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4 août 2025
OCCUPATION ILLEGALE DE TERRAIN, ADAMA FAYE EXPULSE LA DSCOS
Depuis des années, les propriétaires du terrain TF n°261/NGA, ex 6274/DG, courent après la Dscos pour qu’elle fasse droit à leurs demandes d’être rétablis dans la jouissance de leur bien
Alors que lui ont été présentées toutes les preuves d’occupation de terrain d’autrui, et malgré une ordonnance d’expulsion prise par le juge des référés, la Dscos ne s’empresse pas de faire libérer un terrain qui se trouve à moins de 500 mètres de ses locaux. C’est à se demander si le fait qu’un parent de la Première dame du Sénégal soit concerné n’explique pas cette situation.
Depuis des années, les propriétaires du terrain TF n°261/NGA, ex 6274/DG, courent après la Dscos pour qu’elle fasse droit à leurs demandes d’être rétablis dans la jouissance de leur bien. Bizarrement, cette structure de l’Etat, terreur des occupants irréguliers de terrains, semble cette fois-ci saisie d’inertie. Et le plus drôle dans l’affaire, est que le terrain que l’on lui demande de faire libérer, est quasiment à côté de ses locaux…
Ce n’est pourtant pas par manque d’éléments légaux sur lesquels elle pourrait s’appuyer pour fonder son action. Le Quotidien a pu établir que le Directeur général de la Dscos a été saisi à deux reprises au mois de février 2017, par les héritiers de feu Serge Goffart et Michèle Marguerite Jourdan, les propriétaires du TF indivis n°261/NGA à cette date. Ces propriétaires se plaignaient de la destruction de leurs biens, de voies de fait, en plus de l’occupation illégale du terrain. Concernant la destruction des biens, en l’occurrence des bornes de délimitation du terrain, les propriétaires déclaraient par courrier du lundi 23 février 2017 : «En cours d’opération, nous avons reçu des menaces de personnes se déclarant représentants d’un certain Adama Faye, frère de la Pre¬mière dame du Sénégal, en particulier Monsieur Baye Fall, de déposer les piquets enfouis avec du béton et du ciment, dès que nous aurons quitté les lieux.»
Non contents de l’absence de suite réservée à la plainte déposée auprès de la Dscos, les plaignants ont eu recours à la Justice et, par ordonnance de référé du 12 février 2018, la juge Aïtou Guèye a attesté que «dans le même sillage, il est établi que Adama Faye et Aly Mané occupent les lieux où ils ont immobilisé des véhicules, comme en attestent les prises photographiques faites par l’huissier instrumentaire (…) Attendu que dès lors il s’infère de tout ce qui précède que le droit de propriété des demandeurs a été violé ne pouvant entrer en possession de leur bien, ce qui caractérise à suffisance le trouble à l’ordre manifestement illicite ainsi causé par les défendeurs qui n’ont pas comparu pour prouver le droit d’occuper».
Le juge des référés a décidé dans son ordonnance, «au fond, Déclarons Adama Faye, Mbaye Diagne, Ciré Sène, Aly Mané, Assane Sène, Khady Sène et Binta Bèye, occupants sans droit ni titre de l’immeuble objet du titre foncier n°13.328/GD, ex 6274/DG sis à Dakar, à 600m au sud-est du terme Nord, reporté au livre foncier de Ngor Almadies sous le N°261/NGA ; Ordonnons leur expulsion desdits lieux tant de leurs personnes, de leurs biens, que de tout occupant de leur chef».
Cette décision de justice, et toutes les plaintes complémentaires, sont à ce jour, restées lettre morte auprès de la Dscos. Interpellé à ce sujet, le directeur Papa Saboury Ndiaye a reconnu les plaintes déposées auprès de ses services. Il a assuré au journal Le Quotidien, avoir «imputé le dossier à un de mes collaborateurs, et j’imagine qu’il est en train de le suivre avant qu’une action ne soit entreprise».
Sur la question de savoir si les lenteurs notées dans ce dossier ne seraient pas dues au fait qu’un proche parent de la famille du président de la République y est impliqué, M. Ndiaye a dit d’un ton ferme : «Si vous nous connaissiez, vous saurez que nous ne gérons pas des individus, mais des dossiers. C’est vous dire que nous ne nous arrêtons pas à la qualité des personnes concernées, ni à leurs familles. Quand la procédure en cours sera achevée, qui que ce soit qui est concernée, sera appelée à déguerpir.»
Néanmoins, une visite sur les lieux en question, squattés par plusieurs activités de toute nature, et où se trouvent des camions d’une société dénommée «Compagnie des infrastructures africaines» Cia Sa, sise à la cité marine 2 n°3 Khar Yalla, présentée comme appartenant à M. Adama Faye, apparenté à l’épouse du chef de l’Etat, a permis de voir que les personnes occupant la zone sont très zen. Un éleveur de moutons, qui occupe les lieux, dit sans ambages qu’il ne croit pas que lui et les autres occupants puissent être expulsés des lieux : «Si on ne parvient pas à expulser Adama Faye, pourquoi devrait-on s’en prendre à nous autres ? Nous ne représentons rien ici. Alors que Adama Faye parque des véhicules poids lourd ici. Et nous ne gênons personne.»
Et pourtant, le TF n° 5334/NGA, ex 7287/DG, d’une superficie au bornage de 4.833 m2 et juste attenant au TF N° 261/NGA qu’occupe illégalement M. Adama Faye, est la propriété de la société de ce dernier, dénommée Cia Sa, comme indiqué ci-dessus. Ce terrain de presque 5000 m2, d’une valeur marchande d’un milliard et demi, lui aurait été gracieusement «offert» par l’Etat du Sénégal par voie de bail, qu’il a transformé en titre foncier. En une procédure très rapide. Mais il semble que cela ne suffit pas à son appétit, puisqu’il se permet d’empiéter impunément sur les terrains de ses voisins.
«L’EXCLUSIVITE DES DROITS TELE EST EN TRAIN DE NOUS PENALISER»
Comme à chaque phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (Can), les querelles autour des droits de diffusion des matchs refont surface, Aboubacry Ba, Directeur de Cis Media (Guinée) en parle
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 12/01/2022
Comme à chaque phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (Can), les querelles autour des droits de diffusion des matchs refont surface. Le Conseil de régulation de l’audiovisuel a même mis en demeure et des radios. Pour l’ancien journaliste sportif de la Rts, Aboubacry Ba, l’exclusivité que réclament les chaînes nationales, est le nœud du problème. Il estime que l’heure est venue pour les chaînes privées de se mettre ensemble et demander un fractionnement du marché. Désormais exilé en Guinée où il dirige le Groupe Cis Media, dont la chaîne propose du sport dans 80% de sa programmation, Aboubacry Ba évoque dans cet entretien, les challenges de cette reconversion.
A chaque Coupe d’Afri¬que, les droits Tv sont un souci pour beaucoup de chaînes sénégalaises. Quelle est la solution trouvée par une chaîne sportive comme Cis Tv ?
On essaie de proposer des schémas pour pouvoir sortir de ce diktat. Aujourd’hui, prenons l’exemple des compétitions en Afrique, il y a énormément de compétitions organisées par la Confédération africaine de football (Caf) en Afrique. Mais le problème est que ces contenus sont quasiment inaccessibles pour les télévisions privées parce que simplement, ils sont excessivement chers. C’est une vente groupée et pour avoir ne serait-ce qu’un match dans une compétition de la Caf, on est obligé d’acheter tous les droits de compétition pour la Caf. On est obligé d’aller chercher plus d’un milliard de franc Cfa pour acheter ces droits-là. Et il n’y a aucun marché publicitaire en Afrique, dans un territoire, qui pourrait rentabiliser ces droits. On vend la totalité des compétitions africaines à une télévision nationale parce qu’il n’y a que les télévisions nationales qui peuvent acheter à ce prix-là. Ces télévisions, quand elles achètent les droits, elles se retrouvent avec 158 à 165 matchs par an et elles ne peuvent pas les diffuser. Donc théoriquement, elles achètent la Can mais en achetant la Can, elles ont acheté l’ensemble des autres compétitions et ne peuvent pas les diffuser. Je dis que ces télévisions devraient amener la Caf à essayer de faire des lots, à fragmenter l’offre. Et chaque télévision pourrait venir puiser dedans et payer à hauteur de ce qui l’intéresse. Mais c’est ce qui est difficile aujourd’hui en Afrique. Donc, on est en train de ruiner les télévisions nationales parce qu’on leur demande de payer trop cher un produit qu’elles ne peuvent pas diffuser parce qu’il n’y a pas de place dans une télévision nationale pour diffuser 165 matchs par saison. Alors qu’il y a des télévisions privées qui n’ont pas des contraintes et qui auraient pu trouver la place pour diffuser ces contenus-là. Et ça amènerait les télévisions nationales à payer moins cher. C’est un combat qu’il faut mener et on est dans une grosse campagne de sensibilisation. Il y a des télévisions privées qui sont intéressées. On devra se battre pour accéder à ces droits-là. Mais en attendant, on essaye de se réinventer en produisant des championnats lo¬caux, des compétions et en se mettant dans la promotion de nouvelles compétitions. Autre¬ment, aucune télévision privée africaine qui diffuse en gratuit, ne peut s’aligner sur des télévisions nationales pour accéder à ces droits-là.
Aujourd’hui, pour vous faire entendre auprès de la Caf, avez-vous convaincu des télévisions d’autres pays ?
Les télévisions qui sont intéressées commencent à afficher des ambitions. La chose que je n’arrive toujours pas comprendre des télévisions nationales, c’est qu’elles veulent les compétitions à elles toutes seules. C’est la notion d’exclusivité. Aucune télévision nationale ne veut acheter si ce n’est pas de l’exclusif et ça pose problème. L’exclusivité est en train de nous pénaliser aujourd’hui. Et aucun Etat ne pourrait renoncer à la Can. Du coup, c’est très compliqué et je comprends les télévisions publiques qui sont entre le marteau et l’enclume. Si elles ne prennent pas, ça devient un problème d’Etat et de l’autre côté, si elles prennent, elles ne peuvent pas le rentabiliser. Et la seule manière pour ces télévisions publiques d’espérer une sorte de retour sur investissements, c’est de l’avoir à elles toutes seules, sans concurrence.
Il y a ici une concurrence entre le public et le privé ?
Oui mais le privé n’a pas les moyens d’acheter les droits à cette hauteur-là. Je comprends le positionnement des télévisions nationales parce que c’est à elles qu’on vend le droit le plus cher parce que de toute façon, elles sont quasiment obligées d’acheter mais de l’autre côté, elles savent qu’elles ne peuvent pas le rentabiliser si elles ne sont pas seules parce que, justement, elles craignent la concurrence des télévisions privées qui ont plus de temps, moins de contraintes et qui peuvent capter l’attention du public. Pour que les télévisions nationales puissent se protéger, elles demandent de l’exclusivité. Mais je pense que pour calmer et arrêter tout ce problème, il faut qu’on arrive à mettre des lots. Un lot d’équipes nationales pour la télévision nationale qui va payer peut-être plus cher mais le reste des produits, on n’a qu’à les vendre aux autres. Du coup, la télévision nationale va payer moins cher ses droits et toutes les compétitions seront visibles dans le même territoire.
Entre le Sénégal et la Guinée, y a-t-il beaucoup de différence dans le secteur de la télévision ?
Il y a beaucoup de différence quand même parce que le paysage médiatique audiovisuel sénégalais est en avance. Le Sénégal a eu accès à la démocratisation de la télé un peu plus longtemps que celle de la télévision guinéenne. Le tissu économique n’est pas également le même parce qu’il faut parler de marché publicitaire. Il est beaucoup plus facile d’avoir de la publicité au Sénégal qu’en Guinée. Mais ça commence à bouger. La Guinée en est à sa quatrième ou cinquième chaîne de télévision dont 4 chaînes de télévision privées. Mais ça bouge énormément de ce côté-là et je pense que dans les prochaines années, on entendra beaucoup plus parler de dynamisme du secteur audiovisuel guinéen. Le Sénégal est quasiment en phase d’engager une nouvelle page dans la vie des médias. Parce qu’il y a encore quelques années au Sénégal, pour produire, il fallait s’adresser à la télévision mais maintenant, on peut s’adresser aux boîtes de production. Et c’est la même chose un peu en Côte d’Ivoire.
Et s’il faut faire une anatomie de la presse guinéenne, est-ce que c’est une presse libre ? Com¬ment elle se comporte ?
C’est une presse vraiment très libre et surtout dans le contexte actuel. C’est vrai que l’année dernière, le régime a tenté de contrôler les médias. J’ai presque envie de dire comme tous les régimes d’ailleurs, parce que tout le monde a envie de contrôler les médias et c’était un peu difficile à un moment. Mais la presse privée en Guinée a toujours fait preuve de liberté de ton. Surtout dans les radios parce qu’il n’y avait pas beaucoup de télévisions qui parlaient de politique. On a mis malheureusement des journalistes en prison et c’est la preuve que ce n’est pas une presse qui se laisse faire. C’est une presse très dynamique qui sait faire preuve de liberté de ton.
Et vous n’avez pas été inquiétés avec les derniers évènements qui se sont passés durant le coup d’Etat ?
Non pas du tout. Ça a été même vécu par la presse guinéenne comme un moment de libération. La parole se libère encore plus, on va dire.
L’Equipe nationale du Sénégal est première au classement en Afrique. Est-ce que vous pensez qu’ils peuvent remporter la Can ?
Ils en ont les moyens. On a les moyens de remporter la Can depuis très longtemps. Main¬tenant, il faut qu’on arrive à franchir le pas.
Mais qu’est-ce qui a manqué jusqu’ici ?
On a manqué de chance à plusieurs reprises. Quand on est très bon, il y a toujours quelque chose. C’est peut-être psychologique, je ne sais pas mais en 2017, on a été très bon. On a été sorti aux tirs aux buts en quart de finale. En 2019, on a été, j’ai envie de dire moins bon sur la durée de la compétition, mais on est arrivé en finale et on a joué l’un des meilleurs matchs de notre histoire récente et on n’a pas gagné. On peut remonter encore à 2002. On était la meilleure équipe du tournoi, on arrive en finale, on domine le Cameroun et on ne gagne pas. En 2015, on sort au premier tour. On a toujours eu une grande équipe. La différence maintenant, c’est de régulariser cette constance avec un coach qui est là depuis presque 5 ans et qui a installé le Sénégal à la première place depuis 3 ans. Donc tout est réuni pour qu’on soit enfin champion d’Afrique. Mais le problème avec les titres de champion d’Afrique, ça se joue vraiment sur des détails. Et ces détails-là, en un moment donné, je suis persuadé que ça tournera en notre faveur pour enfin que le Sénégal retrouve sa vraie place sur l’échiquier africain.
Le coach est un peu contesté quand même ?
Je ne suis pas d’accord. On dit que le Peuple a vomi Aliou Cissé, etc. Mais quand on est rentré de la Coupe d’Afrique, le Peuple est parti pour accueillir Aliou Cissé et son équipe pour les féliciter. On oublie ça. La presse nous dépeint l’image d’un coach qui est en conflit avec son Peuple, qui n’écoute personne, etc. Mais les Séné¬galais sont partis accueillir une équipe qui a perdu la finale de la Can. Et cela n’était jamais arrivé. Quand on a prolongé le contrat de Aliou Cissé, personne n’a rien dit. Il fait des résultats encore une fois, malheureusement ça se joue sur des détails. On a gagné la Tunisie en demi-finale sur des détails pour être en finale. Ces détails-là pouvaient être en notre faveur en finale, on serait champion d’Afrique et personne n’aurait rien à dire. On a une bonne équipe, c’est clair et net. Maintenant, il est très difficile de décréter qu’on va gagner. Une victoire à la Can ne se décrète pas. Et aujourd’hui, on est dans une situation où il y a quasiment une injonction à la victoire pour Aliou Cissé. Et on n’a jamais dit à Aliou Cissé, si tu ne gagnes pas la Can, tu es mauvais. On n’a jamais dit ça à un coach africain ou européen. Aliou Cissé est depuis 3 ans le coach de la meilleure sélection africaine. S’il ne gagne pas la Can, on va dire que oui, il ne connaît rien, il a atteint ses limites. C’est une pression incroyable et j’espère que ça ne va pas être contre-productif. Au classement mondial nous sommes à la 20e place sur 192 pays. On est dans une bonne situation de gagner. Voilà pourquoi on veut qu’il gagne. On souhaite qu’il gagne. On dit que c’est le moment de gagner parce que, si on gagne maintenant, on ne l’aura volé à personne, ça va être une victoire largement méritée. Mais encore une fois, un sacre continental ne se décrète pas et il ne doit pas y avoir une injonction à la victoire pour Aliou Cissé.
Comment se passe pour vous cette aventure guinéenne au sein de Cis Groupe ?
C’est une belle aventure pour le moment. Ça fait quatre ans déjà que je suis là-bas. Et je peux dire que j’ai trouvé ce que je cherchais. J’avais besoin d’un nouveau challenge, de voir un peu le monde des médias du côté du management. J’ai toujours été un journaliste de terrain. J’étais devant les caméras et j’avais presque 25 ans de carrière et j’avais envie de voir comment ça se passe de l’autre côté, comment administrer un groupe de presse, comment fonctionne un média ? Et là, j’ai envie de dire que je suis servi parce que, j’ai vraiment découvert l’autre facette du monde des médias, les difficultés, les contraintes, les stress de fin de mois, de bouclage, de démarrage d’une émission, les projections, les programmations et les négociations de droit. C’est vraiment un autre monde. Ce n’est pas du journalisme du tout mais c’est un complément essentiel du monde des médias que je suis en train de découvrir.
Est-ce que cette expérience est différente de ce que vous faisiez avant dans votre carrière de journaliste sportif ?
C’est diamétralement opposé. Là, je suis dans le management pur et dur. Je suis dans la gestion d’une entreprise avec les contraintes. J’essaie de garder un peu mon côté journaliste parce que, ça c’est la passion. Donc, j’essaie de garder un peu la main en animant ou en participant à quelques émissions de temps à autre. Mais l’essentiel de mon travail, c’est justement le management de contenu des medias, de l’entreprise, la gestion quotidienne d’une entreprise. J’ai un peu l’habitude de travailler hors de chez moi. Dans les différents postes et rédactions avec lesquels j’ai collaboré, j’étais souvent amené à travailler dans beaucoup de pays africains. J’étais à TV5 pendant 6 ans. Et on était essentiellement tourné vers l’Afrique. Je suis revenu à la Rts et je suis reparti en France pour travailler pour Canal et avec une orientation purement africaine. Donc oui, j’avais l’habitude de travailler en dehors de chez moi. Ce que je cherchais, ce n’était pas de voir comment travaillent les autres. Et puis, c’est un métier universel. A la limite, on retrouve les mêmes difficultés, les mêmes contraintes au Sénégal qu’ailleurs. Et la vraie grosse difficulté, c’était d’arriver dans un média thématique. Ça, c’est une difficulté parce qu’il fallait quasiment tout créer. Créer des programmations, sortir des diktats des journaux télévisés, arriver à faire un programme sportif qui va occuper 80 % des programmes. On n’a pas de télévision thématique sport en Afrique. Les pages sportives, ce sont 3 à 4 minutes de journal, une émission hebdomadaire. Mais là, il faut créer un programme entièrement tourné vers le sport. Il faut remplir la grille avec du sport et là, ce n’étais pas la chose la plus facile. Donc ça fait partie aussi de l’aventure dans laquelle on s’est lancé.
Et là, vous êtes content de ce que vous avez fait dans cette chaîne ?
Absolument. Mais malheureusement, on est dans un métier où c’est le public qui juge. J’ai un très bon retour et ça correspond à peu près à ce qu’on a envie de faire. Maintenant, ça ne suffira plus. Le public est content, il apprécie, mais il faut aussi penser à la rentabilité de la chose, penser aux équilibres, à la fin du mois et aux annonceurs. Donc je découvre dans ce nouveau poste que le métier de journalisme, n’est pas simplement le retour, le feedback que le public te donne. Il ya le feedback des annonceurs, l’état des caisses. Et ça, c’est un nouveau type d’excitation, une autre aventure dans laquelle je me plais en tout cas vraiment pour le moment.
Justement, est-ce que votre chaîne a trouvé un modèle économique qui lui permet de fonctionner ?
Pour le moment oui mais il faut comprendre que c’est un peu difficile à dire encore. Les gens ne sont pas habitués à ne faire que du sport mais bon, on se diversifie également. On fait beaucoup de productions, création des contenus pour sortir du marché très restreint des spots publicitaires. Il faut se diversifier, se réinventer quasiment. Ce n’est pas l’eldorado mais ça va.
Par Lamine Diouf
SANCTIONS DE LA CEDEAO CONTRE LE MALI, ON Y PERD TOUS !
Les coups pleuvent de partout. Entre le gouvernement de transition installé par la junte au pouvoir et les instances dirigeantes de la sous-région, on ne se fait plus de cadeau.
Le gouvernement de transition au Mali a appliqué la réciprocité aux pays de la CEDEAO en fermant ses frontières avec les Etats de l’union, après les sanctions prononcées contre Bamako. Dans l’application de ces mesures, les Maliens, pour ne pas dire tous les Ouest-Africains, vont y perdre.
Les coups pleuvent de partout. Entre le gouvernement de transition installé par la junte au pouvoir et les instances dirigeantes de la sous-région, on ne se fait plus de cadeau. Aux mesures asphyxiantes prises dimanche par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), les militaires ont apporté la réplique, hier.
L’équipe du colonel Assimi Goïta a, en effet, annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes du Mali aux États de la CEDEAO, tout en exigeant le retour de ses ambassadeurs en poste dans les pays voisins.
Par un communiqué lu à la télévision nationale par le ministre de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, "le Mali condamne fermement ces sanctions illégales et illégitimes. Ces mesures contrastent avec les efforts déployés par le gouvernement et sa volonté d'engager le dialogue pour parvenir à un compromis avec la CEDEAO sur le calendrier des élections au Mali". Le colonel Abdoulaye Maïga ajoute : "Le gouvernement du Mali regrette que des organisations sous-régionales ouest-africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extrarégionales aux desseins inavoués", sans les nommer.
Fermeture réciproque de frontières
Lors d’un sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont pris, dimanche, une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l'encontre du Mali, pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore pendant plusieurs années. Ces mesures sont la conséquence, notamment, de la promesse non tenue des colonels d'organiser, le 27 février prochain des élections présidentielle et législatives qui auraient ramené des civils à la tête du pays.
Les chefs d’Etat ouest-africains ont décidé de geler les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l'organisation, mais aussi de suspendre les transactions avec Bamako, à l'exception des produits médicaux et des produits de première nécessité. La CEDEAO a également décidé de retirer les ambassadeurs de tous les pays membres du Mali ainsi que d'autres sanctions concernant l'aide financière. Les sanctions financières, prises quelques heures avant le sommet de la CEDEAO ont été entérinées par les chefs d’Etat. Les pays membres de l’union vont rappeler leurs ambassadeurs au Mali, théâtre de deux coups d'État militaires depuis 2020 et en proie à une profonde crise sécuritaire.
Ces sanctions à effet immédiat seront toutefois levées progressivement, lorsque les autorités maliennes présenteront un calendrier "acceptable" et que des progrès satisfaisants seront observés dans sa mise en œuvre, informent les chefs d’Etat ouest-africains.
Bamako s’inquiète pour les Maliens
A Bamako, les inquiétudes portent sur les populations, face à ces sanctions qui vont étouffer le pays. Dans la presse, l’on s’en désole terriblement. Maliweb s’alarme même : "Ces sanctions auront sûrement pour conséquence de priver le Mali d’approvisionnement en divers produits de consommation. Ce qui va entraîner une hausse sensible des prix sur les marchés.’’
En effet, le gel des avoirs maliens à la BCEAO va mener à des "difficultés insurmontables à payer les fonctionnaires". Sans compter les blocages sur les levées de fonds sur les marchés financiers. Le manque de carburant va engendrer l’arrêt des transports et, par ricochet, du dynamisme des activités économiques. Comme le peuple s’est insurgé contre le dernier président élu par les urnes, Ibrahima Boubacar Keïta, les chefs d’Etat de la CEDEAO espèrent créer les mêmes conditions en amenant les Maliens à dégager la junte, pour permettre à leur économie de respirer à nouveau.
Des sanctions qui divisent
Au Sénégal, cette nouvelle donne au Mali divise des membres de la société civile. Sur les réseaux sociaux, le directeur régional du Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies Bakary Samb, approuve des sanctions qui ‘’étaient un mal nécessaire, après quatre sommets en vain. Soutenir les Maliens, ce n'est pas les condamner à vivre sous des juntes successives. Le populisme doit cesser pour une analyse froide. La sous-région a plus besoin de stabilité que de surenchères nationalistes’’. Au même moment, le fondateur du think tank Afrikajom Center, Alioune Tine, estime que ‘’le moment n’est plus à la surenchère et à l’exacerbation inutile du conflit, mais à la poursuite du dialogue pour une sortie de crise urgente. Ce moment est le véritable temps diplomatique. Le fil du dialogue doit être maintenu et la flexibilité prévaloir pour une levée des sanctions’’.
Les lourdes sanctions prononcées par la CEDEAO contre le Mali pourraient également impacter le Sénégal. En effet, les deux pays entretiennent des relations économiques très soutenues, Dakar offrant l’accès à une façade maritime à Bamako pour son approvisionnement dans le monde. Selon les chiffres de la BCEAO publiés en janvier 2021, les exportations du Mali vers le Sénégal ont atteint une valeur de 102 milliards de F CFA en 2020. Sur la même période, Bamako a importé depuis Dakar des produits pour un montant estimé à plus de 580 milliards F CFA. Ce qui correspond à une balance commerciale excédentaire, au profit du Sénégal, de 478 milliards F CFA.
Ndongo Samba Sylla : ‘’Les exportations sénégalaises vers le Mali sont supérieures à celles vers tous les pays de l’UE réunis’’
Suffisant pour amener l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla à s’indigner sur les réseaux sociaux : ‘’Comme destination à l’exportation, le Mali, tout seul (474 milliards F CFA en 2020), est plus important pour le Sénégal que tous les pays de l’Union européenne réunis (264 milliards ; France = 44 milliards). En acceptant les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, le Sénégal se tire une balle au ventre.’’
En octobre 2020, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO avaient déjà levé des sanctions économiques contre le Mali, instaurées depuis le renversement du président Ibrahima Boubacar Keïta le 18 août 2020 par les hommes du colonel Assaimi Goïta. Malgré la mise en place d’un comité national de transition dont la tête a été confiée à Bah N'Daw, le colonel Goïta avait fait arrêter le président de la transition ainsi que le Premier ministre, neuf mois après leur installation dans ce qui s’apparente à un second coup de force, avant d’être désigné président de la transition. Il s’était également engagé à organiser des élections ce 27 février 2022, afin de rendre le pouvoir aux civils. A moins de deux mois de la déchéance, les autorités maliennes ont notifié à la CEDEAO qu'elles sont dans l'incapacité d'organiser des élections présidentielle et législatives, tout en proposant une transition pouvant aller jusqu'à cinq ans.
SANCTION CONTRE LE MALI, ALIOUNE TINE INDEXE MACKY POUR UNE MEDIATION
Le fondateur du think thank Africa Jom center, Alioune Tine, estimé, mardi, à Kaolack (centre), que le président sénégalais, Macky Sall, ’’est très bien placé’’ pour ’’faciliter le dialogue’’ entre le Mali d’une part et la CEDEAO et l’Union africaine
Kaolack, 10 jan (APS) – Le fondateur du think thank Africa Jom center, Alioune Tine, estimé, mardi, à Kaolack (centre), que le président sénégalais, Macky Sall, ’’est très bien placé’’ pour ’’faciliter le dialogue’’ entre le Mali d’une part et la CEDEAO et l’Union africaine d’autre part.
’’Ces sanctions semblent être une réponse du berger à la bergère. Il faut engager les négociations diplomatiques. Et, pour ce faire, notre chef de l’Etat, Macky Sall, est très bien placé en tant que voisin et président de l’Union africaine pour faciliter le dialogue diplomatique entre la CEDEAO et l’Union africaine’’, a déclaré Alioune Tine.
’’Les mesures prises contre le Mali par la CEDEAO sont extrêmement dures. Ces mesures vont étouffer le Mali. Nous disons aux Maliens de faire un pas parce que nous sommes jusqu’ici dans des logiques de surenchères’’, a appelé M. Tine en marge d’un atelier sur les nouveaux défis de la démocratie locale.
Pour lui, ’’cette crise n’est pas seulement une crise malienne’’. ’’Elle est régionale, a fait comprendre le fondateur de Africa Jom center. Il faut qu’on aille vers des négociations. Nous avons besoin d’une Afrique unie et une CEDEAO solidaire’’.
Pour amener la junte à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la CEDEAO a adopté, dimanche, des sanctions sévères contre le Mali.
L’organisation régionale a suspendu, avec effet immédiat, toutes les transactions commerciales et financières des Etats membres avec le Mali, hors produits de grande consommation et de première nécessité.
Les avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) ont été également gelés.
La CEDEAO a décidé par ailleurs le retrait des ambassadeurs de tous les pays membres au Mali et la fermeture des frontières.
CAN, LE NIGERIA DOMINE L'ÉGYPTE
Le collectif du Nigeria a maté l’Égypte (1-0), où la star Mohamed Salah a été très isolée, dans le premier choc de la Coupe d'Afrique des Nations, mardi à Garoua
Les "Green Eagles" ont survolé les pyramides avec aisance, maîtres du ballon, bien plus puissants physiquement et incisifs.
Le Nigeria a produit la meilleure impression des prétendants au titre dans le match le plus intéressant depuis le début de la compétition, malgré une dernière demi-heure plus terne.
Déchaîné dans son couloir gauche, l'ailier nantais Moses Simon notamment en a fait voir de toutes les couleurs aux "Pharaons".
Une de ses irrésistibles montées a amené le but nigérian, signé Kelechi Iheanacho, un enchaînement contrôle-reprise dans la lucarne (30e) sur une jolie passe de Joe Aribo, de la tête.
Le numéro 10 nigérian avait déjà servi Moses Simon pour la première occasion, une frappe dans le petit-filet (27e).
Le Nantais a sans cesse dépassé son arrière-droit, Mohamed Abdel Monem, entré en jeu dès la 12e minute, Akram Tawfik s'étant blessé dans un choc avec Simon.
Pour l'Égypte, sept fois championne d'Afrique, c'est une nouvelle désillusion après le cauchemar de l'élimination à domicile dès les 8e de finale par l'Afrique du Sud, lors de l'édition précédente.
- Salah manque sa seule occasion -
Ce premier choc s'est joué dans un stade Roumdé Adjia bien rempli, une réjouissance après tous ses stades presque vides, le public étant découragé par les demandes de passes sanitaires. La frontière du Nigeria n'est qu'à une vingtaine de kilomètres de Garoua, les supporters verts sont venus nombreux.
Mo Salah, la star de Liverpool, a été très décevant, le touchant que 14 ballons première période.
Les serres des Aigles ne se sont pas desserrées après la pause, une tête de Taiwo Awoniyi a bien failli tromper le gardien Mohamed El Shenawy (50e).
Mais le Nigeria, malgré ses nombreuses occasions, n'a pas tué le match et a laissé l'Égypte revenir un peu dans le match, ou plutôt entrer enfin dedans.
Salah a manqué sa seule occasion, perdant son duel avec la gardien Maduka Okoye (71e).
Les Égyptiens ont aussi espéré obtenir un penalty quand Simon, en trébuchant, a déséquilibré Ahmed Sayed "Zizo" (80e), mais l'arbitre n'a pas sifflé, une décision confirmée par la VAR.
Mais les hommes de Carlos Queiroz ne méritaient pas de prendre un point après une prestation si terne.En début de match, par deux fois il a fallu remplacer le ballon (19e), dégonflé, comme les Pharaons.
PRESSION MAXIMALE SUR LE POUVOIR DE BAMAKO
La France, l'Algérie et les Etats-Unis ont ajouté mardi à la pression exercée par les Etats ouest-africains sur la junte malienne pour qu'elle se plie à l'exigence d'un retour rapide des civils au pouvoir
La junte, elle, tente de rallier les Maliens autour d'un discours patriotique et les appelle à manifester vendredi contre les sanctions infligées par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
La Cédéao a décrété dimanche la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années.
L'effet de ces mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoutent à l'incertitude des lendemains dans un pays au coeur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putschs depuis 2020.
La France et les Etats-Unis, importants partenaires du Mali, ont pris le sillage de la Cédéao.Le président Emmanuel Macron a assuré que la France et l'Union européenne, dont son pays assure la présidence tournante, soutenaient la "position très claire et ferme" de la Cédéao face aux "dérives de la junte".
Les Européens se préparent à renforcer à leur tour leurs sanctions, a-t-il dit.
Les Etats-Unis soutiennent également les sanctions ouest-africaines, a dit leur ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une réunion du Conseil de sécurité.
Un délai de cinq années, comme l'ont demandé les colonels pour passer la main aux civils, "prolonge la douleur" des Maliens, plongés dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, a-t-elle dit.
- Appel à la raison -
Le voisin algérien, autre allié primordial, a encouragé les militaires maliens à "une attitude responsable et constructive".Le président algérien Abdelmadjid Tebboune juge "raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme de douze à seize mois", ont dit ses services dans un communiqué.
Les autorités maliennes font, elles, assaut de pugnacité depuis dimanche et se drapent dans la défense de la patrie et de sa souveraineté, autour desquelles elles exhortent au ralliement.
"L’heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie", a déclaré lundi soir dans un discours à la Nation le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021.
Le gouvernement installé par les militaires a pour sa part appelé dans un communiqué à la "mobilisation générale" sur tout le territoire vendredi.
Le colonel Goïta et le gouvernement ont à nouveau fustigé les décisions de la Cédéao, au "caractère illégitime, illégal et inhumain" selon le premier.
L'embargo imposé par la Cédéao, hors produits de première nécessité, suscite la crainte de l'inflation et de la pénurie dans un pays pauvre et enclavé, éprouvé par les violences de toutes sortes et la pandémie de Covid-19.
Les sanctions de la Cédéao ont suscité sur les réseaux sociaux de vives expressions de nationalisme ombrageux et d'hostilité contre la Cédéao.
Le gouvernement a accusé la Cédéao de s'être laissée "instrumentaliser par des puissances extra-régionales", référence claire à certains partenaires internationaux aux premiers rangs desquels la France, engagée militairement au Sahel mais avec laquelle les relations se sont sérieusement dégradées depuis 2020.
- "Plan de riposte" -
Jusqu'à mardi, très peu de voix significatives s'étaient élevées, au Mali même, pour critiquer la junte.
Une coalition de partis maliens, le Cadre d'échange, a rompu cette réserve en faisant porter à la junte "la seule et l’unique responsabilité" des sanctions.
Epreuve de force passagère ou durable, les intentions de la junte sont inconnues.
"Le Mali reste ouvert au dialogue avec la Cédéao pour trouver un consensus", a déclaré le colonel Goïta.
Mais ni lui ni le gouvernement n'ont pour le moment offert de perspective de sortie de crise.Le gouvernement a au contraire dit son intention d'élaborer "un plan de riposte".
Les colonels s'étaient engagés en 2020 à rendre les commandes aux civils au bout de 18 mois.Ils disent à présent ne pas être en mesure de respecter l'échéance prévue du 27 février 2022 pour organiser des élections.
Ils invoquent l'insécurité persistante dans le pays et la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestations, à l'instar des précédentes.
LA JUNTE MALIENNE APPELLE À MANIFESTER CONTRE LES SANCTIONS DE LA CEDEAO
La junte au pouvoir à Bamako appelle les Maliens à manifester vendredi contre les sanctions imposées par l'organisation des Etats ouest-africains, tout en se disant ouverte au dialogue
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a durement sanctionné dimanche le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années et le manquement à sa promesse de tenir le 27 février des élections ramenant les civils à la direction du pays.
L'effet de ces mesures de rétorsion sur la junte mais aussi sur la population ajoutent à l'incertitude des lendemains dans un pays au coeur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putsch depuis 2020.
La situation au Mali, plongé dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, doit être discutée mardi lors d'une réunion régulière du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les autorités maliennes ont continué lundi soir à faire assaut de pugnacité et à se draper dans la défense de la patrie et de sa souveraineté, autour desquelles elles exhortent au ralliement.
"L’heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie", a déclaré dans un discours à la nation le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021.
Le gouvernement installé par les militaires a pour sa part appelé dans un communiqué à la "mobilisation générale" sur tout le territoire vendredi.
- "Illégal et inhumain" -
Le colonel Goïta et le gouvernement ont à nouveau fustig�� les décisions de la Cédéao, au "caractère illégitime, illégal et inhumain" selon le premier.
L'embargo imposé par la Cédéao sur les échanges commerciaux et les transactions financières, hors produits de première nécessité, suscite la crainte de l'inflation et de la pénurie dans un pays pauvre et enclavé, éprouvé par les violences de toutes sortes et la pandémie de Covid-19.
Le colonel Goïta et le gouvernement assurent que des dispositions ont été ou seront prises pour parer le risque, sans dire lesquelles. Le colonel Goïta a appelé au "calme" et à la "résilience".
Les sanctions de la Cédéao ont suscité sur les réseaux sociaux de vives expressions de nationalisme ombrageux et d'hostilité contre la Cédéao.Le gouvernement a accusé la Cédéao de s'être laissée "instrumentaliser par des puissances extra-régionales", référence claire à certains partenaires internationaux aux premiers rangs desquels la France, engagée militairement au Sahel mais avec laquelle les relations se sont sérieusement dégradées depuis 2020.
Très peu de voix significative, y compris parmi les adversaires de la junte, se sont élevées pour critiquer cette dernière et soutenir la Cédéao.
Epreuve de force passagère ou durable, les intentions de la junte sont inconnues.
"Le Mali reste ouvert au dialogue avec la Cédéao pour trouver un consensus", a déclaré le colonel Goïta.
- Frontières -
Mais ni lui, ni le gouvernement n'ont pour le moment offert de perspective de sortie de crise.Le gouvernement a au contraire dit son intention d'élaborer "un plan de riposte".
Les colonels s'étaient engagés en 2020 à rendre les commandes aux civils au bout de 18 mois.Ils disent à présent ne pas être en mesure de respecter l'échéance prévue du 27 février 2022 pour organiser des élections.Ils ont demandé jusqu'à cinq années de plus, un délai "totalement inacceptable" pour la Cédéao.
L'ambassadeur français à l'ONU, Nicolas de Rivière, a affirmé lundi "le plein soutien" de la France à la Cédéao.Autre partenaire important du Mali, les Etats-Unis "saluent les mesures vigoureuses" de la Cédéao dans un communiqué.
L'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskyi, a dit quant à lui "comprendre" les difficultés des autorités maliennes.
Les sanctions de la Cédéao ferment les frontières des Etats membres avec le Mali.Cependant la junte au pouvoir en Guinée a annoncé lundi soir que ses frontières étaient "toujours ouvertes à tous les pays frères".La junte guinéenne, portée au pouvoir en septembre 2021 par un troisième putsch en un an dans la sous-région, a souligné que le pays, comme le Mali, avait été suspendu des organes de la Cédéao.
La Guinée n'a donc "en aucune façon été associée" aux sanctions, dit un communiqué lu à la télévision nationale.
Le Mali a quelque 800 km de frontière commune avec la Guinée. Outre cinq pays de la Cédéao, le Mali a des frontières avec l'Algérie au nord et la Mauritanie à l'ouest.
UNE JEUNESSE MALSAINE, ALCHIMIE ROMANESQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Boubacar Seck a réussi un magnifique texte littéraire. Un roman, étonnant pour le moins. Assurément l’un des plus intelligents écrits sur la société sénégalaise
Un roman, étonnant pour le moins. Assurément l’un des plus intelligents écrits sur la société sénégalaise. Tant par son style baroque, poétique, imagé, désarçonnant, que par une langue qui peut sembler parfois datée sans jamais l’être, ouvrant ainsi vers sa propre modernité. Un goût du mot rare, une grande habileté dans les descriptions. « La marmite ombreuse de l’orage couve à petit feu des promesses de ripaille dans le ciel de la ville. La lueur pâle de la nuit tente de pénétrer dans la véranda par les ajours du muret extérieur de la maison. De temps en temps s’élèvent dans ce même ciel tourbeux les échos d’une fête, les aboiements encore furieux du fidèle ami de l’homme, le chant d’un griot […] »
Par-dessus tout, une empathie faite style raconte les drames sans les secouer, pour sans doute mieux en révéler les résistances humanistes. Un vrai savoir-faire de son auteur, architecte à Bordeaux, Boubacar Seck. Et ça commence comme au théâtre, avec un rideau qui se lève, et pour nourrir le mystère, une citation qui accompagne l’entame. Et ils arrivent, les acteurs : Demba d’abord, vieux garçon bougon, geignard sans réel horizon, aux réveils tardifs qui erre, rêve, et en veut à sa mère, Ya Bintou, co-épouse délaissée, âme modeste et bienveillante, qui porte sa croix avec mansuétude. Avec son fils, les impuissances mutuelles ont déteint sur des rapports devenus corsés. Sur ce conflit filial les pages sont précises : « chaque conflit familial est considéré dans le quartier comme l’échec de tous […] Tout le monde sait que la tranquillité des pénates est un concept abstrait. Nous sommes dans une société où tout le monde sait tout de chacun. Une société de la « surbienveillance », un mélange de surveillance et de bienveillance ».
Que dire de Mass, l’ingénieur, admiré de tous, fait de bonté, de ressources, grand régulateur de ce ballet des mutilés, dont la philosophie et la hauteur administrent la colère et le ressentiment avec savoir et patience. Ce Mass, cœur de ce récit, à la trajectoire escarpée. Un savant volontaire devant la montagne des défis et dont le cœur et la maison deviennent des gisements de l’espoir. Arrive Modou, l’apprenti intégriste, repenti d’un passé pas catholique, accompagné du zèle du converti qui va avec. Chapelet et attirail bigots, l’homme s’érige en juge morale. « Le surgeon de la débauche s’est transformé en légionnaire du Coran », lit-on non sans sourire.
Ces acteurs ont une scène, une unité de lieu : une boulangerie. Métaphore presque christique, c’est dans la distribution du pain, que s’affirment les caractères de cette tragédie sourde qui cape toutes les nuances sénégalaises, par la composition sociale de la scène, les thèmes qui la peuplent, les discours des personnages. La boulangerie est tenue par Mass et Mamour, associés, ouverts d’esprits, dont le commerce devient parlement populaire. Une assemblée presque cathartique où tout le monde vient se délester de son poids. « La boulangerie est animée comme un stade. Il y a du monde. Le marchand de cacahuètes grillées va faire le plus gros de ses ventes de la journée. Le policier est là, monsieur le ministre, Mamour, Demba, Jack de Belouet le parieur contrarié, le chauffeur de taxi clandestin, Moussa l’époux violent, des prieurs qui attendent l’appel de la prière de fin de journée, les petits mendiants aux pieds nus cramés par le soleil et aux cheveux rissolés par la chaleur de la journée sont assis sur le rebord du trottoir. »
Au long de ce texte sans misérabilisme, porté par une écriture riche et originale, séquencée de portraits enchâssés, on découvre aussi Ouleymatou, sœur de Modou, en conflit avec ce dernier ; Angéline et Elisabeth, jeunes twitteuses, branchées, indignées, qui campent l’ouverture et les bons sentiments sur ce marché des émotions virtuelles. Madame Barry, Awa-Rose, d’autres piliers de ce parlement. Agnès aussi, en proie aux émois du cœur qui se raccroche à une bouée épistolière. Et bien d’autres. Parmi eux, les enfants des rues, sur lesquels l’auteur pose un regard ferme et désabusé, toujours porté par une sobriété sans démission : « l’ombre de l’enfance est partout. Sa lumière aussi. L’enfance est la capitale de la vie. On repasse toujours par là. » Et une note plus désarmante sur la douleur de ces gosses : « leurs corps sont tavelés de croûtes recouvrant leurs plaies qui ne cicatrisent jamais. Les stigmates des châtiments témoignent de la férocité des rapports. Pour oublier les sévices, certains sniffent de la colle remplie de substance chimiques. »
Entrent aussi en scène madame Sylla, la lingère, ses enfants et son mari. Modestes et débrouillards, immigrés souvent chahutés : « à l’image de sa maison souvent dans le silence et l’obscurité, même en présence de ses enfants, son être a la beauté et la sérénité de cet intérieur domestique qui fleure la bonne gastronomie et le thé. Son silence est à prendre comme une force et non une abdication. »
Chaque nouveau portrait introduit un nouvel univers, une plongée dans l’intime, dans l’âme tourmentée. Ainsi, le texte se réinvente, change, on passe tour à tour des décors feutrés et chaleureux à ceux plus démunis. Le tableau social, comme un nuancier, laisse défiler tous les états, ces bouts de vie dans un chœur que l’auteur arrive à tenir comme un bouquet, en étouffant la déflagration imminente pour mieux en saisir les aspects au ralenti. Mais on y va, à pas comptés certes, et dans un exercice de composition en toute maîtrise, la temporalité du roman est un glissement presque doux vers un abîme sûr. On s’y laisse pourtant engloutir. « Le vent de l’Atlantique tout proche fait vibrer les bâches jaunes et oranges tendues sur de fins poteaux métalliques. Elles protègent du soleil rancunier les gens qui sont venus présenter leurs condoléances. Ils viennent de loin. »
Roman qui capte un Sénégal très actuel, un quartier, des identités-mesure d’une tragédie nationale qui s’entête, il arrive aussi à saisir ces instincts survivants du passé. Toutes les problématiques sociales lourdes sont abordées dans un tableau complet. Si parfois on peut déplorer un trop-plein de bienveillance, la candeur de ces portraits semble plutôt les sauver. Le lecteur s’étonnera parfois de certaines facilités presque manichéennes, dans une peinture presque trop réelle, mais jamais la bascule dans le sirupeux ne vient parasiter ce texte. Sa grande intelligence tient dans un pari : une forme d’alchimie, de transformation du drame, de la souffrance, du silence, de l’impuissance, en un objet authentiquement littéraire. Avec sa force, ses respirations, qui donnent aux séquences un supplément d’âme.
Boubacar Seck a réussi un magnifique texte littéraire prenant presque à rebours le totem Flaubertien du roman sur « rien » car il réussit à faire de quelque chose un roman, sans rien sacrifier, ni la parure, ni le propos.
Une jeunesse malsaine, Boubacar Seck, L’atelier des Brisants, 19 euros.