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7 juillet 2025
KHADY DIENE GAYE LANCE LA DIRECTION GENERALE DES SPORTS
L’annonce vient du communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier. Et sur proposition de la ministre des Sports, c’est l’inspecteur Mama Laye Mbaye qui va diriger cette nouvelle structure.
C’était dans les tuyaux, suite au décret portant organisation du ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture. La Direction générale des sports voit le jour. L’annonce vient du communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier. Et sur proposition de la ministre des Sports, c’est l’inspecteur Mama Laye Mbaye qui va diriger cette nouvelle structure.
Derrière le poste de ministre des Sports, les noms de certaines directions revenaient souvent, comme la Direction du sport de haut niveau (Dshn, ex-Dhc) ou la Direction des activités physiques et sportives (Daps). Aujourd’hui, les données vont changer avec l’arrivée de la Direction générale des sports (Dgs).
Dans les tuyaux depuis quelque temps, cette nouvelle direction est annoncée dans le communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier. Et sur proposition de la ministre en charge des Sports, un Directeur général est nommé. Et là, Khady Diène Gaye n’est pas allée chercher loin, en nommant un de ses proches, en l’occurrence l’inspecteur de l’Education populaire, de la jeunesse et des sports Mama Laye Mbaye.
En jetant un coup d’œil sur le décret d’août 2024 portant organisation du ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture, la Direction générale des sports (Dgs) de Mama Laye Mbaye va donc chapeauter la Dshn de Cheikh Fall et la Daps de Gilbert Mbengue. Sur les missions du nouveau patron de la Dgs, le document précise : «La Direction générale des sports a pour mission de favoriser la pratique des activités physiques et sportives sous toutes ses formes sur l’ensemble du territoire national et de créer les conditions d’une bonne participation des sportifs de haut niveau aux compétitions internationales. A ce titre, elle est chargée de la coordination administrative et technique des activités liées au sport de masse et au sport d’élite.»
L’Office de gestion des infrastructures sportives change de directeur
A noter qu’une autre décision a été prise du côté du ministère des Sports, et elle concerne l’Office de gestion des infrastructures sportives (Ogis) qui change de directeur, avec la nomination de «Monsieur Babacar Ndiaye, titulaire d’un Master en lettres, arts et communication». Ce dernier remplace Mamadou Lamine Bara Guèye qui a été nommé sous le magistère de l’ancien ministre Lat Diop. Le maintien de l’Ogis, qui va gérer les stades nationaux comme Léopold Sédar Senghor, est une bonne chose, au moment où la maintenance et la rentabilité financière de nos stades posent problème, devenant un débat récurrent. Un tel organe vient aussi prouver l’importance que les nouvelles autorités accordent à cette volonté d’apporter des solutions définitives au problème d’entretien des infrastructures sportives au Sénégal.
CINEFEMFEST REND HOMMAGE À SAFI FAYE
Le Cinefemfest «Gëstu Nataal i Jigeen» organise une tournée sénégalaise pour le cinquantenaire du film «Kaddu Beykat» afin de célébrer l’engagement de la réalisatrice sénégalaise Safi Faye pour la souveraineté alimentaire et la dignité du monde rural
Le Cinefemfest «Gëstu Nataal i Jigeen» organise une tournée sénégalaise pour le cinquantenaire du film «Kaddu Beykat» afin de célébrer l’engagement de la réalisatrice sénégalaise Safi Faye pour la souveraineté alimentaire et la dignité du monde rural. Ce docufiction de 98 minutes, réalisé en 1975 et restauré dans une nouvelle version, sera donc projeté le 7 février prochain à la Place du souvenir africain.
Le nom de Safi Faye dans l’histoire du cinéma du continent reste et demeure lié au film Kaddu Beykat, Lettre Paysanne. Et pour célébrer les 50 ans de ce docufiction de 98 minutes réalisé en 1975, ainsi que l’engagement de la réalisatrice Safi Faye pour la souveraineté alimentaire et la dignité du monde rural, le Cinefemfest «Gëstu Nataal i Jigeen» organise une tournée à travers le Sénégal. «Après avoir mis à l’honneur Safi Faye lors de son festival en 2023, le Cinefemfest organise une tournée à Dakar et en région pour célébrer l’œuvre de la réalisatrice sénégalaise Safi Faye (1943-2024). La tournée a pour but de faire connaître l’œuvre de la réalisatrice, en particulier le film Kaddu Beykat dont c’est le cinquantenaire en 2025», souligne la directrice du festival dans un communiqué. Selon Dr Rama Salla Dieng, cette tournée pour promouvoir l’œuvre filmique de Safi Faye est «vitale», car cela va permettre de la faire connaître auprès de la plus jeune génération et du grand public. «Safi Faye a été pionnière dans sa pratique artistique, en tant que la première Africaine à avoir fait un film commercial. Dans son œuvre, elle s’est surtout intéressée aux enjeux et expériences du monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et la souveraineté, ainsi qu’au poids des traditions, le tout en pays sérère», note le document.
Censurée par Senghor
Kaddu Beykat, Lettre Paysanne fut censuré à l’époque par les autorités sénégalaises sous le magistère de Léopold Sédar Senghor, lui-même sérère et fils de paysan. N’empêche, Safi Faye le disculpe : «La vérité sort de la bouche des paysans qui ont dit les sévices que les coopératives étatiques leur faisaient subir. Ce sont eux qui ont parlé. Je ne peux pas dire que c’était le Président Senghor qui a donné l’ordre de censurer le film parce qu’il m’a honorée après. C’est Adrien Senghor, le neveu du Président, alors ministre de l’Agriculture, qui a refusé le film. Ce sont les partis communistes de l’époque qui ont défendu mon film. Cette censure fait que le monde entier a voulu voir ce film et a reconnu une Africaine, paysanne, qui a osé mettre le doigt sur l’exploitation de la paysannerie. Les autres paysans du monde sont aussi exploités, et c’est pour cela que 40 ans après, c’est comme si le film avait été tourné hier», avait écrit le journaliste et critique de cinéma Baba Diop. En effet, rappelle-t-il, dans cet article paru en 2018 dans le magazine Senciné, le film a été restauré et sous-titré par la Cinémathèque «Afrique de Cultures France» dans une nouvelle version. «A la faveur de la tenue de la Cop21 à Paris consacrée au réchauffement climatique, Kaddu Beykat a connu une nouvelle jeunesse. Le film a beaucoup circulé dans les pays européens pour avoir été considéré comme précurseur des films qui sonnaient l’alerte sur les conséquences du changement climatique», avait soutenu Baba Diop.
50 ans après, on projette ce premier long métrage de Safi Faye qui raconte l’histoire de Ngor et de Coumba, vivant dans un petit village sérère, Fadial, village des ancêtres de Safi Faye. Depuis deux bonnes années, Ngor est dans l’attente d’épouser Coumba. Mais, cette année encore, la récolte est mauvaise, les pluies insuffisantes et irrégulières. Or, l’arachide, culture coloniale et culture de rente, ne se récolte qu’une fois par an. «Le film Kaddu Beykat a le mérite de montrer les talents de chercheuse de Safi Faye, qui est aussi docteure en ethnographie et en anthropologie, en transposant son histoire familiale à celle de l’économie politique et sociale du bassin arachidier, microcosme vivant du Sénégal rural de l’époque», estime la directrice du Cinefemfest, Dr Rama Salla Dieng, rappelant dans le communiqué que les problématiques soulevées par Kaddu Beykat demeurent d’une brûlante actualité. «Les défis du monde rural, la souveraineté alimentaire et le rôle de l’Etat sont plus que jamais d’actualité 50 ans après», précise la note.
Projection le 7 février à Place du souvenir africain
A travers cette célébration, le Cinefemfest entreprend une série de projections dans les écoles, universités et lieux culturels de Dakar, ainsi qu’en région. Et deux dates marquantes ponctueront cette tournée. Le 6 février, l’Institut français de Dakar accueillera la projection de Mossane, son premier long métrage fiction, dans le cadre du Cycle «Féminin Sacré». Le lendemain, le 7 février, Kaddu Beykat sera projeté à la Place du souvenir africain à 16h 30, après la restitution de la résidence d’écriture et de création Intersections : Selebeyoon, organisée par le Cinefemfest en 2024 et dont la marraine était l’écrivaine Ken Bugul. De La passante, son premier film, à Mossane, son premier long métrage fiction, Safi Faye aura réalisé 13 films.
DESENCLAVEMENT DES ILES, L’APPEL DU MAIRE DE KAFOUNTINE
Le maire de la commune de Kafountine, David Diatta, demande le désenclavement des îles Karones pour libérer leur potentiel économique, culturel et environnemental méconnu.
Le maire de la commune de Kafountine, David Diatta, demande le désenclavement des îles Karones pour libérer leur potentiel économique, culturel et environnemental méconnu.
Le problème fondamental des îles Karones reste de toute évidence leur enclavement. C’est le cri du cœur de tous les insulaires. «C’est cet enclavement qui fait qu’aujourd’hui tout le potentiel économique, culturel et environnemental n’est pas vu», s’est désolé David Diatta. Pour surmonter cet obstacle, le maire de Kafountine, commune dont relève l’ensemble des îles Karones, appelle au désenclavement à la fois entre les îles elles-mêmes et entre les îles et la terre ferme. «Aujourd’hui, il faut vraiment le désenclavement physique, notamment l’accès, les voies. Déjà, entre Kassel et le reste des îles Karones, il y a un fleuve de moins d’un kilomètre. La solution, c’est de régler la route Kassel-Kouba, en passant par Hillol», a plaidé l’élu local.
L’autre problème réside dans la connectivité interne entre les îles. Là, David Diatta propose d’aménager les sites d’embarquement et de débarquement de ces îles pour mettre en place un système de transport fluvial avec des pirogues modernes sécurisées pour le transport des personnes et des biens. «Il est inadmissible aujourd’hui que sur une distance de 19 km, un insulaire fasse 48 heures pour trouver par exemple un extrait de naissance à Kafountine. Il est obligé de venir passer la nuit, régler son besoin et retourner le lendemain. Donc il perd au moins 48 heures sur une distance de 30 minutes si tout allait bien», regrette le maire.
A son avis, le désenclavement des îles va permettre de valoriser leur potentiel touristique sous-exploité.
En effet, Kafountine est la commune qui compte le plus d’îles au Sénégal. Cependant, ces sites paradisiaques sont malheureusement peu connus à cause de leur enclavement. L’on dénombre à ce jour 14 îles habitées, en plus de celles inhabitées mais qui servent de rizières aux Karoninqués.
Au-delà du désenclavement physique, le désenclavement numérique des îles est aussi un autre plaidoyer que pose le maire de Kafountine sur la table des autorités étatiques. Les infrastructures numériques constituent un autre enjeu à relever dans ces contrées où le réseau téléphonique et l’internet restent aléatoires. «Aujourd’hui, même le réseau téléphonique fait défaut et cela pose un problème sécuritaire. S’il y a une urgence, par exemple un malade qu’il faut évacuer d’urgence, pour contacter le district sanitaire ou le poste de santé de Kafountine, le problème du réseau téléphonique se pose», confie M. Diatta, qui appelle à rendre beaucoup plus visible les îles et valoriser leur potentiel économique, notamment touristique, agricole, environnemental, culturel, écologique. Le président de la jeunesse de Kouba, Toussaint Sambou, interpelle les autorités étatiques : «Notre village, Kouba, ainsi que les îles Karones sont de véritables paradis souvent oubliés. Il est crucial de plaider en faveur de leur désenclavement pour améliorer leur accessibilité et ainsi favoriser le développement économique, social, éducatif de notre communauté, et offrir un meilleur avenir à nos enfants.»
LES ILES KARONE, UN TRESOR CACHE
Situées en Basse-Casamance et enclavées - Les îles Karones sont réputées, entre autres, pour leur enclavement. L’île magnifique, propre et vivante de Kouba, perdue dans l’embouchure du fleuve Casamance, ne fait pas exception
Les insulaires de Kouba, dans les îles Karones, crient au désenclavement de leurs localités. La pirogue reste l’unique moyen pour accéder à ces contrées reculées de la Basse-Casamance pourtant dotées de beaucoup de potentiel sous-exploité. Aujourd’hui, la construction d’un pont est vivement souhaitée par les Karoninqués.
Les îles Karones sont réputées, entre autres, pour leur enclavement. L’île magnifique, propre et vivante de Kouba, perdue dans l’embouchure du fleuve Casamance, ne fait pas exception. Ce coin reculé du Sénégal en Basse-Casamance n’est accessible qu’avec une pirogue. Si l’on vient de Kafountine-commune dont dépend Kouba, il faut passer par le village de Kassel, prendre une pirogue, traverser une végétation verdoyante de mangrove à travers des bolongs débouchant sur le fleuve Casamance et atteindre l’île de Hillol. De là, les motos tricycles ou les motos Jakarta, seuls moyens de locomotion, vous conduiront à Kouba en traversant bien entendu le village de Hillol. La piste qui mène à Kouba, longue de plus de 10 km, est chaotique, étroite, sablonneuse par endroits ou boueuse, selon la saison. S’y ajoute le phénomène naturel des marées qui dictent leur loi. La malchance, c’est quand on arrive pendant la marée basse où l’eau de mer se retire des bolongs pour se jeter dans le fleuve. «Quand la marée est basse, les passagers sont obligés de descendre de la pirogue qui ne peut pas avancer jusqu’à l’embarcadère. Et donc on retrousse son pagne ou son pantalon et on marche dans l’eau jusqu’à la sortie ou jusqu’à atteindre la pirogue. On n’a pas d’autre choix pendant la marée basse», confient les habitués de ce trajet.
La pêche, le maraîchage, la récolte du vin et la fameuse activité de conduite de Jakarta ou de tricycle sont les principales activités qui s’offrent à la jeunesse de Kouba privée de perspectives plus joyeuses.
«Notre souci principal dans les îles, c’est l’enclavement. On a vraiment besoin que la localité soit désenclavée pour nous rapprocher de la terre continentale, mais également pour faciliter l’accessibilité. Vous avez vu les conditions dans lesquelles vous avez voyagé, l’accès est difficile alors qu’il y a beaucoup de potentiels dans nos terroirs. Il est vrai que nous sommes des insulaires, mais nous avons une superficie de 9 km2. Nous avons des ressources forestières, mais aussi halieutiques. Le problème d’enclavement fait qu’on ne peut pas exploiter convenablement toutes ces ressources», a développé Tous-saint Sambou, président de la jeunesse de Kouba et de l’association «Kouba Kambeng» qui réunit la population locale et de la diaspora. Les infrastructures sociales de base ne manquent pas à Kouba. Son école a été rénovée et l’île est dotée d’un poste de santé avec une maternité équipée. Case de santé à l’origine, le poste de santé qui polarise les populations de toutes les îles Karones est dépassé par la demande au fil du temps. «Les locaux sont devenus exigus. Nous voulons une extension pour que cela réponde aux normes d’un poste de santé», a plaidé M. Sambou. Aussi la maternité, «très bien équipée», n’a pas de sage-femme. «On peine à trouver une sage-femme. Il y a l’échographie ici, mais les femmes sont toujours référées à Kafountine ou ailleurs pour les consultations prénatales ou les accouchements», se désole Toussaint Sambou. L’autre manquement pour les insulaires, c’est de s’approvisionner en produits de grande consommation. «Nous avons une boutique villageoise.
Malheureusement, elle ne fonctionne pas. Nous demandons à ce que la boutique soit réactivée pour qu’elle puisse constituer un poumon économique et éviter aux gens les déplacements jusqu’à Kafoun-tine ou ailleurs pour s’approvisionner», sollicite le président de la jeunesse de Kouba.
Les insulaires réclament un pont
La mobilité au niveau de la traversée Hillol-Kassel ne pose pas problème. Deux passeurs se relaient quotidiennement. Leur descente dépend de la disponibilité des clients. Ils servent du petit matin jusqu’à 19 heures, et même au de-là en cas de commande ou d’urgence. «Même si une seule personne se présente, on peut l’amener, la disponibilité ne pose pas problème. Par contre, il y avait une digue au niveau du petit bolong, un peu avant d’atteindre le fleuve. Malheureuse-ment, elle s’est détériorée. On n’a pas pu la réfectionner. Du coup, quand la marée est basse, on est obligés de patauger, et ceux qui ont des motos calculent la marée. Ils ne peuvent traverser qu’en marée haute. Ce qui constitue une difficulté majeure», a témoigné Toussaint Sambou. Il poursuit : «A défaut de la digue, et nous l’avons toujours sollicitée d’ailleurs, nous réclamons la construction d’un pont. C’est ce qui peut désenclaver la zone véritablement. Même si ce n’est pas un pont où peuvent passer des véhicules, mais un pont comme dans les îles du Saloum, à Joal par exemple. Il y a des endroits beaucoup plus proches où on peut construire ce pont sans difficulté. L’espace de la mangrove-là, la traversée n’est pas profonde. Donc ils peuvent construire une route jusqu’à l’étendue du fleuve et puis construire un pont pour la traversée.» Celle-ci coûte 200 francs Cfa par personne. Le prix de la moto est de 1000 francs Cfa.
Besoin d’une unité de transformation de produits locaux
Les femmes du village ont bénéficié d’une formation en transformation des produits locaux. Cependant, elles sont confrontées à des problèmes de production et même d’unité de production. «Nous avons la formation, mais nous n’avons pas d’unité de transformation pour faire la pratique de ce qu’on nous a appris. Nous venons de commencer, mais nous manquons de matériels de transformation. Nous n’avons pas de gaz, pas de fourneaux. Nous sommes obligées d’emprunter le gaz et nous remboursons aux propriétaires, quel que soit le temps que nous l’avons utilisé», a expliqué Marceline Sambou. Le financement aussi fait défaut pour passer sérieusement à la pratique. «Nous sommes bloquées dans notre élan par le manque de matériels, d’unité et de financement», a insisté la présidente des femmes du village de Kouba. Avant de bénéficier de cette formation, les femmes œuvraient dans la culture maraîchère. Mais là aussi, les problèmes ne manquent pas. Le surplus de production qui devait être vendu pourrit le plus souvent à cause de l’enclavement de l’île. «Nous consommons une partie, mais nous perdons beaucoup de produits qui pourrissent. Nous ne pouvons pas consommer tout ce que nous produisons et nous n’avons pas encore de moyens pour acheminer les produits ailleurs pour les vendre. La zone est enclavée. Notre principal marché d’écoulement des produits, c’est à Kafountine, c’est là-bas qu’il y a un grand marché. Vous avez vous-même constaté l’état de la route. Et c’est encore pire pendant l’hivernage, tu ne sais même pas comment faire pour sortir d’ici. A partir des mois de juin, juillet et août, nous prenons juste le risque d’aller satisfaire nos besoins et revenir. La route est un problème majeur pour nous. Sinon, il y a tout ici. Notre problème, c’est le déplacement», persiste Mme Sambou.
Par Bachir FOFANA
UN PRESIDENT NE SE LAMENTE PAS, IL AGIT
En avouant son échec et celui de son Premier ministre par ricochet (Diomaye mooy Sonko), le chef de l’Etat semble jeter l’éponge avant même d’avoir entamé le combat. Il s’avoue défaitiste
Commençons par exprimer notre solidarité à Abou Diallo et Oumar Sow, aujourd’hui en prison pour des propos que le procureur de la République qualifie de «déclarations de nature à inciter à la discrimination ethnique». Tout démocrate et amoureux de la liberté devrait leur apporter un soutien. Leur arrestation est la énième manifestation de la dérive autoritaire et partisane dont le régime en place s’est fait l’auteur, en quelques petits mois d’exercice du pouvoir. Bah Diakhaté, Amath Suzanne Kamara, Commissaire Keïta, les directeurs de publication des journaux Le Quotidien et La Tribune, Cheikh Yérim Seck, Bougane Guèye Dany, Kader Dia… sont tous passés entre les mains de ce pouvoir liberticide. Tous les républicains et démocrates de ce pays doivent se mobiliser pour arrêter ces harcèlements à la fois injustes et dangereux pour la paix et la stabilité du Sénégal. Et c’est dans ces moments qu’on se demande où sont les universitaires très prompts à pondre un texte sous le régime de Macky Sall.
Ensuite, souhaitons un bon retour parmi nous à Moustapha Diakhaté, qui hume l’air de la liberté après deux mois à l’ombre pour ses opinions politiques. «Danga alku», une expression que tout le monde utilise tous les jours, a été considérée par le procureur de la République comme une insulte, et cela lui a valu un séjour carcéral. L’homme que je suis allé voir en prison m’avait déjà exprimé sa volonté de revenir en force, et il l’a réitérée dès sa sortie : il n’est pas prêt à déposer les armes. «Je suis sorti en très bonne santé, comme avant mon entrée en prison. Je reste convaincu que le combat pour le respect du pluralisme et de la liberté d’expression est mon credo. (…) Je suis encore plus que jamais déterminé à consacrer ma vie à la défense de la démocratie et des Sénégalais», at-il déclaré sur la Rfm. La prison de Rebeuss, pour Moustapha Diakhaté, est «une vraie université». «Un séjour à Rebeuss, même s’il faut payer pour y aller, il faut le faire. J’ai beaucoup appris là-bas.» Bienvenue Grand.
Pastef n’a pas de stratégie
En son absence, beaucoup de choses se sont passées dont la dernière est la première Conférence des administrateurs et managers publics (Camp) tenue cette semaine. Une seule chose a retenu l’attention : les lamentations du président de la République. Oui, un président de la République qui se lamente est tellement rare que cela mérite d’être souligné. Au terme de neuf mois d’exercice du pouvoir, le président de la République, attendu sur des solutions, s’alarme. «D’abord, un Etat contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus, une Administration républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés, alors même que les réalités socio-économiques évoluent rapidement, marquées notamment par la transformation numérique et l’essor de l’Intelligence artificielle», regrette le chef de l’Etat, qui indique de plus que le secteur parapublic est hypertrophié, faisant souvent doublon à l’administration centrale, budgétivore et dont la contribution aux dividendes de l’Etat reste trop faible. Toujours dans ses propos lors de la Conférence des administrateurs et managers publics, le président de la République entend se départir des services publics complexes et coûteux qui limitent l’efficacité des politiques publiques et ternissent l’image de l’Etat. Dès lors, il est impératif de refonder l’Administration, pour la rendre plus moderne, plus proche des citoyens et plus efficiente dans ses missions. C’est l’objectif même de cette Conférence des administrateurs et managers publics, qui se veut un espace de dialogue, de réflexion et d’orientation stratégique.
«Un Président ne devrait pas dire ça…» est le titre d’un livre des journalistes français d’investigation Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publié en 2016 et consacré à cinq années d’entretiens privés des deux hommes avec le président de la République française d’alors, François Hollande. Nous aussi, nous sommes tentés de dire à notre cher président de la République qu’«un président se ne lamente pas», ne pleurniche pas. Qu’il est élu pour solutionner les maux dont il a hérité.
A l’alternance de 2000, Me Abdoulaye Wade, lors de son premier voyage en France, avait dit sur le perron de l’Elysée, être venu «chercher des armes car l’Armée du Sénégal est souséquipée. Les caisses de l’Etat sont remplies d’agent». C’est bien plus tard que les Sénégalais ont su par l’entremise de Idrissa Seck, que la situation héritée des socialistes était bien catastrophique. Il dira que pour ne pas casser l’espoir du Peuple, et surtout continuer de bénéficier de la confiance des partenaires, ils étaient dans l’obligation de ne pas communiquer sur la situation réelle du pays
En 2012, lors de l’élection présidentielle, le même Wade prédisait que si Macky Sall était élu, les fonctionnaires pourraient ne pas percevoir leurs salaires. Ce qui présageait d’une situation complexe du pays. L’on se souvient du premier Conseil des ministres du premier gouvernement de Macky Sall, nouvellement élu. A l’unisson, Abdoulaye Daouda Diallo, ministre du Budget, et certains de ses collègues, avaient annoncé que «les caisses de l’Etat (étaient) vides». Mais il leur a vite signifié qu’il ne s’agissait pas de communiquer sur le phénomène, mais de s’atteler à régler les problèmes pour lesquels ils ont été élus
En avouant son échec et celui de son Premier ministre par ricochet (Diomaye mooy Sonko), le chef de l’Etat semble jeter l’éponge avant même d’avoir entamé le combat. Il s’avoue défaitiste contrairement à leurs annonces d’avant accession au pouvoir, quand ils disaient ne pas croire «à la réalité du pouvoir», ou qu’ils avaient les solutions aux problèmes du pays et qu’il ne leur fallait pas plus de «deux mois» pour voir les effets d’une transformation systémique du pays.
Un président de la République ne doit pas être un spectateur de la situation…
Finalement, le parti Pastef n’a pas de stratégie. Finalement, c’est triste de découvrir que c’était juste un regroupement de beaux parleurs au lieu d’être une force de proposition concrète. Le produit n’a pas répondu aux attentes, et c’est dommage. Car les jeunes et la diaspora croyaient réellement au «Porozet» pour un changement qualitatif de leur vie. Diomaye ne fait pas encore le poids ; et si ça se confirme, ce sera de la faute de Sonko qui l’a proposé au Peuple sénégalais. Au Gabon, le Président putschiste a limité les salaires à 5 millions. Au Mali et au Burkina Faso, il y a des menaces de rembourser l’argent pillé ; c’est comme ça qu’on gère. Mais au Sénégal, on assiste à de l’hésitation, des slogans, à d’interminables voyages coûteux qui n’ont rien rapporté. Un Président ne se lamente pas, il a tous les moyens pour agir et il doit agir. «Un président de la République ne doit pas être un spectateur de la situation, mais un acteur central qui porte des réformes ambitieuses. Le Président doit incarner une vision claire, prendre des responsabilités sur des enjeux fondamentaux et ne pas se dérober face aux difficultés», disait Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007 à Villepinte.
Le Président Diomaye devrait s’inspirer de Napoléon Bonaparte lors du siège de Toulon en 1793. Jeune Capitaine, voyant que la France était en train de perdre face à la Marine britannique et son artillerie, Napoléon soumet un plan d’attaque au Général Dugommier, qui a pris le commandement du siège. L’application de ce plan permit la reprise de la ville aux troupes royalistes et britanniques le 18 décembre, après la prise du Petit Gibraltar. Il est fait d’office Général de brigade pour cette audace.
Oui, il faut de l’audace pour faire bouger les choses. Les Sénégalais ont sanctionné le pouvoir sortant, donc élu Diomaye pour qu’il apporte des solutions, non pour simplement identifier les problèmes. De tels comportements ne font pas honneur à notre République qui a toujours été dirigée par de grands leaders incarnant un leadership avéré et respecté. De plus, un Etat doit rassurer. Un Etat doit donner de l’espoir. Un Etat doit être ouvert d’esprit, moins bavard et plus pragmatique. C’est ce qui facilite les investissements venant de l’extérieur et booste le secteur privé national. Or, à part constater des manquements et se lamenter, Pastef n’a aucune vision. Il est impératif d’agir plutôt que de se contenter de constater les dysfonctionnements. Les constats sont connus, les solutions sont souvent évoquées, mais c’est dans l’action concrète et décisive que se trouve la véritable réforme. Etre dans le temps de l’action suppose de savoir où on va. On est dans le pilotage à vue et dans les règlements de comptes via la Justice
L’Administration sénégalaise connaît les mêmes goulots d’étranglement depuis fort longtemps. Sous Abdou Diouf, nous avions un ministère dédié à la Modernisation de l’Etat. Wade a érigé le département de la Compétitivité et de la bonne gouvernance. Macky Sall a eu à confier le ministère de la Fonction publique, de la rationalisation des effectifs et du renouveau du service public à Viviane Bampassy. C’est dire…
LE CHOC TEUNGUETH-JARAAF ET LE DERBY AS PIKINE-GUEDIAWAYE FC EN VEDETTE
La Ligue pro effectue une mise en jour du calendrier de la ligue 1 avec deux rencontres chocs prévues ce week-end.
La Ligue sénégalaise de football professionnel a procédé à la mise à jour de son calendrier de championnat de Ligue 1. Au programme, deux rencontres chocs qui opposent ce samedi Teungueth FC au Jaraaf et l’As Pikine à Guédiawaye FC. Deux chocs alléchants comptant respectivement pour la 10e et 11e journée.
La Ligue pro effectue une mise en jour du calendrier de la ligue 1 avec deux rencontres chocs prévues ce week-end. Le premier duel opposera ce samedi au stade Ngalandou Diouf, le Teungueth FC au Jaraaf en match retard, comptant pour la 10e journée du championnat de la Ligue 1. Cette affiche au sommet sera une occasion pour les deux formations de se replacer dans la course. Au sortir d’une élimination amère en phase de poule de la compétition africaine, les « Vert et Blanc » tenteront, ce samedi, de se rattraper en reprenant, comme à l’entame du marathon, sa place dans le peloton de tête. Une victoire sur la pelouse des Rufisquois permettra au Jaraaf (4e, 16 points) de le réaliser en regagnant le podium. Après 3 victoires, 3 défaites et 5 nuls, le champion en titre rufisquois n’est pas également au mieux dans le championnat. Cette mauvaise passe, ajoutée à son élimination amère en Coupe du Sénégal, avait fini par précipiter le limogeage de son entraineur Sidath Sarr. A ce jour, les Rufisquois (8e) occupent la 8e place du classement avec 14 points au compteur. Ils auront donc une bonne occasion de se relancer devant leur public et du coup se rapprocher du trio de tête avec la 4e place.
L’autre rencontre sera consacrée au derby de la banlieue. Il mettra aux prises au stade Alassane Djigo, l’AS Pikine à Guédiawaye FC en match retard de la 11e journée. Un choc qui promet du fait du cachet populaire de la rencontre et de la rivalité des deux voisins mais aussi de la position dans le classement. Relégués dans la zone rouge du classement après 2 victoires, 4 défaites et5nuls, les Pikinois auront sans doute à cœur de décrocher les trois points pour se dégager tout simplement de leur position de première équipe non relégable (14e, 11 points) à 1 point de la Linguère (15e ; 10 points) et à 3 longueurs seulement de Jamono de Fatick, lanterne rouge (16e ; 8 points). Leurs vis-à-vis ne sont pas moins lotis. Malgré leur assez bonne dynamique, Guédiawaye FC stagne depuis quelques journées dans le ventre mou du classement (14e ; 11 points).
Par Kavita GUPTA
LE MAHA KUMBH MELA, UN VILLAGE GLOBAL ENTRE L’INTEMPOREL ET L’ÉMERGENT
Ce « Village Global » attire l’attention d’un large éventail de l’humanité. Il est un témoignage vivant des croyances et des pratiques intemporelles de l'hindouisme tout en étant un terrain d'expérimentation pour des facettes nouvelles et émergentes.
Ce « Village Global » attire l’attention d’un large éventail de l’humanité. Il est un témoignage vivant des croyances et des pratiques intemporelles de l'hindouisme tout en étant un terrain d'expérimentation pour des facettes nouvelles et émergentes. Il permet les trois processus éternels et concomitants de l’Évolution, de l'Équilibre et de l'Involution.
Cette année, des millions de personnes se rendent au Maha Kumbh Mela à Prayagraj. Le Mela (foire) offre une vue d'ensemble des croyances et des pratiques hindoues, fournissant des aperçus visuels et expérientiels. Il existe un sentiment généralisé d’équanimité, où les distinctions de tous types se dissolvent, favorisant un sentiment d'interconnexion. Le Mela est lié au culte de la nature, honorant les Panch Tatvas (les cinq éléments de la vie : Terre, Eau, Air, Feu et Espace). Il rappelle un temps d’observance rituelle et d’enquête intellectuelle sur les forces naturelles et leur signification astrologique, soulignant l’équilibre harmonieux de ces éléments.
Le delta de Triveni Sangam à Prayagraj, le confluent des rivières Ganga, Yamuna et la mythique Saraswati, attire un large éventail d’humanité, des yogis de l'Himalaya aux pèlerins dévots, en passant par les voyageurs curieux et les touristes, des gens divers venus de tous horizons, chacun ayant son propre objectif. Ce festival de 45 jours est soutenu par un écosystème d’administrateurs, de soutiens surle terrain, de bénévoles, de commerçants et d’entrepreneurs. Une telle envergure attire également l’attention des éducateurs, chercheurs et innovateurs sous un prisme multidisciplinaire. Toutes les choses trinitaires convergent dans cette terre où les trois rivières se rencontrent, y compris la combinaison fascinante des trois cycles inscrits dans la trilogie sacrée de Brahma, Vishnu et Mahesh. Brahma représente l'Évolution (Anabolisme), Vishnu représente l'Équilibre (Métabolisme), et Shiva représente l’Involution (Catabolisme). Le Kumbh Mela est un riche exemple de ces trois processus : la célébration du passé, la réflexion sur le présent et la préparation pour l'avenir.
Le Mela trouve ses racines dans la célèbre légende de la mythologie hindoue - Samudra Manthan ou le Barattage de l’Océan) par les Devtas (dieux) et les Asuras (démons). Du barattage émergèrent divers dons, dont le Kumbh de l’Amrit (un pot de nectar) pour l’immortalité. Le Kumbh Mela est une commémoration organisée tous les quatre ans dans chacune des quatre villes, Haridwar, Nasik, Ujjain et Prayag, sur une base rotative.
Au-delà de son immense signification religieuse, le Kumbh Mela est également d’une grande importance culturelle et spirituelle. Le nombre considérable de dévots et de pèlerins dans une ville éphémère crée une expérience rare et unique, attirant une foule de visiteurs désireux de percer le mystère du Mela. Historiquement, de nombreux voyageurs étrangers ont écrit des récits détaillés de leurs visites, ce qui a permis au Kumbh Mela d’acquérir une reconnaissance mondiale. Les Chroniques de Hieun Tsang et les Journaux de Fanny Parkes (Errances d’un Pèlerin) ont captivé un public mondial à travers les âges.
L’envergure du Mela a toujours été immense et ne cesse de croître au fil des décennies. Le nombre estimé de visiteurs cette année devrait dépasser les 400 millions durant la durée du Mela. Dix mille hectares de la zone du Mela ont été déclarés un district temporaire avec 10 zones et 25 secteurs. La mise en place d’une ville temporaire à cette échelle représente un immense défi administratif, surtout lorsque le site est situé sur les plaines inondables du Gange qui se sont retirées très lentement cette année, laissant une très courte période pour préparer toutes les dispositions.
Malgré le temps limité, divers départements et agences gouvernementales ont travaillé sans relâche pour fournir les infrastructures et les commodités avant la première date de snan (bain sacré). D’importantes allocations budgétaires et des personnels de divers départements ont été déployés pour gérer la sécurité, la circulation, la santé, l’assainissement et d’autres arrangements. Le gouvernement de l’Uttar Pradesh a également fait un important effort technologique avec son initiative Digi Kumbh. Des systèmes de vidéosurveillance alimentés par IA, utilisant la reconnaissance faciale et des plaques d’immatriculation des véhicules, ont été conçus pour fournir une surveillance et surveiller les déplacements des foules, la circulation et la gestion du stationnement. En outre, des drones sous-marins dotés de capacités d’imagerie avancées ont également été déployés pour fournir une surveillance aquatique 24 heures sur 24. Un chatbot alimenté par IA a également été lancé pour soutenir plus de 11 langues et faciliter la navigation.
En Inde indépendante, le Kumbh Mela est organisé depuis 1954. Chaque gouvernement a mis en œuvre ses meilleurs efforts pour rendre l’expérience aussi fluide et mémorable que possible pour les pèlerins. Ces efforts pour une installation et une opération réussies ont attiré l’attention du monde entier et ont suscité diverses recherches, audelà de la simple perspective anthropologique.
Des établissements académiques mondiaux et indiens de premier plan tels que l’Université de Harvard, la London School of Economics (LSE), l'IIM Bangalore et le MIT ont mené diverses études approfondies pour tirer des enseignements de l'envergure des opérations et en tirer des enseignements d'un événement aussi colossal. Ces études, à travers un prisme multidisciplinaire, se concentrent sur l’éphémérité et les infrastructures, la gestion publique, les complexités socioculturelles et logistiques, l’IA et la technologie. L’énorme échelle du pèlerinage, en particulier lors des principaux jours de bain, lorsque des millions de personnes se plongent dans les eaux sacrées, suscite une stupéfaction à grande échelle.
Un tel flux concentré d'afflux massif a également signifié un immense potentiel pour la visibilité des marques et des opportunités de marketing pour les entreprises. Aux côtés des grandes marques, des entreprises locales florissantes saisissent chaque occasion pour servir tous les segments des foules massives. Les invités visitant pour quelques jours peuvent choisir parmi une variété d'options disponibles : tentes de luxe, tentes économiques, hôtels, maisons d’hôtes, logements chez l’habitant. Les prestataires logistiques, des chauffeurs de taxi aux bateliers, sont tous prêts à fournir des services aux visiteurs tandis que de petits vendeurs sont prêts à répondre aux besoins essentiels des articles de puja (prières) et des rituels pour les dévots venant pour une journée.
L’astronomie hindoue, l’astrologie, le patrimoine bâti, l’écologie et la nourriture locale, chaque couche est présente avec une grande richesse dans le Kumbh Mela. Des pèlerins, dévots et voyageurs aux gourous du marché, en passant par les universitaires et les passionnés de recherche, il y a quelque chose de significatif et de captivant pour chacun à voir et à vivre dans le Maha Kumbh Mela !
Kavita est une voyageuse passionnée qui collecte des histoires de chacun et de partout, totalement fascinée par la riche tapisserie de l’histoire et de la culture indiennes. Elle explore pour satisfaire sa soif de voyage et apporte des perspectives uniques ! À travers Dus Dishaa, elle fait revivre les charmes locaux de ce village global à travers des expériences immersives et spécialement conçues. Dans sa vie quotidienne, elle est professeure de gestion avec plus de 20 ans d’expérience.
LE TCHAD AUTORISE UNE MARCHE CONTRE LA BASE FRANÇAISE À N’DJAMENA
Le gouvernement tchadien a autorisé une marche contre la dernière base française à N’Djamena, exigeant le retrait des forces françaises avant le 31 janvier 2025, après avoir dénoncé les accords militaires avec la France.
Le gouvernement tchadien a autorisé une marche contre la dernière base française à N’Djamena, exigeant le retrait des forces françaises avant le 31 janvier 2025, après avoir dénoncé les accords militaires avec la France.
Organisée par la Plateforme Tchad, la marche citoyenne autorisée par les autorités administratives, vise à protester contre la dernière base militaire française présente à N’Djamena. Cette autorisation, signée par le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ali Ahmat Aghabach, fait suite à une demande déposée le 23 janvier 2025.
L’arrêté ministériel précise que la manifestation de ce samedi 25 janvier devra se dérouler dans le strict respect des dispositions légales. Les autorités de sécurité, notamment la police nationale, la gendarmerie nationale et la garde nationale superviseront l’événement, chacune dans son domaine de compétence.
La mobilisation intervient dans un contexte de tension entre le Tchad et la France. N’Djamena exigeant le départ complet des forces françaises avant le 31 janvier 2025, conformément à la dénonciation des accords militaires intervenue en novembre 2024. Cette décision s’aligne sur la position d’autres pays de la région, notamment les membres de la Confédération des États du Sahel.
La base de N’Djamena représente désormais la dernière emprise militaire française au Tchad, les bases de Faya et d’Abéché ayant déjà été restituées aux autorités tchadiennes. La manifestation symbolise la volonté du pays de réaffirmer sa pleine souveraineté et de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire.
Par Momar Dieng
LE BÉNIN À L’ÉPREUVE DE SES DJIHADISTES
Célestin* est un chauffeur béninois d’expérience. Il est habitué à manœuvrer de gros porteurs sur les routes cabossées et sinueuses d’Afrique de l’Ouest. Il raconte avoir accompagné « un ami conducteur de camion-citerne ravitailler les ‘’djihadistes’’ en
Célestin* est un chauffeur béninois d’expérience. Il est habitué à manœuvrer de gros porteurs sur les routes cabossées et sinueuses d’Afrique de l’Ouest. Il raconte avoir accompagné « un ami conducteur de camion-citerne ravitailler les ‘’djihadistes’’ en carburant » de Cotonou à Gao (Mali), en passant par Fada Ngourma (Burkina Faso) et Torodi (Niger). C’était avant qu’une frange du territoire burkinabè tombe entre les fourches chauvines des « terroristes ».
« C’était la première fois que je rencontrais des groupes armés. C’étaient des hommes enturbannés dont on pouvait à peine voir les yeux. Ils portaient sur des armes et des munitions en tout genre. J’ai pris peur. Leur chef qui nous recevait a dit à mon camarade de me tranquilliser, qu’ils ne nous feraient rien. La preuve, c’était nous qui leur avions amené du carburant. Après toutes les opérations de transvasement de l’essence, nous sommes revenus au Bénin. »
Célestin et son ami sont des acteurs essentiels du trafic de carburant dans l’espace sahélien, en raison de l’importance vitale de cette ressource pour les activités des groupes armés et criminels dans cet espace sans fin. Ils le sont comme d’autres individus ou groupes le sont également dans la contrebande de denrées alimentaires, le braconnage en zones protégées, le commerce de stupéfiants, l’orpaillage clandestin, etc. Ensemble, ils font tourner une économie de type criminel dont les ressorts et les produits alimentent le développement de groupes non étatiques plus ou moins liés à l’extrémisme violent.
Jeannine Ella Abatan et William Assanvo, chercheurs principaux au Bureau régional à Dakar de l’Institut d’études de sécurité (ISS) pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le bassin du Lac Tchad, sont les auteurs de l’enquête sur les « « Liens entre extrémisme violent et activités illicites au Bénin » rendu public en juin 2023.
L’étude, entamée en septembre 2021, a couvert les départements suivants : Alibori, Atacora, Borgou et Donga, dans le nord du pays. Ils « ont été choisis du fait de leur proximité avec les zones géographiques où opèrent les groupes extrémistes violents actifs au Sahel et parce que certains ont connu des attaques et des incidents sécuritaires revendiqués par ou attribués à ces groupes », expliquent les deux chercheurs.
En juillet 2024, plusieurs soldats béninois et des Rangers travaillant pour l’ONG sud-africaine African Parks sont annoncés avoir été tués lors d’affrontements avec des groupes armés dans le septentrion du pays, à l’intérieur du parc national W. African Parks est une spécialiste mondiale de la protection et la sauvegarde des aires protégées. En mai 2023, deux attaques d’individus non identifiés font une vingtaine de personnes tuées dams le département de l’Atacora, non loin de la frontière burkinabè. Ici, le différend qui oppose le Bénin au Burkina Faso concernant les 68 km2 de la localité de Kourou-Koualou est une aubaine pour les trafiquants de toutes catégories.
Kourou-Koualou, une clef de voûte
Le « litige territorial (…) sur la souveraineté de cette zone, qui se traduit entre autres par l’absence d’autorités nationales sur le terrain, a contribué à faire de Kourou-Koualou une zone de non-droit », écrivent Abatan et Assanvo. « Le vide sécuritaire et administratif ainsi créé a laissé le champ libre aux groupes extrémistes qui s’implantaient déjà progressivement dans l’Est du Burkina Faso depuis 2018. »
Selon ONU-INFO, Kourou-Koualou apparait comme « le centre d’un commerce transfrontalier illicite de carburant d’un million de litres par an, un instantané d’un phénomène qui s’étend sur l’ensemble de la région sahélienne, en Afrique. »
Dominique* est un revendeur de produits agricoles et pétroliers installé à Koualou en 2015. Il gérait deux dépôts de carburant venu du Nigeria. « Je réalisais d’énormes bénéfices avec la complicité des services de douane », raconte-t-il. Jusqu’au jour où « les ‘’djihadistes’’ ont isolé Nadiagou. »
Nadiagou est un village de la commune de Pama dans la région Est du Burkina Faso. Son isolement « au début de l’année 2021 » marque un tournant. A partir de ce moment, confie Dominique, « une bonne partie du carburant qui est vendu à Koualou » tombe entre les mains des ‘’djihadistes’’. « Ils ont des véhicules 4X4 qui transportent le carburant qu’ils viennent chercher à Koualou sous escorte armée. » Se forme ainsi un groupement économique tripartite sur le terrain du trafic d’hydrocarbures.
« Les ‘’djihadistes’’, les gros transporteurs pétroliers et nous, les bénéficiaires locaux, avions tous intérêt à ce que la zone reste sous le contrôle des ‘’djihadistes’’ qui en tirent profit », rapporte Dominique.
Mais ce business juteux n’ira pas plus loin que septembre 2021 quand les autorités burkinabè décapitent le réseau de trafiquants qui alimentait Kourou-Koualou avec, vraisemblablement, du carburant venu du territoire burkinabè.
« Plusieurs interlocuteurs rencontrés à Kourou-Koualou ont relevé que ces arrestations ont désorganisé le réseau structuré autour de cette localité et que le flot de carburant déchargé, stocké et transitant par cette localité aurait cessé dans la foulée », souligne l’étude.
Dans cette même période, le renforcement des mesures sécuritaires coté béninois, en particulier « au niveau de la localité frontalière de Porga », aurait contribué à assécher davantage les circuits de trafic. Ceci expliquerait que les ‘’groupes extrémistes’’ aient « ciblé le Bénin en multipliant les attaques contre le pays à partir de fin novembre 2021. »
A cette date, l’incursion violente de groupes présumés djihadistes provoque la mort de deux soldats béninois aux environs du fleuve Mékrou dans la localité de Porga. Cet événement est vu par de nombreux chercheurs comme la première attaque d’envergure des ‘’djihadistes’’ contre le Bénin. Mais les deux chercheurs de l’ISS considèrent le rapt de deux touristes français et l’assassinat de leur guide béninois le 1er mai 2019 dans le parc national de la Pendjari comme les premiers « incidents sécuritaires » notés au Benin et mettant en cause des groupes extrémistes violents.
Détournements de camions-citernes
Loin de se décourager, les groupes dits djihadistes tentent de mettre en place « d’autres modes d’approvisionnement » en hydrocarbures à partir de « la seconde moitié de 2022 avec la multiplication, notamment dans l’Est du Burkina Faso, de cas de détournements de camions-citernes transportant du carburant par des groupes armés. » Ceux-ci sont « suspectés d’appartenir à la mouvance ‘’djihadiste’’ », soulignent Jeannine Abatan et William Assanvo.
« Avec ces détournements, les groupes sont susceptibles de devenir des pourvoyeurs de carburant volé à des fins de commercialisation. Par conséquent, il n’est pas exclu que la contrebande die carburant dans la zone frontalière, y compris dans le nord du Bénin, commence à être alimenté par du carburant volé provenant du Burkina Faso. »
Selon les deux chercheurs, le Bénin, « pays de transit », est devenu un rouage important « dans la contrebande de carburant en direction des pays voisins » dont le Burkina Faso et le Togo. La ressource « alimente également les zones fréquentées ou occupées par les groupes extrémistes dans l’Est du Burkina Faso. »
Dans un rapport d’enquête intitulé « Fuel Trafficking in the Sahel », l’Organisation des Nations unies contre le crime et la drogue (ONUDC) soutient que cette contrebande « finance des groupes armés illégaux non étatiques, des groupes terroristes, des institutions financières, des fonctionnaires corrompus chargés de l’application de la loi, et des groupes ayant des liens avec des personnalités ayant des intérêts dans des sociétés de vente au détail de carburants. »
Editorial : La triple- leçon de la tragédie de la zone triple - Le Patriote
Des soldats béninois du système ''Mirador'' dans le nord du pays.
Au Bénin, les dispositions légales et les mesures adoptées par le gouvernement pour lutter contre la contrebande de produits pétroliers sur l’ensemble du territoire national n’ont pas prospéré, constatent Abatan et Assanvo. D’où la persistance du trafic dans la zone de Kourou-Koualou. Pour les deux chercheurs de l’ISS, l’atteinte de cet objectif repose à la fois sur « la capacité des Forces armées béninoises à occuper durablement cette zone » et sur « l’aptitude des autorités burkinabè à reprendre le contrôle des régions de l’Est et du Centre-Est », toutes deux frontalières du Bénin.
Coordonner les actions entre Etats
Dans le Sahel, un pays comme le Niger perd environ 8 millions de dollars US (plus de 5 milliards de francs CFA) de recettes fiscales annuelles liées au « commerce illicite » de carburant, rapporte Amado Philip de Andrés, Représentant régional de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, qui cite la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA).
Pour l’ONUDC, « les contrebandiers paient (…) des « taxes » à des groupes terroristes, notamment autour de Kourou/Koualou, où des entrepôts illégaux stockent des réservoirs de carburant de contrebande pendant le transit. » En même temps, « des groupes affiliés à Al-Qaïda exploitent certaines des mines riches en or de la zone et prélèvent régulièrement des taxes sur la contrebande. »
Concernant le Bénin, « Toute action visant à lutter efficacement contre la contrebande de carburant doit prendre en compte le caractère transfrontalier » de ce trafic, soulignent Jeannine Abatan et William Assanvo. Toutefois, « cela appelle à une action concertée, coordonnée et intégrée avec les pays voisins concernés (Burkina Faso, Niger, Nigeria, Togo, jusqu’au Mali). Cette perspective vise à « éviter qu’une mesure prise par un pays ait des effets non désirés ou négatifs (sur le plan de l’approvisionnement en carburant, de la sécurité ou de l’emploi dans un autre pays. »
Dans le contexte d’un espace sahélo-saharien aussi immense que truffé de zones grises où tente d’émerger une Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le contrôle absolu des territoires est hors de portée des forces armées nationales. Avec la mutualisation de leurs (maigres) moyens, le Niger, le Mali et le Burkina Faso parviendront peut-être à reprendre une partie de leurs territoires occupés par des groupes djihadistes et/ou affairistes…Ce qui n’est pas garanti d’avance.
Pseudonymes choisis par la rédaction
DE LA VANITÉ DU POUVOIR
Vieux Savané revenait en 2022 sur ce 17 décembre 1962, jour où Mamadou Dia se retrouvait brutalement arrêté sur ordre de Senghor. Son récit permet de mesurer, 60 ans après, l'ampleur du gâchis d'une amitié sacrifiée sur l'autel des ambitions personnelles
Soixante ans après les faits, le journaliste Vieux Savané revenait en 2022 sur l'une des crises majeures de l'histoire politique sénégalaise. Le 17 décembre 1962, Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement, était arrêté dans sa résidence de la Médina par des parachutistes. Cette arrestation, ordonnée par son ami de longue date Léopold Sédar Senghor, aboutissait à sa condamnation à perpétuité pour une prétendue tentative de coup d'État. Dans son analyse publiée dans Sud Quotidien, Vieux Savané explore les conséquences durables de cette rupture entre deux figures majeures de l'indépendance sénégalaise.
Voilà 60 ans, jour pour jour, que feu Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement du Sénégal, avait été mis aux arrêts par Léopold Sédar Senghor. C’était le 17 décembre 1962, par une fin d’après-midi, à 18h 27mns, en pleine Médina, dans la résidence officielle de l’homme d’État, actuelle Maison de la Culture Douta Seck, encerclée dès 16 h par des éléments des forces parachutistes.
Accusé par son ami et compagnon, Léopold Sédar Senghor, d’avoir voulu fomenter un coup d’État, il sera jugé par un tribunal spécial et condamné à perpétuité.
Avec quatre de ses proches ministres : Valdiodio Ndiaye, ministre des Finances, Ibrahima Sarr, ministre du Développement, Joseph Mbaye, ministre des Transports et Télécommunications, et Alioune Tall, ministre délégué à la Présidence du Conseil, Mamadou Dia sera ensuite embastillé à Kédougou.
Le décor était en ces temps-là, celui d’une ville improbable, complètement coupée du monde en plus de se retrouver sous le poids d’une chaleur assommante qui pouvait dépasser les 40° à l’ombre. Et pourtant, lorsque lui étaient parvenues des rumeurs d’une rupture avec son camarade de parti, ses oreilles, imbibées de fidélité et de confiance à l’endroit de Senghor, obstruées par un bouchon de cérumen, ne voulaient rien entendre.
Par tempérament et par loyauté, le Président du Conseil s’était refusé à toute forme de suspicion. Au final, à cette tentative de coup d’Etat qui lui était prêtée, il a soutenu mordicus qu’il s’agissait d’ « un coup monté», faisant ainsi observer le ridicule de la situation, puisque disait-il : « On fait un coup d’Etat pour prendre le pouvoir, moi j’avais tous les pouvoirs ».
Signataire de l’acte d’indépendance, président du Conseil de gouvernement de la République du Sénégal, Vice-Président de l’éphémère Fédération du Mali , c’est Mamadou Dia qui détenait en effet tous les pouvoirs. Evoquant ses relations avec une lucidité dénuée de toute rancune observera-t-il : « C’est le fétichisme de l’amitié qui me perdra ».
Destabilisation
Et quelle amitié ! Tous deux originaires de la région de Thiès, Senghor qui a vu le jour en 1906 à Joal, et Mamadou Dia, en 1910 à Khombole, vont travailler en bonne entente pour l’obtention de l’indépendance du Sénégal survenue en 1960. Leurs relations se distendront cependant à l’épreuve du pouvoir.
Que d’insinuations pour mettre Mamadou Dia à mal avec les familles maraboutiques, notamment le khalife général des mourides, Falilou Mbacké, Seydou Nourou Tall, guide religieux, à qui l’on a fait croire que ce dernier voulait leur destitution et qu’ils figuraient sur la liste des personnes à mettre en état d’arrestation.
En direction des officiers de l’armée de confession catholique, tels Jean Alfred Diallo, Faustin Pereira, l’épouvantail d’une menace de guerre confessionnelle était agité. Une propagande insidieuse distillée de manière subtile avait ainsi dépeint Mamadou Dia comme un homme autoritaire doublé d’un rigoriste intransigeant.
Image aux antipodes de ce qu’il était vraiment car, bien que nourri à la lecture du Coran, il était ami de feu Mgr Hyacinthe Thiandoum, Abbé Jacques Seck. De même, il entretenait une forte complicité intellectuelle avec le Père Lebret, Roland Colin, sans compter qu’il avait demandé et obtenu une audience avec le Pape Jean XXIII. C’est dire combien l’homme était éloigné de toutes ces descriptions caricaturales. N’empêche ! Il demeure que l’on arrive encore difficilement à se détacher de cet incroyable sentiment de gâchis que le Cardinal Hyacinthe Thiandoum avait si bien campé en 1996, dans les colonnes du quotidien « Le Soleil » consacré au 90e anniversaire du Président Léopold Sédar Senghor.
Ainsi avait-il confié : « J’ai profondément regretté et une multitude de Sénégalais comme moi, la grave crise politique survenue dans le pays en décembre 1962 (..). Au vu du travail accompli, l’éclatement de cette équipe a été considéré au Sénégal et à l’extérieur comme une catastrophe ou un coup de maître des puissances du mal ».
Regrets
Des années plus tard, dans le journal, « La Dépêche Diplomatique », Mamadou Dia regrettait avec une pointe de déception empreinte de nostalgie, ce qui lui apparaissait comme un terrible gâchis. Aussi avait-il relevé : « C’est très dommage tout ça encore une fois, très dommage pour notre amitié parce que moi, je garde encore une certaine affection, de la tendresse pour lui. Et c’est ça qui est extraordinaire. Je n’arrive pas à en faire un ennemi mais par contre, à voir ce qui se passe, ce que le Sénégal est devenu après, à la suite des évènements de 1962, rien que pour des questions de pouvoir personnel, régner de manière personnelle sur le Sénégal, pour en arriver là et toutes les conséquences que cela a eu sur le plan de l’évolution de notre pays après que nous étions si bien partis ».
Mamadou Dia de poursuivre : « Nous étions un exemple qui aurait pu éviter à l’Afrique tout ce qui est arrivé aujourd’hui, nos nouvelles indépendances. Tout ça aurait pu être évité s’il n’y avait pas eu cet acte de folie et d’égoïsme de sa part en décembre 1962, ça, c’est évidemment quelque chose que je ne peux pas oublier, je ne peux pas pardonner ».
Pour sa part, le président Senghor déclarait : « Bien sûr, je le regrette, vous savez il y a 17 ans que je suis ami avec Mamadou Dia. C’est moi qui l’ai découvert et qui l’ai poussé à franchir les étapes de la carrière politique , l’une après l’autre. Je le regrette mais le régime de l’exécutif bicéphale, nous avons fait l’expérience, c’est impossible. Que se passe -t-il autour du Président du Conseil et du Président de la République ? Des clans rivaux se forment auprès du Président du Conseil et du Président de la République qui cherchent à les dresser l’un contre l’autre et vous en voyez les conséquences ».
« Le prix de la liberté »
Ses douze années d’embastillement, dans des conditions éprouvantes n’auront pas émoussé la combativité de Mamadou Dia. Il sera resté d’une fidélité têtue à ses convictions, à sa volonté de voir le Sénégal sortir de l’ornière.
A travers son ouvrage « Le prix de la liberté », parviennent en écho les conditions difficiles vécues à Kédougou, loin des siens, coupé de tout, jeté dans une contrée hostile. Quand sa famille l’y retrouvait, une fois tous les six mois, après un long et éprouvant voyage, se voyant infligé la dégradante humiliation d’une intimité sous tutelle, obligé qu’il était, de converser avec les siens, en présence de ses geôliers. Livres et journaux soumis à la censure préalable du ministre de l’Intérieur. Il n’avait pas non plus la latitude d’écouter la radio de son choix, sinon les informations que crachotait la seule chaîne nationale et qui lui provenaient de l’appareil branché depuis le poste de garde. Comme si tout cela ne suffisait pas, il raconte avoir vu ses geôliers anticiper, entre le mur de sa chambre et le mur extérieur, le creusement de la tombe qu’il lui promettait. Puisant dans sa foi, sa conviction, ses ressources morales, il résistera ainsi à l’entreprise de destruction psychologique.
Droit et devoir
En tout état de cause, alors que Senghor voulait que Mamadou Dia renonçât à toute vie politique en cas d’élargissement de prison, ce dernier, raconte Roland Colin son ancien directeur de cabinet, lui aurait répondu alors qu’il l’avait retrouvé dans l’insoutenable, brûlante et étouffante solitude de sa prison de Kédougou : « La politique pour moi n’est pas un droit mais un devoir. On renonce à un droit mais pas à un devoir ». Une belle leçon d’engagement surtout en ces moments troubles ou pour beaucoup la politique est vécue comme le moyen le plus sûr et le plus rapide de s’enrichir, « tekki » comme l’on dit trivialement. Pour Dia, et fidèle en cela au révérend Père Lebret : « Le développement consiste pour une population au passage d’une phase moins humaine à une phase plus humaine ».
A travers les images fixées par le magnétoscope du sociologue Babacar Sall qui l’a filmé à l’occasion d’une de leurs nombreuses rencontres, où on le découvre sans fioritures, tel qu’en lui-même, pris sur le vif, son épouse, Oulimata Ba, témoignait par ces mots sur son « époux et ami », affirmant qu’il « n’était pas homme d’argent ». Déçu par le tournant de la première alternance politique, il n’avait de cesse de dénoncer la tentation du pouvoir personnel et absolu qu’il voyait poindre à travers les révisions unilatérales de la constitution. En tout état de cause, le compagnonnage et la complémentarité des deux hommes qui auraient pu faire croire à des lendemains qui chantent n’ont pas tenu. Ils seront malmenés et défaits par les intrigues courtisanes, la vanité du pouvoir et cette insatiable volonté de puissance qui balaie de son chemin toute forte personnalité. Ce qui rend encore plus pertinent cet appel de Mamadou Dia à l’entame de sa prise de fonction.
Ainsi avait-il prévenu : « Nous ne devons pas confondre la dignité de la fonction avec le luxe et le gaspillage inadmissible ». Une mise en garde qui tarde encore à être entendue. 62 ans après l’indépendance. Habité par une espérance, cet homme dont le regard restait toujours happé par le possible, avait véritablement le Sénégal au cœur. Le redécouvrir, le célébrer en cette période où notre histoire politique donne l’impression de vaciller et de ne pas vouloir avancer résolument dans un dessein transcendant, malmenée qu’elle est par les calculs sordides, les basses manœuvres, les violences, le non-respect des institutions, Ce qui rend d’une brûlante actualité la vigilance démocratique, républicaine, laïque dont Mamadou Dia, qui a quitté la scène du monde le 25 janvier 2009, a fait montre jusqu’à son dernier souffle.