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23 août 2025
PAR SIDY DIOP
L’ÈRE DE LA POST-VÉRITÉ
Il fut un temps où la vérité, bien que souvent disputée, finissait par triompher. On pouvait la traquer, l’exiger, la démontrer, et si elle dérangeait, elle imposait néanmoins son autorité. Mais aujourd’hui, ce socle vacille
Il fut un temps où la vérité, bien que souvent disputée, finissait par triompher. On pouvait la traquer, l’exiger, la démontrer, et si elle dérangeait, elle imposait néanmoins son autorité. Mais aujourd’hui, ce socle vacille.
Nous ne sommes plus à l’époque où l’on cherchait à s’approcher du réel par la raison et les faits établis, mais dans un monde où la vérité se négocie, se façonne selon les désirs de chacun. L’ère de la post-vérité n’est plus une hypothèse ou un concept abstrait : elle est devenue l’air du temps, un climat où la perception l’emporte sur la démonstration, où l’émotion supplante le raisonnement. Le terme « post-vérité » a fait son entrée dans le vocabulaire politique et médiatique au début des années 2010. Il désigne une époque où les faits objectifs pèsent moins dans l’opinion publique que les émotions et les croyances personnelles. Autrement dit, ce qui est ressenti comme vrai l’emporte sur ce qui peut être prouvé.
Ce glissement ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il est le fruit d’un long processus où la défiance envers les institutions, la multiplication des sources d’information et l’omniprésence des réseaux sociaux ont contribué à brouiller la frontière entre vérité et fiction. Prenons l’exemple de la politique. Jadis, un scandale documenté pouvait suffire à précipiter la chute d’un responsable. Un mensonge avéré, une contradiction manifeste, et c’était l’opprobre. Aujourd’hui, ces règles semblent obsolètes. Un responsable mis en cause n’a plus besoin de démontrer son innocence : il lui suffit de semer le doute, d’inverser les rôles, de dénoncer un complot ourdi par ses adversaires. L’important n’est plus de prouver qu’une information est fausse, mais d’affirmer qu’elle fait partie d’une grande manipulation. Peu importe la solidité des faits : ce qui compte, c’est la force avec laquelle on martèle un contre-récit.
Ainsi naissent des vérités parallèles, imperméables aux preuves, aux enquêtes, aux rectifications. Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé dans cette transformation. Jadis, la diffusion de l’information était filtrée par des médias soumis à des règles de vérification. Aujourd’hui, tout le monde peut devenir émetteur d’information. Un mensonge bien tourné, une rumeur alléchante, et l’illusion se propage à la vitesse de l’éclair. Les algorithmes favorisent les contenus qui suscitent l’indignation et l’émotion, amplifiant ainsi les discours les plus spectaculaires au détriment des analyses nuancées. Pire encore, les démentis arrivent toujours trop tard. Une fois qu’une idée s’est ancrée dans l’esprit du public, il est presque impossible de l’en déloger. Un mensonge efficace continue de vivre, même après avoir été largement réfuté. Mais la post-vérité ne se limite pas à la sphère politique. Elle contamine également la science, la santé, l’histoire.
Les controverses autour du changement climatique ou des vaccins en sont des illustrations frappantes. Face à une expertise jugée opaque ou arrogante, beaucoup préfèrent les récits alternatifs, ceux qui flattent leur méfiance instinctive plutôt que ceux qui exigent une réflexion rigoureuse. Dans ce monde où chacun peut choisir sa propre vérité, le savoir lui-même devient suspect. On en vient à remettre en question des évidences établies de longue date, simplement parce qu’elles déplaisent ou qu’elles ne correspondent pas aux attentes d’un groupe. Sommes-nous définitivement condamnés à ce règne du flou ? Peut-être pas. Mais il faut reconnaître que la lutte pour la vérité est devenue plus difficile.
À une époque où l’opinion se forme en quelques secondes, où l’information est consommée comme un divertissement, il ne suffit plus de démontrer : il faut convaincre. La vérité ne peut plus s’imposer d’elle-même, elle doit être défendue avec autant d’habileté que ceux qui la travestissent. Cela suppose un effort collectif : réapprendre à vérifier, à douter de ce qui nous arrange, à accepter la complexité. Dans un monde saturé de récits contradictoires, la pensée critique est devenue une nécessité vitale. Car à trop nous laisser bercer par les illusions de la post-vérité, nous risquons d’oublier que la réalité, elle, finit toujours par nous rattraper.
Par Francis Mureithi
POUR FINANCER DURABLEMENT LES SYSTEMES AGROALIMENTAIRES, NOUS DEVONS INNOVER
Le mois dernier, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine ont adopté une nouvelle politique et stratégie décennale de développement des systèmes agroalimentaires, appelée Déclaration de Kampala, visant à assurer la sécurité alimentaire...
Le mois dernier, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine ont adopté une nouvelle politique et stratégie décennale de développement des systèmes agroalimentaires, appelée Déclaration de Kampala, visant à assurer la sécurité alimentaire du continent et à transformer les entreprises, les vies et les personnes travaillant dans l'agriculture d'ici 2035. Seeds of Gold s'est entretenu avec Boaz Blackie Keizire, directeur de l'AGRA (Alliance pour une révolution verte en Afrique) pour la politique et la capacité de l'État, sur les derniers engagements de l'UA et sur la question du financement durable des systèmes agroalimentaires
Boaz Blackie Keizire - Directeur de l’AGRA en charge des politiques et des capacités de l’État au Kenya.
Boaz Blackie Keizire - Directeur de l’AGRA en charge des politiques et des capacités de l’État au Kenya.
Evaluation de la déclaration de Malabo
La déclaration de Malabo a constitué une étape décisive, s'appuyant sur les leçons tirées des engagements pris à Maputo en 2003, qui mettaient l'accent sur la mobilisation des ressources publiques, en particulier les 10 % de dépenses publiques consacrées à l'agriculture. Ce qui a changé la donne à Malabo, c'est l'introduction de la responsabilité mutuelle et d'un mécanisme d'examen par les pairs, qui a incité les pays à suivre les progrès, à apprendre les uns des autres et à renforcer les plans d'investissement dans l'agriculture. Bien qu'il ait stimulé la concurrence et l'engagement, des défis échappant au contrôle national, tels que les chocs climatiques (El Niño en Afrique australe, sécheresse dans la Corne de l'Afrique) et les perturbations des chaînes d'approvisionnement en intrants (COVID-19), ont empêché la pleine réalisation de ses objectifs. Néanmoins, des progrès significatifs ont été réalisés.
Le rôle de l’Agra dans la déclaration de Malabo
L'AGRA (Alliance pour une révolution verte en Afrique) a contribué à faire avancer la déclaration de Malabo en soutenant l'Union africaine dans l'élaboration des processus d'examen bisannuels. Nous avons renforcé les systèmes semenciers nationaux, défendu les réformes politiques visant à libéraliser les industries des semences et des engrais, et amélioré les marchés transfrontaliers en nous attaquant aux barrières non tarifaires, aux barrages routiers et aux interdictions d'exportation. En outre, nous avons travaillé avec les gouvernements pour réduire l'imprévisibilité des politiques, inciter les agriculteurs et rationaliser l'enregistrement des agriculteurs afin d'améliorer l'efficacité de la distribution des engrais.
Accès des femmes et des jeunes aux financements
Les barrières culturelles et historiques empêchent souvent les femmes et les jeunes d'accéder au financement, à la terre et à d'autres ressources essentielles, ce qui limite leur engagement dans l'agriculture. Pour y remédier, l'AGRA a élaboré la Stratégie pour l'agro-industrie des jeunes, un cadre politique continental, et a aidé les États membres de l'UA à mobiliser des ressources. Nous aidons également à concevoir des politiques et des stratégies qui facilitent l'accès à la terre et au financement, en créant intentionnellement des incitations pour attirer les jeunes dans l'agriculture - en particulier en tirant parti des outils numériques pour les intégrer dans les chaînes de valeur.
La différence entre la déclaration de Kampala et celles de Malabo et Maputo
La Déclaration de Kampala maintient l'engagement de 10 % de dépenses publiques pris à Maputo et à Malabo, mais va plus loin en explorant de nouveaux modèles de financement, tels que les financements mixtes et les fonds de pension, pour stimuler les systèmes agroalimentaires. L'outil « Financing Flows to Food Systems » (3FS), qui permet de suivre l'affectation des ressources entre les différents éléments des systèmes alimentaires, constitue une innovation majeure. Cette approche fondée sur les données aide les gouvernements à prendre des décisions éclairées sur les priorités de financement et l'optimisation des investissements.
Rôle de l’Agra dans la mise en œuvre de la déclaration de Kampala
L'AGRA s'est engagée à soutenir la Déclaration de Kampala en tirant parti de son expertise en matière de systèmes semenciers, d'agriculture durable, d'agriculture régénérative, de livraison au dernier kilomètre, de services de vulgarisation et d'application d'engrais. Nous aiderons les pays à concevoir des programmes phares et des plans d'investissement bancables afin d'attirer les financements des secteurs public et privé. En outre, nous avons renforcé nos programmes en faveur de la jeunesse et de l'égalité des sexes pour garantir l'inclusivité, en créant des initiatives ciblées qui intègrent les jeunes et les femmes dans les chaînes de valeur agricoles. Au-delà de l'élaboration des politiques, l'AGRA investit dans la domestication de ces politiques afin de susciter un véritable changement au niveau des exploitations agricoles - en augmentant les revenus des agriculteurs, en créant des emplois pour les jeunes et en garantissant la participation des femmes dans le secteur.
La déclaration de Kampala promet mieux
Je suis très optimiste quant au fait que la déclaration de Kampala s'appuiera sur les enseignements de Malabo pour avoir un impact plus important. Nous sommes à l'ère du numérique, les jeunes constituent le groupe démographique le plus important, et la technologie offre de nouvelles possibilités de transformation. Les solutions numériques peuvent améliorer l'accès des agriculteurs aux intrants, à l'information sur les marchés et à la précision grâce à l'imagerie satellitaire et à des informations fondées sur des données.
En ce qui concerne la mobilisation des ressources, on observe un engagement croissant en faveur de financements innovants, en tirant parti des fonds de pension, des investissements des banques commerciales et des modèles de financement mixtes. Pour débloquer ces opportunités, des incitations politiques fortes et un leadership éclairé seront essentiels pour garantir un investissement et un impact durables.
L'importance du prochain dialogue sur le financement des systèmes agroalimentaires (FINAS) 2025
Le dialogue FINAS 2025 est une plateforme cruciale pour faire progresser le financement durable des systèmes agroalimentaires africains. Il fournira des solutions fondées sur des données et des preuves aux questions clés : Comment attirer de nouveaux investissements ? Comment pouvons-nous tirer parti des innovations émergentes, y compris les financements verts et liés au climat ? Quels enseignements pouvons-nous tirer des instruments financiers existants et quels nouveaux modèles devrions-nous explorer ?
FINAS représente donc une opportunité majeure pour les pays et toutes les parties prenantes d'apprendre à investir et à financer durablement les systèmes agroalimentaires.
Du respect des gouvernements de leur engagement de 10 %
Je suis très optimiste. Le défi n'a pas été le refus mais les priorités concurrentes. Si nous pouvons clairement démontrer aux ministères des finances que l'investissement dans les systèmes agroalimentaires stimule la croissance économique, la création d'emplois et la transformation numérique, ils seront plus enclins à allouer davantage de ressources.
Au-delà du respect de l'engagement de 10 %, les gouvernements peuvent également adopter des outils de financement innovants pour réduire la dépendance à l'égard des emprunts et garantir un investissement durable dans le secteur.
ICS, 103 CHAUFFEURS LICENCIÉS APRÈS AVOIR RÉCLAMÉ LEURS DROITS
Ces agents dénoncent des années d’exploitation : "pas de contrat, aucune protection sociale, et des impôts jamais prélevés".
Un véritable scandale secoue les Industries Chimiques du Sénégal (ICS). 103 chauffeurs dénoncent des années d’exploitation : pas de contrat, aucune protection sociale, et des impôts jamais prélevés. Lorsqu’ils ont réclamé leurs droits, ils ont été brutalement licenciés. Un cas flagrant de violation du Code du Travail et des lois fiscales du pays.
Ces 103 chauffeurs ont assuré, pendant plus de six ans, le transport des produits ICS avec des camions de l’entreprise. Pourtant, aucun contrat de travail n’a jamais été signé, en violation de l’article L. 64 du Code du Travail. Selon la loi, tout employé en poste depuis plus de trois mois sans contrat écrit est considéré comme titulaire d’un CDI. ICS ne peut donc nier sa responsabilité.
Pendant six ans, ICS a privé ces travailleurs de toute affiliation à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et à une Institution de Prévoyance Maladie (IPM). Conséquences : absence de cotisations pour la retraite, absence de prise en charge en cas de maladie ou d’accident. En cas de blessure, les chauffeurs devaient payer leurs propres soins, une violation manifeste de l’article L. 209 du Code du Travail.
ICS n’a pas seulement ignoré ses obligations sociales. L’entreprise a aussi omis de prélever et de reverser l’Impôt sur les Salaires (ITS), comme l’exige l’article 171 du Code Général des Impôts. Des millions de FCFA qui auraient dû être versés à l’État se sont ainsi volatilisés. Une fraude qui pourrait valoir à ICS un redressement fiscal d’envergure.
Lorsque ces travailleurs ont réclamé des équipements de protection individuelle (EPI), ils ont été licenciés sans préavis, sans motif officiel, et sans indemnisation. Une infraction directe aux articles L. 63 et L. 67 du Code du Travail, qui imposent une notification écrite et le paiement des indemnités de licenciement.
Les chauffeurs exigent aujourd’hui la requalification de leur statut en CDI, la régularisation de leurs cotisations sociales, le remboursement de leurs frais médicaux, ainsi que le paiement des impôts et indemnités dus. L’Inspection du Travail, la CNSS, la Direction Générale des Impôts et le Tribunal du Travail de Thiès sont appelés à agir pour sanctionner ICS et restaurer les droits des travailleurs.
Un dossier explosif qui teste la volonté de l’État à lutter contre l’exploitation et la fraude.
Par Khady GADIAGA
DE L'EQUILIBRE DE LA STRUCTURATION MEME DU CHAMP POLITIQUE
Dans un contexte où la société fait face à des crises profondes qui ont entamé le premier espace de production du citoyen qu’est la famille, il est opportun de poser le débat public pour faire avancer la cause de la famille et de la femme ...
Dans un contexte où la société fait face à des crises profondes qui ont entamé le premier espace de production du citoyen qu’est la famille, il est opportun de poser le débat public pour faire avancer la cause de la famille et de la femme par rapport aux objectifs de développement de notre pays.
Ce magistère du Président Bassirou Diomaye Faye axé sur un leadership transformationnel doit nécessairement prendre en compte son engagement sur cette question fondamentale.
L'émergence d’un leadership féminin qui se pose à nous appelle deux questions essentielles :
- Quels moyens mettre en œuvre pour équilibrer la structuration même du champ politique fondée sur un modèle de domination symbolique exercée par les hommes afin d’atteindre une optimisation de la présence des femmes dans les hautes sphères politiques ?
- Quelles réflexions et quelles actions faudrait-il mener pour consolider les acquis engrangés par la lutte des femmes, en vue de faire émerger en masse un leadership ou un commandement politique féminin capable d’exercer une influence sur le rôle et le statut des femmes sénégalaises dans la sphère politique ?
En Afrique, les femmes ont encore de nombreux défis à relever, d’ordre stratégique : l’absence d’un mouvement social fort, l’isolement, la faible capacité prospective et le manque d’anticipation. La construction d’un mouvement fort passe par deux types d’alliance. D’abord, entre les femmes politiques et les organisations à caractère économique, car les premières n’ont pas les moyens matériels de leur ambition, et les secondes n’ont pas la conscience politique. Ensuite, entre les femmes politiques et les organisations de la société civile, car lorsque les premières sont combattues dans l’espace politique et que la pression devient trop forte, elles ont besoin d’un espace de repli. Il y a des moments où, pour s’imposer dans leurs partis, les femmes ont besoin d’être soutenues par d’autres forces organisées.
Sortir les organisations de femmes de la ghettoïsation...
L’approche fragmentée et cloisonnée de la question de la femme a mis en évidence son inefficacité. Pour sortir de la ghettoïsation, les organisations de femmes doivent inscrire leurs luttes dans des enjeux qui préoccupent la société dans sa globalité, car la question des femmes ne peut être traitée indépendamment des autres défis. Les femmes doivent aussi rester vigilantes car, malgré les acquis, elles ne sont pas à l’abri de reculs. Elles doivent affronter à la fois des hommes hostiles à la parité, mais aussi des religieux hostiles à l’égalité entre hommes et femmes. Avec la montée de l’intégrisme religieux, tend à se développer une parole publique préconisant l’enfermement des femmes dans l’espace privé.
Cela exige davantage de vigilance, mais surtout une capacité d’anticipation pour nouer des alliances stratégiques avec des acteurs clés, tels que les organisations des droits de l’homme et les familles religieuses traditionnelles. Les droits des femmes sont des droits humains, et ces organisations constituent une force dans la société, détenant un réel pouvoir de pression sur le pouvoir politique. Il devient donc urgent d’utiliser les plages de convergence existantes pour bâtir une alliance durable. Quant à l’islam confrérique, il est le meilleur allié des femmes, dans un pays où les foyers religieux traditionnels prônent un islam ouvert, un islam de paix et de tolérance.
Maintenir le cap de l’engagement
Des évolutions encourageantes et perceptibles interviennent depuis peu dans le paysage politique sénégalais, quant à une plus grande implication de la femme dans la vie politique nationale. Mais il serait souhaitable que cette dynamique s’inscrive dans la permanence et la durée et ne se limite pas au seul contexte électoral. Le défi est immense et requiert par conséquent une synergie d’actions des Pouvoirs Publics, de la société civile, des bailleurs de fonds et des femmes elles-mêmes.
Il est également nécessaire de déterminer l’influence de l’égalité politique sur les progrès de l’égalité sociale. Et il ne suffit pas que des femmes s’engagent en politique pour que la condition de toutes les femmes s’en trouve révolutionnée. Encore faut-il que ces femmes politiques soient féministes, l’assument et le revendiquent. Il est donc indispensable de tirer des leçons d’un passé marqué par des ruptures. Le lien a manqué entre les femmes qui ont mené des luttes pour l’indépendance et la génération de celles engagées dans les partis de gauche, apparues après 1968 (Dia, 1995). De même, aujourd’hui, il ne semble pas y avoir de relève aux femmes qui ont mené le combat pour la parité. À chaque rupture historique, il a fallu un certain temps, car il a manqué une pensée politique liée à la lutte des femmes (Sarr, 2010).
Repenser en des termes radicalement nouveaux les constructions ontologiques de l’identité
On peut s'offusquer également du fait qu'à part les féministes convaincues, les femmes se mettent rarement en ordre de bataille pour l'affirmation de leurs droits.
On comprend dès lors le désarroi des activistes et autres influenceurs face au déni organisé et à l'apathie des femmes car il est quasi vain de se battre pour qui n'a pas conscience de son combat existentiel.
Dans la pratique politique féministe, il paraît nécessaire de repenser en des termes radicalement nouveaux les constructions ontologiques de l’identité afin de formuler une politique de représentation qui puisse faire revivre le féminisme sur d’autres bases.
Par ailleurs, peut-être est-il temps de concevoir une critique radicale qui cherche à libérer la théorie féministe de la nécessité d’avoir à construire une base unique ou permanente, une base vouée à être sans cesse contestée à partir des positions identitaires ou anti-identitaires qui en sont inévitablement exclues.
Les pratiques d’exclusion qui fondent la théorie féministe dans une notion des « femmes » en tant que sujet ne sabotent-elles pas paradoxalement les ambitions féministes d’en élargir « la représentation ».
Il convient également de formater les esprits des plus jeunes à la masculinité positive en mettant en place d'avantage de campagnes de sensibilisation et de prévention, en développant notamment dès l'école, des classes, qui éduquent les enfants au respect de l'autre et à la sexualité, s'il on veut pouvoir espérer réduire l'exclusion et les violences faites aux femmes.
C'est le combat à mener. Convertir le patriarcat et nos gouvernants aux valeurs humanistes du féminisme ou à la masculinité positive et le tour est joué. Voilà le processus !
YASSINE FALL CLARIFIE LA QUESTION DE L'EXTRADITION DE MACKY SALL
La ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères a précisé que la convention récemment ratifiée entre le Sénégal et le Maroc porte uniquement sur l’assistance aux détenus et le transfèrement des personnes condamnées.
Le ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères, Yassine Fall, a tranché sur la polémique entourant une éventuelle extradition de l’ancien président sénégalais Macky Sall, actuellement au Maroc.
La controverse est née suite au projet de loi autorisant la ratification d’une convention entre le Sénégal et le Maroc sur l’assistance aux détenus et le transfèrement des personnes condamnées. Ce texte a suscité des interrogations, certains y voyant une possibilité d’extradition de l’ex-chef de l’État.
Lors de son audition par la commission des Affaires étrangères et celle des Lois, Yacine Fall a clarifié la portée de cet accord. Elle a affirmé que « cet accord n’inclut pas l’extradition des individus », précisant qu’il concerne uniquement l’assistance aux Sénégalais arrêtés et condamnés au Maroc.
Selon elle, la ratification de cette convention vise à garantir une meilleure sécurité juridique et judiciaire, tout en renforçant l’assistance consulaire aux citoyens sénégalais détenus au Maroc, conformément aux engagements internationaux du Sénégal.
Par Mamadou Makhtar Mbacké LEYE
VIOLENCES SEXUELLES A L’ENCONTRE DES FEMMES ET DES FILLES AU SENEGAL : PISTES DE SOLUTIONS
Inscrire les «traumatismes et violences» comme un problème prioritaire de santé dans le prochain Plan national de développement sanitaire et social (Pndss) est une démarche importante pour une lutte efficace contre les violences sexuelles
Les violences sexuelles sont des violations flagrantes des droits des femmes et des filles au sein de la société. Le renforcement de la lutte passera par la mise en œuvre de ces recommandations : mettre en place un programme national de lutte contre les traumatismes intentionnels et non intentionnels, renforcer la communication sur les conséquences néfastes des violences sexuelles, l’éducation à la sexualité, la formation en matière d’établissement et de délivrance de certificats médicaux, l’accessibilité financière aux certificats médicaux, des tests de diagnostic (tests Adn…) et l’autonomisation économique des femmes.
Eriger le Bureau de prévention de la violence et des traumatismes du Msas en programme national de lutte contre les traumatismes intentionnels et non intentionnels
Inscrire les «traumatismes et violences» comme un problème prioritaire de santé dans le prochain Plan national de développement sanitaire et social (Pndss) est une démarche importante pour une lutte efficace contre les violences sexuelles qui menacent la vie des personnes, surtout celles vulnérables (femmes et filles). Avec ce programme, un plan stratégique quinquennal sera élaboré, prenant en compte la prévention et la prise en charge des violences, avec la pleine participation des ministères, du Parlement, de l’université, des collectivités locales, de la Société civile (organisations communautaires), des Ong internationales de lutte contre les violences. Il sera un document de référence de toutes les stratégies planifiées à mettre en œuvre pour les 5 prochaines années.
Elaborer et mettre en œuvre un plan national de communication sur les violences faites aux femmes et aux filles
La mise en œuvre du plan de communication permettra de mener des activités de plaidoyer auprès des ministères en charge de la Santé, de la Famille et de la Justice, et des partenaires pour un financement conséquent des activités de lutte contre les violences. Au niveau de la communauté, il faut cibler les autorités religieuses et coutumières pour les amener à cerner la place de la femme au sein de la société et les méfaits de la violence sur leur état de santé. Les agents communautaires peuvent diffuser les messages auprès des différentes couches de la population au cours des causeries, lors des journées de mobilisation sociale. La mobilisation sociale doit être massive, répétitive, intensive et persistante. L’utilisation des mass médias reste un moyen efficace pour faire passer des spots publicitaires et des débats sur la lutte contre les violences en langues nationales. Les messages vont permettre d’informer, de créer des attitudes favorables et de susciter des actions.
Affecter au moins dans chaque établissement public de santé de niveau 2, un psychologue clinicien
L’Etat devra intégrer le corps des psychologues cliniciens dans la nomenclature de la Fonction publique afin que ces derniers soient recrutés. En fait, actuellement, leur non-intégration dans la Fonction publique les pousse à s’installer dans les structures sanitaires privées inaccessibles financièrement pour la majeure partie des populations. Ainsi, les victimes sont obligées de se prendre en charge auprès des psychiatres, vu que ces derniers ont une certaine compétence dans ce domaine. Malheureusement, ces psychiatres sont inégalement répartis sur le territoire national. Le ministère en charge la Santé doit mettre à la disposition de chaque Eps 2, une unité de veille et de prise en charge psychosociale avec un psychologue et un assistant social. Il doit aussi collaborer avec la Faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et les Unités de formation et de recherche (Ufr) santé des universités des régions pour la mise en place d’un Diplôme d’études spécialisées (Des) en psychologie médicale car n’étant pas encore disponible au Sénégal.
Renforcer les capacités des médecins du secteur public comme privé en matière d’établissement et de délivrance de certificats médicaux
Le certificat médical doit être rédigé après examen du malade. Le contenu doit être lisible, clair et compréhensible. L’exactitude des données renseignées sur le certificat médical permet de qualifier certaines formes de violences. C’est un acte médical qui n’est pas spécifiquement corrélé à un spécialiste dans le domaine de la médecine, mais il est préférable que le gynécologue fasse le certificat de constatation de viol si possible. Au cas où le certificat médical ne satisferait pas la plaignante ou le présumé agresseur, le juge peut saisir l’Ordre des médecins qui propose un expert. Le juge fait une ordonnance de désignation de l’expert. Ce dernier signe le serment et s’engage à travailler dans la transparence, l’honnêteté et l’impartialité. Ainsi, le certificat de constatation de viol est déterminant pour la sanction judiciaire des agresseurs. Il doit être délivré en mains propres à l’intéressée qui est ici la victime. Si elle est mineure, son tuteur légal est le seul habilité à disposer de son certificat médical. Certains praticiens, inconscients des risques encourus, continuent de délivrer des certificats médicaux dit de «complaisance» alors qu’ils ne sont nullement tenus de les fournir. En général, les demandeurs de ces certificats ont comme motifs d’échapper à la Justice ou de causer du tort au présumé agresseur. Les médecins des secteurs privé et public doivent bénéficier d’un renforcement de capacités en matière de certificats médicaux.
Appliquer la loi relative à la criminalisation du viol
La criminalisation des actes de viol et de pédophilie entraîne un surpeuplement des prisons car la durée de détention provisoire des présumés coupables n’est pas encadrée par des délais en cas de crime. Cette situation doit encourager les autorités judiciaires à appliquer la loi n02020-28 du 07 juillet 2020 consacrant le placement sous surveillance électronique comme mode d’aménagement des peines1. L’application de la loi vise à désencombrer les prisons et à maintenir les liens familiaux de la personne concernée. Au cours de son placement sous surveillance électronique, le juge mène son enquête. Ce dernier reste confronté parfois à des difficultés pour apporter des preuves permettant d’incriminer le présumé coupable. Parmi ces preuves, le test Adn reste crucial, mais il n’est pas accessible financièrement pour la majeure partie des populations et n’est disponible qu’à Dakar, au niveau du Centre de diagnostic et de recherche en médecine moléculaire (Cdrmm) et de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef). Pour y apporter des solutions, l’Etat doit renforcer les capacités diagnostiques et techniques en biologie moléculaire au niveau de la Police scientifique et des établissements publics de santé de niveau 2 et 3.
Renforcer l’éducation à la sexualité en milieu scolaire
L’éducation complète à la sexualité reste une stratégie importante pour préparer les jeunes à une vie saine et productive. Le milieu scolaire est un bon cadre pour connaître les avantages d’une éducation à la sexualité de qualité basée sur les programmes scolaires. Le milieu scolaire est un grand apport pour éduquer les élèves à la sexualité. Ainsi, il est important de réviser les curricula de formation en introduisant des modules de formation sur l’éducation à la sexualité ciblant les adolescents, notamment durant les cycles moyen et secondaire. Pour une meilleure appropriation, ce processus de révision devra impliquer toutes les parties prenantes du secteur éducatif, notamment les associations de parents d’élèves, les représentants des élèves, les syndicats des enseignants, les directeurs, principaux et proviseurs, les Ong et les représentants du ministère de l’Education nationale. Ce processus devra impérativement s’adosser au respect strict de nos principes et valeurs culturelles.
Promouvoir l’autonomisation économique des femmes
L’autonomisation des femmes passe par l’éducation qui leur permettra de sortir du monde de l’ignorance. L’Etat doit mettre à la disposition des associations féminines, des spécialistes dans leurs domaines d’activités en vue de les encadrer à toutes les étapes, de la production à l’écoulement de leurs produits de qualité sur le marché. Ces activités encadrées leur permettront de générer des bénéfices qui vont servir à rembourser les prêts auprès des structures décentralisées de l’Etat, à assurer les dépenses de production, notamment les charges en ressources humaines et matérielles.
L’autonomisation économique exige un accès aux ressources et une capacité des femmes à les contrôler et à les utiliser, d’où la nécessité de renforcer leurs compétences. Elle donne aux femmes plus de pouvoir de décision leur permettant de prendre des mesures émancipatrices, notamment la revendication de leurs droits au sein de la société. Les femmes doivent occuper des postes de responsabilité comme les hommes au sein du secteur public comme privé. Ainsi, elles peuvent devenir des gestionnaires de programmes et être capables de prendre des décisions.
Mamadou Makhtar Mbacké LEYE Professeur Titulaire des Universités Médecin – Spécialiste en Santé Publique Directeur des études de l’Ised / Ucad 1 Journal officiel de la République du Sénégal, N0 7342, Lundi 27 juillet 2020
Par Mohamed GUEYE
LE GOUVERNEMENT EN GUERRE CONTRE L’EMPLOI
C’est comme si les nouveaux dirigeants au pouvoir se sont donné pour mission de mettre les travailleurs au chômage pour les remplacer par des hommes liges. Une fois la tâche entamée dans le secteur public, ils s’attaquent maintenant au secteur privé
Le chômage n’est pas une recette pour le développement. Tout au contraire, tous les pays, toutes les économies du monde, quelles que soient leur nature et leur forme de gouvernement, ont depuis longtemps compris que l’on ne peut produire de la croissance qu’en mettant au travail sa population, que c’est le travail qui est l’une des clés du développement de la société et de l’épanouissement de ses citoyens. Une illustration de l’importance du travail est ce conseil prêté à l’un des maîtres de l’économie moderne, John Maynard Keynes. Il est dit qu’il avait conseillé au Président américain Franklin Delano Roosevelt, de remettre ses concitoyens au travail pour relancer l’économie après la récession née du krach boursier de 1929. «S’il faut embaucher 10 mille personnes à creuser des trous que 10 mille autres seront chargés de boucher, ce sera du travail», lui aurait-il dit. Ce conseil a donné le fameux New Deal, qui a permis aux Etats-Unis de sortir de la récession née du krach boursier de Wall Street en 1929.
La même recette a fonctionné aussi dans les pays communistes. L’Urss de Staline et la Chine de Mao Tsé-Toung ont mis leurs populations au travail -de force, à en croire les théoriciens capitalistes, ou par l’apologie du zèle au travail. A l’époque de Staline, les propagandistes soviétiques vantaient les qualités de Alexei Stakhanov, ce mineur du Donetz qui n’hésitait pas à dépasser les normes de production pour permettre à son pays de produire le charbon dont les Soviets avaient tant besoin. Plus près de nous, on a vu en 1975, le «révolutionnaire» Thomas Sankara lancer la «Bataille du rail». Il s’agissait de construire un nouveau chemin de fer qui devait permettre de relier la capitale du Burkina, Ouagadougou, à des localités du Nord du pays, et faciliter, incidemment, l’exploitation de plusieurs minerais précieux. Faute d’argent, le régime étant privé de capitaux par le système financier capitaliste occidental, Sankara a mobilisé l’énergie de sa population, en appelant chacun à donner ce qu’il pouvait. Ceux qui n’avaient pas de ressources financières ont donné de leurs muscles. Un journal en ligne, lefaso.net, relate le début de l’aventure : «Les partenaires financiers du moment, notamment la Banque mondiale, ont refusé de financer le projet. Mais le régime militaire, convaincu que seul le Peuple est le véritable acteur de son développement, se lança dans l’aventure avec ses propres moyens. Les révolutionnaires étaient convaincus de la force de leurs bras.
Le 1er février 1985, le Capitaine Thomas Sankara, chef de la révolution, lance le projet sous la dénomination : «La Bataille du rail». Ce sont les ressources propres du pays qui ont servi pour l’achat de matériel estimé à environ un milliard de francs Cfa à la fin du régime du Cnr. Les ouvriers, c’est le Peuple à travers ses composantes ! Femmes, jeunes, personnes âgées, élèves… ont participé à la pose des rails, bénévolement, jour férié ou non.»
Si l’aventure du rail a tourné court au Burkina, au moins, le besoin de faire travailler son Peuple, en particulier sa jeunesse, n’a jamais quitté le pouvoir burkinabè, tous régimes confondus. Au Sénégal, même à l’époque de Sankara, on avait compris que l’oisiveté pouvait être la cause de tous les vices pour la jeunesse. Ceux qui ont la cinquantaine actuellement, se souviennent de ces mots qui ont achevé de couper tous les ponts entre le Président Abdou Diouf et la jeunesse de son pays, qu’il avait traitée de «jeunesse malsaine» en 1988. Or, comme son adversaire l’avait compris, le problème de ladite jeunesse était le chômage. Wade n’avait-il pas battu campagne en 2000 en promettant de régler le problème de l’emploi dans le pays ? Car, malgré les dures conditions des programmes d’ajustement structurel, Abdou Diouf avait tenté de lancer une initiative pour l’entreprenariat des «Maîtrisards chômeurs». Si certains ont réussi, plus nombreux encore ont échoué, n’ayant pas été préparés à la gestion d’entreprises.
Abdoulaye Wade, au début, a voulu se donner les moyens de tenir sa promesse de trouver de l’emploi aux jeunes. Il a mis en place le Fonds national pour la promotion de la jeunesse (Fnpj) et l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (Anej), deux organismes destinés à promouvoir l’emploi et l’entreprenariat auprès de la jeunesse. Ils seront renforcés après quelque temps, et pour des raisons politiques, par l’Agence pour l’emploi des jeunes de la banlieue
Toutes ces structures ont absorbé plusieurs milliards, aussi bien en budget de fonctionnement qu’en financement de projets, plus ou moins fictifs. Au point que, faute de statistiques fiables, l’opinion a toujours eu l’impression que le chômage des jeunes a encore plus augmenté durant la gouvernance de Me Abdoulaye Wade. Le chômage a conduit au rejet total des politiques menées par les dirigeants politiques. Comme le disent les économistes marocains Soulaimane Laghzaoui et Mounia Sliman, le chômage des jeunes «est un phénomène qui contribue à l’isolement et à un sentiment de frustration, pouvant exposer les jeunes à différents risques, notamment la délinquance, l’extrémisme, l’émigration et la fuite des cerveaux». Parallèlement, c’est vers cette époque que le Sénégal a vu s’amplifier le phénomène «Barça wala barsakh», qui voyait des gens de toutes conditions affronter les vagues de la mer pour gagner les îles espagnoles des Canaries
Macky Sall et les 500 mille emplois
C’est dans ces circonstances que Macky Sall, briguant la présidence de la République, a promis de créer 500 mille emplois par an. Dans une volonté d’efficacité, il a commencé par fondre les multiples agences mises en place par son prédécesseur, pour créer l’Anpej (Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes). L’inertie de l’Anpej a conduit à la création de nombreux autres offices dédiés à la promotion de l’emploi des jeunes. Si personne ne peut nier le dynamisme du Président Macky Sall dans ce domaine, on doit tout de même noter qu’il n’a jamais pu emporter l’adhésion de son secteur privé national pour la création d’emplois. Même les promesses de financements liés au Plan Sénégal émergent (Pse) et les milliards de Cfa qui en étaient attachés, n’ont pas incité les entrepreneurs privés à créer des emplois.
De guerre lasse, le chef de l’Etat a voulu tenter la carte de l’entreprenariat des jeunes et des femmes avec la Der/Fj. L’irruption de la fronde Sonko sur la scène politique, et son discours qui a enflammé la jeunesse, l’a poussé à finir son mandat avec le programme Xëyu ndaw ñi (emploi des jeunes, en wolof). Sans doute que l’actuel pouvoir fera bientôt le bilan de ce programme, et l’on peut s’attendre à apprendre qu’il nous aura coûté plusieurs milliards, pour un résultat proche du négatif.
Licenciements massifs, à défaut d’embaucher
Est-ce la somme de ces expériences malheureuses qui a confiné l’actuel pouvoir au mutisme s’agissant de la question de l’emploi ? Cette question est assez accessoire, quand on se rend compte que, loin de vouloir produire des emplois, les actuels dirigeants se sont mis à supprimer des postes. Comme s’ils étaient en guerre contre l’emploi, pour des gens qui avaient été élus afin de mettre fin à ce fléau. Plusieurs entreprises publiques ou parapubliques ont déjà commencé à déflater. Tout le monde a lu la note envoyée par le Dg de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) à ses travailleurs. On a vu aussi la sortie du Dg de l’Aibd qui a annoncé un nettoyage à grande eau de l’aéroport, comme à la Lonase, à Dakar Dem Dikk, au ministère des Mines, et à plusieurs autres entreprises dont les dirigeants ont annoncé les renvois de personnels. Le Dg du Port, trop occupé à se mirer sur sa page Facebook, n’a pas eu la courtoisie de prévenir la plus d’une centaine d’employés qu’il a contraints à prendre la porte.
C’est comme si les nouveaux dirigeants au pouvoir se sont donné pour mission de mettre les travailleurs au chômage pour les remplacer par des hommes liges. Une fois la tâche entamée dans le secteur public, ils s’attaquent maintenant au secteur privé. Ils ont commencé par paralyser les entreprises, en les contraignant, d’abord à ne pas produire, mais surtout, si elles le peuvent, à produire à perte
Au tour des industriels
Le secteur des Btp a lancé un appel qui n’a laissé personne indifférent. Le marasme là-bas a touché jusqu’aux cimenteries du pays dont le chiffre d’affaires a baissé, et qui a entamé de réduire sa voilure. Dans l’agroalimentaire aussi, des dirigeants se désolent de devoir produire à perte, comme les minoteries. Le prix du blé sur le marché international est tel en ce moment que le prix de la farine ne pourrait qu’augmenter. Or, faute de solution économique, les dirigeants politiques imposent une baisse artificielle à nos opérateurs. D’autres secteurs sont aussi concernés, comme l’huile ou le sucre. Dépassées sans doute par leurs promesses électorales de réduire les prix des produits de première nécessité, les autorités ne cessent de vouloir contraindre les industriels à appliquer des prix en dessous de la vérité du marché. Il ne s’agit pas seulement pour eux de réduire leurs marges bénéficiaires, mais plutôt de perdre toute compétitivité.
Plusieurs entreprises ont fortement réduit leurs importations, d’où la baisse des rotations et du trafic enregistrée au Port de Dakar, qui aura des conséquences multiples sur les emplois. Comme si tout cela ne suffisait pas, certains ne semblent pas se rendre compte que, déjà paralysée par l’arrivée massive du sucre de contrebande favorisée par la délivrance des Dipa, la Compagnie sucrière de Richard-Toll ne pourrait se permettre de baisser ses tarifs pour satisfaire les lubies de nos fiscalistes. De plus, sa fonction sociale est telle que la Css pourrait difficilement se mettre à licencier. Cela pourrait provoquer des drames sociaux de grande ampleur dans le Walo, où des entreprises aussi emblématiques que la Soca ont été sabotées par des politiques publiques mal pensées et mal appliquées. Le Premier ministre n’a pas caché sa volonté de faire signer à ses partenaires sociaux un «Pacte de stabilité sociale» qui permettrait au pouvoir mettre le pays au travail, sans aucune perturbation sociale. Il va sans doute obtenir son pacte. Reste à savoir si, en encourageant les mises en chômage d’importantes franges de travailleurs, il aura la stabilité sociale. Dans ce pays, un salaire fait vivre en moyenne 10 personnes, même le gouvernement le sait.
GUY MARIUS SAGNA EXIGE LA RÉCIPROCITÉ APRÈS L’EXPULSION DE SÉNÉGALAIS EN MAURITANIE
Le député dénonce une atteinte aux droits des migrants et exhorte les autorités sénégalaises à prendre des mesures similaires à l’égard des ressortissants mauritaniens en situation irrégulière au Sénégal.
La problématique de nos concitoyens en Mauritanie, en instance d’expulsion, a occupé les débats ce mardi à l’Assemblée nationale. Au ministre des Affaires étrangères, Guy Marius Sagna a réclamé l’application de la réciprocité.
CHEIKH TIDIANE BITEYE DISSIPE LES CRAINTES ET SORT LES SOLUTIONS
A quelques jours des rencontres contre le Soudan (17 mars) et le Togo (21 mars), dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2026, l’équipe nationale du Sénégal est confrontée à une cascade de blessés.
A quelques jours des rencontres contre le Soudan (17 mars) et le Togo (21 mars), dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2026, l’équipe nationale du Sénégal est confrontée à une cascade de blessés. Cette poignée de joueurs touchés laisse planer le doute et contraint Pape Thiaw à chambouler ses plans. L’ancien entraîneur de la Linguère de Saint Louis et consultant à la RTS Cheikh Tidiane Bitèye n’a pas manqué de dissiper les inquiétudes et estime que le coach des Lions n’a pas à craindre de cette nouvelle donne. Selon lui, il se donnera les moyens de trouver la solution avec des joueurs actuellement à sa disposition et en forme.
L’infirmerie de l’équipe nationale a fait le plein ce week-end avec une cascade de blessures de ses éléments clés. Après Ismaïl Jakobs (Galatasaray SK), Seyni Dieng (Middlesbrough), Habib Diarra (Strasbourg), Édouard Mendy (Al-Ahly), la liste s’est allongée avec celles du latéral gauche du Slavia Prague, El Hadji Malick Diouf, forfait pour le reste de la saison et Abdmlah Sima, l'attaquant de Brest en Ligue 1 française qui a dû quitter prématurément ses coéquipiers, avant la pause.
Cette nouvelle donne constitue une équation pour Pape Thiaw à quelques jours seulement de la rencontre contre le Soudan (17 mars) et le Togo (21 mars), comptant pour les 5e et 6e journées des éliminatoires du Mondial 2026. Pour autant, le sélectionneur des Lions ne doit pas nourrir de crainte outre mesure. Pour l’ancien entraîneur de la Linguère de Saint Louis et consultant à la RTS Cheikh Tidiane Bitèye, il dispose des options qui lui permettent de pallier à ces éventuelles absences et surtout des solutions individuelles avec des joueurs actuellement en forme. « La difficulté la plus épineuse, c'est au niveau des gardiens. Parce que là où on perd ses deux premiers titulaires, c'est toujours difficile. Mais au niveau de la défense, je crois que la solution peut être trouvée. Parce que quand tu as Koulibaly, Moussa Niakhaté, Abdoulaye Seck quand tu as Abdoul Aziz Ndiaye, je pense qu'une solution peut être trouvée. Même s'il faut changer de dispositif», a-t-il souligné. Le technicien estime qu’en cas de changement de dispositif, Pape Thiaw dispose de joueurs assez compétitifs pour avoir la bonne animation de son jeu.
« Au niveau du milieu, il n'y a pas de grosses inquiétudes. Parce que Idrissa Gana Guéye est là et il est très compétitif. De même que Lamine Camara, Pape Matar Sarr et Krépin Diatta. Je pense que sur le papier, ce sont des joueurs qui sont très compétitifs et qui sont souvent titulaires dans l'équipe du Sénégal. Donc, à ce niveau, il n'y a pas de problème. Même, au niveau de l'attaque, Sadio Mané est là. Ismail Sarr est actuellement en super grande forme et Boulaye Dia revient à son meilleur niveau », soutient-il avant d’ajouter : «C'est vrai qu'on perdra des joueurs qu'on aurait souhaité avoir dans cet effectif. Mais, si on les perd, je pense que les solutions individuelles sont là. La difficulté réelle, c'est au niveau du banc. Mais je crois que Pape Thiaw se donnera les moyens de trouver la solution. Surtout qu'il a fait une tournée européenne pour voir tout le monde ». A noter que le sélectionneur national du Sénégal, Pape Thiaw, dévoilera sa liste ce jeudi 13 mars. Une première fois en tant que sélectionneur national des Lions.
LES DÉPUTÉS ADOPTENT LA LOI SUR L’ASSISTANCE AUX PERSONNES CONDAMNÉES
L’Assemblée nationale a voté à l’unanimité, ce mardi, la loi autorisant la ratification de la convention entre le Sénégal et le Maroc sur l’assistance aux personnes condamnées. Ce texte, signé en 2004, fixe les modalités du transfèrement des détenus.
Dakar, 11 mars (APS) – Les députés sénégalais ont adopté à l’unanimité, ce mardi, le projet de loi N°03/2025 autorisant le président de la République à ratifier la convention entre le gouvernement du Sénégal et le gouvernement du royaume du Maroc sur l’assistance aux personnes condamnées.
Ce texte, signée le 17 décembre 2004, à Rabat au Maroc, a été examiné en conseil des ministres le 22 janvier 2025.
“Cette convention a pour objectif d’assurer la protection consulaire et de faciliter l’aide et l’assistance nécessaires aux nationaux détenus sur le territoire de l’autre partie”, précise un document de l’Assemblée nationale, citant la ministre en charge des Sénégalais de l’extérieur, Yassine Fall.
Selon ce rapport de l’intercommission constituée de la Commission des affaires étrangères, des Sénégalais de l’extérieur et de l’Intégration africaine et de la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains, ladite convention fixe les conditions et les modalités du transfèrement des personnes condamnées ainsi que les motifs de refus et les effets juridiques du transfèrement.
Selon Yassine Fall, “l’entrée en vigueur de cet instrument contribuera à favoriser de meilleures conditions de réinsertion à nos compatriotes condamnés au Maroc, en leur permettant de purger le reste de leur peine” au Sénégal.
La cheffe de la diplomatie sénégalaise précise que cette convention s’applique uniquement aux personnes arrêtées et aux transferts des personnes condamnées. Par conséquent, cet accord n’inclut pas l’extradition des ressortissants sénégalais.
La ratification de ce texte va permettre au Sénégal de “disposer d’un cadre juridique moderne apte à apporter l’aide et l’assistance nécessaires aux Sénégalais poursuivis ou condamnés au Maroc (…)’’, indique le Big-gouv, anciennement Bureau d’information gouvernementale.
Le cadre juridique en question vise des ‘’faits relatifs à l’immigration clandestine’’ afin de ‘’permettre’’ aux ressortissants sénégalais condamnés de ‘’purger reste de leurs peines au Sénégal’’.
Il va notamment participer à la modernisation des instruments de coopération conformément aux standards internationaux, poursuit le Big-Gouv.
La convention entre les deux pays va aider le Sénégal à développer un leadership au niveau régional et étendre son réseau de coopération en matière judiciaire et sécuritaire dans la région.
Cette coopération judiciaire peut garantir la sécurité juridique et judiciaire des concitoyens sénégalais au-delà des frontières.