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12 août 2025
Par Abdoul Aly KANE
LE PÉTROLE, LE GAZ ET LES SÉNÉGALAIS
Nos réserves en ces hydrocarbures sont estimées à trois milliards de barils pour le pétrole, et environ 450 milliards de mètres cubes pour le gaz. Exit donc ce complexe de pauvreté vis à vis des pays pétroliers de la sous-région !
Le Conseil présidentiel qui s’est tenu le mardi 21 décembre sur le pétrole et le gaz annonce officiellement notre imminente entrée dans l’ère de l’exploitation de ces ressources stratégiques dont nous nous croyions inexorablement dépourvus, comparativement aux autres pays de la sous-région.
Nos réserves en ces hydrocarbures sont estimées à trois milliards de barils pour le pétrole, et environ 450 milliards de mètres cubes pour le gaz. Exit donc ce complexe de pauvreté vis à vis des pays pétroliers de la sous-région ! Le Sénégal économique était synonyme d’arachide en termes de richesse. Aujourd’hui, “Dieu a doté le Sénégal de toutes les richesses du sol et du sous-sol » disent certains, tandis que d’autres parlent de « malédiction ».
En toutes hypothèses, nous y sommes, et il appartient aux Sénégalais de faire de cette manne une promesse de vie meilleure à moyen et long terme. Le président de la République a annoncé à cette occasion un train de mesures organisationnelles faisant l’objet de divers projets de lois pour encadrer les opérations comptables, et de schémas d’utilisation des ressources financières attendues.
En substance, il y aura de nouvelles recettes qui seront affectées au budget général (pour 90 % des montants perçues) pour être dédiées, en partie, au financement de projets structurants dans les domaines de la santé, des infrastructures, de l’éducation et de l’agriculture, entre autres. Une autre partie sera réservée à l’achat de titres de placement sur le marché financier, dans le but de constituer une épargne longue au bénéfice des générations futures. Dix pour cent des recettes engrangées seront en effet placées dans un fonds intergénérationnel.
Un Fonds de stabilisation est également annoncé pour corriger les fluctuations des prix des hydrocarbures sur le marché international. Il nous est enfin annoncé qu’avec l’arrivée des premiers mètres cube de gaz et des premiers barils de pétrole, la croissance économique attendue par les autorités en 2023 est estimée à 13,6 %.
Rappelons d’emblée à ce propos que le Tchad a connu cette situation de passage d’une croissance à un chiffre à une croissance à la chinoise à deux chiffres, sauf que, contrairement au géant asiatique, cette croissance ne s’est pas inscrite dans la durée.
Attention au syndrome du pétrole tchadien !
Ce pays est entré dans l’ère de l’exploitation pétrolière en 2003/2004, et le taux de croissance du PIB, dopé par les investissements pétroliers, est passé de 11,3 % en 2003 à 31 % en 2004 !, en raison de l’accroissement des revenus de l’exploitation, pour retomber à des taux prévisionnels de 6,1 % en 2021 et 5 % en 2022.
Pour ce qui concerne notre pays, il devrait en aller de même : le FMI prévoit en effet pour 2023/2024, un pic de taux de croissance de 10 % avec le démarrage de la production pétrolière et gazière, avant de se stabiliser autour de 6 % à moyen terme. En effet, il est évident que l’effet « hausse » du taux de croissance sera fort dès la première année d’exploitation, et sera contenu dès la 2ème année puisque le différentiel de PIB sera redevenu normal.
En réalité, la problématique se rapporte à l’utilisation productive des revenus issus du pétrole et du gaz pour « booster » l’économie. En cela, le choix des investissements est un élément déterminant pour entrer dans un cycle de croissance vertueux. Les investissements d’infrastructures devraient, désormais, être davantage corrélés aux projets marchands qui leur sont adossés.
Ces projets marchands doivent être suffisamment rentables pour contribuer au remboursement de la dette qui a permis le financement des infrastructures structurantes. C’est pour dire que l’ère des infrastructures visibles à l’œil nu et porteuses de réélection doit céder la place à des infrastructures moins visibles mais porteurs de rentabilité et de croissance économique.
Les infrastructures de transport réalisées jusque-là n’ont pas permis de résoudre la question de la mobilité urbaine génératrice de pertes en heures de travail et de ralentissement du commerce. La problématique de la gestion de la dette future qu’on voit venir avec la stratégie de désendettement adossée aux revenus du pétrole et du gaz, pose le problème de l’efficience des investissements réalisés jusque-là dans le cadre du PSE. Des investissements qui auraient dû générer les «cash-flow » à affecter au remboursement d’emprunts.
C’est d’ailleurs ce que le FMI, dans un langage ampoulé, appelle « efficience des dépenses d’investissements ».
La problématique des recettes prévisionnelles provenant de l’exploitation du pétrole et du gaz se pose également. Les 700 milliards annoncés nous semblent quelque peu insuffisants à priori. A titre indicatif, ceux-ci représentent environ 50 % des transferts effectués par nos compatriotes émigrés (environ 2 milliards d’euros par an), ou alors à peu près 22 % du total des recettes internes prévisionnelles de 2022, estimées à 3165 milliards de FCFA, ce qui ne nous semble pas en mesure de bouleverser fondamentalement la situation des comptes publics.
Et si, d’aventure, ce surcroît de ressources financières pétrole/gaz devait être pour partie affecté à la restructuration de la dette dans le souci d’aménager les conditions d’un endettement ultérieur plus large, comme semblent le suggérer les propos du ministre chargé des Finances, l’effet de ce surplus de recettes serait davantage porteur d’un endettement plus lourd. Ce alors même qu’il est attendu, dans la phase actuelle du PSE, l’arrivée d’investissement privés.
L’annonce de l’exploitation de ces ressources minérales intervient dans un contexte particulier tant au plan intérieur que sur le plan international. Au plan international on invoque souvent la malédiction du pétrole pour parler des situations d’instabilité et de précarité vécues par les pays africains dotés de cette ressource.
Dans la sous-région, l’instabilité permanente du Nigeria qui culmine aujourd’hui avec les exactions de Bokko Haram sur les populations n’est pas sans rapport avec son statut de premier pays pétrolier d’Afrique. Le peuple sénégalais, peuple avisé, considérant la paix comme la véritable richesse des peuples, reste sur ses gardes quant à la gestion vertueuse, prudente et préservatrice de la paix sociale de cette manne inespérée devant provenir de notre pétrole et de notre gaz.
Les Sénégalais n’ont pas jubilé à l’annonce des 700 milliards supplémentaires par an !
La preuve en est qu’aucune manifestation de joie ou de liesse ne suit encore les déclarations officielles et autres annonces augurant l’entrée dans une ère de prospérité partagée comme ce fût le cas en Libye ou dans les pays du Golfe lorsque ces ressources minérales ont été mises en exploitation. Nous sommes dans une période où la soustraction systématique de ressources publiques par des gestionnaires irresponsables et sans scrupules, voire kleptomanes, assurés de bénéficier d’une inexplicable impunité, et profitant aussi de lassitude de corps de contrôle devenus inopérants, cette soustraction, donc, a rendu les populations blasées. Dans l’affaire du pétrole, l’antécédent de la tumultueuse affaire Franck Timis impliquant Aliou Sall, frère du président de la République, a laissé des traces qui ont entamé la confiance populaire. À la limite, il ne serait pas totalement faux de dire que de ce pétrole et de ce gaz, les Sénégalais, peu certains d’en bénéficier des retombées, et craignant l’ingérence de prédateurs spécialistes de la déstabilisation politique et sociale, se méfient quelque peu. L’ancien président de la République, Maître Abdoulaye Wade, disait lui-même ne pas vouloir de ce type de ressources, en ce qu’elles étaient sources de conflit, mais également pour leur propension à évincer d’autres secteurs économiques sources de croissance.
On sait qu’au Nigéria, les revenus du pétrole et du gaz représentent environ 50 % des recettes du gouvernement fédéral et plus de 90 % des recettes d’exportation.
Pour en revenir au Conseil présidentiel sur la valorisation des recettes tirées de l’exploitation de nos ressources hydrauliques, il s’est tenu, sans surprise d’ailleurs, en l’absence de l’opposition radicale.
La responsabilité en incombe principalement au pouvoir et accessoirement à l’opposition. Pour commencer par cette dernière, notre pays a vécu l’expérience de compromis « historiques » ayant conduit Me WADE, Dansokho, Bathily et d’autres personnalités à l’intégrité indiscutable à collaborer avec Abdou Diouf, sans pour autant renier leurs convictions.
Loin d’être un appel de ma part à rejoindre un gouvernement (à quel titre le pourrais-je d’ailleurs), ceci serait plutôt un appel au débat pacifique lorsque les questions engagent le pays tout entier.
A l’opposé, des actes forts doivent être posés par le pouvoir actuel, dont les propos et les actes tendant à « réduire l’opposition à sa plus simple expression » ont largement réduit la crédibilité de toute tentative de recherche du « consensuel » sur les questions qui interpellent la nation.
Comment convier l’opposition la table des négociations sans sanctionner les détournements donnant l’impression d’un manque de contrôle voulu au sommet de l’Etat, sans régler les questions de fichier électoral, des droits de l’opposition à manifester etc. ?
Encore faudrait-il que cesse la politique de la carotte et du bâton, la politique de l’épée de Damoclès mise en œuvre par le pouvoir actuel pour éliminer politiquement l’opposition radicale. Le temps est venu de pacifier l’espace politique. Le tout-répressif montre de jour en jour son inutilité pour réduire la contestation. Tous les leaders politiques actuels ont goûté à la prison et nombre d’entre eux projettent de réserver le même sort à ceux-là qui les ont embastillés, lorsque le moment sera venu.
Tout cela est improductif, voire stérile pour le pays ! Tout ce qui engage le pays à long terme doit faire l’objet de consensus. Pour le reste, laissons les urnes dire leur vérité en toute démocratie. La gestion des revenus du pétrole et, d’une manière générale, tout ce qui touche aux fondamentaux économiques, sociaux et sociétaux, mériterait que des espaces de consensus soient dégagés pour faire avancer l’économie par l’accroissement des richesses et leur équitable répartition au profit des couches les plus vulnérables, et préserver la paix sociale.
L’impact de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières doit être apprécié en toute sérénité, et contextualisé dans le cadre du PSE du président Macky SALL.
Un secteur privé national en panne
Le FMI, lors de la mission effectuée du 22 octobre au 20 novembre dernier, a attiré l’attention sur les freins empêchant l’entrée en jeu du secteur privé, en particulier : « le manque d’accès à l’énergie et son coût élevé, le manque d’accès au crédit, la faible efficience des investissements publics, l’insuffisance de capital humain… ».
Faute de réaliser ces réformes, en particulier celle relative à l’accès au crédit, il serait illusoire à notre avis de compter sur le secteur privé national présenté pourtant comme devant être le vecteur des investissements marchands dans cette 2ème phase du PSE.
En effet, en matière de réorganisation institutionnelle du crédit en faveur du développement des PME, et comme nous l’avons souvent évoqué, beaucoup reste à faire.
En conclusion, la gestion du pétrole et du gaz appelle de nouveaux comportements. La liberté prise par les gestionnaires d’utiliser les ressources publiques à leur profit personnel doit cesser. Pour cela il faudrait déterminer les raisons de ces détournements et déconstruire le système. Voracité de certains Sénégalais mise à part, c’est l’art de faire la politique qu’il faut changer dans notre pays.
A notre sens, c’est la priorisation des ambitions politiques et des positions de pouvoir qui expliquent pour une bonne part ce type de comportement qui perdure. Lier la nomination aux postes stratégiques à la collecte de suffrages électoraux et laisser croire que l’échec électoral et la perte de poste de responsabilité vont de pair, ces deux choses ont ouvert la boîte de Pandore. A partir du moment où le comportement délictueux voire criminel n’est pas sanctionné à suffisance, les concernés prennent cela comme un accord tacite de la part du parti et de son premier responsable, qui porte en même temps la casquette de Chef de l’Etat.
La règle doit être de déconnecter la fonction politique de la gestion des deniers publics, et de rendre le gestionnaire comptable de ses actes pour pouvoir le sanctionner à la hauteur de la faute commise, quel que soit son niveau de responsabilité politique. Enfin, les populations pauvres considérées comme du bétail électoral entre les mains de politiciens et de notables systématiquement alignés sur le parti au pouvoir, ne sont pas en reste. La pauvreté plonge les populations dans les bras de ces politiciens corrupteurs, évoluant dans les sphères de l’Etat et soucieux de jouir à souhait des avantages de leurs postes. Là où les hommes politiques mettent en avant le développement local, eux sortent les billets de banque, ce qui souvent met fin au débat programmatique.
L’architecture à déconstruire va en réalité jusqu’à la limitation du mandat d’un Président Tout Puissant à un seul mandat, pour qu’il puisse échapper à la tentation de rempiler pour soit disant « achever ses travaux » et maintenir tout un système de prédation dont il serait en définitive le seul comptable à l’heure de la reddition des comptes.
CARITAS SÉNÉGAL LÂCHE SES PAUVRES FIDÈLES EN PLEIN…NOEL
L’église catholique face à la crise alimentaire et sanitaire - Premier triste constat, le porte-monnaie des Sénégalais n’est pas à la fête !
Dans quelques heures, beaucoup de familles chrétiennes fêteront Noël dans l’extrême pauvreté économique et dans la profonde tristesse sociale. Caritas Sénégal, qui est la branche caritative de l’Eglise catholique est confrontée à une crise alimentaire, pandémique et économique, faute de mécènes, de bailleurs et de donateurs. Et au lieu voler au secours des plus démunis, c’est elle-même qui crie au secours et en appelle au bon cœur des donateurs ! Au finish, cette institution d’assistance sociale a fini par lâcher ses pauvres fidèles en pleine fête de Noël. Le Témoin a enquêté…
Premier triste constat, le porte-monnaie des Sénégalais n’est pas à la fête ! En temps normal, déjà, la plupart des familles chrétiennes vulnérables, qui peinent à joindre les deux bouts, le mois de décembre constitue un véritable casse-tête supplémentaire. Aux tracasseries liées à l’alimentation, aux frais de scolarité, aux loyers, aux factures d’eau et d’électricité etc. s’ajoutent en effet le souci d’acheter des cadeaux pour les enfants et celui de trouver, si possible, un cochon pour passer la fête en beauté. Hélas, la flambée des prix de produits alimentaires sur fond de crise sanitaire a fait basculer plusieurs ménages chrétiens dans l’extrême pauvreté.
Dans certains quartiers dakarois à forte population chrétienne comme Grand-Yoff, Thiaroye Azur, Guédiawaye, Keur Massar et Sicap Karack, nombreux sont les foyers défavorisés qui vont réveillonner dans la misère et les privations. Vivant en Espagne, le jeune rappeur-producteur sénégalais Raymond Gomis alias « 100 Arme » est à Dakar pour y passer les fêtes de fin d’année. Domicilié à Grand-Dakar, « 100 Arme » se dit peiné et attristé par la pauvreté qui frappe les Sénégalais. Et surtout ses amis et parents catholiques en cette période de Noël « J’ai acheté des porcs pour faire une opération « tong-tong » en faveur de mes parents et amis qui me sollicitent de partout ! Alors qu’en temps normal, chaque famille chrétienne devait acheter elle-même un porc dont les prix varient entre 30.000 cfa et 75.000 cfa. Donc si un père ou une mère de famille n’arrive plus à se payer un porc à 30.000 cfa, c’est parce que la majorité écrasante des Sénégalais ont atteint l’extrême pauvreté ici à Grand-Yoff comme partout en Casamance, Fatick, Mbour, Sédhiou, Saint Louis où j’ai des parents chrétiens. Depuis mon arrivée à Dakar, je me dis qu’un jour cette bombe sociale va faire exploser le Sénégal car les gens sont très fatigués !
Au moment où je vous parle, je viens d’offrir deux poulets et un kilo de viande de porc à une tante pour qu’elle passe une bonne fête de Noël avec famille » s’offusque Raymond Gomis alias « 100 Armes » très connu de la communauté sénégalaise d’Espagne. Des Prêtres fauchés… Autres temps, autres mœurs ! Comme quoi, le Sénégal est loin des années Senghor où Noël se fêtait avec faste. Un temps où les repas collectifs de Noël, bien arrosés, servaient à satisfaire les besoins de base, où être ensemble était plus important que le montant du cadeau offert. Sans oublier les soirées dansantes qui faisaient vibrer des quartiers entiers. Aujourd’hui, plus rien de tout cela ! Caritas Sénégal, qui est la branche caritative de l’Eglise catholique, n’est plus en mesure d’aider ses fidèles pauvres en cette période de Noël.
Confrontée à une crise économique, alimentaire et sanitaire, Caritas Sénégal n’arrive plus à secours les populations chrétiennes défavorisées puisque elle cherche, elle-même, secours ! Selon Mme Elisabeth Tine, originaire de Lam-Lam (Thiès), jusqu’aux années 90, ce sont les prêtes italiens de la paroisse Saint Pierre Julien Eymar de Koudiadiène qui aidaient les populations à fêter Noël « Ces prêtres étrangers nous distribuaient des produits alimentaires, des habits et des enveloppes financières à chaque veille de Noel. Et depuis que les « toubabs » sont partis et remplacés par des « laabés » (abbés) sénégalais, nous vivons dans la misère et la pauvreté en période de Noël. Parce que les abbés sénégalais officiant dans notre paroisse sont plus fauchés que les fidèles » se désole cette pauvre catholique sérère jointe par « Le Témoin ».
Il est vrai que si les populations de la communauté chrétienne n’ont pas la culture de la mendicité, c’est grâce à Caritas Sénégal. S’inspirant des principes de solidarité catholiques, cette institution universelle d’assistance sociale est considérée comme la main secourable de l’Église puisqu’elle soutient les personnes pauvres, vulnérables et marginalisées dans tous les domaines. Très proche de Caritas Sénégal, Charles Faye, homme d’affaires originaire de Lehar Pambal (Tivaouane), reconnait la profonde crise à laquelle est confrontée cette branche secourable de l’Eglise catholique et explique : « Il est vrai que Caritas Sénégal a toujours aidé et assisté les plus démunis. Surtout à l’époque où les responsables étaient des Italiens, Français etc. qui avaient de fortes relations sur le plan international pour capter des dons afin de les acheminer vers le Sénégal. Aujourd’hui, Caritas Sénégal est dirigée par des Sénégalais dont la majorité sont des musulmans. Oui, des musulmans ! Juste pour dire que Caritas Sénégal n’est plus l’affaire des chrétiens ou des musulmans, mais des Sénégalais dans leur ensemble. Malheureusement, les bailleurs étrangers, les Ong et les généreux donateurs du monde n’aident plus Caritas Sénégal. Face à cette situation, ce sont des Sénégalais comme vous et moi qui cotisent pour Caritas Sénégal » dit-il.
Et notre interlocuteur de fustiger le fait que l’Etat du Sénégal n’aide pas Caritas Sénégal qui est en situation de détresse sociale et économique. « Et si le gouvernement avait confié l'aide alimentaire d'urgence du Covid 19 et les fonds à Caritas Sénégal et ses antennes implantées dans chaque localité, tous les Sénégalais seraient servis. Car, en matière de partage, de solidarité et de distribution équitable, Caritas est le leader mondial » ajoute Charles Faye, propriétaire des «Boutiques-Palene» avant de regretter le fait que Caritas ne parvienne plus à assister en cette période de Noël les sénégalais, et les sénégalais chrétiens en particulier. Une chose est sûre, le secouriste a aujourd’hui besoin d’être secouru.
our preuve, l’Eglise catholique, par le biais de Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, avait lancé une campagne de collecte de fonds pour Caritas Sénégal durant le mois de carême. « En nous évêques du Sénégal, de différents diocèses, nous sommes attentifs à la situation de précarité que connaissent nos populations. Nous voulons créer un élan de solidarité en interne. N’attendant pas seulement le secours venant d’ailleurs, mais étant capables nous-mêmes de nous mobiliser pour partager avec celui qui est dans le besoin » prêchait l’archevêque de Dakar. Depuis lors, pratiquement rien n’a changé !
Les fidèles ne se sont pas montrés généreux — sans doute n’ont-ils plus les moyens pour cela — et le denier du culte n’est plus ce qu’il était. Tout de même, plusieurs personnes de bonne volonté s’étaient manifestées pour cotiser et secourir Caritas Sénégal qui, à son tour, devait secourir les personnes démunies. Un paradoxe qui découle d’une très forte demande sociale qui dépasse de très loin les maigres moyens de cette organisation caritative.
Pour preuve, à quelques heures de Noel, Caritas Sénégal a lâché ses pauvres fidèles puisqu’elle est, elle-même, lâchée par les Ongs et les richissimes donateurs institutionnels à cause d’une profonde crise qui frappe le monde entier. Les fidèles se consoleront puisque, à la manière des vaches qui regardent passer le train, ils verront bientôt le TER rouler. Et pourront rêver avec beaucoup d’espoir aux 700 milliards supplémentaires que le Sénégal va gagner à partir de 2023 lorsque commencera l’exploitation de son pétrole et de son gaz. Joyeux Noël, Alléluia !
LA SOCIÉTÉ LOCAFRIQUE EST DANS SON DROIT MAIS…
Poursuivie pour abus de minorité par la Sar et Petrosen
Pour avoir seulement demandé une gestion rigoureuse et transparente à la SAR (Société africaine de raffinage) et avoir réclamé une plus grande implication de l’Assemblée générale des actionnaires dans la prise de décisions majeures, la société Locafrique, qui possède pourtant 34 % des actions de cette société, a été attraite à la barre du tribunal du commerce pour « abus de minorité ».
Une procédure très curieuse qui fera jurisprudence. Selon un avocat que Le Témoin a interrogé, c’est la première fois en trente ans de barreau qu’il voit une société poursuivie par d’autres actionnaires pour « abus de minorité ».
Il s’agit pourtant d’une procédure légale mais ici, cela ressemble plutôt à un « abus de procédure » ou à tout le moins un « abus de majorité » de la part de la SAR et de Petrosen qui souhaitent une recapitalisation de la société de raffinage.
Les deux entités, qui appartiennent en majorité à l’Etat du Sénégal, ont voulu tordre la main aux actionnaires privés en leur imposant une recapitalisation sans leur donner des explications claires et satisfaisantes. Sur ce, Locafrique a exigé que cette question soit examinée par l’Assemblée générale des actionnaires alors que la SAR et Petrosen avaient entrepris de prendre une décision unilatérale qui serait imposée aux actionnaires privés. Locafrique a finalement obtenu gain de cause car, le 1er décembre 2021, l’Assemblée générale extraordinaire s’est réunie pour statuer et prendre une décision collective sur les modalités de la recapitalisation.
Lors de cette rencontre, Locafrique a souhaité un débat sur un procédé plus rapide et plus efficace, selon elle, en tout cas dans l’intérêt de la SAR. Ses représentants ont expliqué les avantages de procéder à une réévaluation libre des actifs, le tout en relation avec des éléments nouveaux portés à sa connaissance. Ce débat n’a pas pu avoir lieu et les arguments de Locafrique SA n’ont pas pu être expliqués à l’Assemblée générale de ce 1er décembre 2021, parce que ses représentants ont été priés, à leur grande surprise, de voter pour ou contre la résolution suite à l’intervention du représentant de l’État.
La démarche de Locafrique visait à instaurer un débat exhaustif sur les avantages de la réévaluation libre des actifs et, à en croire ses responsables, il ne s’agissait nullement d’entraver les intérêts de la SAR. L’essentiel pour Locafrique était d’obtenir le maximum d’informations à fournir aux actionnaires, à la société et aux autorités étatiques dans le cadre d’une Assemblée générale extraordinaire où les questions relatives à la Sar devaient être débattues librement entre actionnaires.
N’ayant pas pu exposer librement et plus amplement ses positions tout en étant sommée de voter sans débats la résolution proposée à l’ordre du jour, Locafrique a exprimé son opposition par un vote négatif. Ce qui a attiré les foudres des représentants de l’Etat, par le biais de la direction générale de la SAR et de Petrosen, qui ont décidé de porter l’affaire devant les juges.
Pourtant, avec un déficit de 59 milliards et des pertes commerciales — surtout dues à des frais financiers — de quelque 36 milliards, la SAR a bel et bien besoin de trouver de l’argent frais. Cela, aucun actionnaire ne le conteste. Mais doit-elle imposer à ses actionnaires de mettre la main à la poche pour combler ce déficit, poursuivre ses activités sans risque et procéder à de nouveaux investissements ?
Selon certains actionnaires, une des solutions consisterait à hypothéquer auprès des banques (ou à revendre à des tiers) un terrain de 92 ha qui est la propriété de la SAR et d’autres propriétés de l’entreprise qui ne génèrent pas de profit. Une vente ou une hypothèque qui supposent, auparavant, une réévaluation le terrain en question et des autres possessions de la SAR.
A ce sujet, Le Témoin est allé à la rencontre d’un spécialiste des questions pétrolières qui connaît parfaitement les problèmes de la SAR mais qui, comme de bien entendu, a requis l’anonymat. Voici en gros ce qu’il en dit : « La SAR a besoin d’argent frais (cash) pour financer ses investissements et son activité.
Réévaluer le terrain de 92 ha n’apportera pas de cash à l’entreprise. La réévaluation des actifs obéit à des règles précises. Une réévaluation des actifs des entreprises a été mise en œuvre par les entreprises au lendemain de la dévaluation du franc CFA en 1994. Cette réévaluation des actifs a été organisée en relation avec les administrations concernées (ministère de l’Economie et des Finances) et des coefficients avaient été définis et appliqués qui tenaient compte de la nature des actifs. Bien sûr cela remonte à loin (27 ans…) mais il est vital que les entreprises industrielles et commerciales aient une politique d’archivage rigoureuse et scientifique.
Les archives constituent la mémoire des entreprises et une mémoire doit être protégée. Lorsque les historiens écriront « l’histoire des entreprises stratégiques » ils devront consulter les archives de ces entreprises et interroger ainsi leur mémoire ». Cela tombe sous le sens mais cela donne aussi de la crédibilité aux arguments de Locafrique qui propose une réévaluation de tous les actifs de la SAR. Naturellement cela prendra beaucoup de temps car les procédures ne sont pas simples, mais cela aura au moins l’avantage de se faire une idée sur la valeur du patrimoine de la SAR et de trouver les solutions les plus adaptées.
Et notre interlocuteur de rappeler qu’une loi existe en matière d’archivage et que notre pays dispose d’hommes bien formés dans ce domaine par l’EBAD (Ecole nationale des bibliothécaires et archivistes de Dakar) qui est un institut universitaire. L’EBAD n’a pas été créée seulement pour l’administration mais aussi pour servir les entreprises et la recherche.
Pour finir, notre interlocuteur ajoute cependant ceci : « Pour hypothéquer le terrain de la SAR auprès d’une banque et obtenir le cash, il y aura d’autres garanties exigées par les banques et le processus sera d’autant plus long ». Surtout, ajoute notre interlocuteur, il faudra avant tout connaître le statut juridique du terrain et tenir compte de la fiscalité à appliquer en cas de réévaluation des actifs. Ce qui ne sera pas une mince affaire en l’absence de données archivées. Autant dire que ce n’est pas demain la veille que la SAR va sortir de l’auberge.
En fait, Manar Sall, le patron de Petrosen Holding, et Mme Mariama Ndoye Decraene, la directrice générale de la Société Africaine de Raffinage (SAR) ont dû penser à juste titre que Khadim Ba, le propriétaire de Locafrique, faisait du dilatoire et se moquait de leur gueule en proposant de procéder à une réévaluation des actifs (notamment fonciers) de l’entreprise — un processus qui peut prendre des mois voire des années — alors que la SAR a un besoin vital et urgent d’argent frais. Une injection massive de capitaux sans laquelle l’entreprise risque de couler. Ou, à tout le moins, de ne plus pouvoir procéder à des importations de pétrole brut et de gaz butane. Pour moins que ça, des émeutes ont éclaté dans le pays !
LES RENDEZ-VOUS RATÉS DU TER
Espérons que cette date du 27 décembre sera enfin la bonne et que le Ter ne va pas encore poser un lapin aux Sénégalais !
Prévu fin 2018, puis début 2019, repoussé en avril 2020, annoncé ensuite pour le premier semestre 2021, puis ce 24 décembre, le Train Express Régional (TER) de Macky Sall, qui en avait fait l’un de ses projets phares dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE), sera finalement calé pour ce lundi 27 décembre prochain. Enfin, l’épine qui était sous le pied de Macky Sall va être enlevée...
Lancé en décembre 2016, le Train Express régional (Ter) devait être opérationnel 25 mois après. Plusieurs dates de mise en service avaient été annoncées par le Gouvernement dans le passé mais sans jamais avoir été respectés. La dernière date retenue était fin novembre 2020 puis au premier semestre de cette année 2021. « Après une évaluation des travaux réalisés à 95 %. » Le 14 janvier 2017 résonnait le premier coup de pioche des travaux du Train express régional (TER) sénégalais. Le président Macky Sall avait promis, très sûr de lui, que le 14 janvier 2019, il serait de nouveau rassemblé avec ceux avec qui il était ce jour-là pour l’inauguration de ce moyen de transport de masse ultramoderne. Quitte à faire rire, jaune, les réalisateurs du projet. Effectivement, pourtant, le lundi 14 janvier 2019 un wagon (vous avez bien lu !) a roulé sur 36 kilomètres entre Diamniadio et Dakar avec, à son bord, une délégation de ministres, de représentants d’entreprises impliquées dans les travaux et de partenaires financiers. À la barre, un président toujours aussi sûr et « fier » de ce premier projet ferroviaire du Sénégal indépendant. Seule la première phase du projet avait été réceptionnée, entre Diamniadio, la ville nouvelle située à 30 kilomètres du centre de Dakar, et la gare rafraîchie de la capitale… Le passage… à 30 km/h du TER dans le paysage de la presqu’île du Cap Vert, sans mur de sécurité autour des voies et sans passerelle pour permettre aux habitants de les traverser avec le maximum de sécurité, rappelle quelque peu un autre spectacle, sept ans plus tôt. Le 23 février 2012, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le président Abdoulaye Wade avait tenu à « inaugurer » l’aéroport Blaise Diagne, l’un de ses plus grands projets. Il avait atterri sur un tarmac à peine terminé, encore entouré de talus de terre. Les bâtiments de l’aéroport n’étaient alors qu’à l’état de squelettes. Les accusations de calcul politique n’avaient pas manqué. Finalement, l’AIBD n’était devenu opérationnel que six ans plus tard. Qu’en est-il du TER ? « Il sera mis en service dans quelques mois », avait promis le président qui était en précampagne électorale pour un second mandat, l’élection présidentielle devant avoir lieu un peu plus d’un mois plus tard. Une réponse qui était apparue à l’époque comme imprécise et floue pour nombre d’observateurs. Tout le monde avait compris que cette « inauguration » au forceps obéissait à l’impératif de présenter un bilan comparable à celui de Wade en matière d’infrastructures pour la présidentielle de février 2019.
Encore 2020...
Inauguré en grande pompe le 14 janvier 2019, pour les besoins de la campagne électorale de Macky Sall, qui avait demandé aux usagers de patienter encore six mois pour son entrée en service effective, le Train Express régional ne devait finalement rouler…qu’au début de l’année 2020, nouveau délai. L’annonce avait été faite par Oumar Youm, alors ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, chargé du Réseau ferroviaire au moment des faits. En effet, le gouvernement, qui était déjà asphyxié par une dette intérieure qui dépassait 1000 milliards de francs CFA, n’arrivait pas à réunir les 60 milliards de FCFA qu’il devait au consortium des entreprises engagées dans les travaux pour continuer ceux-ci. Pire encore, reconnaissait Oumar Youm dans une interview accordée à la chaîne TFM, « il y a une dette d’une vingtaine de milliards vis-à-vis des fournisseurs du TER et de 5 milliards dues aux populations impactées par les travaux ». La plupart de ces entreprises avaient été contraintes d’ailleurs de mettre leurs employés au chômage technique, ou de les affecter sur d’autres chantiers. L’unique partie du projet, qui était définitivement opérationnelle, était l’ancienne gare ferroviaire de Dakar réhabilitée dans le respect de son architecture patrimoniale pour les besoins du TER. Toutefois, lors de sa visite, le samedi 15 juin, soutenait-on paradoxalement au niveau de l’APIX, maitre d’œuvre des chantiers du TER, le président Macky Sall a annoncé que l’Etat préparait le chantier à sa «certification». Le chef de l’Etat aurait pris cette décision après avoir visité « les sites fonctionnels, le parc de matériel roulant, la plateforme des services de la gare, les ouvrages de franchissement et hydrauliques, et la station de traction électrique ». Une visite des chantiers avait toutefois permis de constater que les travaux étaient à l’arrêt sur la quasi-totalité du projet du TER. A titre d’exemple, ils n’avaient toujours pas débuté sur le site de la nouvelle gare de Thiaroye tandis que les ponts situés sur l’axe Rufisque-Bargny, déjà ouverts à la circulation, étaient dégradés. Le président Macky Sall avait profité de l’occasion pour promettre aux chefs d’entreprises présents lors de sa visite des chantiers qu’ils seraient payés. Sans préciser les délais…
« Premier semestre 2021 », « 24 décembre » puis 27 décembre...
Naturellement, le rendez-vous de 2020 fixé par l’alors ministre Oumar Youm n’a pas été respecté. Un nouveau rendez-vous avait été fixé aux Sénégalais pour le premier semestre 2021 hélas. Après ce nouveau lapin posé, Mansour Faye, devenu ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement entretemps, avait promis-juré que le train du TER roulerait et entrerait en gare de Diamniadio en septembre 2021. Nouveau lapin ! Finalement, on nous a dit que le Père Noël l’offrirait comme cadeau aux Sénégalais ce 24 décembre 2021. Bien que les travaux fussent effectivement prêts à cette nouvelle date, le président de la République a demandé de différer le lancement en grande pompe de trois jours. Ce sera donc finalement pour lundi prochain 27 décembre 2021. Une décision prise par Macky Sall qui veut, selon ses communicants, donner un cachet symbolique et populaire à l’évènement. Il aurait justifié ce report par le fait que le 24 décembre coïncide avec un vendredi et les fêtes de Noël. « Les gens seront occupés par les fêtes et c’est la raison pour laquelle, il a demandé au ministre des Infrastructures, Mansour Faye, et à l’Apix de décaler l’inauguration du TER au 27 décembre prochain. Ce n’est donc que partie remise, car tout est en place pour l’exploitation du TER. Tout ce qui est plateforme ferroviaire est livré à 100 %. Présentement les essais se poursuivent », indiquaient les collaborateurs du Président. Espérons que cette date du 27 décembre sera enfin la bonne et que le Ter ne va pas encore poser un lapin aux Sénégalais !
Par Moussa KAMARA
DANSE POLITISÉE
Une bonne Sénégalaise sait forcément danser, mal ou bien, première ou simple dame, qu’importe. Et Teyeukh !
Faudra bien revenir sur cette vidéo divulguant le ‘’teuyeux’’ de la Première Dame. La première véritable Sénégalaise au Palais. Ses contempteurs ont dénoncé une danse canaille ou obscène quand moi je n’ai vu qu’une compatriote envoutée par les rythmes endiablés et qui se laisser aller.
Quand il s’agit du couple présidentiel, tout est épié et commenté avec véhémence, avec impertinence. Nos danses traditionnelles, très sensuelles, sont loin d’être pudibondes. Certains spectateurs du sexe male en raffolent comme des kaccors qui ne s’en cachent pas. Des quatre présidents, seul Macky Sall nous a présenté une Sénégalaise bon teint, bon chic et bon genre. On en rêvait et on l’a eue. Et on continue de faire des chichis pour une danse qui n’a duré que quelques secondes sous une tente et sans garde de corps.
Quand on m’a envoyé la vidéo pour me suggérer de commenter, je ne l’ai fait et à dessein que le surlendemain avec un post aux antipodes de ce qu’on espérait. Y’en a qui avaient critiqué amèrement ses ballerines et son sac Luis Vuitton par simple méchanceté je trouve car qui offre des millions à certains de ses concitoyens n’en ferait pas moins avec sa propre personne ! Parce que son mari est le Boss ! Au-delà des militants de l’APR qui applaudissent toutes les ‘’frasques’’ du couple présidentiel, il faut reconnaitre à la bonne dame une aura de sympathie qui dépasse les frontières de la politique. Pourquoi pensez-vous qu’il y ait autant de candidats à la présidence de la République ?
Etre la clé de voute des institutions de la République est le rêve de nos politiciens. Depuis la venue des Libéraux au pouvoir, en 2000, la fonction de président a pris de sacrés coups de boutoir. Ce que personne n’osait déclarer auparavant est maintenant comme un pot- pourri.
Attaquer le Président directement ou passer par des membres de sa famille est devenu monnaie courante. Ces gens sont tellement impatients de se mettre à sa place qu’ils oublient que Macky est le Président jusqu’à la fin de ce mandat. Même si tout indique qu’il va se représenter, je voterai cependant contre un troisième mandat. Pour le reste, une bonne Sénégalaise sait forcément danser, mal ou bien, première ou simple dame, qu’importe. Et Teyeukh !
Par Vieux SAVANÉ
LE DÉBAT DE TROP
En attendant que les Sénégalais décident de quoi demain sera fait, nul n’a le droit de s’immiscer dans l’intimité de personnes majeures et consentantes ni de regarder par le trou de la serrure, ni d’opérer une descente inopinée dans leur espace privé
«Nous avons notre Code de la famille, nous avons notre culture, nous avons notre civilisation. Il faut que les gens apprennent à respecter nos croyances et nos convictions. Au nom de quoi on doit penser que parce que ailleurs, on pense que l’homosexualité doit être dépénalisée que ça doit être une loi universelle?» Et d’enfoncer le clou : « Au nom de quoi ça doit être une loi universelle ? » On aurait pu penser que cette sortie, pertinente, claire et nette, servie en juin 2013 par le président Macky Sall à son homologue américain Barack Obama allait clore le débat sur l’homosexualité au Sénégal. Que nenni !
Et pour ne rien arranger, le président de l’ONG Jamra avertit crânement avoir « décidé de mener au plan national une campagne auprès des électeurs pour leur dire : « voilà les députés que vous avez élus et que vous avez mis dans toutes les bonnes conditions et qui sont aujourd’hui en train de soutenir les lobbies homosexuels ». N’est ce pas là un appel à la délation voire pire encore aux bas instincts. Triste et irresponsable ! Sans qu’on en comprenne l’urgence, ce débat est revenu mercredi dernier sur le devant de la scène à travers une saisine de l’Assemblée nationale par le biais d’une proposition de loi portée par la plateforme Samm jikko yi.
Pour autant, cette réponse du chef de l’État était une manière de rappeler avec force qu’il n’y a d’universel que pluriel et non un référentiel monolithique, occidental de surcroît, qui sommerait la planète entière à s’y conformer. Une démarche qui ne saurait prospérer car en effet le rappel du président Macky Sall avait surtout eu le mérite de préciser que quelles qu’elles soient, les sociétés marchent à leurs rythmes, bousculées qu’elles sont par leurs dynamiques et contradictions internes propres et non par des injonctions exogènes. Dans ce sillage, il est bon de rappeler qu’en son alinéa 3, l’article 319 du Code pénal sénégalais issu de la loi 66-16 du 12 février 1966 est ainsi libellé : « Sans préjudice des peines plus graves prévues par les alinéas qui précèdent ou par les articles 320 et 321 du présent Code, sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100.00 à 1.500.000 francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. Si l’acte a été commis avec un mineur de moins de 21 ans le maximum de la peine sera toujours prononcé ».
En attendant que les Sénégalais décident de quoi demain sera fait, il reste que nul n’a le droit de s’ immiscer dans l’intimité de personnes majeures et consentantes ni de regarder par le trou de la serrure, ni d’opérer une descente inopinée dans leur espace privé. Responsables elles sont de leurs nuits qu’ aucune autorité ne saurait mettre sous tutelle. Il importe par conséquent, au regard de ce qui précède, d’avoir à l’esprit que nous sommes les héritiers d’une histoire longue, mouvementée et contrastée, laquelle exige que nous fassions montre d’une vigilance et d’un engagement sans faille dans la consolidation de notre république démocratique et laïque. Surtout en ce moment où, à des échelles insoupçonnées, il est de plus en plus question de pratiques insidieuses qui sont entrain de faire vaciller les fondements de notre société au risque de la voir s’affaisser durablement. Sans que cela ne semble déranger grand monde.
En attestent l’exploitation des enfants, la pédophilie grandissante, les viols et les violences faites aux femmes de toutes conditions. Une violence qui montre parfois un visage épouvantable, à l’image de ce garçon de 9 ans qui tue un camarade de 7 ans à coup de couteau. L’actualité de cette déliquescence c’est aussi tous ces milliards détournés à la poste, au trésor, ces faux billets de banque mis en circulation, ces trafics de passeports diplomatiques. L’actualité, ce sont aussi les détournements de biens publics qui s’emballent, le blanchiment qui n’est pas en reste et qui interroge sur les nombreux immeubles qui poussent un peu partout dans la capitale comme des champignons. Déjà, en décembre 2017 , en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), s’appuyant sur les résultats d’une enquête menée par le cabinet Synchronix, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption attirait l’attention sur le coût de la corruption au Sénégal évaluée alors à quelque 118 milliards.
Fort de tout cela s’invite plus que jamais la nécessité de Samm jikko yi, en luttant par contre vigoureusement contre l’impunité qui fait le lit de toutes les dérives, ce qui suppose de veiller à consolider l’État de droit en refusant toutes les formes de pressions. Qu’elles soient politiques, religieuses ou autres et qu’elles cherchent surtout, comme de coutume, à soustraire les délinquants à cols blancs de la rigueur de la loi . Il s’agit, comme dirait l’autre, de ne pas perdre de vue que « le droit sans la justice » perd de sa légitimité . Au regard de son ampleur et de son impact sur l’ensemble du corps social ce combat ne peut donc être indéfiniment différé. L’urgence est là. Pas ailleurs.
«LES DOSSIERS PRÉSENTS OU FUTURS SERONT TRAITÉS DE LA MÊME FAÇON ET CORRECTEMENT»
Le Garde des sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall a réagi sur les supposés détournements dont on a fait état dans certaines institutions publiques, au cours de ces dernières semaines.
Le Garde des sceaux, ministre de la Justice Malick Sall, promet une diligence des affaires impliquant des responsables poursuivis pour détournement de deniers publics. « Elles seront traitées, conformément à la loi », a-t-il dit hier, jeudi 23 décembre, à la conférence nationale des chefs de parquet.
Le Garde des sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall a réagi sur les supposés détournements dont on a fait état dans certaines institutions publiques, au cours de ces dernières semaines. C’était à la conférence nationale des chefs de parquets tenue hier, jeudi 23 décembre. Pour lui, toutes les affaires seront instruites conformément à la loi. « A chaque fois qu’un dossier est porté devant la justice, il a été traité correctement. Les dossiers présents ou futurs seront traités de la même façon et correctement », a-t-il répondu aux journalistes qui l’ont saisi sur la question.
En outre, Malick Sall a abordé le cas de l’activiste du mouvement Y’en marre, Kilifeu arrêté puis libéré provisoirement suite à son implication dans un supposé trafic de passeports diplomatiques. «Au Sénégal, on a toujours tendance à parler fondamentalement, ceux-là qui parlaient, leurs droits ont été respectés. Pour quelqu’un qui est poursuivi pour des faits aussi graves, bénéficier de la liberté provisoire dans un délai de trois mois, montre que la justice a fonctionné normalement. Il en sera toujours ainsi. Devant la justice, on ne distingue pas si on est de la société civile ou autre. Pour les mêmes faits, des députés sont mis sous mandat de dépôt», soutient-il.
Revenant à l’objet de la rencontre qui était pour les parquetiers de réfléchir sur le bracelet électronique et l’instauration de l’Office national de Recouvrement des Avoirs criminels (ONRAC), le Garde des sceaux a dit qu’il s’agit « de procéder à la vulgarisation des deux nouveaux mécanismes, en l’occurrence le bracelet électronique et l’ONRAC, qui font partie désormais du paysage judiciaire sénégalais. Ces nouveaux dispositifs, une fois mis en œuvre, permettront d’une part, d’éviter ou d’amenuiser, l’effet désocialisant de l’incarcération et d’assurer d’autre part, la valorisation des biens saisis ou confisqués ainsi que l’effectivité de la sanction pénale et notamment la peine complémentaire de confiscation ».
En demandant aux Procureurs de s’approprier ces deux outils qui contribueront à assurer à son avis l’efficacité des activités des parquets et par-delà du secteur public de la Justice, Malick Sall juge que « la conférence nationale des chefs de Parquets doit être une occasion pour promouvoir la coopération et les échanges entre autorités de poursuite ainsi que le partage de vos intérêts communs ». Le ministre de la Justice a également fait montre de tout son espoir pour que les bracelets électroniques soient une solution de l’encombrement des lieux de détentions qui ne peut être résolu que par la construction de prisons. Il a également plaidé l’unification des pratiques des parquets dans les domaines qu’ils ont en commun.
RECOUVREMENT DES AVOIRS DETOURNES, L’ETAT MET EN PLACE L’ONRAC
Une nouvelle structure viendra renforcer le dispositif de lutte contre les détournements des deniers publics. Il s’agit de l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (ONRAC).
Une nouvelle structure viendra renforcer le dispositif de lutte contre les détournements des deniers publics. Il s’agit de l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (ONRAC).
Selon son directeur général, Mor Ndiaye, « l’ONRAC est un organe qui a été mis en place en juillet 2021 notamment par la loi 2021/33 qui a modifié la loi 65/75 du 21 juin 1965 portant code de procédure pénale ». Il a pour mission essentiellement de gérer les saisies confisquées dans le cadre d’une procédure pénale, une gestion centralisée de ces biens saisis mais aussi, une mission d’assistance technique aux juridictions dans le cadre de l’effectivité de la sanction pénale, notamment la peine complémentaire de confiscation.
L’explication à la mise en place de cette structure est à chercher « devant les unités de Police, de Gendarmerie, au niveau des juridictions, il y a beaucoup de biens qui sont perdus dans les gelés qui deviennent des épaves ou en état de dépréciation, d’où la nécessité de trouver un moyen de les valoriser ».
Selon Mor Ndiaye, « les biens visés peuvent être de toute nature et l’organe va travailler avec les acteurs judiciaires notamment les procureurs de la République et les juges d’instruction ». Le Sénégal a instauré l’ONRAC pour être en phase avec les conventions internationales qu’il a ratifiées comme la Convention des Nations Unies contre la corruption, la Convention des Nations unies contre le crime organisé entre autres.
Pour recouvrer les avoirs frauduleusement soustraits et cachés dans des pays étrangers, l’office va interagir avec des organes similaires dans d’autres pays. Pour Mor Ndiaye également, l’ONRAC aura les moyens de sa politique car agissant sous mandat de justice. Mieux, sur ordre du Procureur de la République, le recours à la force publique est permis.
La création de l’ORAC vient combler un vide noté dans le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. L’ONRAC travaillera enfin pour compléter la mission assignée à la Caisse des dépôts et consignation. A signaler que l’ONRAC n’est pas encore fonctionnel.
GESTION DES RECETTES DES HYDROCARBURES, DES ACTEURS FUSTIGENT LA DÉMARCHE DE MACKY
Interpellés sur la gestion envisagée des recettes tirées de l’exploitation des hydrocarbures par l’actuel régime, Alioune Tine, Elimane Kane, Meïssa Babou et Souleymane Keïta se prononcent
Le Conseil présidentiel sur la gestion des recettes des hydrocarbures tenu, mardi dernier, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) ne semble pas susciter l’adhésion unilatérale des acteurs du monde universitaire et/ou de la société civile. Interpellés sur la gestion envisagée des recettes tirées de l’exploitation des hydrocarbures par l’actuel régime, certains ont ainsi affiché un pessimisme notoire, à l’instar de l’enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Meïssa Babou, pour qui cette initiative de Macky Sall n’est rien autre qu’un «diktat». Dans la même dynamique, son collègue Souleymane Keïta qui dit pourtant partager les idées du Président Macky Sall sur la gestion des recettes des hydrocarbures, soutient que leur exploitation «ne va pas changer grand-chose dans les 5 premières années». Quant à Alioune Tine d’Africa Jom Center et Elimane Kane de Legs Africa, ils fustigent la démarche du président de la République.
ALIOUNE TINE, FONDATEUR DU CENTRE DE REFLEXION AFRIKAJOM : «LE PRIVÉ NATIONAL EST LAISSÉ POUR COMPTE»
Le président de la fondation du Centre de réflexion Afrikajom, Alioune Tine, pense que dans tout ce qui est en train de se faire dans le secteur du pétrole et du gaz, le secteur privé national est laissé en rade. Or, pour lui, cela ne devrait pas se passer ainsi. «J’attends du concret sur le pétrole depuis qu’on en parle», a-t-il d’emblée relevé, avant de poursuivre : «Notre premier problème, c’est sans doute celui de la quantification ou alors le potentiel exact de nos ressources pétrolières, gazières, minières, en dehors de tout ce qui est dit jusqu’ici». Convaincu que le privé national a un grand rôle à jouer dans sa prise de participation à l’économie nationale, il dira : «le secteur privé national est laissé pour compte, comparativement aux pays pétroliers comme les arabes font lorsque les investisseurs étrangers arrivent, qu’il puisse établir une coentreprise ou joint-venture avec le privé national». Pour lui sans un secteur privé national fort, point de développement réel parce que, dit-il, «tout ce qui sortira de l’exploitation des ressources sera quasi exporté». D’où l’invite faite au gouvernement de soutenir davantage et d’accompagner le secteur privé national pour tirer le maximum des dividendes de ces ressources pétrolières et gazières. Présentement, souligne-t-il «nous parlons pétrole tout en oubliant que de plus en plus on tend vers l’industrie dé-carbonée». Donc, «sous peu, ce sera le temps des énergies propres», prévient-il. Tout cela nous amène à dire qu’«il ne faut pas se faire trop d’illusions par rapport à ces ressources». Sous ce rapport soutient-il, «je pense qu’il est temps de voir dans quelle mesure il serait judicieux de s’y atteler». Autre élément, et pas des moindres, c’est la question environnementale avec les impacts sur la pêche, qui connait déjà une véritable crise. «Si nos côtes sont poissonneuses, au plan local, la denrée est introuvable». Donc, «ce n’est pas par hasard que les pêcheurs tentent de plus en plus l’émigration». Sincèrement, «je pense qu’il faut qu’on se projette dans le futur sans trop d’illusions. Cette promesse de ressources et de richesses dues peut-elle créer une situation économique beaucoup plus favorable alors que nous sommes sous pression sur toute la ligne après la crise sanitaire ?» Entre le dire et le faire, il y a toujours un grand fossé. Donc, « j’invite les gens à écouter le président et à le juger sur pièce dans l’application de tout ce qui a été dit», conclut-il.
MEISSA BABOU, ECONOMISTE ET ENSEIGNANT A L’UCAD : «CE MANAGEMENT N’EST PAS PARTICIPATIF»
L’économiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, Meissa Babou, trouve cavalière cette façon de faire du président de la République Macky Sall. «Je pense que cette réunion n’a pas été bien préparée, surtout qu’il s’agit de ressources nationales», soutient l’enseignant De ce point de vue, «cette réunion devait impliquer tous les acteurs parce qu’à mon avis, une réunion du genre doit être bien préparée». Or, «dans les faits, rien ne l’indique. C’est un diktat !». Cette forme de management qui n’est pas du tout «participatif, ne milite pas à donner les meilleures solutions». Relativement à la clef de partage, l’économiste pense que les 500 milliards environs à verser dans le budget national risquent d’être «injectés dans des projets comme le TER ou servir exclusivement au service de la dette qui tourne autour de 900 milliards par an». Donc, alerte-t-il, «si l’on ne fait pas attention avec cette offre du chef de l’Etat, nous risquons d’être dessus». Le professeur Babou d’inviter les Sénégalais à ne pas trop miser sur les recettes de ces ressources, parce que, dit-t-il, «malgré les maigres ressources que nous attendons, celles-ci devraient nous permettre de nous relancer économiquement avec cette crise sanitaire, en décidant à travers une loi de verser 100 milliards chaque année dans les secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, la pêche, l’élevage… ». Mettre aussi des ressources dans «l’énergie, l’eau, l’électricité», ajoute-t-il. Aujourd’hui, nous parlons de restructuration de notre économie. Donc, «moderniser notre agriculture est inéluctable. Et pour y arriver, il faut annuellement en moyenne 100 milliards par an pendant 5 ans pour espérer pouvoir moderniser notre agriculture». Le professeur d’inviter les Sénégalais à continuer à pratiquer l’agriculture, la pêche, l’artisanat… «Notre culture de développement, depuis 1960, nous a permis de nous éloigner d’une dépendance par rapport à ces ressources pétrolières. Et l’absence de cette dépendance nous permettra demain de ne pas souffrir davantage même si on ne reçoit plus ces ressources-là. Donc, nous devons continuer à exercer nos activités menées depuis toujours, pour ne pas tomber dans la misérabilité», lance-t-il. Toutefois, le professeur ne désespère pas. Car, à l’entendre, le Sénégal a la chance de ne pas être comme le Gabon, le Congo dont 90% des budgets dépendent des recettes pétrolières et gazières.
SOULEYMANE KEITA, ENSEIGNANT CHERCHEUR A L’UCAD : «IL N’Y AURA PAS DE GRANDS CHANGEMENTS DANS LES 5 PROCHAINES ANNÉES»
L’enseignant-chercheur, spécialisé en économie industrielle à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Souleymane Keita adhère au discours du Président Sall. «Dans l’ensemble, nous partageons une bonne partie des idées du Président Macky Sall sur la gestion des recettes des hydrocarbures», a déclaré l’enseignant chercheur qui prévient toutefois, en soutenant que « l’exploitation de ces ressources ne va pas changer grande chose dans les 5 premières années ». Certes, dirat-il : « Ces ressources financières viendront en appoint au budget, mais, il n’y aura pas de grands changements comme certains l’imaginent déjà ». Mais, le plus important, dira l’enseignant chercheur, spécialiste de l’économie industrielle, «c’est la bonne utilisation de ces revenues tirées de ces ressources pétrolières et gazières pour une bonne répartition dans les différents secteurs stratégiques». Relativement à la loi sur la répartition des recettes tirées des hydrocarbures qui prévoit la création d’un fonds intergénérationnel et d’un fonds de stabilisation avec un maximum de 90% destiné au budget annuel et un minimum de 10% destiné au fonds intergénérationnel, le professeur Keïta dira que c’est prévu dans toutes les conventions internationales. «Aujourd’hui, dans toutes les conventions internationales ceci est prévu». Et d’ajouter : «la répartition dépend du potentiel, de la production et de la durée d’exploitation de ces ressources». Donc, «il est possible d’augmenter ou de revoir à la baisse en fonction de ces éléments précités», a-t-il fait savoir.
ELIMANE KANE, PRESIDENT DE LEGS AFRICA : «CE N’EST PAS VRAIMENT UNE CONSULTATION DES PARTIES PRENANTES POUR ALLER VERS UNE LOI»
Le Conseil présidentiel sur la gestion des recettes des hydrocarbures, tenu mardi dernier, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) n’est ni plus ni moins qu’une ‘’funeste’’ théâtralisation semble dire Elimane Kane, président de LEGS Africa (Leadership Ethique Gouvernance et Stratégies pour l’Afrique). «C’est juste un conseil pour la forme », a-t-il regretté avant de poursuivre : «Ce n’est pas vraiment une consultation des parties prenantes pour aller une loi. Parce que les termes de cette loi-là avaient été arrêtés avant que le président ne vienne». Et après avoir laissé les gens s’exprimer et soulever pas mal de questions et dans le désordre d’ailleurs, parce que certaines d’entre elles n’avaient pas trait aux revenues, «il s’est permis de porter à la connaissance de tous ce qu’il avait décidé », déplore Elimane Kane. A le suivre : «il n’y pas de changement par rapport à ce que le gouvernement a présenté depuis plus de deux ans». Pire, fait-il constater : «le président s’est permis avec beaucoup de désinvolture de traiter des questions graves en les minimisant, notamment la question relative à l’impact des opérations pétrolières et gazières sur l’économie de la pêche». Sur cette question, il dira : «donner peu d’intérêt à cette question qui occupe une place prépondérante dans le tissu économique, dans la sécurité alimentaire, et dans la création d’emplois… « en minimisant les impacts environnementaux relativement aux opérations qui vont se faire en on-shore ». C’est dire qu’il n’y a rien qui est prévu pour la prise en charge des conséquences négatives sur ce plan ou «un accompagnement en termes d’investissements en infrastructures pour limiter les dégâts». L’autre aspect relatif au fonds d’investissement à hauteur de 1 milliard FCFA pour «capaciter» les entreprises nationales aux fins qu’elles puissent être à niveau «ne représente absolument rien dans ce secteur», fait-il remarquer. Donc, «je pense que le chef de l’Etat n’était pas venu pour traiter la question avec les véritables préoccupations des parties prenantes», estime M. Kane. Mieux, «ceux qui ont pris part à cette rencontre n’ont pas disposé du projet de loi pour l’étudier au niveau de leurs organisations et venir avec des propositions concrètes. En clair, ce n’était pas un moment de co-construction », regrette M. Kane.
FETES DE FIN D’ANNEE, QUAND DES FILLES COLLECTIONNENT ET DÉPLUMENT DES HOMMES !
A quelques jours du nouvel an, les fêtes de fin d’année sont au cœur des débats
A quelques jours des fêtes de fin d’année, les préparatifs vont bon train. L’obsession de nombre de filles, à l’occasion, c’est se faire remarquer par leurs belles tenues, des cheveux qui arrivent au-dessus des fesses, avec des talons hauts assortis de sac à main et autres accessoires de beauté pour couronner l’habillement… Pour obtenir tout cet arsenal, des jeunes filles jouent la carte de la ruse. Elles collectionnent et déplument des hommes qui, parfois, rendent le coup en frappant fort.
A quelques jours du nouvel an, les fêtes de fin d’année sont au cœur des débats. Les préparatifs vont bon train et c’est une occasion rêvée pour des jeunes filles de déplumer des hommes pour se saper et clôturer en beauté l’année. Vêtements chics, chaussures, sacs, coiffures et accessoires, tout y passe. Pour satisfaire ce fort désir, la plupart des filles célibataires ont recours à la collection d’hommes pendant les fêtes, surtout celles de fin d’année, dans l’unique but de bien se saper. Dès lors, elles multiplient les (nouvelles) conquêtes, collectionnent des hommes à qui elles vont demander, chacun, une somme conséquente pour se faire belles. Ces derniers exaucent les «caprices» de leurs soi-disant copines.
Aïssatou Laye Ndiaye qui frôle la trentaine et toujours pas mariée ne compte que sur ses hommes collectionnés pour être au top, pour ces fêtes de fin d’année. «Quand on ne travaille pas ou qu’on a un salaire qui ne couvre même pas les besoins familiaux, on s’adonne à ce jeu de soutirer de l’argent (à des hommes), dans le but d’être bien habillée et bien coiffée le jour de la fête de fin d’année. Moi, quand ce genre de fête se présente, je n’aime pas avoir à faire avec des jeunes hommes car ils sont trop rusés. Mais plutôt les vieux» en ce sens, dit-elle, qu’«ils n’ont pas de problème et ils sont faciles à berner. J’ai déjà obtenu 75.000 F CFA de l’un et il me reste l’autre qui m’a promis dans la semaine. Pour s’en sortir le jour des fêtes, il suffit juste de jouer à la malade ou être en deuil», explique-t-elle. Avant de continuer : «parfois même, tu n’as pas besoin de tout ce prétexte car le jour-j, les vieux sont obligés de passer la fêtes chez eux pour ne pas éveiller de soupçons», confie-t-elle.
Selon une autre jeune fille qui a requis l’anonymat, elle ne recule devant rien, quitte à y laisse sa peau. Elle collectionne les hommes à l’occasion des fêtes, même si elle en a un qu’elle dit aimer et avec qui elle passe les fêtes. «On ne peut pas tout obtenir de nos parents ou d’un seul mec. Donc, nous sommes obligées de jouer à un double jeu pour avoir le nécessaire. Les cheveux naturels coutent chers, les chaussures et les vêtements, n’en parlons pas. Je le fait juste à l’occasion des fêtes ; mais, après cela, je me retire comme si de rien n’était», lâche-t-elle.
DES JEUNES GARÇONS RENDENT LE COUP AU PRIX FORT
Toutefois, il n’y a pas uniquement les filles qui collectionnent et déplument les hommes lors des fêtes. Des jeunes garçons aussi font pareil. Ils soutirent de l’argent aux copines riches, qualifiées de remplaçantes, pour aller l’offrir à d’autres, les titulaires. Et, le jour de la fête, ils sont injoignables. Sous le couvert de l’anonymat, ce jeune-homme dit ainsi rendre un coup par un autre. «Les filles nous prennent pour des cons alors que nous savons tout ce qu’elles font. C’est pour cela que nous aussi, nous faisons pareil. Il faut savoir rendre le coup par un autre plus fort. A l’approche des fêtes, je me fais passer pour quelqu’un qui a les poches vides. Je me plains souvent de ne pas avoir quoi porter le jour-j. Et en faisant ça, mes copines me financent car elles m’aiment. Et une fois l’objectif atteint, je leur pose au lapin et sors avec celle que j’aime», fait-il savoir.
CONSEQUENCES IMPREVUES OU LE REVERS DE LA MEDAILLE
Ce jeu dangereux n’est pas sans conséquence. Khady Traoré nous raconte sa mésaventure, qu’elle n’est pas prête à oublier de sitôt. «En 2016, lors des fêtes, je travaillais comme domestique et je ne voulais pas utiliser mon salaire pour les préparatifs ; donc je suis entrée dans la dance. J’avais déjà un copain que j’aimais ; mais il me fallait en avoir deux autres qui ont les poches ‘’lourdes’’. J’ai demandé à chacun une somme de 70.000 F CAF que j’ai reçu. Le jour de la fête, quand ils m’ont appelé, j’ai inventé un voyage imprévu à Thiès. L’un avait été compréhensif. Mais l’autre doutait de quelque chose. Vers minuit, il s’est pointé chez moi et en sortant, j’ai reçu la gifle du siècle. Et le gars m’a humiliée devant tous mes voisins qui ont été alerté par mes cris», narre-t-elle. Mais pour elle, ç’en est finit ; elle ne s’adonne plus à ce genre de jeux car, dit-elle, «tout ce qu’ils te donnent, ils le reprennent et peu importe la manière».