savait que sa base ferait la différence», explique un proche du désormais ex-maire de Yoff. Finalement, dans sa commune, Bby devance Manko taxawu Senegaal de Khalifa Sall de plus de 3000 voix. Alors, le responsable apériste de Dakar ne cache plus ses ambitions pour la mairie de Dakar. «Je veux être maire de Yoff puis maire de Dakar et après on verra», disait-il en 2014 à l’école Diamalaye, alors qu’il était directeur du Coud. Mais dans une capitale où la communauté layène est incontournable pour obtenir l’électorat, Diouf Sarr épouse en mars 2016 la fille et bras droit du khalife des Layènes, Sokhna Thiaw Laye, sa deuxième épouse. Né le 20 décembre 1963 à Yoff, où les préjugés prédisent un destin de pêcheur pour les hommes ou de bana bana pour les femmes, le jeune Diouf Sarr marche sur les clichés. Au début des années 80, il décroche son Bac scientifique au Lycée Blaise Diagne.
Afin de multiplier ses chances, il est hors de question pour lui de s’inscrire dans les universités sénégalaises. Mamadou Diop, responsable socialiste, lui offre une bourse d’études pour la France. Le voilà qui entreprend une expérience estudiantine au pays de Marianne. C’est le début de la galère car, l’université qui devait l’accueillir boucle les inscriptions en Médecine. Oui, Diouf Sarr voulait être médecin. Ça sent l’année blanche pour le jeune étudiant lébou, qui voit une main divine lui indiquer une issue. Tête bien faite Par hasard, il rencontre sur le chemin du retour de l’université, un certain Sidy Niang, un chef coutumier et ancien secrétaire administratif des freys de Yoff (police coutumière).
Direction Lyon.
Il vit chez M. Niang qui lui propose de s’inscrire dans le Rhône. A l’université Lyon lumière 2, Abdoulaye Diouf Sarr sort avec un diplôme de 3ème cycle en finance. Plus tard, il mettra la main sur un autre en institutions financières et finances d’entreprises, avec la mention Très bien, obtenu à l’université d’excellence Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie, en Egypte. Il entré dans cet établissement par concours. Né un 20 décembre et étudiant dans une université qui porte le nom de Senghor, mort le 20… décembre 2001, l’histoire de Diouf Sarr (4ème promotion) comporte ainsi des symboles.
D’ailleurs dans cette école, il croise un certain Diène Farba Sarr, (2ème promotion) ancien ministre du Renouveau urbain, de l’habitat et du cadre de vie. Au-delà de la politique, Abdoulaye Diouf Sarr est un passionné de football. Durant sa jeunesse, il a joué dans son quartier natal de Ngaparou dans le championnat populaire des Navétanes. Une équipe dont il fut président avant d’être dirigeant à la zone 6 de Yoff. Tête bien faite, cela n’a pas suffi pour résister à l’ouragan Yaw. Les initiales de son nom ADS étaient transformées par ses partisans en «Abdoulaye Dakaroko Sokhla» (Dakar a besoin de Abdoulaye !). C’est désormais «Abdoulaye Dakar sokhlawko !», d’après les électeurs…
ISMAÏLA SARR EST APTE
Ismaïla est apte, c’est ce qu’on s’était dit avec les médecins de Watford. Il est arrivé lundi, on n’avait pas pu l’intégrer dans le groupe pour le match
Woury DIALLO (Envoyé spécial au Cameroun) – |
Publication 26/01/2022
«L’entame du match a été très importante. C’est ce que nous voulions, on y a travaillé pendant cinq jours. Nous avons dès le début de la rencontre poussé cette équipe cap-verdienne à la faute. A 10 ils ont mis en place un système défensif et c’était encore difficile. A neuf, ça l’a encore été. Il fallait être patient pour marquer le but. Je félicite mes joueurs pour la détermination, la qualité qu’ils ont mise dans ce match. Ils ont respecté les consignes.»
Occasions manquées
«Par rapport au ratio d’occasions qu’on s’est créées, c’est clair que l’efficacité manque encore. Mais ça date de longtemps. Je suis satisfait parce qu’on n’a pas pris de but et ça veut dire que nos défenseurs font le travail correctement, les milieux de terrain aussi. Même nos attaquants défendent beaucoup pour aider les milieux et les défenseurs. Maintenant, il faut aussi que nos défenseurs sortent le ballon un peu plus vite pour essayer de mettre dans les meilleures conditions nos attaquants. Il faut que nos milieux de terrain osent plus pour faire cette passe qui peut casser les lignes. Il faut que dans notre animation offensive qu’on donne les ballons un peu plus tôt, être juste.»
Ismaila Sarr en quart
«Ismaïla est apte, c’est ce qu’on s’était dit avec les médecins de Watford. Il est arrivé lundi, on n’avait pas pu l’intégrer dans le groupe pour le match. Mais nous avons espoir que demain (aujourd’hui), il va reprendre l’entraînement et au bout de quatre jours, il fera partie du groupe. Il a l’air optimiste, il est excité d’être là. Il nous apportera un plus dans notre animation offensive.»
LES LIONS ONT PRIS TOUT LEUR TEMPS…
Face à une équipe capverdienne en infériorité numérique, les Lions ont surtout pris tout leur temps pour s’ouvrir les portes des quarts de finale. Sadio Mané et Bamba Dieng ont renvoyé les Requins Bleus à la maison.
Woury DIALLO (Envoyé spécial au Cameroun) – |
Publication 26/01/2022
Face à une équipe capverdienne en infériorité numérique, les Lions ont surtout pris tout leur temps pour s’ouvrir les portes des quarts de finale. Sadio Mané et Bamba Dieng ont renvoyé les Requins Bleus à la maison.
Cette 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations rappelle à quel point le sport est une histoire de sentiments. Il y a des soirs où colère et admiration s’entremêlent. L’historique Cameroun-Comores, devenu une affaire continentale, est venu l’attester. Bien qu’il n’ait pas atteint ce niveau d’extrémité, le match entre le Sénégal et le Cap-Vert a lui aussi réservé son lot de petites histoires.
Mané passé par tous les états
A l’instar de plusieurs affiches dans ce tableau des huitièmes, un cador du foot africain se frottait à un petit poucet. Le rapport de force a donc appelé un scénario vieux comme le foot : un gros dominateur contre un bloc bas, organisé et mentalement préparé à subir. En ce sens, les Requins Bleus du CapVert ont globalement réussi leur mission, avec une intelligence tactique remarquable pour bien quadriller le terrain et une ténacité formidable quand les choses se gâtaient. Ce plan aurait pu voler en éclats d’entrée de jeu lorsque Sadio Mané, au bout de 37 secondes, a vu son tir enroulé heurter le montant après s’être ouvert un angle de frappe (1e).
Le Cap-Vert finit à 9
Derrière cela, les Lions ont longtemps tâtonné, peinant à trouver des décalages pour forcer le verrou cap-verdien. La configuration d’attaque-défense s’est encore accentuée après l’expulsion de Patrick Andrade très tôt dans le match (21e). Mais il en a fallu davantage pour enterrer les espoirs du Cap-Vert. C’est au retour des vestiaires que la situation s’est décantée, lorsque Josimar Vozinha a été exclu à son tour après une sortie mal maîtrisée face à Mané (57e). A neuf, ce n’était plus la même affaire pour le Cap-Vert. D’autant que dans la foulée, le même Mané a été plus heureux en trouvant l’ouverture d’un tir puissant suite à une mauvaise relance (1-0, 63e). Signant du coup, son 2e but de cette Can. Une fois la rencontre pliée, le Sénégal a logiquement trouvé un second souffle pour donner un peu plus d’ampleur à cette victoire. Lancé pour les vingt dernières minutes à la place de Mané, Bamba Dieng a pris la lumière.
Décomplexé, spontané et intenable dans la profondeur, le Marseillais a fait passer un premier frisson (78e) avant de parachever le succès sénégalais après un relais avec Famara Diedhiou sur un contre bien mené (2-0, 90e+2). Finalement le Sénégal a pris tout son temps pour écarter les Requins Bleus et s’ouvrir les portes des quarts de finale. De son côté, le Cap-Vert sort avec les honneurs.
Par Yoro DIA
LE PRINTEMPS DES COUPS D’ÉTAT
Les foules qui acclament les militaires vont bientôt leur jeter la pierre. Parce que les premiers responsables des défaites devant les jihadistes, sont avant tout les militaires qui ont prêté serment de défendre l’intégrité du territoire
Durant la guerre froide, les Américains avaient lancé la politique du «containment», c’est-à-dire la volonté d’endiguer l’avancée communiste qui ne cessait de progresser grâce à l’effet domino qui voulait que, dans une zone, si un pays sombrait dans le communisme, d’autres risquaient de suivre à cause de l’effet de contagion. Aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, il y a un véritable effet domino des coups d’Etat. Et il urge pour l’Union africaine et la Cedeao de trouver une bonne politique de «containment» pour arrêter l’effet de contagion et la banalisation des coups d’Etat car, «entre 1950 et 2000, 53 pays ont subi 85 coups d’Etat ayant abouti à des changements de régime. Après une période de répit dans les années 90, le continent africain est celui qui a connu le plus de coups d’Etat dans les années 2000, avec 27 tentatives de putsch», écrit le Général Sène, ancien Haut commandant de la Gendarmerie nationale, dans son livre titré : Implication des Forces de sécurité et de défense dans le processus de démocratisation de l’Etat au Sénégal.
Ce qui est intéressant de souligner dans les propos du Général, est le constat d’une «période de répit dans les années 90». Cette pause dans les coups d’Etat, dans les années 90, était largement due à la première vague démocratique qui avait submergé le continent et qui a fait passer des pays comme le Ghana ou le Benin, d’un cycle de coups d’Etat à un cycle d’alternances démocratiques. Dans la typologie des nouveaux coups d’Etat, il faut faire la différence entre le coup d’Etat forestier en Guinée, qui résulte d’un règlement de comptes entre Alpha Condé et le Frankenstein, Doumbouya, qu’il a créé, et les coups d’Etat sahéliens, à savoir celui du Mali et du Burkina. Les coups d’Etat du Mali et du Burkina résultent d’un vieux principe qui est à la base de tout contrat social, et merveilleusement résumé par Carl Schmitt, et qui veut que «les hommes donnent leur consentement à la puissance, dans certains cas par confiance, dans d’autres par crainte, parfois par espoir, parfois par désespoir. Toujours cependant, ils ont besoin de protection et ils cherchent cette protection auprès de la puissance. Celui (l’Etat) qui n’a pas la puissance de protéger quelqu’un, n’a pas non plus le droit d’exiger l’obéissance». Même s’il n’y a jamais de putsch vertueux, l’incapacité des démocraties et des pouvoirs civils à arrêter le cancer du jihadisme et du terrorisme, explique le soutien aux coups d’Etat des foules qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Ainsi la stratégie de l’insécurité totale et permanente sur tout le territoire, adoptée par les jihadistes, a fini de décrédibiliser les Etats et fortement remis en cause leur légitimité, permettant ainsi aux jihadistes de gagner une grande bataille en instaurant une Fitna au cœur de l’Etat, entre les militaires et les élites civiles.
Les foules qui acclament les militaires vont bientôt leur jeter la pierre, parce que les premiers responsables des défaites devant les jihadistes, sont avant tout les militaires qui ont prêté serment de défendre l’intégrité du territoire. Comme dit l’adage, on ne peut pas se prévaloir de ses propres turpitudes. Un coup d’Etat ne va pas changer radicalement les choses, parce que ce sera toujours la même armée face aux mêmes jihadistes. Au contraire, ils vont faire perdre un temps précieux à leur pays. Et le temps et les divisions politiques sont les meilleurs alliés des jihadistes.
La première vague démocratique qui avait déferlé sur le continent, était exogène parce que partie de la Baule. La deuxième vague, endogène, était partie de Ouagadougou, quand les Burkinabè ont chassé Compaoré, et rien ne l’arrêtera car cette épidémie de coups d’Etat n’est qu’un intermède, avant que les populations ne constatent que la «guerre est une affaire trop sérieuse pour être laissée entre les mains des seuls militaires». Et sur les débâcles militaires au Burkina et au Mali, les militaires sont autant, sinon plus responsables que les civils, parce que comme dit Pio Baroja, «l’Armée doit être le bras armé de la Nation, jamais sa tête». Au Burkina et au Mali, aussi bien la tête que le bras ont failli, et inverser la dialectique par un coup d’Etat n’est qu’une fuite en avant, parce que l’Armée se mue en maître, en lieu et place du Peuple souverain dont il confisque le pouvoir.
Par Mohamed Bachir DIOP
PATRICE LUMUMBA, HÉROS DE L’INDÉPENDANCE DU CONGO VICTIME D’UN COMPLOT AMÉRICANO-BELGE
Il a été assassiné et son corps jeté dans de l’acide !
Lumumba est considéré par les Congolais de Kinshasa comme le véritable père de l’indépendance du pays. Homme politique de premier plan, il a écœuré le roi des Belges lors d’un discours retentissant que ce dernier avait considéré comme une offense personnelle. C’est à partir de cet instant que son destin est scellé et qu’il sera, jusqu’à sa mort, dans le viseur des services secrets américains et de la puissance coloniale belge.
De son nom complet Patrice Emery Lumumba, ce combattant de la liberté est né en 1925 dans ce qui s’appelait encore le Congo Belge. Après des études primaires chez des missionnaires belges puis suédois, il intègre une société minière du Sud-Kivu où il travaille comme employé de bureau jusqu’en 1945 avant de se reconvertir dans le journalisme. Il écrit ainsi dans divers journaux à Léopoldville devenue aujourd’hui Kinshasa et à Kisangani qui s’appelait alors Stanleyville.
A l’époque, l’administration coloniale belge ne prodiguait qu’un enseignement sommaire aux autochtones congolais qui étaient surtout destinés à travailler comme ouvriers ou employés subalternes. Ceux qui avaient quelque instruction étaient pour la plupart des autodidactes et c’était le cas de Lumumba qui avait pu parfaire son instruction en lisant beaucoup de livres d’histoire.
En septembre 1954, il reçoit sa carte d’« immatriculé » (les colons français pour leur part disaient « assimilés »), carte réservée par l’administration belge à quelques éléments remarqués du pays. Il n’y avait dans tout le Congo Belge que 200 immatriculations sur les 13 millions d’habitants de l’époque et Lumumba en faisait partie.
C’est en travaillant pour les sociétés minières qu’il s’aperçoit que les matières premières de son pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, mais aussi que les sociétés multinationales ne font rien pour mêler des cadres congolais à la gestion de ces richesses. Ce qui le pousse à entrer en politique.
Il milite alors pour un Congo uni, se distinguant en cela des autres figures indépendantistes dont les partis constitués davantage sur des bases ethniques sont favorables au fédéralisme. L’historien congolais Isidore Ndaywel è Nziem précise : « Lumumba, à cause de son identité de Tetela, avait son électorat « naturel » dispersé dans l’ensemble du pays, ce qui l’obligeait à jouer une carte nationaliste unitaire ».
S’il ne plaide pas pour une indépendance immédiate, c’est parce qu’il a pris conscience que les frontières du Congo belge et des colonies françaises (Congo Brazzaville), anglaises (Zambie, Soudan) et portugaises (Angola) voisines sont arbitraires, fixées par les puissances coloniales. Ce qui posera un jour la question de répartir les richesses entre les futurs pays africains indépendants. En 1955, il crée une association « APIC » (Association du personnel indigène de la colonie) et aura l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo, sur la situation sociale des Congolais.
En Belgique, sur l’invitation du Premier ministre !
Le ministre belge en charge à l’époque de la politique coloniale, Auguste Buisseret, veut faire évoluer le Congo et, notamment, développer un enseignement public. Lumumba adhère au Parti libéral, parti de ce ministre, et y attire des notables congolais. En 1956, il répand alors une lettre-circulaire parmi les membres de l’association des évolués de Stanleyville dont il est le président et dans laquelle il affirme : « Tous les Belges qui s’attachent à nos intérêts ont droit à notre reconnaissance… Nous n’avons pas le droit de saper le travail des continuateurs de l’œuvre géniale de Léopold II. » Et, en compagnie de plusieurs notables congolais, il se rend en Belgique sur invitation du Premier ministre. Il écrit un livre sous le titre « Le Congo, terre d’avenir, est-il menacé ? » dans lequel il plaide pour une évolution douce et pacifique du système colonial belge dont il reste partisan. Mais, pris dans la mouvance des luttes indépendantistes qui avaient cours à l’époque dans la plupart des pays africains, il ne publie pas ce livre qui ne paraîtra qu’après sa mort.
En 1956, il est jugé pour avoir détourné des fonds des comptes de chèques postaux de Stanleyville et condamné à un emprisonnement d’un an. Il s’était servi volontairement dans les caisses de la société car, n’étant pas toujours payé, il considérait n’avoir fait que prélever son dû. Il imputait ses malversations à l’illogisme des Belges qui incitaient les Congolais instruits à vivre comme les Européens sans leur en donner les moyens matériels. Il sera libéré par anticipation et il reprend ses activités politiques et professionnelles en devenant directeur des ventes d’une brasserie.
Mais il est en même temps président de l’Association des évolués de Stanleyville. C’est à cette époque que le gouvernement belge prend quelques mesures de libéralisation : syndicats et partis politiques vont être autorisés en vue des élections municipales qui doivent avoir lieu en 1957. Les partis politiques congolais sont parrainés par ceux de Belgique et Lumumba, classé pro-belge du fait de ses discours et ses rapports avec les libéraux belges, est inclus dans l’amicale libérale. Mais à l’occasion de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958 où beaucoup de Congolais avaient été invités, il est ulcéré par la manière dont son peuple était présenté. Il considérait que c’était une « image paternaliste et peu flatteuse » et il s’éloigne alors des libéraux belges. C’est ainsi qu’il s’allie avec des milieux anticolonialistes et crée le Mouvement national congolais à Léopoldville en octobre 1958.
En décembre de la même année, il est invité à la Conférence des Peuples africains à Accra, qui constitue pour lui un tournant politique essentiel. Il y rencontre, entre autres, l’Antillo-Algérien Frantz Fanon, le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Camerounais Félix Roland Moumié, qui ont notamment en commun d’insister sur les effets délétères du régionalisme, de l’ethnisme et du tribalisme. Des fléaux qui, selon eux, minent l’unité nationale et facilitent la pénétration du néocolonialisme. À l’issue de la conférence, Lumumba, désormais fermement indépendantiste, est nommé membre permanent du comité de coordination.
De retour au Congo, il organise une réunion pour rendre compte de cette conférence et il y revendique l’indépendance devant plus de 10 000 personnes. Il décrit l’objectif du MNC en évoquant « la liquidation du régime colonialiste et de l’exploitation de l’homme par l’homme ».
En 1960, deux ans après le Ghana, le Congo accueille à son tour une conférence panafricaine. Confronté à la sécession du Katanga (vaste province au sud du pays) soutenue par la Belgique, Lumumba dénonce le fédéralisme comme une manœuvre néocolonialiste : « Sous le camouflage du mot fédéralisme, on veut opposer les populations du Congo [...]. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que ceux qui préconisent le fédéralisme, préconisent en réalité le séparatisme » dit-il dans un discours qui fait l’effet d’une bombe.
Le discours de Lumumba met le feu aux poudres !
Ses propos sont considérés comme antibelges et des émeutes éclatent partout dans le pays, touchant surtout les intérêts du colonisateur. Des militaires belges sont attaqués dans des casernes par des soldats indigènes et massacrés, des entreprises belges sont pillées et la répression qui s’ensuit est sanglante. Une grande majorité de cadres européens du gouvernement et des entreprises prennent la fuite avec leurs familles. Lumumba en profite pour évincer les officiers belges et décrète l’africanisation de l’armée, tout en doublant la solde des soldats.
La Belgique répond par l’envoi de troupes pour protéger ses ressortissants à Léopoldville mais aussi dans d’autres régions, notamment au Katanga où 9 000 soldats viennent soutenir la sécession de cette province, proclamée le 11 juillet 1960 par Moïse Tshombé. Cette forte intervention militaire provoque une crise internationale et atterrit à l’Onu où l’Union soviétique et la Chine condamnent la Belgique. L’Onu hésite à suivre ces deux pays estimant qu’il s’agissait d’un « conflit interne ». Lumumba décide de réagir en envoyant des troupes reprendre la région et l’Onu revient sur sa position initiale et impose militairement un cessez-le-feu, empêchant l’entrée des troupes congolaises.
Le 4 septembre 1960, le président Joseph Kasavubu annonce à la radio la révocation de Lumumba ainsi que des ministres nationalistes, alors qu’il n’en a constitutionnellement pas le droit. Toutefois, Lumumba déclare qu’il restera en fonction ; le Conseil des ministres et le Parlement lui votent une motion de maintien et, à son tour, Lumumba révoque le président Kasavubu, sous l’accusation de haute-trahison. De plus, il appelle à Léopoldville une partie des troupes de l’Armée nationale congolaise (ANC) stationnées à Stanleyville et au Kasaï. Cependant, un coup d’État soutenu par la CIA éclate à Léopoldville par lequel Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir.
Le nouveau régime reçoit le soutien de Kasavubu et de l’Onu. Ex-militaire, mais aussi ancien journaliste dans la presse congolaise pro-coloniale, Mobutu a repris du service dans l’armée congolaise avec le grade de colonel. Le 10 octobre, Mobutu assigne à résidence Lumumba, Ileo et leurs ministres. Mais Lumumba fait passer en secret un mot d’ordre demandant à ses amis politiques de le rejoindre à Stanleyville, où ils établissent un gouvernement clandestin dirigé par Antoine Gizenga. Le 27 novembre, Lumumba s’échappe avec sa famille et tente de gagner Stanleyville avec une petite escorte. Il a à ses trousses Gilbert Mpongo, officier de liaison du service de renseignements chargé de le retrouver pour essayer de l’arrêter. Le 1er décembre, Mpongo réussit et Lumumba est arrêté. Il est ensuite ramené à Mweka, où il est embarqué à bord d’un avion vers Léopoldville, d’où il est transféré vers un camp militaire.
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont conduits par avion à Élisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits sous escorte militaire dans une petite maison, où ils seront ligotés, humiliés et torturés par des responsables katangais dont Moïse Tshombé en personne, et des Belges. Ils seront ensuite fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge et leurs corps jetés dans de l’acide afin qu’il n’en subsiste rien. Seule relique qui confirme son existence réelle comme personne physique, une… dent que sa famille a réclamée à la justice belge qui a accepté au bout de plusieurs années de procédure de la restituer à ses héritiers.
Le général Mobutu Sese Seko a consacré Patrice Lumumba héros national en 1966. Le retour d’Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants est considéré comme un événement national. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa, et récemment, le président Tshisékédi a décidé de l’honorer en lui dédiant une statue. Reconnaissance bien tardive pour ce héros de la lutte anticoloniale.
Par Mohamed Bachir DIOP
ZIGUINCHOR, LA VICTOIRE DE SONKO CONFIRMÉE PAR LA COMMISSION DE RECENSEMENT
La commission départementale de recensement des votes confirme la double victoire de Yewwi Askan Wi au niveau du département et de la commune de Ziguinchor où la coalition de Ousmane Sonko est largement devant.
Jean Diatta, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 26/01/2022
La commission départementale de recensement des votes confirme la double victoire de Yewwi Askan Wi au niveau du département et de la commune de Ziguinchor où la coalition de Ousmane Sonko est largement devant.
Selon cette commission, pour ce qui est du département, il y avait 99 416 inscrits, 63 916 ont effectivement voté et il y a eu 358 bulletins nuls. Et Yewwi Askan Wi de Ousmane Sonko arrive en tête avec 32 635 voix, suivie de l’UCS Mbollo de Abdoulaye Baldé qui a obtenu 17 153 voix, vient ensuite BBY avec 10 329 voix et enfin Wallu 3 443 voix.
Concernant la commune, il y avait 99 325 inscrits, il y a eu 48 075 votants et il y a eu 17 bulletins nuls. La coalition Yewwi Askan Wi a engrangé un total de 26 939 voix, UCS Mbollo 13 892 voix, BBY 5 785 voix, Diisoo 725 voix et IPD 497 voix. Comme on le voit donc ces chiffres donnent largement la victoire à Ousmane Sonko et ses partisans aussi bien à Ziguinchor commune qu’au niveau du département. L’on constate aussi que BBY a eu un score très faible dans la commune de Ziguinchor où pourtant résident tous les principaux leaders du parti présidentiel du département.
Signalons que des partisans de Ousmane Sonko qui se sont confiés à nous se disent de voir la passation de service s’effectuer pour qu’ils puissent commencer le travail. Ils estiment en effet que Ziguinchor est un vaste chantier, autrement dit qu’il y a de nombreuses urgences dans la ville. Par conséquent, disent-ils, il faut tout de suite se mettre au travail pour apporter des solutions aux nombreux problèmes qui assaillent les populations.
«LA CAPACITÉ À FÉDÉRER ET L’EXPÉRIENCE POLITIQUE DE KHALIFA SALL ONT JOUÉ EN FAVEUR DE SA COALITION»
Le professeur de droit Ibrahima Ndiaye reste convaincu que l’alliance de Khalifa Sall et du Pastef d’Ousmane Sonko a grandement contribué à cette percée de la coalition «Yewwi Askan Wi » à Dakar et sur le territoire national
Ibrahima Ndiaye, professeur de droit et consultant, analyse la percée et les bons résultats de la coalition «Yewwi Askan Wi ». Il invite cependant à attendre les résultats officiels pour une analyse numérique afin de connaître la marge exacte. Mais, il reste convaincu que l’alliance de Khalifa Sall et du Pastef d’Ousmane Sonko a grandement contribué à cette percée de la coalition «Yewwi Askan Wi » à Dakar et sur le territoire national.
Le professeur de droit Ibrahima Ndiaye recommande d’essayer de comprendre la posture de Khalifa Sall en fonction des bons résultats de la coalition « Yewwi Askan Wi ».
Chronologiquement, évoque-til, Khalifa Sall a produit la coalition « Manko » qui lui avait permis de conquérir la mairie de Dakar. Malheureusement, sa condamnation judiciaire assortie d’une déchéance de ses droits civiques avait entraîné sa révocation de ses fonction de maire mais aussi de député. « Depuis sa sortie de prison, Khalifa a rebondi avec « Yewwi Askan wi ». Et sur le plan national, son alliance avec Pastef, qui a fait un excellent travail à Ziguinchor, et les autres membres de partis de sa coalition, a été d’un grand apport dans cette victoire », a expliqué le professeur de droit.
Se voulant prudent, Ibrahima Ndiaye demande d’attendre les résultats officiels pour mieux déterminer son poids électoral sur l’échiquier national. « Il faut attendre les résultats officiels pour faire une analyse numérique afin de savoir la marge exacte des deux mouvances. Khalifa Sall, dont la capacité à fédérer et son expérience politique ont joué en faveur de cette opposition, a fait un excellent travail. Reste pour lui à revenir dans le champ politique. Pour cela, il faut qu’il puisse être réhabilité. Mais, il a sa place dans la politique sénégalaise », estime le consultant. A en croire M. Ibrahima Ndiaye, tous ceux sur qui les populations comptent doivent participer à la construction du pays et à l’œuvre collective de construction nationale. « Khalifa Sall a sa place. Et nous lançons un appel au président Macky Sall afin qu’il réfléchisse dans ce sens », plaide-t-il.
Globalement, retient-il, Khalifa doit avoir une grande fierté d’avoir réalisé avec sa coalition tous ces résultats. « On ne lui attribue pas l’exclusivité de cette victoire. C’était un travail de groupe. Mais pour avoir uni toutes ces forces, fédéré et fait le coaching, c’est un grand succès pour lui », précise Ibrahima Ndiaye. Le consultant prédit que, le jour où Khalifa Sall se rendra à la mairie de Dakar pour l’investiture de son poulain, Barthélémy Dias, il y aura beaucoup d’émotions. Cette fierté qu’il aura d’avoir accompagné cette quête de victoire sera apparente. Khalifa Sall va essayer de se rendre dans toutes les mairies avec un air de triomphe. Et ce sera extrêmement important pour un leader politique de son envergure pour la suite du combat politique à mener dans l’opposition », conclut notre interlocuteur.