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22 juin 2025
par l'éditorialiste de seneplus, Benoit Ngom
RESTITUTION OU RETOUR DES BIENS CULTURELS AFRICAINS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment qualifier le transfert du bien culturel d’un point à un autre ? La revendication africaine pour la restitution des biens culturels doit aller de pair avec des initiatives pour le libre accès aux œuvres de pays étrangers
Le président français Emmanuel Macron recevra son homologue béninois Patrice Talon à l’Elysée, le mardi 9 novembre 2021, dans le cadre de la restitution au Bénin de ses œuvres culturelles pillées pendant la période coloniale. À cette occasion, le président béninois Patrice Talon signera l’acte marquant officiellement le transfert des biens culturels.
En effet, l'Afrique se devait d'abord d'affirmer son autorité légale et légitime sur les objets à retourner ou restituer.
Cette première phase reconnue, l'Afrique doit accepter que toutes ses œuvres artistiques et culturelles de grande valeur devraient être reconnues comme appartenant au patrimoine commun de l’humanité. Cela veut dire que l'Afrique doit s'organiser pour que ses œuvres puissent circuler librement dans le monde et que dans la même logique, les œuvres culturelles étrangères puissent être présentées aux Africains dans des musées sûrs et fonctionnels.
Pillage des oeuvrees culturelles
Les pillages des objets par la puissance conquérante n’ont pas seulement concerné l’Afrique. À cet égard, les expéditions de Napoléon qui rêvait déjà de faire du Louvre un musée universel où seraient exposées les œuvres du monde entier notamment celles des pays spoliés à travers l’Europe, en sont une illustration
En Europe par exemple, le cas de la Grèce est particulièrement saisissant et toujours d’actualité. C’est au tout début du 19ème siècle, juste avant sa guerre d’indépendance et de libération que ce pays qui était alors sous le joug ottoman se vit dépouiller par l’Angleterre notamment par l’entremise de son citoyen Lord Elgin, des plus beaux marbres du Parthénon.
En Afrique par exemple, c’est le Général Dodds , métis de Saint-Louis du Sénégal à la tête de l’armée coloniale française, qui occupa la capitale du Dahomey après la défaite du roi Béhanzin, et qui s’empara de plusieurs œuvres d’art du Palais royal du Dahomey. De retour en France, il offrit au ministre de la Marine le Trône du roi Behanzin. Parmi les objets qu’il ramena il y avait aussi les statues anthropomorphes représentant les derniers rois du Dahomey, Ghézo, Glélé, Behanzin mais aussi la porte magistrale du roi Glélé. Ces œuvres, par un heureux retournement de l’histoire, font parties des 26 objets culturels que la France a décidé de restituer au Bénin cette année.
Dans la période récente, le cas de pillage de biens culturels le plus odieux et le plus gigantesque fut celui perpétré par les Nazis sur la communauté juive d’Europe durant la deuxième guerre mondiale.
Les réclamations pour le retour des biens culturels
En Afrique, les réclamations pour la restitution ou le retour des biens culturels africains commencèrent dès l’accession des États africains à l’indépendance.
Le président Mobutu du Zaire actuel RDC, prononça devant l’ONU en 1973 le premier discours qui demandait une restitution des œuvres d’art dans leur pays d’origine. Sa demande fut prise en compte dans la résolution dénommée Restitution d’œuvres d’art à des pays victimes.
Dans la même lancée, à titre d’exemples, l’Egypte demanda la restitution de six pièces de grande valeur exposées dans plusieurs musées occidentaux dont le célèbre buste de Nefertiti à Berlin et la pierre de Rosette au British Museum, alors que le Nigeria réclame un masque de la reine Idia actuellement conservé au British Museum.
Sensible à ces légitimes revendications et voulant leur assurer le succès escompté, en 1978 le directeur général de l’Unesco, Amadou-Mahtar M’Bow fondait alors le « Comité intergouvernemental pour la promotion du retour des biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale » (ICPRCP).
Ces appels ont été entendus par la communauté internationale. Ainsi, la restitution ou le retour des biens culturels africains spoliés est une cause généralement soutenue dans tous les pays, y compris dans les anciennes puissances coloniales.
L’accueil globalement favorable réservé au rapport de Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sur la restitution des biens culturels et les initiatives heureuses qui en ont suivi montrent que la cause est entendue. C’est pourquoi, même si sa mise en œuvre ne sera pas très simple, il n’est nullement besoin que l’Afrique soit divertie par des querelles inutiles sur cette question.
Retourner ou restituer
Emmanuel Macron déclarait à Ouagadougou, au Burkina Faso, en novembre 2017 : « d’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique ».
Récemment au siège de l’Unesco à Paris, lors d’une réunion sur la « Circulation des biens culturels et du patrimoine commun : Quelles nouvelles perspectives ? ». Patrice Talon, le président de la République du Bénin affirmait que : «lLa restitution et la circulation des biens culturels et patrimoines partagés est une cause que devra servir la coopération internationale. »
Cependant, il s’agit de savoir comment qualifier le transfert du bien culturel d’un point à un autre. S’agit-il d’un « retour » ou d’une « restitution » ? Le « retour » comprend les « biens culturels qui ont été perdus par suite d’une occupation coloniale ou étrangère » tandis que la « restitution » comprend les biens culturels « qui ont disparu par suite d’une appropriation non consentie
Comme on peut le constater la revendication légitime de la restitution des objets arbitrairement détenus dans les musées des anciennes puissances coloniales peut comporter, dans sa mise en œuvre, beaucoup de zones d'ombre qui, à défaut d’être éclaircies risquent d'être de futures pommes de discorde entre les africains et les européens mais aussi entre les gouvernants et gouvernés africains.
D’une manière générale, il faut en convenir, le retour des biens culturels vers l’Afrique ne sera pas une affaire très simple et prendra plus temps qu’on ne l’imagine.
Restitution ou libre circulation des objets d’art
C’est pourquoi l’Afrique, continent dans la mondialisation, doit éviter le piège de la ghettoïsation. Sa revendication pour la restitution de ses biens culturels doit aller de pair avec ses initiatives pour le libre accès aux œuvres d’art des autres pays étrangers, grâce à la garantie de la libre circulation des biens culturels, considérés comme appartenant au patrimoine commun de l’humanité.
Dans cet esprit, nous pensons que la communauté internationale doit se mobiliser pour aider les pays africains qui le désirent à se doter de musées modernes dans les capitales mais aussi dans les régions grâce une réelle territorialisation des politiques culturelles.
C’est dans cet esprit que l’Académie Diplomatique Africaine -ADA-, en s’appuyant sur l'expérience concluante du MAHICAO, - Musée d’Art et d’Histoire des Cultures d’Afrique de l’Ouest - établi à Djjilor Djidiack dans le village natal du président Senghor, propose de faire de ce musée - devenu emblématique pour la région du Sine Saloum - un musée pilote. En effet, le succès croissant du Mahicao depuis son ouverture en 2018 prouve qu’il y a, même dans les provinces, une véritable soif de culture.
Si l’Afrique se focalise uniquement sur le retour et la restitution de ses biens culturels, ne risquerait-elle pas de lâcher la proie pour l’ombre ?
L'ORCHESTRE NATIONAL À LA RECHERCHE DE LA GLOIRE PERDUE
Après quatre décennies de bons et loyaux services, le groupe traverse une période assez difficile
En 1982, le Président Abdou Diouf décide de créer un orchestre national, concrétisant un projet cher à Abdourahmane Diop, directeur du Conservatoire national de musique à l’époque. L’un des objectifs était de permettre aux diplômés de cet institut de trouver du travail à leur sortie, tout en perfectionnant leur art. Principales missions de l’orchestre : contribuer à la valorisation du patrimoine musical, accompagner les vedettes de passage au Sénégal, animer les soirées de gala ou réception officielles et soutenir les jeunes talents afin d’assurer la relève. Quarante ans plus tard, l’Orchestre national semble avoir perdu le fil symphonique des temps fastes qu’il tente de reprendre avec les moyens du bord.
À l’intérieur de la Maison de la Culture Douta Seck, juste derrière la Case des tout-petits, se dressent les locaux qui servent de lieux de répétitions et de rencontres aux musiciens de l’Orchestre national. Chaque jour, ou presque, ils s’y donnent rendez-vous pour jouer de la musique, discuter et réfléchir sur l’avenir de leur formation. En cette matinée du mois d’octobre, ils sont tous là, assis sur des chaises, riant aux éclats, buvant du café et échangeant sur les projets du groupe. Quelques minutes après notre arrivée, ils nous invitent dans une salle quelque peu exiguë où ils se sont engouffrés pour répéter leurs partitions, sous le regard vigilant du chef d’orchestre Alassane Cissé et du chargé de production Papis Arfang Traoré.
Claquements de baguettes, notes rageuses de basse, riffs de guitare, mélodies de synthés, coups de percussions et c’est parti pour une demi-heure de rythmes et mélodies suaves ! Derrière le micro, le chanteur Khalifa Guèye, boubou blanc et micro à la main, distille des envolées lyriques avec sa voix si particulière qui fait penser aux crooners de la salsa. La musique est fluide, la sono presque parfaite et les paroles plaisantes. Après lui, un autre chanteur, Latyr Faye, enchaîne avec un air sérère, soutenu par les chœurs de Ndèye Thiam et Oulèye Diawara. La musique jouée par l’Orchestre national n’a rien à envier à celle des grands groupes du pays. Alors, pourquoi la formation a perdu de son lustre d’antan et est presque tombée dans l’anonymat ? Une question que se posent ses membres, eux qui s’échinent à produire régulièrement de belles compositions.
DES MOYENS QUI FONT DÉFAUT
Avec son directeur Adama Diallo, sa vingtaine de musiciens, ses techniciens de son et d’éclairage, son coordonnateur, son chargé de production, son agent d’administration et son veilleur, l’Orchestre national essaie tant bien que mal d’occuper sa place dans le paysage musical sénégalais, malgré des moyens qui font parfois défaut. « Notre objectif est d’avoir plus de moyens financiers et un niveau salarial relevé, mais nous sommes bloqués par la structure même de l’orchestre dont les membres sont régis par une convention commerciale », explique Adama Diallo. Depuis sa nomination, il se bat pour un changement de statut qui pourrait améliorer le traitement salarial de ses pensionnaires et leur donner une quiétude d’esprit plus propice à la création. Et selon lui, cela est tout à fait possible par le biais des budgets-programmes. L’autre bataille du directeur de l’Orchestre national est d’améliorer l’équipement avec du matériel dernier cri, des instruments modernes comme on en trouve dans les groupes privés. « Des efforts ont été faits par la tutelle, mais nous espérons plus. La question sera peut-être résolue en 2022 », souhaite-il. Il déplore le fait que presqu’aucune logistique n’est affectée à l’orchestre qu’on pourrait pourtant assimiler à l’équipe nationale de musique du Sénégal. « Si les moyens sont réunis, le groupe pourrait s’atteler à l’un de ses objectifs qui consiste à animer le territoire, se déplacer dans les 14 régions et toutes les communes du pays afin de mener des ateliers et programmes de formation », poursuit-il.
En 39 ans d’existence, l’orchestre peut s’enorgueillir d’avoir compté en son sein des musiciens expérimentés sortis du Conservatoire national de musique, ayant un background avéré et sachant lire, écrire et déchiffrer la musique, rappelait son ancien directeur, Jacques Boucher, lors d’un entretien, il y a quelques années. À l’époque, l’orchestre accueillait d’illustres membres comme le tromboniste Moustapha Fall (ancien du Super Diamono), le violoniste William Badji, le saxophoniste Sanou Diouf, le balafoniste Vieux Sidy Koïta et d’autres professionnels presque tous partis à la retraite. Mais, la relève semble être bien assurée avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’artistes tels que le chef d’orchestre et bassiste Alassane Cissé, le guitariste Ibrahima Diédhiou, le batteur Boly Seck, le pianiste El Hadji Mbaye, le chanteur et guitariste acoustique Latyr Faye, les percussionnistes Moustapha Faye et Pape Souleymane Diop ainsi que les chanteurs Khalifa Guèye, Oulèye Diawara, Ndèye Thiam et le chargé de production Papis Arfang Traoré.
STUDIO D’ENREGISTREMENT EN PITEUX ÉTAT
Dans sa configuration, l’Orchestre national, placé sous la tutelle du ministère de la Culture, se déploie dans quatre sections principales. Il y a d’abord l’Atelier musical qui joue des sonorités instrumentales traditionnelles et modernes s’inspirant du répertoire sénégalais. Du côté de la section Variétés internationales, les musiciens utilisent leur propre répertoire, des compositions de vedettes nationales et internationales et des morceaux réalisés à partir des résidences avec des musiciens étrangers. Ainsi, l’orchestre a eu à accompagner des stars de passage au Sénégal telles que Manu Dibango, Nayanka Bel, Alpha Blondy, Tchala Muana, Harry Belafonte, Jimmy Cliff et tant d’autres. La troisième section est celle appelée Jazz qui puise à fond dans le patrimoine musical national, mais aussi au niveau des standards internationaux. Enfin, la quatrième section est celle intitulée Variétés locales avec un soubassement de musique d’ambiance sur fond de folklore des différents groupes socioculturels du pays.
Après quatre décennies de bons et loyaux services, le groupe traverse une période assez difficile. En juin 2018, lors de la célébration de ses 36 ans, un officiel du ministère de la Culture décrivait une situation pas très reluisante. Il avait insisté sur les problèmes de management, de gestion des ressources humaines et financières, d’équipement en matériels de son et de lumière, de logistique, de production artistique et de recherches musicales qui minent l’orchestre. Durant les échanges au cours d’une table-ronde, le directeur Adama Diallo souhaitait que les discussions aboutissent à un état des lieux exhaustif. Dans la même veine, Sémou Diouf, chef d’orchestre à l’époque, lançait ce cri du cœur pathétique à l’endroit des autorités : « Il faut que l’Etat prenne la peine de nous donner un peu plus de moyens financiers, mais également de régler nos problèmes sociaux et de matériels ».
Tous ces appels ont-ils été entendus ? Cela ne semble pas être le cas, car l’Orchestre national végète toujours dans des difficultés monstres, comme nous l’ont confirmé ses membres lors de notre passage à leurs séances de répétition. Ils sont tous nostalgiques de cette période faste des années 1980 et 1990 durant laquelle le groupe était convié à tous les grands événements musicaux aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger : tournée au Venezuela, Festival international jazz à Dakar, Salam music expo, Saint-Louis Jazz, Festival Ebony à Gorée, Masa d’Abidjan, Festival mondial des Arts nègres, Fête de la musique en France, etc. Des productions de belle facture telles que « Naforé » en 1993, « Makhou ak Tacko » en 1996, « Liggeey » en 2001, avaient été mises sur le marché. Leur dernier album de 7 titres, « Musique de la Téranga », a été enregistré en mars 2020 et présenté au Masa d’Abidjan. Aujourd’hui, l’âge d’or de l’orchestre semble relever du passé, mais ses pensionnaires comptent bien rebondir et montrer leur talent sur toutes les scènes du monde. Cependant, pour atteindre cet objectif, le groupe devra être mieux équipé en matériels et voir les conditions de vie de ses membres améliorées. Un autre signe de la précarité dans laquelle vit le groupe : à leur siège de la Maison de la Culture Douta Seck, le local prévu pour servir de studio d’enregistrement est dans un état de délabrement inqualifiable pour un orchestre dit national. « Nous avons fait la proposition aux autorités pour l’équiper et espérons avoir une réponse positive », souhaite le directeur Adama Diallo.
LES ÉTUDIANTS À L'ÉPREUVE DES NOUVELLES RÉFORMES À L'UCAD
Les 85.000 étudiants régulièrement inscrits devront se soumettre aux nouvelles dispositions, sécuritaires comme sanitaires, mais aussi pour l’obtention des chambres
Nouvelle année universitaire, nouvelles dispositions au campus social et pédagogique de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) qui a ouvert ses portes le dimanche 17 octobre. Les 85.000 étudiants régulièrement inscrits devront se soumettre aux nouvelles dispositions, sécuritaires comme sanitaires, mais aussi pour l’obtention des chambres. Les autorités du Coud et du Rectorat ont pris toutes les dispositions pour assainir l’espace universitaire et leurs permettre d’évoluer dans de meilleures conditions.
Le soleil darde ses rayons sur la ville. Il n’est que 10 heures, mais le mercure affiche presque 30 degrés. L’avenue Cheikh Anta Diop a retrouvé son animation quotidienne. Sur cet axe, la circulation est étrangement fluide. Pas d’embouteillages monstres comme à l’accoutumée. Les vacances terminées, les étudiants ont repris le chemin du campus qui commence à retrouver son ambiance. Par petits flux, ils se hâtent vers le campus social qui a ouvert ses portes le 17 octobre 2021. Certains trainent valises et sacs. Les scènes de retrouvailles, ponctuées de joie, sont fréquentes, tandis que chez les nouveaux, ce sont de grands moments d’angoisse.
Ici, le décor a bien changé. Ce qui frappe, à première vue, c’est l’harmonie des lieux qui rayonnent de mille couleurs. Graffitis, portraits de personnalités, jardins aménagés et décorations accueillent le visiteur et offrent un charme supplémentaire à cet espace qui a subi une cure de jouvence pour améliorer le quotidien des 85.000 étudiants.
À la grande porte du temple du savoir, les préposés à la sécurité veillent au grain. Il faut montrer patte blanche avant d’accéder au temple du savoir.
Nouveau dispositif de sécurité
À l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), un nouveau dispositif sécuritaire basé sur les identifiants numériques est mis, cette année, en place pour garantir plus de rigueur dans le contrôle des accès. Dans les différents points d’enrôlement situés dans les campus social et pédagogique, les étudiants se font enregistrer auprès des agents préposés à cette tâche. Pour l’année universitaire 2021-2022 qui vient de démarrer, la carte d’étudiant sera le précieux sésame pour pénétrer dans l’espace universitaire. Il fera l’objet d’un contrôle électronique.
À la grande porte, des agents de sécurité filtrent les entrées. Munis de smartphones dotés d’une application où sont stockées les données des étudiants enrôlés ou inscrits, ils passent la carte au scanner. Si l’étudiant est enrôlé, ses données s’affichent à l’écran. S’il ne l’est pas encore, la partie recherche permet d’avoir ses filiations. S’il ne figure pas dans la base de données, il ne franchit pas la porte. C’est la consigne appliquée depuis le samedi 16 octobre et les étudiants devront désormais se conformer à cette nouvelle règle.
L’initiative est salutaire, selon Agnès Diouf, étudiante en deuxième année d’anglais. « C’est une bonne mesure, surtout que le campus social était rempli de non-étudiants. Le système d’enrôlement est novateur. Dans les pavillons, on retrouvait du tout, des étudiants qui ont cartouché, d’autres qui ont reçu leurs diplômes depuis longtemps et ceux qui ne sont même pas des étudiants. Cela pose problème, surtout lors des manifestations. C’est une bonne mesure, mais ce n’est pas suffisant », indique-t-elle. Ce dispositif, note-t-elle, gagnerait à être amélioré, parce que, croit-elle savoir, « les non-étudiants feront tout pour contourner le système, or si l’on veut une paix durable dans l’espace universitaire, il faut commencer par le débarrasser de ces gens qui n’ont rien à y faire », souligne-t-elle.
Yaye Mbayang Ndong, étudiante en deuxième année de droit, est du même avis. « C’est une très bonne chose dans la mesure où cela va contribuer à renforcer la sécurité dans le campus social qui était problématique et diminuer les tensions », espère-t-elle.
Même s’il magnifie le nouveau dispositif de sécurité, Pape Pathé Ndiaye en Licence 3 de philosophie, estime, de son côté, qu’il reste davantage pour bannir définitivement l’insécurité du campus. Parce que, dit-il, l’espace universitaire est dédié aux étudiants et doit le rester. « La violence constitue une réalité qui continue de gangréner le milieu universitaire. Tant que les étudiants sont infiltrés par les non-étudiants, il sera difficile d’arriver à une sécurisation optimale », relève-t-il.
Des étudiants apprécient
Cette nouvelle mesure sécuritaire est appréciée à sa juste valeur par la communauté universitaire. Mohamed Lamine Fall, étudiant en Master 1 à la Faseg et premier vice-président de l’Amicale de ce département, tire son chapeau au Directeur du Coud et au Recteur. « C’est une réforme qui vient en son temps. Si l’on est conscient qu’avant d’entrer au campus on identifie d’abord l’étudiant, voit ensuite s’il est régulièrement inscrit, ne possède pas d’armes blanches, ça nous apaise nous qui sommes dans le campus social. Cela démontre que l’autorité, en collaboration avec les étudiants, y met du sien pour éradiquer le fléau qu’est la violence au campus », se félicite-t-il. Récemment, rappelle-t-il, l’espace universitaire, qui rassemble toutes les ethnies, a été le théâtre de beaucoup de violences. « Si un problème ethnique se développe ici, c’est un fléau qui pourra engendrer des conséquences sociales et nationales parce que l’université, c’est le Sénégal en miniature », avertit-il.
Coordonnateur de l’unité de sécurité du Coud, Baboucar Ciss est d’avis que ce nouveau système aura des impacts positifs. « Une fois enrôlé, l’étudiant est dans le système et l’identification se fait rapidement. Ce n’est pas très compliqué. À chaque porte, nous avons mis un dispositif avec six agents par couloir pour assurer le contrôle et pour l’instant, tout se passe bien », indique M. Ciss qui salue la bonne collaboration des étudiants qui leur facilitent la tâche; même si, fait-il savoir, il y a des têtes brûlées. Cette année, renseigne-t-il, plus de 600 agents ont été mobilisés pour le contrôle et la surveillance des pavillons. Tous ces efforts visent à limiter l’accès et à mieux apaiser l’espace universitaire.
Les étudiants sont aussi soumis au détecteur de métaux. Ils sont contrôlés pour freiner l’introduction d’armes blanches dans le campus social.
Avec ce nouveau système, les étudiants régulièrement inscrits seront soumis à ce contrôle. Mais ils ne sont pas les seuls à être concernés par cette mesure. Les travailleurs aussi devront exhiber leurs cartes professionnelles magnétisées. Des badges sont prévus pour les visiteurs qui doivent présenter leurs pièces d’identification nationale.
YEWWI ASKAN WI ANNONCE DES RECOURS APRÈS LE REJET DE SES LISTES
La coalition Yewwi askan wi (opposition) a annoncé samedi des recours devant les Cours d’appel après les rejets des listes de ses candidats aux élections territoriales du 23 janvier dans certaines collectivités.
Dakar, 6 nov (APS) – La coalition Yewwi askan wi (opposition) a annoncé samedi des recours devant les Cours d’appel après les rejets des listes de ses candidats aux élections territoriales du 23 janvier dans certaines collectivités.
Lors d’un point de presse, Déthié Fall, un des responsables de cette coalition a annoncé qu’un recours a déjà été introduit devant la Cour d’appel de Saint-Louis.
M. Fall entouré d’autres responsables dont Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Aïda Mbodj, a fait savoir que d’autres recours seront déposés dès lundi.
Les listes de Yewwi askan wi ont été déclarées irrecevables à Saint-Louis, Golf Sud, Sahm Notaire (Dakar) et Kédougou, entre autres. A Mbour, la tête de la liste de la coalition, Me Abdoulaye Tall, n’a pas pu déposer sa liste mercredi.
A Matam, le coordonnateur de Yewwi Askan wi, préposé au dépôt des listes pour le compte de la coalition a décidé finalement de rejoindre la mouvance présidentielle et organisé son injoignabilité, selon la presse.
Au cours de leur point de presse, les leaders de la coalition ont invité l’administration à faire preuve d’impartialité dans le traitement des dossiers de candidatures.
Ousmane Sonko a insisté sur la nécessité d’une telle ’’impartialité’’ au vu des ’’enjeux’’ du scrutin de janvier.
M. Sonko a dénoncé les cas de rejet de dossiers de candidatures dans certaines localités, estimant qu’il ’’n’est pas difficile d’organiser des élections (..)’’.
CONVOCATION DE DIAS, LE PROCUREUR S'EXPLIQUE
La convocation de Barthélémy Dias par la Cour d'appel de Dakar, alors que l'actuel maire de Mermoz-sacrécoeur a été fait candidat de Yewi Askan Wi pour la mairie de Dakar, fait polémique
iGFM - (Dakar) La convocation de Barthélémy Dias par la Cour d'appel de Dakar, alors que l'actuel maire de Mermoz-sacrécoeur a été fait candidat de Yewi Askan Wi pour la mairie de Dakar, fait polémique. Beaucoup y voient des relents politiques. La Cour d'appel a réagi par le biais de son procureur général, Lansana Diabé Siby. Ci dessous son texte.
"Une rumeur persistante lie la convocation à comparaitre de M. Barthélémy DIAZ devant la 3ème Chambre Correctionnelle de la Cour d'Appel à son investiture comme candidat de la coalition Yewi Askan Wi » à la Mairie de Dakar pour les élections locales du 23 janvier 2022.
Je tiens à rappeler que cette citation à comparaitre n'est que la suite normale du renvoi de l'affaire à la date du 10 novembre 2021 fixée depuis l'audience du 07 juillet 2021. Il est donc clair que cette date d'audience, connue de Barthėlėmy DIAZ et de ses conseils depuis le 07 juillet 2021, n'a rien à voir avec sa désignation comme candidat de ladite coalition à la Ville de Dakar intervenue récemment.
Au nom de la séparation des pouvoirs, le calendrier judiciaire ne saurait s'arrimer à celui d'échéances électorales. Afin que nul n'en ignore."
GESTION DE LSFP, 150 MILLIONS DE FCFA DE DETTES, LAISSÉ PAR L’ÉQUIPE SORTANTE
La saison 2021-2022 du championnat national de football professionnel démarre ce 20 novembre, selon la LSFP qui a tenu son traditionnel tirage au sort ce mercredi à son siège. A l’issu des 26 journées, nous connaitront un nouveau champion.
La saison 2021-2022 du championnat national de football professionnel démarre ce 20 novembre, selon la LSFP qui a tenu son traditionnel tirage au sort ce mercredi à son siège. A l’issu des 26 journées, nous connaitront un nouveau champion. Celui qui s’ajoutera sur la liste de clubs a qui la ligue de football professionnel doit des primes depuis la saison 2016-2017. Le montant est estimé à près de 150 millions de Francs CFA.
« Peu importe les conditions, nous allons lancer la saison »
Depuis bientôt trois saisons, il a fallu l’intervention financière de la fédération sénégalaise de football pour que la saison soit lancée. L’excuse banale de l’instance c’est d’avoir perdu son partenaire majeur, Orange, qui a signé avec l’instance mère, la Fédération Sénégalaise de Football Professionnel. Pourtant, Saer Seck (président sortant) et son équipe étaient sur le point de trouver une solution à leurs problèmes financiers, avec la signature de convention avec Startimes. La firme chinoise devait verser 6 milliards de francs CFA a la ligue, en plus de 10 pelouses synthétiques pour une durée de 10 ans. En échange des droits de diffusion des matchs de ligue 1.
Mais, ce partenariat ne prendra pas forme à cause d’un conflit avec l’entreprise en charge de l’exploitation de la TNT, Excaf télécom.
Cette saison qui démarre dans trois semaines est encore menacée par le même virus qu’est la finance. Le nouveau président ne compte pas donner un mauvais signe : reporter la date de démarrage, sa première saison en tant que patron de la ligue qu’il a connu en tant que vice-président.
« la saison va démarrer a date échue. Les problèmes financiers sont toujours d’actualités mais ne peuvent pas demeurer éternels. Peu importe les conditions, nous allons lancer la saison », a rassuré Djibril Wade.
En voulant démarrer la saison dans les conditions actuelles, la Ligue de Football Professionnel s’enfoncerait dans des dettes. En effet, l’instance doit « près » de 150 millions de francs CFA aux clubs champions depuis la saison 2016-2017 : Génération Foot (2016-2017 et 2018-20190, Jaraaf (saison 2017-2018) et Teungueth FC (saison 2020-2021), et les vice-champions. La Fédération Sénégalaise de football avait promis de payer les dues mais les pions n’ont toujours pas bougé.
« On nous doit 50 millions de francs CFA. La Fédération avait promis de nous payer mais toujours rien »
Au Sénégal, le champion perçoit 20 millions de francs sous l’ère professionnel, le vice-champion 10 millions de nos francs. Génération Foot a été sacré champion du Sénégal lors des saisons 2016-2017 et 2018-2019 et vice-champion lors de la campagne 2017-2018. Selon son chargé de communication, la ligue n’a jamais payé les primes de champions des grenats.
« on nous doit 50 millions. Nous n’avons pas reçu un seul franc de la ligue depuis notre sacre de 2016. La Fédération avait promis de payer la dette mais jusque-là rien n’est fait », nous confie Talla Fall. C’est le cas également de Teungueth FC et Jaraaf de la Médina. Selon un responsable du club Rufisquois.
« Parfois, je me pose la question de savoir : c’est quoi la pertinence de participer au championnat national ? nous dépensons des centaines de millions chaque saison, quand tu es champion, tu n’as que 50 millions de primes. Le pire dans tout ça, c’est qu’on n’a toujours pas reçu un seul franc depuis notre sacre. C’est le silence radio, comme si de rien était. On continue de payer des salaires, de faire des dépenses et une nouvelle saison va être lancée le 20 novembre prochain. Pendant ce temps, on est obligé de payer des primes aux joueurs parce que pour eux, on a reçu de l’argent. » Les présidents de clubs puisent dans leurs ressources personnelles pour gérer les dépenses. En retour, on n’a rien », déplore-t-il.
L’équipe sortante n’a malheureusement jamais réussie à vider cette affaire. Saer Seck et son équipe ont toujours compté sur l’intervention de la FSF, mais en vain « c’est malheureusement l’héritage que j’ai laissé à la nouvelle équipe dirigée par Djibril Wade. Cette question a fait l’objet de beaucoup de discussions, mais n’a pas été résolue avant mon départ », regrette le président sortant de la LSFP.
Avant de poursuivre : « la Fédération avait pris l’engagement de payer les clubs. Augustin Senghor (président de la FSF, Ndlr) avait même émis l’idée de solliciter à ces clubs de revoir à la baisse les dettes qu’on leur doit pour que la FSF puisse payer le reste, malheureusement on n’a pas pu rencontrer les parties prenantes pour en discuter. D’abord, il y’a eu la campagne pour la présidence de la CAF et après le renouvellement des instances du football Sénégalais. Donc, l’occasion ne sait jamais présentée, malgré ma volonté d’organiser cette rencontre pour discuter de cette dette », conclut Saer Seck.
La nouvelle équipe dirigée par Djibril Wade promet de prendre en charge ces dettes, malgré les difficultés financières auxquelles elle fait face. « Pour le moment, l’urgence c’est de démarrer la saison ce 20 novembre. Vous le savez, la ligue est confrontée a des problèmes de fiances depuis quelques années. Nous avons estimé nos dettes envers les clubs à près de 150 millions de Francs CFA. Nous n’avons pas cette somme à notre disposition, mais nous allons faire de notre mieux pour payer les clubs cette saison », rassure le nouveau « boss ».
Difficile de faire avaler cette énième promesse aux clubs qui désespèrent maintenant.
OGOSSAGOU, LE PATRON DE LA MINUSMA SATISFAIT DU CONTINGENT SÉNÉGALAIS
Le Chef de la Minusma, El Ghassim Wane a donné ses impressions de retour de Ogossagou, Douentza et Sévaré après de nombreuses rencontres avec les populations et les contingents de la Mission déployés dans le centre du pays.
Le Chef de la Minusma, El Ghassim Wane a donné ses impressions de retour de Ogossagou, Douentza et Sévaré après de nombreuses rencontres avec les populations et les contingents de la Mission déployés dans le centre du pays. Il a, entre autres, salué le travail du contingent sénégalais et surtout entendre les populations elles-mêmes exprimer leur appréciation par rapport à tout le travail qui a été accompli sur le terrain par la Minusma.
"C’est encourageant, mais aussi c’est une lourde responsabilité parce que nous devons continuer le travail qui est fait et renforcer les efforts qui sont des nôtres", a dit le patron de la Minusma.
Il faut dire qu’Ogossagou qui a été le théâtre de deux massacres en moins d’un an qui ont fait près de 200 morts, est maintenant devenu un symbole de paix et de réconciliation. La mise en place d’une base opérationnelle temporaire de la Force de la MINUSMA, accompagnée des efforts ciblés de médiation et de réconciliation, ont permis de rebâtir la confiance et la cohésion sociale intercommunautaire, et ont abouti à la signature d’un accord de paix historique entre Ogossagou Dogon et Ogossagou Peulh, le 8 octobre 2021.
TOURNOI DE LUTTE CEDEAO, LE SENEGAL, CHAMPION DE LA 9EME EDITION
Le Sénégal a remporté la 9e édition du tournoi de lutte de la CEDEAO, par équipe, devant le Niger, samedi, à l'arène nationale de Dakar.
iGFM (Dakar) Le Sénégal a remporté la 9e édition du tournoi de lutte de la CEDEAO, par équipe, devant le Niger, samedi, à l'arène nationale de Dakar.
Sans surprise, le Sénégal a confirmé son statut de favori du tournoi. Equipe la plus sacrée avec sept titres avant cette édition, les lutteurs sénégalais ont logiquement dominé le Niger l'autre favori de la compétition notamment par équipes. Sur ses cinq combats, le Sénégal a remporté les 3 et perdu les 2. Une victoire difficile mais précieuse pour les Sénégalais qui se succèdent à eux-mêmes après avoir remporté la dernière édition qui s'était tenue en 2018. Au total, le Sénégal s'adjuge son 8e tournoi de lutte de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest). Sans contestation, les hommes d'Ambroise Sarr sont les rois de l'Afrique de l'Ouest.
Dans la petite finale, le Nigeria a dominé le Burkina Faso par 5 à 0.
Quant aux finales individuelles, les combats ont été âprement disputés. Du côté du Sénégal, Moussa Faye (66 kg) s'est le plus illustré en remportant tous ses combats.
YAMBO OUOLOGUEME, L'HOMME QUI A INSPIRÉ LE ROMAN DU GONCOURT
Tout savoir sur l'écrivain malien dont le destin brisé est retracé en partie dans « La Plus Secrète Mémoire des hommes », le roman de Mohamed Mbougar Sarr
Le Point Afrique |
Valérie Marin La Meslée |
Publication 06/11/2021
Qui était Yambo Ouologuem, (1940-2017) l'écrivain malien Prix Renaudot 1968 pour Le Devoir de violence paru aux éditions du Seuil ? Nous avions rencontré son plus jeune fils Ambibé, au Mali. Son compatriote Ousmane Diarra lui avait alors rendu hommage après sa disparition en 2017 au Pays Dogon où il s'était retiré. En 1968, ce brillant étudiant était devenu le premier écrivain africain à recevoir le prix Renaudot. Mais son destin avait tourné au tragique quand ledit roman avait été accusé de plagiat. Voici ce qu'en disait Jean-Pierre Orban, chercheur et écrivain, qui a eu accès au dossier d'archives du Seuil et pu éclairer la trajectoire de Ouologuem. Une trajectoire remise en pleine lumière cet automne, puisqu'elle a inspiré le jeune écrivain sénégalais, Mohamed Mbougar Sarr, dans son roman La Plus Secrète Mémoire des hommes, qui vient d'obtenir le prix Goncourt. L'histoire littéraire est un véritable roman.
« Ce que racontent les dossiers du Seuil à l'Imec, c'est aussi la tragédie d'un malentendu entre un auteur et son éditeur. Et le drame d'un homme jeune, bourré d'une ambition littéraire qui le submerge et qui navigue dans un monde éditorial dont il ne suit pas les règles, jusqu'à sa chute. Le roman est pilonné aux USA, est attaqué par une partie de la presse française. Ouologuem refuse de retravailler son deuxième roman (Les Pèlerins de Capharnaüm, inachevé et inédit à ce jour, dont une partie se trouve à l'Imec) comme le demande Le Seuil et ne parvient pas à faire aboutir ses projets chez les autres éditeurs. Il poursuit Le Figaro Littéraire pour diffamation et Le Seuil pour camouflage des comptes.
EXCLUSIF SENEPLUS - La part de responsabilité de nombreux africains et de leurs dirigeants a été de méconnaître leur histoire. Pour l'Afrique, c’est être parlé qu’il ne faut plus- ENTRETIEN DE PAAP SEEN AVEC MBOUGAR SARR & ELGAS (2/2)
Dans le sillage du Goncourt 2021 décerné à Mohamed Mbougar Sarr, SenePlus publie à nouveau cet entretien croisé de 2017 entre le lauréat et Elgas, un auteur écrivain sénégalais plein de promesses. L'auteur de la Plus secrète mémoire des hommes alors âgé de 27 ans seulement, y faisait preuve d'une grande lucidité dans sa façon de lire monde. La première partie de l'interview de Paap Seen est à retrouver ici.
Seneplus : L’écrivain malien, Yambo Ouologuem, a dit : « Du jour ou les Nègres accepteront de s’entendre dire des vérités désagréables, ils auront alors commencé à s’éveiller au monde. » Que vous inspire cette sentence ?
Elgas - Devoir s’émouvoir de cette banalité prouve encore que l’hygiénisme qui frappe de tabou nos productions reste fort. Yambo Ouologuem a été un des premiers phares de cette école qui jette sa lucidité sur le monde. J’ai toujours pensé - une intuition - que le préalable c’est de se regarder, on ne peut avoir la critique généreuse sur l’autre sans se l’appliquer. L’auto-dérision donne sa noblesse à la dérision. Et c’est éviter d’ailleurs que d’autres regards, avec leur facture désobligeante, viennent repérer cela et par ailleurs nous gifler. C’est doublement plus douloureux. L’éveil au monde est un mouvement naturel, pour ma part je crois que l’Afrique n’en a jamais été exclue. Le décolonialisme dépend encore trop du colonialisme. Il semble orphelin dès qu’on lui ôte son coupable favori, délaissant ainsi les autres champs. C’est un angélisme, et une posture. Ménager les africains ou changer les discours sur l’Afrique, c’est la cosmétique qui ne guérit pas les blessures, elles s’expriment toujours, déchirant le bâillon des convenances.
Mohamed Mbougar Sarr - Yambo Ouologuem était d’une lucidité absolue. Ce doit être l’une des principales qualités d’un véritable écrivain, c’est-à-dire d’un esprit libre. Yambo l’était, avec une radicalité qui lui a valu bien des inimitiés de la part de grandes figures africaines. La pièce maîtresse de son œuvre littéraire, Le Devoir de violence, dit ceci aux Africains : vous êtes des hommes comme les autres, c’est-à-dire que vous n’êtes pas des anges exemptés des atrocités, barbaries, pulsions sanguines, bêtises, irresponsabilités qui sont le lot de tous hommes depuis que les hommes marchent sur cette terre. Ce n’était évidemment pas très agréable à entendre pour un continent qui cherchait à prouver son innocence originelle, et à accuser l’étranger de tous ses maux (c’est vrai qu’il en avait causés ou aggravés beaucoup). Mais il fallait le dire… Il est toujours tellement plus simple de charger l’autre de la responsabilité de son mal, et de s’interdire toute autocritique ! Le malheur est qu’aujourd’hui, pour beaucoup de personnes sur le continent, obliger ce dernier à examiner sa responsabilité sur sa situation équivaut toujours à une sorte de haine de soi, donc d’aliénation, donc d’alliance avec l’Occident, dont de haute trahison. La lucidité sur soi est la plus dure à avoir. C’est celle qui fait le plus mal. Mais sans cette blessure salutaire, rien de vrai n’est possible.
Michel Houellebecq pense que « l’Afrique va continuer à crever ». Vous êtes d’accord ?
Elgas - Je ne voudrais m’attarder sur Houellebecq dont par ailleurs j’aime l’œuvre. Il y a une patte, un flair, des caprices et des insuffisances. Ça suffit souvent pour asseoir un style. Autant les évasions dans ses romans ont été des voyages plaisants, autant je ne l’élève à aucun rang de prophète. Encore moins ses phrases sur l’Afrique. Il ne faut lui prêter plus qu’il n’a. On ne trouvera jamais sur leur continent plus souverains prophètes que les africains eux-mêmes, j’aime à écouter ceux-là. C’est mon intérêt premier. Rien ne m’oblige à souscrire de manière plus générale à l’agenda raciste ou dépréciatif. J’arrive à le garder à une distance raisonnable d’inintérêt.
Mohamed Mbougar Sarr - Il faudrait voir le contexte (Ndlr: Interview de Michel Houellebecq par Frédéric Beigbeider dans le numéro 7 de GQ France du 01/09/2008) dans lequel il l’a dit, ainsi que le développement de l’idée, mais ça m’a tout l’air d’être une de ces phrases houellebecquiennes, brutales, empreintes d’un tragique tranquille, drôles parfois, donnant l’impression de dire quelque chose de choquant, voire vrai, tout en laissant quand même une impression de facilité. L’Afrique va peut-être continuer à crever, mais le monde aussi, Houellebecq avec, et rien ne peut les sauver de la mort (voilà une phrase tout à fait houellebecquienne).
Quelle est, selon vous, la part de responsabilité de l’Afrique dans sa défaite historique ?
Elgas - La terminologie de votre question admet si on la suit le caractère définitif des victoires et des défaites. Je ne pense pas que l’Afrique ait perdu quoi que ce soit. L’histoire n’est pas un produit achevé dont nous sommes les comptables. L’Afrique (et elle n’est pas seule) a subi trois colonisations que le décolonialisme ambiant omet par hémiplégie volontaire. Schématisons : l’occidentale et son alibi civilisationnel ; l’orientale, avec son messianisme d’universalisme religieux ; et la dernière, plus incernable, des influences, exportations, importations, que charrient les flux migratoires et qu’accentue la mondialisation. J’ai plutôt tendance à croire que toute colonisation a vocation à échouer. Elle échoue toujours à subvertir totalement, et le combat contre la colonisation a été toujours présent. Ce que je perçois, c’est une supériorité technologique à un moment donné qui a facilité la domination. La technologie, je crois, et c’est une de nos erreurs, participe de notre apport au monde, l’histoire en atteste. En faire un produit étranger, totalement exogène, est une erreur historique. Ce commun du monde, nous le faisons, nous devons pleinement y prendre notre part. Le refus de la substitution culturelle devait cheminer avec cette inscription sans complexe dans le monde. Cette dissonance constitue un péché. Mais le champ vaste du possible rebat toutes les cartes, car le modèle qui a toujours gouverné de monde périclite, et témoigne si besoin en était de l’inadéquation de la terminologie de la défaite. L’utopie est un élargissement des champs du possible déjà présent, non l’illusion de la reconstitution.
Mohamed Mbougar Sarr - Vaste question… Il faudrait voir de quelle défaite ou problème l’on parle. Mais il me semble qu’en bien des points, la part de responsabilité de nombreux africains, et de leurs dirigeants en particulier, a précisément été de méconnaître leur histoire, et donc leur part de responsabilité dans les tragédies qui ont jalonné celle-ci. Cela rejoint une précédente question : à partir du moment où l’on n’est pas lucide sur soi, où l’on ne se met pas d’abord dans la position de faire son autocritique, on se défausse. Le premier courage politique consiste à se regarder sans complaisance, pour sortir des discours démagogiques ou du ressentiment. Le seul rejet d’un « Occident » ne peut tenir lieu de projet politique. C’est un peu court. Nombre de dirigeants, et des jeunes à leur suite, se sont trop longtemps bornés à vomir sur l’Occident, de sur-réagir à des déclarations venues d’ailleurs ; ce faisant, il me semble qu’ils n’ont jamais eu l’initiative du discours sur le continent, celui-ci étant constamment nommé, parlé de l’extérieur. Or c’est être parlé qu’il ne faut plus. Et pour ne plus être parlé il faut, je crois, parvenir à poser sur soi une parole juste, responsable, lucide. L’attitude, qui consiste à toujours attendre l’assentiment ou la permission d’un ailleurs pour savoir quoi penser, révèle la même chose : l’impossibilité de se regarder en face. Mais j’ai bien conscience que la lucidité est une école ; du moins, elle s’acquiert grâce à une éducation, et à l’émergence d’une grande masse critique. Et c’est peut-être là, en fin de compte, dans l’éducation des masses, qu’on a le plus failli.
L’utilisation des langues européennes au détriment des langues vernaculaires reste un obstacle de taille dans la diffusion des idées. Les masses africaines ne peuvent pas vous lire. Est-il vraiment exact de parler de littérature africaine ?
Elgas - Ne pas se débattre avec l’histoire, je l’ai appris avec Balandier. Dans un article, L’aliénation du contre discours, j’y reviens longuement. La langue, quoiqu’essentielle, ne fait pas tout. Il y a un investissement massif à faire dans l’école sénégalaise pour faciliter l’advenue de ce temps que l’on appelle tous de nos vœux. Pour le moment les postures prennent le pas sur le préalable du travail colossal à faire. La langue est déjà la chair de la culture. Il faut instituer cette continuité dans le champ administratif. Les textes en wolof ne sont pas plus lus que les autres pour l’instant. Nous n’avons d’autre choix que la cohabitation. L’idée d’écrire dans sa langue est une inclination naturelle, je ne doute pas que nous viendrons à bout de la violence de l’Histoire, et tous les indices le montrent. Il faut juste éviter d’être prisonnier du ressentiment identitaire. Le curseur se trouve là, car la langue n’agira pas comme une solution miracle, d’autres problèmes structurels lui survivront.
Mohamed Mbougar Sarr - Je sais en tout cas qu’il y a des écrivains africains. Je pourrais même me hasarder à dire qu’il existe une littérature africaine, si on ne fait pas de celle-ci une caricature, si on ne l’assigne pas à des exotismes ridicules ou à des critères obligés. Il n’y a pas une essence de littérature africaine, il n’y a pas d’identité figée d’une littérature, définie par la géographie. Je n’y crois pas. Je crois en revanche qu’il y a des écrivains libres, des sujets individuels, des sensibilités singulières, qui écrivent des livres dont les imaginaires profonds, ou disons, des parts importantes de ces imaginaires, trouvent, à des degrés divers, leur origine en Afrique. Mais pour être plus proche de la question, je ne définis pas une littérature à partir de la seule langue dans laquelle est écrite. Je la définis plutôt à partir d’un imaginaire, et je l’apprécie pour des raisons qui dépassent le seul critère de la langue d’écriture. C’est une question très importante, cruciale pour l’avenir de nos littératures, mais il ne faut pas, par idéologie, ignorer des problèmes de base : aujourd’hui, au Sénégal par exemple, ce n’est pas parce qu’on écrirait en wolof ou en sérère qu’on serait davantage lu que si on écrivait en français. Dans les deux cas, on n’est compris, c’est-à-dire lu, que par une minorité. La raison hélas en est simple : ce n’est pas littérature qui est en question, mais la lecture. C’est un problème dont la clef est politique et non littéraire. J’aimerais beaucoup me dire qu’en écrivant dans ma langue maternelle, le sérère, je serais plus lu au Sénégal. Mais ce serait une illusion : quel pourcentage de la population sait lire le sérère au point d’apprécier une œuvre littéraire dans cette langue ? Quelle part de la population sénégalaise lit couramment et régulièrement le wolofal ou même l’ajami ? Il faut d’abord apprendre aux gens, à l’école, dès la sixième, à lire. Que ce ne soit plus seulement restreint à des programmes d’alphabétisation, mais que ça devienne la norme. A partir de là, naturellement, les œuvres en langues nationales se multiplieront. Boubacar Boris Diop dit que ce sont les œuvres qui créent le lectorat et non l’inverse ; il a raison, à condition que l’on rajoute : encore faut-il que le lectorat puisse, c’est la base, lire l’œuvre. Alors que faire, pour nous autres, écrivains ? Attendre que l’Etat fasse tout le travail, nous déblaie le terrain pour qu’à la fin nous venions comme des princes illuminer le bon peuple enfin instruit de nos œuvres ? Je ne pense pas non plus. Je pense qu’il y a une solution médiane, qui permettrait aux écrivains d’écrire des œuvres dans une langue nationale et d’être compris, à défaut d’être lu. Cette voie médiane, c’est celle du théâtre. Une œuvre littéraire, écrite avec les exigences de la littérature dans une langue nationale, et jouée dans cette même langue. C’est peut-être là qu’il faut concentrer nos efforts. En ce qui me concerne, en tout cas, c’est à cela que je réfléchis. Faire du théâtre, ou du cinéma, comme Sembène l’avait fait il y a longtemps.
Mbougar, un roman en sérère, vous y pensez ?
Une pièce de théâtre, plutôt. Oui j’y pense. J’y travaille.
Il y en a plusieurs. Il ne faut pas ébruiter l’ouvrage. Pas par superstition mais par goût de la surprise.
Quelles appréciations portez-vous sur l’état actuel de la littérature en Afrique ?
Elgas - Dynamique, vivante, comme toujours, avec ses fastes et ses carences. Elle vit au rythme du monde. Il faut l’y inscrire et ne pas la particulariser. Elle n’est, ne doit être, dépositaire d’une particularité irréductible au commun du monde. C’est la condition de son rayonnement.
Mohamed Mbougar Sarr - Je ne connais évidemment pas tout ce qui se publie à travers les 54 pays du continent, mais je sais une chose : il y a de très bons écrivains, anglophones, francophones, lusophones, arabes, installés sur le continent ou dans les diasporas, qui ne demandent qu’à être découverts et davantage lus. Ce qu’il manque, je crois, ce sont de grandes maisons d’édition sur le continent, des circuits critiques et institutionnels pour légitimer, reconnaître, faire connaître les littératures du continent et, aussi, plus de traductions entre les différentes aires linguistiques de l’Afrique. Tout cela ne pouvant naturellement être substitué au geste fondamental : mieux éduquer les masses africaines, mieux les sensibiliser à l’importance de la littérature, de la lecture, du rêve, de la poésie, dans la vie. C’est peut-être ça, finalement, le grand problème de la littérature sur le continent (je parle en tout cas de sa part francophone) : on la considère comme une chose qui ne sert à rien (peut-être est-ce le cas, et heureusement ?).
Y a-t-il une crise de la littérature au Sénégal ?
Elgas - Je ne le crois pas. Lire et faire lire. L’inscrire dans l’habitus et le démocratiser par le théâtre, le cinéma, le conte public, l’habitude du débat. Je ne goûte pas au tropisme de la crise, il y a de tout. C’est une familiarisation avec le choix, et c’est heureux.
Mohamed Mbougar Sarr - Crise, je ne sais pas si j’irais jusqu’à employer ce mot. J’ai plutôt l’impression d’une dépression, d’une période où il y a un peu moins de figures solides d’écrivains qui se dégagent ou émergent, avec des œuvres, de la qualité, de l’exigence, l’ambition d’être des écrivains. Et à cela, s’ajoute beaucoup d’autres questions liées au statut même du livre : son prix, son accessibilité, sa valeur symbolique, les lieux où on le distribue, la fiabilité des maisons d’édition, etc. Mais peut-être que je me trompe, et que la littérature sénégalaise se porte très bien.