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5 juillet 2025
ALERTE À LA MALBOUFFE
Personne ne peut se passer de se nourrir. Nous consommons des produits alimentaires plusieurs fois par jour. Comment choisir son alimentation, quelles conséquences peuvent découler d’une malbouffe ?
Réalisé par Denise Zarour MEDANG |
Publication 22/01/2025
Comment choisir son alimentation, quelles conséquences peuvent découler d’une malbouffe ? L’Académie Nationale des Sciences de la Technologie du Sénégal (Ansts), le Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (Cres) et le Laboratoire de Chimie Analytique et Bromatologie de la Faculté de Médecine et Pharmacie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar se sont intéressés aux habitudes alimentaires des Sénégalais pour donner des réponses à ces préoccupations qui engendrent beaucoup de pathologies surtout celles non transmissibles comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’’accident cardiovasculaire entre autres.
Personne ne peut se passer de se nourrir. Nous consommons des produits alimentaires plusieurs fois par jour. Selon le professeur Mamadou Guelaye Sall, membre de l’Académie Nationale des Sciences et de la Technologie du Sénégal, Si parmi les consommateurs certains sont sobres, raisonnables, d’autres sont addicts, c’est-à-dire qu’ils développent des comportements excessifs, anormaux par rapport à ce qu’ils consomment au point de devenir dépressifs, s’ils estiment qu’ils n’en ont pas assez.
Selon professeur Sall, tous les aliments peuvent être addictogènes. Cette rencontre a mis l’accent sur la consommation de chocolat et des chips qui en réalité sont bien trop riches en sucre, en matière grasse et renferment des substances cannabinoïdes, c’est-à-dire qui ont le même effet que le cannabis et donc rendent dépendants certaines personnes. Outre la dépression, d’autres conséquences d’une dépendance alimentaire peuvent être des maladies cardiovasculaires. « Les autres conséquences des addictions alimentaires portent d’abord sur les déviations du goût puis la possible survenue de l’obésité, en particulier chez les enfants. Le professeur Sall n’a pas exclu les maladies cardiovasculaires en raison de l’excès de sel et de gras qu’il y a dans certains de ces aliments, en particulier ceux qui sont ultra transformés, mais également le retentissement psychologique découlant d’une perte de l’estime de soi, le manque de confiance et même la dépression » a-t-il fait savoir.
Toutefois pour s’en départir, Pr Sall a préconisé de commencer d’abord par dire : « que quand ça survient, c’est extrêmement difficile à manager, cela nécessite une approche pluridisciplinaire avec des actions sur l’individu, sur la famille, sur la société, en particulier sur les industries agroalimentaires pour le respect des normes de fabrication des aliments. Mais tout le focus doit être mis sur la prévention dès l’âge pédiatrique en utilisant ce qu’on appelle la fenêtre d’opportunité des mille premiers jours afin d’assurer aux enfants une bonne diversification alimentaire, un bon apprentissage des goûts et permettre ainsi leur plein épanouissement ».
LA SANTE PAR LES ALIMENTS
Dr Bintou Cheikh Seck, diététicienne nutritionniste, a noté dans le pays, la progression galopante de ce qu’on appelle les maladies chroniques, les maladies non transmissibles, comme le diabète, les maladies du cœur, les maladies cardiovasculaires, les cancers. « En moins d’une génération, d’après les projections de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), ce sont ces maladies-là qui seront les principales causes de décès au Sénégal. Et qu’un facteur de risque majeur de ces maladies, c’est une mauvaise alimentation ou une alimentation malsaine, qui est une alimentation trop riche en sucre ajouté, trop riche en gras, en sel, en aliments industriels et qui est pauvre à l’inverse, en fruits, en légumes en aliments frais » a-elle ajouté. Et de poursuivre : « le message aujourd’hui que je voulais porter, c’est qu’on peut pourtant manger très sainement, d’après les préceptes scientifiques, avoir une alimentation saine, une alimentation équilibrée, en mangeant parfaitement local ». Pour Docteur Bintou Cheikh Seck, on a toutes les familles d’aliments dont le corps à besoin à notre disposition. Seulement, elle estime qu’il faut que les Sénégalais soient mieux sensibilisés, pour savoir les associer, comment les manger, comment les préparer, sans ajouter des excès d’huile, comment limiter le sel ajouté, quelle quantité à en manger, à quelle fréquence. « Il faut une véritable politique d’information et d’éducation des populations aujourd’hui, pour que nous mangeons mieux. Nos enfants déjà doivent grandir avec ces bonnes habitudes alimentaires, afin de faire reculer la progression des cas de maladies non transmissibles, qui vont être les causes majeures de mort dans les 25 prochaines années » a-elle renchéri.
233,6 MILLIARDS DE DEPENSES PAR AN POUR LES MALADIES NON TRANSMISSIBLES (MTN)
Au Sénégal, à l’image des pays en développement, la situation nutritionnelle est globalement caractérisée selon le Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (Cres), par la persistance du triple fardeau de la malnutrition : la dénutrition, le surpoids et l’obésité et les carences en micronutriments. Le Directeur exécutif du Cres, Professeur Abdoulaye Diagne a soutenu : « la mauvaise alimentation demeure le principal facteur de risque de maladie, de décès et d’incapacité, dans le monde entier ». Pour les chercheurs du Cres, une alimentation peut être considérée comme mauvaise, lorsque prédominent dans sa composition, des aliments et boissons à forte teneur en gras saturés, en acides gras transformés, en sucres libres et en sel, alors qu’elle est pauvre en fruits et légumes. Cette alimentation provoque l’hypertension, l’obésité et le surpoids qui jouent un rôle majeur dans l’expansion des Mnt. « La hausse de la prévalence de l’obésité, la consommation accrue d’aliments de mauvaise qualité et la dénutrition, qui est toujours omniprésente dans des pays comme le Sénégal, contribuent fortement à l’expansion des Mnt. Du fait de ces maladies, des millions de personnes mourront prématurément ou verront leur qualité de vie compromise. Aujourd’hui, la plupart des pays dans le monde, doivent porter le fardeau des maladies non transmissibles » fait savoir Pr Diagne.
Au Sénégal, selon les Enquêtes Démographiques et de Santé de 2023, 18% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance. La malnutrition aigue, conséquence d’une alimentation insuffisante et de maladies récentes touche 10% des enfants dont 1% sous forme sévère. L’insuffisance pondérale affecte 16 % des enfants de moins de 5 ans, dont 3% sous forme sévère. « L’exploitation des résultats des comptes de la santé 2017- 2021 du Sénégal montre que les dépenses en Mnt, toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur la période 2017-2021. Ces problèmes sont exacerbés entre autres par la pauvreté, le manque d’éducation nutritionnelle et des environnements alimentaires peu favorables, les pratiques inappropriées d’alimentation, » a renseigné Dr Amadou Doucouré directeur de la Santé de la mère et de l’enfant. Et d’ajouter : « nous devons réfléchir sur ce que nous mangeons, faire évoluer nos habitudes de consommation, marquées encore par des pratiques culinaires inappropriées, une consommation élevée de sucre, sel et matières grasses, l’utilisation généralisée des bouillons et une consommation de fruits et légumes faible ».
L’UCAD SUR LES APPORTS ALIMENTAIRES EN SEL DES SENEGALAIS
Le laboratoire de Chimie Analytique et Bromatologie de la Faculté de médecine et pharmacie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a estimé que le Sénégalais surconsomme du sel, avec des apports soldés supérieurs à la valeur guide recommandée par l’Oms. Selon une étude réalisée à Dakar et Thiès, les scénarii de consommation révèlent que ces populations consomment entre 8,81 et 32,34g de sel/jour, soit 176,2 à 646,8 % de la valeur guide de 5g de sel par jour recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’objectif de cette étude selon le professeur Serigne Omar Sarr, était d’estimer les apports alimentaires en sel des populations sénégalaises sur la base de scénarii de consommation. « Les données analytiques relatives à la teneur en sel de plats à base de mil et de riz, les plus couramment consommés, sont corrélées avec celles relatives aux habitudes de consommation alimentaires disponibles » a-t-il fait comprendre.
A Dakar, l’étude rapporte que 98% des ménages consomment du riz au déjeuner et 46% le consomment aussi au diner, surtout dans les départements de Pikine et Guédiawaye. Parmi ces 46%, 23% prélèvent sur le repas de midi pour le diner. A Thiès, 86% des ménages consomment du riz au déjeuner et 11% le consomment aussi au diner. Il est considéré que ces 11% prélèvent sur le repas de midi. Dans ces scénarios, 23% des Dakarois et 11% des Thiessois consomment entre le déjeuner et le diner au moins une quantité minimale de sel comprise entre 2-fois (déjeuner et diner) la quantité de sel du plat qui en contient le moins c’est-à-dire le riz au poisson rouge et 2-fois la quantité retrouvée dans le plat qui en contient le plus de riz au poisson blanc. « Les habitudes de consommation des populations au Sénégal ont permis d’estimer une consommation journalière en sel variant de 8,18g à 32,34g pour ces populations. Il s’agit des valeurs minimale et maximale des scénarii dans ces deux villes. Ces valeurs sont environ 3 à 6,5 fois supérieures à la valeur recommandée par l’OMS ».
Rappelons que la quantité moyenne de sel ajoutée, consommée par jour par un Sénégalais dans les ménages est estimée à 5g. Selon leurs habitudes alimentaires, le Dakarois comme le Thiessois consomme, en moyenne, au moins 16,92g de sel par jour avec un minimum de 8,81g/j et un maximum de 32,34g/j. A cela il faut ajouter la quantité de sel apportée par le petit déjeuner dans certains cas et les autres types de collation consommés dans la journée. « Paradoxalement, environ 87,9% des Sénégalais pensent ne consommer juste que là, la quantité de sel appropriée. Il s’avère donc nécessaire de mettre en place des actions d’information et de sensibilisation, sur le niveau de consommation de sel »?
VERS UNE ORGANISATION EXEMPLAIRE DU 145ᵉ APPEL DE SEYDINA LIMAMOU LAYE
À moins de dix jours de la 145ᵉ édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye Al Mahdi, prévue les 30 et 31 janvier 2025, les préparatifs avancent à grands pas. Une réunion présidée ce mardi 21 janvier par le ministre de l’Intérieur a confirmé l'évolution
À moins de dix jours de la 145ᵉ édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye Al Mahdi, prévue les 30 et 31 janvier 2025, les préparatifs avancent à grands pas. Une réunion présidée ce mardi 21 janvier par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, le Général Jean-Baptiste Tine, a confirmé l’engagement de toutes les parties prenantes à faire de cet événement un succès.
Organisée dans la salle de conférence du Ministère de l’Intérieur, cette rencontre a réuni des autorités administratives et religieuses, notamment Serigne Mamadou Lamine Laye, porte-parole du Khalife général des Layènes, et Serigne Mamadou Makhtar Laye, accompagné d’une importante délégation. Le Gouverneur de la région de Dakar a présenté les conclusions essentielles issues de la réunion tenue le 13 janvier avec le comité d’organisation.
Les priorités identifiées incluent l’amélioration des infrastructures routières, pour faciliter l’accès au site de l’événement et le renforcement des réseaux électrique et téléphonique, afin de répondre efficacement aux besoins des milliers de participants attendus.
Général Jean-Baptiste Tine aux Layennes :
"Le Président et le Premier Ministre ont pris le ferme engagement de vous accompagner"
J’ai éprouvé un grand plaisir à présider, cet après-midi, la réunion nationale consacrée aux préparatifs de la 145ᵉ édition de la commémoration de… pic.twitter.com/Tun6A8Z0jI
La sécurisation des lieux, grâce à une mobilisation accrue des forces de l’ordre a été aussi évoquée.
Ces mesures visent à assurer une organisation sans faille pour cet événement religieux majeur, qui rassemble chaque année des milliers de fidèles autour des enseignements de Seydina Limamou Laye.
Lors de son intervention, le Ministre de l’Intérieur a souligné l’implication totale du Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et du Premier Ministre, Ousmane Sonko, dans le soutien à cette célébration emblématique. Il a également insisté sur l’importance d’une coordination étroite entre les différents acteurs pour garantir une organisation exemplaire, à l’image des valeurs de paix et d’unité prônées par l’Appel de Seydina Limamou Laye.
Seydina Issa Thiaw Laye, coordonnateur de l’Appel, a exprimé sa profonde reconnaissance envers le gouvernement pour son appui constant. Il a également appelé à une mobilisation collective afin que cette 145ᵉ édition soit couronnée de succès.
La réunion s’est conclue par des prières pour la paix, la stabilité et la prospérité du Sénégal, marquant ainsi le lancement officiel des derniers préparatifs.
Avec un engagement sans précédent des autorités et une collaboration étroite avec la communauté layène, la 145ᵉ édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye s’annonce déjà comme une célébration à la hauteur de son importance spirituelle et culturelle.
PAR Vieux Savané
LA FOLIE DES JEUX D’ARGENT
Voilà une enquête journalistique minutieuse où l’auteur paye de sa personne pour nous plonger dans l’univers impitoyable des jeux électroniques
C’est un jeu, une activité à laquelle on se prête avec insouciance et légèreté. Seulement, on finit souvent par s’enliser tout doucement, profondément, dans le sable mouvant du jeu, jusqu’à se retrouver dans une posture de dépendance absolue. Tombé en addiction, le joueur convulsif voit ainsi sa capacité à décider par lui-même s’estomper peu à peu, à force d’avoir du mal à surseoir voire à différer une irrépressible envie. En d’autres termes l’adepte aux jeux électroniques court le risque de ne plus être maître de ses actes. Il se retrouve par contre, « à l’insu de son plein gré» à ne plus agir mais à être agi par un ensemble de pulsions qui le plongent dans le jeu. A son corps défendant, il passe ainsi du jeu qui aère l’esprit, d’un moment de détente donc, à ce qui ressemble à une descente aux enfers. Happé qu’il est dans une spirale qui le fait balloter entre l’espoir le plus fou de gagner le jackpot et la chute la plus brutale de constater avoir tout perdu.
Fort de ces désastres qu’il a constatés au cours de sa minutieuse enquête journalistique opérée dans le milieu des casinos dakarois, l’auteur de l’ouvrage trouve que les nouveaux jeux d’argent électroniques, « dont le pari sportif a adopté et adapté le mécanisme », bouleversent la vie quotidienne de gens qui ont joué et tout perdu. L’auteur égrène des cas d’école qui épousent le visage d’un homme, d’une femme, qui portent leurs projets en bandoulière et les voient se déliter et se fracasser sur le rocher de leurs désillusions. Des exemples sont donnés pour dire que l’addiction dont il est question est chair et d’os. Elle fausse tout, met tout en l’air, déshumanise, parce qu’elle expulse la raison de son champ de vision, pour ne laisser place qu’à une sorte de compulsion pour le jeu. Un état d’esprit qui entraîne dans une détresse et une terrible angoisse la personne qui, tout d’un coup, se retrouve défaite de toute sa richesse. Brutalement, jusque ne plus en avoir, au risque de basculer dans la délinquance, dans la folie. Surtout lorsqu’elle se retrouve face aux urgences à régler : se nourrir, payer le loyer, la scolarité des enfants, les dettes. Selon l’auteur, « Naar bi », en référence au précurseur Libano-Syrien qui l’a disséminé dans les quartiers aura ainsi contribué à beaucoup de drames personnels voire familiaux. Cela a par conséquent ruiné et conduit de nombreux joueurs vers « la déchéance par l’accoutumance, la marginalisation professionnelle et sociale, la prostitution, la délinquance ».
C’est ainsi qu’il dénonce « le jeu d’argent », comparé à un « tueur silencieux » qui plus est, se développe « un peu partout dans les villes » avec ses « kiosques » qui « se sont intégrés au paysage et ont recréé les ambiances des Fortune’s club ». Aussi l’auteur de militer pour la suppression des jeux d’argent électroniques et d’appeler à la vigilance des parents. S’y ajoute qu’ils fragilisent l’économie nationale par le biais de fraudes fiscales et constituent un danger mental pour les jeunes utilisateurs.
Edition réactualisée de l’enquête intitulée « Le poker menteur des hommes politiques », publié en 2006 aux « Editions Sentinelle », ce livre raconte la détresse d’hommes et de femmes qui ont perdu beaucoup d’argent puisqu’ils étaient emprisonnés dans les mailles du filet des jeux. Aussi, très tôt, l’auteur avait dénoncé un projet de mise en place de « machines à sous » par des Corses alliés à des politiques locaux. Ils comptaient implanter des milliers de machines à sous dans « les bas quartiers de Dakar » après avoir sévi dans différents pays d’Afrique centrale : Gabon, Congo, Cameroun, notamment. Ce livre est donc né d’une idée de reportage de l’auteur, alors qu’il était à l’époque, directeur de publication du quotidien « Taxi ».
Il s’est aussi intéressé aux dessous économiques, juridiques et politiques de cette activité commerciale.
Par le biais d’une enquête menée avec ténacité, l’auteur essaie de débrouiller les fils de l’écheveau ‘ou démêler l’écheveau) empêtrée dans des imbrications dans lesquelles pataugent des personnalités, des prêtes noms avec l’obsession tenace de profiter de leur situation pour se faire créer un espace de business.
Voilà une enquête journalistique minutieuse où l’auteur paye de sa personne pour nous plonger dans l’univers impitoyable des jeux électroniques.
Et il ressort clairement de cette enquête la fragilité des joueurs qui n’arrivent pas à asseoir leur lucidité et à couper le cordon, abimés qu’ils sont dans une dépendance déstabilisante qui n’épargne aucune couche sociale.
Par Henriette Niang KANDE
QUAND L’ÉTAT RAME, ÇA MOULINE DANS LE VIDE
Quand un chef d'État avoue n'avoir « aucune marge de manœuvre », on pourrait se demander s’il ne manque pas aussi de marge pour une bouffée d’air. Un cri d’alerte ou l’aveu qu’il aurait mieux fait de rester aux Impôts et Domaines ?
Le chef de l’Etat a présidé, lundi dernier, la première Conférence des Administrateurs et Managers Publics (CAMP). Dans son évaluation de l’Administration sénégalaise, il a déclaré en gros qu’après neuf mois aux commandes, le bilan fait tousser
1. D’abord, un État fauché comme les blés, avec des finances qui font grise mine et des marges de manœuvre aussi vastes qu’une boîte de sardines.
2. Ensuite, une Administration républicaine, certes, mais qui tourne encore sous Windows 95, alors qu’on parle d’intelligence artificielle et de révolution numérique à chaque coin de rue.
3. Puis, un secteur parapublic gonflé comme un ballon de baudruche, qui coûte un bras tout en doublonnant les services centraux, avec des dividendes qui se font désirer comme des vacances en première classe.
4. Enfin. Des services publics aussi simples qu’un casse-tête chinois, avec des coûts qui grimpent plus vite qu’un chat sur un rideau, et une image de l’État qui prend la poussière.
Bref, il faut un bon coup de balai pour dépoussiérer tout ça, moderniser, rapprocher l’administration des citoyens et la rendre plus efficace. C’est justement tout l’enjeu de cette Conférence des Administrateurs et Managers publics (CAMP) : causer stratégie, solutions, et surtout éviter la panne sèche.
Quand un chef d’État annonce qu’il n’y a « aucune marge de manœuvre » pour sortir son pays d’une crise, on pourrait se demander s’il ne manque pas aussi de marge pour prendre une bouffée d’air. Est-ce un cri d’alerte sincère, une manière d’éviter le stress des attentes, ou simplement l’aveu qu’il aurait peut-être mieux fait de rester aux Impôts et Domaines ? Explorons cette déclaration avec un brin d’humour.
Quand on parle de « contraintes systémiques », cela sonne un peu comme une excuse que l’on sort à l’école pour ne pas avoir fait ses devoirs. « Ce n’est pas moi, c’est la crise énergétique, la dette et le pays pillé par nos devanciers », semble-t-on entendre. Certes, les chefs d’État, surtout dans les pays en développement, jonglent souvent avec des problèmes qui semblent taillés pour un super-héros… mais sans le costume.
Reste que dire pudiquement « je ne peux rien faire » ressemble à une stratégie curieuse. S’agit-il de transparence pour préparer la population à de futurs sacrifices ? Ou simplement d’un moyen de baisser les attentes, parce qu’après tout, à quoi bon décevoir si tout le monde est déjà déprimé ?
Évidemment, une telle déclaration ouvre la voie à des critiques. Et si le véritable problème était une incompétence bien dissimulée ? Certains diront qu’un bon leader trouverait toujours une solution, même si elle implique de transformer des citrons en limonade. Mais quand on ne voit que des citrons, le casse-tête est qu’il faut choisir entre ceux qui ont des pépins et ceux qui n’en n’ont pas.
Pourtant, il faut bien admettre que tout ne peut pas être imputé à une seule personne. Quand un pays traîne un boulet depuis plusieurs décennies, le dirigeant actuel ressemble davantage à quelqu’un qui tente de réparer un avion en plein vol. Mais bon, si on a promis des réformes miracles et que l’on finit par lancer un SOS, il faut s’attendre à des critiques.
Si le chef d’État évoque une absence de marge de manœuvre, il y a peut-être une logique derrière. C’est un peu comme quand on dit à ses amis qu’on est fauché juste avant qu’ils ne demandent qu’on paye la prochaine tournée. En mettant en avant les contraintes extérieures, il déplace l’attention : ce n’est pas lui, ce sont les gens d’avant.
Mais attention, cette stratégie peut avoir un effet boomerang. Si la population sent que tout est de la faute des autres, elle pourrait finir par se demander pourquoi elle écoute encore quelqu’un qui n’a visiblement pas les commandes.
Les citoyens, eux, oscillent entre l’espoir d’une solution et une envie grandissante d’éclater de rire devant l’absurdité de certaines situations. Entendre qu’il n’y a pas de marge de manœuvre peut sembler honnête, mais cela risque aussi de ressembler à un abandon. Pourtant, l’art du leadership consiste justement à trouver un moyen de transformer une impasse en opportunité. Un peu comme ces gens qui, coincés dans un ascenseur, finissent par inventer un jeu pour passer le temps
Quand un chef d’État affirme qu’il n’y a pas de marge de manœuvre, cela peut être le reflet d’un contexte véritablement difficile, ou une manière astucieuse de réduire les attentes. Mais pour beaucoup de citoyens, cela reste une pirouette rhétorique qui pourrait bien résumer toute la situation : « On est dans le même bateau, mais moi, je ne rame pas. » Au final, la véritable question reste : qui prendra les rames et, surtout, où est-ce qu’on va ?
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE MERCREDI 22 JANVIER 2025
ud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil
L'ancein président peut compter sur l’appui d’un collectif de poids lourds du monde judiciaire pour organiser sa défense et celle de ses proches, dont certains sont déjà dans le viseur de la justice sénégalaise
Exilé au Maroc depuis son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall reste au cœur des enjeux politiques sénégalais. Depuis la Palmeraie de Marrakech, l’ancien président suit de près les vagues de poursuites qui visent ses proches, à l’instar de Farba Ngom, député-maire des Agnams, au centre d’une affaire de blanchiment d’argent. Craignant que la justice sénégalaise ne s’oriente vers des mesures le visant directement, Macky Sall s’appuie sur un réseau d’experts juridiques et politiques, tant au Sénégal qu’à l’international, pour organiser sa défense.
Redoutant une vendetta politique menée par l'administration de son successeur, Macky Sall peut compter sur l’appui d’un collectif de poids lourds du monde judiciaire pour organiser sa défense et celle de ses proches, dont certains sont déjà dans le viseur de la justice sénégalaise, renseigne des sources d’Africa Intelligences.
Depuis Marrakech, où il s’est installé après son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall suit de près la situation politique sénégalaise. En contact régulier avec les cadres de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien chef d’État s’inquiète des vagues de poursuites judiciaires qui ciblent ses fidèles lieutenants. Parmi eux, Farba Ngom, député-maire des Agnams et grand argentier de l’APR, se retrouve au centre d’une procédure pour blanchiment d’argent impliquant plus de 190 millions d’euros. L’Assemblée nationale a d’ailleurs engagé un processus visant à lever son immunité parlementaire, une première sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye.
Face à cette situation, Macky Sall a mobilisé un réseau d’experts juridiques pour anticiper d’éventuelles actions judiciaires le visant directement. Il est notamment en contact avec El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice sous Abdoulaye Wade, qui s’était illustré dans la défense de Karim Wade lors de son procès pour enrichissement illicite. Dès septembre 2024, ce ténor du barreau a mis sur pied un collectif d’avocats chargé de défendre les personnalités de l’ancien régime.
Un collectif d’avocats en ordre de bataille
Baptisé ‘’Collectif des avocats républicains’’, cette structure a déjà dénoncé les restrictions de circulation imposées à plusieurs anciens ministres et dignitaires du régime Sall. Certains, comme l’ex-ministre des Sports Lat Diop, se sont vu interdire de quitter le territoire sénégalais.
Ce collectif, qui compte parmi ses membres des figures influentes du barreau comme Omar Youm, El Hadj Moustapha Diouf et Bassirou Ngom, s’emploie à décrédibiliser les procédures en cours, les qualifiant de ‘’justice des vainqueurs’’. En coulisse, Macky Sall s’active également sur le plan international, multipliant les consultations avec des avocats étrangers. Le médiatique avocat français Antoine Vey, connu pour ses dossiers sensibles, a été mandaté pour préparer une éventuelle contre-offensive judiciaire en Europe.
Si l’ex-président de la République lui-même ne fait pas encore l’objet de poursuites, la multiplication des affaires impliquant ses proches alimente les spéculations. Outre Farba Ngom, plusieurs anciens ministres et hauts fonctionnaires sont cités dans des enquêtes pour détournement de fonds publics et blanchiment d’argent. Le parquet financier sénégalais aurait déjà ouvert plusieurs dossiers dont les ramifications pourraient remonter jusqu’à l’ancien président.
En exil discret au Maroc, Macky Sall évite pour l’instant de rentrer au Sénégal, préférant suivre les évolutions judiciaires à distance. Il reste toutefois actif sur la scène internationale : il serait présent le 20 janvier aux États-Unis à la cérémonie d’investiture de Donald Trump, un déplacement qui devrait lui permettre de consolider des appuis politiques et diplomatiques.
Dans ce climat de tensions croissantes, l’issue des procédures en cours pourrait bien redéfinir l’avenir politique de Macky Sall et de son entourage. Une chose est certaine : l’ancien président n’a pas dit son dernier mot et prépare déjà sa riposte.
PAR Ibrahima Dia
PROPOSITION POUR LA FORMALISATION DES CONDUCTEURS DE MOTOS JAKARTA
EXCLUSIF SENEPLUS - Le statut d'entreprenant, pierre angulaire de cette stratégie, permettrait aux conducteurs d'accéder à la formalité sans frais initiaux tout en bénéficiant d'une reconnaissance légale de leur activité
La formalisation des conducteurs de motos taxis et livreurs, communément appelés "Jakarta", est devenue un enjeu crucial et urgent au Sénégal. Les récentes décisions étatiques exigeant une mise en conformité ont exacerbé les tensions dans un secteur qui, bien qu’informel, joue un rôle vital dans l’économie. Ce problème n’est pas nouveau. Déjà sous un précédent régime, des tentatives de régulation avaient provoqué une forte opposition malgré les efforts pour simplifier les démarches et alléger les coûts. Cette situation a permis au phénomène des motos Jakarta de prospérer de manière incontrôlée et les risques de sécurité publique deviennent plus importants.
Ces tensions soulignent l'importance de solutions inclusives et durables pour intégrer ces acteurs dans le cadre légal et économique formel et de traiter cette question structurelles en dehors de toutes considerations politiciennes partisanes. Ce défi s'inscrit dans une dynamique plus large visant à moderniser l'économie et à répondre à la problématique de l'emploi des jeunes, particulièrement marquée par une forte dépendance au secteur informel. En 2016, 97 % des unités économiques étaient informelles, contribuant à 54 % du PIB national, mais affichant une faible productivité et une couverture sociale quasi inexistant
Le succès de ce mode de transport repose sur une forte demande de mobilité rapide, des trajets courts et à bas coût et sur des besoins croissants en livraison, notamment grâce à l’essor du e-commerce. En parallèle, l’offre est alimentée par une main-d’œuvre abondante composée de jeunes sans emploi qui arrivent de plus en plans nombreux sur le marché, d’étudiants et d’autres individus cherchant à accumuler des revenus pour divers objectifs, pour un métier peu exigeant en qualification et avec presque pas de barrières d’entrée. On estime qu’entre 300 000 et 400 000 personnes travaillent dans ce secteur et ce chiffre risque de croitre d’avantage et plus rapidement que prévu.
Défis et enjeux de la formalisation des motos jakarta
Bien que tout le monde s'accorde sur l'importance de réguler l'activité, notamment par l'obtention de documents administratifs et l'immatriculation des motos, plusieurs obstacles majeurs continuent de constituer de fortes barrières si l’on se réfère aux déclarations des acteurs.
Le premier obstacle réside dans le coût élevé des procédures et les contraintes financières qu'elles imposent. Les frais administratifs sont jugés prohibitifs, d'autant plus qu'ils doivent être réglés en une seule fois, ce qui constitue un défi pour des acteurs dont les revenus, souvent modestes et instables, dépendent d'une activité quotidienne.
Ensuite, la complexité des démarches représente un frein significatif. Les étapes à suivre, souvent longues et exigeantes en termes de temps et de ressources, découragent de nombreux individus qui peinent déjà à répondre aux besoins immédiats de leur quotidien.
Enfin, l'achat informel des motos constitue un autre obstacle de taille. Beaucoup de ces véhicules, acquis sans documents officiels, rendent difficile la présentation de preuves de propriété, (avec des soupçons que certains ont fait l’objet de vols), ce qui complique davantage leur intégration dans un cadre formel.
Ces défis appellent des réponses structurelles, intelligentes et pérennes. Des solutions ponctuelles ou conjoncturelles ne suffiront pas à surmonter ces obstacles profondément enracinés. Une approche globale et adaptée est nécessaire pour favoriser une régulation effective et inclusive de ce secteur dans un climat de sérénité.
Une approche structurelle via le statut d’entreprenant
Conceptuellement, les conducteurs de motos Jakarta sont des autoentrepreneurs. Ils travaillent pour leur propre compte, génèrent leurs revenus directement à partir de leur activité et, dans la majorité des cas, possèdent leur outil de travail. Même lorsqu’ils ne sont pas propriétaires, ils ne sont pas des salariés au sens classique, mais partagent les recettes avec les propriétaires des motos. Cette situation les positionne naturellement dans la catégorie des autoentrepreneurs, tels que définis par la loi d’orientation sur les PME et le cadre OHADA.
Le statut d’Entreprenant, introduit par l’Acte Uniforme de l’OHADA et renforcé par le cadre légal national (loi d’orientation n°2020-02 sur les PME et le décret n°2022-1190 du 03 juin 2022 portant statut de l’entreprenant), constitue une opportunité pour formaliser les conducteurs de motos Jakarta. Ce statut, destiné aux entrepreneurs individuels travaillant pour leurs propres comptes, offre une procédure simple et accessible
Caractéristiques du statut d’entreprenant
Le statut d'entreprenant se distingue par sa simplicité et son accessibilité. Toute personne physique majeure peut y prétendre par une simple déclaration, sans frais, à condition de présenter une pièce d’identité et des informations de base sur son activité. Ce statut offre des plafonds de chiffre d’affaires annuels adaptés, variant entre 30 et 60 millions de FCFA selon le type d’activité exercée. Une carte d’Entreprenant est alors délivrée, valable pour une durée de trois ans et renouvelable.
Ce statut garantit également la reconnaissance formelle de l’activité, permettant à ses bénéficiaires de sortir de l’informalité. En parallèle, il ouvre l’accès à des mesures d’accompagnement, incluant des incitations spécifiques, dont la définition est encore en cours.
Cependant, ce statut implique certaines obligations. Les bénéficiaires doivent tenir une comptabilité simplifiée et se conformer aux réglementations sectorielles, notamment en matière de licences pour des activités spécifiques comme le transport. Ces exigences visent à assurer la viabilité et la conformité des activités déclarées tout en favorisant leur développement.
Propositions de mesures opérationnelles
Pour lever les blocages actuels et encourager la formalisation des conducteurs de motos, les mesures suivantes sont préconisées :
Encourager l’enregistrement des conducteurs de motos Jakarta au statut d’entreprenant :
Pour encourager les conducteurs de motos à adhérer au statut d’Entreprenant, plusieurs mesures stratégiques peuvent être mises en œuvre :
D’abord, il est essentiel de faciliter la procédure de déclaration. En collaboration avec les greffes du ministère de la Justice, des guichets uniques mobiles pourraient être déployés pour faciliter les inscriptions directement sur le terrain. Cette approche rapprocherait le service des bénéficiaires et réduirait les obstacles logistiques et administratifs.
Ensuite, une campagne de sensibilisation ciblée devrait être menée pour mettre en avant les avantages du statut notamment l’accès au crédit, la protection sociale et des opportunités d’accompagnement entrepreneurial. Ce travail de sensibilisation, réalisé en partenariat avec les associations de conducteurs de motos, permettrait de mieux informer ces derniers sur les bénéfices concrets de la formalisation.
Enfin, la mise en place d’un dispositif spécifique au sein de la Direction de l’Encadrement et de la Transformation des Entreprises Informelles, relevant du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, serait cruciale. Ce dispositif en intelligence avec le ministère en charge du transport, serait chargé de soutenir et d’encadrer les associations de conducteurs. Il pourrait également faciliter la mise en place d’équipes d’assistance dédiées, aidant les membres à accomplir les démarches nécessaires pour accéder au statut d’Entreprenant. Une telle initiative renforcerait la proximité et l’efficacité des services proposés.
Mise en place de financements adaptés
Pour soutenir les conducteurs de motos dans leur transition vers la formalisation, des actions concertées avec le ministère en charge de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) pourraient être mises en place. Une première initiative consisterait à mobiliser les institutions de microfinance (IMF) pour leur accorder des crédits dédiés, inspirés des nanocrédits de la DER-FJ. Ces financements permettraient de couvrir les frais liés à l’immatriculation, les plaques, les licences, les assurances, et autres démarches administratives nécessaires.
Pour rendre ces crédits accessibles et adaptés aux réalités économiques des bénéficiaires, des modalités de remboursement flexibles seraient proposées. Cela inclurait des échéanciers souples, avec des paiements journaliers ou hebdomadaires, étalés sur une période de 6 à 12 mois. Ces conditions tiendraient compte des habitudes de cotisation déjà pratiquées par les conducteurs dans leurs garages, facilitant ainsi une intégration progressive au processus de formalisation sans alourdir leurs charges financières immédiates. Cette approche inclusive renforcerait leur capacité à s’organiser et à évoluer dans un cadre économique plus stable, plus serein et plus structuré.
Perspectives de développement post-formalisation
La formalisation des conducteurs de motos ouvre la voie à de nouvelles opportunités de développement économique et social, tout en renforçant leur inclusion dans un cadre structuré et sécurisé. Au-delà des étapes initiales d’enregistrement et de mise en conformité, il est crucial d’explorer des mécanismes qui permettent de maximiser les bénéfices de cette transition. C’est le meilleur moyen d’avoir leur adhésion
Les perspectives préconisées visent non seulement à améliorer les conditions de travail des conducteurs, mais aussi à stimuler leur contribution à l’économie locale et à renforcer leur résilience face aux aléas sociaux et économiques.
Pour promouvoir l’inclusion financière et le développement durable des conducteurs de motos, plusieurs mesures stratégiques peuvent être mises en œuvre. D’abord, l’ouverture de comptes bancaires serait encouragée pour une gestion transparente des revenus et une tenue simplifiée de la comptabilité. Cette initiative renforcerait la capacité des conducteurs à gérer efficacement leurs finances tout en facilitant leur accès à des services financiers formels.
En parallèle, des opportunités d’accès au crédit seraient offertes pour financer des investissements essentiels. Ces crédits pourraient couvrir le renouvellement ou l’acquisition de motos, notamment en soutenant la transition vers des modèles électriques, ainsi que l’achat d’équipements divers et la consommation de base. La protection sociale serait également intégrée de manière progressive en liant le paiement des cotisations sociales aux crédits octroyés. Ce mécanisme assurerait une meilleure couverture sociale, incluant l’assurance maladie, pour les conducteurs et leurs familles. Enfin, un appui spécifique serait apporté aux conducteurs pour les aider à créer et à structurer des sociétés coopératives. Ces coopératives seraient en mesure de mettre en place des centrales d’achat pour réduire les coûts liés aux équipements, ainsi que des unités de production de plaques d’immatriculation. Cette perspective renforcerait leur pouvoir économique et leur autonomie.
Gouvernance et suivi pour une formalisation durable
Pour garantir le succès de la formalisation des conducteurs de motos, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de gouvernance solides et inclusifs, ainsi que des outils de suivi et d’évaluation performants pour coordonner les efforts entre les différents acteurs impliqués et de mesurer l’impact économique et social des initiatives engagées.
Une première mesure clé consiste à créer un comité national chargé de la mise en œuvre sur le terrain des mesures préconisées. Ce comité, composé des ministères concernés (en charge de l’Économie Sociale et Solidaire, de la formalisation, des PME et du transport, entre autres), des associations de conducteurs, des collectivités territoriales aurait pour mission de piloter les actions stratégiques, d'assurer leur cohérence et d’évaluer leur pertinence.
Par ailleurs, il est crucial de renforcer le comité existant de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre du statut de l’Entreprenant pour superviser cette initiative et l’inscrire dans sa feuille de route. En collaboration étroite avec les partenaires techniques et financiers, ce comité pourrait intégrer des indicateurs de performance spécifiques et favoriser des retours réguliers sur l’évolution du processus. Cela permettrait d’adapter les stratégies en temps réel et de garantir que les objectifs initiaux, tels que l’inclusion financière, la protection sociale et le développement entrepreneurial, soient effectivement atteints.
Transformer une crise en opportunité
La situation des conducteurs de motos Jakarta ne doit pas être perçue uniquement comme une contrainte, une crise, une menace à la paix sociale et la sécurité par les gouvernants, un risque par les travailleurs mais comme une opportunité stratégique. Ce secteur constitue une illustration concrète des mutations de l’emploi au Sénégal et des opportunités qu’offre la transition vers une économie plus inclusive et structurée.
La formalisation des conducteurs de motos Jakarta représente donc une opportunité stratégique pour transformer un secteur informel dynamique mais vulnérable en un moteur de développement économique durable. En intégrant ces travailleurs au cadre du statut d’entreprenant, le Sénégal peut non seulement améliorer la régulation du secteur du transport et la sécurité, mais aussi promouvoir l'inclusion financière, sociale, et économique d’une couche importante de la population. Cette démarche s'inscrit dans une stratégie nationale visant à moderniser l'économie informelle, renforcer la protection sociale et créer des emplois décents pour les jeunes.
Cette démarche peut également servir de modèle pour d’autres initiatives visant à intégrer les travailleurs informels dans le secteur formel, tout en promouvant un cadre favorable au développement de l’entrepreneuriat individuel.
La mise en œuvre de cette proposition ambitieuse nécessite un engagement fort des parties prenantes, une coordination efficace et une volonté de transformer les défis actuels en opportunités durable.
Ibrahima Dia est Sociologue-Environnementaliste, expert en politiques de protection sociale, de développement des PME, et de développement rural.
OUMAR SOW PLACÉ EN GARDE À VUE
Cette décision fait suite à des accusations portées contre lui pour avoir tenu un discours jugé incitatif à la discrimination ethnique, en lien avec une publication controversée sur sa page Facebook.
L’ex-ministre conseiller de Macky Sall, et militant de l’alliance pour la république (APR) à Yeumbeul, Oumar Sow, a été convoqué ce mardi à la Division spéciale de cybersécurité (DSC) et placé en garde à vue.
Cette décision fait suite à des accusations portées contre lui pour avoir tenu un discours jugé incitatif à la discrimination ethnique, en lien avec une publication controversée sur sa page Facebook.
Le procureur de la République s’est autosaisi après que M. Sow ait publié un message dans lequel il accusait le Premier ministre Ousmane Sonko de s’en prendre aux Hal Pulars, une communauté ethnique du Sénégal.
Bien que le post ait été rapidement supprimé, son contenu a suscité une vive réaction et a conduit à l’intervention des autorités judiciaires.
Accompagné de ses avocats, Aboubacry Barro et Alassane Cissé, Oumar Sow a exprimé son incompréhension face aux accusations qui pèsent sur lui.
Selon ses déclarations, il n’avait pas l’intention d’inciter à la haine ou à la discrimination et a affirmé que sa publication avait été mal interprétée.
LE GOUVERNEMENT ANNONCE UNE PLATEFORME NATIONALE POUR FACILITER L’ACCÈS AU LOGEMENT
Cet outil permettra aux Sénégalais, tant locaux que de la diaspora, de s’informer sur les programmes de logement développés sur les pôles territoires. L’objectif : maîtriser les coûts de construction et réduire le déficit de logements.
Le gouvernement sénégalais mettra prochainement en place une plateforme nationale d’accès au logement, pour permettre aux Sénégalais de s’informer de tous les programmes de logement développés sur les pôles territoires, a annoncé le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Balla Moussa Fofana.
‘’Notre objectif, c’est de maîtriser les coûts de construction d’un logement et de le rendre plus accessibles aux Sénégalais. Nous allons développer une plateforme nationale d’accès au logement, qui va permettre aux Sénégalais d’ici et d’ailleurs, de voir tous les programmes de logement que nous sommes en train de développer sur les pôles territoires’’, a-t-il indiqué.
M. Fofana s’exprimait au terme de la signature d’une convention de partenariat avec Shelter Afrique développement Bank, dans le cadre de la politique du gouvernement sénégalais en matière d’habitat.
Il a rappelé que le président de la République a placé la question du logement au centre de son projet de développement endogène.
‘’Aujourd’hui, 54 % des revenus que gagne un Sénégalais sont dépensés dans le loyer. C’est énorme alors que normalement c’est autour de 30%’’, a-t-il déploré.
Il a expliqué cette situation par le faible nombre de logements –5000 unités—que le Sénégal produit annuellement.
‘’Normalement, le besoin croit de plus 20.000 demandes de logements par année et nous avons un déficit depuis 2013 qui était de 300.000 logements. C’est pour ça que les Sénégalais ont du mal à trouver un logement adapté à leurs revenus. Donc, notre objectif c’est de résorber un gap de 500.000 logements sur une période de 10 ans’’, a-t-il avancé.
Thierno Habib Hann, le directeur général de Shelter-Afrique développement Bank, a souligné que sa structure s’est engagée dans un programme de développement du secteur de l’habitat urbain de façon stratégique et durable.
‘’Nous avons eu avec le ministre des échanges très, très productifs (…). Nous sommes très heureux de l’accueil. Nous comptons absolument sur le ministre et le gouvernement sénégalais pour la mise en œuvre de notre stratégie de développement au Sénégal’’, a-t-il indiqué.
‘’Aujourd’hui, nous sommes une banque de développement. Et l’objectif pour nous est de mobiliser des ressources à long terme impactant pour nos pays africains. Aujourd’hui, nous avons signé cet accord avec le Sénégal, pour renforcer la mobilisation des ressources pour renforcer le secteur, pour que tous les Sénégalais puissent avoir accès à un accès au logement’’, a-t-il ajouté.