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17 juin 2025
LES GAMBIENS DANS L'ATTENTE DU NOM DE LEUR PROCHAIN PRÉSIDENT
Seuls les résultats d'une quinzaine des 53 circonscriptions, publiés sur les comptes de la radio-télévision nationale, ont été communiqués depuis la fermeture des bureaux samedi à 17H00 (locales et GMT)
Les Gambiens attendaient toujours dimanche de connaître le nom de leur prochain président, un fastidieux décompte en cours donnant un avantage net mais provisoire au sortant Adama Barrow au lendemain d'un vote crucial pour une jeune démocratie qui cherche à surmonter son passé dictatorial.
Seuls les résultats d'une quinzaine des 53 circonscriptions, publiés sur les comptes de la radio-télévision nationale, ont été communiqués depuis la fermeture des bureaux samedi à 17H00 (locales et GMT), plaçant Adama Barrow en tête.
Un officiel de la commission électorale devant laquelle les médias ont installé leurs caméras a indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que les résultats des circonscriptions seraient annoncés une par une, sans que la commission ne se prononce sur un vainqueur auparavant.
Il escomptait que le processus serait achevé dimanche.Seul le président de la commission est habilité à annoncer les résultats, a-t-il insisté.
Les opérations sont rallongées par le peu de moyens dont dispose le pays, la forte mobilisation apparente des électeurs et le procédé de vote très particulier à ce pays.
Les Gambiens se sont pressés par centaines dans les isoloirs samedi, et, en guise de bulletin, ont voté avec une bille introduite par un tuyau dans un des bidons aux couleurs et à l'effigie de chaque candidat, procédé institué sous la colonisation à cause d'un illettrisme largement répandu.
Environ un million de Gambiens, sur une population de deux millions, étaient appelés à choisir en un seul tour parmi six candidats, tous des hommes, celui qui dirigera pendant cinq ans le plus petit pays d'Afrique continentale, qui est aussi l'un des plus pauvres au monde.
L'élection était annoncée comme un duel annoncé entre le président sortant Adama Barrow et l'opposant historique Ousainou Darboe.
Cinq ans après la fin de la dictature, la consolidation démocratique est un des enjeux de l'élection.Le sort de l'ancien dictateur Yahya Jammeh et la crise économique en sont d'autres.
La communauté internationale sera attentive à l'acceptation ou la contestation par les perdants des résultats officialisés par la commission, dit un haut diplomate international parlant de "moment capital".
Il y a cinq ans, Adama Barrow, ancien promoteur immobilier aujourd'hui âgé de 56 ans et alors quasiment inconnu, avait déjoué les pronostics et battu le dictateur Jammeh après plus de vingt ans de régime caractérisé par une multitude d'atrocités commises par l'Etat et ses agents: assassinats, disparitions forcées, viols, actes de torture...
- Crise économique -
M. Jammeh, qui refusait de reconnaître sa défaite, a été forcé à s'exiler en Guinée équatoriale sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine.
La présidentielle de 2021 est la première sans lui depuis 1996.
Adama Barrow revendique le retour des libertés, la construction de routes et de marchés, et la pacification des relations avec la communauté internationale.
Ousainou Darboe, 73 ans, avocat, quatre fois deuxième derrière Yahya Jammeh à la présidentielle, accuse M. Barrow d'avoir manqué à tous ses engagements pour rester au pouvoir.
M. Barrow est revenu sur sa promesse initiale de ne rester que trois ans au pouvoir.Il a beaucoup atténué ses engagements passés à faire rendre des comptes aux responsables des crimes des années Jammeh.
Son parti nouvellement créé a au contraire noué une alliance avec celui de l'ancien autocrate.
Le prochain président devra décider s'il suit ou non les recommandations d'une commission chargée d'enquêter sur la période Jammeh, qui a demandé que les responsables des crimes commis à cette époque soient jugés.
Des Gambiens interrogés samedi exprimaient d'autres préoccupations.
Près de la moitié des Gambiens vivent sous le seuil de pauvreté.Le pays a été durement touché par le Covid-19.En dehors de l'agriculture, le pays, avec ses plages sur l'Atlantique, vivait du tourisme, dont les flux se sont taris.Les Gambiens souffrent du chômage, de l'augmentation des prix du riz, du sucre ou de l'huile, et du manque d'accès aux soins.
RACISME SYSTÉMIQUE ET FAILLITE DU SYSTÈME JUDICIAIRE AMÉRICAIN
René Lake, Marylin Sephocle et Claude Porsella relèvent sur VOA, à travers deux verdicts récents, l'incapacité de la justice à trancher les affaires à caractère raciale aux États-Unis, avec des Noirs trop souvent lésés
René Lake, Marylin Sephocle et Claude Porsella relèvent à travers deux verdicts récents, sur VOA, l'incapacité de la justice à trancher les affaires à caractère raciale aux États-Unis, avec des Noirs trop souvent lésés. Les invités évoquent notamment le dossier relatif au meurtre du joggeur afro-américain Ahmaud Arbery et l'acquittement polémique de Kyle Rittenhouse.
EN GAMBIE, FORT ENGOUEMENT POUR UN VOTE DANS LE CALME
Le dépouillement terminé, les yeux se tournent désormais vers la Commission électorale. En Gambie, la compilation est connue pour aller vite. En 2016, la victoire de Barrow avait été annoncé dès le lendemain du vote
Les Gambiens étaient appelés aux urnes pour élire leur président lors d'une élection à un tour. Six candidats sont en lice pour succéder à Adama Barrow dont la victoire surprise en 2016 avait mis à plus de deux décennies de régime dictatorial de Yahya Jammeh. Et les électeurs semblent avoir répondu présent avec de longues files d’attente dans centres électoraux de Banjul notamment.
Le dépouillement a commencé avec plusieurs minutes de retard en raison de l’affluence dans le bureau numéro trois de la mosquée centrale, quartier Ker-Sereign, de Banjul. La loi prévoit de laisser voter après l’heure officielle tous ceux qui attendent dans la file, même si, à 17h, les forces de sécurité ont fermé les portes de la cour transformée en centre électoral.
Les gens sont venus nombreux et cela réjouit le président du bureau : « On est très content, on a eu beaucoup de votants. Maintenant, on va compter les votes. » À ses côtés, les représentants des candidats présents font part aussi de leur satisfaction après une journée sans incident. Ils montrent les feuilles d’émargement quasiment pleines avant de condamner l’entrée des urnes pour commencer le dépouillement.
Un dépouillement en petit comité
En Gambie, en raison du système de vote à billes, on appelle plutôt cela le comptage et l’opération est plutôt rapide et efficace. Chaque urne est descellée, vidée sur une planche à trous d’une capacité de 200 billes. Dès que tous les responsables et représentants se sont mis d’accord sur le nombre, les billes retournent dans l’urne, sont scellées de nouveau et conservées en cas de contestation.
Un comptage qui se fait en petit comité. Selon la loi électorale gambienne, seules les personnes accréditées peuvent y assister, un héritage des années Yahya Jammeh. Et une règle que le président de ce bureau de Ker-Sereign applique à la lettre, n’hésitant pas à demander à ceux qui n’ont pas d’autorisation de quitter les lieux.
PRÉSIDENTIELLE GAMBIENNE, FERMETURE DES BUREAUX DE VOTES ET DÉBUT DU DÉCOMPTE DES VOIX
Le scrutin qui a démarré à 8 heures à Banjul et les six autres régions de la Gambie a été clôturé à 17 heures, sauf dans certains centres, encore remplis d’électeurs
e vote qui a démarré à 8 heures à Banjul et les six autres régions de la Gambie a été clôturé à 17 heures, sauf dans certains centres, encore remplis d’électeurs, a appris l’APS de Pa Makhan Kan, responsable des Relations publiques à la Commission électorale nationale indépendante (IEC, sigle anglais).
Il a indiqué que dans certains centres de vote, le processus de décompte des voix a débuté en présence des observateurs nationaux et internationaux ainsi que des mandataires de chaque candidat.
Pacontre, a-t-il fait savoir, dans d’autres centres, le vote se poursuivait jusqu’après 17 heures.
‘’Au fait, compte tenu de la forte affluence, certains centres ont été autorisés à poursuivre les opérations électorales. A partir de 17 heures, il est impossible de recevoir un nouvel électeur. Mais ceux et celles qui étaient dans les files avant 17 heures auront la possibilité de voter’’, a expliqué M. Kan.
Ill a assuré qu’un travail de remontée de données et de centralisation de voix sera effectué au niveau du siège de la Commission électorale indépendante qui procèdera en définitive à la publication de résultats finaux.
MACKY IRRITÉ PAR L'INSALUBRITÉ À DAKAR
Le président a ordonné samedi, la poursuite des activités de désencombrement dans la capitale et a promis des moyens à cet effet, aux Collectivités territoriales. "Il n’est pas acceptable que Dakar continue à présenter un tel visage’’, a-t-il tonné
Le président de la République, Macky Sall, a ordonné samedi à Dakar, la poursuite des opérations de désencombrement dans la capitale sénégalaise et a promis des moyens conséquents à cet effet, pour accompagner les Collectivités territoriales.
‘’Il nous faut continuer ce travail de désencombrement. Il n’est pas acceptable que Dakar continue à présenter un tel visage’’ a-t-il dit au ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et du Cadre de vie, Abdoulaye Saydou Sow.
Le Chef de l’Etat s’exprimait lors du lancement au Lycée Sergent Malamine Camara (LYMODAK) de la commune de Patte d’Oie, la relance de la Journée de nettoiement ’’Bësup Setal’’.
Le président Sall, concernant le désencombrement dans les artères de Dakar, a instruit les structures en charge du nettoiement à ‘’enlever tout ce qui pose obstacle sur la voie publique’’.
‘’Je vous donne tous les pouvoirs et vous avez mon soutien total. Utilisez les moyens publics, utilisez les moyens des forces publiques, utilisez tous les moyens, pour dégager la voie publique, la rendre respiratoire’’, a-t-il exhorté.
Le président de la République a assuré que l’Etat va mobiliser des moyens ’’conséquents’’ pour accompagner les Collectivités territoriales, estimant toutefois que ’’le travail fondamental, c’est le travail des citoyens, des élèves mais surtout des élus’’.
Selon lui, cette Journée mensuelle de propreté doit être de ’’ tous et de toutes, parce que l’hygiène et la propreté sont l’affaire de tous les citoyens’’.
Il a invité les citoyens plus particulièrement les jeunes à planter les arbres, à les entretenir, à les arroser pour que le cadre de vie soit viable, où il fait bon vivre.
Le Chef de l’Etat a remercié le responsables et les élèves du Lycée Sergent Malamine Camara, pour avoir planté des arbres au sein de leur établissement.
Il a à cet effet, lancé un appel à l’ensemble des élèves, des enseignants, des étudiants pour faire des établissements scolaires et universitaires ’’des modèles de propreté, de cadre de vie’’.
par Jean-Baptiste Placca
EN RCA, LE RUSSE POUR ALLER OÙ ?
Le choix des langues dans lesquelles un peuple éduque sa jeunesse implique beaucoup de clairvoyance, une vision stratégique, et ne peut découler de préoccupations sécuritaires ou même financières à courte vue…
En Centrafrique, l’enseignement du russe sera obligatoire à l’université, dès la prochaine année académique. Une nouvelle interprétée au Kremlin comme la preuve du rayonnement grandissant de la Russie en Afrique. Cela se ferait aux dépens de l’espagnol. Mais dans ce choix d’importance opéré par les dirigeants centrafricains qui est le véritable gagnant ?
Si elle a été beaucoup commentée à Moscou, l’information n’a pas fait l’objet d’une communication débordante, de la part des autorités de Bangui. Comme si ces dernières n’osaient trop assumer leur décision. Qu’ils enseignent abondamment le russe dans un département de la faculté des lettres, pourquoi pas ? Par contre, rendre cette langue obligatoire pour tous est profondément troublant, au regard des révélations sur la place prépondérante que semblent prendre les mercenaires russes dans ce pays et ailleurs.
Car, le choix des langues dans lesquelles un peuple éduque sa jeunesse implique beaucoup de clairvoyance, une vision stratégique, et ne peut découler de préoccupations sécuritaires ou même financières à courte vue… Aucune activité économique, dans ce pays, même pas celles relatives au diamant, ne justifie que l’on impose à l’élite centrafricaine de parler russe.
Cette langue est pourtant prestigieuse…
Assurément ! Mais, avec toute la respectueuse admiration que nous devons aux grands esprits qui ont porté la culture russe à son rayonnement planétaire durant les siècles passés, l’on se doit d’admettre que la Russie d’aujourd’hui n’a plus les arguments qui justifieraient que des dirigeants un tant soit peu sérieux, en Afrique, l’indiquent à leur peuple comme horizon à atteindre.
Après la nomination, cette semaine, de Parag Agrawal à la présidence du réseau Twitter, aux Etats-Unis, le responsable d’un forum de recherche sur la diaspora indienne a énuméré, sur RFI, les raisons du succès des Indiens dans ces multinationales. La principale étant la qualité de leur éducation. « Qui est en anglais et leur permet de s’adapter et d’être acceptés dans le monde entier ». Puis il a ajouté que ces jeunes Indiens ont grandi dans un monde démocratique, ce qui les distinguerait des Chinois.
La semaine même où un jeune Indien de 37 ans arrive au firmament d’une des plus impressionnantes entreprises de la planète, les dirigeants centrafricains, eux, promettaient à leur jeunesse l’impasse de programmes russes qui n’ont même pas encore été conçus.
L'ancienne ministre française et directrice d'Afrique d'Atlantic Council, Rama Yade, évoque les raisons pour lesquelles le livre "Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain" de Joseph Ki-Zerbo est un ouvrage majeur de la littérature africaine
L'ancienne ministre française et directrice d'Afrique d'Atlantic Council, Rama Yade, évoque les raisons pour lesquelles le livre "Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain" de Joseph Ki-Zerbo est un ouvrage majeur de la littérature africaine.
LES VICTIMES DE LA DICTATURE DE JAMMEH RÉCLAMENT JUSTICE
Les Gambiens envisagent avec excitation l'élection de leur président.Mais Mariama Marong Baldeh regarde plus loin, dans un mélange de doute et de fermeté, vers le jour où, peut-être, seront jugés ceux qui ont tué son mari
"Les responsables doivent être jugés", dit-elle. Une phrase comme une profession de foi dans la bouche des victimes de la dictature exercée par Yahya Jammeh pendant plus de 20 ans, jusqu'en 2016.Le seront-ils, "c'est la question", soupire-t-elle.
La présidentielle de samedi est la première depuis 1996 à se dérouler sans Yahya Jammeh, vainqueur à quatre reprises d'élections contestées, jusqu'à être battu il y a cinq ans par un quasi inconnu et être forcé de s'exiler en Guinée Equatoriale sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine.
Le sort judiciaire fait à Yahya Jammeh, 56 ans, est un des enjeux de l'élection.
Une commission instituée en 2017 pour enquêter sur les années Jammeh a entendu près de 400 témoins, victimes mais aussi acteurs.Des sessions rigoureuses et bouleversantes ont documenté l'étendue des crimes perpétrés pendant cette période, assassinats, disparitions forcées, actes de torture, viols et castrations, chasses aux sorcières, jusqu'à l'administration contrainte d'un traitement bidon contre le sida.
Entre 240 et 250 personnes sont mortes entre les mains de l'Etat et de ses agents, dit la commission.Maintes fois les témoignages ont fait remonter directement ou indirectement la responsabilité jusqu'à M. Jammeh.
Le prochain président aura à trancher si les auteurs de ces atrocités doivent rendre des comptes.
La commission a remis en novembre son rapport et ses recommandations au successeur de Yahya Jammeh, Adama Barrow.Le contenu du document n'a pas été rendu public.Mais il demande des poursuites contre les principaux responsables, nommément désignés dans ses pages.
"Justice doit être rendue", dit Mariama Marong Baldeh, "c'est ce que nous attendons du rapport (de la commission).Mais quant à savoir s'il sera appliqué par le président et le gouvernement, c'est la question, et c'est aussi mon inquiétude".
Mariama Marong Baldeh, aujourd'hui vêtue des pieds à la tête de vêtements sombres rehaussés de brillant, montre une photo jaunie d'elle et son mari souriant, lui en smoking et noeud papillon, elle en tenue de soirée."Un très bon souvenir pour moi", dit-elle.
- Livres d'histoire -
Son époux Basiru Barrow, soldat, a été exécuté en novembre 1994 par les militaires de la junte qui, le lieutenant Yahya Jammeh parmi eux, avaient renversé quelques mois auparavant le premier président de la Gambie.Basiru Barrow, tué prétendûment pour participation à une mutinerie, laissait derrière lui deux fillettes de deux ans et cinq mois à la charge de sa seconde femme, Mariama Marong Baldeh.
Celle-ci a déposé devant la commission en mars 2019, au côté de la première épouse de son mari, Sunkary Yarboe-Barrow.
Depuis la remise du rapport est lancé un décompte de six mois jusqu'à une décision sur les suites à y donner, un acte politiquement délicat.
"J'assure (aux victimes) que mon gouvernement veillera à ce que justice soit rendue", a dit M. Barrow en recevant les 17 volumes.Mais il les a aussi pressées "d'être patientes".
M. Barrow a dit voir dans la conclusion des travaux "une source de fierté" pour son gouvernement.Mais lui qui avait promis par le passé que les responsables seraient jugés a beaucoup attenué son propos depuis.Les victimes ont vu avec émoi le parti du président faire alliance avec celui de l'ancien dictateur en vue de la présidentielle.
Gilles Yabi, fondateur du think-tank citoyen Wathi, nuance la fierté exprimée par M. Barrow.Certes "il n'a pas bloqué le travail de la commission mais le rapprochement entre les deux partis fait craindre que le processus n'aboutisse pas".
Le principal concurrent de M. Barrow à la présidentielle, Ousainou Darboe, éclate de rire quand on lui demande si M. Barrow appliquerait les recommandations de la commission."Quand nous serons élus, nous appliquerons les recommandations", assure-t-il, même s'il faut pour cela en passer par un tribunal hors de Gambie, comme pour l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré.
Reed Brody, avocat américain engagé au côté des victimes, attend que ce soit la justice gambienne qui se saisisse.Mais "que ce soit par un tribunal gambien, un tribunal régional ou un tribunal international, il faut que justice soit rendue".
Procès ou pas, Essa Jallow, porte-parole de la commission, retient le travail historique accompli par cette dernière: "Ce que nous ne pouvons pas changer, c'est l'histoire, ce sont les faits.Même si un gouvernement, quel qu'il soit, ne fait rien, cela n'effacera pas des livres d'histoire ce qui s'est passé".
LA GAMBIE VEUT PANSER LES PLAIES DE LA DICTATURE ET DU COVID
Les Gambiens élisent samedi leur président, un vote crucial pour une jeune démocratie qui cherche à surmonter son passé dictatorial et les effets du Covid-19 sur une économie fragile
De 08H00 et jusqu'à 17H00 (locales et GMT), les électeurs choisissent leur prochain chef de l'Etat en déposant une bille en guise de bulletin dans un des bidons aux couleurs de chaque candidat, procédé instauré de longue date en raison d'un illettrisme répandu.
Le sortant Adama Barrow et cinq autres candidats, tous des hommes, se disputent un peu moins d'un million de voix, et la charge de diriger pendant cinq ans le plus petit pays d'Afrique continentale, qui est aussi l'un des plus pauvres au monde.
Il n'y a qu'un tour. Les premiers résultats pourraient être connus dès dimanche.
Il y a cinq ans, Adama Barrow, ancien promoteur immobilier aujourd'hui âgé de 56 ans et alors quasiment inconnu, avait déjoué les pronostics et battu le dictateur Yahya Jammeh après plus de vingt ans de régime caractérisé par une multitude d'atrocités commises par l'Etat et ses agents: assassinats, disparitions forcées, viols, actes de torture...
M. Jammeh refusait de reconnaître sa défaite.Il a finalement été forcé à s'exiler en Guinée équatoriale sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine.
La présidentielle de 2021 est la première sans lui depuis 1996.
L'éventualité qu'il ait à rendre des comptes est l'un des enjeux de l'élection, avec la crise économique.
Les Gambiens interrogés par l'AFP s'accordent sur le constat d'une liberté retrouvée après les années de peur, et sur l'importance d'aller voter pour consolider une démocratie vulnérable.
Adama Barrow revendique ce retour des libertés, la construction de routes et de marchés, et la pacification des relations avec la communauté internationale.Son parti prêche la "continuité d'évolutions sans précédent".
- Eternel second -
Celui qui est pressenti comme son principal adversaire, Ousainou Darboe, 73 ans, avocat défenseur des droits humains, l'accuse au contraire d'avoir "failli lamentablement" et d'avoir manqué à tous ses engagements pour rester au pouvoir.Il appelle au changement.
"Je le crois sans aucun doute", dit-il quand l'AFP lui demande si, après avoir été quatre fois le second de Yahya Jammeh, il pense que son heure est venue face à M. Barrow, dont il fut ministre et vice-président.
M. Barrow est revenu sur sa promesse initiale de ne rester que trois ans au pouvoir pendant une période de transition.Il a beaucoup atténué ses engagements passés à faire rendre justice aux responsables des crimes des années Jammeh.
Son parti nouvellement créé a au contraire noué une alliance avec celui de l'ancien autocrate.
Les victimes se demandent si, en cas de réélection, M. Barrow appliquera les recommandations d'une commission chargée d'enquêter sur la période Jammeh.
La commission lui a rendu son rapport en novembre, début d'un compte à rebours de six mois pour que le président, M. Barrow ou son successeur, décide des suites à y donner.
De son exil, M. Jammeh continue à peser sur la politique de son pays où il compte encore de nombreux supporteurs.
Mais de nombreux Gambiens interrogés expriment des préoccupations plus immédiates.Près de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté.Le pays a été durement touché par le Covid-19.En dehors de l'agriculture et des transferts d'argent de la diaspora, le pays, avec ses plages sur l'Atlantique, vivait du tourisme, dont les flux se sont taris.
Les touristes commencent à revenir.Mais de nombreux emplois ont disparu.La Gambie était déjà proportionnellement l'un des principaux points de départ de migrants cherchant à gagner l'Europe en pirogue.Les Gambiens souffrent de l'augmentation des prix des produits de première nécessité comme le riz, le sucre, l'huile, mais aussi des coupures d'eau et d'électricité, et du manque d'accès aux soins.
LE PARTCOURS EST PLUS PROFOND QU’UN SIMPLE FESTIVAL SUR L’ART
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 04/12/2021
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique.
Un petit bilan de ces 10 ans de Partcours ?
On a commencé cet évènement de façon artisanale. C’était juste un groupe de collègues et chacun travaillait dans le privé, pour l’art et la culture à Dakar. Et puis, on s’est retrouvés et on s’est dit qu’on pouvait faire un évènement ensemble, pour remplir le vide culturel. Et on ne savait pas que ça allait durer. On se retrouve 10 ans après et chaque année, il y a eu une édition. Les premières étaient moins connues et plus petites. Après, il y a eu un accélérateur et l’édition actuelle a 28, 29 participants. Le Partcours est attendu par tous ceux qui s’intéressent à l’art. C’est devenu vraiment un évènement incontournable de la vitrine dakaroise.
Au-delà des expositions, le Partcours, c’est aussi une façon de mettre en lumière les galeries dakaroises et les artistes…
Absolument. Et aussi des promoteurs culturels privés. Il y a des protagonistes qui n’ont pas de galerie. Par exemple, Carole Diop, qui fait ses balades architecturales et travaille sur la ville, montre au public l’histoire de Dakar et l’évolution, pas toujours positive, du milieu architecturel dakarois. Il y a également Yataal art qui n’est pas vraiment une galerie, parce que c’est toute la Médina qui est sa galerie, et ils font visiter toutes ses ruelles avec ces graffitis qui sont sur les murs. C’est plus profond qu’un simple festival d’art, parce que ça va intéresser le tissu urbain, les gens dans leur quotidien, leurs plaisirs et difficultés de vivre dans une ville comme Dakar.
Est-ce que ça a permis de vulgariser l’art ? Parce que la peinture était quand même quelque chose d’assez élitiste ?
C’est une action assez large. C’est le Off de la Biennale qui essaie d’aller en profondeur et vulgariser l’art. C’est sûr que les galeries peuvent rester des espaces pour les collectionneurs et certains visiteurs. Mais, c’est seulement à travers l’effort d’aller au-delà qu’on peut avoir des résultats. L’art contemporain ne peut pas être populaire à 100%. Un artiste, ça reste un personnage qui sort un peu de son quotidien, pour devenir un leader esthétique. Quand on a commencé la Biennale, les gens ne savaient même pas ce que c’était dans les quartiers. Je ne dis pas qu’ils vont tous avoir des connaissances mais au moins, ils savent maintenant ce qu’est la Biennale, une exposition, un artiste. Ils s’intéressent à l’art. La première fois, ils peuvent regarder en passant et la fois d’après, ils entrent pour voir l’exposition. C’est petit à petit que ça se fait, l’épanouissement de cet art contemporain. On ne peut pas avoir les mêmes échos que pour un concert de Youssou Ndour.
Est-ce que le marché de l’art a grandi en même temps que le Partcours prenait de l’ampleur ?
C’est sûr que le marché a grandi. On connaissait une dizaine de collectionneurs passionnés. Il y en a beaucoup plus maintenant et on en découvre. Là par exemple, pour notre expo à l’Atelier céramique, on a connu Khady et Alioune Thiam, qui sont des collectionneurs. La fille et le père. Et on a découvert qu’ils sont en train de mettre de côté des pièces africaines classiques, principalement, mais aussi de l’art contemporain. C’est intéressant de voir comme le discours s’élargit, et d’une manière assez égalitaire. Les premières galeries, c’était le centre culturel, après il y a eu beaucoup de Sénégalais intéressés mais maintenant, il y a aussi les Libanais qui s’intéressent à l’art contemporain, font un bon travail et ont de beaux espaces.
Cette année, vous allez éditer un livre sur le Partcours. Il parle de quoi ?
Ce livre a été fait avec beaucoup d’images. Le Partcours, c’est l’art dans la cité. C’est vraiment demander aux gens de circuler dans la ville, de découvrir des lieux d’art. Et aussi les bâtiments et les gens autour. Dans ce livre, on trouve aussi beaucoup d’images de l’ancien et du nouveau Dakar. On trouve des œuvres d’art importantes dans le Partcours et on commence à comprendre qu’on peut écrire l’histoire de l’art du Sénégal, à partir de la fameuse école de Dakar, de Senghor et de ses artistes. Ce livre donne des pistes et suggestions autour de tout ça et de l’architecture aussi. Nous tenons beaucoup à cette thématique et sommes attristés de voir comme Dakar est entrain de changer de visage, parfois pas dans le bon sens. Faire le Partcours devient un parcours du combattant, parce que circuler le soir pour être dans les vernissages…
Comme chaque année, il va y avoir ces vernissages par quartier, qui sont un peu l’identité de cet évènement…
Plateau, Medina, Ouakam, etc. Et depuis quelques années, on a rajouté des endroits dans la banlieue. C’est intéressant de ne pas rester dans le centre-ville. Cette année, on a un nouvel espace à Mbao. On a cherché à s’élargir et être présents. Le Partcours est un évènement autogéré. Il y a quelques aides pour la communication générale, mais chaque galerie finance sa propre activité. On a un nouvel espace cette année, à Mbao, et nous sommes très contents de voir cet intérêt pour l’art contemporain. Après, le Partcours reste quand même dakarois.
Financièrement, c’est toujours compliqué ou ça s’améliore ?
Nos financements servent à maintenir cette organisation et payer toute la communication. Ce qui a fait vivre le Partcours jusqu’à présent, c’est un soutien d’Eiffage depuis la première édition, qui permettait d’éditer ce programme. Les premières années, il n’y avait que ça. Après, quand la manifestation a commencé à être plus importante, d’autres financements se sont rajoutés, y compris celui du ministère de la Culture, avec l’Institut français, le Goethe, et cette année, l’Institut italien, qui vient d’ouvrir, y participe comme espace d’exposition. Avec tous ces soutiens, on arrive à tenir, même si probablement, Eiffage va diminuer sa participation parce qu’il considère, qu’après dix ans, le Partcours est devenu grand et a moins besoin d’un soutien constant comme avant. Mais on a les autres et donc, on va tenir. Ce qui est intéressant ici, c’est cette réflexion commune. Cette année, on a même pu faire une édition mineure. A la fin du confinement, on a vu que beaucoup d’espaces étaient fermés et on s’est permis de faire un Partcours à mi saison, qu’on a appelé Noraane, la saison sèche. Ce n’était pas aussi grand que le Partcours, mais il y avait quand même une communication commune sur la réouverture des espaces culturels.
Les dix prochaines années, qu’est-ce que vous prévoyez ?
Pour moi, c’est la retraite. Quand on a commencé, on ne savait pas ce qui allait arriver. Maintenant, il y a une chose de certain, c’est que plus ça devient grand, plus ça devient difficile à gérer. Parce que mettre d’accord dix personnes, c’est plus facile que mettre d’accord 30 personnes. C’est un gros travail d’organisation et de communication à faire. Si on en est arrivés là, on peut aussi aller plus loin.
Comment vous gérez ça ? Vous vous mettez ensemble et décidez ou bien… ?
On a refusé un statut d’association, avec un président qui va tout décider et que les autres se soumettent. C’est très démocratique. On fait des réunions et on discute des décisions à prendre.
Vous n’aimez pas parler de petites galeries ou grandes galeries mais tout de même, est-ce que les petites galeries ont une chance d’attirer de grands artistes ?
Il y a une disparité de galeries justement. Il y a à Dakar, deux à trois petites galeries qui ont la prétention d’être de grandes galeries. Mais à côté, il y a Agit’art ou Yataal art. Ce ne sont pas de grandes galeries, mais elles ont peut-être même une voix plus importante que d’autres. Espace Medina, c’est un des plus anciens espaces, avec le mien. J’ai commencé ma première exposition ici, en 1981. Mais après, c’est sûr qu’il y a des disparités de moyens, mais on essaie de traiter tout le monde de la même façon. Tout le monde a deux pages dans le catalogue.
Exposer Tampidaro n’est peut-être pas la même chose qu’exposer Soly Cissé ?
C’est la particularité du Partcours. On essaie de faire participer toutes les tendances. Et si un artiste a la volonté et le savoir-faire, il peut aller loin. Regardez ce qui s’est passé avec Kiné Aw ou Barkinado Bocoum ! Quand on les exposait, ils sortaient des beaux-arts. C’est intéressant de voir des artistes sénégalais qui réussissent dehors et qui veulent participer au Partcours. Il y a aussi des étrangers qui demandent à être exposés ici.
Vous êtes à l’origine du Off de la Biennale et du Partcours. Qu’est-ce qui vous motive ?
La passion pour l’art et pour les gens. Si c’était seulement pour l’art, je pourrais être dans ma tour d’ivoire et faire ma collection ou mon business. Mais j’aime le terrain, j’aime partager. Et pour le Off, j’étais au début de l’initiative, mais le terrain était là en fait. Il fallait juste l’organiser. Pour le Partcours, c’est parti avec Koyo Kouoh. Les galeries étaient là et elles avaient envie de trouver quelque chose qui fonctionnait.
Puisqu’on est à l’heure du bilan, n’avez-vous pas fait une étude sur les retombées économiques du Partcours ?
On ne l’a pas fait. C’est difficile à faire de toute façon. La Biennale n’a jamais réussi à le faire, parce que les gens ne disent pas tout.