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24 août 2025
par Djibril Keita et Ibra Pouye
ET SI ON PARLAIT DE LA BANQUE DE LA DIASPORA SÉNÉGALAISE ADOSSÉE À L’ÉCONOMIE DE L’HUMAIN ?
Le prêt à taux zéro tant rêvé pourrait refaire surface pour nos pauvres fatou-fatou et gorgolous. Il nous faudra nous appuyer sur nos convictions profondes et la transparence de l’utilisation de ces fonds
Djibril Keita et Ibra Pouye |
Publication 15/03/2025
Cri de cœur, cri de joie, cri de bonheur mais quelques cris étouffés par l’enfumage de cette nouvelle croustillante mais en même temps une chimère emmitouflée en un éléphant blanc auquel s’est exercé le Premier ministre sénégalais, en l’occurrence Ousmane Sonko, lors d’une visite dans le nord du pays. Mais lequel de ces cris devrons-nous comprendre ?
Nous membres de la diaspora sénégalaise, nous Sénégalais d’ici et d’ailleurs éparpillés sur quelques continents. En effet, la crise de la dette s’accentue ; le monde devient bipolaire et l’élection de Trump a bouleversé la planète. Cette dernière est tourneboulée, les tendances et le creuset entre nations s’accentuent. Division de la planète en trois blocs de puissances ; les Etats-Unis d’Amérique, l’Europe recroquevillée sur elle-même et la Chine ragaillardie. La Russie en spectateur très actif. L’Afrique en spectateur passif comme à l’accoutumée et posant son postérieur sur des œufs.
Dans ce contexte très tendu de la géopolitique financière remplie d’enjeux stratégiques, l’exécutif sénégalais joue à la montre russe ; capter la manne financière de sa diaspora très disposée et très encline au développement du pays ou laisser tomber cette occasion en or et tant espérée. De l’espoir naîtra la réalité, dit-on. Marre d’être une vache à lait pour le reste du peuple resté sur les bords de la Méditerranée et sur les bords de l’Atlantique, la diaspora est cette fois-ci prête à jouer son rôle de créancier et de catalyseur de devises pour l’économie du pays. Marre d’être laissée en rade, la diaspora veut jouer le rôle de banquier. D’où une banque de la diaspora germant dans les esprits mais devant être adossée à l’économie de l’humain basée sur l’éducation et la santé. Deux acceptions s’imbriquant et devant jouer un rôle crucial dans ce Sénégal 2050 tracé dans le programme de gouvernance festoyé à Diamniadio dans une ambiance à la bonne franquette.
En effet, l’argent de la diaspora ne doit plus servir à couvrir les frais de bouche, les cérémonies de baptême, de décès et tutti quanti. Ne devant plus servir à construire des maisons individuelles et advitam aeternam, cette manne tombée non du ciel mais des fruits de dur labeur doit servir à construire infrastructures publiques et privées. Israël et l’Ethiopie sont des exemples de haute portée. En effet, ces deux nations ont été construites en partie par leur diaspora. Le don de soi est passé par là. Et l’argent récolté devra servir à créer de l’emploi, construire des hôpitaux, des aéroports, des usines de transformation de fruits, des firmes agricoles, etc.
La diaspora doit être un des créanciers de l’économie sénégalaise. Et face à une dette qui a franchi 99,67% du PIB et un déficit budgétaire ayant franchi 13% du PIB sous le régime de Macky Sall, l’heure est à l’action ce que la parole fut durant les législatives de novembre dernier. Il urge désormais de convaincre et de passer à l’action. Nous devons nous retrousser les manches même si s’endetter devient un exercice très périlleux dans ce monde. Le repli sur soi est devenu une politique de gouvernance. Le président Donald Trump a pris comme résolution de ne plus dépenser les fonds américains. America first est passé par là. Arrêt budgétaire de quelques aides bilatérales comme celle de l’UsAid destinée à bon nombre de pays africains et d’Amérique latine.
Face à ce qui se trame, l’exécutif sénégalais pourrait jeter son dévolu sur les Diaspora bonds comme source de diversification de l’endettement national. En 2023, les Sénégalais de la diaspora et surtout l’essentiel installé en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique ont envoyé plus de 1800 milliards de francs Cfa, environ 12% du PIB national. En effet, il est un montant qui dépasse largement les aides publiques au développement fournies par les institutions internationales et quelques bailleurs de fonds bilatéraux. Avec la naissance de cette banque, l’idée ingénieuse est d’en faire une institution financière d’épargne, de crédits et d’investissements. Et surtout respectivement d’investissements et d’épargne pour l’emploi des jeunes et la retraite de la diaspora. L’argent doit servir à travailler et à développer un pays et non dormir dans les banques. Trivialement parlant « xaliss warul nélaw, dafa wara liggéy am réw ». Transférer autrement et investir autrement, tel doit être le credo de la Banque de la diaspora sénégalaise (BdS).
En effet, le Premier ministre Ousmane Sonko doit être le premier ambassadeur de ce travail de longue haleine et d’espoir. A lui seul, les montagnes bougent. En effet, le «Sonko yaw laniu gëm » reprend tout son sens dans cette situation. Une fois encore, Dakar doit être la future place financière de l’Afrique de l’Ouest. Et si on parlait de la banque de la diaspora adossée à l’économie de l’humain, actrice des transformations profondes qu’attend ce Sénégal qui nous interpelle. Pour la réussite de ce grand deal bancaire, il nous faudra nous appuyer sur nos convictions profondes et la transparence de l’utilisation de ces fonds. Et la communication ne doit pas être en reste. Et surtout l’implémentation et le siège voire les métiers composant cette future banque qui risque de secouer l’écosystème et le paysage bancaires du Sénégal. Capter les revenus de la diaspora doit être désormais un sacerdoce.
En fait, les lignes bougent depuis l’avènement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Un vent d’espoir souffle sur ce pays longtemps martyrisé par les régimes d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall qui se sont succédé même si ce dernier s’est singularisé par un carnage de nos pauvres deniers publics. La Cour des comptes dans son dernier rapport en a fait l’illustration. En fait, cette banque servirait aussi de relais aux PME formant plus de 90% du tissu économique de ce pays. Le prêt à taux zéro tant rêvé pourrait refaire surface pour nos pauvres fatou-fatou et gorgolous. L’idée d’une banque créatrice d’emplois à travers ses filiales et filières économiques. Et devant être couplée à la Caisse des dépôts et Consignations (CdC). Cette banque de dépôt du trésor de la nation devant être entièrement renforcée. Mais mettre en place l’idée des obligations diasporiques (Diaspora bonds) relève aussi d’un malentendu devant être résolu à cause d’une méfiance et d’un scepticisme de bon nombre de nos concitoyens à l’aune d’expériences vécues dans le secteur bancaire et celui de l’immobilier.
A nous Sénégalais de la diaspora de suivre ces sillons frais du développement. A nous de nous saisir de la balle au rebond. A nous de tracer et de labourer ce beau champ qu’est ce pays de la Téranga. A nous chantres d’un développement futur bâti sur l’économie de l’humain. Une économie de la dignité centrée sur l’humain à l’heure où l’Afrique est laissée sur le bord de la route. La banque de la diaspora devrait servir de catharsis économique et développer l’éducation et la santé, vecteurs d’un développement harmonieux et prospère. Un grand réveil économique doublé d’un grand bond en avant. Mais bon an, mal an et pourvu que le printemps fasse fleurir quelques bourgeons et fasse entrevoir l’espoir de lendemains chantants.
Ibra Pouye est éditorialiste et contrôleur des finances publiques.
Djibril Keita est sociologue, enseignant en santé publique et politiques sociales,
co-fondateur de l’Institut Esprit Public Stratégies et Intelligences (IEPSI).
LES MINERAIS, PRÉTEXTE PLUTÔT QUE CAUSE DU CONFLIT EN RDC
Derrière la guerre qui ensanglante le Kivu se cache un réseau d'intérêts bien plus vaste, impliquant le Rwanda voisin mais aussi des puissances occidentales et la Chine, dans une bataille géopolitique qui dépasse largement la simple exploitation minière
(SenePlus) - Le pillage des ressources minérales est régulièrement présenté comme la cause principale du conflit qui ensanglante l'est de la République démocratique du Congo. Cette explication, qualifiée de "séduisante mais fausse" par plusieurs chercheurs, fait l'objet d'une analyse approfondie dans Libération, qui publie une enquête remettant en question cette interprétation simpliste de la guerre.
"Le Congo se fait saigner à blanc [...] Étriper par les cupides armées de l'ONU, les chrétiens, les Belges, les Français, les rebelles, les Rwandais [...], les marchands de minerais, la moitié des profiteurs du monde, et son propre gouvernement à Kinshasa", écrivait John Le Carré dans son roman "Le Chant de la Mission" en 2007. Cette vision d'un pays pillé pour ses ressources a depuis fait son chemin dans l'opinion internationale.
Pourtant, des chercheurs comme Christoph N. Vogel et Judith Verweijen contestent cette lecture. Dans une tribune publiée dans Libération le 14 mars 2025, ils affirment que "le conflit en RDC n'est pas qu'une histoire de minerais". Les chercheurs déplorent que cette focalisation "empêche d'avoir une compréhension globale des problèmes" et ne constitue pas "une condition de base, ou une racine première de la violence et des guerres dans cette région."
Le M23 et le Rwanda au cœur des accusations
La controverse s'est intensifiée depuis janvier 2024 avec l'offensive du groupe rebelle M23, accusé d'être soutenu par le Rwanda. Selon un rapport d'experts de l'ONU cité par Libération, le groupe d'experts a dénoncé "l'exportation frauduleuse d'au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda" au profit des rebelles, représentant environ 300 000 dollars de revenus miniers mensuels.
Le 21 février 2024, un groupe de rappeurs congolais a diffusé un clip intitulé "Free Congo" dénonçant l'occupation de l'est du pays et "les vrais mineurs artisanaux" forcés "d'aller miner ailleurs que dans leur cobalt". Car au-delà du coltan, c'est aussi le cobalt et le cuivre qui sont convoités, ressources essentielles pour les batteries des véhicules électriques.
Le Rwanda accusé de détourner les minerais congolais
"Le Rwanda peut accéder aux minerais congolais qu'il finance ou non une rébellion ou intervienne avec ses propres troupes", affirment Christoph N. Vogel et Judith Verweijen dans leur tribune. Selon eux, le fait que les droits de douane et les taxes au Rwanda soient plus faibles "incite les producteurs congolais à exporter vers le Rwanda légalement ou illégalement."
D'après un entretien local mentionné par Libération, "une grande partie des minerais partent du Kivu, avant d'être transportés en Tanzanie, puis en Asie." À la frontière avec l'Ouganda, l'un des postes les plus lucratifs de la région, "on peut se demander à qui vont réellement les taxes douanières récoltées à Bunagana si celles de revenue miniers?"
Le contrôle des zones minières reste un enjeu majeur. Tout a changé en avril 2022 lorsque les rebelles ont emprunté le chemin de Rubaya, site d'une importante mine de coltan. Dans un rapport publié en décembre, des experts de l'ONU ont dénoncé le détournement de la production vers le Rwanda.
Le commerce des minerais congolais dépasse largement les frontières africaines. Selon Libération, en 2023, les exportations de cobalt s'élevaient à 2,4 milliards de dollars et à 2,7 milliards pour le cuivre. La RDC possède la plus grande mine de cobalt au monde et détient plus des deux tiers de la production mondiale. Elle est aussi le sixième producteur de cuivre.
La bataille pour l'accès à ces ressources est d'autant plus âpre qu'elle se déroule au Kivu, "opposant la Chine au début de la phase actuelle d'exploitation, aux nations occidentales, États-Unis en tête." Une étude publiée en septembre par le site "The Conversation" souligne d'ailleurs que les États-Unis dépendent en partie du cobalt pour leurs véhicules électriques.
Les ramifications s'étendent jusqu'à Washington et Bruxelles. L'article rapporte que même sous l'administration Trump, déjà engagée dans les ressources minières de l'Ukraine, une enquête publiée par le quotidien La Libre Belgique révélait que "la famille Tshisekedi disposait d'avoirs miniers estimés à 320 milliards de dollars au Katanga."
"La véritable guerre des minerais se déroute au Katanga", souligne le journaliste, rappelant que dans cette région considérée comme "le scandale géologique de la RDC, les populations ne bénéficient pas des richesses exploitées au bénéfice des Chinois et de l'entourage du président."
LA NOUVELLE INTERDICTION DE VOYAGE DE TRUMP POURRAIT CIBLER 43 PAYS, DONT PLUSIEURS NATIONS AFRICAINES
Selon des informations obtenues par le New York Times, l'administration Trump envisage un système à trois niveaux comprenant des interdictions totales, des restrictions partielles et des mises en garde sous ultimatum
(SenePlus) - D'après des informations obtenues par le New York Times, l'administration Trump envisage une interdiction de voyage aux États-Unis considérablement plus étendue que celle mise en place lors de son premier mandat, ciblant potentiellement les citoyens de 43 pays au total.
Selon des responsables familiers avec le dossier, un projet de liste de recommandations élaboré par des responsables diplomatiques et de sécurité propose une classification en trois niveaux, avec des conséquences différentes pour chaque catégorie.
Une interdiction totale pour 11 pays
Le premier niveau, désigné comme "liste rouge", comprend 11 pays dont les citoyens se verraient catégoriquement interdire l'entrée aux États-Unis. Ces pays sont l'Afghanistan, le Bhoutan, Cuba, l'Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Yémen, d'après les sources du New York Times.
Les responsables interrogés ont toutefois souligné que "cette liste a été élaborée par le Département d'État il y a plusieurs semaines, et que des changements sont probables d'ici à ce qu'elle parvienne à la Maison Blanche."
Des restrictions partielles pour 10 autres nations
Un deuxième niveau, la "liste orange", comprendrait 10 pays pour lesquels les voyages seraient restreints mais non totalement interdits. Le quotidien new-yorkais précise que "dans ces cas, les voyageurs d'affaires fortunés pourraient être autorisés à entrer, mais pas les personnes voyageant avec des visas d'immigrant ou de touriste."
Cette liste inclut notamment la Russie, le Bélarus, Haïti, le Pakistan, mais aussi deux pays africains : la Sierra Leone et le Soudan du Sud. Les citoyens de ces pays seraient également "soumis à des entretiens obligatoires en personne pour obtenir un visa", rapporte le journal.
Une mise en garde pour 22 pays, majoritairement africains
Le troisième niveau est particulièrement significatif pour le continent africain. Selon le projet, une "liste jaune" de 22 pays aurait "60 jours pour résoudre les déficiences perçues, sous peine d'être déplacés vers l'une des autres listes".
D'après le NYT, cette liste comprend principalement des nations africaines : "Angola, Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gambie, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie et Zimbabwe." Des pays comme le Cameroun et Sao Tomé-et-Principe figurent également sur cette liste préliminaire.
Les problèmes évoqués pourraient inclure "le défaut de partage avec les États-Unis d'informations sur les voyageurs entrants, des pratiques de sécurité prétendument inadéquates pour la délivrance de passeports, ou la vente de citoyenneté à des personnes de pays interdits", ce qui pourrait servir de faille aux restrictions, selon les responsables cités par le quotidien américain.
Un processus encore en cours d'évaluation
Le New York Times précise que ce projet est actuellement en cours d'examen par "les ambassades et les bureaux régionaux du Département d'État, ainsi que par des spécialistes de la sécurité d'autres départements et agences de renseignement". Ces derniers fournissent des commentaires sur "l'exactitude des descriptions des déficiences dans des pays particuliers ou sur les raisons politiques" qui pourraient justifier de reconsidérer l'inclusion de certains pays.
Lorsqu'il a pris ses fonctions le 20 janvier, Trump a émis un décret exécutif "ordonnant au Département d'État d'identifier les pays 'pour lesquels les informations de vérification et de contrôle sont si déficientes qu'elles justifient une suspension partielle ou totale de l'admission des ressortissants de ces pays'", rappelle le journal.
Cette nouvelle interdiction de voyage, si elle est mise en œuvre telle que proposée, affecterait de manière disproportionnée de nombreux pays africains, soulevant des questions sur les critères utilisés pour établir ces listes et leurs implications diplomatiques pour les relations entre les États-Unis et le continent africain.
par Nioxor Tine
UN PACTE PEUT EN CACHER UN AUTRE
Il est contradictoire d’utiliser, en l’état, le système judiciaire qui a été à l’origine de tant de dénis de justice pour restaurer l’Etat de droit et de vouloir changer de système politique sans adopter une nouvelle Constitution
14 mars 2024 – 14 mars 2025, il y a un an, jour pour jour, le président Diomaye et le premier ministre Sonko sortaient de prison, de l’hôtel zéro étoile du Cap Manuel pour aller s’installer dans un autre hôtel, plus confortable. Ils devaient leur élargissement à la promulgation d’une loi d’amnistie controversée, votée une semaine auparavant.
La défaite programmee du Benno-APR
Après l’échec retentissant de sa tentative de torpiller le processus électoral, au moyen d’un report sine die de l’élection présidentielle, le patron de Benno Bokk Yakaar, déjà convaincu de la prochaine défaite de son camp, cherchait à sauver les meubles, à s’aménager une sortie honorable mais surtout sécurisée.
Imaginons un instant, ce qui aurait pu se passer, si la brillante victoire électorale du candidat Diomaye était survenue, alors qu’il était encore retenu dans les liens de la prévention avec des centaines de ses camarades.
C’est bien parce que la voie du camp patriotique vers la victoire était déjà tracée, que le président Sall s’est vu obligé d’opérer une retraite aussi précipitée que désordonnée, à la faveur d’une loi d’amnistie, qui avait, en plus, l’avantage de conférer une impunité scandaleuse aux bourreaux de son camp.
Un an après, le camp patriotique, sous la houlette du Pastef, se rend compte, après deux élections victorieuses, celle présidentielle du 24 mars et les législatives du 17 novembre de l’année dernière, que tout reste à faire. La mise en œuvre du projet de transformation systémique se heurte, en effet, à de multiples écueils.
L’envol plombé du projet pastefien
Le premier obstacle est la situation économique héritée du précédent régime, dont la nature désastreuse est incontestable et a été amplement étayée par le rapport de la Cour des comptes. Lequel a dévoilé de nombreux manquements et écarts dans la gestion des finances publiques, avec des chiffres maquillés, minorant aussi bien le montant de la dette que celui du déficit budgétaire.
Ce sinistre legs réduit drastiquement la marge de l’Etat, qui se trouve « contraint », ne réussissant à subvenir, qu’au prix d’énormes difficultés, aux dépenses courantes de fonctionnement et à fortiori, aux dépenses d’investissements.
Il en découle une grogne sociale tout à fait légitime, mais que les adversaires politiques malintentionnés cherchent à instrumentaliser.
Bisbilles avec le monde du travail
Il est vrai, que certains observateurs proches du camp patriotique avaient alerté, dès le début, sur l’insuffisante implication du monde du travail dans la dynamique de transformation systémique enclenchée par Pastef et ses alliés.
Il s’y ajoute le fait que, lors des luttes épiques menées par la jeunesse patriotique, ces dernières années, on avait pu noter, si ce n’est une collusion manifeste de la plupart des patrons des centrales syndicales avec le défunt régime du Benno-APR, tout au moins, une neutralité bienveillante à son endroit.
S’abritant derrière le prétexte d’apolitisme du mouvement syndical, ces leaders ont, en réalité fait montre d’une inertie certaine devant les agressions outrancières du pouvoir de Macky Sall contre les droits et libertés, y compris ceux des travailleurs.
Les syndicats de base, par contre, ont été moins soumis, faisant même preuve d’une grande combativité, qui a permis aux enseignants et aux professionnels de santé d’arracher certains acquis. Il en est ainsi de la revalorisation de certaines primes et indemnités des enseignants (prime scolaire, indemnités spéciale d’enseignement, d’encadrement pédagogique, de recherche documentaire …etc.). Dans le secteur de la Santé également, en plus de l’accord de principe sur le reclassement de certains corps, il a été procédé à une revalorisation de l’indemnité de risque et à l’octroi de l’indemnité de logement, qui n’est cependant pas encore élargie à tous les ayant-droits.
Sur fond de détérioration prononcée du pouvoir d’achat des masses populaires liée, en partie, à des facteurs exogènes et de licenciements importants dans certaines sociétés parapubliques, qui servaient souvent à caser la clientèle politique des barons du défunt régime, on a assisté à une levée de boucliers des centrales syndicales qui, une fois n’est pas coutume, sont parvenues à faire front commun. Le 14 février dernier, un grand rassemblement des forces syndicales du Sénégal s’est tenu au siège de la CNTS, en brandissant des menaces de grève générale.
Quel pacte garantit la stabilité sociale ?
L’Etat, de son côté, va convoquer, le 27 février une rencontre tripartite Etat-employeurs- travailleurs, en proposant la signature d’un pacte de stabilité sociale, rappelant le précédent pacte de stabilité sociale et d’émergence économique, de triste mémoire, qui avait servi de paravent au plan Sénégal Emergent. Résultat des courses, l’atonie voire la complaisance des centrales syndicales a occasionné l’exacerbation de la mal-gouvernance, aussi bien au niveau des finances publiques qu’à celui des sociétés parapubliques et a subséquemment conduit à cette situation économique désastreuse, entièrement imputable au précédent pouvoir.
Le pouvoir Pastef, promoteur et soutien des lanceurs d’alerte a tout intérêt à maintenir intacte la fonction de veille citoyenne des organisations de la société civile, dont les syndicats. C’est dire qu’un pacte de bonne gouvernance démocratique inspiré des Assises nationales est un plus sûr garant de la stabilité sociale, car permettant aux travailleurs de s’approprier des objectifs du projet de transformation systémique.
A quand la nouvelle République ?
Le nouveau régime fait également l’objet d’attaques injustifiées de la part d’anciens caciques du Benno Bokk Yakaar, leurs thuriféraires et certains opposants égarés, sur la reddition des comptes et sur l’abrogation partielle de la loi d’amnistie. S’exonérant de toutes responsabilités sur les détournements de deniers publics, sur le bradage foncier et sur la répression disproportionnée et parfois sanglante de citoyens cherchant à faire valoir leurs droits et libertés, ils veulent mettre sur un pied d’égalité les bourreaux et les victimes.
S’il faut saluer la détermination dont fait montre le régime Pastef pour remettre le pays sur les rails et appliquer le slogan du Jubb Jubbal Jubbanti, il faut reconnaître qu’il compte davantage sur les professions de foi et les déclarations d’intention, plutôt que sur la mise en place de mécanismes éprouvés pour aboutir à une véritable refondation institutionnelle, gage de ruptures conséquentes et décisives d’avec l’ancien ordre néocolonial.
De nouvelles règles du jeu en conformité avec les idéaux de justice sociale doivent être définies et respectées par tous. Il est ainsi contradictoire d’utiliser, en l’état, le système judiciaire qui a été à l’origine de tant de dénis de justice pour restaurer l’Etat de droit et de vouloir changer de système politique sans adopter une nouvelle Constitution.
En somme, il est illusoire de vouloir faire aboutir le projet de transformation systémique, en utilisant la vieille République néocoloniale devenue obsolète.
Placée sous le thème «Mathématiques, Art et Créativité», Journée internationale des mathématiques a été l’occasion de revenir sur l’importance des mathématiques.
Hier, vendredi 14 mars, le Département Mathématique de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation (FASTEF), en collaboration avec le Département Mathématique et Informatique de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar et Force-N, a célébré la Journée internationale des Mathématiques appelée Pi-Day. Placée sous le thème «Mathématiques, Art et Créativité», elle a été l’occasion de revenir sur l’importance des mathématiques.
Des étudiants, des enseignants et des chercheurs venus de l'Université Numérique Cheikh Amidou Kane (UNCHK) de Dakar, de la Faculté des Sciences et Technologies de l'Éducation et de la Formation, (FASTEF), de la Faculté des Sciences, de l'Université de Bambey et d’autres universités du Sénégal mais aussi des élèves se sont rassemblés hier, vendredi 14 mars 2025, à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, pour célébrer la Journée internationale des Mathématiques. S’exprimant à cette occasion, le Doyen de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation (FASTEF), Moustapha Sokhna, est revenu sur le sens de cet évènement. «Cette journée, pour l'Union Mathématique Internationale et pour l'UNESCO, devrait permettre trois choses importantes. La première est une vulgarisation. C'est pourquoi nous avons demandé, aujourd'hui, à tous les élèves, étudiants du Sénégal d'être présents à l'UCAD pour manifester l'activité mathématique, la créativité et également la beauté des arts mathématiques», a-t-il expliqué.
Selon lui, «les mathématiques ne sont pas qu’une simple science rigoureuse, elles transcendent le cadre du raisonnement abstrait pour devenir un langage universel, porteur de beauté et d’esthétique qui a fasciné les esprits les plus brillants depuis l’Antiquité».
Prenant la parole, Arona Tall, le représentant le Recteur de l’UCAD, a fait savoir que les Mathématiques sont indispensables dans de nombreux domaines professionnels : «En physique, pour expliquer les lois de l’univers et développer les technologies avancées ; En ingénierie, pour concevoir des infrastructures, des systèmes, des innovations ; En Economie et en Finances pour analyser des données et orienter des données stratégiques ; En métrologie et en climatologie, pour prévoir les phénomènes naturelles et anticiper sur les changements climatiques»
Pour sa part, Samuel Ouya, le Recteur de l’Université Numérique Cheikh Amidou Kane, a indiqué que «les mathématiques, ce ne sont pas uniquement des choses abstraites ; mais une fois que vous les maitrisez, vous pouvez véritablement vous lancer dans n’importe quel métier aujourd’hui». La Journée internationale des Mathématiques, qui est lancée en 2019 par l’UNESCO pour mettre en lumière le rôle essentiel que jouent les sciences mathématiques dans la résolution de certains des défis les plus urgents de notre époque, est axée cette année sur le thème «Mathématiques, Art et Créativité».
SEYDINA DIAGNE RETIENT SON SOUFFLE
Ils ne sont plus que trois candidats en lice pour le poste de secrétaire général de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) dont l’élection est prévue ce samedi 15 mars à partir de 10 heures GMT au CIC d'Alger
Après une tentative infructueuse le 25 mai 2021 où il a été battu par le Marocain, Ingr. Ahmed Abouelgasim Hashim, le Sénégalais Seydina Oumar Diagne va tenter un deuxième fois, ce samedi 15 mars à Alger à se faire élire au poste de secrétaire général de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA). Il aura en face de lui deux autres candidats : Ahmed Abou Elgasim Hashim (Soudan) et David Ojong (Cameroun). L’Égyptienne Khaled Zein a préféré, hier, vendredi 14 mars, retirer sa candidature.
Ils ne sont plus que trois candidats en lice pour le poste de secrétaire général de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) dont l’élection est prévue ce samedi 15 mars à partir de 10 heures GMT au centre international de conférence (CIC) d’Alger. Il s’agit du Sénégalais Seydina Oumar Diagne, d’Ahmed Abou Elgasim Hashim (Soudan) et David Ojong (Cameroun). L’Égyptienne Khaled Zein a pris la décision de se retirer. Au lieu donc d’un fauteuil pour quatre, on assistera à une bataille entre trois candidats.
Si l’actuel secrétaire général du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) réussit à se faire élire, ce sera une belle victoire pour la diplomatie sportive sénégalaise qui vient de subir un camouflet avec la défaite de Me Augustin Senghor dans sa tentative d’intégrer le Conseil de la Fifa.
Jadis présent dans la gouvernance du sport mondial avec feu Keba Mbaye (Comité exécutif CIO), feu Abdoulaye Seye Moreau (Fifa Monde), feu Youssoupha Ndiaye (Comité exécutif CIO), feu Lamine Diack (IAAF/CIO) et Mamadou Diagna Ndiaye (membre CIO), le Sénégal est en perte de vitesse. Il ne nous reste plus que Mbagnick Ndiaye (Président Confédération africaine d’Escrime), Dr Mohamed Diop (Président Confédération africaine de natation), Amadou Galo Fall (Président Basket African League). D’où une grosse pression sur Seydina Oumar Diagne dont le principal rival n’est autre que le Soudanais Ahmed Abou Elgasim Hashim, qui est donne ultra-favori.
Pour rappel, M. Diagne avait tenté à se faire élire le 25 mai 2021 mais il sera battu par le Marocain, Ingr. Ahmed Abouelgasim Hashim qui a été réélu a sa propre succession.
VOICI LA LISTE DES CANDIDATURES POUR LE COMITÉ EXÉCUTIF DE L’ACNOA
Alfred Foloko (Zambie)
Khaled Ezankuli (Libye)
Julien Minavoa (Bénin)
QUATRIEME VICE-PRÉSIDENT :
Fardouza Moussa Egueh (Djibouti)
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL :
Ahmed Abou Elgasim Hashim (Soudan)
David Ojong (Cameroun)
Seydina Omar Diagne (Sénégal)
TRÉSORIER GÉNÉRAL :
Habu Ahmed Gumel (Nigeria)
MOUSSA TOURE INVITE A REPONDRE AUX DEFIS DU FINANCEMENT ET DE LA DIFFUSION
Dans une interview exclusive, Moussa Touré, cinéaste sénégalais de renom, revient sur les défis actuels du secteur et propose des pistes pour redonner au cinéma sénégalais sa gloire passée.
Le cinéma sénégalais, autrefois considéré comme l’un des fleurons du 7e art en Afrique, traverse aujourd’hui une période difficile. Dans une interview exclusive, Moussa Touré, cinéaste sénégalais de renom, revient sur les défis actuels du secteur et propose des pistes pour redonner au cinéma sénégalais sa gloire passée.
Le cinéma sénégalais a connu son âge d’or dans les années 1960 et 1970, porté par des figures emblématiques comme Ousmane Sembène, considéré comme le père du cinéma africain. Sembène, avec des œuvres comme La Noire de… (1966) et Xala (1975), a su capturer les réalités sociales et politiques du Sénégal post-colonial, tout en offrant une critique acerbe des systèmes de pouvoir. D’autres réalisateurs comme Djibril Diop Mambéty, avec son film Touki Bouki (1973), ont également marqué l’histoire du cinéma africain par leur audace narrative et esthétique.
Ces films, souvent produits avec des moyens modestes, ont néanmoins réussi à s’imposer sur la scène internationale, remportant des prix dans des festivals prestigieux et ouvrant la voie à une nouvelle génération de cinéastes africains. Cependant, depuis ces années glorieuses, le cinéma sénégalais semble avoir perdu de son éclat, confronté à des défis structurels et financiers.
Selon Moussa Touré, les problèmes actuels du cinéma sénégalais résident en particulier dans le financement. « Nous avons peu d’argent, et les coproductions avec le cinéma français, par exemple, ne profitent pas toujours aux cinéastes sénégalais », explique-t-il. Il déplore que les cinéastes sénégalais ne bénéficient pas des recettes générées par leurs films, malgré leur participation financière. « Nous gagnons de faire un film, mais nous ne gagnons pas de recettes », souligne-t-il.
La diffusion des films sénégalais est un autre problème majeur. Moussa Touré constate que les salles de cinéma traditionnelles sont quasi inexistantes, et que les films africains peinent à trouver un public. « Les gens ne vont pas voir des films africains », regrette-t-il. Il souligne l’importance de créer des salles de cinéma dédiées aux productions locales, afin que les films sénégalais puissent être accessibles au grand public.
REDYNAMISER LE CINEMA SENEGALAIS : LES PROPOSITIONS DE MOUSSA TOURE
Pour Moussa Touré, la solution passe par une réforme en profondeur du secteur. Il propose l’organisation d’assises nationales du cinéma, réunissant à la fois les anciennes et les jeunes générations de cinéastes. « Le cinéma n’est pas juste pour les vieux ou pour les jeunes, c’est pour tout le monde », insiste-til. Selon lui, il est essentiel de créer un dialogue intergénérationnel pour redonner au cinéma sénégalais sa vitalité.
Touré plaide également pour une plus grande implication des cinéastes dans les instances décisionnelles, comme le Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA). « Le FOPICA n’a jamais voulu impliquer les cinéastes », déplore-t-il. Il estime que les cinéastes, en tant que professionnels du secteur, devraient être au cœur des décisions concernant la production et la distribution des films.
Enfin, Moussa Touré suggère la création d’un centre cinématographique qui permettrait aux cinéastes d’avoir accès à des ressources techniques et financières pour réaliser leurs projets. « Un centre cinématographique permettrait d’avoir un minimum d’argent pour faire un film », explique-t-il. Il insiste sur le fait que ce centre doit être géré par des cinéastes, et non par des administrateurs qui ne comprennent pas les réalités du métier. Moussa Touré reste optimiste quant à l’avenir du cinéma sénégalais, mais il estime que des changements structurels sont nécessaires pour retrouver le succès des années passées. « Il faut se mettre ensemble, tous se mettre ensemble », conclut-il. Pour lui, le cinéma sénégalais a encore beaucoup à offrir, à condition que les acteurs du secteur travaillent main dans la main pour surmonter les défis actuels.
LA CENA DONNE DES PISTES
La Commission électorale nationale autonome (CENA) invite l’Etat et la classe politique à apporter des correctifs au processus électoral afin de renforcer la vitalité du modèle démocratique sénégalais.
La Commission électorale nationale autonome (CENA) invite l’Etat et la classe politique à apporter des correctifs au processus électoral afin de renforcer la vitalité du modèle démocratique sénégalais. Dans son rapport sur les dernières élections législatives rendu public hier, vendredi 14 mars, elle appelle ainsi à réfléchir sur la rationalisation des partis, vu la faiblesse de leur représentativité, et recommande à la DGE (Direction générale des élections) de dématérialiser le dépôt des dossiers de candidatures pour les élections.
Le rapport de la Commission électorale nationale autonome (CENA) sur les dernières élections législatives qui a été rendu public hier, vendredi, est fort de quelques enseignements majeurs sur le processus électoral sénégalais. A l’issue de son audit, l’organe de contrôle et de supervision des élections a jugé « très faible » la représentation de la plupart des 41 partis ou coalitions de partis ayant participé aux joutes législatives de novembre dernier.
Aussi considère-t-elle qu’il urge, à la lumière des résultats, de travailler à leur rationalisation, pour juguler les « effets pervers » de la pléthore des candidatures sur la vitalité démocratique et la dépense publique. « À l’issue du scrutin, note-t-elle dans son rapport, la liste Pastef, dirigée par le Premier ministre Ousmane Sonko, a obtenu cent-trente (130) sièges sur centsoixante-cinq (165) sièges. La liste gagnante est suivie par les listes Takku Wallu Senegaal (16 sièges), Jàmm Ak Njariñ (7 sièges) et Sàmm Sa Kaddu (3 sièges)… Seules deux listes ont atteint au moins 10% des suffrages exprimés, seules cinq listes ont atteint au moins 1% des suffrages exprimés sur les quarante-et-une (41) listes qui ont concouru ».
L’organe en charge de la supervision et du contrôle du processus électoral en conclut que la représentativité de la plupart des partis et coalitions concernés est très faible, avant de pointer « deux principaux effets pervers ». « Le trop grand nombre de partis politiques et de candidats aux élections rend de fait inaudible les principales offres politiques et ne milite pas à̀l’approfondissement des débats sur les problèmes économiques, sociaux ou environnementaux qui interpellent les populations. Le raccourci et la recherche du retentissement médiatique immédiat deviennent les stratégies les plus utilisées », avance d’abord la CENA. Avant d’indexer ensuite le volet relatif à l’efficacité de la dépense publique, en déplorant le coût onéreux du scrutin du 17 novembre dernier. Qui plus est, note la CENA, « le refus, par la majorité́ des candidats, de l’utilisation des bulletins àformat réduit, a empêché́l’État de faire une économie de huit (8) milliards de francs ». Pour y remédier, « il apparait urgent, dit la CENA, de réunir les parties prenantes sur la rationalisation des partis politiques et des candidatures aux élections pour une expression démocratique plus dynamique », précisant qu’à la date du 26 mai 2023, il a été dénombré 339 partis politiques au Sénégal.
DEMATERIALISER LE DEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURES
Dans son rapport, la Commission électorale nationale autonome (CENA) préconise également la dématérialisation du dépôt des dossiers de candidatures au moyen d’une plateforme sécurisée et dans les délais légaux. Selon l’organe de supervision et de contrôle, une telle procédure « permettrait de gagner en efficacité et en transparence dans l’examen de la recevabilité des candidatures ».
Et d’arguer : « Les dossiers physiques seront ensuite déposés dans l’ordre du tirage au sort suivant un chronogramme défini et en multipliant les guichets ».
Selon l’organe de contrôle et de supervision des élections, une telle innovation pourrait permettre de dépasser les couacs notés au niveau de la commission instituée au sein de la Direction générale des élections pour réceptionner les dossiers de candidatures aux différentes élections. Ce qui donne souvent lieu à des perturbations dans le bon déroulement des travaux de réception, d’enregistrement de la notification des noms des coalitions de partis politiques légalement constitués ou d’entités regroupant des personnes indépendantes.
Par Baba DIOP
NDAMARASS
Ton’s est addict de Ndamarass. Il est accro. Tata a fait le tour de tous les garabou garabou pour le sortir de cet état de fait.
Ton’s est addict de Ndamarass. Il est accro. Tata a fait le tour de tous les garabou garabou pour le sortir de cet état de fait. Tata avait aussi visité les profondeurs de la Casamance, et de celles du Sénégal Oriental à la recherche du superchampion dans l’art de terrasser les démons. Ton’s avait bu des cocktails parfois sucrés, parfois amers à tordre les boyaux. Mais rien n’y faisait. Si Tata avait fait le tour de tous ces gens qui pactisent avec le diable, c’était qu’elle en avait marre des souris qui comme Ton’s ne crachaient pas sur le ndamarass. Et Ton’s en semait partout. Comme peuvent l’être tous les addicts, Ton’s achetait par dizaines les sachets de ndamarass chez son fournisseur sous le pont de l’avenue Cheikh Anta Diop. Et par crainte d’en manquer, en planquait dans l’armoire de Tata, sous le lit conjugal, dans les commodes, dans les placards de la cuisine, de ceux des toilettes, dans ses poches droites, gauches et même dans son makhtuma.
La lavandière qui avait en charge le linge de Ton’s voyait dans sa grande bassine flotter des miettes de ndamarass. La belle âme qui s’occupait du repassage de Ton’s a failli un jour repasser les restes d’un sachet de ndamarass dans la poche du grand boubou de Ton’s. Hier en quittant la mosquée après la prière du vendredi, Ton’s introduisit sa main dans la poche à la recherche de son chapelet. Sa main empoigna un sachet de ndamarass, et comme la rue était déserte, Tons enfourna une pelletée dans la bouche et l’enfant qui le suivait de lui dire « Pa woorulo » et Tons de répliquer « Sakhamé gouma »
Par Boubacar KHOUMA
NEW DEAL TECHNOLOGIQUE, LE CHALLENGE DU JUBANTI
Le New Deal Technologique a ressuscité nos rêves d’antan d’une administration publique digitalisée au Sénégal. La digitalisation des procédures (process) peut être considérée comme l’élément moteur de la stratégie
Le New Deal Technologique (NDT) a ressuscité nos rêves d’antan d’une administration publique digitalisée au Sénégal. Au-delà des effets d’annonce avec les formulations digitales qui sont en vogue, il est important de prendre en considération l’historique de l’écosystème, au risque de restreindre cette dynamique à un rattrapage d’un déficit d’investissement dans la perspective d’une transformation digitale de toute la société sénégalaise.
La digitalisation des procédures (process) peut être considérée comme l’élément moteur de la stratégie. Celle-ci doit aussi jouer un rôle important d’entraînement dans la consommation populaire de l’IA (Intelligence Artificielle). Le New Deal doit aussi jouer un rôle d’impulsion du secteur privé, pour créer des champions sectoriels d’envergure continentale dans la digitalisation des administrations publiques. C’est la bonne animation de ce trépied qui fera le succès de ce New Deal. New Deal parce qu’il y a eu effectivement des anciens Deals technologiques. D’abord par l’émergence en 2004 de l’ADIE (Agence De l’Informatique de l’Etat), ensuite qui a été remplacée en 2021 par Sénégal Numérique, sans oublier la création de l’ARTP en 2011. Sans revenir dans le détail des missions de chacune de ces entités. Globalement elles ont été présentées avec le mirage d’amener l’efficacité dans l’administration publique par une appropriation des nouvelles technologies pour utiliser le jargon d’antan ou, pour faire moderne, de transformer digitalement l’Etat et d’amener la connectivité à toutes et partout. S’il faut un nouveau Deal, pourquoi les Deals antérieurs n’ont pas atteint leurs objectifs ?
En 2001, nous avons eu le privilège de piloter le premier programme e-gov du Sénégal ou e-Sénégal. C’était un programme en « fast track » qui bénéficiait des reliquats de financement de la Banque Mondiale sur le bug de l’an 2000. Il fallait sur une durée d’une année environ procéder à l’ensemble des décaissements. Nous avions mis en place une stratégie pour poser les fondations d’une administration numérique par la fourniture des services de bases bureautiques aux administrations centrales et l’infrastructure pour soutenir les futures digitalisations des procédures administratives. Une grande partie des infrastructures prévues ont été mises en place mais il n’y a pas eu de résultat sur la digitalisation des procédures. Pourquoi ? Principalement parce qu’à la fin du programme, l’entité bénéficiaire s’était recentrée presque exclusivement sur la partie infrastructure. Ce n’est pas nouveau, les projets informatiques pour un grand nombre, n’aboutissent à rien de tangible et ceci à l’échelle mondiale. Dans l’administration publique sénégalaise, on est dans l’exception pour les projets de transformation digitale qui ont eu des résultats à la hauteur des objectifs ciblés. Ceci impacte négativement le développement de la transformation digitale de l’administration et par extension de tout l’écosystème digital du pays notamment les sociétés “informatiques”. L’Etat étant le plus grand client du secteur privé. Depuis longtemps, la digitalisation de l’administration publique sénégalaise était essentiellement localisée au niveau du ministère des Finances et dans une moindre mesure au ministère de l’Intérieur. En écoutant il y a quelques jours, le ministre des Finances lister les solutions quant aux manquements sur les dettes de l’Etat et le besoin d’amélioration de la gestion des finances publiques, j’ai cru revenir 20 ans en arrière. En 2005, un diagnostic avait été fait sur le déficit d’interfaçage entre les trois régies financières (Douanes, Impôts et Comptabilité) et le problème de conciliation des chiffres entre leurs systèmes respectifs.
J’ai le même ressentiment lorsque j’entends le besoin de transparence dans le foncier également. Il faut se rappeler que l’un des premiers projets informatiques dans l’administration a été sur le cadastre fiscal. C’était avant les années 1990. Tout le déploiement avait été fait en termes de matériels et de logiciels. Toutefois le système n’a jamais fonctionné. La digitalisation du foncier est un cas d’école, vu la multitude de projets qui se sont attaqués à cette problématique et les dizaines (voire centaines) de milliards de francs CFA qui se sont dissipés dans le sable du foncier.
Je pourrais en citer encore pour donner une idée des montants importants qui ont été investis en vain dans cette problématique de digitalisation dans l’administration publique. Ceci pour dire que le problème est loin d’être une absence de mobilisation de ressources. L’un des commentaires lors de la cérémonie de présentation du New Deal, m’a conforté dans cette certitude. Il faisait état plus ou moins d’un investissement à l’emporte-pièce dans le Sénégal Numérique.
DIGITALISATION
Le système Gaïndé de la Douane sort un peu du lot dans ce tableau figé. Nous avons eu à piloter le premier projet de modernisation de ce système vers les années 2002. Sa grande particularité était son orientation à valoriser pleinement l’expertise privée locale. Ainsi, au-delà d’avoir été un précurseur dans l’utilisation de méthodes de développement d’avantgarde en ce temps, il a été un tremplin pour un certain nombre de sociétés informatiques dans leurs expansions dans la région sub-saharienne. Elles ont pu capitaliser leurs expériences dans ce projet d’envergure. Comme dans tous les secteurs, la commande publique est un levier essentiel pour faire des champions en termes de savoir-faire exportables. Pourtant c’est un système qui est né au forceps à cause des grandes résistances à son déploiement. Ce système ne serait peut-être pas arrivé à ce “succès”, si son Directeur Général de l’époque, n’avait pas usé de toute sa poigne pour imposer sa mise en service, au risque de bloquer tout le cordon douanier. Ce procédé d’implémentation au forceps est courant dans la mise en production des systèmes informatiques des administrations publiques et généralement sous le diktat des bailleurs de fonds ou bien parce que l’on est dos au mur. Si la pression n’est pas là, ça échoue généralement à « Terou Baye sogui ».
L’expérience que l’on peut tirer de tout ce gâchis est que sans une volonté ferme de Jubanti au plus haut niveau, à la limite du « quoi qu’il en coûte », le New Deal Technologique rejoindra les anciens Deals, quelle que soit l’ingéniosité des sommités qui le pilotent. Ceci pour trois raisons fondamentalement :
• On apprend très vite dans les administrations que l’information donne le pouvoir. La digitalisation qui pourrait libérer les informations des tiroirs menacent les intérêts d’un grand nombre. Les tranchées se creusent rapidement.
• Les esprits corrompus ne s’intéressent qu’aux moyens de décaissement rapides et d’envergures. L’implémentation des infrastructures est de loin plus favorable à ce type de scénario.
• Les projets doivent être orientés à la production de contenus par la digitalisation des procédures administratives dans leurs cycles de vie. Et non dans l’implémentation d'infrastructures qui pourront servir plus tard à une production de contenus hypothétiques.
D’où l’importance d’une stratégie « content driven* » et non « infrastructure driven ». Je suis arrivé à être un peu jusqu’au-boutiste : marre de voir des infrastructures informatiques (Datacenter, Backbone Telecom, …) flambant neuf mais qui roulent à vide en direction des cimetières. Ce dernier point n’est pas une exclusivité sénégalaise mais un problème de fond dans l’optimisation des investissements informatiques presque à l’échelle mondiale*. La digitalisation des procédures administratives publiques a des exigences sans commune mesure avec l’implémentation d’une infrastructure. Elle est essentiellement tributaire de la capacité à conduire des changements en profondeur dans les entités publiques. D’aucuns peuvent se permettre de surdimensionner, sans un regard dans le porte-monnaie. Mais un pays pauvre ou émergent pour certains, où des enfants passent la nuit avec la faim, des femmes accouchent aux cimetières et des malades capitulent sous la douleur, il faut être sans cœur pour gaspiller un centime du bien public.
Dans un pays, où tout est urgent, la rentabilisation des investissements est fondamentale. C’est pourquoi, il faudrait savoir raison garder sur la marée de l’Intelligence Artificielle (IA). Effectivement, c’est une grande opportunité pour l’Afrique en termes de raccourci ou Quick-win. Cependant il faut savoir jouer dans sa catégorie en attendant mieux. Il n’est pas possible de rivaliser même dans le moyen terme avec les ténors dans ce domaine.
Des mastodontes en digitalisation comme l’Inde sont plus ou moins largués dans cette mouvance. Mais ceci n’empêche aucunement de pouvoir comme consommateur l’exploiter autant que les grands et se préparer à prendre notre part dans les versions 10 ou 11 de l’IA. Ça ne tient qu’à une chose : rendre les langages de codage informatique populaire, pour tous et partout. Il faudrait donc revisiter le contenu pédagogique des collèges et des lycées, pour arriver à capter la conscience jeune au détriment du football et du lamb. D’autant que l’impact de l’IA dans le système éducatif sera assez violent. L’exemple type est l’apprentissage des langues.
LANGAGE DU FUTUR
J’ai entendu récemment le Ministre de l’Education Nationale prêcher pour l’introduction de l’anglais dans les cursus élémentaires. Une perspective à moyen terme de l'IA est de permettre de lire et discuter dans n’importe quelle langue. Je parlerai français et mon interlocuteur chinois m’entendra dans sa langue. Je parcourrai des textes en allemand pour les lire en français. Le concept du bilinguisme sera « has been » ainsi que d’autres fondements du contenu éducatif actuel. D'où la nécessité d’un changement de paradigme avant qu’il ne soit trop tard. La base infrastructurelle existante permet d’initier la digitalisation de l’administration publique. Il s'y ajoute que les concepts d’infrastructures élastiques permettent d’arrimer son expansion à la montée en charge des applications, pour contourner les investissements en avance de phase. Il faudrait donc lancer en priorité les grands chantiers de facilitation des procédures des administrations publiques et adapter l’infrastructure en fonction de la progression du premier.
L’effet moteur du bouillonnement de la digitalisation, doit aussi favoriser l’émergence d’entreprises championnes dans un des secteurs clés des domaines publics que sont : les finances, la santé, la gestion des identités, l’agriculture, l’environnement, etc. L’administration publique en termes d’envergure peut offrir le cadre idéal pour amener à maturité le savoir-faire technique des plus entreprenants.
In fine, dans le New Deal technologique, le challenge n’est pas technique. La condition nécessaire à son succès est d’abord la volonté et la fermeté de ses sponsors, au plus haut niveau de l’Etat, d’imposer le cap dans le cadre maîtrisé d’une conduite du changement, en perspective d’une transformation de la structure publique en profondeur. Le challenge sera principalement la capacité à organiser et accompagner les sociétés informatiques locales dans l’implémentation de projets d’envergures nationales. Il y en a qui ont la capacité technique mais à cette échelle il faut avoir une expérience dans l’organisation du détail des détails. Il faudrait qu’à mi-parcours on puisse percevoir entre autres les champions dans la digitalisation de l’écosystème santé, l’écosystème de l’état-civil étendu, l’écosystème de la justice, l’écosystème des finances publiques, etc.
Enfin, l'appropriation des nouvelles technologies par la masse populaire, notamment l’IA, sera un tournant dans la capacité de notre pays à se faire une place dans le monde de demain. Ça nécessite un changement de paradigme total dans le cursus académique. Il faut savoir parler le langage du futur au risque de rester dans les tribunes.
*Sujet traité plus en détail dans mon ouvrage « Une gouvernance informatique disruptive »