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14 août 2025
EXPLOITATION DE L’AUTOROUTE À PÉAGE PAR LA SECAA-SA, MACKY CORRIGE L’ERREUR DE WADE
Fin d’une anomalie qui a trop duré. L’État du Sénégal ne va plus toucher 1000 F CFA par an dans le contrat concession avec la Société concessionnaire SECAA-SA. La renégociation entamée par l’Etat depuis 2019 a fini par porter ses fruits
Investir plus de 319 milliards avec l’appui de ses partenaires notamment la Banque Mondiale, l'Agence Française de Développement et la Banque Africaine de Développement et ne toucher que 1000 F CFA par an. C’est le contrat que l’Etat du Sénégal sous le régime de Abdoulaye Wade avait signé avec le concessionnaire (SECAA-SA) pour l’exploitation de l’autoroute à péage. Après deux années de renégociations, le Sénégal a réussi à rectifier cette «anomalie» longtemps décriée par des membres de la société civile et de l’opposition. Désormais, ce montant passe de 1000 à 800 millions par an. Mieux, l’Etat entre dans le capital de la SECAA-SA à hauteur de 25 %.
Fin d’une anomalie qui a trop duré. L’état du Sénégal ne va plus toucher 1000 F CFA par an dans le contrat concession avec la Société concessionnaire SECAA-SA. La renégociation entamée par l’Etat depuis 2019 a fini par porter ses fruits. Désormais, non seulement ce montant va passer à 800 millions par an ; mais mieux, l’Etat du Sénégal entre dans le capital de SECAA-SA à hauteur de 25%. Sans occulter la réévaluation de la redevance domaniale annuelle représentant 2% du chiffre d’affaires annuel de la SECAA-SA, mais aussi le réajustement des clauses et échéances de partage des fruits de la concession. Last but not least, le nouveau contrat se traduit aussi par le gel de l’indexation des tarifs sur l’inflation pendant cinq (05) ans et la réalisation de l’éclairage par le titulaire sur tout le linéaire de la section courante et au niveau des diffuseurs. La cérémonie de signatures de ces nouveaux contrats a eu lieu, hier, mercredi 22 décembre, entre le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo et le PDG de Eiffage, Gérard Senac.
Le Président de la République, Macky Sall satisfait, s’est d’ailleurs félicité de tels accords en conseil des ministres. DEUX ANS DE NEGOCIATIONS Dans son discours le ministre Abdoulaye Daouda Diallo n’a pas manqué de rappeler que «le Gouvernement du Sénégal a engagé, depuis 2019, la renégociation des contrats de concession de l’Autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIBD avec le Concessionnaire SECAA-SA”. “Cette renégociation, une forte demande pour nos concitoyens et pour nos concitoyennes s’est inscrite en effet dans l’exécution des instructions données par le Président de la République, Macky Sall de revoir la Concession Autoroutière Dakar-Diamniadio-AIBD, dans le souci d’aboutir à un partenariat équilibré pour préserver les interdits des usagers et du Sénégal de manière générale”, a-t-il souligné.
Selon l’argentier de l’Etat, “les négociations ont permis d’aboutir aux gains suivants pour le Sénégal: l’entrée de l’Etat dans le capital de la société chargée de l’exploitation à hauteur de 25%; la réévaluation de la redevance domaniale annuelle représentant 2% du Chiffre d’affaires annuel de la SECAA-SA, avec un minimum de 800 millions de FCFA par an au lieu de 1000 FCFA par an dans l’ancien contrat ; le réajustement des clauses et échéances de Partage des fruits de la concession ; le plafonnement du Taux de Rendement Interne (TRI) cible à hauteur de 17% au lieu de 20,1% dans le Contrat Complémentaire et avec correction des hypothèses sous-jacentes pour mieux refléter la réalité de l’économie sénégalaise ; le gel de l’indexation des prix appliqués aux usagers sur l’inflation pendant 5 ans”. En réponse à la forte demande des usagers, “la réalisation de l’éclairage par la société d’exploitation sur tout le linéaire de la section courante et au niveau des diffuseurs ; l’extension de la durée de la Concession pour 5 ans dans la perspective d’un partenariat durable et permettant les meilleures conditions d’un transfert de l’ouvrage à terme et la réalisation des Gros Entretiens et Réparations ; la fusion et l’Harmonisation des contrats initial et complémentaire en un seul véhicule contractuel consolidé, facilitant le suivi des nouveaux équilibres économiques convenus dans le cadre de la concession renégociée”.
ENGAGEMENTS DES PARTIES
Suite à la signature de ce Protocole, renseigne toujours Abdoulaye Daouda Diallo, «les Parties ont engagé la phase de rédaction de nouveaux documents contractuels, avec un travail approfondi d’implémentation des aspects financiers du protocole et des propositions de contrats relatifs à l’entrée au capital». Ces nouveaux documents contractuels comprennent notamment : d’une part, un avenant unique au Contrat Initial et au Contrat Complémentaire dont l’objet est de modifier, d’harmoniser et de fusionner les stipulations des Contrats dans une seule et même convention (le « Contrat Unique »), et ; d’autre part, une convention d’investissement et un contrat de cession pour déterminer les conditions et modalités d’entrée de l’Etat au capital social de la société et les obligations incombant aux Actionnaires de la société. Le ministre des finances souligne une «fin de longues discussions, qui ont débouché sur des compromis et la signature d’un nouveau contrat de concession, plus équitable». «Nous avons enfin réussi à rétablir un meilleur équilibre entre l’Etat et le Concessionnaire. Désormais, il y aura un partage plus juste des profits futurs avec l’Etat et les Usagers. Les flux nets à recevoir par l’Etat sont estimés à 305,5 milliards de F CFA sur la période 2021- 2044, avec des évolutions progressives annuelles et une moyenne de 13 milliards de F CFA».
Selon lui, «l’Entrée de l’État du Sénégal dans le Capital de SECAA consacre la participation de l’Etat dans la gouvernance de la Concession avec tous les avantages y afférents, notamment dans la gestion et le pilotage de l’exploitation, avec un suivi particulier du programme d’investissement, des recettes d’exploitation et des charges associées, en toute transparence. Des programmes d’investissements impliquant l’Etat-actionnaire accompagneront l’évolution de la capacité de l’ouvrage, en fonction du profil du trafic et la mise en œuvre de la réalisation des ouvrages différés».
A présent, ajoute-t-il, «la position de l’Etat est déterminante dans cette concession autoroutière en tant qu’«Etat-Actionnaire», «Etat-Investisseur» et «Etat-Régulateur» à travers : d’abord, «Etat actionnaire» siègera dans les organes de Gouvernance de la Concession et recevra des dividendes ; ensuite, «Etat investisseur» bénéficiera du partage de fruit et de collecte de redevance foncière à effet immédiat ; et enfin, «Etat-Régulateur» assurera le suivi du contrat de performance.
UN BEBE ANTILOPE, DANS UN CARTON, RECUPERE A KEUR AYIB
Après les zones de Tambacounda et Kédougou, la cartographie de la criminalité faunique s’est étendue à la frontière sénégambienne.
Après les zones de Tambacounda et Kédougou, la cartographie de la criminalité faunique s’est étendue à la frontière sénégambienne.
En effet, ce 19 décembre 2021, lors d'un contrôle rigoureux, la Police des frontières (Paf) de Keur Ayib a eu des soupçons sur un passager se trouvant dans un bus effectuant la liaison Sédhiou- Dakar. C’est ainsi qu’un agent du poste a pu interpeller un présumé trafiquant de faune avec un bébé Guib Harnaché, une antilope du Sénégal partiellement protégée par l’article D36 du Code de la Chasse et de la Protection de la Faune sénégalais.
Le présumé trafiquant de faune, qui n’avait jusqu’alors jamais été inquiété par la justice, n'en serait pas pourtant à son premier coup d'essai et s'enrichissait illégalement depuis des années grâce à ce commerce interdit d'animaux sauvages. Il a été placé en garde à vue pour les besoins de l'enquête. Et si les faits qui lui sont reprochés étaient avérés, il risquerait une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an et d’une amende jusqu’à 1.200.000 FCFA , selon l’article L32 du Code de la Chasse et de la Protection de la Faune.
La malheureuse très jeune antilope serait capturée en Casamance après l'abattage de sa mère. Lors de sa découverte dans le carton, elle avait du mal à se lever tant le contenant dans lequel elle était habilement dissimulée était petit. Son état de santé est bon et elle a immédiatement été prise en charge par les services de la Direction des Parcs nationaux, avec l’appui du projet Eagle Sénégal.
QUAND LE NOUVEAU LIVRE DE DIARY SOW FAIT POLÉMIQUE
Dix mois après sa disparition mystérieuse, la jeune étudiante publie un nouveau roman chez un éditeur parisien. Mais au Sénégal, la cote de l’enfant prodige a nettement chuté
Mohamed Mbougar Sarr et Diary Sow ont plus d’un point en commun. Outre que tous deux sont sénégalais et qu’ils ont chacun reçu par le passé le titre prestigieux de « meilleur élève » du pays (Mbougar Sarr en 2009, Diary Sow en 2018 et 2019), ils sont actuellement en promotion en France pour parler de leur dernier livre : La Plus Secrète Mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan), pour l’un ; Je pars (Robert Laffont) pour l’autre. Mais la comparaison s’arrête là.
Là où le talent littéraire de Mohamed Mbougar Sarr, déjà auteur, depuis 2015, de trois romans remarqués, vient d’être récompensé par le prestigieux Prix Goncourt, il est peu probable que le roman de Diary Sow, au style adolescent et à l’intrigue à l’eau de rose, se retrouvera au palmarès d’un prix littéraire de premier plan.
Crise existentielle
Pour la deuxième fois, l’étudiante sénégalaise, qui avait obtenu une bourse d’excellence de son gouvernement pour venir étudier à Paris en classe préparatoire, au prestigieux lycée Louis-le-Grand, brode sur le thème de la fugue, déjà présent dans son premier roman, Sous le visage d’un ange (L’Harmattan, 2020). Après le drame intime d’une jeune femme désireuse de rompre avec son milieu familial, l’héroïne de Je pars décide, elle, de renoncer à un destin tout tracé pour une échappatoire clandestine.
Officiellement, tout, chez Diary Sow, n’est que fiction. Et pourtant, la note de présentation de l’ouvrage ressemble à s’y méprendre à sa propre histoire, qui avait défrayé la chronique au Sénégal comme dans la presse internationale, jusque dans les colonnes d’El País ou du New York Times. Au début de l’année 2021, au lendemain des vacances de Noël, Diary Sow n’avait plus réapparu dans son établissement et demeurait introuvable dans la résidence universitaire où elle logeait.
Pendant plus de quinze jours, sur les réseaux sociaux comme dans les rues de Paris, la communauté sénégalaise avait fait résonner le djembé, priant pour qu’il ne lui soit rien arrivé. Jusqu’au jour où la jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans, avait fait son come-back après une fugue assumée.
« Partir. N’importe où. Prendre sa liberté. Retrouver le contrôle de soi. Oublier la pression, une famille qui aime mal, des ambitions qui sont celles des autres. Cesser de jouer un rôle…, écrit-elle dans Je pars. Un matin d’hiver, Coura quitte sa chambre d’étudiante, ses amis, Paris, la France. Sans regret. […] Sa disparition est d’autant plus inquiétante qu’elle était une jeune fille modèle, menant une existence parfaitement rangée. »
À l’appui de cette crise existentielle qui sert de trame au roman, Diary Sow et son éditeur livrent un clip promotionnel sucré comme du sirop d’érable, digne de la collection Harlequin : « Qui suis-je aujourd’hui ? Qui serai-je demain ? Je ne suis pas. Je deviens », déclame une voix off adolescente, tandis qu’à l’écran une jeune Africaine qui lui ressemble déverse 30 kilos de vêtements sur une valisette pouvant en contenir trois fois moins, avant de s’enfoncer dans la nuit d’hiver pour un voyage que l’on imagine sans retour.
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 22 décembre 2021.
"AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Chandrikapersad Santokhi, Président de la République du Suriname, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Andrés Manuel Lopez Obrador, Président de la République des Etats-Unis mexicains, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Carlos Andrés Alvarado Quesada, Président de la République du Costa Rica, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur José Daniel Ortega Saavedra, Président de la République du Nicaragua, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Laurentino Cortizo Cohen, Président de la République du Panama, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Docteur Mohamed Irfaan Ali, Président de la République coopérative du Guyana, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Aboubacar SARR, Docteur en Sciences islamiques, matricule de solde n°651.139/E, précédemment Consul général de la République du Sénégal à Djeddah, est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Abdel Fatah Al Sisi, Président de la République Arabe d’Egypte ;
Monsieur Ibrahima Faye, matricule de solde n°410.065/G, Enseignant-chercheur à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) de l’Université Alioune Diop de Bambey, est nommé Professeur titulaire de classe normale ;
Monsieur Senghane MBODJI, matricule de solde n°410.075/E, Enseignant-chercheur à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) de l’Université Alioune Diop de Bambey, est nommé Professeur titulaire de classe normale ;
Monsieur Farba Bouyagui TAMBOURA, matricule de solde n°410.090/L, Enseignant-chercheur à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) de l’Université Alioune Diop de Bambey, est nommé Professeur titulaire de classe normale ;
Monsieur Madoky Magatte DIOP, matricule de solde n°110.090/I, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Médecine interne à l’Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l’Université Iba Der THIAM de Thiès ;
Madame Arame MBENGUE GAYE, matricule de solde n°110.092/G, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : PHYSIOLOGIE à l’Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l’Université Iba Der THIAM de Thiès ;
Monsieur Saliou NDIAYE, matricule de solde n°110.071/F, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Agronomie-Protection de végétaux à l’Ecole nationale supérieure d’agriculture ‘ENSA) de l’Université Iba Der THIAM de Thiès ;
Monsieur El Hadji Seck Ndiaye WADE, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat ;
Monsieur Pape Songue DIOP, est nommé Président du Conseil d’Administration du Fonds d’Entretien routier Autonome (FERA, en remplacement de Monsieur El Hadji Seck Ndiaye WADE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Yaya Abdoul Kane, est nommé Directeur général de la Société de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat. »
L'ÉTAT PREND 25% DU CAPITAL DE SECAA
La signature de la convention marquant cet accord a été ce mercredi 22 décembre par le Sénégal et la société chargée d'exploiter l'autoroute Dakar-AIBD - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 22 décembre 2021.
« Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, ce mercredi 22 décembre 2021, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Chef de l’Etat a saisi l’occasion de la célébration, le 20 décembre 2021, du 20ème anniversaire du rappel à Dieu du Président Léopold Sédar Senghor, pour rendre, au nom de la Nation, un vibrant hommage au Premier Président de la République du Sénégal, dont l’œuvre politique, diplomatique, littéraire et culturelle exceptionnelle, a fortement contribué à la consolidation de l’État-Nation, au rayonnement du Sénégal, mais surtout à la promotion de la civilisation de l’Universel, qui lui était si chère.
Abordant la question liée à la célébration de la fête de Noël, le Président de la République réitère, au nom de la Nation, sa solidarité et ses meilleurs vœux à la communauté chrétienne, qui va célébrer cette semaine (le 25 décembre), Noël et demande, au Gouvernement, de prendre toutes les dispositions requises en vue du déroulement adéquat de cette célébration.
Revenant sur les recommandations et décisions de la concertation nationale, tenue le 21 décembre 2021, sur la répartition et l’encadrement des ressources issues de l’exploitation du pétrole et du gaz, le Chef de l’Etat demande, au Gouvernement, de mettre en œuvre sans délais ces dites recommandations et décisions, en veillant particulièrement à une large diffusion dans les langues nationales du contenu du projet de loi.
Le Président de la République se félicite de la bonne organisation de cette rencontre, qui a vu la participation de toutes les forces vives de la Nation et informe le Gouvernement que le projet de loi y relatif sera examiné lors du Conseil des Ministres du 29 décembre 2021.
Sur la mise en exploitation commerciale du Train express régional (TER), le lundi 27 décembre 2021, le Chef de l’Etat magnifie le travail remarquable accompli par toutes les parties prenantes nationales et internationales, qui ont permis de réaliser, en un temps record, les composantes (infrastructures et installations) multisectorielles complexes, préalables à l’entrée en exploitation du TER.
Le Président de la République rappelle que le TER est une révolution en matière de système de transport collectif moins polluant (avec le BRT) au Sénégal, et félicite particulièrement le Ministre des Finances et du Budget, le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, le Directeur général de l’APIX et ses équipes pour le suivi du projet, SENTER SA pour le relais institutionnel, SETER SA chargé de l’exploitation.
Le Chef de l’Etat demande, au Gouvernement, de poursuivre les efforts de sensibilisation des populations desservies par le TER et des usagers, sur la nouvelle posture à intégrer désormais, en vue de développer un transport public collectif dans la rapidité et la sécurité.
Le Président de la République se félicite, par ailleurs, de la signature, ce jour, de la convention entre l’Etat du Sénégal et la Société Eiffage de la Concession de l’Autoroute de l’Avenir (SECAA) qui se traduit entre autre par :
- l’entrée de l’Etat du Sénégal dans le capital de SECAA à hauteur de 25% ;
- la réévaluation de la redevance domaniale annuelle représentant 2% du chiffre d’affaires annuel de la SECAA, avec un minimum de 800 millions de FCFA par an au lieu de 1000 FCFA par an dans le contrat actuel ;
- le réajustement des clauses et échéances de partage des fruits de la concession ;
- le gel de l’indexation des tarifs sur l’inflation pendant cinq (05) ans ;
- la réalisation de l’éclairage par le titulaire sur tout le linéaire de la section courante et au niveau des diffuseurs.
Sur la question liée au démarrage effectif de l’Agropole Sud, le Chef de l’Etat félicite le Ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes industries et ses services pour le lancement des travaux de cet important projet phare du PSE.
Sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a insisté sur les points suivants :
1- L’accélération des travaux d’aménagement du site de recasement des mécaniciens à Diamniadio et le renforcement de l’accompagnement de l’Etat aux artisans-acteurs de l’automobiles : sur ce point, le Chef de l’Etat de l’Etat demande, au Ministre de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel et au Ministre en charge de l’Emploi, de préparer les concertations avec les regroupements d’artisans-mécaniciens et autres acteurs de l’automobile afin de proposer dans les meilleurs délais, un plan d’accompagnement des artisans-mécaniciens et leur implantation sur le site de Diamniadio dédié, qui devra intégrer toutes les commodités en vue d’une meilleure prise en charge de leur cadre de travail.
2- le renforcement de l’accès à l’électricité et à l’eau potable des populations des iles : à ce sujet, le Président de la République demande, aux Ministres en charge de l’Eau et de l’Equité sociale et territoriale (tutelle technique du PUDC et PUMA), de veiller à la mise en exécution d’un plan d’urgence, pour améliorer l’accès à l’électricité et à l’eau potable des îles, notamment les îles du Saloum et de la Casamance.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique et sur le suivi de la coopération et des partenariats.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS
- Le Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait le point sur le suivi des directives et instructions présidentielles;
- Le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur l’exécution budgétaire 2021 et sur les modalités du démarrage de l’exécution budgétaire 2022 ;
- Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale ;
- Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur les conventions de financement et le portefeuille projets PPP ;
- Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait une communication sur l’évolution de la vaccination contre la Covid-19 ;
- Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la campagne de commercialisation arachidière et sur les exportations de produits horticoles ;
- Le Ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes industrie a fait une communication sur le lancement de l’Agropole SUD ;
- Le Ministre du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises (PME) a fait une communication sur les mesures prises en conseil national de la consommation sur les prix de farine de blé et du pain ;
- Le Ministre auprès du Président de la République, en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent a fait une communication sur le parc de technologies numériques (PTN) de Diamniadio.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
Le Conseil a examiné et adopté :
- Le projet de loi portant création du Conseil exécutif des Transports urbains durables (CETUD).
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Chandrikapersad Santokhi, Président de la République du Suriname, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Andrés Manuel Lopez Obrador, Président de la République des Etats-Unis mexicains, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Carlos Andrés Alvarado Quesada, Président de la République du Costa Rica, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur José Daniel Ortega Saavedra, Président de la République du Nicaragua, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Laurentino Cortizo Cohen, Président de la République du Panama, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Mansour Elimane KANE, Ingénieur des Mines, matricule de solde n°668.218/A, Ambassadeur de la République du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Docteur Mohamed Irfaan Ali, Président de la République coopérative du Guyana, avec résidence à Washington DC ;
Monsieur Aboubacar SARR, Docteur en Sciences islamiques, matricule de solde n°651.139/E, précédemment Consul général de la République du Sénégal à Djeddah, est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Abdel Fatah Al Sisi, Président de la République Arabe d’Egypte ;
Monsieur Ibrahima Faye, matricule de solde n°410.065/G, Enseignant-chercheur à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) de l’Université Alioune Diop de Bambey, est nommé Professeur titulaire de classe normale ;
Monsieur Senghane MBODJI, matricule de solde n°410.075/E, Enseignant-chercheur à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) de l’Université Alioune Diop de Bambey, est nommé Professeur titulaire de classe normale ;
Monsieur Farba Bouyagui TAMBOURA, matricule de solde n°410.090/L, Enseignant-chercheur à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) de l’Université Alioune Diop de Bambey, est nommé Professeur titulaire de classe normale ;
Monsieur Madoky Magatte DIOP, matricule de solde n°110.090/I, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Médecine interne à l’Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l’Université Iba Der THIAM de Thiès ;
Madame Arame MBENGUE GAYE, matricule de solde n°110.092/G, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : PHYSIOLOGIE à l’Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l’Université Iba Der THIAM de Thiès ;
Monsieur Saliou NDIAYE, matricule de solde n°110.071/F, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Agronomie-Protection de végétaux à l’Ecole nationale supérieure d’agriculture ‘ENSA) de l’Université Iba Der THIAM de Thiès ;
Monsieur El Hadji Seck Ndiaye WADE, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat ;
Monsieur Pape Songue DIOP, est nommé Président du Conseil d’Administration du Fonds d’Entretien routier Autonome (FERA, en remplacement de Monsieur El Hadji Seck Ndiaye WADE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Yaya Abdoul Kane, est nommé Directeur général de la Société de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat. »
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE CULTE DE LA NON-MAÎTRISE DU FRANÇAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - L’école coloniale nous a fait aimer sa langue en nous poussant vers ce que Boris Diop appelle la haine de soi. Decroix devrait s'ériger contre cette disposition constitutionnelle conférant au français une primordialité sur nos parlers
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 22/12/2021
Invité à l’émission Jury du dimanche du 12 décembre dernier, le politicien député Mamadou Diop Decroix n’a pas mis de gants pour s’attaquer avec une cruelle goguenardise aux enseignants. Leur péché mortel ? Ne pas maîtriser le français de nos ancêtres les Gaulois qui nous sert de langue d’enseignement depuis plus deux siècles. « …On a parlé de la qualité de l’enseignement. On ne peut pas avoir une qualité de l’enseignement si on n’a pas la qualité de l’enseignant. On enseigne dans quelle langue ? On enseigne en français. Aujourd’hui, ceux qui enseignent, je suis désolé, ne maîtrisent pas le français », disait-il au micro du journaliste Mamoudou Ibra Kane. Decroix s’immerge dans ce poncif abyssal et itératif qui est chanté comme une antienne : les enseignants ne maîtrisent pas le français et c’est ce qui explique la baisse de niveau voire la nullité des apprenants. On cloue au pilori les enseignants qui, chaque jour, se sacrifient, nonobstant les mauvaises conditions tous azimuts auxquelles ils sont confrontés dans leur tragique quotidienneté. Et dire que de 2000 à 2012, Decroix a appartenu à un régime qui n’a jamais songé un tantinet à poser la problématique du français comme langue officielle, lequel a montré ses limites en 61 ans de pratique imposée. Quand Abdoulaye Wade accédait à la magistrature suprême, il était question que l’on remît en cause le legs quarantenaire politico-linguistique de Senghor. Que nenni ! La rédaction d’une nouvelle Constitution qui, en réalité, n’était pas nouvelle dans ses grandes lignes, ré-officialisa le français comme la langue-déesse qui surpasse nos dialectes pluriels, lesquels n’ont même pas le statut de sous-langue aux yeux du colon et de ses suppôts locaux. Imposer que « celui qui ne sait ni lire ni écrire en français (article 28 de la Constitution) ne doit pas aspirer à la magistrature suprême » est un acte de discrimination et d’exclusion d’une bonne partie de la population statistiquement et « francisément » analphabète à 54,6%. Bref, le français est un instrument de ségrégation sociale, une langue de domination. Et cet oukase linguistique, la France l’a imposé à toutes ses colonies africaines qui l’ont gravé comme du marbre dans leurs Chartes fondamentales respectives. Pourtant, cette France n’a point inscrit expressément dans sa Constitution que « pour être candidat à la République, il faut savoir lire et écrire le français ».
Les communistes sont connus pour leur aversion au colonialisme et à toute idéologie qui porterait ou perpétuerait le projet colonial. Mais le Sénégal est le pays des paradoxes doctrinaux et des salmigondis idéologiques. Devant les bonheurs et les honneurs, des marxistes-léninistes et des maoïstes ont préféré brocanter leurs ardentes décennies de lutte chevillée à un socle idéologique apparemment imperturbable contre l’ivresse des voluptés du pouvoir.
Aujourd’hui, le combat que le député Diop Decroix doit mener est de mettre en branle une réflexion profonde qui promeut nos langues nationales et leur donne leur véritable place dans nos options et objectifs de développement.
Le mépris de Cheikh Anta contre l’extase senghorienne
Dans « Ethiopiques », Léopold Sédar Senghor qui est chantre ou aède du français s’extasie sans retenue devant la beauté divine de la langue de ses maîtres en ces termes laudatifs : « Si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle. Car je sais ses sources pour l'avoir goûté, mâché, enseigné, et qu'il est la langue des dieux. Chez nous, les mots sont naturellement nimbés d'un halo de sève et de sang ; les mots du français rayonnent de mille feux, comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit. » Pourtant, c’est lui qui disait « assimiler et non être assimilé », c’est-à-dire « saisir par la pensée un objet de connaissance et l'intégrer à son propre fonds intellectuel » ou « acquérir des connaissances nouvelles » et non « s’intégrer dans un groupe social au point de perdre son identité ».
Malheureusement, l’école coloniale nous a fait aimer sa langue en nous poussant vers ce que Boubacar Boubacar Boris Diop appelle « la haine de soi ». Nous nous abîmons dans une contemplation extatique quand nous entendons nos enfants parler avec aisance la langue coloniale. Combien de fois, dans nos écoles-purgatoires, n’a-t-on pas fait passer au fouettage, à la « cravacherie » tout apprenant téméraire ou imprudent qui baragouine la langue du maître blanc ? Et combien de fois sommes-nous restés insensibles, indifférents devant nos enfants et même de grandes personnes qui massacrent les règles de fonctionnement de nos langues maternelles ?
Cheikh Anta Diop tout comme Majmouth Diop, Ousmane Sembène et autres ardents défenseurs des langues nationales s’est toujours dressé contre le projet senghorien qui fait du français notre langue véhiculaire en réduisant les nôtres à de simples dialectes vernaculaires. Pour eux, le français est comme un cheval de Troie du colonisateur dont la mission princeps est d’investir nos langues et les reléguer à de simples sous-langues s’il ne les anéantit pas. Par conséquent, Diop Decroix, ancien communiste reconverti à la religion libérale, devrait plutôt s’inspirer de ces résistants à l’impérialisme du français au lieu de morigéner les enseignants qui se sont abreuvés à une source linguistique qu’on leur a imposée depuis des décennies mais qui ne parvient toujours pas à étancher leur soif de connaissances.
El Hadji Abdou Aziz Faty, dans sa publication « Politiques linguistiques au Sénégal au lendemain de l'Indépendance. Entre idéologie et réalisme politique », démontre l’importance de la maitrise de nos langues nationales dans tout projet de développement et de civilisation : « En 1817 s’ouvre la première école française à Saint-Louis sous la direction d’un instituteur laïc du nom de Jean Dard. Celui-ci est confronté d’emblée à une tâche de grande ampleur car, quelque statut que la langue française puisse avoir sous ces contrées, elle demeurera toujours une langue étrangère pour les enfants sénégalais. C’est alors que Dard commence à s’interroger sur la méthode à suivre. Deux voies s’offrent à lui : privilégier des leçons de langue (grammaire) pour une bonne connaissance des bases du français ou passer par la langue maternelle des enfants, le wolof, en vue d’une traduction. Il opte pour cette dernière, qui consiste à faire acquérir aux enfants une conscience linguistique claire de leur langue maternelle avant de les faire entrer dans une langue étrangère, le français. La voie choisie par Jean Dard, le détour par la langue maternelle des enfants, nécessite une bonne maîtrise du wolof. Il l’apprend et le maîtrise au point d’en écrire une grammaire et un vocabulaire. Ses élèves peuvent ainsi lire en wolof pour ensuite traduire en français. En procédant de cette manière, Dard s’éloigne du fameux « projet méthodologique » tracé par les autorités coloniales qui, d’ailleurs, ne tardent pas à réagir. En 1822, Jean Dard est démis de ses fonctions d’enseignant sous le prétexte de son inefficacité pédagogique. Restant persuadé du bien-fondé de son choix après sa destitution, Dard affirmait : « La civilisation des Ouolofs est plus que négligée, elle est mise à l’oubli puisqu’on a cessé d’instruire les noirs au Sénégal dans leur langue. Car, quoi qu’on en dise, il faut que les noirs soient instruits dans leur langue maternelle ; sans cela, point d’établissements durables, point de civilisation. » »
Et c’est ce que Philippe Rey a compris quand il affirme que « lorsque des enfants acquièrent des connaissances dans leur langue maternelle, ils progressent plus rapidement que s’ils font le détour par une langue secondaire ».
Cette conception de Dard sur l’utilité des langues maternelles rejoint aussi celle de Cheikh Anta Diop qui, « Dans Nations Nègres et Culture », est catégorique sur l’importance de promouvoir les langues locales : « Il est plus efficace de développer une langue nationale que de cultiver artificiellement une langue étrangère : un enseignement qui serait donné dans une langue maternelle permettrait d’éviter des années de retard dans l’acquisition de la connaissance. Très souvent, l’expression étrangère est comme un revêtement étanche qui empêche notre esprit d’accéder au contenu des mots qui est la réalité. »
Toute langue véhicule une culture. Qui perd sa langue perd sa culture. « Une société qui n’est pas enracinée dans sa culture, consciente des valeurs qui sont les siennes, ne peut aspirer au développement juste en copiant les autres. La langue, en tant que système abstrait sous-jacent à tout acte de parole, est avant tout un système de pensée qui est vecteur du savoir technologique propre à la société qui en a l’usage. Une langue, quelle qu’elle soit, si elle n’est utilisée quotidiennement ni au sein de l’administration ni dans le système éducatif et se trouve de plus en plus délaissée dans le cercle familial, est vouée à une disparition certaine », dixit Johanes Agbahey.
Voilà ce qui explique essentiellement les retards de développement de tous les pays qui ont voulu exclusivement faire de la langue du colon un instrument de science et de développement en confinant les langues locales à de simples idiomes vernaculaires. Cela fait 204 années que nous étudions avec le français glottophage et 61 ans que nous en avons fait notre langue officielle et, pourtant, plus de 50 % de la population se heurtent à sa complexité lexicale voire sa difficulté grammaticale et syntaxique. Le mal est plus profond que ne le laisse penser Diop Decroix. Il est structurel et structural. En tant que député du peuple depuis une décennie, Diop Decroix doit aller dans le sens d’une initiative de lois réformistes qui remettraient en cause cette disposition constitutionnelle conférant au français cette primordialité linguistique sur nos parlers endogènes. C’est sur cela que les enseignants l’attendent.
Mais en attendant Decroix, les enseignants continuent de porter leur croix en passant sous les fourches caudines d’un système d’enseignement importé et imposé.
PS : Je me permets d’apporter quelques corrections au texte de Diop Decroix, maître ès-français, publié dans plusieurs sites le 15 décembre 2021. Certainement que le mien regorge plus de fautes mais je ne me fais point de complexe d’estropier cette langue importée qu’on m’a imposée.
Texte original
« J’ai lu l’article de François Soudan où est publiée une liste de personnalités dans laquelle on trouve pêle-mêle Nicolas Sarkozy, François Hollande, Jean Pierre Mbemba, bref d’anciens présidents de la République ou d’institutions nationales, d’anciens Premiers ministres, des milliardaires et des personnalités très en vue dans le monde comme Julius Malema d’Afrique du Sud, etc. Toutes ces personnalités selon monsieur Soudan auraient bénéficié des largesses du président Alpha Condé. Et, comme un cheveu dans la soupe, mon nom apparaît dans ce gotha. Monsieur Soudan s´est lourdement trompé sur mon compte. Je signale que je ne connais pas monsieur François Soudan et que lui non plus, ne me connaît pas.
Je crois cependant avoir compris son objectif : Secouer des personnalités de par le monde pour lesquelles Alpha Condé aurait accordé des faveurs pour qu’elles retournent l’ascenseur et qu’elles bougent en soutien à leur bienfaiteur. L’objectif est louable mais la méthode me semble quelque peu approximative pour les raisons suivantes : Pour les faux amis d’Alpha Condé, s’il en existe, un article de presse, fût-il de François Soudan, ne changera pas d’un iota leur posture. Ils ne feront rien de toutes façons pour le président Condé. Peut-être même qu’ils s’essayent déjà à devenir les amis des nouvelles autorités. Les choses marchent malheureusement ainsi ici et là dans le monde.
Quant aux vrais amis d’Alpha dont je me réclame, même s’ils n’ont pas été toujours d’accord avec lui, ils ne l’abandonneront pas, quand bien même leurs moyens d’actions peuvent être relativement limités. Mais ceux-là, ce n’est pas l’argent qui les liait à Alpha Condé.
Dans mon cas, c’est au moins 20 ans avant son accession à la présidence de la République de Guinée que j’ai connu Alpha Condé. Entre 1994 et 2010, on a beaucoup échangé entre nous deux et aussi, par moments, entre les deux partis. J’ai pris part à ses congrès et lui aussi a pris part à nos événements ici à Dakar ou à Paris. Mais en dépit de tout cela, jamais l´argent ne s´est mêlé à ses relations. Je pense qu’il avait une certaine conception de nos rapports et je la respectais. Ma famille, mes proches et certains qui ne sont même pas dans mon cercle restreint savent bien de quoi je parle. Les raisons qui fondent nos relations sont que nous partagions des principes communs sur l’anti-impérialisme et sur l’unité de l´Afrique. Et je le prenais pour un camarade, un grand frère. Ça n’a pas changé.
Monsieur Soudan soutient que les amis d’Alpha Condé n’ont pas été entendus depuis son éviction. Me concernant ce n’est pas exact.
La situation en Guinée a toujours retenu mon attention. Il y a deux ans déjà, j’ai écrit pour alerter. (Il donne une référence de dakaracatu.com). Par la suite, dès le lendemain du coup d’État, je me suis exprimé sur ma page Facebook le 6 septembre 2021. Concluons : Lorsque le président Alpha Condé sortira de sa situation actuelle, je le lui souhaite ardemment, je pourrais, si nécessaire, expliciter certains aspects qui montreront que ce que monsieur François Soudan a écrit est fort éloigné de la réalité, du moins en ce qui me concerne. »
Texte corrigé : les corrections sont en gras
« J’ai lu l’article de François Soudan où est publiée une liste de personnalités dans laquelle on trouve, (virgule) pêle-mêle, (virgule) Nicolas Sarkozy, François Hollande, Jean Pierre Mbemba, bref d’anciens présidents de la République ou d’institutions nationales, d’anciens Premiers ministres, des milliardaires et des personnalités très en vue dans le monde comme Julius Malema d’Afrique du Sud, etc. Toutes ces personnalités, (virgule) selon monsieur Soudan, (virgule) auraient bénéficié des largesses du président Alpha Condé. Et, comme un cheveu dans la soupe, mon nom apparaît dans ce gotha. Monsieur Soudan s´est lourdement trompé sur mon compte.
Je signale que je ne connais pas monsieur François Soudan et que lui, (virgule) non plus, ne me connaît pas.
Je crois, (virgule) cependant, (virgule) avoir compris son objectif : lettre minuscule secouer des personnalités de par le cette expression est maladroite ; « du » est plus convenable monde pour lesquelles « auxquelles et non « pour lesquelles » Alpha Condé aurait accordé des faveurs pour qu’elles retournent l’ascenseur et qu’elles il devait éviter la répétition de « qu’elles » ; c’est un peu maladroit bougent en soutien à leur bienfaiteur. L’objectif est louable mais la méthode me semble quelque peu approximative pour les raisons suivantes : Pas de majuscule après « deux points » Pour les faux amis d’Alpha Condé, s’il en existe, un article de presse, fût-il de François Soudan, (virgule) ne changera pas d’un iota leur posture. Ils ne feront rien de toutes façons pour le président Condé. Peut-être même qu’ils s’essayent déjà à devenir les amis des nouvelles autorités. Les choses marchent malheureusement ainsi ici et là dans le monde.
Quant aux vrais amis d’Alpha dont je me réclame, même s’ils n’ont pas été toujours d’accord avec lui, ils ne l’abandonneront pas, quand bien même « quand bien même est suivi du conditionnel » leurs moyens d’actions peuvent pourraient être relativement limités. Mais ceux-là, ce n’est pas l’argent qui les liait à Alpha Condé.
Dans mon cas, c’est au moins 20 ans avant son accession à la présidence de la République de Guinée que j’ai connu Alpha Condé. Entre 1994 et 2010, (virgule) on a beaucoup échangé entre nous deux ce n’est pas la peine d’écrire « entre nous deux » et aussi, par moments, entre les deux partis. J’ai pris part à ses congrès et lui aussi a pris part à nos événements ici à Dakar ou à Paris. Mais en dépit de tout cela, jamais l´argent ne s´est mêlé à ses nos ? relations. Je pense qu’il avait une certaine conception de nos rapports et je la respectais. Ma famille, mes proches et certains qui ne sont même pas dans mon cercle restreint savent bien de quoi je parle. Les raisons qui « ont fondé » pour la concordance des temps avec « partagions » fondent nos relations sont que nous partagions des principes communs sur l’anti-impérialisme et sur l’unité de l´Afrique. Et je le prenais pour un camarade, un grand frère. Ça n’a pas changé.
Monsieur Soudan soutient que les amis d’Alpha Condé n’ont pas été entendus depuis son éviction. Me concernant, (virgule) ce n’est pas exact.
La situation en Guinée a toujours retenu mon attention. Il y a deux ans déjà, j’ai écrit pour alerter. (Il donne une référence de dakaracatu.com). Par la suite, dès le lendemain du coup d’État, je me suis exprimé sur ma page Facebook le 6 septembre 2021. Concluons : pas de majuscule après une virgule Lorsque le président Alpha Condé sortira de sa situation actuelle, je le lui souhaite ardemment, je pourrais, si nécessaire, expliciter certains aspects qui montreront que ce que monsieur François Soudan a écrit est fort éloigné de la réalité, du moins en ce qui me concerne.
LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR, UNE CERTAINE LITURGIE DE LA RÉPUBLIQUE
Il est intéressant de noter que c'est à l'occasion de la célébration des 20 ans de la disparition de Senghor, que Abdoul Aziz Tall, ancien du BOM, met sa plume au cœur de cette plaie qui gangrène notre démocratie
20 Décembre 2001-20 Décembre 2021. Il y a 20 ans le président Léopold Sédar Senghor disparaissait. 20 ans jour pour jour après qu’il a quitté le pouvoir en 1981. Symbolique coïncidence, pour quitter la scène d’un monde qu’il aura marqué de toute sa puissance poétique, qu’il avait mise en actions.
Senghor a transmis le pouvoir au président Abdou Diouf, il y a donc 40 ans. Cela paraît si loin. Pourtant le Sénégal revenait d’encore plus loin, et le chemin parcouru par notre démocratie est parsemé de visions, et d’espoirs parfois déçus pour le développement de notre pays, à travers des combats d’hommes et de femmes qui autour de lui souvent, et parfois contre lui ont participé à l’écriture de notre Histoire.
Au moment où certains leaders africains s’accrochaient au pouvoir, de manière indécente, où la seule interruption du mandat présidentiel ne pouvait se concevoir que par un complot souvent sanglant ou par la mort naturelle du président à vie, au moment où les élections étaient travesties en grotesques parodies, le renoncement volontaire et choisi à la magistrature suprême de la part d’un chef historique, d’un « Père de la Nation » pouvait avoir une portée symbolique et effective d’une indéniable valeur. Peu de gens savent que des personnes se sont opposées à ce départ et fait historique, parmi cette catégorie, figuraient les guides spirituels des Mourides et des Tidjanes, les deux confréries musulmanes majoritaires du pays. Leur raisonnement était clair et selon eux, si Senghor, le catholique, arrangeait les deux chefs musulmans, la compétition qui s’établira après son départ, pouvait opposer leurs confréries pour la conquête de la magistrature suprême au bénéfice de l’un de leurs représentants.
Mais les Sénégalais savaient eux que leur chef d’État était arrivé au bout de ses rêves de développement du pays qu’il avait dirigé d’une façon autoritaire certes, mais empreinte d’une grande orthodoxie républicaine. Il avait d’abord observé, choisi, guidé et enfin nommé son successeur, en la personne du président Abdou Diouf, dont il avait su apprécier le sens élevé de la méthode et de l’organisation gouvernementale et étatique.
Senghor, un chef qui savait « cheffer ».
Cet homme savait que l’exemplarité était à la base de l’autorité naturelle que l’on peut avoir sur des hommes et des femmes qui n’ont rien de moins que vous et auxquels vous devez respect et considération. Les bases de son autorité que l’on pouvait croire naturelle, étaient déterminées par le choix d’hommes et de femmes de qualité, instruits, éduqués, discrets, et surtout emplis de cette humilité qui font les hommes d’état. Avant toute chose, ils devaient avoir un grand sens de ce qu’était la République. Et surtout en connaître la liturgie, son application qui n’était pas contenue dans des textes et des règlements, mais aussi ils devaient comprendre qu’un pays et un État, à travers son gouvernement a besoin d’être organisé avec sens et méthodes. Et nombreux sont les hommes que l’on disait du sérail de Senghor qui ont été biberonnés aux règles simples et logiques de ce qui était appelé, le BOM, le Bureau Organisation et Méthode.
Les affaires de l’État ne traînaient pas sur la place publique, personne ne s’avisait comme maintenant avec cette vulgarité des parvenus, à clamer urbi et orbi, devant n’importe quelle assistance, dans les lieux les plus louches parfois, « le président m’a dit…j’ai dit au président ».
Les enfants de ses ministres ne connaissaient pas l’intérieur de la voiture de fonction de leurs pères, pour n’y être jamais monté, alors que les enfants de ceux d’aujourd’hui conduisent ces véhicules de l’État à leur guise, alors que la règle était de les garer dès la fin de son service avant d’utiliser sa propre voiture. Autres temps autres mœurs…
Le palais de la République n’a jamais abrité du tems de Senghor des réunions politiques, et comme celles-ci se tenaient à l’Assemblée nationale et que le reproche lui en fut fait, il décida de la construction de la Maison du Parti Socialiste, à l’intérieur de laquelle il créa l’école du parti d’où sortirent les cadres parmi les plus influents de notre pays.
Nous allons causer d’un temps que les moins de…40 ans ne peuvent pas connaître, les temps où l’on nettoyait à l’eau et au savon les trottoirs de Dakar, où les arbres étaient correctement coupés au lieu d’être sauvagement élagués, pour en vendre les branches, les temps où le service d’hygiène vous mettait des amendes pour défaut de poubelles à domicile…et la liste des choses que la République nous offrait et nous enseignait est loin d’être exhaustive…
Il était impossible qu’un homme se fasse remettre une enveloppe bourrée de millions pour services rendus de fait de vol de documents. Des hommes capables d’organiser de telles insanités n’existaient pas dans son entourage, puis que le sens de la République était l’Alpha et l’Omega de la gouvernance de notre pays.
Il est intéressant de noter que c'est à l'occasion de la célébration des 20 ans de la disparition de Léopld Sédar Senghor, que Abdoul Aziz Tall, cet ancien du fameux BOM, Bureau Organisation et Méthode, pointant le désarroi du président Macky Sall, face au désordre qui caractérise son administration, met sa plume au cœur de cette plaie qui gangrène notre démocratie, et notre administration, et qui permet à n'importe quel gougnafier, de se pavaner avec désinvolture dans les arcanes d'un pouvoir, jadis imprégné de rigueur et d'éducation exigés par la République ! Je ne pense pas que de son temps, un hurluberlu de Ngom aurait pu approcher le président pour une vulgaire remise d'enveloppe.
Il serait temps que le président Macky Sall apprenne à « cheffer »… comme un chef d’État et garant de l’esprit de notre République…qui n’a jamais été bananière…
PAR Hamidou Anne
GABRIEL BORIC, UNE FRAÎCHEUR ANDINE
L'élection du jeune président chilien montre que le mouvement vers la justice, l’égalité, le mieux-être des précaires constituent le socle d’une colère nécessaire appelée à devenir une force politique réformatrice
Je suis attentif aux tribulations de la gauche en Amérique latine, formidable laboratoire du camp progressiste dans sa capacité à apporter des avancées réelles quand il a gouverné et transformé la vie de millions de citoyens. Les exemples du Venezuela, de la Bolivie et du Chili montrent que la gauche, quand elle gouverne et reste fidèle à sa promesse initiale d’être aux côtés des précaires, réussit à changer le cours de l’histoire d’un peuple.
Le jeune Gabriel Boric –il a 35 ans– vient d’être élu à la tête du Chili, pays dans lequel la gauche a une histoire aussi belle que tragique. Pour rappel, après l’éclaircie socialiste de 1970 représentée par Salvador Allende, militaires et bourgeoisie conservatrice, soutenus par les Etats-Unis, ont renversé le président élu démocratiquement, retrouvé mort dans son palais dans des circonstances encore troubles.
Si Gabriel Boric n’est pas Salvador Allende, il faut tout de même observer une sorte de filiation entre les deux. Toute l’histoire de la gauche est une transmission entre des militants de la liberté et de l’égalité, qui ont ouvert un chemin pour qu’aujourd’hui une nouvelle génération de penseurs et d’acteurs poursuive l’aventure au service des personnes vulnérabilisées.
Dans son discours de victoire, l’ancien dirigeant syndical étudiant, fait référence à Allende, figure marquante de la tragédie de la gauche internationale : «Je me sens l’héritier d’une longue trajectoire historique, celle de ceux qui ont cherché inlassablement la justice sociale, l’extension de la démocratie, la défense des droits humains, la protection des libertés. C’est ma grande famille.»
La victoire de Gabriel Boric ne survient pas ex nihilo. Elle est le fruit d’un long processus politique et institutionnel vieux de plusieurs décennies. Les forces progressistes chiliennes, depuis le retour de la démocratie en 1990 après la sombre période de Pinochet, n’ont cessé de labourer le terrain par les idées, afin de constituer une lame de fond capable de les faire revenir au pouvoir. C’est par l’appropriation des leviers de l’Etat qu’on gagne la bataille des représentations afin de changer la face d’une Nation.
Cette élection est aussi celle de l’unité des différentes chapelles du mouvement progressiste chilien autour d’une seule et unique figure, de surcroît celle d’un jeune homme de 35 ans. Il faut dire qu’un courant politique responsable, devant le danger du fascisme, construit l’unité sur une plateforme programmatique sans nier les différences ni les divergences spécifiques aux priorités de chaque appareil. Au Chili, l’hypothèse d’un retour du fascisme des années Pinochet, incarné par le candidat Jose Antonio Kast – soutenu par la bourgeoisie libérale dont le prix Nobel de littérature 2010, récemment élu à l’Académie française, Mario Vargas Llosa– a provoqué un électrochoc et a uni le camp progressiste.
Les contextes sont certes différents. Mais nous avons des leçons à apprendre de ce continent qui ressemble à bien des égards à l’Afrique. La colonisation, les régimes autoritaires, les inégalités sociales, la présence d’un vieux fond socialiste au sein des intellectuels et de la Société civile, le rôle de la religion dans les affaires politiques sont autant de similitudes que nous avons en partage.
La donne démographique fait de l’Afrique un continent très jeune avec un âge médian de 19 ans. La victoire de Gabriel Boric pourrait donner un exemple à une jeunesse africaine qui se meurt de la politique corrompue et inefficace qu’exercent ceux qui tiennent les rênes du pouvoir. Elle montre aussi que la fatalité est une impasse, que le mouvement vers la justice, l’égalité, la liberté, la souveraineté populaire et le mieux-être des précaires dans une société juste, constituent le socle d’une colère nécessaire appelée à devenir une force politique progressiste et réformatrice.
La victoire du jeune Président élu chilien a aussi été acquise grâce à une alliance objective entre les partis politiques, les syndicats et les mouvements sociaux aux revendications économico-corporatives. Chez nous, les partis s’essoufflent et ne proposent plus des idées sérieuses au service de la rupture et de la transformation sociale. Ils sont déconnectés du réel et s’enfoncent dans des luttes de positionnement au service exclusif d’un leadership qui s’approprie les outils électoraux. D’où l’intérêt de créer une jonction entre les partis politiques de gouvernement et les forces sociales, autour d’un agenda progressiste afin de mettre en tension l’espace public.
Dans une interview accordée au journal EnQuête, en juillet dernier, mon ami Babacar Diop assumait l’influence de l’Amérique latine dans son travail politique et intellectuel. Il disait : «Je pense fondamentalement, et de ce côté, j’ai une culture latino-américaine, que reconstruire le mouvement de Gauche en Afrique, c’est permettre aux partis de genre nouveau comme Fds/Les Guelewaars de travailler à structurer une alliance stratégique avec [les] mouvements sociaux. La Gauche latino-américaine travaille avec les organisations syndicales et les mouvements sociaux. C’est ce qui a amené Lula au pouvoir.». Et aujourd’hui Gabriel Boric