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18 mai 2025
LE MAGICIEN DES BOISSONS FRUITEES
Une dose de détermination, un zeste de volonté et le tout mélangé à la soif de réussite ; voilà les secrets de Mamadou Lamine Greou. À la Médina, le vendeur de cocktails n’est plus à présenter. Ses cocktails ont fait de son affaire un véritable succès.
Une dose de détermination, un zeste de volonté et le tout mélangé à la soif de réussite ; voilà les secrets de Mamadou Lamine Greou. À la Médina, le vendeur de cocktails n’est plus à présenter. Ses cocktails ont fait de son affaire un véritable succès.
La nuit a couvert de son manteau noir le ciel. La Médina ne dort pas en ce début de soirée. La rue 09 de ce quartier est animée et bondée, un cadre propice au commerce. En effet, les marchands se sont installés. De la vendeuse de couscous à base de mil, au vendeur de ‘ngalax’, en passant par celui des brochettes ou encore de la soupe, il y a un peu de tout. Il faut croire que la nuit nourrit bien son homme ! Mais un des marchands attire irrémédiablement le regard. Debout derrière son comptoir, la sueur perle sur le front de cet homme habillé en débardeur, jean et baskets. À la Rue 9 X 12, Mamadou Lamine Greou n’a rien à envier à Panoramix (Ndlr : principal druide de la bande dessinée Astérix) dans l’art de faire des mélanges. Le trentenaire est un as, non pas des potions en tout genre, mais des cocktails. Pas de Molotov, rassurons les plus sceptiques !
« Ses cocktails sont littéralement une tuerie », lâche Mame Diarra Sanon. Cette habituée vient de recevoir son mojito. Après la première gorgée, elle n’a pu s’empêcher de complimenter le mixologue. « Il maîtrise vraiment les cocktails. Ils sont très bons, bien dosés et rafraîchissants. Je reste toujours ébahie par le goût de ses boissons », témoigne-t-elle, tout sourire.
Mamadou Lamine Greou a fini de se faire un nom grâce à la vente de ses boissons. Du mojito (cocktail traditionnel de la cuisine cubaine) en passant par les cocktails fruités, il sait faire bouger le shaker lorsqu’il s’agit de préparer des boissons. Sur sa table, différentes liqueurs sont soigneusement disposées. Il est 20h et c’est déjà le grand rush. Mais l’heure n’est pas à la panique. Chaque minute est précieuse pour le sieur. En cette période de chaleur où la fraîcheur semble se faire désirer, Lamine écoule aisément ses cocktails. Devant une foule qui commence à former une file indienne, il assure le show sans stress ni chichi. Imperturbable.
D’une main de maître, il commence par mettre les glaçons dans le shaker, suivis de quelques feuilles de menthe et du sucre. À l’aide d’un petit pilon, il écrase le tout avant d’y ajouter une boisson gazeuse. La douce musique du shaker peut enfin se faire entendre au grand bonheur des clients. D’un geste presque machinal, il remue le tout et laisse la magie de la potion opérer. Tchin ! Les clients peuvent enfin commencer à savourer cette dose de fraîcheur estivale.
Bakhaw est également un habitué des lieux. Après quelques échanges courtois, il opte pour le tropical (un cocktail à base d’ananas, de melon, de sirop de grenadine et de sucre de canne). Après un passage au shaker, le mélange prend forme. Visiblement satisfait, Bakhaw ne tarit pas d’éloges. « C’est bon et rafraîchissant. Il est très doué et ses cocktails sont savoureux », reconnaît-il. Derrière le comptoir, Lamine lâche discrètement un sourire avec le sentiment du devoir accompli.
Des bars d’hôtels au stand à cocktails
Le parcours de Mamadou Lamine Greou n’a pas été de tout repos. Tel un héros dans un roman, il a sué avant de pouvoir gérer sa propre affaire. Entre son passage à l’école de cuisine où il a appris à faire des cocktails et son expérience dans les hôtels, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. En effet, l’homme de 38 ans a commencé sa carrière en tant que cuisinier dans un établissement privé. Le nouveau diplômé s’intègre facilement et propose en prime des repas et des cocktails fruités aux élèves. Une nouvelle touche savoureuse qui fait mouche.
Mamadou Lamine Greou ne tarde pas à naviguer vers de nouveaux horizons. Après cette odyssée enrichissante, il atterrit dans un grand hôtel de la place. « Je suis resté deux ans au chômage avant de trouver ce travail. J’ai travaillé pendant quatre ans en tant que serveur. Cela m’a permis de mieux côtoyer les barmen, de les voir à l’œuvre et de me perfectionner dans la création de cocktails », avoue-t-il d’un brin nostalgique.
Après cette expérience juteuse, le « mixologue » trouve du travail en tant que barman dans un restaurant sis sur la Corniche des Almadies pendant quatre ans. « C’était très enrichissant comme expérience car cela m’a permis de vraiment savoir dans quel business je voulais me lancer. La préparation de cocktails s’est révélée être une évidence pour moi », avoue-t-il, un sourire béat au bout des lèvres.
« Je voulais lancer mon propre business. Mais il me fallait cette touche qui allait me permettre de sortir du lot. J’ai d’abord démarré avec la vente de smoothies à 1500 FCFA. J’ai tenté le coup pendant deux ou trois mois, mais ce n’était pas vraiment rentable. Je me suis dit qu’il fallait aussi penser aux réalités du marché », se remémore-t-il avec amertume. Mais il en faut plus pour décourager cet homme avide de réussite.
Rendre les cocktails accessibles
Le milieu détermine l’individu. Cela a tout son sens chez Mamadou Lamine Greou. En digne fils de la Médina, ce dernier a naturellement opté pour ce quartier afin de lancer son business de stand à cocktails. « Les retours sont très positifs. Mon objectif était vraiment de rendre les cocktails accessibles à tous. Je voulais apporter ce savoir-faire à la Médina, loin des bars d’hôtels et autres restaurants », explique-t-il en balayant d’un regard les passants. Le « mixologue » propose ainsi des mojitos et des cocktails à base de fruits à 500 FCFA. « Les retours sont très positifs. Je suis le seul à proposer ce service à des prix abordables et j’en suis particulièrement fier. Je voulais vraiment apporter cette valeur ajoutée à ce business », confie-t-il, tout en remerciant ses voisins pour leur « soutien constant ».
Le gérant d’un stand de cocktails se dit reconnaissant de pouvoir compter sur ses clients, qui n’hésitent pas à lui prêter main forte. « La gestion de la logistique est un véritable défi. Mais, fort heureusement, je peux compter sur mes clients. Ils m’aident souvent à ranger les bagages », dit-il, visiblement ému.
En dépit des obstacles, Mamadou Lamine Greou ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il a récemment ouvert un fast-food pour renflouer ses caisses. « J’ambitionne d’ouvrir des bars à cocktails afin d’étendre mon business à des prix accessibles », espère-t-il. Une perspective fraîche à en faire saliver les amoureux de boissons.
DEMENTI OFFICIEL SUR L’INTERDICTION DE L’IMPORTATION DE VETEMENTS DE SECONDE MAIN « FËGG JAY »
Le Ministère de l’Industrie, du Commerce et des PME PMI a tenu dans un communiqué, à apporter des clarifications suite aux informations erronées qui circulent concernant l’interdiction de l’importation des vêtements de seconde main, dits « fëgg jay »...
Le Ministère de l’Industrie, du Commerce et des PME PMI a tenu dans un communiqué, à apporter des clarifications suite aux informations erronées qui circulent concernant l’interdiction de l’importation des vêtements de seconde main, dits « fëgg jay », au Sénégal.
Cette confusion fait suite à l’atelier sur le développement des champions nationaux de la filière coton, organisé par la GIZ à Dakar le 9 décembre 2024. Le Ministère précise que « il ne s’agit en aucun cas d’une mesure immédiate ou d’une interdiction brutale, comme cela a été interprété. » La décision annoncée fait partie d’une stratégie à moyen et long terme visant à soutenir et développer le secteur textile local, en « encourageant la production nationale et la création d’emplois dans ce secteur clé de notre économie.» La mesure sera mise en œuvre après la réouverture des usines textiles et la mise en place de sites de production pour valoriser la filière coton, de sa production à sa transformation, dans le but de «favoriser le consommer local» et de renforcer le secteur du vêtement local.
Protection du secteur textile local
Le Ministère souligne également qu’il est « pleinement conscient de l’importance des vêtements de seconde main pour de nombreuses familles sénégalaises », qui en dépendent pour leur subsistance. « La mesure ne vise en aucun cas à pénaliser ou à mettre en difficulté les acteurs économiques et les consommateurs. Elle s’inscrit plutôt dans un projet de « protection du secteur textile local », avec des solutions alternatives et un accompagnement pour les personnes concernées. La stratégie sera mise en œuvre de manière progressive, en respectant « les réalités économiques et sociales du pays. »
Le Ministère de l’Industrie, du Commerce et des PME PMI reste ouvert à « l’écoute des acteurs concernés » et s’engage à mettre en place des mécanismes de concertation pour garantir une transition harmonieuse et bénéfique pour tous les citoyens. « Le Ministère réaffirme son engagement à soutenir les populations vulnérables» tout en favorisant «l’émergence d’une industrie textile locale durable et compétitive.»
QUAND LE SOULAGEMENT TEMPORAIRE CACHE UNE SOUFFRANCE A VIE
Effets indésirables du planning familial - Elles sont toutes sous planning familial, avec chacune, la méthode qui semble être moins risquée tant pour sa santé que pour son cycle de reproduction
Elles sont toutes sous planning familial, avec chacune, la méthode qui semble être moins risquée tant pour sa santé que pour son cycle de reproduction. Toutefois, ces femmes interrogées redoutent les effets secondaires des méthodes contraceptives modernes à longue durée.
« Je fais le planning familial pour espacer les naissances. On me l’a proposée à la maternité, après mon accouchement. C’est la première fois. Mais, depuis lors, je ressens des douleurs lorsque je suis en période de règles, alors que je ne les vois plus. Elles se sont interrompues depuis que j’ai fait mon implant », se plaint Soukeyna, une jeune fille d’une vingtaine d’années et résidente à Thiaroye-Sur-Mer.
Donnée en mariage à l’âge de 18 ans, à son cousin, en pleine année scolaire, elle confie qu’elle n’avait aucune idée de la vie conjugale. La fille ne tarde pas à contracter sa première grossesse après un an de mariage. Elle se souvient que cette grossesse a failli lui coûter la vie au moment de l’accouchement. Et donc, c’est après avoir eu son bébé que les sages-femmes lui ont proposé le planning. Ce qu’elle a accepté avec méfiance. « Je le fais pendant juste deux ans, le temps d’allaiter mon fils. Mais, ce n’est pas quelque chose que je compte continuer », poursuit notre interlocutrice, un peu embarrassée.
Cependant, Soukeyna confie qu’elle a opté pour l’implant avec l’accord de son époux. Ce qui est le contraire pour Astou, une jeune dame mariée logeant dans le même quartier. Celle-ci s’est mise à la contraception de longue durée sous la contrainte de son mari, qui ne désire plus avoir d’autres enfants. « La contraception, ce n’est pas mon choix. Dans ma vie, j’ai toujours refusé le planning familial à cause des effets secondaires. Mais, là, je n’ai pas le choix », narre Astou, le regard baissé. Âgée de trente ans, la mère de famille allaite son cinquième bébé d’à peine un mois. Elle a opté pour les pilules.
Toutefois, Astou regrette le silence des sages-femmes sur les effets secondaires des méthodes contraceptives. Après la naissance de sa quatrième fille, elle prenait, au quotidien, la pilule de manière continue, pendant plus de deux ans. Ce qui lui a valu des complications.
A la maternité, c’est le silence sur les effets néfastes du planning
« À la maternité, aucune sage-femme ne m’a parlée des effets. Elles n’expliquent rien sur ce point. Elles vous disent juste comment prendre les comprimés. J’ai eu des douleurs au ventre qui m’ont conduite à l’hôpital, après ma première expérience. Et ce sont les conseils du médecin qui m’a consultée ce jour-là, qui m’ont sauvée. J’avais alors arrêté. J’ai repris les prises après la naissance de ma dernière fille », confie-t-elle.
La planification familiale, c’est également l’affaire de certains hommes comme Amath, qui estime qu’elle n’est que bénéfique pour la femme. « Elle permet aux femmes d’espacer les naissances et à être en bonne santé. En plus, la planification familiale aide la femme à se reposer, le temps qu’elle allaite correctement son enfant. Personnellement, je milite pour le planning familial. En plus, cela permet aux parents de mieux prendre soin de leurs enfants », soutient-il. Contrairement à certains hommes, cet homme, originaire du monde rural, refuse de croire aux prétendus effets néfastes de la contraception à longue durée. « Pour moi, ce sont des rumeurs. Le problème est lié au fait que certaines femmes ne respectent pas leurs rendez-vous », défend Amath.
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUNDI 16 DECEMBRE 2024
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Le Verdict News, Le Soleil, Vox Populi, Yoor-Yoor Bi, l'EnQuête, L'Observateur, Le Quotidien, Le Témoin, L'As Quotidien, Libération
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Le Verdict News, Le Soleil, Vox Populi, Yoor-Yoor Bi, l'EnQuête, L'Observateur, Le Quotidien, Le Témoin, L'As Quotidien, Libération
L'INADÉQUATION DES TEXTES À PROPOS DE LA RÉVOCATION DU MAIRE
La confusion entre les différents articles du Code électoral et du Code général des Collectivités territoriales soulève des questions cruciales sur la légalité de la procédure. Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance
L.article L.277 du Code électoral énonce les conditions d’inéligibilité et d'incompatibilité. Or les cas d’inéligibilité aux élections municipales sont évoqués aux articles L.271 à L.276.
La vérité est que cette disposition du Code électoral est inadaptée et son contenu équivoque.
En effet, il fallait préciser la notification en question et le caractère suspensif du recours.Toufois, il ne serait pas judicieux de dire que la décision de déclarer le conseiller municipal démissionnaire "devient immédiatement exécutoire", c'est omettre de prendre en considération le reste de la disposition L.277, al 1er : "... SAUF RECOURS DEVANT LA COUR D'APPEL DANS LES 10 JOURS DE LA NOTIFICATION".
De plus, l'article L.272, qui n'a pas été visé par l'autorité administrative, concerne l'électeur privé du droit électoral.
Il convient de souligner que l'article L.29 du code électoral n'est pas relatif à l’inéligibilité. C'est une condition d'inscription sur les listes électorales.
À noter que la décision instituant une déchéance électorale et la peine prononcée contre le maire de Dakar, Barthélémy Diaz, a été déjà purgée en vertu de L.29 nouveau.
Retenons ici et maintenant qu'il n'y a pas lieu d'invoquer l'article L.30 Code électoral dès lors qu'il ne saurait être visé dans ce cas précis.
L’article 135 du Code général des Collectivités territoriales (CGCT) ne saurait s'appliquer à Monsieur Dias qui est condamné pour délit et non pour crime. Et à l'article 140, l'énumération bien que non exhaustive ne vise pas son cas.
A présent, je pose ces pistes de réflexion :
1. Est-ce que l'élection du maire au suffrage universel ne ferait pas obstacle à l'exécution de L.277 ?
2. Ne faudrait-il pas se référer aux CGCT (art. 135 et 140) ?
3. A titre principal, l'expiration/exécution de la peine prévue à L.29 dernier alinéa ne devrait-elle pas être décomptée à partir du prononcé de la peine en première instance confirmé en appel ?
Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance. Même démis, le maire est tenu de passer service... Dès lors, vouloir le chasser, comme cela a été fait, lui donnerait-il le droit de refuser de passer le témoin à son successeur.
Enfin, je persiste et signe que l'article 61 de la Constitution sur lequel se fonde le brillant ministre de la Justice et repris par l'article 51 du RIAN ne précise pas la procédure de radiation d'un député... Pourtant celle-ci est régie par les articles LO.162 et LO.198 du Code électoral.
Ndiaga Sylla est expert électoral.
Référence :
Article 61 Constitution : "Le membre de l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice."
de la déchéance du mandat de député : art lo.162 du Code électoral : "Sera déchu de son mandat de député celui dont l’inéligibilité se révélera après la proclamation des résultats et l’expiration du délai de recours, ou qui, pendant son mandat, se trouvera dans un cas d’inéligibilté prévu par le présent Code".
LO.198 : "La déchéance prévue par l’article LO.162 du présent code est constatée par le Conseil Constitutionnel à la requête du bureau de l’Assemblée nationale, d'un groupe de députés, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale ou du président de la République.
En outre, en cas de condamnation définitive postérieure à l’élection, la déchéance est constatée dans les même formes, à la requête du ministère public".
Art l.29 Code électoral, avant dernier alinéa : "Cette interdiction d'inscription sur les listes électorales ne concerne que ceux qui sont condamnés pour crimes,trafic de stupéfiants et pour les infractions portant sur les deniers publics à l’exception des cas prévus à l’article L.28-3 du Code électoral".
Art l.29 Code électoral, dernier alinéa : "Pour les autres infractions, cette interdiction est de cinq (5) ans après l’expiration de la durée de la peine prononcée".
par Patrick Chamoiseau
FAITES SORTIR LES ELFES !
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous pouvons imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté
Allocution de Patrick Chamoiseau lors de la réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York, le 10 décembre 2024.
L’écrivain islandais Thor Vilhjálmsson, me raconta un jour cette très belle histoire. Il admirait beaucoup l’écrivain français Michel Butor, grand partisan du Nouveau Roman. Ce mouvement littéraire avait réussi à élargir les limites de la fiction romanesque, à une époque où celle-ci paraissait ne plus rien comprendre à la complexité du monde.
Thor Vilhjálmsson appela Butor pour l’inviter à donner une conférence dans son petit pays de rochers, de glaciers, de geysers et de volcans. Quand Vilhjálmsson eut Butor au bout du fil, il lui formula l’invitation la plus chaleureuse qui soit. Michel Butor l’écouta poliment mais, peu enclin à voyager vers cette île de mousse grise, il lui bredouilla les excuses que les écrivains utilisent pour échapper à une invitation... Qu’il avait du travail... Qu’il était fatigué... Que les voyages en avion ne lui convenaient pas... et-cætera, et-cætera.
Mais, Thor n’était pas homme à se décourager. Comme il était lui-même un grand romancier, un fils béni de l’art de conter, il eut soudain l’idée qui allait tout changer. Sur un ton mystérieux, il expliqua à Butor que si l’Islande n’était qu’une île de glace et de cailloux, elle détenait malgré tout une vertu extraordinaire qu’il fallait voir absolument. Intrigué, Michel Butor lui demanda : Laquelle ? Nous sommes environ 400 000 habitants, poursuivit Vilhjálmsson, mais la nuit, notre population double pour s’élever à plus de 800 000 âmes !
— Ah bon ? Et ... pourquoi ? s’étrangla Butor.
— C’est parce que la nuit, murmura Vilhjálmsson, les elfes sortent des rochers et viennent vivre parmi nous !
— J’arrive tout de suite ! lui répondit Butor.
Cette petite histoire illustre à merveille l’importance que nous devons accorder à la fiction narrative. Qu’elle passe par la littérature ou par d’autres formes d’expression artistique, son rôle est d’enchanter les ombres qui nous entourent, de faire jaillir des roches et des glaciers, toutes sortes d’éclats et de merveilles. Avant de conquérir la planète, homo sapiens l’avait d’abord imaginée. Plutôt que de se limiter à une vision utilitaire ou prosaïque, il l’avait enveloppée de ses propres narrations. Ce faisant, avant même de peupler une quelconque géographie, il a de tous temps habité son propre imaginaire. Malgré le bruit et la fureur, l’être humain a toujours su rendre la terre désirable en y projetant de grands enchantements. Homo-sapiens est, par essence, un créateur de mondes. Il a su accompagner ses souffrances, ses résistances, ses pensées, ses fondations, de tous les fastes qui remplissaient ses imaginations. C’est au cœur de ses propres utopies narratives qu’il a trouvé moyen d’inventer des chemins, de dégager des solutions, de gravir les montagnes ou de franchir les océans.
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui – l’effondrement du vivant, les désordres climatiques, les reculs de la démocratie, les spectres du fascisme, du racisme, de la haine et de la division – nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous devons, nous pouvons, imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté. Nous avons l’obligation de deviner en nous la vie que nous voulons, de rêver ses contours, et de retrouver, dans cette nuit qui menace, la haute capacité à faire sortir les elfes !
C’est avec le sentiment de cette urgence, et de cette certitude, que je me sens proche de ceux qui m’ont précédé ici : Toni Morrison, Kazuo Ishiguro, Wole Soyinka, Salman Rushdie. Nous avons besoin d’eux, et leurs livres font partie de nos armes pacifiques les plus miraculeuses.
Je pense aussi à ceux qui peuplent mon écriture de leurs présences magiques : à William Faulkner, à Gabriel Garcia Márquez, à Aimé Césaire, à Édouard Glissant, à Frantz Fanon, à Saint-John Perse, à René Char, à Victor Segalen, à James Baldwin, à Zora Neale Hurston... et à tant d’autres !... Je sais que l’on n’écrit pas pour recevoir des distinctions, mais cela fait toujours plaisir de se voir offrir les signes de l’amitié. Des soirées comme celle-ci honorent avant toute chose, les paysages, jusqu’ici invaincus, de nos littératures.
C’est d’abord en leur nom que je vous dis merci !
Merci au Center for Fiction.
Merci à ceux qui le soutiennent et à vous tous qui êtes ici !
Merci à M. Errol Mac Donald pour son amicale fidélité, et merci à tous ceux qui travaillent pour que la lecture se développe, que la poésie vive et que le livre circule.
Et maintenant : libérez les lucioles et faites sortir les elfes !
par Abdoul Aziz Diop
LE BUDGET NON ANTISYSTÈME DES PERCEPTEURS FAYE ET SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec un déficit de 7,09% et une baisse globale de 8,68%, la LFI 2025 peine à incarner la rupture annoncée. Les institutions critiquées conservent leurs moyens tandis que la décentralisation fiscale promise reste lettre morte
Le charme du régime de séparation des pouvoirs qu’est la démocratie n’est pas seulement de permettre à une opposition, dite antisystème, d’arriver au pouvoir. Plus charmante encore est la sentence à laquelle s’expose l’antisystème, devenu majoritaire, lorsque commencent les choses sérieuses dont la principale est le budget annuel de l’État, premier du genre pour le duo que forment les percepteurs Bassirou D.D. Faye et Ousmane Sonko. Ce dernier nous facilite l’instruction à charge à laquelle est consacrée la tribune dont le contenu, adossé au réel, est tiré du rapprochement de ce que nous savons du budget initial 2025 avec les plus récentes caprices des amis Ousmane Sonko, premier ministre, et Moussa Bala Fofana, ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires.
Déficit et boulimie d’un trio
Peu avant les élections locales du 23 janvier 2022, Moussa Bala Fofana et Ousmane Sonko publient un essai intitulé « Les territoires du développement » (L’Harmattan, 2023), prenant ainsi l’initiative du débat local pour donner le tempo, s’octroyer les moyens de le gagner et engranger les bons résultats électoraux qu’ils en attendent. Mais les choix fiscal et monétaire que Sonko et Fofana disaient être les leurs il y a un peu plus de deux ans seulement résistent-ils encore aux choix budgétaires pour l’année 2025 ?
Pour montrer jusqu’où un gouvernement peut aller et jusqu’où il ne peut pas aller, les économistes font état, quand on les y invite, des différences qui existent entre les politiques fiscale et monétaire. L’analyse montre que c’est du côté des recettes qu’il faut regarder pour expliquer pourquoi le déficit public augmente ou diminue. Aussi l’« évaluation du potentiel de recettes publiques », demandée par les gouvernements, vise-t-elle l’«augmentation des ressources publiques tout en minimisant les coûts collectifs entraînés par les [impôts et taxes]».
Arrêté à seulement 6 395,1 milliards FCFA (9,74 milliards d'euros), contre 7 003,6 milliards FCFA (10,57 milliards d'euros) en 2024, soit une baisse de 8,68% (608,6 milliards FCFA), le projet de budget pour l'année 2025 montre un déficit de 7,09 %. Ce déficit budgétaire est 2,36 fois plus élevé que celui de 3 %, correspondant, en la matière, à la valeur à laquelle convergent, pour s’y retrouver, les bons élèves de la zone UEMOA.
En 2014 - année de lancement du Plan Sénégal émergent (PSE) - l’effort d’adaptation de la politique fiscale à l’ambition d’émergence du Sénégal devait permettre de gagner trois points de PIB. « Sur la période 2020-2023 », l’ancien ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, clôturant la session budgétaire de l’année 2019, « se [fixait] pour objectif de faire passer le taux de pression fiscale de 17 % à 20 % » obtenu en rapportant les recettes fiscales au produit national.
Pour la LFI 2025, et en dépit du bavardage présidentiel et primatorial sur les impôts et taxes à faire honorer dare-dare, les percepteurs Faye et Sonko tablent sur « un taux de pression fiscale projeté [à seulement 19,3 %] contre 19,4 % dans la LFI 2024 ».
Huit mois après leur prise tintamarresque de tous les pouvoirs, le duo - pas génial du tout au regard des chiffres - a encore tout à prouver au secteur privé national et aux partenaires techniques et financiers plutôt méfiants depuis le 26 septembre 2024, date à laquelle le Premier ministre du Sénégal s’en est pris à son propre pays en l’accusant d’État faussaire.
Au même moment, le caractère multinational de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) met cette dernière à l’abri des décisions unilatérales des gouvernements dont elle est l’émanation. Depuis les réformes de janvier 2003, la mission claire, attribuée à la BCEAO contre les facteurs de risques pouvant peser sur la stabilité des prix et la croissance économique, l’indépendance des organes de direction de la pression des États membres et la limite au financement monétaire des États ont contribué au renforcement de la crédibilité de l’autorité monétaire, à la réduction des risques d’éclatement de l’Union et au succès de l’intégration économique.
Il ressort de ce qui précède que là où le gouvernement finance chaque année le déficit et redistribue les revenus publics engrangés grâce à sa politique fiscale, la politique monétaire est, elle, le fait de l’autorité monétaire indépendante qui vise la stabilité des prix et la stimulation de l’activité économique. Cette division du travail est pour beaucoup dans la « faible autonomie fiscale » des collectivités territoriales de tous les pays du monde dont les gouvernements se voient dépouillés, dans le cas contraire, du pouvoir politique de décider souverainement. Dans le cas du Sénégal, Ousmane Sonko parle d’« autonomie fiscale fluette », c’est-à-dire mince, dont il trouve, dans l’ouvrage cité au début de cette tribune, une explication valable pour un pays riche comme l’Allemagne ou pauvre comme le nôtre. « L’État, écrit-il, est toujours le premier à se servir du fait de sa prééminence légale et des tensions financières permanentes qui le minent. » Il aurait été donc plus logique pour le trio Faye, Sonko et Ndiaye (le jeune, mais non barbu El Malick notabilisé par le perchoir) de soumettre respectivement la présidence de la République, la Primature et l’Assemblée nationale (marionnette) à une vraie cure d’amaigrissement. Or, écrit le journal Le Quotidien - traqué par le pouvoir pour cause de liberté d’analyse et de liberté de ton dans l’examen des faits - « contrairement aux infos qui ont circulé (…) sur la toile, les crédits alloués à certaines institutions de l’Etat sont plus importants que les chiffres avancés annonçant une réduction drastique du train de vie de l’Etat. » Et Le Quotidien d’ajouter : « Le budget de la présidence de la République est de 78 milliards 609 millions F CFA, soit une baisse d’1 milliard 495 millions. Pour la Primature, ce sont 25 milliards 723 millions F CFA, soit une réduction de 716 millions F. » Sans oublier qu’à « l’Assemblée nationale dont le budget est de 22 milliards 474 millions, on a constaté une hausse de 2 milliards 316 millions F CFA ». Sans qu’on ne dise pourquoi puisque le personnel de la chambre législative est resté en l’état.
Le carré d’as improbable
Ousmane Sonko voit-il aujourd’hui encore dans la mince autonomie fiscale et dans ce qu’il appelle « l’exiguïté des autres ressources financières des collectivités territoriales » le « corset de sujétions » locales dont il voudrait se débarrasser en modifiant, aidé par sa majorité écrasante, le Code général des collectivités territoriales en vigueur au Sénégal. Sans trop y croire, on peut encore le penser quand on sait que les auteurs Fofana et Sonko ont consacré 58 pages - 30 % de ce que nous considérons comme une longue note technique à l’actuel ministre des Finances et du Budget - aux « instruments et stratégies de financement de la décentralisation ». Mais avec moins de chance d’être suivi par les Ziguinchorois sur au moins un point puisqu’en bon percepteur convaincu que «personne n’ira vers le Fisc pour avoir le droit de payer l’impôt», l’ancien maire, devenu premier des ministres, veut conditionner, pour les impôts personnels, «l'obtention de toute pièce å caractère administratif (certificat de naissance, de décès, de résidence, carte d'identité nationale, passeport et permis de conduire) par la présentation d'un quitus sur lequel devra figurer la mention d'une quittance de paiement de la “taxe payée par tous les résidents” des communes des zones urbaines et locales en substitution à l'IMF, de la TRIMF et de la taxe rurale». En même temps, l'État souverain et unitaire du Sénégal verrait d’un très mauvais œil des « pôles régionaux de développement [qui] ne doivent nullement être promus et initiés par l’Etat central » progressivement dessaisi, proposent Fofana et Sonko, de «la gestion des ressources naturelles non renouvelables » comme le pétrole et le gaz. S’agissant des hydrocarbures, les revenus engrangés par l’État et inscrits à la LFI 2025 se chiffrent, écrit Le Quotidien, à «72,53 milliards de F CFA réparti, conformément à la loi portant sur les hydrocarbures, comme suit : Budget général : 50, 85 milliards de F CFA (70%) ; Comptes spéciaux du Trésor : 21, 68 milliards de F Cfa (30%) dont Fonds intergénérationnel : 7, 25 milliards de F Cfa (10%), Fonds de stabilisation : 14, 43 milliards de F Cfa (20%) ».
Pour le retour au calme, le ministre Moussa Bala Fofana (ami du Premier ministre) devrait pouvoir compter sur la suppression du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCTT) pour tirer le meilleur parti des premières économies de bouts de chandelles réalisées par le nouveau pouvoir. Surtout lorsqu’on sait, insiste Le Quotidien, que les crédits accordés aux deux anciennes assemblées consultatives « sont maintenus dans le projet de Loi de Finances initiale à respectivement 7 milliards 541 millions et 7 milliards 810 millions. » Assez pour former le carré d’as mâle Faye, Sonko, Ndiaye et Fofana ? Attendons de voir !
LFI 2025 sans monnaie locale
Connu pour son imprécision et/ou le manque de clarté dans l’argumentation, l’économiste Khadim Bamba Diagne appuya sans réserve l’idée d’une « monnaie locale » agitée en juillet 2022 par Ousmane Sonko en campagne pour la mairie de Ziguinchor. Rappelons qu’une monnaie locale, complémentaire de la monnaie nationale à laquelle elle est adossée, est mise en place par une association à laquelle il faut adhérer pour disposer de la liste des commerces et des entreprises qui acceptent ladite monnaie. Parce qu’elle ne recouvre pas la fonction de réserve de valeur que possède la monnaie nationale, une monnaie locale ne permet pas d’épargner et de produire des intérêts. Comment fonctionne-t-elle alors ? À titre d’exemple, en échangeant des francs CFA contre de la monnaie locale, une association crée un fonds de garantie géré par une banque partenaire qui permet ainsi aux commerces et aux entreprises concernés de reconvertir la monnaie locale en francs CFA. En campagne électorale, Ousmane Sonko annonce - c’est nous qui traduisons les passages en ouolof - son « engagement local appliqué à la Casamance » en ces termes : « Le dernier levier, appelé monnaie complémentaire ou monnaie locale, est une technique qui permet à l’échelle de la Casamance d’échanger des billets imprimés suite au retrait de la monnaie conventionnelle qui est le Franc CFA. L’épargne est alors réinvestie dans des créneaux beaucoup plus rentables en même temps qu’elle sécurise l’argent des déposants. En résumé, ça peut rapporter énormément en termes de gain et en termes de capacité d’investissement dans la commune. » Faux ! Bonne nouvelle néanmoins : nulle part dans les 123 pages de la LFI 2025 ne figure le projet de monnaie locale de l’ancien maire de Ziguinchor qui aurait troqué le global contre le local pour devenir bon commis de l’État unitaire du Sénégal. Mais pour combien de temps ? Une chose est néanmoins sûre : le premier budget des percepteurs Faye et Sonko n’est pas antisystème. Retour non innovant sur terre.
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LOI DE FINANCES 2025, COMPRENDRE LES CONCEPTS DU BUDGET
L’Assemblée nationale va procéder dans les jours qui viennent à l’examen et au vote du projet de Loi de finances initiale (LFI) pour l’année 2025. Pour vous aider à mieux cerner les enjeux, nous vous présentons les notions clés de la LFI.
L’Assemblée nationale va procéder dans les jours qui viennent à l’examen et au vote du projet de Loi de finances initiale (LFI) pour l’année 2025. Pour vous aider à mieux cerner les enjeux, nous avons jugé nécessaire de vous présenter les notions clés de la LFI.
COUPE DE LA CAF, LE JARAAF ET ORAPA UNITED FONT MATCH NUL
L’ASC Jaraaf de Dakar et Orapa United, un club botswanais, ont fait match nul, 0-0, dimanche, à Francistown, au Botswana, lors de la troisième journée de la phase des groupes de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF).
Le match retour est prévu le 5 janvier, à Dakar. Le Jaraaf s’est incliné, le 27 novembre, à Abidjan, devant l’ASEC Mimosas, 0-2. C’était un match de la première journée de la phase des groupes de la Coupe de la CAF.
Pour la deuxième journée, le Jaraaf a livré aussi un match nul, 0-0, contre l’USM Alger, au stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio (ouest), près de Dakar.
Le match choc du groupe entre l’USM Alger et l’ASEC Mimosas, pour la quatrième journée, se jouera ce dimanche (à 19 h 00 GMT).
Le Jaraaf, l’ASEC Mimosas, l’USM Alger et Orapa United constituent la poule C de la phase des groupes de la Coupe de la CAF.