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26 juin 2025
SARKOZY, UNE DÉCADENCE FRANÇAISE
Pour la seconde fois en six mois, un ancien président a été condamné. Il est à craindre qu’une fois de plus l’on se désole du peu de conséquences dans le débat public français d’un tel jugement
«Des moyens énormes sont mis en œuvre, des foules entières sont mobilisées. Concentrée dans l’espace civique, la campagne électorale constitue une sorte de spectacle urbain […]. L’homme qui aspire au pouvoir utilise toutes ses ressources et celles de ses amis pour tenter, longtemps à l’avance, d’inscrire d’autres images dans la mémoire collective des futurs électeurs. »
Tirés des actes d’un colloque de 1985 sur les « lieux de la propagande et de la corruption électorale » à la fin de la République romaine, ces quelques mots de la professeure émérite Élizabeth Deniaux viennent nous rappeler combien l’affaire Bygmalion est, en vérité, une très vieille histoire.
Et l’on sait depuis la Rome antique combien les ingrédients d’une pareille affaire – débauche de moyens pour les meetings, dépassements vertigineux de frais de campagne, maquillages comptables, tromperie des autorités de contrôle – sont aussi de ceux qui, au-delà des faits et des personnes, représentent une menace pour la République elle-même. La mobilisation de moyens excessifs pour flatter les bas instincts d’un électeur plutôt que séduire sa raison constituait d’ailleurs, à Rome, un crime électoral d’une particulière gravité : l’ambitus.
Au début du XVIIe siècle, William Shakespeare donnera par la suite corps à cette idée avec sa tragédie Coriolan, du nom d’une figure légendaire de la République romaine aux prises avec l’élection et ses démons.
Bien des siècles plus tard, que nous disent l’affaire Bygmalion et la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy de la France de 2021 ? D’une part, l’on ne peut que constater qu’une institution et non des moindres dans une démocratie – la justice – a tenu sans trembler, en dépit des attaques et des outrances, en disant les responsabilités des uns et des autres face aux faits mis au jour. Mais, de l’autre, il est à craindre qu’une fois de plus l’on se désole du peu de conséquences dans le débat public qu’un tel jugement va avoir.
Car il faut bien prendre la mesure de ce qui, sous nos yeux, se passe. Nommer les choses impose de le dire sans barguigner : c’est historique. Six mois après une condamnation pour « corruption » et « trafic d’influence » à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire Bismuth – c’était déjà une première pour un ancien président de la République –, Nicolas Sarkozy a écopé, jeudi 30 septembre, d’une peine d’un an de prison ferme – le maximum prévu par la loi – pour « financement illégal de campagne électorale » en conséquence de son implication dans le scandale Bygmalion. Du jamais vu au carré.
Dans les deux dossiers, Nicolas Sarkozy a décidé de faire appel de sa condamnation.
Et il est un troisième dossier, l’affaire des financements libyens, dans lequel l’ex-chef de l’État est toujours quatre fois mis en examen, notamment pour « corruption » et « association de malfaiteurs », tout comme trois anciens de ses ministres, deux de l’intérieur (Claude Guéant et Brice Hortefeux) et un du budget et du travail (Éric Woerth).
Or, que s’est-il passé sitôt le jugement Bygmalion rendu public ? Des norias de soutiens au condamné Sarkozy ont fleuri sur les réseaux sociaux venant d’éminents représentants de la droite qui se dit républicaine. Le candidat à la présidentielle et patron des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a publiquement témoigné son « amitié » à l’ancien président, gageant que « la vérité se fasse en appel » – sous-entendu : les juges de première instance auraient donc menti…
Kalidou Kassé, artiste-plasticien, membre du Conseil d’administration de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) et par ailleurs ambassadeur de bonne volonté de la Fondation Ucad, très sensible aux difficultés de financement de la recherche à l’institution, a eu la généreuse idée de lancer le projet : «Une œuvre pour la recherche.» L’initiative consiste à soutenir l’Ifan et améliorer les conditions de travail et les infrastructures en favorisant la réussite et l’insertion professionnelle des étudiants.
Pour soutenir le projet «Une œuvre pour la recherche», Kalidou Kassé a offert deux œuvres d’art à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). Des lithographies certifiées par la cession de droit en édition limitée, seront cédées à des particuliers, des institutions et autres organisations publiques et privées contre un montant minimum de 500 mille francs. «Une œuvre pour la recherche est une initiative de levée de fonds qui consiste à soutenir l’Ifan dans le cadre de la recherche et de l’innovation pour améliorer les conditions de travail au sein de nos institutions par la cession de droit en édition limitée», a expliqué Kalidou Kassé, hier lors d’une conférence de presse qu’il a organisée à la salle de conseil dudit institut. D’après lui, la recherche demande énormément de moyens et au niveau de l’Ucad, il y a d’éminents chercheurs qui ont besoin d’être accompagnés, soutenus par des ressources additionnelles. Mais pour leur venir en aide, il estime qu’il ne faut pas compter tout le temps sur les autres en faisant allusion à l’Occident qui finance les projets de recherche pour le compte de l’Afrique. «Nous devons dès lors avoir un seul objectif, c’est de compter sur nous-mêmes, mbey ci sa wewou tank», a-t-il soutenu.
Pour bien comprendre l’intérêt de ce projet, Kalidou Kassé d’expliquer que «l’art pour l’art n’existe plus». «Une œuvre pour la recherche est un prétexte à plus de solidarité, de cohésion sociale autour de l’essentiel et d’une vision partagée. Et art comme développement a toujours été un medium de contribution aux grandes causes humanitaires. Donc, l’art c’est pour le progrès et pour l’avancement», a-t-il précisé.
La démarche du projet consiste également à inviter les citoyens, les institutions publiques et privées a plus de solidarité, pour la mobilisation de ressources additionnelles, par l’achat de ces lithographies, et permettre l’objectif commun du projet qui vise à soutenir la recherche et l’innovation au Sénégal. «Mbolo moy dolé, l’union fait la force», chante Kalidou Kassé. Derrière cette levée de fonds, il y a une opération de communication sur l’Ifan mais aussi sur l’Uni versité sénégalaise en général et l’importance pour les Séné galais en particulier et Afri cains, de financer eux-mêmes leur recherche. «C’est seulement par le savoir que nous arriverons à conquérir et préserver notre indépendance, facteur indispensable pour notre développement», a dit le Professeur Abdoulaye Baïla Ndiaye, directeur de l’Ifan.
Sur cette question de la solidarité au sein de la communauté universitaire, l’Ifan, la Fondation Ucad, le Musée des Civilisations noires et Kalidou Kassé, préparent un forum national regroupant les acteurs de l’Université et les différentes composantes de la société pour essayer de dégager des consensus forts permettant la pacification indispensable des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, informe le directeur de l’Ifan.
LE DTN SE DONNE UN DELAI DE 4 ANS
La reconstruction des équipes nationales masculine et féminine de basket du Sénégal est «irréversible» et devrait durer quatre ans, a déclaré le Directeur technique national (Dtn) de cette discipline sportive, Moustapha Gaye.
La reconstruction des équipes nationales masculine et féminine de basket du Sénégal est «irréversible» et devrait durer quatre ans, a déclaré le Directeur technique national (Dtn) de cette discipline sportive, Moustapha Gaye.
«Quand j’ai eu la confiance du président de la Fédération de basket pour cumuler les fonctions de Dtn avec celles d’entraîneur des filles, je savais que (…) le temps était venu de lancer la reconstruction», a expliqué Gaye.
Après l’évaluation, la Di rection technique nationale a remarqué que le temps était venu de lancer la reconstruction, en Equipe nationale féminine surtout, a expliqué Gaye à la Radio Futurs Médias (RFM, privée). Avec la génération précédente, celle des Astou et Aya Traoré qui a démarré en 2003, il a fallu attendre 2009 pour la voir gagner l’Afrobasket, a rappelé le Dtn, qui était l’invité de RFM Matin. Moustapha Gaye déclare qu’il faudra «quatre ans» pour bâtir une nouvelle sélection féminine compétitive. «Nous demandons à nos compatriotes d’être patients, parce que ce sera un travail de longue haleine, qui se fera sur le plan national mais aussi au niveau international», a-t-il dit, ajoutant : «Nous demandons de la patience pour mettre sur pied une équipe plus compétitive, dans les quatre ans à venir.»
Selon lui, la Direction technique nationale sera aussi obligée d’aller superviser des basketteuses en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique, pour la réussite de la reconstruction. Concernant l’Afrobasket féminin 2021, remporté par le Nigeria, le Dtn et entraîneur de la sélection sénégalaise dit comprendre la frustration de ses compatriotes après que les Lionnes du Sénégal ont manqué le podium, le but visé à leur départ de Dakar pour Yaoundé. «Il ne nous a pas manqué grand-chose. L’euphorie s’était emparée du groupe (l’équipe) après l’éclatante victoire (74- 46) contre le Mozambique lors des quarts de finale», a-t-il commenté.
Selon Moustapha Gaye, la déception est proportionnelle au revers (63-73) de l’équipe face au Nigeria, lors des demi-finales. Gaye reconnaît les difficultés qu’il a eues pour remettre la machine en marche pour le match de classement, contre le Cameroun (49-53), le pays hôte de l’Afrobasket féminin.
BENNO SOUS TENSION
A Dakar, Thiès, Fatick, Saint-Louis et beaucoup d’autres localités du pays, les membres de la majorité présidentielle se livrent une rude bataille pour se faire investir candidat aux locales du 23 janvier 2022
A Dakar, Thiès, Fatick, Saint-Louis et beaucoup d’autres localités du pays, les membres de la majorité présidentielle se livrent une rude bataille pour se faire investir candidat aux Locales du 23 janvier 2022. Une division qui risque de faire les affaires de l’opposition si elle était tant soit peu unie.
A l’approche des Locales, le feu couve dans la coalition Benno bokk yaakaar. Les divergences entre responsables de la majorité s’intensifient et les soutiens entre camarades de parti ou de coalition ne sont plus à l’ordre du jour. La dernière sortie de Biram Faye tirant sur la gestion du maire de Fatick, Matar Ba, en dit long sur le choc des ambitions dans la mouvance présidentielle, en particulier au sein de l’Apr. «Je suis convaincu que je peux faire 100 fois mieux que lui (Matar Ba)», a déclaré M. Faye, coordonnateur de la Task-force républicaine, mercredi dernier sur la 7Tv. S’il loue l’engagement et la loyauté de l’édile de Fatick, Biram Faye estime que les populations locales n’ont pas profité des fonctions de Matar Bâ. «Aujourd’hui, il est maire et ministre mais ce que j’ai fait à Fatick, il ne l’a pas fait. Les Fatickois et les Sénégalais m’en sont témoins», a ajouté le Directeur général de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp). A noter que cette localité compte aussi d’autres candidats déclarés comme Sory Kaba, Cheikh Kanté ou Maïssa Mahécor Diouf.
Biram Faye sur Matar Ba : «Si le Président le choisit, il y aura vote-sanction»
L’ancien adjoint de Abdou Mbow à la Cojer a même averti le président de la République sur les conséquences d’un choix portant sur Matar Ba pour porter les couleurs de Bby. «Je ne suis pas en train de me vanter mais s’il y a un autre choix que moi, les populations peuvent ne pas y adhérer. Parce que nous sommes en train de travailler depuis années pour ça. Si le Président le choisit, il y aura vote-sanction», a prévenu Biram Faye, investi il y a quelques jours par ses partisans comme candidat à la mairie de Fatick. Ce département n’est pas un cas isolé. Partout au Sénégal ou presque, les candidatures déclarées de part et d’autre donnent naissance à des conflits ouverts entre membres de la coalition au pouvoir ou camarades de parti. Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur, Moïse Sarr défie la maire sortante, Thérèse Faye, dans la commune de Diarrère.
A Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr et Amadou Ba se livrent actuellement à une bataille de positionnement. Le maire de Yoff est dans l’agitation depuis quelques mois, tandis que l’ancien ministre de l’Economie et des finances fourbit ses armes dans le plus grand secret. Il y a deux jours, une rumeur faisant état d’un choix de Macky Sall sur Amadou Ba, a mis le camp du ministre de la Santé dans tous ses états. Diouf Sarr multiplie les sorties pour avoir la confiance de Macky Sall. «Mon patron, c’est le peuple de Dakar. J’ai reçu le message des Dakarois et je vais le porter. Les Dakarois me demandent de rester debout. C’est pourquoi, il y a tout ce tollé. Encore une fois, je tends la main à tous les Dakarois. S’ils prient pour moi, je pense que le succès sera au bout», a-t-il invité la semaine dernière dans son fief.
Diouf Sarr-Amadou Ba à Dakar, Mary Teuw-Mansour Faye à Saint Louis, Wilane-Laye Sow à Kaffrine…
Une déclaration qui risque de plomber ses chances et peut être vue comme une défiance envers le patron de l’Apr qui appelle ses hommes à lui faire confiance pour les investitures. A Thiès, Macky Sall devra trouver la bonne formule entre Talla Sylla, son allié-maire sortant, et les responsables de l’Apr. Abdou Mbow, Siré Dia, Augustin Tine, nourrissent des ambitions de diriger la mairie de Thiès, fief absolu de Idrissa Seck. A Saint-Louis, Alioune Badara Cissé est parti mais un autre opposant au pouvoir se dresse sur le chemin du maire Mansour Faye. L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur a déclaré sa candidature depuis longtemps et n’hésite jamais à réduire au néant le bilan du beau-frère du Président Sall. Il se dit qu’il n’exclut pas de s’allier avec Yewwi askan wi pour déboulonner Mansour Faye. Macky devra aussi gérer l’appétit de Ahmed Fall Braya, transhumant venu du Pds et arrivé deuxième en 2014. A Ziguinchor, Doudou Ka (Apr) veut la mairie gérée depuis 2009 par Abdoulaye Baldé (Ucs) qui a rejoint la majorité à la veille de la Présidentielle de 2019. Benoît Sambou, rival historique de Doudou Ka, n’a pas encore dit son dernier mot après son échec en 2014. A Kaffrine, Abdoulaye Wilane digère mal les attaques du ministre Abdoulaye Sow, candidat déclaré à la mairie. Le Socialiste et l’Apériste se livrent un combat épique par médias interposés. A Tambacounda, le député-maire, Mame Balla Lo, n’aura pas que l’opposition face à lui.
Le ministre Sidiki Kaba qui a dirigé le département lors des Législatives de 2017, a pris goût à la politique et ne dirait pas non à la mairie Tamba counda. A Podor, Racine Sy veut sa revanche face à l’actuel ministre des Affaires étrangères, Me Aïssata Tall Sall, qui l’avait battu par une différence de 6 voix en 2014. Une chose est sûre : les investitures vont forcément générer des frustrations, avec comme conséquence la création de listes parallèles. A Dakar, Taxawu Dakar de Khalifa Sall en avait profité pour faire une razzia (15 sur 18) en 2014. 8 ans après, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets. D’autant plus que le maître, qui devrait siffler la fin de la récréation, semble, sur ce point comme sur d’autres, avoir adopté la position qu’il semble affectionner, celle du Lion qui dort, comme il l’avait dit à l’inauguration du Pont de l’Emergence.
22 CAMIONNEURS SENEGALAIS ESSUIENT LES TIRS DES DJIHADISTES
Lors d’une attaque, des djihadistes ont vidé leurs chargeurs sur les camions de nos compatriotes. 5 gendarmes maliens y ont perdu la vie
22 camionneurs sénégalais ont frôlé la mort le mardi 28 septembre dernier au Mali. Lors d’une attaque, des djihadistes ont vidé leurs chargeurs sur les camions de nos compatriotes. 5 gendarmes maliens y ont perdu la vie.
Des Sénégalais ont été attaqués le 28 septembre passé par des djihatistes dans l’Ouest du Mali. Ils sont 22 camionneurs à avoir essuyé des tirs à l’arme lourde qui ont fait 5 victimes dans les rangs des Forces de l’ordre maliennes. Les Sénégalais, 11 conducteurs et 11 apprentis-conducteurs, ont fait l’objet d’une attaque armée alors qu’ils faisaient la navette entre Dakar et Bamako. Des victimes que la Rfm a interrogées, ont exprimé leur peur en affirmant que les djihadistes ont même laissé des cartouches de balles après en avoir criblé les camions sénégalais. Finalement, ils sont tous sains et saufs. Aucun blessé physique n’a été déploré. Pour autant, plongés dans une situation de choc à cause des balles, ces 22 Sénégalais sont actuellement à Kati pour leur suivi psychologique.
Dakar-Bamako, plus qu’un corridor routier
Le trafic gros porteur en provenance et à destination du Mali est estimé à plus de 400 camions en opération journalière. En 2020, ce trafic s’est chiffré à plus de 2 millions 700 mille tonnes, selon une note d’information de la Direction générale du Port autonome de Dakar (Pad), qui fait le point d’une mission de prospection et d’évaluation effectuée par Aboubacar Sédikh Bèye, du 22 au 26 septembre 2021, sur le corridor Dakar-Kayes-Bamako. Le Dg du Pad était en compagnie de ses collaborateurs, des représentants de Cap/Sénégal (Communauté des acteurs portuaires du Sénégal), des Entrepôts du mali au Sénégal, du président de l’Union nationale des transporteurs du Sénégal et du Directeur général de Tvs (Terminal vraquier du Séné gal). L’objectif principal de la mission, mentionne le communiqué, «est d’évaluer par une démarche participative, l’état général de fonctionnement du corridor Dakar-Kayes-Bamako. Ainsi, la mission a pu mesurer à la fois les enjeux du trafic malien et l’impact sur l’économie des deux pays et la compétitivité du Pad en particulier».
Par ABDOU KHADRE GAYE
DAKAR COMME PARIS, LE RÊVE OUBLIÉ DE SENGHOR
La capitale est devenue la tête bien trop grosse d’un pays bien trop maigre de 16 millions d’habitants et 196 000 km2. Ce n’est plus l’asile de paix aux mers poissonneuses et aux forêts giboyeuses où il faisait si bon vivre
En 1444, Denis Diaz Fernandez, fasciné par la végétation luxuriante de la pointe occidentale du continent africain, la baptisa Cap vert. Par sa position favorable et ses sources d’eau douce, la presqu’île du Cap Vert sera, par la suite, une étape importante dans la route maritime reliant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. En 1617, Birane Mbengue, lamane du village de Beeñ, considéré comme ancêtre des 12 pénc, concéda l’île de Gorée aux Hollandais, ses premiers occupants Européens. Les Français en seront les derniers. En 1790, Ndakaaru, sous la houlette de Dial Diop, recouvrit son indépendance vis-àvis du Cayor. Un matin de Korite de l’année 1857, Protet y planta le pavillon français, marquant ainsi la fondation de Dakar qui accueillit en 1902 la capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF) et, depuis 1958, au lendemain de la fête de son centenaire, la capitale sénégalaise. Sans oublier la parenthèse de la Fédération du Mali. Aujourd’hui, le Cap Vert est devenu un cap béton, comme disait le ndey ji réew Alioune Diagne Mbor. Car, sur presque toute son étendue, y compris sa façade maritime, menacée par endroit par l’érosion, le béton et le fer ont remplacé la végétation. Et Dakar est devenu la tête bien trop grosse d’un pays bien trop maigre de 16 millions d’habitants et 196 000 km2 . Sur 0,28% du territoire nationale, il concentre quelque 25% de la population et plus de 80% des activités économiques et administratives. Sa population est passée de 18 447 en 1904 à 1 000 000 en 1982 et 3 800 000 à nos jours.
Ndakaaru, la cité refuge, n’est plus l’asile de paix aux mers poissonneuses et aux forêts giboyeuses où il faisait si bon vivre
C’est pourquoi, malgré toutes les contradictions qui le déchirent, du fait de sa croissance trop rapide, Dakar est considéré comme le coin le plus riche du pays et ses habitants comme les plus nantis, n’ayant presque pas besoin d’assistance au même titre que les autres parties du Sénégal courues par les institutions de développements et les acteurs non étatiques. Et pourtant, Ndakaaru, Dakar, situé au carrefour du ciel, de la terre et de l’océan, n’est plus l’asile de paix aux mers poissonneuses et aux forêts giboyeuses où il faisait si bon vivre et dont on disait : « qui s’y installe est sauvé ». Dakar ainsi célébré par le chevalier de Boufflers : « Une fraicheur délicieuse, des prés verts, des eaux limpides, des fleurs de milles couleurs, des arbres de mille formes, des oiseaux de milles espèces. » Dakar pour qui, de la sorte, priait Senghor : « Seigneur, oh ! fais de notre terre un Dimanche sans fin. » Et de poursuivre : « Demain le Cap-Vert dressera, il dresse ses buildings blancs bourdonnant de puissance et d’ambition ; et alentour les villas impatientes, les médinas monstrueuses se métamorphosent, palpitantes de passions toniques. Tant de beautés de forces, tant de vie je voudrais mêler. Tant de promesses vivantes de joies !... » Hélas, Dakar, la ville de Pinet Laprade, non seulement n’est pas devenu semblable à Paris, comme annoncé par la prophétie senghorienne, mais ne marche même plus sur les pas de la capitale française : les encombrements, les pollutions, les ordures, les eaux usées et les bidonvilles dont le poète-président souhaitait la transformation sont toujours de mise ! Sans oublier la ghettoïsation des villages et quartiers traditionnels qui ont perdu leurs couleurs et sont devenus – surtout ceux du centre-ville – de grands marchés ou des ateliers à ciel ouvert.
Aujourd’hui, plus que tous les autres, la capitale sénégalaise et ses habitants ont besoin d’aide et d’assistance
En effet, si l’on considère l’état actuel de la presqu’île marqué par l’avancée accélérée de la mer du fait de l’effritement et/ou démantèlement des falaises et l’extraction abusive du sable des plages sur la grande côte ainsi que l’abattage de la bande protectrice des filaos. Si l’on considère l’occupation anarchique du littoral et la perte des dernières niches de verdure du fait de l’accaparement, par des promoteurs immobiliers quelque peu véreux, de pans entiers du poumon horticole des Niaye et de la forêt classée de Mbao. Si l’on considère : la pollution des mers et la raréfaction des ressources halieutiques, du fait de la surpêche industrielle, menaçant la survie de familles entières de pêcheurs à Yoff, Ouakam, Ngor et autres ; l’épuisement des réserves foncières des villages traditionnels, privant les jeunes de la possibilité d’avoir une maison à eux sur leur lieu de naissance, et Rufisque, porte sud dakaroise, qui a fini de perdre sa fraicheur et son air pur, subissant les coups de la pollution industrielle et les assauts répétés de la mer, le dépotoir de Mbëbës proliférant telle une lèpre, la baie de Hann pourrissante, le centre-ville surpollué ainsi que l’oisiveté, le chômage, l’extrême pauvreté et la criminalité croissante, surtout dans la proche banlieue… Si l’on considère tout cela, sans oublier l’indiscipline ambiante, les embouteillages, le coût élevé de la vie ainsi que les risques industriels et autres prévisibles catastrophes, on se rend compte que l’oasis dakaroise est fortement menacée et se consume à grand feu. Et pleurent les anciens : « l’époque des quatre communes est révolue ! Les années des indépendances sont derrières nous !... » Et aujourd’hui, plus que tous les autres, Dakar et ses habitants ont besoin d’aide et d’assistance, avant qu’il ne soit trop tard.
Si la pauvreté se mesurait au nombre d’habitant vivant dans la rue ou dans les dépotoirs, Dakar serait en tête de peloton
Il est vrai que si la richesse économique implique le bien-être et le bonheur et se mesure, comme pensent certains experts, en terme d’immeubles, de routes et de ménages disposant de véhicules, de postes téléviseur, de téléphones et ayant accès à l’électricité, à l’égout et à l’eau des robinets, etc. alors Dakar est bel et bien le paradis des sénégalais et ses habitants sont les plus heureux du pays. Car, à Dakar, même les mendiants disposent de téléphone portable… Mais à Dakar on peut aussi voir des fonctionnaires bien payés et bien gras locataires d’appartements luxueux et bien équipés et même véhiculés, mais qui ne sont propriétaires que de leurs dettes. A Dakar, on peut voir des familles pauvres jouer les riches et célébrer avec faste leurs fêtes, quitte à se priver de l’essentiel et/ou à se sur-endetter. A Dakar, on peut voir des armées de jeunes trainer dans les quartiers de palabre en palabre, sans perspective, sans avenir, rêvant d’un ailleurs meilleurs, véritables aubaines pour les trafiquants de drogue, les politiciens véreux, les passeurs de la méditerranée et les groupes terroristes. A Dakar, on peut voir des mères de famille sans aucune vie familiale, comme exilées d’elles-mêmes ; semblables à des fantômes, elles quittent leur domicile avant l’aube pour ne rentrer que tard dans la nuit avec à peine de quoi nourrir leurs progénitures. A Dakar, on peut voir des familles entières vivre dans des maisons inondées à longueur d’année ou dans la rue ou sur les tas d’ordures de Mbëbës… Et si la pauvreté se mesurait au nombre d’habitant vivant dans les dépotoirs, Dakar serait en tête de peloton. Si la pauvreté se mesurait au nombre de chômeurs et de sans métier dans les quartiers, ou au nombre de ménages ne disposant pas des trois repas quotidiens, ou au nombre d’élèves exclus des établissements scolaires fautes de fournitures scolaires ou de paiement de scolarité, ou au nombre d’enfants squattant les rues, ou au nombre de pères de famille trainés en justice pour non-acquittement de leur loyer, ou au nombre de personnes rejetées des structures sanitaires pour les mêmes raisons… alors on verrait les richesses de cette famille villageoise vivant dans des cases en paille, dans une maison sans eau courante ni électricité, mais près de son ciel, de sa pleine lune et de ses étoiles… mais propriétaire de ses terres et de plusieurs têtes de bétail, et de son puits et de ses volailles…
Parcourons l’arrondissement de Dakar Plateau avec ses canaux à ciel ouvert, ses marchés et ses gares routières jamais nettoyés…
Oui, faisons un tour, pour finir, dans l’arrondissement de Dakar Plateau, la capitale de la capitale, circonscription administrative regroupant les communes de Gorée, Dakar Plateau, Médina et Gueule Tapée-Fass-Colobane, avec ses canaux à ciel ouvert, véritables dépotoirs presque jamais curés et exhalant la puanteur, ses marchés et ses gares routières jamais nettoyés, ses artères surencombrées où les panneaux d’affichage ont remplacés les arbre, ses égouts sans regard, trous à ordures et fléaux des aveugles et des étourdis, ses rondpoints dégarnis et sales, ses coins-de-rue-urinoirs, ses murs-tableaux-d’affichages, ses immeubles vétustes ou mal construits, s’affalant en cascade, emportant des vies humaines… Et l’avenue George Pompidou, ex William Ponty, reine des rues de notre capitale, défigurée et méconnaissable. Et le cap Manuel devenu inaccessible. Et l’anse Bernard menacée de privatisation. Et Tilene méconnaissable. Et Sandaga, la vieille Soudanaise, qui était devenu, après son incendie, une bombe écologique et refuge des malfrats, charriant puanteurs et maladies, réduit en poussière. Car, à Dakar, on délabre et casse du patrimoine sans état d’âme, on défigure la ville sans s’en rendre compte. Triste spectacle de ces vieux quartiers branlants, voisins centenaire du palais présidentiel et qui manquent aujourd’hui encore de presque Tout, avec un grand T. Même les pénc lébu, patrimoine plusieurs fois centenaire, sont abandonnés à leur triste sort, hélas !
Et pourtant, jadis, les rues du centre-ville étaient dégagées, propres, bordées d’arbres…
Oui, il y a à peine quelque décennies, les rues de la capitale étaient dégagées, propres, bordées d’arbres formant par endroit des arcs de triomphe et remplies du ramage des oiseaux. Les marchés étaient nettoyés à l’eau de mer et leur limite bien fixée. Il y avait une maison des jeunes et un grand stade à Reubeuss, une école des arts à Niaye Thioker. Il y avait des terrains de football et de basket, des salles de cinémas, des bibliothèques, des médiathèques, des jardins publics… Il y avait des falaises portant des forêts avec des singes, des perroquets et des porcs et pic, des plages propres où se ramassaient des sebbet et où on accédait par des escaliers en pierres de Rufisque… Il y avait Chienvélo, Blockhaus et la corniche du camp Dial Diop. Il y avait le cap Manuel, la plage Hylton et les escaliers de la mort. Et l’architecture du complexe scolaire de la Medina réjouissait les regards à partir de l’avenue Blaise Diagne. Et le boulevard General De Gaulle, ex allée du Centenaire, cœur battant de Dakar, ignorait encore le phénomène de marchéisation de la ville. Et l’avenue Jauréguiberry (actuel Emile Badiane), Gambetta (actuel Lamine Gueye), au même titre que William Ponty (actuel George Pompidou), faisaient la fierté des habitants du Plateau. Et les enfants couraient partout dans les quartiers, les populations étaient gais… Et le nom de Dakar bruissait à l’unisson des vagues s’épanchant sur ses rivages… Mais aujourd’hui ! Aujourd’hui, hélas, tout a changé. Partout c’est la décrépitude, la saleté et les mauvaises odeurs. L’aéroport est transféré à Diass. Le stade Demba Diop marche sur les pas d’Assane Diouf. Et Dakar, où l’on ne peut plus se promener, est devenu la capitale de l’enjambement et du contournement, comme dit le plasticien Viye Diba.
Celui qui veut reverdir son désert doit prendre soin de ses points d’eau
Il est vraiment grand temps de sauver Dakar, capitale du Sénégal. De sauver nos oasis, partout à travers le pays. Car, en vérité, le Sénégal est un pays pauvre, presque un désert, avec quelques oasis très mal entretenues. Or, celui qui rêve de reverdir son désert doit prendre soin de ses points d’eau. Et Dakar, « main tendue vers la mer mémorable », pour parler comme le poète-président, est l’oasis sénégalais le plus fameux, à côté du Walo, du Sine Saloum et de la Casamance. Sans oublier les oasis spirituels du Cayor et du Baol. Je pense notamment à Tivaoune, Touba, Gueoul, Ndiassane, Medina Baye, etc. qui font notre fierté. Et Diamalaye, la paix de Dieu, une oasis dans l’oasis dakaroise. Alors un seul mot d’ordre : prenons soin de nos oasis si nous voulons vaincre le désert du sous-développement et du mal vivre.
Abdou Khadre Gaye est écrivain, président de l’ONG EMAD
Par Abdoul Aly KANE
MISER SUR LA VALLEE DU FLEUVE SENEGAL
La vallée du fleuve, chez nous, est l’un des principaux centres d’émigration des jeunes vers la France, les USA, l’Afrique centrale. Pourtant, la vocation agricole de cette zone ne saurait souffrir de doute.
L’Egypte est un don du Nil, disait Hérodote ! Le territoire de l’Égypte est constitué principalement de désert. Seuls 35 000 km2, soit 3,5 % de la superficie du pays, sont cultivés et habités de manière permanente. On estime que près de 90 % de la population égyptienne vit ainsi dans la vallée et le delta du Nil. Au plan agricole, l’Egypte est aujourd’hui autosuffisante en riz, sucre, légumes, fruits, produits laitiers, œufs etc. Comparé au Sénégal, on peut dire que notre pays n’est pas encore un don du fleuve Sénégal.
Au contraire, la vallée du fleuve, chez nous, est l’un des principaux centres d’émigration des jeunes vers la France, les USA, l’Afrique centrale. Pourtant, la vocation agricole de cette zone ne saurait souffrir de doute. Pourquoi nos compatriotes n’ont-ils pas été encouragés à s’installer dans la vallée du fleuve Sénégal depuis les indépendances ? Une chose est sûre : on est loin de la réalisation de l’objectif que s’était fixé le président socialiste Abdou Diouf pour cette partie de notre pays, à savoir « Faire de la vallée la Californie du Sénégal » ! Hélas, dans ce pays, on a surtout encouragé « les cultivateurs du dimanche » comme on appelait les fonctionnaires détenant des champs dans la zone de Sangalkam, Niaga, Niacoulrab etc. Pourquoi privilégier la création de nouveaux centres favorisant la « rurbanisation » comme Diamniadio et non celle de centres ayant une vocation agropastorale à proximité de la moyenne et la basse vallée du fleuve Sénégal entre Podor et Saint Louis ?
Cette situation est à mon sens imputable à la politique de décentralisation menée dans notre pays, qui s’est plutôt concentrée sur des problématiques administratives de répartition des responsabilités et de pouvoirs entre Etat Central et collectivités décentralisées, au détriment du volet aménagement et spécialisation économique des territoires selon leurs dotations naturelles en facteurs de production. La vallée du fleuve Sénégal correspond à la partie nord du Sénégal. Elle s’étire sur près de 650 km et englobe les régions administratives de Saint-Louis, de Matam et de Tambacounda. Il est connu et reconnu que notre pays est doté de ressources en eau en quantité suffisante, composées de nappes souterraines et eaux de surface utilisées dans l’alimentation humaine, l’agriculture et l’industrie pour l’essentiel, même si la qualité pose des problèmes de retraitement pour les eaux souterraines. Celles-ci souffrent en effet de salinisation, d’excès de fluorures (dans le bassin arachidier), de teneur en fer élevée, mais également de pollution du fait de l’homme. Pour ce qui concerne l’agriculture, les eaux souterraines sont utilisées pour le maraîchage dans la zone des Niayes qui concentre 80 % de la production nationale, mais souffrent de l’intrusion saline découlant de leur surexploitation.
Par ailleurs, une forte pression foncière s’exerce sur les exploitants agricoles de cette zone au profit de promoteurs immobiliers. S’agissant des eaux de surface, le Sénégal dispose principalement de l’eau de la vallée du fleuve Sénégal. Une politique de construction de barrages à usage agricole et hydroélectrique a été mise en œuvre au lendemain de la sécheresse des années 73. A cet effet les barrages de Manantali et de Diama ont été construits sous l’égide de l’OMVS. Manantali est un barrage régulateur, hydroélectrique. Diama (27 km de Saint Louis), dédié à l’agriculture, est un barrage anti-sel conçu pour bloquer l’intrusion saline qui, auparavant, rentrait à l’intérieur des terres situées en amont sur environ 150 km et les rendait impropres à la culture. Il permet la mise à disposition d’une eau douce en quantité suffisante pour l’agriculture. Avec l’érection des barrages, 240 000 hectares de terres étaient rendus potentiellement irrigables. Hélas, sur cette superficie, seuls 130 000 sont irrigués depuis 1989, date de mise en service de Diama.
En comparaison avec l’hydraulique urbaine en charge de l’alimentation en eau potable (SONES/SDE) des populations de Dakar et autres centres urbains, une eau tirée du Lac de Guiers d’une capacité de 380 millions de m3 (lui-même alimenté par les eaux du fleuve Sénégal pour partie) et transportée sur 250 km via des conduites de transport onéreuses, on peut déplorer la faiblesse des aménagements hydroagricoles et des équipements réalisés depuis 1989, date de mise service du barrage de Diama. Avec l’érection des barrages, sur 240 000 hectares potentiellement irrigables, seuls 130 000 hectares sont actuellement irrigués, soit la moitié des terres seulement après plus de 30 années, faute de promoteurs et de ressources financières. Si beaucoup d’aménagements hydroagricoles ont été réalisés, beaucoup se sont aussi considérablement dégradés et ont été abandonnés, faute d’entretien et de renouvellement des équipements. Or, des infrastructures de bonne facture auraient pu susciter l’intérêt du secteur privé pour l’agriculture irriguée, à la condition que les promoteurs puissent évoluer dans un environnement permettant la satisfaction de leurs besoins essentiels ainsi que ceux de leurs familles.
En effet, il faut créer des centres urbains dans lesquels ils puissent trouver des écoles, des hôpitaux, des écoles de formation, de l’eau potable, de l’électricité, des voies rapides en cas d’urgence sanitaire, bref tous les services sociaux de qualité qu’ils abandonneraient en migrant de leurs lieux de résidence habituels vers ces zones agricoles. Il faudrait dans le même ordre d’idée réhabiliter les villes du Delta comme SaintLouis, Dagana et Podor.
Evidemment, tout cela devrait relever d’une politique de décentralisation adossée à une stratégie d’aménagement du territoire en lien avec les objectifs de développement économique et social du pays. D’autant plus qu’au-delà de la question de la disponibilité de l’eau, le problème du foncier n’est pas encore résolu. Dans un communiqué de presse du 29 avril 2021, élaboré à l’issue de la 3ème revue du programme appuyé par l’instrument de coordination de la politique économique et un nouvel accord de financement sur dix-huit mois pour un montant total de 453 millions de DTS, les services du FMI ont insisté sur l’accélération des réformes relatives à la gestion des droits fonciers et de propriété. C’est dire que la solution de cette question conditionne l’implication du secteur privé national et étranger dans l’exploitation des grands aménagements agricoles de la vallée. La commercialisation des produits est tout aussi importante et nécessite une politique tout aussi claire de protection des initiatives locales et de régulation du marché intérieur.
Pour suivre l’exemple de l’Egypte, il devrait s’agir pour le Sénégal de promouvoir une agriculture de substitution aux importations pour l’équilibre de notre balance commerciale et notre sécurité alimentaire. L’une des leçons tirées de la pandémie du COVID est qu’en cas de crise, les pays se tournent vers la satisfaction de leurs besoins alimentaires intérieurs et même « surstockent » au détriment des exportations vers des pays comme les nôtres, structurellement importateurs de produits alimentaires.
Enfin le croît de la population mondiale relié à la dégradation des sols dans le monde, l’orientation vers d’autres modèles agroécologiques, doivent alerter sur les risques de baisse tendancielle de la quantité des produits alimentaires exportés par les pays européens ou asiatiques. En matière agricole, le Sénégal subit sur son marché intérieur la concurrence des produits européens et maghrébins (Maroc en particulier), et exporte des produits horticoles et ses graines d’arachide vers l’Europe et la Chine. L’agriculture sénégalaise n’est pas compétitive face à celle d’Europe qui bénéficie de subventions massives. Le Maroc, exportateur d’agrumes au Sénégal malgré le stress hydrique qui le caractérise, a très tôt instauré une politique hardie de construction de barrages et d’aménagements hydroagricoles.
Faute de compétitivité, et contraint de développer son agriculture pour faire face aux besoins d’une population en forte croissance démographique, le Sénégal doit mener une autre politique de substitution aux importations en matière agricole, et promouvoir l’initiative privée locale en redéployant les ressources publiques vers la production agricole tournée vers le marché intérieur et sous régional.
«LE SÉNÉGAL PEUT ÊTRE FIER DE LA BIENNALE DE DAKAR»
Entretien avec Malick Ndiaye, directeur artistique de la 14ème édition de la Biennale de Dakar
Jeune chercheur et historien de l’Art, le Professeur Malick Ndiaye a été nommé directeur artistique de la 14ème édition de la Biennale de Dakar. Nous l’avons rencontré pour échanger sur la prochaine tenue de la Biennale de Dakar et son ambition de relever ce défi.
Le Musée accueille une exposition titrée « Dialogue entre deux cultures Lëkkaloo ci aada ak cosaan ». Pourquoi ce choix assez rare pour être souligné?
C’est parce que l’histoire nous explique et nous enseigne que les premiers habitants des Iles Canaries venaient d’Afrique. Plus tard, l’île a été peuplée par les Castillans, par la Castille donc par les Espagnols. Et aujourd’hui, seuls les restes archéologiques témoignent du vécu antérieur, ce vécu africain des Iles Canaries. Donc les îles Canaries sont profondément africaines. Et «Lëkkaloo ci aada ak cosaan dialogue entre deux cultures » est la porte ouverte pour nous dire ceci. Pour comprendre combien nous sommes proches les uns les autres, il ne faudrait pas s’arrêter à ce qui existe à notre histoire du temps présent. Il faudrait retourner dans le passé, voir les vestiges, les archives, la mémoire, fouiller dans l’archéologie et comprendre les forts liens qui nous lient. Et c’est la raison pour laquelle le choix de ce titre. Donc, retrouver nos liens à partir de l’art de l’archéologie. En fait, retrouver ce qui nous lie à travers l’héritage de notre culture mémorielle.
Vous êtes enseignant chercheur et le Musée se trouve rattaché à l’Université. Est-ce que ce choix senghorien ne vous bride pas un peu car entre l’artistique et l’enseignement supérieur, la frontière semble assez ténue?
Je pense qu’il faudrait comprendre le rôle du musée d’abord pour mieux répondre à cette question. Parce que le musée est un lieu de recherche, un lieu de savoir et un lieu également d’éducation. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que, habituellement, ce que nous pouvons enseigner à l’Université, ce que nous pouvons trouver en tant que coobjet de notre recherche, on peut avoir un espace pour l’exposer et pour le justifier. Et ce que les enfants vont chercher à l’école, le musée est le second espace où ils peuvent aller le vérifier et l’illustrer. Donc, entre le musée et l’école, entre le musée et l’université, c’est un lien historique et naturel. Ça, c’est la première réponse à cette question. La deuxième réponse, c’est qu’elle est spécifiquement liée à l’Ifan. A l’Ifan, nous sommes basés fondamentalement sur des collections à travers l’histoire. Chaque discipline a constitué de vastes collections. Donc, aujourd’hui, l’Ifan c’est des laboratoires. Mais quand on dit laboratoires, c’est des espaces de recherche qui se sont fabriqués sur la base des collections constituées. En botanique, nous avons des spécimens, des herbiers, des milliers de plantes etc. En laboratoire d’islamologie, il y a des collections qui sont des collections d’archives patrimoniales. En archéologie, nous avons aussi des collections. Dans le domaine de la zoologie, nous avons des milliers de spécimens de tous les oiseaux, des mammifères. Dans le domaine de la biologie marine, nous avons des collections. Maintenant, il faut savoir que les collections qui ont eu l’occasion d’avoir un espace pour montrer en dehors des espaces de recherche, sont peu nombreuses. Et ces espaces-là, s’il en existe, sont devenus des musées. Donc le musée Théodore Monod d’art africain, tout l’héritage qu’on appelait à l’époque ethnographie et qui s’appelle aujourd’hui art africain, est exposé ici. Au musée de la mer qui est sur l’île de Gorée, il y a des spécimens extraits des labos mais mis à disposition du grand public pour que les résultats de la recherche puissent être accueillis et avoir un prolongement au niveau de la population. Au musée d’Histoire de Gorée, il y a toute la recherche sur l’Islam, sur les conquêtes, sur l’esclavage, sur la théologie, et tout ce qui concerne l’histoire africaine, sénégalaise en particulier peut être exposé là-bas. En réalité, il faudrait briser la rupture qu’on peut établir entre musée et savoir. Le musée est un lieu de savoir sauf que c’est un lieu de savoir qui n’est pas dans la recherche fondamentale, mais dans la vulgarisation du savoir. Donc vulgariser le savoir, c’est tout simplement utiliser des outils des dispositifs de monstration pour montrer les objets qui sont facilement visibles pour le grand public. Et ce grand public là va approcher le savoir sur d’autres lucarnes afin de mieux comprendre ce que les historiens, les sociologues, les historiens de l’art, les archéologues, les botanistes etc., sont en train de faire pour la société.
Vous avez été nommé Directeur artistique de la Biennale de Dakar, mais la pandémie ne vous a pas permis de passer à l’action. Comment vivez-vous cette situation?
Je pense que la pandémie a surpris toutes les manifestations culturelles à dimension internationale en l’occurrence, les biennales, les festivals, les triennales, les grandes expositions qui étaient prévues dans cette zonelà. Tous ces événements se sont adaptés pour la seule et simple raison qu’ils n’avaient pas le choix. Maintenant, il faut voir que pendant la pandémie, il y a eu plusieurs événements qui se sont déroulés. Parce que la pandémie a révélé notre vulnérabilité face à la nature. Elle a révélé également les manquements dus à la recherche, le retard de l’homme sur certaines choses, les faiblesses également de la solidarité humaine même au niveau mondial, les faiblesses au niveau géopolitique etc., Le monde a été secoué. Il y a eu un tremblement au point de vue moral aussi. Les démocraties se sont trouvées, au sein même de la pandémie, ébranlées dans la mesure où Georges Floyd est passé par là, les blacks lives matter. Au sein de la pandémie, on manquait d’air ou les gens mouraient par asphyxie. Parce que tout simplement, il y a un virus qui attaque les poumons. Quelqu’un était mort par asphyxie, mais pas de la pandémie mais d’un geste « racialisé » qui secoue l’histoire de l’humanité depuis des décennies et des siècles. Au regard de tout ceci ; la pandémie, Black Lives matter, la géopolitique mondiale ; la biennale revient avec force avec de nouvelles idées afin d’une part pour ne pas se concentrer sur ça parce que on avait un thème Indafa. Mais d’autre part également, montrer que Indafa, les valeurs que prônait Indafa sont des valeurs qui ont été justifiées et révélées par cette histoire. Parce que Indafa se trouve maintenant être prémonitoire. Disons comment on a vécu ça. On l’a vécu de manière positive parce qu’il faut positiver. Mais on l’a vécu également de manière enrichissante, parce qu’il y a des leçons à tirer et ces leçons-là seront mises à profit à l’occasion de la prochaine Biennale des arts de Dakar qui se tiendra du 19 mai au 21 juin 2022.
La Biennale devait fêter ses trente ans en 2020. Concrètement qu’est-ce qu’elle a vraiment apporté à l’Art de notre continent?
Je dirais à l’Art tout court. Vous savez comment fonctionne une Biennale et à quoi sert une Biennale. Une Biennale est un moment périodique et régulier qui organise une rencontre de plusieurs artistes, lesquels montrent leurs œuvres à l’occasion. Donc, c’est un baromètre. C’est un témoin qui nous permet, à intervalles réguliers, de faire un bilan de la création, de montrer les dispositifs qui sont mis en œuvre, les pratiques des artistes, le langage et la grammaire de ces artistes-là, qui se renouvellent à l’occasion. Donc, à l’occasion de chaque Biennale, on tâte le pouls de l’Art contemporain, le battement de cœur de cet art-là. Qui plus est, est basé sur le continent et donc du coup révèle le dialogue entre nos artistes qui vivent sur le continent africain et le monde. Donc la Biennale de Dakar, c’est là qu’intervient toute son exemplarité dans la mesure où d’une part, c’est la plus ancienne, la plus vieille Biennale sur le continent. D’autre part, c’est la Biennale la plus résistante. Puisque de grandes Biennales sont passées par là sur le continent et mort-nées. L’exemple que l’on peut citer, c’est Johannesburg 95/97. Et encore, la Biennale, c’est la biennale du continent africain et de sa diaspora. Donc voilà un rendez-vous international au cœur du continent à Dakar qui permet à l’histoire de l’art d’évoluer. Pourquoi ? Parce que ceux-là qui écrivent l’histoire de l’art sont des conservateurs, des historiens de l’art, des critiques d’art, des collectionneurs et des galeristes. Toutes ces personnes-là, chacun en ce qui le concerne, participent d’une manière ou d’une autre à l’évolution de cette histoire-là. Bien sûr, il y a des historiens de l’art qui écrivent au sens propre du terme la chose. Mais pas qu’eux. En tous cas, toutes ces personnes, tous ces acteurs culturels participent à l’évolution de la chose. Mais pour que tout cela fonctionne, il faut des espaces périodiques de monstration. C’est-à dire que l’art n’existe que quand il est visible. Donc il faut des espaces et c’est les expositions. L’exposition est un des moteurs de l’art. Parce que c’est en temps de crise ou des artistes évoluent dans la mesure où les techniques qu’ils présentent bouleversent la manière de voir ou bien ils sont critiqués dans la mesure où ils ne sont pas suffisants. Donc la Biennale de Dakar joue ce rôle fondamental qui fait que le monde entier est scotché à ce temps court un mois. Et puis, c’est un rendez-vous international puisque tous ces acteurs culturels, tous ces mondes de l’art dont parle le sociologue de l’art Howard Becker, s’y retrouvent et communient intensément. Maintenant, le troisième niveau de lecture peut être la Biennale de Dakar, c’est un moment de débat d’idées, de connaissances. Donc c’est un canal de transfert et d’évolution de ces chaînes, de ces manières de penser entre Dakar et le reste du monde. Dans tous les cas, Dakar est un hub artistique. Et à cette occasion, des idées viennent transiter par Dakar pour passer et aller ailleurs. Donc, oui, incontestablement la Biennale de Dakar est un exemple singulier de l’art contemporain du continent. C’est un canal pour brancher le continent avec le reste du monde. Et c’est une Biennale qui a fait ses preuves. Je pense que le Sénégal peut en être fier. Parce que voilà une biennale qui, pour 80% ou 90%, est financée par l’Etat du Sénégal. Ce qui n’a pas jamais été le cas depuis toute son histoire. Quand on loupe le financement de la politique culturelle, de la culture, on loupe quelque chose qui est régalienne à un Etat. Je pense que ces dernières années, la Biennale a rattrapé tout cela. Je pense que tout Sénégalais devrait être très fier de cela. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit maintenant d’une Biennale sénégalaise. Elle reste une Biennale internationale mais le Sénégal met ses billes à 90%.
Votre nomination comme Commissaire, est-ce une manière de répondre à ceux qui appellent à une réappropriation de cet événement par les Sénégalais?
Je ne sais pas ce que veut dire la réappropriation de la Biennale par les Sénégalais. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne pose pas la question à la Biennale de Venise si elle a fait son choix sur un Italien. On n’a jamais posé la question à la Documenta de Kassel pourquoi avoir choisi un commissaire Allemand. On ne pose jamais à la Biennale de Sao Paulo pourquoi avoir choisi un commissaire Brésilien. Alors, l’Afrique a ceci de particulier, parce que, soit ce sont ses propres fils ou une catégorie de ses propres fils qui a toujours le complexe de la légitimité. C’est à dire que se sachant illégitime, il faut que la personne qui leur donne la légitimité viennent d’ailleurs. Ou bien c’est une stigmatisation de l’Ouest, donc du Nord qui, à chaque fois qu’on fait le pari de nos compétences respectives, ils vont essayer de nous dire que vous n’êtes pas assez compétents parce que nous, dans la diaspora, il y a du souci. Je pense que tant que nous n’allons pas dépasser cela, les choses vont perdurer. Nous n’avons de compte à rendre à personne. La France choisit un commissaire pout telle exposition. Nous, depuis que la Biennale existe, avons choisi que des commissaires internationaux et quelques Sénégalais. Aujourd’hui, on choisit par hasard un commissaire Sénégalais, non pas parce qu’il est Sénégalais, mais parce que il y a d’autres valeurs qui sont prônées par la Biennale, tout le monde va le monter en épingle. Je pense que tant qu’on ne pose pas le débat de manière saine, cela ne va nous mener nulle part. Quelquefois, c’est une histoire de grande gueule ou d’arrogance. Mais tant qu’on n’assume pas le fait qu’on a fait d’autres choix et on n’a de compte à rendre à personne, encore une fois, on ne va pas évoluer. La deuxième réponse c’est que se réapproprier la Biennale, je ne sais pas si je ne l’ai pas encore dit, parce que la Biennale est une rencontre internationale. C’est une dimension internationale et nous invitons le monde à venir. D’autant plus que les commissaires invités sont des commissaires qui ne sont pas sénégalais. Je dirai même Sénégalaises parce que c’est quatre femmes que j’ai invitées à travers le monde. Dans l’expo internationale, il y a sept Sénégalais sur cinquante et quelques autres nationalités. J’aurai pu comprendre que quarante-cinq Sénégalais sont invités à la Biennale, et qu’il y a cinq internationaux. On aurait dit que la Biennale est sénégalaise. Mais aujourd’hui, je pense qu’il faudrait renverser la question voire l’opposition en comparant et on saura que les gens ne nous posent pas des questions de ce genre. Et surtout, une Biennale européenne invite des artistes Européens pendant des décennies, on ne se pose jamais la question. Dès l’instant que nous cessons d’inviter les Européens, on se dit qu’ils sont entre Africains. Je pense que, ce déséquilibre- là, il faut l’observer avec une lecture « décoloniale ». Et opposer la même arrogance et le même visage que ceux- là qui nous accusent de tous les noms d’oiseaux sans pour autant qu’on le soit.
Par Serigne Saliou Guèye
DAME DIOP «BAOLISE» SON MINISTERE
En cette veille de campagne électorale, la fin justifie les moyens pour se faire élire édile de sa collectivité territoriale.
En cette veille de campagne électorale, la fin justifie les moyens pour se faire élire édile de sa collectivité territoriale. Et beaucoup de ceux qui sont au pouvoir et qui aspirent à devenir maires n’hésitent pas à utiliser leur position de pouvoir pour conquérir les suffrages des électeurs. Soit ils utilisent les ressources financières de l’Etat pour acheter les suffrages d’électeurs encore inconscients de la valeur de leurs voix puisque, aujourd’hui, l’ère de l’achat des consciences des conseillers municipaux pour devenir maire est révolue. Soit alors ils procèdent à des recrutements clientélistes.
Déjà, le recrutement des 5000 enseignants promis par le chef de l’Etat est biaisé parce qu’il sert d’hameçon pour capter l’électorat local. C’est ce qui fait que chaque ministre ou responsable apériste a son quota d’enseignants à recruter pour gagner les votes des différentes familles dont les rejetons pourraient goûter très prochainement aux délices d’un emploi salarié. Déjà le nom de Cheikh Oumar Hanne, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est mêlé à un recrutement massif irrégulier de 79 enseignants dans sa petite localité de Ndioum. Quant à Dame Diop, ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, il a transformé son ministère en un Baol en miniature. Tous les préposés aux postes de responsabilité dans ce département ministériel sont issus du Baol plus précisément de Diourbel, capitale de la région éponyme.
L’obsession de M. Dame Diop est de gagner la mairie de Diourbel. Pour ce faire, tous les moyens sont bons, y compris une « baolisation » outrancière du ministère qu’il dirige. Le ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion est devenu pour Dame Diop un moyen pour son élection à la mairie de Diourbel au lieu de faire face à la question de la formation et de l’employabilité des jeunes. En effet, l’ancien patron de la société de transport public Dakar Dem Dikk est loin de s’inscrire dans un logique d’améliorer la situation de l’emploi des jeunes par la qualification professionnelle, l’insertion et de l’emploi que le Président de la République attend de lui surtout dans le contexte actuel des choses. Les nominations des personnes opérées à la tête des directions et services stratégiques au sein de son département ministériel, depuis qu’il est arrivé, obéissent plus à une logique politique, pour ne pas dire de terroir, qu’à une logique de résultats susceptibles d’être la réponse que les jeunes attendent de lui. Encore une fois, toutes les nominations qu’il a effectuées ont bénéficié à des fils de Ndiarème non pas parce qu’ils sont compétents en matière de formation professionnelle mais parce qu’ils ont soit un parti politique soit un mouvement dans cette ville notamment dans les quartiers traditionnels comme Thierno Kandji et Keur Cheikh. Une situation qui frustre davantage les experts du secteur de la formation professionnelle relégués au second plan dans la mise en œuvre des politiques publiques de formation, d’insertion et d’emploi des jeunes. Ce au profit de ressortissants de Diourbel.
Le président doit revoir sa copie
Au regard de ce qui s’y passe, il urge que le Président de la République revoie sa copie tant pour l’intérêt des jeunes désœuvrés que pour le portage des grands projets initiés tels que le PF2E, le Programme d’urgence pour l’insertion socioéconomique et l’emploi des jeunes, xëyu ndaw ñi, la construction de 45 centres de formation professionnelle dont l’ARMP avait bloqué d’ailleurs le marché de gré à gré à hauteur de 36 milliards en 2020. C’est également le recrutement tous azimuts de militants de Diourbel au sein des agences du ministère. C’est le cas à l’Office National de Formation Professionnel (ONFP) dont le Directeur général, sans appel à candidatures, ni commission de recrutement tel que recommandé dans les procédures de recrutement, surcharge cette institution de personnel dépourvu des compétences requises pour la mise en œuvre des missions qui lui sont assignées. Il en est de même pour les prises en charge qui deviennent de plus en plus inaccessibles aux citoyens s’ils ne sont pas de Diourbel. Cette prise en charge, un financement de la formation des jeunes dans les établissements de formations agréés par l’Etat, est devenue un fonds de commerce politique à la discrétion du Dg qui en fait l’usage qu’il veut contrairement à la procédure qui sied en la matière. Il faut en juger en inspectant la liste des directeurs des différents postes stratégique de ce ministère. Ils sont tous de Diourbel sans exception et sans compétences monnayables sauf peut-être le Dg de 3FPT dont le père a servi dans cette ville.
LISTE DES DIFFERENTS DIRECTEURS ISSUS DE DIOURBEL
Direction de l’Emploi : Modou Fall, chef de parti Deug Moo Woor, informaticien de formation, en remplacement de Demba Diop, Inspecteur du travail ;
Direction de l’Insertion : Abdourahmane Ly, célèbre dans le mouvement « navétane » de Diourbel ; on peut dire en tout cas qu’il a réussi son insertion !
Direction de l’Administration générale et de l’Equipement : Sokhna Amy Mbacké, nièce du député Moustapha Cissé Lo, Présidente du Réseau des Femmes du Baol pour le Développement (RFBD).
Projet de Formation Ecole Entreprise. (Pf2e) : Ousmane Diédhiou, ex-proviseur du lycée technique de Diourbel, par ailleurs ami de Dame Diop, nommé en remplacement de Michel Faye, un chevronné du secteur de la formation professionnelle. Pire, même le PCA du Pf2E serait de Diourbel
Direction des Examens Concours professionnels et Certifications : Mamadou Mbenda Fall, Inspecteur de l’Enseignement élémentaire, responsable politique à Diourbel
Office National de Formation Professionnelle : Dr Souleymane Soumaré, Pharmacien
Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (3FPT) : Mame Aby Sèye, diplômé d’un DESS en urbanisme aménagement
Inspection interne : Bouré Sène, responsable mouvement politique Diourbel
Au vu de tout ce qui précède, on ne peut que constater avec un pincement au cœur combien les efforts déployés par le président Macky Sall pour régler la question de l’emploi et de l’employabilité des jeunes sont complètement anéantis par l’appétit gargantuesque d’un Dame Diop qui ne rêve que d’être le premier magistrat de sa ville Diourbel. Le ministère de l’Emploi et la collectivité locale sont deux entités distinctes dont la première ne saurait être le marchepied pour atteindre le second. Aujourd’hui l’appartenance à la localité de Diourbel (et non la compétence) suffit comme critère pour être employé au ministère de… l’Emploi. Autrement dit, chez le ministre Dame Diop, c’est le Baol avant la Patrie !
LOI D’ORIENTATION SOCIALE ET PRISE EN CHARGE DES PERSONNES VIVANT AVEC UN HANDICAP
Yatma Fall demande un conseil présidentiel sur la question
En Conseil des ministres avant-hier, mercredi 29 septembre 2021, le président de la République, Macky Sall, a demandé l’évaluation de la loi d’orientation sociale visant à assoir le respect des droits des personnes vivant avec un handicap. Pour le président de la Fédération sénégalaise des Associations des personnes handicapées, Yatma Fall, il faut aller bien au-delà en tenant un Conseil présidentiel sur la question.
Le chef de l’Etat a invité «le ministre de la Santé et de l’Action sociale à engager, avec les acteurs concernés, l’évaluation de l’application intégrale de la loi d’orientation sociale». C’était avant-hier, mercredi 29 septembre 2021, en Conseil des ministres. Tout en saluant une telle requête formulée à une occasion telle que le Conseil des ministres, le président de la Fédération sénégalaise des Associations de personnes handicapées, Yatma Fall, juge qu’une évaluation ne saurait suffire. «Les organisations des personnes vivant avec un handicap demandent la tenue d’un Conseil présidentiel sur la question. La prise en charge est transversale, multisectorielle et pluridisciplinaire. On a dépassé le temps qu’elle était seulement sociale. Maintenant, elle est devenue une question de droits humains.
Le handicap, c’est aussi un problème de transport, d’accessibilité aux bâtiments publics. C’est aussi une question d’habitat, d’une éducation inclusive et de la santé. Ces points sont du ressort du ministère des Transport, de la Justice et celui de l’Habitat. Donc, plusieurs secteurs sont concernés et sont dirigés par des ministres différents. Celui de la Santé n’a pas les prérogatives à donner des ordres à ses collègues.
En l’absence d’un Premier ministre, il nous faut un Conseil présidentiel», soutient Yatma Fall. Pour lui, ce n’est qu’à cette occasion qu’ils peuvent «faire le point au président de la République qui prendra les décisions idoines et donner des directives pour que chaque ministère joue son rôle dans l’effectivité du service offert aux personnes handicapées et contenus dans la loi».
Les problèmes des personnes vivant avec un handicap, surtout celles à mobilité réduite, sont : l’inaccessibilité aux services publics ; d’où l’alerte sur les projets d’infrastructures de l’Etat. «Parmi les quatre problèmes prioritaires auxquels les personnes handicapées sont confrontées, il y a l’aménagement du cadre de vie général et de l’accessibilité. Le Sénégal est en voie de se doter d’infrastructures de nouvelles générations. Ces infrastructures sont destinées à l’usage des citoyens. Et, parmi eux, il y a des personnes vivant avec un handicap dont la spécificité doit être prise en compte. Les infrastructures doivent prendre en compte les standards internationaux et les normes architecturales», plaide Yatma Fall. Il est déjà connu, selon lui, que les personnes avec des handicaps peinent à accéder à l’emploi. Il est nécessaire de les privilégier dans l’octroi des fonds, clame-t-il. «Il faut rendre inclusifs les fonds existants (Der, Anpej… ), pour qu’ils aient une ligne dédiée aux personnes avec un handicap, pour prendre en compte la jeunesse. Nous sommes dans un environnement inaccessible ; et, malgré tout, il y a des jeunes avec un handicap diplômés des universités. Il faut un recrutement spécial pour eux. Il faut que le Fonds d’appui aux personnes vivant avec un handicap, prévu par la loi d’orientation sociale, soit fonctionnel. Il est aussi indiqué qu’avec cette loi, à chaque fois qu’il y a recrutement dans la fonction publique, 15% soit réservés aux personnes avec un handicap. Il faut que tout cela soit appliqués».
UN PROGRAMME NATIONAL, A LA PLACE DE LA CARTE D’EGALITE DES CHANCES
Conformément à une exigence de la loi d’orientation sociale, il est établi une Carte d’égalité des chances. Bien qu’importante, elle n’est pas accessible à tous les nécessiteux et ne garantit pas un total accés aux services sociaux de base, souligne Yatma Fall. «La Carte d’égalité des chances est un bon mécanisme pour la protection sociale. Cependant, elle pose deux problèmes liés à ses deux fonctions dont l’identification et l’accés aux services sociaux de base. Elle a été lancée le 30 avril 2015 ; ça fait maintenant 6 ans. Les personnes avec handicap sont estimées à 15% de la population nationale ; ce qui fait un total de 3 millions d’habitants. Mais, de 2015 à maintenant, on a produit moins de 70.000 cartes ; c’est un problème.
Le système de production est lent. Il faut qu’il soit revu. Les personnes avec handicap détentrices de la carte bénéficient de la Bourse de sécurité familiale et de la Couverture maladie universelle. Mais, ça ne règle pas l’accés aux services sociaux de base». Il est important donc, selon Yatma Fall, d’élargir ses compétences. «Les Associations de personnes vivant avec un handicap ont proposé comme solution que la carte soit érigée en Programme national avec un directeur qui aura les moyens techniques, logistiques, financiers et humains, pour lui permettre de se déployer partout dans le pays, pour aller la rencontre des personnes avec un handicap. L’avantage sera qu’on pourra avoir des statistiques fiables». La loi d’orientation sociale n°2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées a été adopté parce que les politiques de promotion et de protection sociale des personnes handicapées ont été, pour l’essentiel, guidées et sous-tendues par des dispositions internationales qui se sont révélées sans impact réel sur les cibles.