Plusieurs milliers de supporters se sont donnés rendez-vous mardi en début de soirée au rond-point Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor (sud) pour accueillir les joueurs du Casa-Sports, vainqueurs samedi de la 60eme édition de la coupe du Sénégal.
Ziguinchor, 5 oct (APS) - Plusieurs milliers de supporters se sont donnés rendez-vous mardi en début de soirée au rond-point Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor (sud) pour accueillir les joueurs du Casa-Sports, vainqueurs samedi de la 60eme édition de la coupe du Sénégal.
Venus répondre à l’appel du célèbre Comité d’ALLEZ CASA, ils ont rallié vers les coups de 17h, le rond-point Aline Sitoé Diatta qui était noir de monde.
Les supporters de tous âges, hommes et femmes, ont multiplié les pas de danses au rythme d’instruments de musique traditionnels chers aux inconditionnels de l’équipe fanion de Ziguinchor.
Les équipes de Navétanes des différents quartiers de Ziguinchor, arborant leurs couleurs respectives ont donné à la foule des traits multicolores.
Plusieurs chapiteaux ont été érigés à l’aile droite du mythique rond-point Aline Sitoé Diatta. Les imposants écrans géants qui diffusent en boucle chaque poche du rassemblement donnent au spectacle les allures d’un meeting politique populaire.
Les autorités administratives et le maire Abdoulaye Baldé sont visibles ainsi que d’autres personnalités sont bien en vue sous le chapiteau réservé aux officiels.
Un impressionnant cordon de sécurité est aussi visible sur les lieux où le concert de klaxons se mélange aux sonorités traditionnelles.
L’ambiance battait à son comble quand le MC a annoncé l’arrivée des nouveaux vainqueurs de la Coupe du Sénégal à l’entrée de Ziguinchor à 19h 05 minutes.
La caravane constituée de plusieurs bus et une bonne rangée d’autres véhicules avait du mal à avoir accès au site. Plusieurs minutes se sont écoulées avant de voir enfin les hommes du coach Ansou Diadhiou descendre de leur bus.
Le trophée est enfin brandi par le capitaine de l’équipe Pierre Benoît Manga ainsi que le prototype du chèque de 30 millions de francs CFA alloué au vainqueur de la coupe nationale.
Il s’en est suivi d’un chapelet d’allocutions officielles. Officiels et représentants de différentes délégations se sont succédés au parloir.
Mais la foule de plus en plus nombreuse au fur et à mesure que la nuit avance, est pressée de voir l’entame de la prestation des supporters d’ALLEZ CASA. L’animation culturelle va se poursuivre jusque tard dans la soirée pour célébrer comme il se doit une coupe qui réintègre l’armoire à trophée du club fanion, dix ans après le dernier sacre.
Le président de la République, Macky Sall, a procédé à la dissolution du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (FORCE Covid-19), a appris l’APS mardi de source officielle.
Dakar, 5 oct (APS) - Le président de la République, Macky Sall, a procédé à la dissolution du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (FORCE Covid-19), a appris l’APS mardi de source officielle.
"Le Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du "FORCE COVID 19" est dissout, indique le décret présidentiel numéro 2021-1317", signé le 30 septembre par le président Sall.
Selon ce décret, "les archives, les biens et meubles, les véhicules ainsi que le matériel mis à la disposition du Comité de suivi de la mise en œuvre du FORCE COVID-19 sont transférés au Secrétariat général de la Présidence de la République".
En juillet dernier, le Comité FORCE COVID-19 présidé par le Général de division François Ndiaye, avait présenté son rapport d’activités au chef de l’Etat qui avait salué "un travail intense de terrain’’.
Le Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (FORCE Covid-19) avait été créé par le président de la République pour appuyer des secteurs de l’économie touchés par la pandémie.
Le chef de l’Etat avait par la suite mis en place un Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (FORCE Covid-19).
Outre le général François Ndiaye, le Comité comprenait six représentants du gouvernement, trois représentants de l’Assemblée nationale (majorité parlementaire, opposition parlementaire, non-inscrits), deux représentants du Haut Conseil des collectivités territoriales.
Il y avait aussi deux représentants du Conseil économique, social et environnemental, deux représentants des associations d’élus territoriaux , six représentants des partis politiques (deux du pôle de la majorité présidentielle, deux du pôle de l’opposition parlementaire, deux du pôle des non-alignés)Trois représentants des organisations de la société civile, deux représentants des organisations patronales, deux représentants des organisations syndicales et deux représentants des associations de consommateurs en faisaient également partie.
L'AMBASSADEUR DE FRANCE AU MALI CONVOQUÉ PAR BAMAKO
Emmanuel Macron a appelé mardi à ce «que l’État revienne» au Mali, une sortie peu appréciée par la junte militaire au pouvoir dans le pays sahélien
Bamako a convoqué mardi l’ambassadeur de France après les propos jugés «regrettables» du président Emmanuel Macron à l’encontre de la junte militaire au pouvoir et à son appel à ce «que l’État revienne» au Mali.
«Le ministre a invité les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur», a commenté le ministère malien des Affaires étrangères dans un communiqué. Le texte fustige les «propos inamicaux et désobligeants» d’Emmanuel Macron et exprime une «vive protestation contre ces propos regrettables».
Emmanuel Macron a appelé mardi à ce «que l’État revienne» au Mali, dans un contexte de fortes tensions avec le pays sahélien, où la France est en train de réduire son dispositif militaire. «Il faut que l’État revienne avec sa justice, son éducation, sa police partout, en particulier au Mali», où des pans entiers de territoire restent livrés à eux-mêmes face aux djihadistes, aux tensions intercommunautaires et aux trafics, a-t-il dit.
«Se concentrer sur l’essentiel»
Avant cela, le président français avait qualifié jeudi dernier de «honte» les accusations d’«abandon en plein vol» du Mali par la France portées par le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU. La diplomatie malienne, dans son communiqué, appelle la France à «se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme dans le Sahel».
Au Sahel, où elle intervient militairement depuis 2013 contre les groupes djihadistes, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire avec une réduction de ses effectifs d’ici à 2023 à 2500-3000 hommes, contre plus de 5000 aujourd’hui.
Les Français voient leur influence contestée au Mali, notamment par la Russie. La junte malienne au pouvoir envisage de recourir aux services des paramilitaires russes de la sulfureuse société privée Wagner. Or une présence de ces «mercenaires» serait «incompatible» avec le maintien de la présence militaire française au Mali, ne cesse d’avertir Paris.
MOHAMED MBOUGAR SARR DANS LA DEUXIÈME SÉLECTION DU PRIX GONCOURT
L’ouvrage du sénégalais ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ figure notamment dans cette deuxième sélection composée de neuf publications. L’Académie du ‘’Goncourt’’ compte révéler les quatre finalistes le 26 octobre et le lauréat 2021 le 3 novembre
L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a été retenu dans la deuxième sélection du ‘’Prix Goncourt 2021’’ pour son roman ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ a-t-on appris mardi de l’Académie du Prix Goncourt.
L’ouvrage du sénégalais figure notamment dans cette deuxième sélection composée de neuf publications parmi lesquelles ‘’Le voyage dans l’Est’’ de Christine Angot, ‘’La carte postale’’ d’Anne Berest, ‘’Enfant de salaud’’ de Sorj Chalandon, ‘’Milwaukee Blues’’ de Sabine Wespieser.
L’Académie du ‘’Goncourt’’ compte révéler les quatre finalistes le 26 octobre prochain. Le lauréat 2021 sera connu le 3 novembre.
‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ est le quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr. L’ouvrage de 448 pages se présente comme ‘’un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel. Un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face à face entre l’Afrique et l’Occident’’, écrit l’auteur.
Coédité par les ‘’Éditions Philippe Rey‘’ France et ‘’Jimsaan’’, la maison d’édition de l’écrivain Felwine Sarr, Boubacar Boris Diop et Nafissatou Dia (Sénégal), le roman raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, qui, en 2018, découvre à Paris un livre mythique ‘’Le labyrinthe de l’inhumain’’ paru en 1938.
‘’Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par Amsterdam et l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?’’
Diégane est un ancien d’un lycée militaire d’excellence au Sénégal et étudiant en lettres à Paris, ce qui n’est pas loin du parcours de l’auteur Mohamed Mbougar Sarr.
‘’La plus secrète mémoire des hommes’’, roman de la rentrée littéraire, est en lice pour le ‘’Prix littéraire Le monde’’ et pour le ‘’Prix du roman news’’, ‘’Prix Renaudot’’, etc..
Mohamed Mbougar Sarr a déjà publié trois romans : ‘’Terre ceinte’’ (Présence Africaine 2015), qui a obtenu le Prix Ahmadou Kourouma et le Grand Prix du roman métis.
Il a aussi écrit le livre ‘’ Silence des chœurs’’ (Présence africaine 2017) qui a été récompensé par les prix Littérature Monde et Etonnants Voyageurs en 2018 et ‘’De purs hommes’’ (Philippe Rey/Jimsaan 2018).
L’Académie du Goncourt a introduit quelques changements dans son règlement. Elle fait ainsi savoir que les ouvrages des conjoints, compagnons ou proches parents des membres du jury ne pourront pas être retenus.
Pour respecter le secret du vote, l’Académie a estimé que les 10 jurés du prix Goncourt "qui tiennent une rubrique littéraire dans un média s’abstiennent de chroniquer les ouvrages qui figurent dans la sélection aussi longtemps que ces ouvrages y figurent".
DEMANDE DE LEVÉE DE L’IMMUNITÉ DES DEUX DÉPUTÉS CITÉS DANS L'AFFAIRE DES PASSEPORTS DIPLOMATIQUES
L’Assemblée nationale a été officiellement saisie d’une demande de levée de l’immunité parlementaire d’El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye, deux députés du parti au pouvoir
L’Assemblée nationale a été officiellement saisie d’une demande de levée de l’immunité parlementaire d’El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye, deux députés du parti au pouvoir cités dans un trafic présumé de passeports diplomatiques, a appris l’APS de source officielle, mardi.
‘’Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice a transmis au président de l’Assemblée nationale, le 4 octobre 2021, la demande de levée de l’Immunité parlementaire des honorables députés El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye. Une demande formulée par le Juge compétent’’, indique la Direction de la communication de l’institution parlementaire dans un communiqué.
‘’L’ouverture de la session ordinaire unique étant prévue le 14 octobre, le nouveau Bureau traitera le dossier dès l’installation des Commissions permanentes’’, rapporte la même source.
Les deux parlementaires sont suspectés d’être mêlés à un trafic de passeports diplomatiques dont l’obtention passerait par l’établissement de faux documents d’état civil, des extraits de naissance et autres actes de mariage fictif.
L’enquête menée par la Direction des investigations criminelles (DIC) a déjà permis l’arrestation d’El Hadji Diadie Condé, présenté comme le cerveau présumé de ce réseau de faussaires.
LES PARADOXES D'ACHILLE MBEMBE
Son premier contact avec la France a été l'"assassinat par les troupes coloniales" au Cameroun d'un oncle qui avait pris le maquis pour l'indépendance. Aujourd'hui, l'intellectuel camerounais est aux côtés de Macron pour organiser le sommet Afrique-France
Son premier contact avec la France a été l'"assassinat par les troupes coloniales" au Cameroun d'un oncle qui avait pris le maquis pour l'indépendance. Aujourd'hui, l'intellectuel Achille Mbembe est aux côtés du président Emmanuel Macron pour organiser le sommet Afrique-France qui se tient vendredi.
Après plus de 30 ans à décaper l'image d'une vieille Europe et analyser sans compromis l'ère post-coloniale, l'auteur mondialement connu de "Brutalisme" et "Critique de la raison nègre" a accepté la tâche controversée de préparer le sommet à Montpellier (sud de la France), auquel pour la première fois aucun chef d'Etat africain n'a été convié.
"Je suis fatigué", lâche-t-il après sept mois de débats au sein de la société civile africaine sur l'avenir de la relation entre le continent et la France. "J'ai été un peu comme un thérapeute, assis à absorber des choses parfois sales", dit-il dans un entretien à l'AFP, la main posée sur son large front.
Son rapport final, envoyé à l'Elysée et encore confidentiel, a été rédigé dans sa maison d'un quartier cossu de Johannesburg dans laquelle flotte une odeur de lys, en bouquets sur des commodes.
Sur un coin de table, il pose l'enjeu: "Si à Montpellier, on arrive à déplacer le débat au-delà de la récrimination et du déni, alors on aura ouvert la voie à une petite révolution culturelle".
- Banni -
"J'ai grandi dans une famille nationaliste et chrétienne", raconte Achille Mbembe, né en juillet 1957. La ferme de son père, dans le sud du Cameroun, nourrit la famille de sept enfants. Lui se voit footballeur ou "à la préfectorale".
Finalement, ses études d'histoire l'emmènent à Paris. Il emporte dans ses valises des textes de l'indépendantiste camerounais Ruben Um Nyobe. L'indépendance en 1960 a été suivie de sanglants affrontements et l'évocation même de ce nom est resté longtemps interdite dans le pays.
"J'ai dans ma tête et dans mes documents des gens dont on a voulu effacer l'existence. Et ma lutte c'est d'empêcher cela", explique Achille Mbembe. Son premier livre contenant des extraits de ces archives lui vaut d'être banni de son pays pendant dix ans. Il manque l'enterrement de son père.
Poursuivant ses études à la Sorbonne et à Sciences Po, il sort peu, reste la nuit penché sur sa machine à écrire, dans un petit appartement près du métro aérien.
Il court les séminaires au Collège de France ou à l'EHESS, assiste aux dernières lectures du philosophe Michel Foucault, néglige un peu son cursus: "J'étais un mauvais étudiant".
Le philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga est un mentor, Frantz Fanon et Édouard Glissant quelques-uns de ses maîtres à penser.
Sa thèse terminée, les universités américaines le débauchent. Mais les Etats-Unis n'ont jamais été son "horizon intellectuel" et il ne peut renoncer à l'idée de "rentrer en Afrique".
- "Des clashs" -
A Dakar, il prend la tête du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), avec l'ambition d'en faire un institut "compétitif" dans le monde.
"Je n'ai jamais travaillé en Afrique, j'ai tout à réapprendre", dit-il en évoquant des résistances dans cette "vieille boîte".
"Son écriture était postmoderne, pas assez engagée du côté du marxisme", traditionnellement lié aux luttes indépendantistes africaines, explique son ami et philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne. "Ça a fait des clashs".
Il finit par démissionner. L'Afrique du Sud, sortie de la période sombre de l'apartheid, lui tend les bras. Installé à Johannesburg depuis vingt ans, marié, des enfants, il dirige l'Institut de recherches en sciences économiques et sociales de l'Université du Witwatersrand.
Salué comme l'un des penseurs les plus influents du post-colonialisme, un terme "vide et pompeux", il explique simplement "s'occuper des choses qui l'intéressent".
Du Cameroun, où il n'est jamais retourné vivre, il regrette "la vie dehors, ces corps qui se touchent constamment, cette espèce de puissance sourde d'une Afrique forestière équatoriale".
Il ne relit jamais ses propres livres. Ecrire, "c'est lent, il faut retisser constamment".
A 64 ans, il envisage la retraite comme un repli progressif, ne plus voir ceux qui l'ennuient, arrêter de lire les journaux. Peut-être un bout de terrain, des poules, quelques chèvres.
MACRON COMPTE SUR LA SOCIÉTÉ CIVILE AFRICAINE POUR DÉPOUSSIÉRER LA RELATION AFRIQUE-FRANCE
Pas de chefs d'Etat, mais de jeunes entrepreneurs, artistes, sportifs: la France accueille vendredi un sommet au format inédit pour tenter l'éternelle "refondation" de sa relation avec l'Afrique, dans un contexte de crise avec ses anciennes colonies
Quelque 3.000 participants, dont plus d'un millier de jeunes du continent, sont attendus vendredi à Montpellier (sud) pour cette rencontre entre sociétés civiles africaine, française et de la diaspora, sur des sujets économiques, culturels et politiques, organisés en tables rondes.
Quatre ans après le discours de Ouagadougou du président français Emmanuel Macron, il s'agit "d'écouter la parole de la jeunesse africaine" et de "sortir des formules et réseaux obsolètes", souligne l'Elysée, en vantant le format "inédit" de l'événement.Sont en effet exclus les chefs d'Etat africains, pour la première fois dans l'histoire des sommets Afrique/France, ces grand-messes qui ponctuent depuis 1973 la relation tourmentée entre le continent et l'ex-puissance coloniale.
Le président français, lui, sera bien présent et dialoguera en session plénière vendredi après-midi avec des jeunes de douze pays africains, dont le Mali, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, la Tunisie, l'Afrique du Sud, le Kenya...Ce panel a été sélectionné à l'issue des dialogues menés pendant des mois à travers le continent par l'intellectuel camerounais Achille Mbembe, chargé de préparer le sommet.
Dans son rapport, remis mardi au président français, M. Mbembe estime notamment que la France est trop déconnectée "des nouveaux mouvements et des expérimentations politiques et culturelles" portées par la jeunesse africaine.
Il souligne également que de tous les différends, "aucun n'est aussi corrosif que l'appui présumé de la France à la tyrannie sur le continent".
Interventions militaires françaises, souveraineté, gouvernance, démocratie, "les sujets qui fâchent seront sur la table", assure l'Elysée, en reconnaissant que "le contexte politique actuel rend la discussion particulièrement sensible".
Au Sahel, où elle intervient militairement depuis 2013 contre les groupes terroristes, la France voit son influence contestée, notamment par la Russie, et Paris est à couteaux tirés avec le Mali depuis plusieurs mois.En Afrique du Nord, la relation toujours passionnelle avec l'Algérie est de nouveau secouée après des propos du président Macron jugés "insultants" et des réductions annoncées de visas.
- Avancées symboliques, statu quo politique -
L'Elysée promet des "propositions concrètes", basées sur un rapport remis par Achille Mbembe au président Macron.
Pour le philosophe canadien d'origine guinéenne Amadou Sadjo Barry, "depuis le discours de Ouagadougou, les lignes ont bougé sur le plan symbolique, il y a eu des gestes importants" comme la restitution de biens pillés au Bénin, l'annonce de la fin du franc CFA, la reconnaissance des "responsabilités accablantes" de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994...
"Mais au plan de la politique étrangère, on ne peut pas parler de grandes mutations", ajoute-t-il, en rappelant notamment comment Emmanuel Macron a immédiatement avalisé la prise de pouvoir du fils Deby au Tchad en avril dernier.
Au-delà des grandes questions diplomatiques et politiques, des préoccupations quotidiennes devraient également être abordées, comme la difficulté d'obtenir des visas, sujet récurrent au sein de la jeunesse africaine.
"Moi, j'aurais envie de dire aux autorités françaises: +vous savez, venir chez vous, c'est un choix que l'on paye cher, à tous points de vue+", raconte à l'AFP Marc, un Ivoirien étudiant en journalisme à Lannion, en Bretagne, qui a "galéré" plusieurs mois pour obtenir un visa et a investi toutes ses économies pour venir en France.
"Il y a de bonnes intentions au sommet de Montpellier, mais il y a aussi toute une population invisible qu'on n'a pas invitée, les migrants", déplore pour sa part Anzoumane Sissoko, défenseur des sans-papiers et élu parisien."Ce sont eux les vrais acteurs du développement, grâce à l'aide qu'ils apportent à leur famille en Afrique", estime cet ancien sans-papiers malien, aujourd'hui naturalisé français, qui voudrait "jeter des ponts entre la diaspora née en France et la jeunesse née en Afrique qui se jette en Méditerranée pour venir ici".
Si le format inédit de Montpellier permettra peut-être de dépoussiérer la relation franco-africaine, il n'en reste pas moins, pour le philosophe Barry, "une défaite symbolique pour l'Afrique elle-même"."Pourquoi est-ce encore en France que se discute l'avenir humain, politique, économique du continent africain ? Pourquoi les gouvernements africains n'écoutent-ils pas eux-mêmes les préoccupations de leurs populations ?", lance-t-il.
LIIY RAAME, par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
DAKAR, MENACE D’UN TSUNAMI DE POTO POTO
EXCLUSIF SENEPLUS - L’habitat n’est plus tributaire seulement des activités concentrées dans la capitale mais plutôt l’objet d’une spéculation foncière et immobilière abusive, aux élans parfois mafieux
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 05/10/2021
Liiy raame ! Rubrique des avatars de la société sénégalaise.
Liiy raame est une série d’articles ciblés qui mettent en exergue, alertent et ouvrent le débat sur toutes perpétuelles irrationalités et menaces sur notre société, afin que nul n’en ignore et que soit injecté du stress utile en ceux à qui revient la tâche d’apporter les solutions. J’ouvre cette rubrique par le problème de l’assainissement de notre chère capitale.
Commencer la rubrique par l’assainissement n’est pas un hasard, cela est dû à la bonne mémoire d’amis de longue date, qui à la vue des inondations d’eaux-vanne qui se déversent continuellement dans les rues à la moindre tombée de pluie, m’appellent pour me rappeler que quarante ans auparavant je leurs faisais part de mes inquiétudes, quant à la capacité du réseau d’assainissement à répondre à la croissance soutenue de l’habitat en hauteur à Dakar. Ils se demandaient alors pourquoi tant d’insistance de ma part sur ce sujet. Il y a quarante ans je ne pensais pas à la publication d’articles, je partageais tout simplement mes opinions avec mes amis et parents, aujourd’hui je les divulgue. C’est le pourquoi de la priorité donnée à ce sujet.
Poto poto est un terme qui est aujourd’hui inconnu de plusieurs jeunes dakarois d’une quarantaine d’années environ. Il faut donc leur faire savoir que des années cinquante aux années soixante, il n’y avait pas encore de réseau collectif dans la Médina et seulement peu de camions hydrocureurs disponibles pour vider les fosses des habitations. Alors le long des chaussées de la ville et à la limite de celles-ci avec les bordures de trottoirs parties intégrantes du dispositif d’écoulement des eaux, étaient drainées eaux de surfaces et eaux usagées. Elles formaient une boue noirâtre et pestilentielle dans laquelle pataugeaient souvent des canes et leurs canetons. Ce décor nous était familier alors jeunes, parce qu’on jouait au ballon sur la chaussée et malgré tous nos efforts pour éviter cette saleté notre petit “casa*” allait parfois y terminer sa course. Heureux donc aujourd’hui de pouvoir dire que les jeunes ignorent ces situations de déficit infrastructurel, cela prouve que des investissements ont été faits au fil du temps par les gouvernants, pour doter la capitale de réseau collectif convenable.
Indices de vulnérabilité du réseau et menaces futurs de tsunamis de poto poto
Convenable ! Le réseau ne l’est plus depuis belle lurette. Une politique improvisée d’urbanisation de la capitale imposée par une croissance exponentielle de la population urbaine depuis les années 70-80, est passé par là. Une explosion soudaine de réalisation de logements entraînant une forte augmentation des surfaces imperméabilisées à partir des années 80, sous l’effet d’une nouvelle politique immobilière articulée autour d’une dynamique banque de l’habitat, a mis en exergue les limites du réseau primaire unitaire d’antan. Un problème qu’a connu d’ailleurs beaucoup de villes de l’occident dans les années 70 ayant conduit à une séparation des égouts d’eaux de vannes et d’eaux de pluies. Pour nous, il fallait s’attendre au pire avec l’attractivité croissante de la capitale et des phénomènes nouveaux que cela allait entraîner. Aujourd’hui on y est. L’habitat n’est plus tributaire seulement des activités concentrées dans la capitale mais plutôt l’objet d’une spéculation foncière et immobilière abusive, aux élans parfois mafieux, entretenue par une caste hétérogène d’hommes d’affaires autochtones et étrangers, d’hommes politiques, de fonctionnaires, qui rivalisent en somptuosité dans l’édification de tours et buildings de plus de dix étages. Lesquels buildings malheureusement n’étaient pas envisagés et pris en compte lors du dimensionnement du réseau unitaire existant. Ce qui fait qu’aujourd’hui à la moindre pluie, des torrents d’eaux boueuses pestilentielles giclent de tous les regards et grilles d’égouts exutoires pour inonder les chaussées de la ville, avec leurs cortèges de désagréments causés aux populations. Pire encore ! Des habitants de quartiers comme Colobane et les HLM 5 et 4 reçoivent des reflux de ces déchets d’épuration dans leurs propres maisons, par le biais des regards intérieurs ou des receveurs de douche et cuvettes de toilettes. C’est intolérable ! Mais ils ne peuvent rien face à cette situation récurrente, sinon d’attendre que les services de l’Onas décantent des collecteurs publics auxquels ils sont les seuls à avoir accès. Pendant ce temps, au cœur même de la capitale, la population ne peut se déplacer sans se boucher le nez et immanquablement patauger dans ces eaux saumâtres. Peut-on continuer à aggraver cette situation en autorisant davantage l’agglomération de tours comme si de rien n’était, sachant que pour une conduite prévue pour une maison d’une famille, la construction en hauteur lui en impose vingt ou plus.
Imaginez donc ! Si aujourd’hui on en est déjà à des inondations sur chaussée, ce qui risque de nous arriver dans peu d’années, si rien n’est fait. Un tsunami de poto poto et toutes les difficultés du monde à combler le gap dimensionnel entre le réseau existant et les normes exigées par ces nouveaux modèles d’habitat.
Liiy raam...! Jog ci ! Il n’y a de problème qui ne désire de solution
Dans l’espoir que des autorités plus avisées que moi apportent des solutions idoines, je me permets sans aucune prétention de ma part, une suggestion au ministre de l’Urbanisme.
Il y a des principes de droit civil et de droit d’urbanisme et immobilier tels que, la servitude non altuis tollendi, le plafond légal de densité (PLD) et le coefficient d’occupation du sol (COS), qui permettent de façonner un bon cadre de vie et ils existent dans notre législation. À mon humble avis, il faut les remettre au goût du jour et les appliquer avec rigueur pour aider à, non seulement limiter l’aggravation de ce problème d’assainissement, mais également impacter positivement sur la spéculation foncière. Acheter un terrain à raison d’un million de francs le m2, chose courante dans des quartiers où la viabilisation laisse à désirer, n’est tout d’un coup devenu intéressant que parce que les verrous légaux et réglementaires de régulation ont sauté, laissant libre cours aux spéculateurs, qui s’en donnent à cœur joie.
Monsieur le ministre, de grâce liiy raame...jog ci.
* expression ouoloff qui exprime une menace rampante.
* Petit ballon en caoutchouc de la taille d’environ 2x une balle de tennis.