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26 juin 2025
"XËYU NDAW ÑI" ENRÔLE 859 JEUNES DE KAOLACK
Huit cent cinquante-neuf (859) jeunes de la région de Kaolack (centre) ont signé jeudi leur contrat de travail dans le cadre du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion des jeunes "Xëyu ndaw ñi".
Kaolack, 30 sept (APS) - Huit cent cinquante-neuf (859) jeunes de la région de Kaolack (centre) ont signé jeudi leur contrat de travail dans le cadre du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion des jeunes "Xëyu ndaw ñi".
La cérémonie de signature de ces premiers contrats pour cette région du centre du pays, s’est déroulée sous la présidence du ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, Dame Diop.
Ces contrats de travail d’une durée de deux ans renouvelable concernent le cadre de vie, le tourisme, l’environnement, la santé et le sport.
Le département de Kaolack bénéficie d’un quota de 331 contrats, contre 336 pour Nioro et 192 pour Guinguinéo.
La cérémonie de signature des contrats a vu la présence du ministre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall, et de son homologue de l’Economie numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diattara, ainsi que des autorités administratives.
"Ce n’est pas seulement le recrutement ou la signature de contrats. Le programme +Xeyu Ndaw Ni+ va au-delà de ça. Il y a aussi un important volet de financement et de formation. Et nous venons aussi ici à Kaolack pour consacrer le financement de 148 jeunes qui ont bénéficié d’un bon de financement offert par le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) pour un montant de 59 millions de francs CFA", a expliqué le ministre de l’Emploi.
"Il y a aussi le financement des activités des jeunes que la Délégation à l’entreprenariat rapide (DER) a exécuté au niveau du département de Kaolack pour un montant de 9 millions 900 francs CFA, qui va concerner 19 jeunes qui ont des projets", a-t-il ajouté.
Il a rappelé que les quotas de recrutement ont été définis sur la base du poids démographique de chacun des trois départements de la région.
Selon le ministre, "15 milliards de francs CFA vont être investis par l’Etat du Sénégal, afin d’amoindrir les charges des entreprises qui désirent recruter des stagiaires ou des travailleurs", sans avoir "les possibilités de les payer".
Le président de la République, Macky Sall, a validé le 22 avril dernier, lors d’un conseil présidentiel, le programme d’urgence pour l’insertion socioéconomique et l’emploi des jeunes, doté d’une enveloppe de 450 milliards de francs CFA pour les années 2021, 2022 et 2023.
Le président Sall avait annoncé à cet effet le recrutement de 65 000 jeunes sur l’ensemble du territoire national, à travers plusieurs secteurs impactant la vie des populations en leur garantissant un revenu pouvant leur permettre de vivre décemment.
LE SENEGAL VEUT EXPORTER LA PULPE DE MANGUE
Les acteurs de l’interprofession mangue et des experts ont échangé jeudi sur les enjeux de la filière mangue, dans le but d’intégrer la pulpe de la mangue casamançaise au circuit commercial international, a constaté l’APS.
Ziguinchor, 30 sept (APS) – Les acteurs de l’interprofession mangue et des experts ont échangé jeudi sur les enjeux de la filière mangue, dans le but d’intégrer la pulpe de la mangue casamançaise au circuit commercial international, a constaté l’APS.
En présence d’autorités administratives et territoriales, les acteurs de la filière ont échangé au cours d’un comité régional de développement (CRD) consacré à l’exploitation et à la gestion de l’unité de production de pulpes de mangue de la Plateforme économique et intégrée de Bignona. La rencontre a eu lieu avec la collaboration du ministère du Commerce.
‘’Notre objectif est de trouver les voies et moyens d’un meilleur accompagnement de la filière mangue en insistant sur la transformation industrielle pour donner une valeur ajoutée à la mangue avant qu’elle ne soit exportée’’, a expliqué Amadou Ba, l’un des représentants dudit ministère.
‘’Pendant longtemps, nous avons été dans la transformation artisanale. Avec la plateforme économique de Bignona, qui est bien équipée, il est possible d’insister sur la transformation, un maillon essentiel de la filière’’, a poursuivi M. Ba.
Le ministère du Commerce et des PME va signer une convention avec un groupement d’intérêt économique (GIE) réunissant tous les acteurs de la filière. ‘’La convention avec le GIE est transitoire. Nous allons l’élargir (…) Avec les acteurs, nous allons identifier un industriel avec qui travailler pour mieux booster la filière mangue’’, a-t-il annoncé.
Les acteurs de la filière mangue ont plaidé pour une dotation de ‘’crédits importants, pour l’accompagnement des producteurs dans le financement, la logistique, le stockage’’.
‘’La mangue sénégalaise est de qualité. Les marchés américains et européens accordent beaucoup d’importance à notre mangue. Avec l’unité de Bignona, nous pouvons faire des merveilles. Elle est la deuxième plus grande unité de transformation d’Afrique de l’Ouest après celle de Bamako’’, a souligné Mahfouze Aïdara, le président national de l’interprofession mangue au Sénégal.
L’ambition des acteurs de la filière doit être de disposer d’entreprises industrielles capables de transformer toutes les mangues qui pourrissent en Casamance (régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor) en améliorant la pulpe et en évitant les exportations de la matière brute, selon Eugène Ndiaye, directeur général d’un consortium d’entreprises spécialisées dans l’industrie et le tourisme.
LE NUMERIQUE ENTRE A L'IPRES
Le président du conseil d’administration de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES), Mamadou Racine Sy, a annoncé jeudi un projet de numérisation des données de cette structure, dans le but d’éviter les ‘’évasions sociales’’.
Dakar, 30 sept (APS) - Le président du conseil d’administration de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES), Mamadou Racine Sy, a annoncé jeudi un projet de numérisation des données de cette structure, dans le but d’éviter les ‘’évasions sociales’’.
‘’Ce grand projet a pour but d’engager le processus de rapprochement entre l’IPRES et la Caisse de sécurité sociale en mettant en place une plateforme technologique sécurisée et une banque de données commune entre les deux institutions’’, a-t-il déclaré.
M. Sy s’entretenait avec des journalistes pour faire le point d’une tournée qu’il a effectuée dans les régions du pays pour rencontrer les associations de retraités, afin de mesurer les effets de la crise sanitaire de coronavirus sur les personnes du troisième âge.
Mamadou Racine Sy soutient que le Sénégal est ‘’le seul pays d’Afrique où il existe deux caisses de sécurité sociale qui s’adressent à la même population (employeurs et salariés)’’, l’IPRES et la CSS, la Caisse de sécurité sociale.
Il a insisté sur la question des évasions sociales, terme désignant le montant de cotisations sociales éludées par les entreprises, suivant un large spectre comprenant la sécurité sociale, mais aussi les caisses de retraite.
Mamadou Racine Sy fait remarquer que ‘’cette situation a un impact négatif sur les performances’’ concernées et ‘’alourdit’’ également les procédures pour un employeur devant s’acquitter des obligations vis-à-vis de ces institutions (double immatriculation, double déclaration et double paiement de cotisations).
En cela, la numérisation ‘’en ligne de mire devrait permettre d’avoir une banque de données commune entre les deux institutions et combattre le fléau des évasions sociales, et à terme, permettra de faire des économies chiffrées à des milliards’’, soutient Mamadou Racine Sy.
‘’Les moyens de contrôle étant insuffisants, il est arrivé des fois que des pensionnaires puissent toucher plus d’une fois leur pension, sans compter des femmes qui pouvaient accoucher plus de trois fois dans l’année, et les morts qui continuent à percevoir leur pension’’, souligne le président du conseil d’administration de l’IPRES.
D’où, selon lui, la nécessité de migrer vers le numérique et de disposer de données biométriques pour l’identification des ayants droit.
M. Sy a par ailleurs invité les travailleurs à se rabattre sur ‘’l’assurance-maladie’’.
‘’La retraite est un choc psychologique au Sénégal. Il urge de changer les paradigmes et les perceptions, afin qu’elle devienne un bonheur et un moment paisible après des années de travail’’, a-t-il dit.
SAID NOUROU DIOP REVELE L'ARME CONTRE LES COMPLICATIONS DU DIABETE
Le diabétologue sénégalais Saïd Nourou Diop considère que l’éducation thérapeutique des patients du diabète reste l’arme la plus efficace pour éviter des complications liées à cette maladie chronique très répandue au Sénégal.
Thiès, 30 sept (APS) - Le diabétologue sénégalais Saïd Nourou Diop considère que l’éducation thérapeutique des patients du diabète reste l’arme la plus efficace pour éviter des complications liées à cette maladie chronique très répandue au Sénégal.
"L’éducation des patients, c’est notre arme la plus (efficace)", a-t-il notamment dit jeudi à Thiès, lors de la première session des 3-èmes journées d’endocrinologie et de diabétologie pratiques (JEDP) dont il était le modérateur des débats.
A l’initiative du Réseau métabolisme, diabète et nutrition (REMEDIAN), en collaboration avec l’Institut d’endocrinologie et de la nutrition (IEN), ces journées prévues pour deux jours, portent sur le thème ’’Actualités en diabétologie et métabolisme’’.
Le professeur Saïd Nourou Diop, ancien chef de service du centre de diabète Marc Sankalé de Dakar, intervenait au terme de deux communications en ligne des professeurs Patrice Darmon de Marseille et Éric Renard de l’Université de Montpellier.
Dans sa communication, le Professeur Éric Renard avait souligné l’importance de la surveillance glycémique, évoquant une panoplie de moyens de surveillance, y compris des plus modernes.
Il s’agit de la glycosurie (test d’urine), selon lui pas recommandée, de la mesure directe à partir d’une goutte de sang capillaire, qui a ses bénéfices et ses limites. Il y a aussi la mesure de l’hémoglobine glyquée ou HbA1c.
Pour le Professeur Éric Renard, la mesure continue du glucose, qu’il qualifie de "révolution continue qui rebat les cartes’’, est l’’’idéal’’.
A l’aide d’un capteur installé sous la peau et d’un lecteur ou un smartphone, le patient peut suivre en permanence son taux de glycémie.
Plutôt qu’une glycémie ponctuelle, cet appareil permet de suivre l’évolution sur 8 semaines de la variabilité de la glycémie chez le patient. Il envoie des alertes en cas d’hypo ou d’hyperglycémie.
Le patient sait alors combien de temps dans la semaine il est proche de la norme entre 0,70 et 1,80 g/litre dans le sang.
Ce qui permet de savoir "le moment où il faut faire quelque chose’’, grâce à une interaction avec son médecin au sujet de son comportement sur la période d’éloignement de la norme. Cela aide à "mieux éduquer le patient", a-t-il noté.
Pour Saïd Nourou Diop, certaines nouvelles molécules et technologies coûtent cher et ne sont pas accessibles aux populations africaines.
Pour lui, l’essentiel est d’"amener le patient diabétique à prendre conscience de son état et à pouvoir se dire +je peux m’en sortir si je maîtrise la maladie+". Ce qu’il appelle l’"éducation thérapeutique’’.
"C’est une maladie silencieuse, d’où l’intérêt de (lui) prêter attention tous les jours, à tout moment", a relevé le modérateur, justifiant le choix d’aborder dans la première conférence la surveillance de l’"élément essentiel du diabète qui est la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang.
Le patient doit "savoir de façon régulière quel est son taux de sucre dans le sang, lequel taux "détermine si le diabète est bien maîtrisé ou pas".
De sa non-maîtrise dépend aussi l’apparition de complications pouvant déboucher sur la cécité, l’insuffisance rénale, l’amputation de la jambe.
"Si la glycémie est maîtrisée, tous les jours, il peut éviter ces risques-là".
Le glucomètre est un des moyens modernes de mesurer le niveau de sucre à n’importe quel moment de la journée, avec une petite piqûre au doigt, explique-t-il.
’’Si le patient prend sa glycémie et ne sait pas quoi en faire, ça ne sert à rien’’, a-t-il toutefois relevé.
"Un patient qui a tout le temps 2 grammes, et qui le fait machinalement, ça ne sert à rien. Il faut que derrière, il soit éduqué pour se dire que si je suis à 2 grammes, ce n’est pas bien’’, a-t-il dit.
Il doit être amené à "se demander ce qu’il faut faire pour descendre en deçà’’.
Le professeur Saïd Nourou Diop note que certains moyens qui existent, "ne sont pas encore arrivés en Afrique’’.
C’est le cas du capteur, dont disposent seuls deux à trois de ses patients.
Le diabétologue a indiqué à l’APS que cet instrument qui coûte cher est disponible en Europe par exemple. "Même le fait de se piquer le doigt coûte cher au Sénégal", dit-il.
Les bandelettes les moins chères coûtent 6.000 à 10.000 francs. Ce qui revient à un paquet de bandelettes tous les mois, si l’on veut faire au moins un contrôle par jour.
’’Pour le moment, nous nous battons pour que tout ceci soit subventionné comme (l’est) l’insuline fort heureusement’’, à 50-60%, a fait valoir l’expert, aujourd’hui à la retraite.
’’Nous continuons à nous battre pour que le diabétique soit mieux traité", a-t-il poursuivi.
Le professeur qui a capitalisé 40 ans d’expérience en diabétologie, dont la moitié à la tête du centre Marc Sankalé, estime que ’’les perspectives sont bonnes, avec des médicaments moins chers et qui sont de plus en plus efficaces, mais surtout de plus en plus de diabétiques qui deviennent conscients qu’il faut qu’ils s’occupent de leur maladie’’. Ce qui n’était pas le cas auparavant, a-t-il signalé.
"La plupart des gens sont conscients aujourd’hui que le diabète est une maladie chronique dont il faut s’occuper tous les jours", se réjouit-il, avant d’ajouter : "Déjà, ça c’est une grosse victoire".
La prévention concerne pas seulement les diabétiques, mais d’abord les no- diabétiques, pour leur conseiller d’avoir une alimentation équilibrée, relève-t-il.
Pendant deux jours, des spécialistes en diabétologie, endocrinologie, diététique de Dakar, de l’UFR Santé de Thiès et de la France échangeront sur des sujets d’actualité dans leur domaine, y compris le covid-19 et le diabète.
Le docteur Martin Carvalho, endocrinologue sénégalais en service à Marseille, parrain de ces 3-èmes JEDP, est un des intervenants.
TANKU KANAM, SUR LES TRACES D'ABABACAR SAMB MAKHARAM
Une exposition va rendre hommage au cinéaste sénégalais dont l'héritage artistique et le militantisme panafricain continue de nourrir la création d’aujourd’hui, en marge du Fespaco à Ouagadougou du 16 au 23 octobre
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de Gorée Cinéma annonciateur de l'exposition prévue à Ouagadougou en marge du Fespaco en hommage au cinéaste sénégalais, Ababacar Samb Makharam.
"À l’occasion de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), prévue du 16 au 23 octobre 2021, l’association Vives Voix, Kenu Lab’Oratoire des imaginaires, Sangom'Art, Association Sénégal 221 et Gorée Island Cinéma présentent l’exposition « TANKU KANAM : Sur Les traces de Makharam » un hommage au cinéaste sénégalais Ababacar Samb Makharam, dont l'héritage artistique et le militantisme panafricain continue de nourrir la création d’aujourd’hui.
« TANKU KANAM » qui signifie en wolof : Pas en avant, se veut une exposition qui nous invite à marcher sur les Traces d’Ababacar Samb Makharam, découvrir l’homme et son œuvre, pour résolument marcher avec la jeune génération de cinéastes, d’un pas déterminé vers l’avenir.
L’intention première étant une mise en dialogue, faire entrer en résonance le travail du cinéaste, avec celui de la génération actuelle de cinéastes et de créateurs Sénégalais.
Au travers de multiples archives photographiques, textes, correspondances et témoignages inédits, l’exposition mettra en lumière les thèmes-clés chers au réalisateur : le retour, la femme, la transmission, et bien sûr le Jom dont il fut l’un des plus éloquents ambassadeur.
Ces différents thèmes sont le point de départ au second temps de l’exposition qui tâchera de montrer comment le cinéma sénégalais contemporain, à travers quelques exemples de jeunes cinéastes, affronte ces problématiques encore très contemporaines. L’engagement et la pertinence de leur approche, ces pas résolument tournés vers un avenir meilleur, font qu’ils ne cessent de marcher sur les traces d’Ababacar Samb Makharam."
Né le 21 octobre 1934 à Dakar, Ababacar Samb Makharam est de la première génération de cinéastes sénégalais. Il a joué un rôle pionnier dans le processus de construction d’un cinéma national. Il est décédé le 7 octobre 1987, à l’âge de 52 ans.
Ababacar Samb Makharam a effectué ses études au Conservatoire d’art dramatique de Paris, a fondé, avec l’Ivoirien Timité Bassori et d’autres acteurs africains et antillais, la troupe ‘’Les Griots’’,a joué dans quelques pièces, et fréquenté le Centro Sperimentale di Cinematografia, l’école d’excellence de Rome. Premier Secrétaire Général de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI, 1972-76), effectuant, à ce titre, un important travail de lobbying pour la définition et la mise en oeuvre de politiques cinématographiques nationales sur le continent.
Les trois films de fiction qu’il a réalisés occupent une bonne place dans le répertoire sénégalais. Ce sont le court-métrage Et la neige n’était plus (1965), Kodou (1971), scénario coécrit avec la journaliste Annette Mbaye d’Erneville, sur la base d’un texte de celle-ci), et surtout le chef-d’œuvre Jom ou l’histoire d’un peuple (1981).
LA CHARGE DE MACRON CONTRE LA TRANSITION MALIENNE
Le président français a qualifié de "honte" les accusations d'"abandon" du pays ouest-africain par la France portées par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. "Sans la France, le Mali serait dans les mains des terroristes", a-t-il dit
"J'ai été choqué. Ces propos sont inacceptables (...) Alors que hier a été rendu l'hommage national à Maxime Blasco (soldat français tué au combat au Mali le 24 septembre), c'est inadmissible. C'est une honte et ça déshonore ce qui n'est même pas un gouvernement" issu de "deux coups d'Etat", a déclaré le chef de l'Etat en répondant à la radio RFI en marge du dîner de clôture de la saison Africa 2020 à l'Elysée.
Paris avait déjà fermement condamné ces derniers jours les propos tenus samedi par M. Maïga, qui a affirmé que l'annonce par Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de Barkhane, représentait "une espèce d'abandon en plein vol".
"Je sais que les Maliens ne pensent pas ça", a estimé Emmanuel Macron, en soulignant que "la légitimité du gouvernement actuel", issu de deux coups d'Etat depuis 2020, était "démocratiquement nulle". "Nous sommes exigeants parce que nous sommes engagés, nous voulons lutter contre le terrorisme et pour la sécurité", a-t-il ajouté. "Nous sommes là parce que l'Etat malien l'a demandé. Sans la France, le Mali serait dans les mains des terroristes", selon lui. Il a dit attendre des dirigeants de la junte "qu'ils respectent leurs engagements : qu'en février il y ait des élections, qu'ils arrêtent de mettre en prison les opposants politiques, qu'ils fassent leur travail, c'est-à-dire le retour de l'Etat, ce qu'ils ne font pas depuis des mois". "Nous allons continuer les projets de développement" au Mali aux côtés de la communauté internationale. Mais "ce travail ne peut pas être fait si les dirigeants ne prennent pas leurs responsabilités", a-t-il prévenu. "Ce n'est pas une fatalité", a-t-il poursuivi en donnant l'exemple du Niger, pays voisin du Mali, où il y a "un président courageux, le président Bazoum, après un autre président courageux, le président Issoufou, qui font le maximum, se battent pour leur peuple, l'éducation, la santé... Ils font un travail admirable".
Après voir visité avec son épouse Brigitte l'exposition de l'artiste ghanéen El Anatsui à la Conciergerie, Emmanuel Macron a reçu à dîner les acteurs et partenaires de la Saison Africa2020, qui s'est terminée jeudi. Il s'est félicité du succès de cette longue manifestation qui, depuis décembre 2020, a rassemblé plus de quatre millions de spectateurs dans 1 500 événements artistiques, scientifiques ou économiques sur tout le territoire français. Elle "a permis de commencer à ce que la France reconnaisse la place de la jeunesse et de l'énergie africaine", a-t-il estimé. "Notre rapport à l'Afrique doit passer par la jeunesse et la société civile", a-t-il ajouté avant la tenue du sommet France-Afrique le 8 octobre à Montpellier, un sommet "un peu renversé" qui ne réunira pas des chefs d'Etat mais des représentants de la société civile africaine.
Africa 2020 avait été proposée par Emmanuel Macron lors de son discours à la jeunesse africaine à Ouagadougou en 2017.
PAR Benoit Ngom
COUP D’ÉTAT ET RESPONSABILITÉ DE PROTEGER
EXCLUSIF SENEPLUS - L’UA et la CEDEAO, si elles veulent être crédibles dans leurs prises de position, doivent se réorganiser pour mieux aider à prévenir et à sanctionner les dérives autoritaires dans les pays africains
Le Conseil National du Rassemblement et du Développement (CNRD) a dévoilé récemment la Charte de la transition organisant le gouvernement de la Guinée et posant les conditions d’inéligibilité des membres du gouvernement aux prochaines élections locales et nationales. La Charte précise aussi que la durée de la transition sera fixée d’un commun accord entre les forces vives et le CNDR. Ainsi sont fixés les contours juridiques et politiques de la transition qui a commencé avec le coup d’État militaire du 5 septembre 2021 réalisé sous la conduite du Colonel Mamady Doumbouya.
L'irruption des militaires au Mali puis en Guinée dans le déroulement de la vie politique interpelle tout un chacun sur les réalités de la démocratie en Afrique et du rôle des militaires dans la sécurisation de l'équilibre des pouvoirs.
La résistance à l’oppression est un droit naturel
Les systèmes politiques des pays qui nous ont appris la "démocratie" ont été fondés par des citoyens qui ont toujours pensé qu'on ne devait pas gouverner contre le peuple souverain. Ainsi, en France les révolutionnaires de 1789 dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen reconnaissaient au peuple français que «la résistance à l'oppression » était un droit naturel.
Les Américains en 1791 vont incorporer dans leur constitution sous forme d’amendement la disposition qui reconnaît aux citoyens le droit de former des milices et de s’armer si nécessaire pour défendre leur démocratie. En effet, les pères fondateurs américains avaient compris que la résistance à l’oppression ne serait qu’un vain mot si les citoyens ne pouvaient pas faire face à la tyrannie.
Par conséquent le droit de résistance à l’oppression devait être garanti en dernier ressort par le peuple lui-même en permettant à chaque citoyen de pouvoir, s'il le désire et en a les moyens, de se doter d'une arme. Dans ce pays, le pouvoir de sécuriser le peuple contre l'ennemi extérieur ou intérieur ne pouvait plus être garanti par l’armée, le peuple se prendrait lui-même en charge. Ce qui n’est pas le cas dans les différents pays africains.
Dès lors que faire quand le peuple désarmé exprime son refus d'être gouverné par des dirigeants qui ont trahi sa confiance, et qui modifient la constitution avec le soutien de certains juristes heureux d'être “les tailleurs constitutionnels" prêts à donner un sens et une signification à des pratiques politiques que la morale ne peut que réprouver ?
L’armée nationale peut-elle fonder son silence, son refus d'intervenir en excipant du respect d'une constitution qui n'est qu’un cadre sans contenu ?
Une intervention légitimée par le peuple souverain
Les militaires guinéens, sous l'autorité du colonel Doumbouya ont dit non à la mascarade démocratique et ont décidé d'assumer sans hésitation le rôle que la Nation souveraine leur a confié et qui est fondé sur la responsabilité de protéger. En agissant ainsi, l'armée guinéenne a fait son devoir en mettant fin au mandat du président Alpha Condé tout en indiquant aux autres militaires du continent, vivant une situation similaire, la voie à suivre.
L'accueil que le peuple de Guinée, toutes forces politiques, tous segments de la société civile confondus a réservé à cette prise du pouvoir par l'armée aurait dû inviter tous les contempteurs des "coups d'État" à s'interroger avant de prendre position.
La CEDEAO et l’UA, bien au contraire, se sont précipitées pour condamner le "coup" et inviter au retour, dans les délais les plus irréalistes, à l’ordre constitutionnel. Quand d'autres plus hardis et membres des sociétés civiles africaines répétèrent les mêmes ritournelles en faisant savoir que « la place des militaires est dans les casernes ». En clair, pour ces derniers, les militaires doivent rester dans les casernes et jouer à la "grande muette" même quand leur peuple est massacré par des fossoyeurs de l'État de droit.
Ou étaient, ces institutions et certains de ces militants de la démocratie quand ces dirigeants véreux refusaient de respecter leur constitution ? Où étaient tous ces responsables de la CEDEAO et de l'UA quand la vaillant jeunes, du Mali et de la Guinée, quand ceux qui ont opté pour vivre au pays, au nom de la revendication de leurs droits inaliénables, acceptèrent de risquer leur vie en se mobilisant quotidiennement pour l'avènement d'un État de droit ou la bonne gouvernance serait de rigueur ?
Ces Maliens et Guinéens peuvent-ils raisonnablement accepter, qu’on leur dise que l’ordre constitutionnel normal, c’est quand ils reçoivent les matraques ou sont tués par les forces de l’ordre et que les militaires qui les ont aidés à se libérer du joug des dictatures civiles, doivent être considérés comme des pestiférés, qui n’ont qu’à regagner rapidement les camps d’isolement de la grande muette dès qu’ils auront accompli leur mission libératrice ?
En vérité, les organisations intergouvernementales africaines doivent revoir leurs logiciels d'analyse des situations politiques et de prise de décision collective. En effet, on ne peut pas parler au nom d'une collectivité sans partager son vécu, sa vision et ses valeurs. On ne peut pas à partir de bureaux douillets, loin des réalités du terrain, se contenter chaque fois que surviennent des événements, hors de l’ordinaire dans nos pays, se contenter de lire des communiqués pré-écrits qui se ressemblent au fil du temps, les uns après les autres, comme des gouttes d’eau.
L’UA et la CEDEAO, si elles veulent être crédibles dans leurs prises de position, doivent se réorganiser pour mieux aider à prévenir et à sanctionner les dérives autoritaires dans les pays africains.
À la responsabilité de protéger le peuple
Les démocraties balbutiantes d'Afrique ne peuvent pas encore être complétement à l’abri de l'arbitrage des militaires. Seulement, l'intervention des militaires ne peut et ne doit se faire qu’en cas de rupture permanente et assumée de la légalité constitutionnelle par les pouvoirs publics, ponctuée par une répression délibérée et aveugle contre les citoyens qui veulent exercer leurs droits civiques garantis par la constitution.
Quand toutes ces conditions sont réunies, nous semble-t-il, doit intervenir au nom de sa "responsabilité de protéger" comme l’a fait l’armée guinéenne contre un régime décrié de l’intérieur et critiqué au niveau international pour ses exactions contre le peuple En vérité, personne n’ignorait ce qui se passait dans ce pays depuis plusieurs années.
En ce sens, la prise du pouvoir par l'armée en Guinée marque un tournant dans l’incursion des militaires dans la politique. En effet, d'une manière générale, depuis les indépendances les coups d'État militaires ont été réalisés par la fraction de l'armée la plus hardie qui faisait irruption dans l’arène politique sans vision ni programme et souvent dans l'indifférence du peuple dont les réelles préoccupations étaient peu prises en compte.
Aujourd’hui, l'évolution fulgurante des moyens de communication a élargi progressivement le champ politique à une jeunesse de plus en plus consciente et capable de formuler ses vœux de liberté et son aspiration au développement durable de son pays. C’est pourquoi, contrairement au passé, l’armée guinéenne, globalement partie intégrante de cette jeunesse, est entrée en jeu en tenant en main un vrai cahier de charges.
Cette armée au fait des aspirations du peuple ne doit pas trahir ses attentes. Dans cet esprit, elle doit s’engager à respecter les conclusions de la Charte de la transition faite en partenariat entre les forces vives et le CNDR pour l’instauration future d’un véritable ordre constitutionnel qui devra garantir d’une manière efficiente la souveraineté du peuple de Guinée.
Benoit Ngom est président fondateur de l’Association des juristes Africains (AJA), auteur de : « Arbitrage d’une démocratie en Afrique, la Cour Suprême du Sénégal éd. Silex, Paris. et « Droits de l’homme et l’Afrique ed. Présence Africaine, Paris
par Jacques Attali
CES ÉTRANGERS QUI DÉTRUISENT LA FRANCE
Encore un effort, et nous seront bientôt pur de toute présence étrangère, sans grand ni petit remplacement, dans un néant réconfortant - Coup de gueule en réponse à Zemmour
Les Échos |
Jacques Attali |
Publication 30/09/2021
On ne dira jamais assez de mal de tous ces gens venus d'ailleurs qui, depuis des siècles, s'acharnent à défigurer la France, à la détruire, à ne lui apporter que le pire. Et pire encore, qui y font des enfants qui continuent leur oeuvre destructrice.
Parmi ceux nés à l'étranger, innombrables ennemis de l'identité française, quelques noms, en vrac : venant d'Italie (Mazarin, Catherine de Médicis, Casanova, Elsa Schiaparelli, Guillaume Apollinaire, Yves Montand, Pierre Cardin, Marcel Bich, Sergio Reggiani), d'Allemagne (Simone Signoret), d'Autriche (Romy Schneider), d'Espagne (Pablo Picasso, Juan Gris, Jorge Semprún, Michel del Castillo, Cristóbal Balenciaga), de Suisse (Blaise Cendrars, Françoise Giroud, Le Corbusier), de Belgique (Raymond Devos, Robert Denoël, Agnès Varda), de Grèce (Kostas Axelos, Vassilis Alexakis, Costa-Gavras, Iannis Xenakis), de République tchèque (Milan Kundera), de Pologne (Frédéric Chopin, Marie Curie, Henri Krasucki, Octave Klaba, Jean-Marie Lustiger), de Lituanie (Emmanuel Levinas), de Hongrie (Joseph Kosma), de Finlande (Ellen Thesleff, Helene Schjerfbeck, Elin Danielson-Gambogi), de Suède (Siri Derkert, Hanna Hirsch-Pauli), de Biélorussie (Marc Chagall), de Russie (Nicolas de Staël, Romain Gary, Vassily Kandinsky, Arthur Adamov, la comtesse de Ségur, Andreï Makine, Léon Poliakov, Nathalie Sarraute, Henri Troyat, Elsa Triolet, Anna Golubkina, Marie Vassilieff), d'Ukraine (Georges Charpak, Serge Lifar), de Bulgarie (Tzvetan Todorov), de Serbie (Enki Bilal), de Roumanie (Eugène Ionesco, Cioran, Brancusi), de Cuba (José-Maria de Heredia), d'Uruguay (Jules Supervielle), du Brésil (Tarsila do Amaral), d'Argentine (Joseph Kessel), des Etats-Unis (Julien Green, Jules Dassin, Joe Dassin, Joséphine Baker), d'Egypte (Albert Cossery, Guy Béart, Georges Moustaki, Dalida, Claude François, Andrée Chedid, Louis Chedid), du Maroc (Serge Haroche, Tahar Ben Jelloun, Jean Reno, Gad Elmaleh, Jamel Debbouze) ; de Tunisie (Georges Wolinski, Azzedine Alaïa), d'Algérie (José Aboulker, Jacques Derrida, Gilles Cohen-Tannoudji, Jean-Pierre Bacri, Jean Daniel, Kad Merad, Patrick Bruel), du Sénégal (Ousmane Sembène), de Turquie (Missak Manouchian, Henri Verneuil), d'Iran (Marjane Satrapi), du Liban (Rodolphe Saadé, Ibrahim Maalouf), de Syrie (Mohamed Altrad), de Chine (François Cheng, Cai Guo-Qiang, Zao Wou-Ki, Fang Junbi), du Japon (Kenzo Takada). Et tant d'autres, dont au moins, très récemment, de très grands chefs d'entreprise, de grands médecins, des chercheurs exceptionnels, deux maires de Paris, des dizaines de ministres et deux Premiers ministres.
Un néant réconfortant
Il ne faut pas non plus oublier ceux qui sont nés en France d'un parent venu de l'étranger, et qui ont fait, ou font encore, comme chacun sait, le plus grand tort à l'identité française : Germaine de Staël, Irène Joliot-Curie, Albert Uderzo, René Goscinny, Robert Badinter, Zinedine Zidane, Emile Zola, Emile et Isaac Pereire, Henri Bergson, Roger Vadim, Marcel Marceau, Charles Aznavour, Coluche, Edgar Morin, Isabelle Adjani, Fabrice Luchini, Raymond Kopa, Serge Gainsbourg, Vladimir Jankélévitch, Omar Sy, Jacques Tati, Roman Polanski, Emmanuelle Béart, Jeanne Moreau, Johnny Hallyday, Josiane Balasko, Manu Chao, Louis de Funès, Michel Jonasz, Mathieu Kassovitz, Jean-Paul Belmondo, Georges Brassens, François Cavanna, Joann Sfar, Lino Ventura, Francis Cabrel, Léon Gambetta, Michel Platini, Bernard Kouchner, Claude Berri, Agnés Jaoui, Jean-Jacques Goldman, Jean-Pierre Mocky, Georges Perec, Catherine Ringer, Françoise Dolto, Gérard Oury, Michel Polnareff, Maxime Rodinson, Pierre-André Taguieff, Marina Vlady, Alain Prost, Yannick Noah, Robert Hossein, Yasmina Reza, Francis Picabia. Et tant d'autres, dont très récemment encore, des centaines de maires, des dizaines de ministres et un président de la République.
A cela, il faut ajouter tous ceux qui, femmes et hommes, anonymes, ont tant nui à la France en lui donnant leur vie au combat. Et enfin, ceux qui, par millions, sont venus depuis plus de deux siècles, et viennent encore lui apporter leur savoir, leur créativité, leur travail ; qu'ils soient (au féminin ou au masculin) policiers, magistrats, pompiers, médecins, enseignants, chercheurs, avocats, ingénieurs, financiers, journalistes, artistes, cuisiniers, chauffeurs, carrossiers, mineurs, maçons, plombiers, éboueurs, infirmières, assistantes maternelles, aides-soignantes ; et tant d'autres.
Grâce au ciel, nous avons su aussi, au cours des siècles, chasser bien des protestants, juifs et musulmans, qui défiguraient notre pays et sont partis en enrichir d'autres.
Encore un effort, et nous seront bientôt pur de toute présence étrangère, sans grand ni petit remplacement, dans un néant réconfortant.
UN SCANDALE SANS FIN
Miné par des scandales répétitifs qui ne cessent d’alerter les chancelleries étrangères, particulièrement européennes, le Sénégal risque gros, avec cette énième affaire de trafic présumé de passeports diplomatiques
Avec des scandales répétitifs qui ne cessent d’alerter les chancelleries étrangères, particulièrement européennes, le Sénégal risque gros, avec cette énième affaire de trafic présumé de passeports diplomatiques, quelques mois seulement après l’effectivité des dernières réformes sanctionnée par la mise en place de nouveaux passeports.
Les titres de voyage sénégalais ne pèsent pas lourd sur la scène internationale. Ils sont nombreux, les VIP sénégalais, qui préfèrent voyager avec des passeports européens ou américains, pour ne pas avoir à subir certaines suspicions et autres tracasseries au niveau des différentes frontières du monde. Censé permettre une mobilité plus fluide, le passeport diplomatique sénégalais ne vaut plus grand-chose, dans nombre de pays.
Dans le classement 2021 du Henley Passport Index qui, il faut le signaler, ne fait pas de spécification sur la nature du passeport, il est indiqué que le Sénégal est à la 92e place des passeports les plus puissants. Le passeport délivré par le ‘’Pays de la teranga’’ ne permettrait de se rendre que dans 56 pays, dans le monde sans visa, derrière des pays comme la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Bénin, la Sierra Leone, le Ghana, le Cap-Vert et même la Gambie dont le passeport permet de voyager dans 68 pays sans visa. Et les passeports diplomatiques ne sont pas en reste.
Autrefois très prisés, ces titres ont perdu, depuis longtemps, de leur superbe. Ils sont d’ailleurs nombreux, les VIP, à préférer voyager avec leurs passeports européens ou américains. En juillet 2018, l’Italie, irritée par le bordel qui règne dans la délivrance de ces types de titres spéciaux, avait enclenché une procédure au niveau des instances de l’Union européenne pour demander que les titulaires de tels documents de voyage sénégalais soient soumis à l’obligation de demander un visa. Même la France, partenaire privilégié du Sénégal, avait béni cet acte souhaité au niveau de beaucoup de frontières européennes. C’est grâce au véto de l’Espagne que la procédure n’avait finalement pas abouti.
Dans la foulée de ce cafouillage, avec sa réélection survenue en 2019, le président de la République n’avait pas manqué de prendre des engagements fermes pour mettre de l’ordre dans ce grand désordre des passeports diplomatiques. Des mesures draconiennes avaient été annoncées et des tentatives de mise en œuvre déployées. Dans ce cadre, le 13 avril déjà, ‘’EnQuête’’ écrivait : ‘’Après son remaniement qui a carrément chamboulé l’attelage de son gouvernement, avec plusieurs entrées et sorties, son projet audacieux de suppression de la primature, l’on nous signale que le président Sall est aussi résolument décidé à mettre de l’ordre dans la délivrance des passeports officiels sénégalais.’’
Les engagements du président de la République
Plus tard, au mois de mai, Macky Sall avait fait enclencher une vaste opération pour traquer 200 passeports diplomatiques, afin de les retirer du circuit. ‘’Son récent coup de gueule concernant la prolifération de ce document de voyage officiel, n’est peut-être pas gratuit. Il nous revient, en effet, que la Division des investigations criminelles (Dic) va devoir encore faire étalage de ses compétences, pour jeter un rayon de lumière sur la confection de plus 200 passeports diplomatiques par le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur (MAESE). Le nouvel entrant, Amadou Ba, n’aura pas à s’en faire, puisque cette enquête va concerner la gestion de son prédécesseur à ce poste, Me Sidiki Kaba’’, écrivait toujours le journal.
Cette affaire était d’autant plus intrigante que ces documents, d’après des sources, avaient été fabriqués et délivrés à beaucoup de non ayants droit, durant la phase transitoire entre la réélection de Macky Sall et la constitution du nouveau gouvernement le 7 avril dernier. La suite, c’est mystère et boule de gomme. Qu’est-il advenu de cette enquête à l’époque confiée à la Dic ? On ne le saura peut-être jamais. Finalement, le gouvernement avait décidé de changer les passeports pour refondre totalement le système. Malgré cette volonté affichée, malgré l’effectivité des nouveaux passeports, le bazar règne toujours dans le système. Le dernier scandale en date étant celui auquel sont associés des députés du peuple, en fonction au moins depuis la 12e législature, en 2012.
Au mois de décembre dernier, répondant aux préoccupations des parlementaires, la ministre Aissata Tall Sall soulignait que les passeports diplomatiques ne peuvent pas être donnés n’importe comment, car étant des documents qui caractérisent l’identité et la notoriété du pays qui le délivre. Selon elle, le nouveau passeport doit être ‘’fiabilisé et crédibilisé’’, notamment par ses titulaires. Tout en essayant de rassurer les parlementaires sur la disposition de ses services à diligenter leurs requêtes, elle faisait savoir que son département prendra des dispositions pour assurer la délivrance des notes verbales aux parlementaires qui en feront la demande.
Il faut rappeler que les déclarations d’intention du pouvoir actuel quant à sa volonté de laver les écuries d’Augias de cette nébuleuse, ne datent ni de maintenant ni de 2019. Dès son élection en 2012, le président de la République avait juré de retirer les titres à tous les non ayants droit. Mais près de 10 ans plus tard, le problème empire et met en scène de hautes personnalités du régime et de la République, en l’occurrence des députés. Pour ce qui est de leurs complices, c’est encore l’omerta. D’autant plus que la justice, très prompte à mettre en prison des opposants politiques, n’a toujours pas mis en branle la procédure de levée de l’immunité des mis en cause, indispensable pour les poursuivre.
Ce qui n’a pas été assez dit, c’est que les personnes épinglées sont loin d’être des députés quelconques dans l’Assemblée. Selon certaines sources, l’un d’eux a, durant toute la législature actuelle, été au poste très stratégique de vice-président de la Commission des affaires étrangères présidée par Pape B. Bigué Ndiaye, après avoir occupé les mêmes fonctions sous Pape Sagna Mbaye et Abdoul Mbow. Pire, il serait même le président du groupe France-Sénégal à l’Assemblée nationale. Ce qui le met en pole position et justifierait davantage le bienfondé de l’intérêt de la France pour ce nième scandale.
Ce que dit la législation sénégalaise
Sur le site du gouvernement, les passeports diplomatiques et de service sont définis comme des titres de voyage permettant à leur titulaire ‘’de jouir à l’étranger de privilèges exceptionnels inhérents à leur statut juridique ou de mesures de courtoisie internationale attachées à leur rang’’. Ils sont tous les deux délivrés par le ministère des Affaires étrangères pour un an et peuvent être prorogés, selon le site du gouvernement. Toutefois, les deux titres obéissent à des règles différentes sur certains aspects, notamment les potentiels bénéficiaires.
En effet, le passeport diplomatique est réservé, entre autres, aux membres du gouvernement, aux membres des institutions comme l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental, les diplomates (conseillers des affaires étrangères et chanceliers), les hauts magistrats, ainsi que les fonctionnaires sénégalais en service dans les organisations internationales.
Quant au passeport de service, c’est pour ‘’les hauts fonctionnaires de l'Etat : gouverneurs, préfets, directeurs de service, chefs de service du ministère des Affaires étrangères et, dans des conditions particulières, certains agents de l'Etat’’.
Pour ce qui est des passeports diplomatiques, il faut, pour en bénéficier, déposer les documents suivants : ‘’Une demande manuscrite adressée au ministre des Affaires étrangères, une carte nationale d'identité en cours de validité, des photos d'identité numériques prises sur place, un formulaire retiré au ministère des Affaires étrangères et dûment rempli.’’
Pour ce qui est du passeport de service, la demande doit être écrite par le supérieur hiérarchique. Une procédure souvent foulée aux pieds par les autorités qui accordent le sésame à tout-va.
MACKY N’A JAMAIS VOULU EMPRISONNER KARIM
Pape Samba Mboup pousse un coup de gueule à propos du scandale des passeports diplomatiques, des collaborateurs déloyaux du président de la République, prend la défense de Mimi Touré et compagnie et revient sur l’affaire Karim Wade
Fidèle à sa réputation et à son tempérament, ainsi qu’à son franc-parler habituel, l’ancien chef de cabinet du président Wade et actuel souteneur du président Sall pousse un coup de gueule à propos du scandale des passeports diplomatiques, des collaborateurs déloyaux du président de la République, prend la défense de Mimi Touré et compagnie et revient sur l’affaire Karim Wade…
Le Témoin – Pape Samba Mboup, l’actualité, c’est le discours que ton actuel mentor, le président Macky Sall, vient de prononcer devant l’Assemblée générale des Nations unies. Qu’est-ce que ce discours t’a inspiré ?
Pape Samba MBOUP - Permettez-moi tout d’abord de féliciter le président de la République pour ce brillant discours qu’il vient de délivrer devant la 76ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies. Ce discours doit être pris en charge par tous les citoyens sénégalais soucieux du devenir de l’Afrique, et, surtout, par l’entourage du Président qui a le devoir de se l’approprier et de le vulgariser. J’apprécie d’autant plus son contenu qu’il se situe dans le droit-fil de celui prononcé en décembre 2019 par le chef de l’Etat lors du Forum sur la Dette et le Développement tenu ici même à Dakar. A l’époque, Macky Sall avait dénoncé avec force les freins à notre développement que constituent le plafonnement du déficit budgétaire et celui de l’endettement. Il avait demandé le remplacement du « Consensus de Washington » sur lequel ces critères sont fondés par un « Consensus de Dakar » qui prendrait en compte nos préoccupations. C’est ce combat qu’il a prolongé lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies pour demander l’annulation de la dette des pays africains du fait notamment des discriminations que subit l’Afrique dans les évaluations que font les agences de notation des Nations unies. Ce combat, l’Afrique doit le porter. Il est heureux d’ailleurs que des chefs d’Etat aient demandé au président de la République de porter la voix du continent devant cette auguste Assemblée générale de l’ONU. Car, qu’on le veuille ou non, le président Macky Sall incarne le leadership continental. Encore une fois, je le félicite pour ce discours de haute facture.
L’actualité c’est aussi, hélas, ce trafic de passeports diplomatiques dans lequel sont impliqués deux députés de la majorité présidentielle. En tant que soutien du président de la République, comment vois-tu ce scandale ?
C’est une affaire grave, très grave même. La justice doit aller jusqu’au bout et sanctionner les coupables. Ce trafic nous met tous mal à l’aise et place notre pays sur la sellette. Vous vous rendez-compte, même le Rassemblement national, le parti de Mme Marine Le Pen en France, a parlé de délinquance à col blanc ! Je viens de lire à l’instant dans le net un journaliste français, un certain Emmanuel Desfourneaux, qui dit que la République du Sénégal sous Macky Sall est devenue une fabrique de contrefaçon avant d’insinuer que tout y est faux, la Démocratie y compris l’Emergence. Voir dire de telles choses à propos de mon pays me rend triste. Si le Sénégal est montré du doigt, stigmatisé et traîné dans la boue, c’est en partie la faute à ceux qui, autour du Président, auraient dû avoir un comportement irréprochable de manière à ce qu’on ne puisse pas l’atteindre à travers eux. Si le Président n’y prend garde, ce sont ces gens-là qui vont le perdre. Il ne doit pas accepter que certains se prévalent des relations qu’ils ont avec lui pour commettre ce genre de choses. Il faut que, sans états d’âme, il se débarrasse des gens qui abusent de sa confiance. Pour parler plus précisément du trafic des passeports diplomatiques, à cause des agissements de ces deux députés, notre pays est la risée du monde entier. Pis, il court le risque d’être sanctionné à l’instar du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie dont la France a réduit les quotas de visas. A tout le moins, si ce trafic n’est pas sanctionné avec fermeté, des pays pourraient exiger le visa aux porteurs de passeports diplomatiques sénégalais. Ce qui serait bien dommage pour notre pays. Notre justice est interpellée et elle doit agir sans faiblesse…
A côté de ce trafic de passeports diplomatiques auquel se livrent des députés, il y a aussi un trafic de visas dans lequel sont impliqués deux membres du mouvement Y En A Marre. Ça commence à faire beaucoup, décidément…
Là, il convient de faire la part des choses. Cette affaire ne concerne pas Y En A Marre en tant que tel mais deux de ses membres. J’ai d’ailleurs été content d’entendre les responsables de ce mouvement dire qu’ils vont défendre les mis en cause en tant qu’amis tout en condamnant ce qu’ils ont fait. Car, ne nous y trompons pas, tout Etat a besoin d’organisations comme Y En A Marre qui jouent un rôle d’alerte en attirant son attention sur ce qui ne va pas afin qu’il puisse redresser le tir. De ce point de vue, leur rôle est irremplaçable dans une société démocratique. Seulement voilà, cela suppose que ces organisations ou ces mouvements soient réellement de la société civile c’est-à-dire équidistants des partis politiques. Lorsque leurs animateurs sont encartés, évidemment, cela fait désordre. C’est pourquoi, Y En A marre doit sanctionner les auteurs d’agissements comme ceux qui valent à deux de ses membres d’être en prison actuellement. Sinon, cela peut ternir son image et ce n’est pas souhaitable.
Pour parler de tout à fait autre chose, je me suis toujours demandé comment tu vis le fait d’être aujourd’hui l’ami du président Macky Sall qui est quand même celui qui a mis en prison ton « neveu » Karim Wade !
Mes rapports avec le président Abdoulaye Wade étaient excellents. Cela, c’est un secret de Polichinelle. En plus, nous entretenions une complicité qui dépassait tout ce que l’on peut imaginer. Karim m’appelait tonton et me disait que lui et Sindjély savaient tout ce que j’avais fait pour son père et avec lui. Je suis donc particulièrement bien placé pur dire que le président Macky Sall a tout fait pour éviter d’envoyer Karim Wade en prison. Une semaine après son accession au pouvoir, il m’a demandé de venir le voir à Mermoz où il habitait encore avant de déménager au Palais (Ndlr, il est revenu à Mermoz depuis !). Il ma reçu à 1 heure du matin cette nuit-là. Lorsque je suis arrivé chez lui, j’ai trouvé dans sa salle d’attente un journaliste et un homme d’affaires mais c’est moi qu’il a reçu le premier. D’ailleurs, je l’ai trouvé en train de préparer ses valises car il devait effectuer le lendemain son premier déplacement à l’étranger en tant que nouveau président de la République. Naturellement, Me Abdoulaye Wade était au courant de cette audience. Dès que je me suis assis en face de lui, le président Macky Sall m’a demandé : « alors, tu viens travailler avec moi ? » Si j’étais un opportuniste, j’aurais sauté sur l’occasion d’autant plus que le président Wade nous avait fait comprendre qu’il était prêt à ‘’libérer’’ tout collaborateur dont Macky Sall avait besoin des services. Après quoi, il est entré dans le vif du sujet qui l’intéressait. « Viviane est ma mère et Sindjély ma sœur. Je ne ferai rien pour leur nuire. Mais Karim, c’est autre chose. Il correspond à une demande sociale car il a géré beaucoup de choses et il y a une exigence de reddition des comptes le concernant. Il va falloir regarder cela, si on trouve qu’il y a des problèmes de gestion, on peut transiger ».
Dans mon entendement à moi, Pape Samba Mboup, transiger c’est, tout simplement, faire des concessions réciproques qui arrangent toutes les parties. Si le président Macky Sall a proposé à Karim de transiger, c’était pour lui éviter la prison. Quand j’ai rendu compte au président Wade le lendemain, il était d’accord pour que Karim transige. Une semaine après, Macky Sall a reçu une délégation du Pds pour déterminer les contours de l’éventuelle transaction. Au sortir de l’audience, elle devait aller rendre compte elle aussi à Me Wade et revenir avec des propositions. Eh bien, le président Macky Sall ne l’a plus jamais revue ! Pour cause, des gens ont dit à Wade que transiger serait un aveu de culpabilité de la part de son fils. A partir de ce moment, et en l’absence de transaction, le président de la République ne pouvait plus arrêter la machine judiciaire. Tout cela pour dire que ce n’est pas Macky Sall qui a jeté en prison Karim, ce sont plutôt les gens qui conseillaient Wade qui l’ont fait ! Car beaucoup de responsables de notre régime ont transigé pour ne pas aller en prison mais vous me permettrez de ne pas citer de noms (Ndlr, il éclate de rire !).
Pour terminer, quels conseils donnerais-tu à ton mentor Macky Sall dans la situation actuelle ?
Je m’étonne de ne plus voir dans son entourage des gens qui formaient un rempart autour de lui, qui montaient au créneau pour le défendre et qui mettaient efficacement en œuvre sa vision. Des gens qui étaient sur tous les fronts. Parmi ceux-là, son ami éternel Mahammad Boun Abdallah Dionne qui n’a jusqu’à présent qu’une seule ambition : aider à la réussite de son ami Macky Sall. Il y avait aussi Aly Ngouille Ndiaye, un homme discret, loyal, courtois et efficace. Et aussi Amadou Ba, un cadre compétent, grand économiste, bon ministre des Finances qui a beaucoup contribué à la reprise de la ville de Dakar lors de la dernière présidentielle. Je n’oublie pas Mouhamadou Makhtar Cissé, un Inspecteur général d’Etat qui a fait ses preuves à la tête de la Douane puis, plus tard, de la Senelec après s’être illustré aussi au ministère du Budget et en tant que directeur de cabinet du président et aussi de marquer de son empreinte le ministère de l’Energie. Le « fédayin » Moustapha Diakhaté figure dans ce lot. Last but not least, je citerai Mimi Touré, cette grande dame qui a fait ses preuves dans le système des Nations unies avant de venir soutenir le président Macky Sall qu’elle a défendu bec et ongles, et intelligemment, dans toutes les tribunes, sur tous les plateaux, dans tous les studios. Tous ces responsables décrochaient toujours leurs téléphones, ouvraient leurs portes aux militants et aux citoyens en plus de s’acquitter avec compétence de leur travail. Le président de la République a un réel problème de casting et il est trop sentimental, ce sont les deux défauts que je peux lui reprocher à côté de ses innombrables qualités. Or, il devrait savoir, ce qu’à Dieu ne plaise, que s’il devait quitter le pouvoir un jour, ce sont les gens qu’il protège aujourd’hui qui seraient les premiers à lui tourner le dos pour pactiser avec ses vainqueurs. Nous-même avons vécu cette situation à notre détriment lorsque le président Wade a perdu le pouvoir. Les gens qui lui disaient que son fis est le meilleur ont été les premiers à se rallier à Macky Sall !