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4 août 2025
TENSION AVANT ALGÉRIE-CÔTE D’IVOIRE
La Fédération algérienne de football s’est opposée à la désignation de l’arbitre botswanais, Joshua Bondo, pour diriger le match entre l’Algérie et la Côte d’Ivoire ce jeudi
Woury DIALLO (Envoyé spécial au Cameroun) – |
Publication 19/01/2022
La Fédération algérienne de football s’est opposée à la désignation de l’arbitre botswanais, Joshua Bondo, pour diriger le match entre l’Algérie et la Côte d’Ivoire ce jeudi.
L’objection de l’Algérie est intervenue après la diffusion d’informations, par la presse algérienne, sur la possibilité de nommer l’arbitre Joshua Bondo pour diriger la «finale» du groupe C.
La raison du rejet de l’arbitre botswanais par l’Equipe algérienne est due à sa «farce arbitrale» lors du match Algérie-Burkina Faso, qui s’est déroulé à Marrakech, où Riyad Mahrez s’est vu refuser un penalty.
A l’époque, le sélectionneur national Djamel Belmadi avait vivement critiqué l’arbitre botswanais à la fin du match.
En attendant l’annonce officielle de celui qui va officier ce choc que toute l’Afrique attend, l’Algérie retient son souffle.
La Caf dément une délocalisation du match
A noter qu’une forte rumeur annonçait que la Caf va délocaliser l’affiche Algérie-Côte d’Ivoire et les autres matchs restants et prévus au stade Japoma (Douala) au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Selon la rumeur, une réunion était prévue hier pour statuer sur le sort du stade Japoma dont la pelouse inquiète. Ces matchs devaient donc être délocalisés à Ahmadou Ahidjo de Yaoundé si la proposition de la Commission d’organisation est retenue.
Face à cette rumeur, le média algérien El Heddaf a contacté Alexandre Siewe, directeur de la Communication de la Caf. Ce dernier a démenti ces informations. «Il n’y a pas de réunion du Bureau exécutif de la Caf concernant un changement de stade. Côté organisationnel, il est impossible de changer les stades dans ces circonstances», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : «La pelouse de Japoma a attiré l’attention du Comité d’organisation de la Can, qui se réunira mardi (hier) pour étudier son état.»
MANKEUR SANS DIPLOMATIE
Mankeur Ndiaye détaille la sitution politico-sociale en Rca, de la présence des agents de Wagner et de l’importance des Casques bleus sénégalais dans ce pays déchiré par un long conflit armé.
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), Mankeur Ndiaye détaille la sitution politico-sociale en Rca, de la présence des agents de Wagner et de l’importance des Casques bleus sénégalais dans ce pays déchiré par un long conflit armé.
M. le ministre, quelle est la situation politico-sociale en Rca ?
La situation politique actuelle en Rca est dominée par le processus de revitalisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation ainsi que les préparatifs du dialogue républicain sous l’égide du Président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, conformément aux recommandations d’une consultation populaire organisée l’année dernière. Ce dialogue républicain était censé se tenir avant fin 2021. Il s’est malheureusement heurté à la tentative de levée d’immunité parlementaire de certains députés de l’opposition qui s’est soldée par le retrait de plusieurs partis d’opposition du comité d’organisation du dialogue républicain. Les bons offices et efforts de dialogue en cours, avec le soutien des parties prenantes y compris les composantes de la société centrafricaine, l’Union africaine (Ua), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), les pays de la région et les partenaires internationaux, devraient aboutir à l’adoption de mesures de confiance nécessaires au maintien d’un climat propice à la tenue d’un dialogue inclusif et crédible de nature à déboucher sur des solutions durables à la crise centrafricaine. La tenue du dialogue, qui se veut inclusif, est cruciale pour créer des conditions favorables à la paix et à la stabilité.
Ainsi, en décembre dernier, en compagnie des représentants en Rca de l’Ua et de la Ceeac, j’ai rencontré la principale coalition de l’opposition (Cod 2020), dans le cadre de mes bons offices, pour discuter et essayer de trouver un compromis, afin que l’opposition puisse revenir dans le comité d’organisation du dialogue républicain. Le Président Touadéra soutient ce travail de bons offices, en concertation avec d’autres partenaires de la Rca, avec qui nous nous sommes déjà engagés, avec l’espoir qu’un compromis sera trouvé, et que le dialogue républicain puisse redémarrer. En même temps, la Minusca ainsi que d’autres partenaires internationaux continuent d’apporter une assistance technique au comité d’organisation.
Sur le plan sécuritaire, 2022 a commencé avec la poursuite des attaques perpétrées par certains groupes armés signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (Appr-Rca) du 6 février 2019, avec notamment le recours aux engins explosifs improvisés qui ont déjà fait des morts et des blessés parmi la population civile, ainsi que des blessés au sein des casques bleus de la Minusca, avec notamment les explosions qui ont blessé trois Tanzaniens et trois Bangladais, les 30 et 31 décembre 2021. Dans ce contexte, la Minusca et l’ensemble des partenaires de la Rca, restent mobilisés pour soutenir les efforts des autorités centrafricaines pour que le dialogue puisse mener le pays vers la sécurité et une paix durable.
Aujourd’hui, la Rca demeure profondément affectée par un conflit entre les forces du gouvernement soutenues par leurs alliés bilatéraux et la rébellion armée de la Coalition des patriotes pour le changement (Cpc). Ce conflit se conjugue à une situation économique morose, notamment du fait de la pandémie de la Covid-19, et une situation humanitaire extrêmement préoccupante. Les efforts pour un dialogue politique inclusif et constructif, sont cruciaux pour remédier à cette situation et améliorer la situation des Centrafricains.
On a prolongé le mandat de la Minusca, cela veut dire qu’il y a encore de nombreux problèmes à régler ? Ou cela veut dire simplement que le Conseil de sécurité ne veut pas lâcher la Rca ?
Le renouvellement du mandat de la Minusca jusqu’au 12 novembre 2022, n’est pas une imposition du Conseil de sécurité, mais plutôt l’expression de la solidarité internationale à l’égard du peuple centrafricain, principale victime de cette longue crise. Il faut rappeler que la Minusca est en Rca à la demande des autorités du pays. C’est une opération de maintien de la paix, et comme toute opération de maintien de la paix, elle n’est pas éternelle. Elle a des objectifs et si ses objectifs sont atteints, la Mission prendra fin. Et nous, nous souhaitons qu’elle prenne fin le plus vite possible, c’est-à-dire que la Rca, le peuple centrafricain retrouvent la paix, la stabilité dans le meilleur délai, et c’est ça l’engament du leadership de la Minusca. Et c’est ça aussi l’engagement et la volonté de l’Organisation des Nations Unies.
L’adoption de ce nouveau mandat intervient dans un contexte de défis et d’opportunités majeures pour le processus de paix : la revitalisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (Appr-Rca) à travers la feuille de route de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (Cirgl), le cessez-le-feu unilatéral déclaré le 15 octobre 2021, le dialogue républicain et les élections locales prévues pour septembre 2022.
À travers la résolution 2605, le Conseil de sécurité a assigné à la Minusca un ensemble de tâches, particulièrement les tâches prioritaires comme la protection des civils, qui demeure au cœur du mandat de la Minusca, les bons offices et l’appui au processus de paix, y compris à la mise en œuvre du cessez-le-feu et de l’ Appr-Rca, l’aide à l’acheminement en toute sécurité et sans entrave de l’aide humanitaire, ainsi que de la protection des biens et du personnel des Nations Unies. Les autres tâches portent sur la promotion et la protection des droits humains ; l’appui au dialogue républicain et aux élections locales ; l’appui à l’extension de l’autorité de l’État, au déploiement des forces de sécurité et au maintien de l’intégrité territoriale ; la Réforme du secteur de la sécurité (RSS) ; le Désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement (Drr) y compris le cantonnement ; et l’action en faveur de la justice nationale et internationale, de la lutte contre l’impunité et de l’État de droit. Les questions de genre et de protection de l’enfance sont bien entendu pleinement prises en compte dans le mandat.
Les violences actuelles provoquées par les groupes armés, entrainant le déplacement massif de milliers de personnes et empêchant la fourniture de l’assistance humanitaire, sont la preuve des nombreux chantiers en cours. Conformément à son mandat, la Minusca continuera d’apporter son appui aux autorités centrafricaines. Ce vaste mandat requiert une continuité dans la posture robuste incarnée par la Minusca, un usage dynamique de nos initiatives de bons offices ainsi que la mise en œuvre de programmes articulés autour des tâches additionnelles en guise de réponses aux causes profondes des crises successives qui continuent malheureusement de compromettre la paix et la stabilité de la République centrafricaine.
Est-ce qu’il est possible pour les forces de la Minusca de pacifier le territoire centrafricain ?
La Minusca a été établie en 2014, soit bientôt huit ans de présence dans le pays. Grâce à ses mandats successifs, le pays a connu de nombreuses avancées sur le plan sécuritaire alors que les casques bleus étaient les seules forces présentes sur le terrain, pour protéger les populations civiles des violences des groupes armés. Des villes comme Bambari ont été libérées, fruit de la posture robuste des casques bleus dont certains ont fait le sacrifice ultime face aux groupes armés, notamment à Bangui, Bangassou, Dékoa et Grimari.
À chaque fois qu’il a fallu s’acquitter de son mandat, la Minusca a utilisé les moyens mis à sa disposition pour protéger la population civile ou réduire la menace des groupes armés. Par ailleurs, la résolution 2566 (2021) du Conseil de sécurité de mars 2021, augmentant l’effectif de la Minusca de 3 690 casques bleus (2 750 pour la Force et 940 pour la Police), témoigne de la réponse des Nations Unies à la menace sécuritaire actuelle dans le pays, pour permettre à la Mission d’exécuter pleinement son mandat de protection des civils. La résolution 2605 prévoit un effectif maximal de 14 400 militaires, 3 020 policiers et 108 agents pénitentiaires, auxquels s’ajoutent 1480 personnels civils.
Cette augmentation de nos effectifs porte le budget 2021/2022 de la Minusca à 1.036.595.600 de dollars américains soit près de 590 milliards de francs Cfa. Cette estimation pourrait atteindre 1.080.247.400 de dollars amé¬ricains, soit près de 615 milliards de francs Cfa pour l’exercice 2022/2023 en préparation. Cela étant, il faut souligner que les autorités centrafricaines ont la responsabilité première dans la pacification du pays tout comme dans la protection des civils. La Minusca intervient en appui, y compris en soutenant le déploiement des forces de défense et de sécurité ou lors d’opérations militaires concertées.
La résolution 2605 souligne clairement que « L’exécution effective des mandats de maintien de la paix relève de la responsabilité de toutes les parties prenantes et qu’elle dépend de plusieurs facteurs essentiels (…) ». Il s’agit donc d’une responsabilité collective qui concerne, au premier plan, les autorités centrafricaines notamment dans leurs efforts pour promouvoir une paix et une stabilité durables et lutter contre la présence et l’activité des groupes armés notamment par une appropriation nationale renforcée de l’APPR et sa bonne mise en œuvre ainsi que par la réforme du secteur de la sécurité. La résolution 2065 demande également aux autorités centrafricaines de mener d’urgence une entreprise de réconciliation véritablement inclusive dans le pays et de prendre des mesures en faveur, entre autres, de l’amélioration de la situation sécuritaire, du respect des droits de l’homme, de la justice et de la lutte contre l’impunité ainsi que pour le redressement économique du pays.
Par ailleurs, la pacification de la Rca n’est pas que militaire, tout comme la solution militaire n’a jamais été une solution à la crise dans les pays en conflit. La problématique des groupes armés et la paix en RCA passe par le processus de dialogue dans le cadre de l’APPR et la Feuille de route de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CirgL) ainsi que par le Ddrr. La déclaration de cessez-le-feu unilatéral par le Président Touadéra, le 15 octobre 2021, est un pas important dans ce sens, et la Minusca veillera à son application et à son suivi.
Bien évidemment, cet élan implique une mobilisation de tous les partenaires internationaux, une diplomatie de la navette et pour une approche harmonisée et consensuelle de règlement définitif de la crise.Les Nations Unies, l’Union africaine, la Ceeac et l’Union Européenne entreprennent une démarche concertée dans le cadre d’un quartet qui entretient régulièrement un dialogue constructif avec le Gouvernement et le peuple centrafricains afin de promouvoir une appropriation nationale du processus de paix et susciter l’adhésion aux solutions politiques consensuelles envisagées pour une sortie de crise définitive.
Est-ce que les pourparlers sont réels entre les différents protagonistes du conflit pour permettre aux populations de retrouver leur quiétude ?
L’Appr a été violé à plusieurs reprises par des groupes armés signataires qui n’ont pas respecté leurs engagements, d’où d’ailleurs l’inscription de leurs leaders sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité, à savoir Abdoulaye Miskine (Fdpc), Sidiki Abass (3R) et tout récemment Ali Darassa (Upc), en raison des menaces qu’ils représentaient pour la paix.
En même temps, l’Accord de paix s’est traduit par plusieurs avancées telles que le déploiement des Forces armées centrafricaines (Faca) et des Forces de sécurité intérieure (Fsi) dans des villes comme Bria, Kaga-Bandoro et Birao où l’État était absent depuis plusieurs années. De même, un effectif de 2 532 combattants (dont 144 femmes) de 12 des 14 groupes armés signataires, ont été désarmés et démobilisés dans le cadre du programme national Ddr lancé en décembre 2018 par le Président Touadéra.
Plus que jamais, l’Appr reste l’outil essentiel devant permettre au pays d’avancer vers la paix, et la Minusca apportera le soutien politique, technique et opérationnel à l’application et au suivi du cessez-le-feu et de l’Appr, ainsi qu’aux autorités centrafricaines dans la création de conditions propices à la pleine mise en œuvre de l’Accord par le biais de la feuille de route de la Cirgl. Cela exige l’implication de tous les signataires, y compris le retour dans l’Appr des groupes armés ayant rejoint la coalition des rebelles.
Vous avez aidé à l’organisation de la Présidentielle, est-ce que toutes institutions fonctionnent normalement ?
L’organisation des élections présidentielle et législatives de 2020-2021, malgré les violences et la tentative de prise du pouvoir par les groupes armés membres de la coalition, fait partie des progrès à l’actif du Gouvernement et du peuple centrafricains, à laquelle la Minusca et les agences concernées des Nations Unies en Rca ont énormément contribué.
Ce processus électoral a été un pas important dans la consolidation de la démocratie en Rca, en permettant aux électeurs d’exercer leur droit constitutionnel, mais aussi d’élire les nouvelles institutions, qui gouvernent le pays et travaillent avec leurs différents partenaires, parmi lesquels les Nations Unies. Cependant, le processus électoral ne sera achevé qu’avec la tenue en septembre 2022 des premières élections locales en Rca depuis 1988. À l’image des élections présidentielle et législatives, la Minusca travaille avec l’Autorité nationale des élections (Ane) et le Gouvernement, afin d’apporter son appui en mobilisant les ressources auprès des partenaires et en fournissant un appui en matière de sécurité et un soutien opérationnel, logistique et technique à la tenue de ces scrutins locaux d’enjeux importants pour l’ancrage de la démocratie, la gouvernance et le développement à la base en Rca.
La stabilité institutionnelle qui a prévalu, grâce notamment au soutien robuste de la Minusca, doit servir à consolider les acquis démocratiques et renforcer les institutions, ainsi qu’à améliorer la gouvernance, pour résoudre les causes profondes du conflit.
Quid de la formation des forces armées ? Sont-elles prêtes ou capables de défendre le territoire national centrafricain ?
La formation des Faca, qui n’est pas incluse dans le mandat de soutien de la Minusca, est assurée par d’autres partenaires bilatéraux et multilatéraux de la Rca. Cependant, la Minusca y apporte sa contribution en appuyant les autorités centrafricaines, d’une part au niveau stratégique en soutenant le ministère de la Défense . En matière de formation, ce sont plutôt les forces de sécurité intérieure qui bénéficient du soutien de la Minusca au travers de son pilier Unpol qui aide les autorités centrafricaines à former les forces nationales de police et de gendarmerie et à assurer la sélection, le recrutement et la vérification des antécédents de policiers et de gendarmes, avec l’appui de donateurs bilatéraux et de l’équipe de pays des Nations Unies. Ce soutien sera poursuivi en 2022, au cours de laquelle il est prévu le recrutement de 1 000 Fsi soit 500 pour la police et 500 pour les gendarmeries.
On parle de la présence des agents de Wagner sur le sol centrafricain. Quelle est votre position par rapport à cette situation ?
Permettez-moi de m’exprimer uniquement sur le mandat de la Minusca. En matière de réforme des secteurs de la défense et de la sécurité intérieure, la résolution 2605 demande à la Minusca de fournir des conseils stratégiques et techniques aux autorités centrafricaines pour mettre en œuvre la politique nationale de sécurité et sa stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité (Rss) ainsi que le plan national de défense, en étroite coordination avec l’Eutm-Rca, l’Euam-Rca, la Mission d’observation de l’Union africaine en République centrafricaine (Mouaca) et d’autres partenaires internationaux de la République centrafricaine, dont les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la France, la République populaire de Chine et la République du Rwanda. L’objectif et le défi étant de veiller à la cohérence de la réforme du secteur de la sécurité et à la complémentarité des actions Conformément à son mandat, la Minusca anime de façon régulière des groupes de coordination des actions en soutien aux secteurs de la défense et de la sécurité intérieure avec les partenaires internationaux, au niveau technique, mais aussi au niveau politico-stratégique comme le groupe des amis de la Rss avec les chefs de missions et ambassadeurs en Rca. Toujours dans la cadre de son mandat, la Minusca soutient au quotidien les efforts de la Coordination nationale Rss sise à la Présidence de la République qui doit rester le guichet unique national en matière de Rss, coordonnant acteurs nationaux et internationaux suivant les orientations nationales.
Cette présence russe approuvée par une partie de l’opinion nationale du pays et même du continent ne signifie pas qu’il faut changer de paradigme pour prévenir et gérer les conflits ?
La Russie, qui est un éminent membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, contribue beaucoup à la mise en œuvre du mandat de la Minusca. Je voudrais vraiment vous rassurer de ce point de vue, il est important que tous les partenaires travaillent ensemble, nous aident à mettre en œuvre le mandat que le Conseil de sécurité nous a donné. Les membres du Conseil sont tous des partenaires de la République centrafricaine et restent engagés auprès du pays en vue d’une solution définitive à la crise.
Dans le cadre de mes engagements avec les États membres et partenaires de la Rca, j’ai rencontré en novembre dernier le Représentant permanent de la Russie auprès des Nations Unies ainsi que des représentants permanents d’autres États membres, y compris des membres permanents du Conseil de sécurité tels que la Chine, la France et le Royaume-Uni pour échanger sur le mandat de la Minusca et la situation en Rca. Je poursuivrai ce dialogue en 2022, car la Rca a besoin de l’appui des partenaires régionaux et du reste du monde pour mettre fin à sa crise qui n’a que trop duré.
Le Sénégal est l’un des principaux pays fournisseurs d’effectifs de police de la Minusca avec deux unités de police constituées déployées à Bangui et à Berbérati ? Quelle évaluation faites-vous de leur contribution à la protection des populations civiles et à la mise en œuvre du mandat de la Minusca en général ?
J’aimerais particulièrement saisir l’opportunité de cette interview pour exprimer, au nom du Secrétaire général des Nations Unies, toute ma gratitude au Président de la République du Sénégal, pour la contribution qualitative de la police et de la gendarmerie sénégalaises à la mise en œuvre du mandat de la Minusca. La Mission dispose actuellement de 193 gendarmes et 148 éléments de la police déployés dans la capitale et à Berbérati, dans l’ouest de la Rca, dans le cadre de la protection des populations civiles et la conduite d’opérations sécuritaires multidimensionnelles dans le pays.
Je tiens à rappeler le rôle crucial joué par l’unité de police constituée sénégalaise lors de l’attaque de la ville de Bangui par les rebelles de la Cpc, le 13 janvier 2021. Les casques bleus sénégalais ont été les premiers à s’opposer aux éléments armés et leur bravoure a permis de freiner leur avancée, avant que des renforts de la Minusca mais aussi des Faca et leurs alliés ne soient déployés sur le terrain pour mettre fin définitivement à la tentative de prise du pouvoir par la force.
Nous attendons très prochainement le déploiement d’une troisième unité constituée de 180 gendarmes, qui sera basée à Batangafo, ainsi que l’arrivée d’une Force de réaction rapide sénégalaise, constituée de 180 militaires.
LA COSYDEP INQUIETE POUR L’ANNEE SCOLAIRE
Le deuxième trimestre de l’année scolaire, dans un contexte marqué par des événements devenus de véritables centres d’intérêts pour les Sénégalais, comme la campagne électorale, la Can ou la grève des enseignants, inquiète la Cosydep
La campagne électorale des Locales, la 33ème édition de la Can (Coupe d’Afrique des Nations), tout comme les mouvements de grève des syndicats d’enseignants, poussent la Cosydep (Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique) à afficher ses inquiétudes.
Le deuxième trimestre de l’année scolaire, dans un contexte marqué par des événements devenus de véritables centres d’intérêts pour les Sénégalais, comme la campagne électorale, la Coupe d’Afrique des Nations (Can) ou encore la grève des enseignants, inquiète la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Cette organisation de la Société civile se soucie de la menace sur la continuité des apprentissages. Dans un communiqué, l’organisation a réaffirmé «sa forte préoccupation pour la quiétude et la sécurité dans les lieux d’apprentissage, en préservant l’institution scolaire des rivalités entre acteurs engagés dans ces élections».
Dans la même veine, elle «invite les candidats à prendre des engagements documentés, réalistes et sincères face aux questions qui perdurent et qui doivent trouver des solutions». Cheikh Mbow et ses collaborateurs rappellent également «aux acteurs politiques, que les joutes électorales devraient être des opportunités d’éducation à travers les débats, manifestations et autres réflexions, qui doivent être des occasions d’enseignement à distance pour renforcer la mission d’éducation de l’école».
S’agissant des plans d’action des syndicats d’enseignants et les manifestations d’apprenants, la Cosydep «recommande de décrypter et traiter à temps les alertes et autres menaces, en bannissant toute logique de pourrissement». Il est aussi demandé de «régulariser la situation des 5000 enseignants nouvellement recrutés et d’affronter le rapport sur le système de rémunération des agents de l’Etat, qui constitue un point déterminant dans la re-motivation des enseignants».
Pour ces membres de la Société civile, les autorités doivent «faire face aux exigences de mise aux normes de l’environnement des apprentissages et à l’effectivité du droit à l’éducation, en dépit de l’actualité politique». Et d’ajouter : «L’éducation étant un enjeu à la fois national et local, investir davantage dans la protection des jeunes apprenants qui constituent l’avenir, l’Etat central, tout comme les collectivités territoriales, doivent s’engager à investir davantage dans la protection des jeunes apprenants qui représentent l’avenir de notre pays.»
Par ailleurs, revenant sur les prochaines élections locales, l’organisation souligne qu’elles «pèsent lourdement sur le secteur». D’après la Cosydep, ces élections «mobilisent plus de 6 millions d’électeurs, dont une bonne partie d’apprenants et d’enseignants, mais aussi des milliers d’enseignants sur qui repose le fonctionnement correct des 6639 lieux de vote». Dès lors, font remarquer les auteurs du document, «il se pose la question de la nécessité d’un retour sur investissement de la part des élus, pour les 6 millions d’apprenants en quête de perspectives d’avenir.»
Or, déplorent-ils : «La réalité du terrain montre jusque-là des écoles sans eau ou avec des factures impayées, sans blocs sanitaires ou non fonctionnels, sans gardiens ou femmes de ménage.»
Pire, la Cosydep fait remarquer «une ‘‘cantinisation’’ anarchique, une absence de réserve foncière pour l’élargissement du réseau, une absence de pièce d’état civil pour de nombreux apprenants, un retard dans l’appui découlant des fonds de dotation, peu d’efforts dans la réhabilitation, la modernisation et la rénovation des lieux d’apprentissage». Cela, souligne-elle, «est d’autant plus regrettable que ces différents services relèvent de la compétence des élus locaux».
Par Yoro DIA
DE L’INDIGENCE À L’EMERGENCE
Imaginez un peu ce que le Sénégal serait aujourd’hui si Wade avait arrêté ses grands travaux, en écoutant le peuple et quelques populistes en opposition à ces projets sous prétexte que "l’on ne mange pas le béton et le goudron"
Il y a quelques mois, le Sénégal s’était passionné pour le débat sur le déboulonnage de la statue de Faidherbe dans la vieille ville de Saint-Louis. La réponse se trouve au pont de Foundiougne. La meilleure façon de déboulonner Faidherbe n’est pas dans le verbe mais dans le béton et le goudron. Pour déboulonner Faidherbe, il faut construire un deuxième pont plus grand et plus majestueux, comme l’Etat vient de le faire à Foundiougne.
Ainsi, le vieux pont sera le symbole du passé et le nouveau, celui d’un Sénégal moderne et conquérant. Le Sénégal ne pourra jamais remercier Wade d’avoir ouvert les portes de l’Hubris (démesure) en 2000. Chaque fois que je passe par l’autoroute à péage, je ne peux m’empêcher de penser à l’ancienne minuscule route entre Bountou Pikine et l’ancien immense rond-point de la Patte d’Oie. Cette minuscule route, symbolise un Sénégal indigent. Avec l’autoroute à péage, la route secondaire de Wade (celle que l’on prend à défaut de l’autoroute), est deux fois plus grande que l’ancienne route principale de Diouf. Depuis que Wade a ouvert les portes de l’Hubris, on est en train de passer d’un Sénégal indigent à un Sénégal émergent, en passant des Tata au Ter, d’une route nationale minuscule aux autoroutes, des bacs aux ponts, d’un port toujours congestionné et qui remonte à la colonisation, au port de Ndayane.
Au fond, en termes simples, c’est ça l’émergence. C’est juste penser que rien n’est jamais suffisamment grand pour son pays, comme le pensent les habitants de Dubaï, qui sont passés sans transition de l’indigence du désert et de la pêche à l’incarnation de la prospérité. Il y a un certain nombre de constantes dans l’Emergence, et l’une des plus importantes est que le leadership politique ne doit pas être à la remorque du peuple par populisme. Imaginez un peu ce que le Sénégal serait aujourd’hui si Wade avait arrêté ses grands travaux, à commencer par l’autoroute, en écoutant le peuple et quelques populistes qui attaquaient ces projets sous prétexte que «l’on ne mange pas le béton et le goudron, et le Peuple a faim».
Wade avait raison de continuer, parce que ses grands travaux contribuent à la croissance, parce que le béton et le goudron se mangent, car chaque nouvelle route, autoroute ou pont, crée de nouvelles opportunités économiques. Il avait aussi raison de ne pas renoncer au Monument de la renaissance africaine, devenu aujourd’hui symbole et la carte de visite de Dakar, et qui a surtout relégué dans les poubelles de l’histoire, la fameuse statue coloniale Demba et Dupont. A l’instar du Monument de la renaissance, devenu la carte de visite de Dakar, Diamniadio doit devenir celle d’un Sénégal émergent et conquérant, reléguant ainsi Dakar à sa place : l’histoire, notre passé, comme c’est le cas en Malaisie, entre Kuala Lumpur et Putra Jaya ou entre Dar es Salam et Dodoma en Tanzanie.
Tout à Dakar, le cœur de l’Etat, est vestige colonial, à commencer par le Palais présidentiel. Mais heureusement, le cannibalisme du béton et de l’immobilier débridé comme dans tous les pays émergents, est en train de se substituer à la volonté politique, en effaçant les traces du Dakar colonial. Dans quelques années, avec le cannibalisme du béton, ne restera du Dakar colonial que le Palais, l’Assemblée nationale, la marie et le ministère des Affaires étrangères, car le Building et Sandaga ont déjà changé de siècle.
Dans notre marche du Sénégal indigent vers le Sénégal émergent, on entendra toujours des arguments comme, «on ne mange pas le béton» ou tout le monde n’a pas les moyens de payer le billet du Ter ou le péage du Pont. C’est fort normal car, comme disait Winston Churchill, «le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère». L’histoire lui a donné raison, car aucun pays n’a émergé avec la vertu inhérente du socialisme. Même les Chinois ont été obligés de recourir au «vice inhérent» du capital, pour trouver le chemin de l’Emergence.
«SI J’AVAIS MIS EN APPLICATION LES CONCLUSIONS DU RAPPORT, IL N’EXISTERAIT PLUS UN SEUL MÈTRE CARRÉ SUR LES TERRES DU DOMAINE NATIONAL»
Macky SALL sur le rapport de la commission de réforme foncière
Interpellé à maintes reprises sur les conclusions de la Commission nationale de réforme foncière, le président de la république Macky Sall a profité hier de la rentrée solennelle des cours et tribunaux pour donner sa version sur ces recommandations. A l’en croire, s’il avait mis en application les conclusions du rapport de cette commission nationale, en moins de 12 mois, il n’existerait plus un seul mètre carré public sur les terres du domaine.
Beaucoup de membres de la Commission nationale de réforme foncière pensent que le chef de l’Etat a fait fi de leurs recommandations après avoir dissout ladite structure. Hier aussi, lors de la rentrée solennelle des cours et tribunaux, il a été interpellé sur cette question par le bâtonnier Me Leyti Ndiaye. Toutefois, le Président Macky Sall s’est voulu très clair sur la question. «Je souhaite dire ici la volonté de l’Etat d’appliquer les travaux de la Commission nationale de réforme foncière, en ce sens qu’ils vont renforcer le système de gouvernance foncière. Le gouvernement y travaille. Il reste que les choses du foncier sont complexes et que toute décision de portée générale y afférente mérite précaution», a soutenu Macky Sall avant de révéler : «Ma conviction intime est que si j’avais mis en application les conclusions du rapport de cette Commission nationale, en moins de 12 mois, il n’existerait plus un seul mètre carré public sur les terres du domaine». Il estime qu’ainsi les collectivités allaient délibérer et octroyer toutes les terres. «Et nous nous retrouverions dans la situation de certains pays de l’Afrique australe où toutes les terres sont privées à l’exception de la voie. Je ne peux pas assumer cette responsabilité», clame-t-il.
Toutefois, Macky Sall indique qu’il faut continuer la réflexion, «y compris toutes les pertinentes recommandations qui ont été données aujourd’hui, afin de proposer les réformes qui s’attachent à cette question essentielle». Pour lui, il y va de l’équilibre à garder entre les différents enjeux et les conséquences qui s’attachent à la question foncière. Dans la foulée, il trouve que la mise en œuvre de certaines recommandations de la commission nécessite des études complémentaires qui seront faites.
LES ACTEURS DE LA JUSTICE «CORRIGENT» LE DOMAINE NATIONAL ET PRESSENT MACKY SALL
«Justice et conflits fonciers : application de la loi sur le domaine national», c’est le thème choisi pour la rentrée solennelle des cours et tribunaux.
«Justice et conflits fonciers : application de la loi sur le domaine national», c’est le thème choisi pour la rentrée solennelle des cours et tribunaux. il a permis aux acteurs de la justice de passer au crible les goulots qui étranglent l’efficacité de l’application de la loi sur le domaine national. Ainsi, ils ont demandé la révision des textes sur le foncier, décrié l’absence d’un plan cadastral national et dénoncé la complaisance dans l’octroi des terres du domaine et le laxisme de certains élus. L’application de la loi relative au domaine national contribue-telle au traitement efficace des conflits fonciers ou les exacerbe-t-elle? La réponse à cette question est sans équivoque pour le Procureur général près de la Cour suprême Mahamadou Mansour Mbaye.
A l’en croire, les intentions du législateur de 1964 qui étaient d’adopter une loi qui régirait à la fois les conditions d’accès à l’habitat en milieu rural et urbain et les questions foncières liées aux activités agro-sylvo-pastorales étaient nobles. Lors de la rentrée des Cours et Tribunaux, le procureur a fait le procès de la loi sur le domaine national. «Après plus de 57 ans d’existence, l’esprit pacificateur, la logique de régulation sociale et le renforcement des équilibres socio-culturels que cette loi voulait promouvoir ont été souvent méconnus. Aujourd’hui plus qu’hier, la gestion de la terre est devenue pour certains élus, mais aussi pour certains agents de l’État, soit un moyen d’enrichissement, soit une source d’influence», accuse-t-il avant de trancher : «La terre est l’objet de tous les pactes, souvent, hélas !
Au mépris de la lettre et de l’esprit de la loi». Sans langue de bois, il indique que «des spéculateurs de tous genres ont réussi, par des accointances et complaisances, à posséder des parties importantes du domaine national, au moment où une grande majorité de nos concitoyens ont du mal à accéder à l’habitat et à des terres de culture». Selon le procureur général, des personnes physiques ou morales se voient attribuer de vastes superficies pour un usage agricole, emportant une désaffectation des terres mises à la disposition de paysans qui, depuis des générations, cultivent ces périmètres avec lesquels ils entretiennent une relation tant affective qu’économique. «Ces pratiques, à la limite de la légalité, mises ensemble participent à la récurrence des conflits fonciers qui sont également consécutifs à l’absence d’un plan cadastral national et d’une délimitation adéquate des collectivités territoriales», fulmine Mahamadou Mansour Mbaye. Et de préciser que l’intervention du juge est souvent observée avec une certaine appréhension par le justiciable, mais aussi par certains acteurs judiciaires qui préfèrent souvent recourir à des modes alternatifs de règlement des conflits pour traiter les questions foncières, en saisissant notamment un médiateur ou un conciliateur.
LE BATONNIER ME PAPE LEYTI NDIAYE SUR LE RAPPORT DE LA COMMISSION NATIONALE DE REFORME FONCIÈRE : «MONSIEUR LE PRESIDENT, VOUS VOUS HATEZ LENTEMENT»
Après avoir appuyé les propos du procureur général à la Cour Suprême, le bâtonnier Me Pape Leyti Ndiaye estime que le processus d’exclusion des autochtones du domaine national accentue les contestations par les populations des décisions d’affectation des terres du domaine national. «Leurs sentiment de frustration résulte de l’impossibilité pour ces populations rurales ou autochtones qui exploitent une terre depuis des générations de pouvoir procéder à son immatriculation», souligne la robe noire devant le Président Macky Sall. «Pourtant, la même terre, par le biais d’une délibération, d’un déclassement ou d’un bail, permet au promoteur d’obtenir l’inscription à son profit. C’est pourquoi le conflit foncier, qui est devenu aujourd’hui un conflit collectif opposant souvent une communauté à un particulier, atterrit chez le juge, non pas comme un vrai conflit foncier, mais comme une atteinte aux droits de la propriété ou une entrave au droit de travailler», explique le bâtonnier qui insiste sur la nécessité de démêler la situation inextricable du foncier sénégalais qui, dans son application, dit-il, a révélé des failles, des difficultés et des errements.
Par ailleurs, Me Papa Leyti Ndiaye n’a pas manqué de déplorer les lenteurs notées dans l’application du rapport de la Commission nationale de réforme foncière. «L’histoire retient qu’après 4 ans et demi de travaux, cette Commission nationale de réforme foncière a déposé son rapport définitif, le 20 avril 2017, avant d’être dissoute par décret N°2017-998 du 16 mai 2017. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, d’aucuns ont manifesté des signes d’impatience», se désole le bâtonnier’ Citant à ce tire Pr Abdoulaye Dièye, membre de ladite Commission, qui avait reproché au chef de l’Etat d’avoir purement et simplement classé ce rapport dans les tiroirs, Me Ndiaye lance : «Pour ma part, je préfère penser, Monsieur le Président, que vous vous hâtez lentement, comme le dit Boileau». Cela dit, il propose la création d’une Haute Autorité Nationale du Foncier Autonome et Indépendante qui aura en charge la régulation de toutes les questions foncières et domaniales.
2725 CAS DE CONFLITS FONCIERS TRAITES PAR LES MAISONS DE JUSTICE
Pour sa part, Elisabeth Ndew Diouf Niang, juge au tribunal du Travail de Dakar, a signalé le rôle des maisons de Justice dans la médiation des litiges fonciers. «Selon les statistiques de la Direction de la Justice de Proximité et de la Promotion de l’Accès au Droit, en 2020, plus de 2725 cas de conflits fonciers ont été traités par les maisons de justice, au plan national, dont 600 en 2015, 453 en 2016, 469 en 2017, 352 en 2018 et 851 en 2019. Cela représente 2 725 dossiers en moins sur les rôles», renseigne-t-elle. C’est pourquoi, indique la magistrate, il est important de renforcer l’Office des maisons de justice, sans toutefois s’orienter vers une justice foncière transactionnelle où le délinquant échapperait de facto à une sanction. En outre, elle estime qu’un traitement plus adapté des conflits fonciers par la justice ne peut se faire sans la prise en compte par les juges des nouveaux outils fonciers, en particulier les systèmes d’informations géographiques et foncières. Ces derniers, argue-t-elle, offrent la possibilité d’une maîtrise de l’espace pouvant réduire les délais de traitement des dossiers. «Il est démontré qu’à partir des données cartographiques d’un Système d’information géographique ou foncière d’une collectivité territoriale, on peut vérifier avec exactitude si un terrain litigieux relève du domaine national, le cas échéant, la collectivité territoriale dans laquelle il se trouve, l’historique des affectations et désaffectations sur cette parcelle et l’occupant actuel», dit la juge Elisabeth Ndew Diouf Niang. Elle ajoute qu’au chapitre des nouveaux outils fonciers figurent aussi les plans d’occupation et d’affectation des sols, les commissions de zones de gestion du Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols, les commissions de prévention et de règlement des conflits. Par la même occasion, elle préconise la révision générale des textes sur le foncier qui, dans l’idéal, d’après elle, aboutirait à l’adoption d’un code foncier, à la mise en place d’un cadastre rural et à la création d’une agence nationale chargée de la gestion du domaine national.
PAIEMENT DES IMPOTS ET UTILISATION DES RECETTES FISCALES, LES SÉNÉGALAIS SE PLAIGNENT DU DÉFICIT DE VISIBILITÉ
«Impôts et taxes au Sénégal : Entre déficit d’informations et faible légitimité.» Tel est l’intitulé de l’enquête d’Afrobarometer publiée ce mois-ci et qui interpelle l’administration fiscale sur de nombreuses questions
La dernière enquête d’Afrobarometer est consacrée au paiement des impôts et taxes au Sénégal et la manière dont les recettes collectées sont dépensées par le gouvernement. L’étude du réseau panafricain de recherche par sondage a permis de recueillir la perception des Sénégalais qui déplorent un déficit d’informations dans la gestion des ressources fiscales.
«Impôts et taxes au Sénégal : Entre déficit d’informations et faible légitimité.» Tel est l’intitulé de l’enquête d’Afrobarometer publiée ce mois-ci et qui interpelle l’administration fiscale sur de nombreuses questions.
En effet, cette étude a permis de recueillir l’avis des Sénégalais sur la gestion des ressources fiscales par les services étatiques compétentes.
De prime abord, les populations ont exprimé un manque d’informations sur les impôts à payer et leur utilisation par le gouvernement. Ainsi, selon le rapport dont «L’As» détient une copie, plus de trois quarts (77%) des adultes Sénégalais estiment qu’il est «difficile» ou «très difficile» de se renseigner sur les impôts et taxes qu’ils sont tenus de payer au gouvernement. Encore, note-t-il, plus de 86% des populations affirment qu’il est difficile de se renseigner sur la manière dont le gouvernement utilise les recettes fiscales. Pendant ce temps, souligne Afrobarometer, la majorité (56%) des citoyens sont d’avis que les autorités ont toujours le droit d’imposer des impôts et taxes aux citoyens. Et ils sont nombreux à accepter de payer davantage d’impôts afin de soutenir des programmes au profit des jeunes, de recevoir de meilleurs services publics et de financer le développement du pays sur fonds propres au lieu de se baser sur des prêts extérieurs.
Toutefois, les répondants de l’enquête d’Afrobarometer ont réclamé plus d’équité dans le paiement des impôts. D’ailleurs, près de la moitié des citoyens jugent que le montant d’impôts que les gens ordinaires sont tenus de payer est trop élevé. Pour eux, les riches paient trop peu. Cela étant, huit répondants sur 10 (79%) de l’enquête d’Afrobarometer pensent qu’il est équitable d’imposer aux riches un taux d’impôts plus élevé que celui des gens ordinaires, de sorte à financer des programmes en faveur des pauvres.
Par ailleurs, l’étude révèle que plus de six Sénégalais sur 10 (62%) affirment que les gens évitent «souvent» ou «toujours» de payer les impôts et taxes qu’ils doivent à l’Etat. Pire, quatre citoyens sur 10 environ estiment que la plupart ou tous les agents des impôts et les inspecteurs et contrôleurs dans les services de douanes, impôts et domaines, et trésor sont corrompus. Et que moins de la moitié (46%) des Sénégalais font «partiellement» ou «beaucoup» confiance à l’administration fiscale. L’enquête renseigne en outre que la proportion de citoyens qui désapprouvent la légitimité de l’impôt a plus que doublé, passant de 15% en 2013 à 38% en 2021.
«LA LEGITIMITE D’IMPOSER DES IMPÔTS ET TAXES DÉPENDRA DES REPONSES DU GOUVERNEMENT»
A la lumière de ces résultats, souligne Afrobarometer, il apparait que la légitimité d’imposer des impôts et taxes dépendra des réponses que le gouvernement apportera à ces perceptions citoyennes. A en croire Afrobarometer, l’impôt est un instrument de redistribution des revenus et un moyen, pour les pouvoirs publics, d’obtenir les ressources nécessaires au financement de leur politique. Le réseau panafricain de recherche par sondage rappelle dans la foulée que le gouvernement du Sénégal a adopté en 2013 un nouveau code des impôts afin de le rendre plus lisible et mieux articulé aux objectifs de la politique économique et sociale du pays (Direction Générale des Impôts et des Domaines, 2013).
A cela s’ajoutent, dit-il, la mise en place du projet de modernisation de l’administration fiscale (PROMAF) et le développement d’une application web pour déclarer et payer les impôts. «Ces efforts ont permis de relever faiblement l’assiette fiscale du Sénégal. Sur la période 2010- 2019, le ratio impôts/produit intérieur brut (PIB) au Sénégal a augmenté de 15,9% à 16,6% (Organisation de Coopération et de Développement Economiques, 2021)», lit-on dans le document parvenu à la rédaction.
Il informe en définitive que le Sénégal affiche un taux de pression fiscale inférieur à la moyenne sous-régionale (18,6% du PIB), alors qu’un objectif minimal de 20% est recommandé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. De plus, note-t-il, sur une population de 407.882 unités économiques recensées en 2016, environ 85.000 sont dans le fichier des contribuables de la Direction Générale des Impôts et des Domaines dont seulement 25.000 sont réellement actifs. Et de conclure que sur une population active de plus de 6 millions d’individus, moins de 10% apportent une contribution directe à la couverture des charges publiques (Direction Générale des Impôts et des Domaines, 2020).
SURENCHÈRE ENTRE BALDÉ, SONKO ET BENOÎT SAMBOU
A Ziguinchor, les coalitions et partis politiques en course pour le contrôle de l’institution municipale intensifient leur campagne et investissent les quartiers. Avec des approches différentes, les candidats rivalisent de promesses pour convaincre
A Ziguinchor, les coalitions et partis politiques en course pour le contrôle de l’institution municipale intensifient leur campagne et investissent les quartiers. Avec des approches différentes, les candidats rivalisent de promesses pour convaincre les populations.
BALDÉ PROMET 30 MILLIONS À DES COMMERÇANTES
Sur la dernière ligne droite de la campagne pour les élections territoriales du 23 janvier, les coalitions et partis politiques en lice pour la mairie de Ziguinchor multiplient les activités dans les quartiers de la ville. La surenchère politique est en ce moment l’arme de séduction. Le maire sortant est allé hier à la rencontre du collectif des femmes commerçantes du marché Saint Maure, situé dans le populeux quartier de Boucotte, après des visites de proximité dans certains quartiers de la ville. Ce collectif qui a reçu un financement de 20 millions de francs CFA du directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass (Aibd Sa) Doudou Ka, nouvel allié d’Abdoulaye Baldé, s’est vu promettre une autre somme plus consistante par ce dernier. «Je remercie mon frère Doudou Ka pour le soutien de 20 millions Fcfa qu’il vous a accordé.Je m’engage à vous donner 30 millions Fcfa afin que vous puissiez avoir des fonds de garantie qui pourront vous aider à faire des prêts pour développer vos affaires», a déclaré Abdoulaye Baldé qui a, dans la foulée, promis d’ériger un cours d’eau quitraverse une partie de la ville. «Nous allons refaire entièrement le canal qui part du marché Saint Maure au fleuve Casamance, via les quartiers deBelfort, Korentas et Boudody. Nous allons l’agrandir pour en faire un parc d’attractions», souligne-t-il. Le maire sortant ajoute qu’un bel aménagement sera fait tout le long du canal, avec des arbres et des galeries d’art pour améliorer l’offre touristique à Ziguinchor.
SONKO S’ENGAGE À RENONCER À SON SALAIRE
Le candidat de la coalition Yewwi AskanWi(Yaw), qui était àDakar et dans plusieurs villes du Sénégal pour prêter main forte à ses camarades, a organisé lundi une caravane dans les rues de Ziguinchor pour marquer son retour. Des quartiers comme Kadior, Belfort, Tilène, Kandé, Diéfaye, Djibock, Alwar… ont été visités par Ousmane Sonko. A l’étape de Tilène, il s’est adressé à la nombreuse foule qui suivait sa caravane. «Nous sommes la meilleure équipe, parce qu’elle est composée d’hommes et de femmes de valeurs qui sont, chacun, expert dans son domaine. Contrairement aux autres qui ne sont même pas capables de produire un programme.Nous ne sommes pas venus pour chercher des privilèges à la mairie de Ziguinchor. Notre volonté est de servir Ziguinchor et ses populations. Si je suis élu, je n’aurai même pas besoin du salaire de maire. Je n’ai pas besoin de l’argent de la mairie. Ma seule satisfaction, c’est de constater que Ziguinchor est en train de changer et que tout Ziguinchorois retrouve le bienêtre», dixit le candidat de la coalition Yewwi Askan Wi. En outre, Ousmane Sonko a demandé aux populations, surtout aux jeunes, de s’engager en retour pour accompagner son équipe dans la réalisation d’une ville de Ziguinchor prospère.
BENOÎT SAMBOU PROMET DES INVESTISSEMENTS ET UNE AGRICULTURE URBAINE
Lâché par son directeur de campagne Doudou Ka qui soutient Abdoulaye Baldé et sa coalition UCS-Mboolo, Benoît Sambou mise sur les réunions publiques d’information pour exposer son programme «Ziguinchor bou Bees». La tête de liste communale de la coalition Benno Bokk Yaakaar a promis de promouvoir l’agriculture urbaine et le micro maraîchage dans la ville de Ziguinchor, de créer des unités semi industrielles, de promouvoir les investissements en capitalisant l’épargne des acteurs locaux et de la diaspora pour booster la création de l’emploi. Il s’est engagé à doter Ziguinchor d’un musée. «Celui-ci s’appellera musée des rivières du Sud et dans lequel le patrimoine culturel, matériel et immatériel des peuples de la Sénégambie méridionale sera collecté, archivé et exposé», a expliqué Benoît Sambou.
Par Bocar SY
HOMMAGE D’UN NEVEU ÉPLORÉ À SON REMARQUABLE ONCLE CHEIKH NGAÏDO BA
Tu n’étais pas seulement mon compagnon de tous les jours, tu étais aussi mon autre moi-même auquel me liait, au-delà de l’amitié, une parenté découverte tardivement grâce à ta généreuse attention un jour que nous rentrions d’une visite à Pire toi...
NGAIDO ! Que Dakar est vide sans toi vieil ami de plus de cinquante ans comme tu aimais nous le rappeler, Cheikh Sy et moi, ton autre inséparable ami. Il aura fallu ton départ pour que je me rende compte de la vacuité de la capitale sénégalaise.
Tu n’étais pas seulement mon compagnon de tous les jours, tu étais aussi mon autre moi-même auquel me liait, au-delà de l’amitié, une parenté découverte tardivement grâce à ta généreuse attention un jour que nous rentrions d’une visite à Pire toi, Cheikh Sy et moi-même. Ce jour-là, tu m’as fait découvrir Pire : sa mosquée, son cimetière où sont enterrés mes grands-parents paternels (ce que j’ignorais avant cette visite).
Tu m’as fait découvrir aussi la bibliothèque enfouie de notre ancêtre commun Khaly Amar Fall. Il m’est, jusqu’à ce jour, difficile de m’exprimer sur la personne de mon oncle NGAIDO. Ma timide personne sachant que parler d’autrui revenait à parler de soi.
Sachant que ma modeste personne ne saurait tenir la comparaison devant cet oncle, j’ai longtemps hésité. J’ai tant réfléchi, j ai tant pensé mais l’affection à l’endroit de cet oncle exceptionnel a fini par l’emporter. Débateur redoutable, il avait le sens de la rhétorique. Me reviennent encore à l’esprit nos échanges animés et courtois qui meublaient nos soirées. Il me suffisait de traverser le hall de notre immeuble, de sonner au deuxième étage à son appartement où il m’accueillait affectueusement par un : « je t’attendais mon cher neveu ».
Tonton Cheikh était un fin lettré avec une culture immense. Il était ce qu’on a l’habitude d’appeler un homme de culture. Doté d’une mémoire phénoménale, il pouvait vous raconter dans le détail ses joutes oratoires avec ses amis socialistes.
Sa connaissance de l’histoire du Sénégal faisait pâlir de jalousie bon nombre de soi-disant historiens. Il m’arrivait souvent de louer son encyclopédique connaissance de l’histoire de notre pays : les conquêtes de Mabadiakou Ba, son ancêtre paternel, les affrontements entre le Cayor et le Baol, le Djolof et le Walo …nourrissaient souvent nos discussions nocturnes.
La naissance du Sénégal moderne n’avait aucun secret pour lui. Il en connaissait toutes les intrigues et alliances jusqu’aux petites anecdotes qui pouvaient pimenter nos échanges. Véritable dandy dakarois, il était bien reçu dans tous les endroits où la culture a droit de cité.
Dans ses évocations de l’histoire du Sénégal, lui tenait particulièrement à cœur la rencontre entre Thierno Souleymane Baal et Abdel Kader Kane, symbiose parfaite de deux esprits qui donna naissance à la « Révolution Toorobbe » de 1776 avec pour substratum la charte de l’Almamyat du Fouta Toro. Cette révolution, aimait-il à rappeler, précéda toutes les révolutions du monde moderne à commencer par celle de 1789 en France. Notre rencontre ne saurait être datée. Tellement elle remonte à longtemps. Une chose était certaine, elle remontait à plus de cinquante ans. Nous nous nommions lui, Cheikh Sy, et moi « les amis de plus de cinquante ans ».
Le jeudi soir, au-delà des autres jours, nous réunissait. Les deux Cheikh et moi avions depuis longtemps décidé de n’admettre personne dans nos soirées du jeudi. Elles étaient réservées exclusivement aux amis de plus de cinquante ans. Quand nous sommes nous rencontrés ? Cela devait remonter au temps où, jeunes idéalistes, nous rêvions de révolution. C’était au temps où une petite barbe naissante, un anango sur le dos, un béret sur la tête, des padams ndiakhens aux pieds et une belle rhétorique sur la dictature du prolétariat faisaient de vous un révolutionnaire. Ces années nous avaient soudés, et nous les évoquions souvent avec nostalgie lors de nos interminables soirées. Cheikh Ngaïdo Ba et Cheikh Sy, ces deux êtres remarquables sont partis à quelques jours d’intervalle.
Dieu les accueille en Son Paradis… On ne peut évoquer NGAIDO — Homme de culture multidimensionnel, cinéaste, chroniqueur, écrivain (au moment de sa disparition, il travaillait à la publication d’un ouvrage sur son défunt ami socialiste Ousmane Tanor Dieng (OTD) — sans parler de sa dimension politique et sociale. Comme il aimait à le dire, il n’était d’aucun parti mais il épousait toutes les causes justes. « Je suis Sénégalais » aimait- il répéter pour expliquer pourquoi il pouvait être socialiste aujourd’hui, libéral demain, apériste… sans jamais être militant.
Combien de fois l’ai-je vu pendant la période de tabaski aider un père de famille à s’acquitter de son devoir sacrificiel ? Je me suis longtemps emmuré dans un silence pesant ne pouvant m’exprimer tant ma douleur était immense durant cette Annus Horribilis qui a vu disparaître tant de mes proches : Daouda Niang, Saidou Guindo, Mohamed Sall Sao, Aissatou Sy, Nour Eddine Sail (l’autre amoureux du cinéma) et tant d’autres qui me sont si chers.
Prions pour que ces êtres, remarquables à tous égards, se retrouvent dans les prairies célestes du Paradis éternel de notre Seigneur. Ameen !
De Paris : Le neveu, l’ami de plus de 50 ans Bocar SY
LA JUNTE MALIENNE MANŒUVRE POUR OBTENIR DEUX ANS DE TRANSITION
Du côté de la junte militaire de Bamako comme de celui des chefs d’Etat de la Cédéao, la non-tenue des élections au mois de février 2022 est la certitude la mieux partagée
Mohamed Ousmane Keita Correspondance particulière à Bamako |
Publication 19/01/2022
Lorsque la poussière des manifestations populaires s’est dissipée, les Autorités de la Transition au Mali, assurées d’avoir prouvé à la Conférence des chefs d’Etat de la Cédéao qu’elles tiennent bien le contrôle de la situation nationale, déclarent être désormais disposées à reprendre les négociations. Pourtant, dans son communiqué annonçant la batterie de sanctions contre le Mali, la Cédéao avait bien laissé la porte ouverte à la reprise du dialogue, mais la junte du colonel Assimi Goïta avait besoin de surenchérir, bander les muscles, avant de reprendre les négociations pour certainement décrocher plus que la seule année supplémentaire que la Cédéao prévoyait de lui accorder, délai qui avait fuité avant la rencontre au cours de laquelle des sanctions ont été prises par la Cédéao contre le Mali.
Du côté de la junte militaire de Bamako comme de celui des chefs d’Etat de la Cédéao, la non-tenue des élections au mois de février 2022 est la certitude la mieux partagée. Mais l’organisation régionale ouest africaine est bien dans son rôle, notamment celui de maintenir la pression sur les Autorités de Bamako, lesquelles se hâtent lentement à donner des garanties de leur volonté de quitter rapidement le pouvoir confisqué par les armes. La hantise d’une jurisprudence dangereuse plane sur les chefs d’Etat des pays membres de la Cédéao qui, non seulement ont aussi le cas de la Guinée à gérer, mais surveillent comme du lait sur le feu la situation politique nationale de pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et même le Sénégal où les repères de stabilité sont brouillés ces derniers temps par une démocratie du biceps qui amène à craindre le pire, si rien n’est fait pour étouffer dans l’œuf cet embryon de violence politique. Il se trouve d’ailleurs qu’au moment où les chefs d’Etat de la Cédéao se retrouvaient à Accra, au Ghana, pour se pencher sur le sort du Mali, un complot visant à renverser le pouvoir venait d’être éventé au Burkina Faso.
Les enquêtes sont d’ailleurs en cours, suite aux aveux d’un militaire qui s’est rétracté et a vendu la mèche aux autorités publiques. Avec la confusion politique ayant conduit à une situation très tendue au Burkina Faso, des observateurs s’attendaient plus ou moins à voir des hommes du rang tenter de s’emparer du pouvoir dans ce pays, comme en Guinée et au Mali. C’est dans ce contexte que les chefs d’Etat de la Cédéao devaient prendre des mesures de « coercition » contre la junte rebelle du Mali qui a osé les narguer par une proposition vague d’une prolongation de la Transition pouvant aller jusqu’à 5 ans. La dissuasion devait donc passer par le Mali pour arrêter toute velléité d’instauration de la mode treillis à la tête des Etats de l’espace régional ouest africain. Et l’on comprend, dès lors, l’acharnement sur le Mali qui a aveuglé la Conférence des chefs d’Etat. Lesquels n’ont même pas voulu tenter de comprendre les propositions faites par les Autorités de la Transition malienne. En effet, on a parlé de cinq années supplémentaires de Transition, alors que la junte du colonel Assimi Goïta, par l’intermédiaire du ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a été claire dans sa formulation : une prolongation de six mois à cinq ans. Comme pour dire qu’il n’y avait pas de fixation sur les cinq ans, une fourchette étant proposée comme base de discussion.
Les Autorités de la Transition malienne savaient bien qu’ayant mis la Communauté internationale devant le fait accompli, notamment avec le manque de préparation de la tenue des élections prévues initialement au mois de février 2022, la Cédéao ne pouvait qu’accorder un délai supplémentaire d’un an, comme en informaient des fuites provenant de « shadows cabinets » de chefs d’Etat de pays membres de la Cédéao. Ayant appris cela, la junte malienne se préparait à décrocher plus que cette seule année prévue par la Cédéao et avait, à juste titre, évité toute précision dans sa proposition de prolongation de la durée de la Transition au Mali. Mais il n’y pire aveugle que celui qui ne veut point voir et pire sourd que celui qui refuse d’entendre. Flouée par les positions extrémistes du président ivoirien, Alassane Ouattara, la bande de chefs d’Etat n’a même pas pris le soin d’engager des négociations pour tenter de faire passer la prolongation exceptionnelle d’une année, concoctée par leurs services techniques, en relation avec le Médiateur, Goodluck Jonathan, ancien président du Nigéria. L’organisation régionale a entrepris d’engager un bras de fer avec les Autorités de la Transition au Mali, en imposant les sanctions inhumaines et honteuses inspirées par le président français, Emmanuel Macron, dont l’Uemoa, sous la coupe du président Alassane Ouattara, a servi de bras armé pour « punir » le Mali qui a osé défier Paris, en remettant en cause le système monétaire du CFA. En effet, personne ne parvient à comprendre le fondement de ces mesures de gel des avoirs du Mali pour l’étouffer financièrement, si l’on s’en réfère aux textes régissant la Cédéao. Il se trouve que le président du Niger, Mohamed Bazoun, au détour d’une interview, révélait que la proposition de sanctions financières à l’encontre du Mali émanait pour la première fois du président français Emmanuel Macron et qu’il lui avait été objecté le Traité de la Cédéao ne prévoit pas pareilles mesures. Alors, pourquoi, depuis ces révélations du président nigérien, il y a deux mois, à la dernière conférence des chefs d’Etat, ce qui était perçu comme illégal est-il devenu soudain applicable à une partie du peuple de la Cédéao ? Comme s’il existait deux Cédéao ?
Les chefs d’Etat des pays membres de l’organisation régionale ont cherché le bras de fer. Et aussitôt l’ont-ils engagé, aussitôt veulent-ils en sortir au vu de cette marée humaine déferlante sur l’ensemble du territoire malien pour vouer la Cédéao aux gémonies. Des vagues d’une mer furieuse qui ont commencé à déferler jusque dans l’espace territorial de chacun des pays membres de la Cédéao, menaçant de tout emporter sur leur passage.
La Cédéao, ayant reçu le message 5/5, a pris conscience du danger pour aussitôt tenter de désamorcer cette bombe. Il faut trouver une porte de sortie honorable : des appels du pied sont alors lancés à la junte militaire pour lui faire comprendre que des propositions sont attendues pour lever les sanctions contre le Mali. De leur côté, les Autorités de la Transition malienne, mués en chefs populistes, après leur démonstration de force, appellent la Cédéao à revenir à la table de négociations. Mais, ajoute le Premier ministre, Choguel Maïga : « Nous sommes prêts à négocier avec la Cédéao et la France, mais dans le respect ». Une mise en garde de taille pour fléchir la position de la Cédéao afin d’obtenir au moins deux années de prolongation de la Transition, en lieu et place de la seule année envisagée par l’organisation régionale.
Concernant la France, cette mise en garde est aussitôt suivie d’une décision de révision de l’accord de défense qui lie la France au Mali, « puisqu’elle contient des dispositions qui violent la Constitution malienne », comme l’a annoncé le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.