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19 juin 2025
LE JOUR OÙ EUGÈNE ÉBODÉ A RENCONTRÉ YAMBO OUOLOGUEM
Le succès du roman de Mbougar Sarr, « La plus secrète mémoire des hommes », a remis au goût du jour « Le Devoir de violence », de Yambo Ouologuem. L’écrivain camerounais est l’un des rares à avoir été reçu par celui qui s’était isolé à Sévaré
Le succès du roman de Mohamed Mbougar Sarr, « La plus secrète mémoire des hommes », a remis au goût du jour « Le Devoir de violence », texte controversé de Yambo Ouologuem. L’écrivain camerounais Eugène Ébodé est l’un des rares à avoir été reçu par celui qui s’était isolé à Sévaré au début des années 1970. Il raconte.
Les connaisseurs de l’histoire littéraire se souviennent : prix Renaudot en 1968 pour Le Devoir de violence, Ouologuem fut cloué au pilori quelques années plus tard, après que de nombreux emprunts à d’autres auteurs furent relevés dans son texte. André Schwarz-Bart (Le Dernier des Justes), Graham Greene (It’s a Battlefield), mais aussi Guy de Maupassant et quelques autres comptent au nombre des auteurs « plagiés » par le jeune homme à la culture titanesque.
Blessés de n’avoir rien décelé – l’habile supercherie avait été découverte dans le monde universitaire anglo-saxon –, la presse et le monde littéraire francophone lynchèrent sans pitié celui qu’ils avaient couronné d’un des prix les plus prestigieux, sans jamais se donner la peine d’écouter vraiment ce qu’il avait à dire ou d’essayer de comprendre ses explications, parfois alambiquées.
Principal auteur plagié, André Schwarz-Bart se montra pourtant plus que conciliant, intervenant auprès du rédacteur en chef de La gazette littéraire, en Suisse, qui s’apprêtait à publier un texte à charge. « À la suite de la lettre que je lui avais adressée aux éditions du Seuil, M. André Schwarz-Bart m’a demandé de ne pas publier l’enquête que j’avais entreprise au sujet des ressemblances entre Le Devoir de violence et Le Dernier des Justes, écrit le journaliste. J’estime trop cet auteur et ses livres pour ne pas tenir compte de ses désirs. Il craint en effet qu’un débat ne suscite des réactions anti-africaines et ne nuise à la carrière d’un écrivain qu’il estime beaucoup. Pour la première fois, m’écrit-il, on voit naître une littérature africaine francophone, débarrassée des complexes blancs, il ne faut rien faire pour la décourager. »
Aura magnétique
Las ! Ouologuem, plus que découragé, ne trouvera son salut que dans le retour au pays natal et, presque du jour au lendemain, disparaîtra du paysage médiatique et littéraire pour se réfugier chez lui, à Sévaré, au Mali, où il cessera d’écrire. Demeurera néanmoins autour de ses rares textes – Le Devoir de violence,Lettre à la France nègre, Les Mille et une bibles du sexe – une aura magnétique intense, suscitant l’admiration de ses pairs.
Le moment est venu pour l’Afrique, de s’interroger sérieusement sur la place exagérée que prennent les militaires dans la vie de pays qu’ils peinent à défendre, alors qu’ils sont si prompts à s’ériger en justiciers, pour endormir l’opinion
Au Soudan, une quinzaine de manifestants ont été tués, ce mercredi 17 novembre 2021, la plupart par des militaires, qui ont ouvert le feu sur les civils aux mains nues, on imagine sous les ordres de leur hiérarchie. Pourquoi donc déplorez-vous l’absence de l’Afrique aux côtés du peuple soudanais, alors que les diplomates œuvrent en coulisse ?
Un jour douze morts. L’autre quinze. Au fil des semaines, on s’habitue peu à peu aux chiffres des Soudanais tombés sous les balles de leur propre armée. Face à la violence inouïe dont font preuve les militaires depuis leur coup d’État, le 25 octobre 2021, l’on a attendu à ce que des voix africaines autorisées s’élèvent pour condamner fermement la forfaiture du général al-Burhan et ses acolytes. En vain. Il est si commode de se réfugier derrière l’alibi de la souveraineté des États.
Seule la Chilienne Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies a osé parler de honte. Antony Blinken, le Secrétaire d’ État américain s’est dit « très préoccupé », pendant que l’Afrique faisait semblant de ne rien voir, et de ne rien entendre. C’est, typiquement, le type de couardises derrière laquelle l’on s’abrite, en se croyant à l’abri, protégé. Mais, les conséquences, tôt ou tard, arrivent, qu’il faudra subir.
L’Union Africaine n’a pas de troupes et, peut-être, même aucun mandat, pour s’immiscer dans ce qui relève de la politique intérieure d’un État.
Aurait-elle donc le mandat de se taire, pendant que des militaires massacrent des manifestants aux mains nues ? Les Soudanais pensaient avoir fait l’essentiel, en chassant Omar el-Bechir du pouvoir. Ils sauront compter seulement sur eux-mêmes, pour s’extirper de ce traquenard, puisqu’ils semblent prêts à mourir pour leur liberté. Car ils ne veulent plus avoir à subir la loi d’une caste de militaires, dont le seul mérite est de détenir des armes que leur a confiées la nation, pour défendre le territoire.
PASSER À PARIS DEVANT LA STATUE DE COLBERT EST UNE MICRO-AGRESSION
Le racisme en France est un héritage de l'histoire du pays. La France a réécrit son passé pour nier ce qu'elle a été. Toutes ces guerres culturelles qui déchirent la France sont typiquement françaises – ENTRETIEN AVEC RAMA YADE
Wokisme, cancel culture, Me too... L'ex-secrétaire d'Etat de Sarkozy expatriée à Washington fait siens ces combats. Et jette sur la France un regard sévère. Surprenant.
A l'heure où les batailles identitaires et culturelles grondent aux Etats-Unis et en France, nous avons voulu interroger celle que les Américains présentent comme la "première femme afro-descendante nommée ministre en France". Rama Yade, aujourd'hui âgée de 44 ans, s'est installée à Washington il y a trois ans. De 2007 à 2010, elle fut successivement secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l'homme, puis chargée des Sports dans un gouvernement de droite durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Si les optimistes considèrent encore sa nomination comme une avancée, elle, assure qu'elle était "une licorne, une anomalie". Et tempête : "Dès que j'ai passé la porte, on l'a fermée derrière moi." Rama Yade ne veut plus "rassurer la France sur ce qu'elle est". Désormais, Rama Yade brandit une conscience militante des discriminations raciales et sexuelles et considère que nier qu'en France "le racisme est partout a précipité notre pays dans les graves périls actuels". Elle définit le wokisme comme "un noble combat de justice et de revendication d'égalité dont devrait s'enorgueillir la patrie des droits de l'homme". Entretien musclé.
L'EXPRESS : Vous vivez aux Etats-Unis depuis 3 ans, observez-vous un recul de la liberté de penser, pour reprendre les termes de Yascha Mounk ?
Rama Yade : Oui, j'ai vécu la période qui va de la fin de la présidence Trump à l'arrivée de la présidence Biden, les tensions ont été fortes, à commencer par les tensions raciales symbolisées d'abord par la mort de George Floyd. Actuellement, se tient en Géorgie le procès de trois suprémacistes blancs accusés du meurtre d'un jeune homme noir, Ahmaud Arbery. Je m'installe à Washington à un moment où les obsessions identitaires n'ont jamais été aussi fortes, et où l'opposition républicains contre démocrates n'a jamais été aussi radicale. Des mouvements comme QAnon sont considérés comme potentiellement terroristes par le FBI. Les Proud boys, prêts à en découdre après une élection présidentielle dont ils refusaient le résultat, étaient dans les rues de Washington il y a encore quelques mois à tel point que le consulat français nous demandait de ne pas sortir pendant qu'ils manifestaient. Je n'ai jamais eu peur de marcher dans la rue mais c'est un contexte qu'il faut avoir en tête.
Trois quarts des électeurs de Donald Trump continuent de considérer que Joe Biden n'est pas légitime. Ils ont un esprit de revanche, non seulement contre l'élection de Biden mais aussi - ça remonte à loin - contre l'élection d'Obama.
Au-delà des tensions raciales, c'est aussi la question des libertés qui se pose. La Cour suprême compte six juges conservateurs sur neuf, dont trois nommés par Donald Trump : regardez ce qui se passe au Texas avec la loi anti-avortement... Les lois restrictives se sont multipliées. Nous sommes dans un moment de tensions à tous les étages avec des menaces permanentes sur la première démocratie du monde.
Les batailles identitaires donnent aussi lieu à une forme de censure. On a vu récemment de plus en plus de personnes critiquées, lynchées médiatiquement ou sur les réseaux sociaux, et parfois licenciées à cause d'opinions n'allant pas dans le sens des combats idéologiques de l'époque, d'après leurs détracteurs. La conférence d'un géophysicien a été annulée par le MIT parce qu'il s'était exprimé contre la discrimination positive, la journaliste Bari Weiss a quitté le New York Times en dénonçant "l'auto-censure devenue la norme"... Cela ne vous inquiète pas ?
Ici, je ne fais pas de politique, je ne suis pas démocrate ou républicaine, je suis davantage dans la position d'un chercheur en relations internationales. Mais je ne partage pas du tout ces craintes, ces crispations devant ce qu'on a appelé le mouvement woke ou la cancel culture. Black lives matter est un mouvement salutaire car il a rappelé, pour la déplorer, la persistance des catégorisations raciales aux Etats-Unis. Elles structurent les relations sociales depuis plusieurs siècles et continuent à peser dans le marché du travail, dans la santé où les femmes noires sont encore trop nombreuses à mourir en couches, dans l'incarcération de masse. Comment se fait-il que les hommes noirs qui constituent 8% de la population soient 40 % à occuper les prisons américaines, comme le demande Michelle Alexander dans son best-seller The New Jim Crow ? Un jeune noir sur 3 connaîtra la prison au cours de sa vie contre 1 blanc sur 17. Comment se fait-il qu'ils représentent la majorité des populations infectées par le Covid ? Rien que ces deux exemples justifient #BLM. La mort de George Floyd a été un ultime détonateur dans ce réveil, et ce n'est pas seulement une prise de conscience des Afro-américains, c'est aussi celle du reste de la population. Le nombre de victimes des violences policières est important ici, c'est une réalité quotidienne. Et c'est ce qui provoque l'indignation et des manifestations. Une nouvelle génération veut remettre en cause la manière dont cette société fonctionne.
Le wokisme a été brandi de manière abusive comme un outil de censure. En réalité, c'est juste le refus des discriminations. Ce n'est quand même pas honteux de combattre les inégalités ! Quel que ce soit le nom que vous lui donnez, c'est un noble combat, de justice et de revendication d'égalité dont devrait s'enorgueillir la patrie des droits de l'homme. Car ce mouvement qu'on dénonce comme une importation américaine nous vient bien de France, de la French Theory qui en effet a infusé dans les universités américaines : de Lacan à Foucault, ce sont des penseurs français qui ont inspiré le mouvement woke ! Soyons-en fiers en tant que Français !
Mais ce mouvement ne porte-t-il pas en lui des dérives ? Quand "Alma", le très beau roman de Timothée de Fombelle sur une petite fille noire au temps de l'esclavage est interdit de parution aux Etats-Unis sous prétexte que l'auteur pècherait par "appropriation culturelle", vous trouvez que c'est un progrès ?
Je regrette vraiment ce genre d'abus. Un homme blanc âgé peut tout à fait se mettre dans la peau d'une petite fille noire et en faire le récit. C'est la magie de la littérature, de la création. La revendication d'égalité, ce n'est pas le séparatisme, la sécession, la justice par l'injustice, c'est l'universel, le partage d'humanité.
Vous avez vécu longtemps en France qui a pour modèle - certes, parfois défaillant - l'universalisme républicain. A présent, vous vivez aux Etats-Unis où le multiculturalisme et le communautarisme sont des "way of life". Quel modèle préférez-vous ?
Aucun des deux ! Et je ne ferai pas la réponse qui rassure la France sur ce qu'elle est. Nous sommes à un moment où le risque de basculement est tel qu'il me paraît primordial que nous parvenions à nous dire les choses. Prétendre que les races n'existent pas en France alors que le racisme est partout a précipité notre pays dans les graves périls actuels. Les gens se disent toujours anti-racistes mais les élites sont quasiment toutes blanches.
Le contrôle au faciès existe. Mais on nie. On dit qu'il ne faut pas comparer la France et les Etats-Unis, que ce n'est pas la même histoire, pas le même modèle de société : et l'esclavage alors ? La France a été esclavagiste comme les Etats-Unis. Elle a enlevé et transporté de force des Africains sur son sol. Leurs descendants vivent en métropole et dans les Antilles. La France a réécrit son passé pour nier ce qu'elle a été. Le racisme en France n'a pas été importé des Etats-Unis, c'est un héritage de sa propre histoire. En niant l'évidence, on refuse de voir et donc de résoudre les problèmes. La négation amène à ne proposer comme réponse que la répression. Ici, une enquête parlementaire sur "les dérives dans les universités", là on dénonce la cassure de la République en deux. Mais il va falloir se regarder en face et se demander pourquoi on en est arrivé là.
Regardez le sujet des violences policières. C'est typique ! On dit: "On n'est pas l'Amérique", "ça n'existe pas", "ce sont des faits isolés", et quelle est la réponse qu'on y apporte ? A part dire qu'il ne faut pas stigmatiser la police, on ne fait rien ! En niant le problème, on s'interdit d'agir et la situation empire.
Quant aux Américains, accusés de nos maux, qu'ont-ils fait à la France à part la libérer de l'occupant nazi comme les tirailleurs sénégalais d'ailleurs ? Wokisme, cancel culture... Nous ne pouvons que nous en prendre à nous-mêmes. Plutôt que de nous approprier ces mots pour les revendiquer ou les dénoncer, nous aurions dû développer nos propres outils de pensée, nos propres référentiels. Mais, n'ayant pas voulu voir nos problèmes, nous n'avons même pas nos propres mots pour les dire alors que la langue française est bien plus riche que l'américain.
Toutes ces guerres culturelles qui déchirent la France sont typiquement françaises et, en le disant, je ne suis pas sous influence américaine !
Donc il faut repenser notre modèle universaliste selon vous ? Créer un wokisme à la française, accepter d'essentialiser les individus ?
Parlons enfin de ces sujets. Il faut des Black studies dans les universités françaises pour que nos intellectuels, professeurs, chercheurs puissent développer une réflexion bien française sur ces thématiques-là. On évitera peut-être de condamner le racisme dans les mots mais de rester passifs lorsqu'il vient des institutions. La nature profonde de l'universalisme doit être l'antiracisme. Or, on marche sur la tête : beaucoup de soi-disant républicains français ne manifestent même plus contre le visage de la haine raciale, contre Eric Zemmour comme hier ils manifestaient contre Le Pen qui n'en disait pas tant. Au fond, je trouve qu'il n'y a rien de plus républicain que le mouvement Black lives matter et le mouvement Me too. Quand leurs procureurs, ceux qui prétendent incarner la République dans toute sa rigueur, ne font que critiquer la liberté et l'égalité. Comme hier la trahison des clercs, on assiste désormais à la trahison des Républicains qui n'ont pas conservé l'antiracisme au coeur de leur logiciel. C'est sur cette démission que prospèrent ceux qu'on appelle désormais pudiquement les populistes.
Le privilège blanc existe en France selon vous ?
Il existe, j'aurais tellement voulu dire autre chose... Mais il existe, vous en bénéficiez ! Si un emploi vous échappe, il ne vous viendrait pas à l'esprit de vous demander si c'est à cause de votre couleur. C'est cela le privilège. Sans rien demander, ou même sans le savoir, certaines opportunités vous sont offertes. Moi, sans rien demander, certaines portes me sont fermées. Je ne dis pas que vous êtes responsable de ce privilège blanc. Vous en avez hérité mais vous en devenez responsable à partir du moment où, ayant pris conscience de cela, vous ne faites rien et en bénéficiez tranquillement.
Il faut lire le grand historien afro-américain Ibram X. Kendi qui explique très bien qu'il n'y a rien de plus difficile que d'être antiraciste. Pendant que le raciste lui, nie tout, le coeur de l'antiracisme, c'est l'aveu : reconnaître les inégalités raciales, se dire que si on a plus en tant que blanc, ce n'est pas seulement parce qu'on est plus ou parce qu'on a pu travailler dur mais parce que la société nous a donné des opportunités que d'autres n'avaient pas, et ensuite se mobiliser pour que ces différences d'opportunités cessent. C'est un cheminement difficile à emprunter pour beaucoup de gens. C'est pour cela, oui, qu'il n'y a rien de plus dur qu'être antiraciste.
On pourrait vous rétorquer que vous avez été nommée secrétaire d'Etat en France dans un gouvernement de droite.
Mais j'étais une licorne ! J'étais une anomalie, pas du tout un prototype. Combien depuis ? Et les discriminations, ont-elles disparu ? Dès que j'ai passé la porte, on l'a fermée derrière moi. Certains ont pensé : c'est bon, on a Rama, le problème est réglé. Il est resté entier, plus grand que jamais.
Ici, à Washington, quand on me présente, on dit toujours "première femme afro-descendante nommée ministre en France", et là je comprends que certains Américains ont une vision vraiment terrible de notre pays, ils ne comprennent même pas comment ma nomination a pu être possible. Comme si ce qui se passe tous les jours dans l'administration US était impossible en France. Je suis toujours étonnée et déçue de constater la surprise que crée le récit de mon parcours. Mais je suis bien obligée de constater que depuis mon départ du gouvernement, les Afro-descendants ne courent pas les gouvernements. A l'image d'une élite politique qui s'est incroyablement durcie.
Je sais ce que sont les micro-agressions qui humilient et déshumanisent, je n'en ai pas trop témoigné car j'ai privilégié le travail, une approche universaliste, rassurer le pays sur lui-même, nous encourager collectivement. Avec nous le Front national était à 6% ! Et j'étais si fière de nous représenter sur la scène internationale sans rien sacrifier de mon inquiétude pour ceux qui me ressemblaient, comme lorsque je suis allée soutenir ceux qu'on avait appelé les squatteurs d'Aubervilliers. Il ne s'agit pas ici de faire le procès de la France. L'aimer, c'est toujours lui rappeler son idéal humaniste.
Et le racisme anti-blanc que certains dénoncent, est-ce une réalité ou une construction ?
Il ne s'agit pas de nier quand certaines personnes disent qu'ils se font traiter de "sales blancs" dans certains quartiers. Mais je suis désolée de vous dire que ce n'est pas cela, le racisme anti-blanc. Comme le dit Eric Fassin, il n'y pas de racisme sans domination. Il n'y a jamais eu en France un système de ségrégation raciale envers les Blancs.
Vous évoquiez ensemble la lutte antiraciste et le combat pour le féminisme, vous ne faites donc pas partie de ceux qui considèrent que l'intersectionnalité fragmente les luttes ?
Intersectionnalité, wokisme... C'est tellement dommage, on aurait pu, nous, Français, inventer nos propres concepts et y apporter nos propres réponses. Encore une fois, voilà où le déni nous a conduits : s'appuyer sur des références étrangères pour dire nos réalités. Ce n'est pas si grave : on sait que ces réalités ne sont pas si éloignées ! L'intersectionnalité est une notion qui a émergé à la fin des années 80 grâce à Kimberlé Crenshaw, une juriste américaine. A Washington, j'ai rencontré des femmes américaines blanches très puissantes, je les ai vues être servies au restaurant par des serveurs noirs, tout en se plaignant de leur condition de femme. Cette expérience m'a plongée dans des abîmes de perplexité : au milieu de cette assemblée, devais-je me positionner en tant que femme et être solidaire de ces femmes blanches riches américaines ou m'identifier en tant que Noire aux serveurs ? L'intersectionnalité c'est cela, être dans le cumul des discriminations, ne pas avoir à choisir, embrasser toute la réalité des inégalités et des combats qui vont avec. On avait des mots pour dire cela en France, avant, c'était l'égalité et l'universalisme.
Mais en opposant l'antiracisme et l'universalisme, en enlevant au combat universaliste son coeur antiraciste, certains soi-disant Républicains ont confisqué la République pour eux. Voilà la ligne de fracture sur laquelle on a placé la société française. Elisabeth Badinter et Rokhaya Diallo auraient dû être dans le même camp, mener le même combat, celui de l'universel antiraciste. Aujourd'hui, elles s'invectivent publiquement sous les applaudissements des masculinistes racistes.
Sylvie Kauffmann écrivait dans Le Monde que BLM, Me too, qu'on accuse de nous tirer vers le bas, de nous fragiliser, redonnent en fait vie à un transatlantisme moribond. Entre les USA et la France, c'est politiquement compliqué depuis l'affaire des sous-marins mais une convergence, plus puissante, culturelle cette fois, existe et reprend des couleurs grâce à ces mouvements. Il faut être fiers de ces gamins qui manifestent pour l'égalité au nom des valeurs des Lumières.
Faut-il aussi être fier de ceux qui déboulonnent des statues ?
Passer à Paris devant la figure de Colbert, ce grand ennemi de la liberté, dont la statue est devant l'Assemblée nationale, est une de ces micro-agressions dont je parlais. Pas seulement vis-à-vis de moi mais aussi vis-à-vis de la France et de l'humanité.
Le problème n'est pas de supprimer ces statues, il faut arrêter de les célébrer dans les rues, le métro et les palais de la République, et mieux les connaître ! Je ne suis pas sûre que les Belges savent que Leopold dont la statue est partout dans le pays a causé la mort de 10 millions d'Africains. Et Faidherbe... Ceux qui ont déboulonné ces statues n'ont pas fait de cancel culture, au contraire : ils ont réhabilité l'histoire, la totalité de l'histoire qu'ils connaissent bien, eux, au moins, celle que la mémoire sélective de certains de nos dirigeants a voulu dissimuler. En fait, ce sont eux qui ont fait de la cancel culture en empêchant les Français et les Européens de connaître l'histoire de ces soi-disant héros. Pourquoi avoir fait ces choix, avoir pendant si longtemps préféré Faidherbe à Solitude ? Pourquoi nous obliger à apprendre la vraie histoire dans la clandestinité plutôt qu'à l'école ? Dans les familles, on vit avec deux histoires de France parallèles, il faut faire converger ces deux histoires.
Selon la philosophe Sabine Prokhoris, le néo-féminisme avec son approche victimaire ouvre la voie à un "retour de bâton réactionnaire" incarné par Zemmour....
Derrière ces attaques, on trouve beaucoup d'hommes souvent venus d'un autre temps et nostalgiques de l'époque où ils pouvaient tranquillement dominer les femmes et moquer les Noirs. Ils ne supportent pas que les dominés s'expriment enfin. Tant que les violences faites aux femmes existent, le combat pour l'égalité est légitime.
Ces hommes qui critiquent le mouvement féministe ont des femmes, des soeurs, des mères, ils devraient être les premiers à comprendre. Je ne dis pas que tout le monde est obligé d'être d'accord, mais ces femmes qui se désolidarisent des luttes pour l'égalité, à défaut de soutenir le combat contre les violences, qu'au moins elles ne nous empêchent pas de mener le travail pour l'égalité. On ne leur en voudra pas quand demain elles en bénéficieront...
Que dit Eric Zemmour de la société française, de quoi est-il le symptôme ?
Du néant. Lui-même dit que c'est la baisse du niveau politique qui a permis sa percée médiatique du moment. Je me désole que le pays soit si malheureux. Les débats de société sont brouillons, il y a une absence d'espérance, de manque de maîtrise de la destinée du pays, le spasme est interminable, je pense que notre pays mérite mieux que ce qu'il est devenu. On a eu Donald Trump aux Etats-Unis et on a toujours Donald Trump. Les Républicains viennent de regagner la Virginie. Des Républicains anti-Trump abandonnent car ils savent qu'ils ne pourront pas être réélus sans lui. Ce n'était pas une parenthèse, les Américains savent le prix de ça, c'est l'attaque du 6 janvier sur le Congrès, les menaces sur la démocratie, j'espère que les Français réagiront à temps.
Maintenant, avec les réseaux sociaux, nul besoin d'attendre 10 ans pour que ce qui se passe aux USA traverse l'Atlantique pour arriver en Europe. J'ai envie de dire à la France : regardez comment tout cela va finir si nous ne faisons rien. La Boétie avait dit : "Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux." Le pouvoir n'est pas chez des gens comme Zemmour, il est en chaque Français.
Avez-vous encore une carte dans un parti politique français ?
Dans mon engagement politique, j'ai passé plus de temps sans carte qu'avec une carte. J'ai été adhérente de l'UMP de 2007 à 2010.
Quel regard portez-vous sur le congrès de votre ancienne famille politique ?
L'époque des grands fauves est révolue, certes... Là aussi, la confusion règne. On a voulu importer les primaires américaines. Sauf qu'ils n'ont pas très bien compris leur fonctionnement. Une vraie primaire, c'est un vote limité à des adhérents qui avaient déjà leur carte, pas ouvert à de nouveaux électeurs qui viennent d'on ne sait où pour troubler le jeu.
Mais je vais vous dire : la crise démocratique et de confiance est telle que si la droite est au second tour, elle a de sérieuses chances de gagner. Mais à condition qu'elle reste unie et qu'elle comprenne que son problème, c'est moins le président sortant que l'extrême droite et donc qu'elle s'en différencie de toute urgence.
J'ai fait partie de cette épopée extraordinaire de 2007, où un candidat mal aimé de sa famille politique au point qu'on lui prêtait un passeport américain - autant dire l'horreur !- mais qui avait 30 ans d'expérience politique et qui avait réussi par la grâce de son "sang mêlé" et sa puissance de conviction à être élu avec plus de 90 % des voix au cours d'un Congrès (limité aux adhérents de l'UMP !) survolté, s'offrant ainsi une entrée en campagne restée dans le annales. Je crois que ça devrait être cela la vraie primaire des LR. Qu'on laisse chacun mener campagne et que le meilleur gagne.
La France vous manque ?
Le pays me manque beaucoup. Être expatriée aux USA, c'est aussi courir les librairies et les boulangeries françaises, on fréquente le marché français de Georgetown où on a le plaisir d'entendre Edith Piaf chanter, c'est décalé et littéralement extraordinaire.
Quand je vais avec ma fille au playground, tant que je passe pour une africaine américaine, l'accueil est poli, mais dès qu'on apprend que je suis française tout change, donc je ne me sens jamais aussi française qu'à Washington ! Mais encore une fois, aimer la France c'est lui rappeler son humanisme. La France continue à rester une référence sur la scène internationale, la déception de nos interlocuteurs est de plus en plus grande mais il reste encore quelque chose de l'idéal français. C'est toutes ces histoires dont on vient de parler qui nous affaiblissent, et je regrette qu'on ne s'en rende pas compte.
Emmanuel Macron a pourtant tenté de faire un travail de pédagogie sur le modèle français notamment auprès de la presse américaine...
S'il n'a pas convaincu, c'est parce que ne s'agissait que de mots, d'explications défensives, là où l'on attendait une vision d'avenir, des solutions opérationnelles. Depuis, la fracture identitaire s'est refermée sur le pays. Avec Twitter et Youtube, la parole politique, fut-elle présidentielle, n'a plus la même force de conviction qu'avant. La réalité est tellement radicalisée : seuls les résultats comptent désormais.
MESSI DEVAIT FORCEMENT PARTIR DU BARCA
Parti au Paris Saint-Germain au terme de son contrat au FC Barcelone, Lionel Messi (34 ans, 8 matchs et 3 buts toutes compétitions cette saison) n’avait aucune chance de prolonger au sein de son club de toujours.
Parti au Paris Saint-Germain au terme de son contrat au FC Barcelone, Lionel Messi (34 ans, 8 matchs et 3 buts toutes compétitions cette saison) n’avait aucune chance de prolonger au sein de son club de toujours.
En effet, un proche de Joan Laporta a confirmé l’impossibilité de poursuivre avec l’attaquant argentin pour plusieurs raisons. "On voyait la fin de Messi arriver. Il fallait renouveler l’équipe et c’était impossible avec Messi.
Il a un âge où il ne peut plus être au Barça. Pour faire du Barça une équipe qui gagne, ça passe par un projet post Messi. Il fallait prendre une décision à un moment donné", a expliqué José Elias, proche du président Joan Laporta, dans Sport. "Messi ne pleurait pas parce qu’il quittait le Barça, c’était pour une accumulation de choses. Le cycle de Messi se terminait. Mais il avait fait sa vie à Barcelone et toute sa famille y était parfaitement intégrée. Le Barça avait des limites économiques et organisationnelles. Il y a trois raisons pour lesquelles il ne pouvait pas rester", a poursuivi le dirigeant barcelonais.
LUTTE CONTRE LE BANDITISME, LA SECURITE SE RENFORCE SUR LA PETITE COTE
Les populations de la Petite Côte ont la peur au ventre, à cause de la multiplication des attaques armées. Les événements récents, enregistrés à Sindia et à Sandiara, ont poussé les autorités hôtelières et sécuritaires à renforcer la surveillance
Les populations de la Petite Côte ont la peur au ventre, à cause de la multiplication des attaques armées. Les événements récents, enregistrés à Sindia et à Sandiara, ont poussé les autorités hôtelières et sécuritaires à renforcer la surveillance des différents sites qui pourraient être la cible des malfrats. En attendant, la gendarmerie poursuit sa chasse à l’homme pour démanteler le gang qui est à l’origine des dernières attaques.
Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – C’est une mutation : jusqu’ici, les hôtels, boîtes de nuit et restaurants étaient la cible des cambrioleurs au niveau de la Petite Côte. Mais, avec les récents braquages de la base de l’Usine chinoise, Cwe, et l’usine indienne, Solance batteries, ce sont les grandes entreprises qui sont visées par les malfaiteurs, qui ne cessent de repousser les limites de leur audace.
Après les derniers évènements, les Forces de défense sont sur les dents. Et la sécurité a été renforcée dans les zones qui abritent des investissements étrangers. Le niveau de vigilance a été relevé au niveau des hôtels. En plus des gendarmes clairement identifiés, visibles sur les routes, à l’entrée de Saly et devant les hôtels, d’autres circulent en civil. La Sapco, qui gère la station balnéaire de Saly, a aussi déployé du personnel de surveillance. Des hôteliers ont embauché des gardes privés, des détecteurs de métaux sont installés et des miroirs d’inspection de véhicules aussi.
Aujourd’hui, la stratégie sécuritaire de toute la zone a été repensée. Depuis les récents braquages, la peur semble changer de camp, car les pandores n’ont pas mis du temps à déclencher une chasse à l’homme. Après l’arrestation de tous les hommes habitant le village de Khokoma, dans la commune de Sindia, les gendarmes-enquêteurs ont établi que c’est la même bande qui est à l’origine de la série de braquages notée sur l’axe Dakar-Mbour, depuis dimanche soir. Les gendarmes poursuivent la traque des malfaiteurs. Si l’un des assaillants de l’usine indienne a été tuée et 9 membres du groupe ont été arrêtés, les gendarmes ont identifié tous les bandits en fuite et poursuivent la traque.
Cœur de l’industrie touristique et de la Zone économique spéciale, le département de Mbour abrite l’essentiel des investissements étrangers au Sénégal. Cette situation attire les grands bandits, qui commettent souvent leurs forfaits à bord de pick-up, avec des armes de pointe. Or, le Sénégal était longtemps épargné par ce grand banditisme, même si quelques coups survenaient de temps à temps. Mais, la fréquence des attaques inquiète au plus haut niveau des états-majors des appareils de sécurité. En 2021, presqu’une dizaine d’attaques ont été recensées dans la Petite Côte.
Les habitants de Fadial, situé à quelques kilomètres de Joal-Fadiouth, sont toujours traumatisés par l’attaque, qui a eu lieu le 19 avril 2021, lorsque des hommes en cagoule ont déparqué au niveau de l’hôtel Baobab Lodge de Fadial : bilan, 4 blessés dont une femme, une voiture et une importante somme d’argent ont été emportées par les assaillants.
Hausse des actes de délinquance
Le 1er juin 2021, l’hôtel Pierre de Lisse, située dans la commune de Popenguine-Ndayane, est attaqué par des bandits armés jusqu’aux dents. Comme dans un film, ils ont fait irruption en venant de la mer. Il est 3 h du matin. Alors que les clients étaient dans les bras de Morphée, ils font irruption dans l’hôtel, armés de machettes. Ils neutralisent les deux vigiles avant d’accéder aux chambres de l’hôtel. Dans l’une des chambres, ils surprennent un couple qui sera délesté de 790 mille F Cfa. Après leur forfait, ils sont repartis à bord d’un véhicule volé à un client, qu’ils ont abandonné à Saly.
Quelques semaines plus tard, le night-club Terang’Art de Saly sera mis sens-dessus-dessous. A bord d’un pick-up, les malfrats débarquent à 4 h du matin devant la discothèque. Face à la violence de l’attaque, les vigiles s’enfuient. Ils dépouillent les clients de leurs portables, argent, objets de valeur et vident la caisse du bar.
Après une période d’accalmie, les bandits vont reprendre leur jeu favori. Cette fois-ci, c’est l’hôtel La Médina de Saly qui a été pris pour cible par des hommes en cagoule, le 12 avril 2021. Muni de coupe-coupe, le gang fait irruption dans le réceptif, après avoir escaladé le mur de l’hôtel : un individu sera grièvement blessé, les assaillants vont emporter, dans leur fuite, la somme de 6 millions de F Cfa.
Quatre mois plus tard, les pandores, qui avaient réussi à installer la peur dans le camp de ces malfrats, seront surpris le 23 août 2021, lorsque le célèbre dispensaire catholique des sœurs de Gandigal, situé dans la commune de Sindia, fut le théâtre d’une attaque à mains armées par des malfrats, qui sont venus envahir les lieux.
Ce dispensaire, réputé pour la qualité des soins dispensés, est très fréquenté. Il est 3h du matin. Armés de gourdins, armes à feu et machettes, ils ont assailli les lieux pour commettre leur forfait. Mais, ils ont été surpris par la résistance du gardien. Mais, il sera rudement brutalisé par les bandits, va se retrouver avec les deux bras cassés et la tête entaillée sévèrement. Très affecté par ses sérieuses blessures, il a été, par la suite, acheminé au service des soins intensifs de l’Hôpital de Thiès.
Aujourd’hui, les braqueurs ont décidé de monter en puissance en s’attaquant à de grandes entreprises qui ont pignon sur la Zone économique spéciale.
LA MÉTHODE MBOW
Retour sur le siècle d'Amadou Mahtar Mbow à travers son enfance coloniale, sa passion pour l'histoire de l'Afrique, sa vocation pour l’enseignement, avec Lamine Sagna, Mamadou Diouf et Souleymane Bachir Diagne
Au son des archives de RFI, nous racontons le siècle d'Amadou Mahtar Mbow, né en 1921 à Dakar. Son enfance coloniale, sa formation à l’École coranique et à l’école française, sa passion familiale pour l'histoire de l'Afrique et ses grands résistants à l'Occupation française, sa vocation pour l’enseignement, et sa vision philosophique et politique de la libération des Africains.
Avec Lamine Sagna, sociologue et auteur du livre « Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter », aux éditions Karan et la participation des chercheurs de Columbia University ; Souleymane Bachir Diagne, philosophe et Mamadou Diouf, historien des idées.
FONK SUNNUY LAMIN POUR LA REVALORISATION DES LANGUES MATERNELLES
La vie et l’œuvre de l’écrivaine Mame yunus Dieng a été revisitée à la place du souvenir africain par l’association à travers des rencontres littéraires dénommées Penccum Mame yunus Dieng. L’objectif est de promouvoir les langues natio
La vie et l’œuvre de l’écrivaine Mame yunus DIENG a été revisitée à la place du souvenir africain par l’association Fonk sunnuy lammin à travers des rencontres littéraires dénommées Penccum Mame yunus DIENG. L’objectif est de promouvoir les langues nationales.
Ils sont linguistes, écrivains, historiens, éditeurs, bibliothécaires, brefs des militants engagés pour la promotion de la culture. A travers ces rencontres littéraires, dénommées « Pencum Mame Yunus Dieng » l’association «Fonk sunnuy lamign» et Goethe Institute veulent offrir aux acteurs du sous-secteur un cadre d’échanger et de partager sur les voies et moyens pour la revalorisation de la langue nationale.
L’ombre de Mame Yunus Dieng a plané tout au long de cette activité. Les témoignages sont unanimes. La marraine est décrite comme un porte-étendard du combat pour la promotion des langues nationales.
Faire de la langue maternelle, un moyen de production et de transmission de savoirs, l’ambition est noble et les défis sont grands. C’est pourquoi, l’association «Fonk sunnuy lamign» entend s’investir dans l’alphabétisation gratuite en woloff et dans les autres langues nationales. Elle compte également veiller à leur transcription normale dans les médias et les supports de communication.
AFFAIRE MISS SENEGAL, AMINA BADIANE DANS UN SALE DRAP
« Elle (Miss Sénégal 2020) n’a qu’à porter plainte contre celui qui l’a violée (...) On ne peut pas violer quelqu’un de majeur sans son consentement. Elle est majeure quand même », déclarait Amina Badiane lors d’une émission.
Emédia |
Cheikh Moussa Fall |
Publication 21/11/2021
« Elle (Miss Sénégal 2020) n’a qu’à porter plainte contre celui qui l’a violée (...) On ne peut pas violer quelqu’un de majeur sans son consentement. Elle est majeure quand même », déclarait Amina Badiane lors d’une émission. Cette déclaration de la présidente du concours Miss Sénégal a suscité une vague d’indignation. C’est ainsi que nous avons accroché un juriste pour avoir son avis sur l’apologie du viol. « Il est important surtout pour certaines personnalités qui peuvent incarner même des institutions d’éviter certaines déclarations.
L’apologie du viol c’est un écrit, un discours justifiant un acte réprimé par la loi. L’article 252 justement parle de l’apologie d’un crime ou d’un délit », explique Me Aboubacry Barro. L’article stipule : « seront punis d’un emprisonnement d’un à trois ans et d’une amende de 20.000 francs à 200.000 francs ceux qui par l’un des moyens annoncés par l’article 248 auront fait l’apologie d’un crime ou d’un délit ». L’article 248 parle des moyens de diffusion publique c’est-à-dire tout moyen destiné à atteindre le public comme la télévision, la radio et aujourd’hui l’internet. « Le parquet doit s’en occuper » Selon la robe noire, le viol c’est une absence de consentement.
« On peut violer une personne parce qu’au préalable on l’a trompé. Il y’a un dol, il y a eu la violence. La violence elle n’est pas forcément physique. Elle peut être une violence morale sous forme de chantage, de promesse. Une fille qui est en quête de titre consacrant Miss Sénégal si elle a certaines propositions et des contre propositions ça peut justement l’amener à accorder une faveur qu’elle ne voulait pas accorder », a-t-il soutenu.
Revenant sur la déclaration de la présidente du concours Miss, il a indiqué que cette déclaration est d’autant plus grave qu’elle émane de personne chargée de surveiller une personne qui est sous leur protection. « Ça peut être une circonstance aggravante venant d’une personne chargée de la sécurité, de la protection d’une fille qui est quand même vulnérable. Le Sénégal a ratifié des conventions de protection des personnes vulnérables. Par ailleurs, le parquet doit s’en occuper. Quand on parle de viol et d’apologie à un viol l’ordre public est atteint. A partir de ce moment, seul le procureur, la victime ou tous ceux qui se sentiront atteints par ces déclarations peuvent saisir la justice à travers une citation directe », a-t-il conclu.
WASSAKODÉ, AU VILLAGE DE LA DÉBROUILLE
Dans cette localité située à 2 km de Sinthiou Garba, dans la commune d’Ogo, les populations, composées essentiellement de peuls, de « maabos » et de « lawbés », ont très tôt pris leur destin en main pour s’offrir des services sociaux de base
Pour relier Wassakodé, une localité située dans la commune d’Ogo, il faut passer par Sinthiou Garba en empruntant une piste latéritique en direction du Diéri sur 2 km. Ce village qui s’appelait d’abord « Wassa » aurait été fondé en 1285 par Farba Souleymane Ndiaye. Ensuite, El Hadji Oumar Tall qui était de passage lui donna le nom de « Wassakodé » qui signifie « qui ne manque pas de boules de mil », en guise de reconnaissance pour l’hospitalité qui lui a été réservée. Le village compte aujourd’hui 4 200 habitants.
Wassakodé présente une architecture magnifique à voir. Les maisons et les villas qu’on y trouve offrent un décor plutôt splendide. En réalité, c’est un beau village. Une ambiance folle règne sur la rue principale du village. Les menuisiers métalliques dans leur besogne exercent une pollution sonore sur les passants. Les charretiers continuent de faire leur va-et-vient sans interruption. Les vendeuses de légumes devant leurs tables palabrent en attendant l’arrivée des clients. Ramata Ndiaye, teint noir et sourire aux lèvres, vend des légumes au marché. Cette activité lui permet de satisfaire ses besoins. Néanmoins, elle fait face à des difficultés liées à la cherté des légumes et à la rareté des clients. À quelques encablures du marché, Mamadou Sy, un jeune homme tient un atelier de couture. Ce dernier a eu la chance d’apprendre ce métier ici dans le village jusqu’à en avoir assimilé tous les rudiments. Aujourd’hui, il gagne sa vie grâce à cette activité car il arrive à subvenir à ses besoins.
Sur ce même chemin, nous avons rencontré Aliou Ndiaye, étudiant à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta Diop. Il vient de réussir le concours d’infirmier d’État. Ce natif de Wassakodé nous donne une lecture détaillée de la situation du village. Apparemment, Wassakodé n’a pas attendu l’État pour offrir aux siens des infrastructures telles que l’école, la case de santé et le marché. Aliou Ndiaye relate que ce sont les fils du village d’ici et de la diaspora qui ont pris leurs propres initiatives pour construire les premières salles de classe, avant que les autorités ne viennent prendre la relève. C’est le même effort fourni pour offrir aux enfants la case des tout-petits. Aussi, les populations ont mis à la disposition du personnel enseignant un logement social.
Les populations de Wassakodé se rendaient à Sinthiou Garba pour recevoir des soins de santé. Cette situation est jugée difficile pour les populations qui rencontrent des difficultés liées à l’accès aux soins de santé. C’est ainsi que le village s’est engagé à construire la case de santé qui n’a pas encore reçu de personnel de santé provenant de l’État. Par conséquent, les populations ont elles-mêmes décidé de prendre la charge de tout le personnel de santé travaillant dans la structure. Mais dans le long terme, le soutien de l’État est attendu par les populations.
Par ailleurs, ce natif du village égrène le chapelet de doléances de la localité. « L’accès à certains quartiers pendant la saison des pluies est difficile parce que le village est ceinturé par les eaux. La construction de pontons va certainement faciliter la circulation des personnes. En outre, la mosquée du village menace de s’effondrer car elle est dans un état de délabrement très avancé », avertit Aliou Ndiaye. À cet effet, les populations sollicitent le soutien de l’État pour la réfection du lieu de culte.
Wassakodé est aussi un village artisanal
L’artisanat est une activité très développée dans le village. En effet, les populations sont de véritables artisans excellant dans la poterie. Wassakodé doit sa réputation à cette activité traditionnelle. Trouvée dans l’enceinte de son atelier, Fayol Yéro Sy est tout joyeuse de nous raconter ce métier qu’elle a hérité de ses ancêtres. Elle vient de finir le moulage de son deuxième canari de la journée. « La poterie est un art qui se transmet de génération en génération chez nous », révèle-t-elle. Ici la poterie obéit à un rituel bien établi, d’après cette potière. Selon elle, il faut d’abord puiser la matière dans un « marigot » autorisé par les anciens comme celui situé dans le village d’Ogo à une dizaine de kilomètres. Ensuite, il faut une quantité importante de bouse de vache qui sera ensuite mélangée avec le banco. C’est tout un processus avant d’arriver au résultat final. « On dépense beaucoup d’argent dans la fabrication », se plaint-elle.
DIPLOMATIE, LES ETATS-UNIS PRETS A ASSISTER LE MALI MAIS A CONDITION
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a fait part, samedi, à Dakar, de la volonté de son pays de continuer à fournir une ‘’assistance’’ au Mali si un gouvernement émanant du choix démocratique des Maliens arrive au pouvoir.
Dakar, 20 nov (APS) – Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a fait part, samedi, à Dakar, de la volonté de son pays de continuer à fournir une ‘’assistance’’ au Mali si un gouvernement émanant du choix démocratique des Maliens arrive au pouvoir.
‘’Nous nous réjouissons d’agir comme il se doit pour pouvoir reprendre l’assistance dès que le gouvernement élu démocratiquement aura pris ses fonctions. Nous sommes disposés à soutenir le Mali, mais le Mali doit se remettre sur la voie de la transition, telle qu’elle a été déterminée par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest)’’, a-t-il déclaré.
Il donnait une conférence de presse, conjointement avec la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
En visite à Dakar, dernière étape d’une tournée africaine incluant le Kenya et le Nigeria aussi, Antony Blinken s’est entretenu avec Mme Sall avant que les deux ministres ne rencontrent la presse.
‘’Nous avons des préoccupations pour la stabilité du Mali (…) Nous sommes solidaires avec la CEDEAO pour l’organisation d’élections démocratiques, qui devraient se tenir d’ici à février prochain’’, a ajouté Blinken.
‘’Il s’agit des Maliens et de leurs aspirations en faveur de la démocratie, du développement et du respect des droits de l’homme’’, a-t-il précisé, laissant entendre qu’ils sont libres de choisir leurs dirigeants.
‘’Nous travaillons pour la transition démocratique au Mali’’, a ajouté le secrétaire d’Etat américain.