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20 juin 2025
LES ARCHITECTES EN COLÈRE APRÈS LA DESTRUCTION DE SANDAGA
Pour Annie Jouga, également membre de l'Ordre des architectes, les autorités sénégalaise "ne font pas mieux que les colons (français) qui ont démoli l'identité des premiers habitants de Dakar"
Le marché Sandaga, un édifice d'architecture soudano-sahélienne construit en 1933 dans le centre, hébergeait des centaines d'étals et était l'un des principaux de Dakar durant près d'un siècle jusqu'à sa fermeture en 2020. Le bâtiment central du marché menaçait ruine, avec sa dalle craquelée et ses fers rouillés. Les autorités avaient annoncé vouloir, pour des raisons de sécurité, le réhabiliter et le reconstruire à l'identique en y aménageant notamment un parking sous-terrain. La date du début des travaux n'était pas précisée.
Si les échoppes bordant le marché avaient été détruites en août 2020, le bâtiment central était resté intact, jusqu'à sa démolition dans la nuit de jeudi à vendredi."C'est vraiment regrettable. Cette destruction ne se justifiait pas", a dénoncé auprès de l'AFP le président de l'Ordre national des architectes, Jean Augustin Carvalho. Sandaga est "un patrimoine et une identité de la ville de Dakar. Il fallait par tous les moyens voir comment le préserver", a-t-il souligné. "Cet édifice pouvait encore tenir debout avec une réhabilitation, mais qui veut tuer son chien l'accuse de rage...". "Des solutions techniques pour la conservation de ce patrimoine existent", a assuré Papa Dame Thiaw, un autre responsable de l'Ordre des architectes. Cela passait notamment, selon lui, par "le renforcement de la structure, la création de nouveaux poteaux". "Des bâtiments plus dégradés que Sandaga ont été réhabilités", a-t-il estimé.
Pour Annie Jouga, également membre de l'Ordre des architectes, les autorités sénégalaise "ne font pas mieux que les colons (français) qui ont démoli l'identité des premiers habitants de Dakar", ancienne capitale de l'Afrique occidentale française. "C'est un scandale"."C'est un bluff de dire qu'on va reconstruire à l'identique. On ne peut pas reconstruire à l'identique un bâtiment de 1933 avec des techniques modernes", a-t-elle ajouté.
La halle de Sandaga, qui tire son nom d'un arbre tropical, n'hébergeait plus d'échoppes. Le ministère de l'Urbanisme avait aménagé en 2020, à deux km du marché Sandaga, un site pour une "réinstallation provisoire" des commerçants.
La réhabilitation de Sandaga est censée prendre deux ans. Le maire de Dakar Plateau, Alioune Ndoye, également ministre de la Pêche, qui assure la tutelle administrative du marché, a annoncé qu'il s'exprimerait lundi sur la question.
À DINDÉFELO, LES TÉMOINS DE LA CARGAISON D'ARMES S'EXPRIMENT
En 1960, les autorités découvrent que les services secrets français utilisent leur sol contre le premier président guinéen Sékou Touré. À leur insu, des armes de guerre destinées à des conjurés guinéens étaient stockées au Sénégal oriental
En avril-mai 1960, alors que le Sénégal marche vers l’indépendance, les autorités sénégalaises découvrent que les services secrets français utilisent leur sol contre le premier président guinéen Sékou Touré. À leur insu, des armes de guerre destinées à des conjurés guinéens étaient stockées au Sénégal oriental, d’où elles prenaient la direction du massif du Fouta Djallon en Guinée.
Le réseau de trafic d’armes a été démantelé par Mamadou Dia - alors président du Conseil du Sénégal. Ces caches d’armes ont été découvertes notamment dans le village de Dindéfélo, où notre correspondante, Théa Ollivier, a retrouvé l’une des dernières femmes à avoir pu témoigner de ces événements.
Appuyée sur sa canne, Mariama Seydi Diallo revient à pied de la mosquée à travers les petits chemins de son village aux pieds des montages à trois kilomètres de la Guinée. À l’âge de 86 ans, elle est le dernier témoin de l’affaire des caches d’armes de 1960 à Dindéfélo. Son beau-frère, Boubé Camara, avait été arrêté devant ses yeux par les autorités sénégalaises pour avoir caché dans une de ses cases, des caisses remplies d’armes destinées à être envoyées secrètement en Guinée pour lutter contre le régime de Sékou Touré. « Une voiture venait ici la nuit, ils se rencontraient avec d’autres qui venaient de Guinée, du village de Téguérang c’est là qu’ils envoyaient les armes. Mais ils l’ont fait à l’insu des gens du village ici… ceux de la Guinée transportaient les armes, c’était une affaire entre eux. Tout le monde pensait que c’était du sel et des serviettes, c’est ce qui était connu des habitants du village, ils ne savaient pas que c’étaient des armes », explique-t-elle.
À ce jour, aucun habitant ne s'est installé sur l'île du Diable, au Sénégal. Entre mythes, croyances et phénomènes étranges, personne n'ose s'y aventurer
France 2 |
F. Fougère, N. Bertrand, P. Seck, A. Thibault |
Publication 13/08/2021
C'est une petite île sauvage, perdue dans les méandres du fleuve Casamance, au sud du Sénégal. A priori, seuls quelques pélicans semblent occuper les lieux. Pourtant, les populations locales ont baptisé l'endroit "l'île du Diable". Elle serait en effet hantée par des esprits maléfiques. Pour en savoir plus, il faut embarquer avec Ibrahima Diakhaté, un romancier qui connaît toute l'histoire de l'île. Cette histoire remonte à la création de la ville voisine de Sédhiou, il y a plusieurs siècles.
Des morts étranges
La légende raconte que le fondateur de la cité aurait chassé le diable, et qu'au terme d'un âpre combat, ils auraient conclu un pacte. "Le diable a accepté de laisser la ville aux humains, pour venir s'établir dans cette île, à une condition : qu'on le laisse tranquille", narre Ibrahima Diakhaté. Mais en 1936, les colons français décident de construire une prison sur l'île. Selon des témoignages de l'époque, les 27 ouvriers chargés de défricher meurent les uns après les autres, à cause de maladies ou dans d'étranges naufrages. "Quand les ouvriers venaient déblayer, ils coupaient les arbres. Ils rentraient, et le lendemain, ils trouvaient les arbres à leur place initiale, comme si le diable était repassé pour replanter", explique Ibrahima Diakhaté. Les Français ont finalement abandonné ce projet. En Casamance, les croyances mystiques sont largement répandues, et sur les rives du fleuve, les habitants sont nombreux à être persuadés que le diable habite bel et bien sur cette île. Une légende soigneusement entretenue par les anciens.
Par Abdoul Aly KANE
MOBILISER LA DIASPORA POUR LE DEVELOPPEMENT
La Banque mondiale a publié son « 2021 Migration and Development report », document dans lequel elle classe les pays subsahariens en fonction du volume des transferts de fonds reçus, en provenance d’autres continents.
La Banque mondiale a publié son « 2021 Migration and Development report », document dans lequel elle classe les pays subsahariens en fonction du volume des transferts de fonds reçus, en provenance d’autres continents. Ce classement à la tête duquel on trouve le Nigeria et le Ghana, comprend également trois autres pays de la zone francophone au premier rang desquels le Sénégal qui totalise 2,6 milliards de dollars US, et dont les transferts reçus participent pour environ 10,5 % de son PIB (les autres pays francophones suivants le Sénégal sont, dans l’ordre, la République démocratique du Congo et le Mali, avec respectivement 1,9 milliard et 1 milliard de dollars de fonds reçus). L’encours annuel de ces transferts est plus important que celui des investissements directs étrangers (Ide) et de l’aide au développement. En ordre de grandeur, ils contribuent plus que le secteur agricole dans la formation du PIB — une contribution qui s’établit à environ 9,4 % en 2019 —, ce qui donne une idée de leur poids dans l’économie de notre pays.
Selon la Banque Mondiale, ces transferts proviennent essentiellement d’Europe, pour 65 % des flux, suivie par l’Afrique, à hauteur de 30 %, et de l’Amérique pour environ 4,68 % (les envois de fonds des émigrés empruntant des voies non officielles ne sont pas comptabilisés ici ; ils pourraient, selon les experts, représenter près de 50 % du montant des envois formels dans certains pays). Au Sénégal, selon l’étude menée par la Direction de la Monnaie et du Crédit (DMC) du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (MEFP) sur les envois de fonds des travailleurs migrants sénégalais, 81 % des transferts de fonds des migrants transitent par les circuits formels, contre 19 % via les circuits informels. En termes d’impact économique et social, il est établi que les fonds transférés par les migrants portent à la hausse non seulement le revenu des ménages et la croissance, mais également participent à l’équilibre de la balance des paiements en améliorant les réserves de change du pays d’origine de ces migrants. En revanche, compte tenu de la configuration structurelle de notre économie peu industrialisée, les envois de fonds sont destinés pour l’essentiel à l’alimentation des populations et à la couverture des besoins sociaux de base, et peu à l’épargne et à l’investissement. Cette répartition des flux monétaires contribuerait au déséquilibre de notre commerce extérieur, notre pays étant structurellement importateur de produits alimentaires.
La hausse de consommation imputable aux transferts de fonds aurait en effet pu avoir des effets positifs sur une croissance endogène, si les dépenses étaient orientées vers les produits du cru. Pour les migrants bénéficiant de hauts revenus, les transferts destinés à l’investissement sont transférés vers les banques pour alimenter des comptes de dépôts ou à terme, mais aussi à l’érection d’infrastructures sociales de base dans les collectivités locales (cases ou centres de santé, marchés, projets de jardinage etc.). Ces fonds transférés dans les banques sont immobilisés dans des comptes de dépôts, d’épargne, de bons de caisse ou comptes à terme ; Il n’est d’ailleurs pas rare de constater que des retraits frauduleux se fassent sur ces comptes de Sénégalais résidant à l’étranger, parce qu’enregistrant peu de mouvements et appelés « comptes dormants ». Les avoirs des migrants non destinés aux familles sont logés dans les banques sous forme de comptes d’épargne, comptes à terme ou bons de caisse. Il s’agit d’une épargne de précaution prévue pour les lendemains d’un retour. Il nous semble que ce retour est à un horizon plus court pour les jeunes générations ayant davantage l’esprit d’entreprise, et qui seraient preneurs d’un encadrement pour exécuter leurs projets de start-up.
Contrairement à d’autres flux extérieurs, notamment l’APD (Aide publique au développement) et les IDE, les envois de la diaspora résidant à l’étranger sont généralement stables et moins volatiles, ce qui en fait une source fiable pour le financement des économies d’origine. Toutefois, les résultats demeurent non concluants, notamment l’impact de ces transferts sur la croissance économique et sur l’investissement dans ces pays. Il serait important d’étudier les moyens de faire du solde net de ces transferts, après la couverture des besoins essentiels, un levier pour opérer des investissements sectoriels en rapport avec la BAD qui porte une attention particulière à ces flux financiers.
Pour l’instant, l’appel aux migrants pour l’investissement est timoré en ce qu’il ne porte que sur des secteurs peu productifs et à faible valeur ajoutée comme l’immobilier. En matière d’opportunités à saisir, le marché financier pourrait être une bonne porte d’entrée pour ceux-là qui, conseillés par des SGI (sociétés de gestion et d’intermédiation) et autres banques d’affaires spécialisées dans le conseil financier, créées en UEMOA dans l’environnement de la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières). L’intervention de la diaspora sur les marchés financiers pourrait porter sur la souscription d’emprunts obligataires dont la liquidité pourrait être assurée par les SGI et les banques d’affaires du pays.
Rôle de l’Etat dans la mobilisation financière de la Diaspora
Les transferts des migrants essentiellement destinés à couvrir les besoins en consommation, en éducation et en santé des populations bénéficiaires permettent de combler le déficit dans la mise en place des filets sociaux de l’Etat dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. C’est donc l’Etat qui devrait se charger du manque à gagner en retournant aux migrants le différentiel sous forme d’appui à l’investissement. Son rôle serait d’encourager et de faciliter le retour des gens de la diaspora pour investir leur savoir-faire acquis dans leurs pays d’accueil par la structuration de stratégies et d’outils facilitateurs de leur insertion. L’organisation périodique de grands évènements avec les représentants de la diaspora pourrait être un des éléments déclencheurs de cette confiance nécessaire entre gouvernants et émigrés. Les incantations théoriques des plans d’émergence, encore moins la création de ministères chargés de l’Emigration, ne sauraient suffire à établir la relation de confiance voire de partenariat entre ces deux entités.
En définitive, toutes les diasporas du monde cherchent ce qu’elles peuvent donner pour le développement de leurs pays, mais également ce qu’elles peuvent obtenir en retour. Pour ce qui concerne les jeunes émigrés à capacité d’épargne, des signaux clairs doivent être envoyés et des actes posés l’Etat pour établir la confiance avec eux. Nos gouvernements devraient prendre davantage d’initiatives pour la participation de notre diaspora au développement du pays.
Hormis l’Apix avec son Guichet unique « Diaspora » et la BHS, qui évolue dans l’immobilier, nous ne voyons pas d’autres interlocuteurs spécifiquement créés pour cette Diaspora. Pour inverser la tendance, dans le pays d’accueil déjà, les autorités consulaires devraient informer les membres de leur diaspora et mettre en place un marketing susceptible de les attirer comme on le ferait pour les investisseurs étrangers. Hélas, ces autorités consulaires manquent souvent de ressources humaines et financières à la hauteur du défi. Un « benchmarking » dans ce sens ne saurait être superflu.
L’Éthiopie et le Rwanda mènent des actions de sensibilisation et d’information en direction de leurs citoyens à l’étranger pour les inciter à investir dans des projets spécifiques. Par ailleurs, ils soutiennent les réseaux de leur diaspora dans le monde. En Ethiopie, des sites Internet informant les membres de la diaspora des possibilités d’investissement et de commerce, des projets de développement, ont été créées. Dans son livre « OSER », notre compatriote Pierre Goudiaby Atépa a retenu 12 propositions pour faire émerger le Sénégal, dont « Oser ensemble avec la Diaspora ».
Convaincu que le développement du Sénégal ne saurait se faire sans sa diaspora, il rappelle l’importance qu’accorde l’Union Africaine à cette composante de sa population à laquelle elle a accordé le statut de 6ème région africaine, sur proposition du président Abdoulaye WADE, et avance l’idée de la constitution d’une base de données inclusive afin de savoir « qui fait quoi et où ?» en prélude à toute action ou programme. Les Sénégalais de l’extérieur sont de tous âges. Ils sont médecins, ingénieurs, opérateurs économiques, artistes, intellectuels, écrivains, éditeurs, philosophes, journalistes, pilotes, enseignants, fonctionnaires internationaux, sportifs etc. pouvant apporter leur savoir-faire et leur connaissance au développement de leur pays. Le problème est qu’ils ne sont pas mobilisés par les gouvernants et ne sont pas eux-mêmes constitués en réseaux. Nous partageons cette idée de connaître les Sénégalais de la diaspora dans ce qu’ils font et leur potentiel d’apport dans le développement du pays. Il revient par conséquent à l’Etat de prendre les initiatives hardies qui s’imposent pour cela.
GESTION DE LA PANDEMIE
Des médecins préconisent encore un comité scientifique et une amélioration de la communication gouvernementale
A l’heure du chacun pour soi, des médecins donnent les... voies de sortie de la troisième vague du covid-19 à travers surtout la mise en place d’un comité scientifique, l’amélioration de la nouvelle approche communicationnelle du ministère de la Santé pour aider la population à mieux saisir le discours de sensibilisation. Surtout, surtout, ils conseillent au Gouvernement d’être proactif.
La troisième vague de coronavirus est marquée dans notre pays par une explosion des nouvelles contaminations, des cas graves et, hélas, des décès. Plus inquiétant, les cas communautaires métastasent dans le pays. En sept jours, sur les 4243 personnes infectées, les 3789 sont issues de la transmission communautaire. Soit 89,30 % des cas répertoriés entre le 05 et le 11 août dernier. Cette hausse des cas serait-elle liée à un défaut de communication entre les autorités sanitaires et la population ? D’après les explications de notre consultant en santé, Dr El Hadj Ndiaye Diop de l’hôpital Ndamatou de Touba, il n’y a pas de changements de comportements notables au niveau de la population à propos du port de masque, de la distanciation physique et des rassemblements. Selon ce médecin, les cas qui grimpent sont liés à «l’évolution naturelle» de la pandémie. Il estime que le virus va continuer à se propager jusqu’à atteindre un taux d’immunisation collective qui freinera sa progression. L’atteinte de ce stade supposera au préalable une augmentation des hospitalisations, des cas graves et des décès.
Quand le virus dicte sa loi
«Quand vous ne faites rien ou quand les mesures sont insuffisantes, c’est le virus qui dicte sa loi», dit ce professionnel de la santé qui considère qu’il n’y a « pas mille solutions » à cette pandémie qui touche le monde entier. Sauf que, dit-il, chaque pays a choisi sa stratégie en fonction de ses moyens et de sa marge de manœuvre. Malheureusement, se désole-t-il, «nous n’avons pas de moyens dans ce pays et la marge de manœuvre des autorités se rétrécit de jour en jour. Conséquence, c’est le règne et l’individualisme, et à chacun sa voie». S’adressant à la population, le médecin légiste Dr Amadou Sow, pense que le seul moyen qui reste maintenant, c’est la prise de conscience. Qu’il faudrait donc travailler à avoir une prise de conscience individuelle. Autrement, estime-t-il, «on a péché dans la pédagogie de l’exemple. Les autorités de quelque bord qu’elles puissent être n’ont pas été exemplaires dans leurs comportements, et voilà le résultat. On ne peut plus se permettre des interdictions. Je pense qu’on doit plus que jamais — en tout cas ceux qui ont la chance d’être des leaders —, avoir des comportements exemplaires et travailler à avoir une prise de conscience individuelle par rapport à ce danger qui nous guette et, in fine, on aura peut-être la réaction voulue. A ce moment-là, les gens s’adapteront librement et individuellement, sans pour autant qu’on prenne des mesures restrictives. Lesquelles, quelques fois, ne sont même pas compatibles avec notre économie et nos réalités socio-culturelles. Il faudrait que les gens puissent adopter librement la bonne position ou la position voulue en adoptant notamment les gestes barrières. Pour moi, c’est ce qu’il faut faire actuellement au sein de la communauté. Mais on ne peut plus se permettre de prendre des mesures restrictives. Parce que, d’une part, ces mesures ne sont pas efficaces, d’autre part, l’autorité, qui devrait prendre ces mesures, n’a plus cette légitimité si je peux m’exprimer ainsi «. Autrement dit, Dr Amadou Sow demande donc à tout un chacun de choisir sa voie.
Continuer à prêcher la bonne parole
Il demande aussi à l’Etat et aux acteurs de la santé de continuer à prêcher la bonne information dans le but de convaincre les populations. «On doit miser sur la capacité des Sénégalais à comprendre les véritables enjeux pourvu qu’on leur donne les bonnes informations. Que chacun suive sa voie, mais aussi que chacun fasse son job. Que le Gouvernement mette les moyens et fasse dans la transparence, que les acteurs de la santé continuent aussi à faire leur travail tout en contribuant faisant dans la sensibilisation dans une démarche pédagogique afin d’amener les sceptiques à changer de position.» Le médecin légiste Dr Amadou Sow a ainsi fait focus sur la nouvelle approche communicationnelle du ministère de la Santé. Une nouvelle stratégie qui serait à parfaire parce qu’il y aurait des manquements par rapport à la fréquence journalière assez rapprochée, au profil des personnes qui communiquent compte tenu des sujets qui sont abordés. « Il y a un jour, ce sont des directeurs d’hôpitaux qui sont venus pour nous parler de l’activité des centres de traitement épidémiologique en analysant même quelque part des données médicales. Ce qui me semble poser problème. S’il s’agit de l’activité du Cte, personne n’est mieux indiqué que le responsable de ce centre pour le faire, et il peut valablement présenter et commenter les chiffres médicaux. Le fait qu’on utilise un directeur d’hôpital qu’on n’a jamais vu parler de questions de médecine, ça peut nous amener à nous poser des questions « estime-t-il.
Améliorer la communication gouvernementale
De l’avis du Dr Amadou Sow, il y aurait un problème de cohérence globale et d’harmonisation des discours. «Il faut que ces gens parlent le même langage. Un jour, on a vu un des communicants donner des recommandations différentes de ce que semble dire le ministre. La preuve, ce matin, il y a un autre communicant qui est venu tenir le même langage que le ministre, contredisant son collègue de la veille». Tout ça, dit-il, parce qu’il y a un maillon manquant, c’est-à-dire le comité scientifique qui devrait être ce cadre d’échange entre les spécialistes de la santé, les médecins eux-mêmes pour parler le même langage. «Il faudrait qu’on offre à la médecine, à travers ses différentes spécialités, un cadre dans lequel ses composantes puissent échanger et harmoniser leurs positions. Il faut qu’on fasse l’effort d’avoir moins de contradictions entres les personnels de santé. Tant qu’on n’aura pas un cadre qui permettra aux uns et aux autres de confronter leurs idées et de se convaincre mutuellement, on aura toujours ces prises de position divergentes. Faute de quoi, on ne pourra pas empêcher quelqu’un d’aller au nom de la liberté — je ne sais pas si cette liberté est accompagnée de responsabilité ou non —, dire ce qu’il pense. C’est parce que cette personne peut être un médecin ou un agent de santé mais n’est pas spécialiste du domaine dans lequel elle s’exprime et n’a même pas fait l’effort d’aller chercher l’information et de comprendre ce qui se passe.
Hélas, la population ne va pas la voir comme un citoyen lambda mais elle dira que c’est un médecin qui a prêté serment qui a dit telle ou telle autre chose. Or, Dieu sait que ce qu’a dit ce médecin ne tient peut-être pas la route du point de vue scientifique. Il faut qu’on fasse un travail dans le sens d’harmoniser les positions sans qu’il y ait une unanimité ou un complot sur le dos des Sénégalais. Pour cela, il faut un cadre qui permettrait aux acteurs de la santé de se parler et de confronter leurs arguments scientifiques » selon Dr Amadou Sow. « Hélas, on n’a pas un tel cadre jusqu’ici et les conséquences sont là. Dr Sow va sortir dans les médias dire ce qu’il pense quelques fois à tort. D’autres vont sortir ... sans compter maintenant les accusations çà et là. Sur cet aspect, je pense qu’il faut qu’il y ait une transparence par rapport à la gestion et que, s’il y a des accusations ou des informations qui peuvent être vraies ou fausses, il faut que celui qui a la responsabilité de gouverner puisse éclairer la lanterne des Sénégalais sur ces questions parce que ça déteint aussi sur la campagne ou la politique qui est en train d’être menée» ajoute notre interlocuteur. Qui demande d’aller vers une proactivité. «Il faut être très proactif ou anticiper même. Par exemple, cette communication qu’on est en train de faire sur le vaccin, depuis janvier, on avait dit qu’il fallait que le ministre donne la bonne information dans un premier temps aux médecins, aux acteurs de la santé et que ces derniers puissent à leur tour parler aux populations. On ne l’a pas fait. On a attendu six mois après pour faire une communication sur cette vaccination. Le temps était largement suffisant pour les anti-vaccins, ceux qui développent les théories « complotistes » de semer le doute dans la tête des uns et des autres. Je pense qu’il faut qu’on soit proactif, et qu’on aille retrouver ceux qui véhiculent les mauvaises informations... Est- ce que le ministère a un dispositif qui permet de communiquer via Whatsapp ou d’être instantané, pour qu’à chaque fois qu’il y a une fausse information qui circule, dans la minute qui suit où dans les heures qui suivent, on puisse rétablir la bonne information ? Je pense que c’est une seule fois que j’ai vu un communiqué qui disait que telle information qui était distillée dans les réseaux sociaux était fausse». Selon notre interlocuteur, il faudra mettre à contribution les leaders religieux, coutumiers, communautaires en leur donnant les bonnes informations pour qu’ils puissent communiquer, parler avec les populations et ne pas axer le discours sur uniquement «aller vous faire vacciner», «le vaccin est bon»... Il propose d’aller au-delà de ces discours et essayer de savoir les véritables blocages afin de les lever.
A quelques heures du démarrage de la Premier League, Sadio Mané a hâte d’entamer cette saison de la plus belle manière. Auteur d’une belle pré-saison, le joueur formé à Génération Foot souhaite continuer sur cette lancée. Sur le site du club, le numéro 10 des Reds affiche ses ambitions. Face à Norwich demain pour le compte de la 1ère journée, l’ancien joueur de Southampton espère être décisif pour lancer sa campagne cette saison.
La Premier League reprend ses droits ce week-end et Liverpool accueille Norwich à Anfield. Une belle opportunité pour Sadio Mané de lancer sa campagne 21-22. « Je pense que c’est une très bonne chose. C’est une coïncidence, car la saison où nous avions remporté le championnat, notre match d’ouverture était contre Norwich. Et nous avions gagné 4-1. J’espère que cette saison, ce sera la même chose. J’ai hâte de débuter la saison», a déclaré Sadio Mané sur le site de Liverpool.
Déclinant par ailleurs ses objectifs, l’international sénégalais déclare : «Nous espérons gagner ce match face à Norwich, mais aussi gagner le championnat. C’est une de nos priorités. Cette saison est un peu différente, car j’ai eu assez de vacances. Donc, j’espère que ce sera une saison passionnante pour moi et pour le club», a-t-il ajouté. Pour bien débuter la saison, Sadio Mané ne voit que les trois points à domicile. «C’est toujours important de bien commencer la saison. Nous l’attendons avec impatience. C’est sûr que ce sera différent des précédentes saisons. Mais actuellement, tout se passe bien. Espérons que ce sera excitant, mais surtout que ça soit une meilleure saison», dit-il.
Evoquant son état physique comparé à la précédente saison, le natif de Bambaly se dit prêt sur tous les plans pour attaquer cet exercice. «La présaison s’est bien passée et je pense que tout le monde est physiquement prêt. Et nous attendons la saison avec impatience. Dans les séances de course à pied, je me sens très bien. Physiquement et sûrement mentalement, tout est là», a-t-il poursuivi.
Avec le retour des supporters dans les gradins, l’international sénégalais estime que les matchs seront différents. «Comme je l’ai toujours dit, le football sans fans, je pense que ce n’est pas du football. Évidemment, l’année dernière, pour être honnête, nos fans nous ont beaucoup manqué. Je pense que cette saison va être une saison différente. Surtout que les fans sont de retour dans le stade et bien sûr, nous avons les meilleurs fans du monde», se vante l’ancien joueur de Metz. Ainsi pour lui, les supporters sont une source de motivation supplémentaire. «Je peux dire qu’ils ont joué un grand rôle dans notre succès. Donc les retrouver, c’est un autre bonus pour nous. Vous vous attendez à ce genre de choses, à aller à l’extérieur et à vous faire huer. Mais je pense surtout pour moi et mes coéquipiers, cela nous donne une motivation supplémentaire. Moi, je l’aime et je m’en fiche. Cela me donne une motivation supplémentaire et j’ai hâte», a-t-il conclu
Amadou Lamine SALL
TRAITÉ D’IMPRUDENCE D’UN EGARÉ EN TERRE DES PATOUS
D’abord s’entendre, pour une fois, sur ce qui existe et qui nous rassemble tous, sans interprétation contraire, comme Sénégalais et comme citoyens tout court, autour d’un seul but : servir le Sénégal, son peuple, l’Afrique.
PREMIÈRE SÉQUENCE : BRASSARD BLANC ET PROBLÉMATIQUE D’UN 3ÈME MANDAT AU SÉNÉGAL
1-/ ÉTAT DES LIEUX
D’abord s’entendre, pour une fois, sur ce qui existe et qui nous rassemble tous, sans interprétation contraire, comme Sénégalais et comme citoyens tout court, autour d’un seul but : servir le Sénégal, son peuple, l’Afrique.
-Notre président de la République se nomme Macky Sall. Il a été élu par le peuple sénégalais.
–Notre Assemblée nationale est de majorité présidentielle.
- Le Président s’appuie tout naturellement sur sa majorité pour appliquer sa politique de développement.
- Si cette majorité parlementaire n’existait pas, le Président négocierait une majorité avec les autres partis politiques représentés à l’Assemblée, pour faire passer ses projets et pouvoir gouverner.
- A défaut, il ne gouvernerait pas ou très peu et resterait empêtré dans de quotidiennes confrontations pour conduire la politique pour laquelle il a été élu. Cela se passe ainsi partout dans le monde quand un gouvernement n’est pas majoritaire.
- Aujourd’hui, comme Président, comme chef de parti, comme chef de la coalition majoritaire présidentielle, le Président nomme son gouvernement, travaille et gouverne.
• Ses missions et ses résultats jugés bons ou mauvais, le Président en est le seul et premier responsable élu sur un programme politique de développement.
• L’opposition, celle qui est représentée par des partis ou coalitions de partis à l’Assemblée Nationale, comme celle qui n’a pas pu y être représentée, s’oppose et fait face librement au pouvoir en place, que ce dernier le veuille ou non. C’est le tout premier principe de la démocratie. S’il n’est pas respecté, c’est la dérive qui arrive avant le dessert.
•Un consensus entre pouvoir et opposition est toujours souhaitable, toujours utile, mais pas forcément nécessaire, si l’un ou l’autre, aux extrêmes, n’en veut pas pour des raisons qui lui sont propres et pour des principes auxquels il tient. Mais les extrêmes sont à éviter. Ils constituent toujours des impasses et conduisent le plus souvent à la confrontation. Dialogue et consensus sont souhaitables entre pouvoir et opposition pour le bien du peuple dans une vie apaisée et partagée.
•Le Président gouverne avec ses moyens. L’opposition s’oppose avec ses moyens.
•Les lois et règlements en vigueur arbitrent. Il importe de les respecter pour tous. Ils doivent être justes, équitables au mieux. La démocratie doit être sauve. Si elle peut l’être. Et elle doit l’être. On sait que c’est une femme changeante, caractérielle, imparfaite, difficile à cerner. Mais elle est belle, si belle. Elle veut des maris respectueux et fidèles et non des fiancés éphémères et volages.
•L’arbitrage démocratique au travers des lois et règlements peut être jugé juste, équitable, mauvais, partial, dictatorial, même. C’est selon. Des recours peuvent ou non exister. Aboutir ou ne pas aboutir. Ce sont bien des lois qui régulent la démocratie et défendent les droits de chacun : pouvoir, opposition, citoyen libre. La démocratie, ce sont de bonnes lois appliquées équitablement à tous et acceptées par tous.
•La Constitution fixe et veille sur la durée du mandat présidentiel.
•Le Président, dans le contexte actuel, sous son entière responsabilité politique, éthique morale, devant son peuple et devant l’histoire, peut décider de se représenter si la loi prête à diverses interprétations et installe le flou. C’est son droit d’aller à la cueillette du suffrage universel si la loi l’y autorise. •Mais on sait qui donne le droit d’y aller et ce n’est pas le Président lui-même. C’est important à noter. Il ne peut décider pour lui que si le Conseil Constitutionnel lui en donne le droit. A défaut, il ne peut que capituler, abdiquer. Partir.
•C’est le Conseil Constitutionnel qui décide, le premier, en toute responsabilité, selon l’interprétation des hauts juges qui le composent, si le Président a droit d’aller ou non à la cueillette du suffrage universel. •Le Président voit alors soit sa candidature rejetée et il quitte le pouvoir, soit validée et il est éligible et participe à l’élection présidentielle.
L’opposition approuve la décision des juges du Conseil Constitutionnel et accepte le Président comme candidat ou la rejette comme illégale. Que peut-il se passer dans ce dernier cas ? Difficile à prédire !
•Si, par contre, le Président décidait librement de ne point se présenter à un 3ème mandat, alors les déçus de l’un des camps comme les satisfaits de l’autre camp, se rangeraient unanimement derrière sa décision. Par respect.
La course à la présidentielle 2024, deviendrait ainsi moins conflictuelle. Une page sera tournée. A défaut, on entrerait dans une confrontation périlleuse dont personne ne peut prévoir ce qu’en sera l’issue.
•Pour tous, avoir à l’esprit une règle importante : l’arrêt et l’arbitrage du Conseil Constitutionnel, quels qu’ils soient pour les deux camps, pouvoir comme opposition, est sans recours. Si le Président est débouté et inéligible, la messe est dite. Point final. Si le Président est éligible, la messe est dite. Point final.
•Et la réaction du peuple alors, peut-on se demander ? D’abord avouer que « le peuple », c’est une immense entité difficile à définir. Dans le peuple, il y a d’abord les exploités et les exploiteurs. Les votants et les non votants. Le terme “peuple” est vaste, infini, toujours ambigu.
•Disons plutôt ceci : les partisans du non au 3ème mandat [et combien seront- ils ?] ou ils acceptent, le cœur lourd et coléreux, sans plus, la décision du Conseil Constitutionnel si la candidature du Président est validée où ils s’en réjouissent et dansent si elle est invalidée.
•Mais comment s’opposer, comme adversaire, à un non au 3ème mandat, dès lors que ce sont les juges seuls à qui le droit et la loi donnent le pouvoir et la légitimité d’arbitrer et non à personne d’autre, même pas au peuple ? Seul l’arrêt du oui ou du non au 3ème mandat par le Conseil Constitutionnel sera légitime et conforme à la loi ! Refuser cet arbitrage, serait-ce une rébellion ou un droit ?
•Deux choix se feront face : aller aux urnes avec le Président sortant et imposer le vote citoyen ou rejeter la candidature du Président validée par le Conseil Constitutionnel et entrer en dissidence en s’opposant par la voie de la confrontation. Nul, alors, n’en connaitrait l’issue !
N’oublions jamais que celui qui arbitre en premier, ce n’est ni le Président, ni l’opposition, ni le peuple, mais les juges du Conseil Constitutionnel qui valident, seuls, les candidatures, selon leur libre arbitre. Après leur décision, ou suivra la sérénité des urnes ou la révolte, le refus, la rue.
La suite des événements deviendrait alors imprévisible. Nul ne pourrait mesurer le poids de la responsabilité et du Conseil Constitutionnel, et du président de la République, et de l’opposition, et des citoyens. La prise de responsabilité du Président, à la fois gardien de la Constitution jusqu’aux résultats finaux des votes, candidat lui-même ou non candidat, resterait décisive.
Rappelons-nous que si la problématique du 3ème mandat est déjà posée, c’est que le débat a été soulevé par l’opposition qui soupçonne le Président de vouloir se porter candidat à un 3ème mandat auquel il n’a pas droit. Ensuite, librement, le Président a choisi de ne plus revenir sur le débat. Ce qui gêne l’opposition.
Le débat a t-il lieu d’être ou non, aujourd’hui, avant 2024, date de l’élection présidentielle ? A chacun ses arguments, son camp !
•Le Président, tout en ayant déjà affirmé par le passé, qu’il ne briguerait pas un 3ème mandat, a refusé de revenir sur le débat pour confirmer ou infirmer son engagement. La raison invoquée est simple et connue : travaillons en lieu et place d’inutiles parlottes et attendons le moment des candidatures en 2024 pour clore cette inutile polémique qui nous éloigne de l’essentiel. Le Président, en résumé, dit à peu près ceci : « Je renonce à ne plus me prononcer pour ne pas démobiliser mon camp, mon gouvernement et mon peuple. C’est le temps du travail, des urgences et des défis. Concentrons-nous sur cela qui est essentiel. » Certains lui donnent raison. D’autres, tort. A chacun son camp.
•La peur comme la polémique d’un 3ème mandat ont été causées par la rédaction de certains articles de la Constitution qui prêteraient à confusion pour certains et qui paraissent très clairs pour d’autres. Par ailleurs, l’argument retenu par le camp présidentiel, pour ceux qui jugent la candidature du Président recevable, est que le 1er mandat de 07 ans échapperait à la règle des deux mandats de cinq ans non renouvelables inscrits dans la Constitution.
En d’autres termes, ayant effectué un seul mandat de 05 ans, il lui resterait un autre de même durée, pour que le décompte soit le bon. Ce qui voudrait dire que le 1er mandat d’une durée de 07 ne serait pas décompté. Situation simple ou ambigüe ? Le camp de l’opposition est tout contre et hurle à la manipulation, au forcing et à l’illégalité. Le camp présidentiel, serein, en sourit.
•Le Président est seul devant sa conscience. L’opposition est seule devant sa mission. Le Conseil Constitutionnel est seul face à son arbitrage. Le peuple est seul devant ce qu’il fera de l’histoire de la démocratie sénégalaise.
Selon le camp de chacun, voila un jour prochain ce qui pourrait être dit, en résumé, de part et d’autre, à l’adresse du président de la République, face à ce débat trop tôt ou trop tard entamé du 3ème mandat, après que soit enfin rendu et publié l’arrêt tant attendu du Conseil Constitutionnel validant la liste les heureux élus à la candidature pour 2024 : les uns lui diront devant cet arrêt: «Désireux de vous voir être candidat, j’ai gagné. »D’autres lui diront devant cet arrêt : « Désireux de vous voir quitter vos fonctions, j’ai gagné. »
D’autres encore lui diront, enfin : « Désireux de vous croire, Monsieur le Président, nous avons fini par ne plus croire à rien. » En plus simple: : il y a ceux qui veulent que Macky Sall postule à un 3ème mandat, aidé en cela par une Constitution qui pourrait lui donner ses chances pour une 3ème possible candidature d’abord, pour une 3ème magistrature, s’il gagnait, ensuite. Il y a ceux qui veulent que Macky Sall quitte ses fonctions dans le cadre strict des deux mandats prescrits par la Constitution, au nom de l’alternance démocratique. Sans tenter le diable.
Voilà les faits et rien que les faits, sans sucre ni sel ajouté ! A chaque Sénégalaise, chaque Sénégalais, de prendre ses responsabilités, mais en ayant en tête que tous ensemble, nous devons veiller et à la grandeur et au rang de notre si cher pays. Que la démocratie a un prix. La grandeur aussi. La décadence également.
Maître Boucounta Diallo, pour le citer, nous dit, s’exprimant sur le 3ème mandat au Sénégal, qu’il faut convoquer l’histoire et surtout l’esprit de la loi, pour comprendre pourquoi un 3ème mandat ne peut plus être admis avec ces martyrs de l’ancien régime libéral qui se sont sacrifiés pour le respect de la Constitution et de la démocratie. L’avocat international ajoute une citation d’emprunt : «Il faut toujours toucher la Constitution avec une main qui tremble ». Clair, limpide et sans détour !
A chaque citoyen, ainsi, de dire librement ce qu’il pense et ce à quoi il croit. C’est là le début du respect de toute liberté individuelle et de toute démocratie naissante. Macky Sall n’aurait aucun intérêt à mettre ce pays en péril. L’opposition, également. Le peuple, moins encore. Mais que cela veut-il dire ? A chacun sa réponse ! En un mot, ce que nous souhaitons, ce sont des consensus forts. Chacun doit mettre ses démons encage.
Seul ce qui se racontera de beau et de digne demain, doit nous réunir. Dans chaque mauvais livre, disait le célèbre écrivain Borges, il y a sûrement une belle page à retenir ! Allons alors tous trouver cette belle page pour un consensus utile et nécessaire ! Qu’on le veuille ou non, le Président a beaucoup bâti. A lui de laisser ce qu’il a bâti de grand, devenir un patrimoine aimé et respecté demain, par ceux qui viendront après lui. Il est impossible de décréter que Macky Sall n’a rien bâti. Ce ne serait pas faire justice à la réalité !
L’ambassadeur de Tombouctou me rétorque : « Bien ! Mais ce qu’il a bâti n’a aucun rapport avec la problématique du 3ème mandat!» Je poursuis : ceux qui veulent le garder au pouvoir ont raison au nom d’un idéal de vie qui est le leur et qui est celui-ci : l’amour sera toujours plus fort que la loi. Camus l’avait déjà dit et écrit: «Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère».Quoi de plus naturel ! Alors comprenons ceux qui aiment leur Président et sont attachés à lui. Ils auraient voulu le garder, presque à vie. Ceux-là pensent très peu aux textes et aux lois qui régissent notre vie politique et sociale en commun. Là est leur péché. Ils sont enfermés dans leurs sentiments, leur moi-moi, leur aise.
Alors seule la raison finit toujours par remettre de l’ordre, guérir le trop d’amour, freiner l’irrationnel et l’irraisonnable. Cela peut prendre du temps. Comme dans la mort d’une personne chère quand le poids de la douleur et de l’absence pèse, Dieu vient toujours avec le temps apaiser, atténuer les peines, sécher les larmes, installer la foi pour vaincre l’inacceptable. Nous voulons tous garder les êtres que nous aimons. Mais la vie en décide toujours autrement. Que nous le voulions ou non.
2ÈME SÉQUENCE : BRASSARD BLANC ET PROBLÉMATIQUE D’UN 3ÈME MANDAT AU SÉNÉGAL
Le comprendre seulement ainsi pour ceux qui veulent garder leur Président, nous facilite à tous la vie et surtout la cohabitation. N’éprouver ni haine ni colère contre ceux-là qui vous semblent venir d’un autre monde. Tout le monde sait que la réalité est toute autre. Que la politique a ses règles même si on les vrille souvent pour son propre intérêt. Des dictatures se sont souvent ainsi installées et pas seulement en Afrique. Un État n’est pas « un ours qui danse ». Il a son implacable réalité. Il ne connaît pas l’amour, au sens propre du sentiment aveugle d’attachement, mais nous enseigne plutôt l’honneur et la justice, le respect des institutions si ces dernières se respectent, d’abord, elles-mêmes. Un État ne porte pas de cœur, car le cœur est faible, porteur de sentiments, donc de partialité. Pour les lois, comme pour les juges, le sentiment est interdit, banni. C’est la roche dure qui prévaut. Macky Sall nous quittera un jour. Comme Sédar, Diouf, Wade. Telle est la loi de la politique et de la démocratie.
Ceux qui l’aiment et le chérissent - et c’est leur droit - le garderont dans leur cœur et mieux encore ceux qui, par le verbe et l’écriture, perpétueront son nom et son œuvre à travers les âges. Ce sont ceux-là les sentinelles qui nourrissent les mémoires, gardent le feu, bâtissent les statues et y veillent. On ne les choisit pas, ceux-là. C’est eux qui vous choisissent. Sortir du temps de l’actualité de son peuple et du monde, ne signifie pas forcément mourir. S’éteindre. Un palais n’est pas un titre foncier pour particulier. Alors, il faut savoir se préparer et préparer son escorte de demain sans motards clinquants et sans gyrophares. Savoir apprendre et comprendre que c’est en étant fort que l’on prépare son départ, cisèle et polit sa légende. Savoir également que c’est souvent contre sa propre majorité que l’on bâtit ce qui sera durable et chanté dans le temps.
Le vrai Palais, c’est la tombe. Mais c’est un Palais que personne ne vous construit A chacun de faire de sa tombe un Palais ou un misérable et pénible taudis sans eau ni lumière. Savoir que l’on ne vit pas éternellement comme l’on ne peut gouverner éternellement. Par contre, savoir que l’on peut rester éternellement dans le cœur et la mémoire des hommes. Il s’agit de jouer sa partition de la meilleure des manières et quitter la table avec honneur et dignité. J’aime le Sénégal. Mais je ne l’aime pas plus que d’autres compatriotes. Alors, ensemble, pouvoir, opposition, citoyens libres, construisons le, protégeons-le, préservons-le. Parlons-nous sans préjugés, sans bave. Parlons-nous sans lever la voix mais l’honneur, la mesure, la responsabilité, la générosité. D’aucuns s’amusent à dire que le pouvoir rend fou. Ceux qu’il rend fou en guérissent très vite, au réveil de leur premier matin quand aucun téléphone ne sonne, aucune signature à apposer sur nul parapheur. Silence et solitude. Et ce jour arrivera, qu’on le veuille ou non. C’est un arrêt sans recours. Alors, abordons-le dans la sérénité, la paix en soi, la foi en Dieu, en nous élevant. Senghor me confiait ceci : « Tu entends le chant des oiseaux ? Pourtant, ils chantaient dans les arbres du Palais, mais je ne les entendais pas. La vie revient. Que le Seigneur soit loué. »
C’était un poète qui avait hâte de quitter les lambris dorés, les tapis rouges interminables, les vrais comme les faux sourires interminables, les acquiescements interminables, les toujours et toujours «Oui, Monsieur le Président! Oui, Monsieur le Président ! », la table toujours mise, les gardes au salut, les généraux au képi bas, les soldats figés, trompettes et tambours sonnant, battant, le drapeau hissé haut. Voilà ce que le suffrage du peuple donne, d’où le respect et la gratitude qu’on lui doit, en retour. C’est le peuple qui sacre avec l’assentiment de Dieu. Il n’existe, en vérité, rien de plus solitaire qu’un Chef d’État, rien de plus fragile en vérité, quand on sait voir au-delà des apparences et du vernis. Si les missions et les charges ont été souvent inhumaines pour les prophètes, que dire de ceux qui ont été envoyés par des hommes comme eux ?
Si Dieu, la pauvreté et la douleur des miséreux, le chant du muezzin, la cloche de l’église, le regard attendri d’un enfant, le spectacle de la longue et lourde foule quotidienne des banlieusards ruant vers Dakar dans des cars pourris pour venir vendre qui un peigne, qui un savon, le paysan en pagne autour des reins dans son champ de labour le soleil haut, le cheval haletant, le mendiant aveugle ou amputé collé aux feux rouges sous 40 degrés, si toutes ces conditions humaines sont présentes en vous, comme homme de pouvoir, chaque matin, vous comprenez alors combien votre rang de privilégié relève du choix divin, et combien il ne vous a été que prêté !
C’est humain et je le confesse : mon temps de vie avec Senghor, en post pouvoir politique, me manque. Cet homme qui, enfin libéré de ses inhumaines charges d’État, m’a donné de dormir avec lui, travailler avec lui, voyager avec lui à travers le monde, pleurer avec lui à la mort tragique de son fils. A d’autres, sans doute, manque le temps d’Abdou Diouf, d’Abdoulaye Wade.
Le temps de Macky Sall manquera lui aussi forcément à ses amis, ses collaborateurs, ses contemporains qui ont travaillé avec lui, l’on suivi, aimé et protégé. Quoiqu’il advienne. Cela s’appelle la fidélité. Elle existe mais elle ne rend pas forcément riche financièrement, bien au contraire. La fidélité existe pour ceux qui ne le savent pas ou qui l’oublient très vite en se hâtant de changer de prairie. La politique en est un horrible et épouvantable théâtre. J’avoue ici, sans aucun mal, aucune hésitation, faire partie de ceux qui portent au Président Macky Sall une attachante affection. Je ne lui rends que ce qu’il m’a donné : son respect, son attention constante. C’est ainsi que va ma conception de la vie : remercier ceux qui vous aiment et vous considèrent, sans y être obligés. Savoir rendre le respect. Le respect désarme. Celui qui ne sait pas rendre le respect qui lui a été donné, est un vulgaire et misérable palefrenier. Aucun respect n’est dû. On le mérite en le rendant à l’autre. Il faut savoir aimer et grandir ceux qui vous aiment. Quoique cela vous coûte, même si c’est un président de la République à qui on n’oublie pas de montrer le chemin de l’histoire ! Par devoir ! Je sollicite ici, comme premier Sénégalais, une audience avec le Président Macky Sall, lorsqu’il aura un jour quitté le pouvoir. Les Présidents sortants ont dans l’œil une lumière humble qui mûrit le cœur et forge l’esprit. Il faut aller la toucher. Et puis j’ai un… panda à lui offrir… en plus d’une photo dédicacée de Mohandas Karamchand Gandhi pou lui… Étrange et surréaliste ? Oui, tout est « sens sous le signe » et… il arrive que la vérité se trompe !
La vie et le destin ont voulu que ce soit en rencontrant très jeune Senghor, que je me sois mis à l’aimer. Pas avant. J’ai été fonctionnaire sous Abdou Diouf et servi sous Jean Collin, légendaire ministre de l’Intérieur. Un soir, tard dans mon bureau, voyant de la lumière, il est entré. Surpris, il m’avait demandé ce que je faisais encore là à cette heure si tardive. J’achevais d’écrire mon second livre de poésie « Comme un iceberg en flammes », après « Mante des aurores ».
Le Président Diouf a aimé et couvé le jeune poète que j’étais, avant de découvrir à la fin de ses 20 années de pouvoir que j’étais le fils de celui qui avait été son chauffeur comme Gouverneur de Région, à Kaolack. Il en était si ému et bouleversé ! Abdoulaye Wade est arrivé. Le projet du Mémorial de Gorée nous a opposés pendant ses 12 années de pouvoir haletant. Pourtant, j’étais toujours bouleversé par l’affection et le respect qu’il me portait. Il m’invitait dans ses visites officielles à l’étranger. Il m’appelait « mon poète préféré ». Il me l’a même écrit. Il fut pour moi un homme double, complexe et ambigu mais au cœur inégalable. Il fut le dernier des mohicans. Un homme de culture, de lettres et d’art surprenant et émerveillant. Wade, c’était Abdoulaye ! Je n’ai pas choisi d’avoir été là, avec les quatre Chefs d’État de notre jeune et belle nation. Dieu en a décidé ainsi.
Chaque Président construit sa propre légende. Libre à chacun de l’applaudir, de la huer, de la détricoter ! Extrême pour extrême, de nos jours, on entend du tout dans ce pays transformé en camp de guerre opposé. Le Sénégal n’est pas, tout de même, Buchenwald ! Revenons à la raison ! « Macky Sall n’est tout de même pas Hitler et l’opposition un peuple de juifs à traquer ! » Dire que l’Ambassadeur de Tombouctou m’a rapporté avoir entendu une telle répartie qui n’aurait jamais dû exister, même si elle va dans le sens d’une défense d’un Président qui gouverne, donc si exposé ! Est-ce à dire que notre espace démocratique a attrapé la pire des « Covid » ?
L’Ambassadeur de Tombouctou assène : « Le vrai et le pire des virus : l’homme politique lui-même. » Nous savons que tout est possible en politique, car nous ne peignons pas des anges. Nous ne les voyons pas. Il n’y a pas d’ange. Que ceux qui les voient, les peignent alors ! Le Sénégal vaincra pourtant ses démons. Ce pays est plus fort que ceux qui s’amusent à lui faire peur. La seule mission qui vaille est le consensus dans le respect de chacun et la sauvegarde d’une démocratie non faussement chantée mais pratiquée, appliquée, reconnue, honorée, juste, équitable. La démocratie est mesurable. Le bon sens y suffit.
La réalité du terrain politique au quotidien en est un vivier expérimental de tous les jours. Personne ne peut tromper personne. Pas besoin d’agrégés en droit pour nous démontrer si elle marche ou claudique. La seule faiblesse de la démocratie, c’est qu’elle doit obéir à des lois et règlements que le pouvoir et ses administrés, le plus souvent, utilisent en leur seule faveur, dit-on. On ne sait alors où aller chercher le juste arbitrage et s’il arrive qu’on le trouve, il est déjà trop tard. « Nous en avons une bonne pesée en jurisprudence », me fait remarquer l’Ambassadeur de Tombouctou ! Mais c’est la politique et les rapports de pouvoirs qui conduisent à ce constat malheureux en démocratie.
L’Afrique, l’Asie, certains pays de l’Europe de l’est et de l’Amérique latine, en sont les plus cruels des théâtres. La haine, le chienlit, le mensonge, la duplicité, la corruption, la médiocrité, la désintégration, ne triompheront pas durablement au Sénégal. Quelque chose qui nous dépasse, veille. La raison finit toujours par coudre ensemble les pagnes de tisserands différents. Tant pis pour ceux qui disent ne pas y croire ou qui œuvrent à contre courant ! 2024, c’est déjà demain. Et le jour se lèvera de nouveau comme il se lève tous les jours dans ce pays souvent désespéré mais jamais désespérant. Personne n’empêchera le jour de se lever ! Tous, nous partirons un jour. Nous ne sommes que des passagers en transit dans le hall d’un immense et interminable aéroport. Seul le Sénégal demeurera. Mais chacun doit jouer son rôle, poser sa pierre. Aucune n’est petite. Nous sommes tous « président de la République », c’est à dire également responsable du devenir de notre pays, de sa jeunesse : nos enfants à tous. Chaque famille est une République. Nous devons la consolider et la nourrir des meilleures des valeurs pour nos héritiers. Au président de la République, nous demandons de s’installer dans l’histoire. A l’opposition que nous saluons avec respect et dont nous mesurons les difficultés de la tâche, nous demandons d’être exigeante mais surtout responsable. Celles et ceux qui aspirent à être investis demain par le peuple sénégalais comme passager de 1ère classe, doivent en être dignes. L’opposant d’aujourd’hui devenu demain le 1er magistrat du pays, aura quitté la salle pour monter sur la scène et jouer sa partition. La salle n’est pas la scène. La cible, en vérité, n’est pas Macky Sall. Il fait et accomplit son job d’élu. Qu’on le veuille ou non. Qu’on le juge ou non. Il n’est comptable que devant son peuple.
La vraie cible, c’est le peuple sénégalais dont on va conquérir le cœur et le suffrage. La défaite d’un président de la République, c’est d’abord l’échec du peuple qui l’a élu. On peut aller aux élections, se battre, vaincre sans avoir forcément besoin de nommer une seule fois Macky Sall. Ce n’est pas lui qui va vous conduire au Palais - ce n’est ni son rôle ni sa mission - mais le peuple sénégalais seul. Vu sous cet angle, la politique pourrait être plus simple. Que chacun s’adresse au peuple et laisse l’autre en paix, à défaut d’être du même camp. Ce n’est pas parce que l’on veut mettre à nu l’autre, que l’on sauvera sa propre nudité demain. Le pouvoir nous garde toujours des surprises et au président de la République le premier. La politique doit porter un nouveau visage : celui du respect de l’adversaire, de la mesure, de la grandeur. Agissez, parlez donc, proposez, aller convaincre les électeurs. Ce sont eux votre cible. Ce sont eux les décideurs et personne d’autre. Et l’Ambassadeur de Tombouctou d’ajouter, railleur et provocant : « Et si par un référendum, il était possible que le peuple demande le droit de rajouter ou non un « bougna » à un Président qui a bien travaillé et qui aurait mérité ce rajout d’un seul et unique mandat en rabiot ? Notre Constitution ne serait-elle pas alors la plus originale au monde ? » Surpris, je m’étranglais de rire ! Pourtant… et pour quoi pas ? Pour quoi pas ? Mettons cette proposition dans le panier ! Sérieux ?
L’Ambassadeur poursuit, inspiré : « La démocratie vient de très loin. Elle était conçue sous d’autres formes en Afrique. Songez aux rois, aux Damels, puis vinrent les partis uniques, puis les coups d’État, les changements de Constitution endémiques pour se maintenir au pouvoir, puis arrivèrent les alternances réussies ou sabotées. Pour dire que notre démocratie ne doit pas être forcément celle de l’Occident. Que la notion de liberté peut ne pas être la même partout, sans choquer. L’Afrique et ses intellectuels se définissent souvent par rapport aux normes occidentales. Les cultures et les civilisations ne sont pas les mêmes. Les valeurs ne sont pas les mêmes. Ce qui fonde nos richesses respectives. Il s’agit d’être nous-mêmes sans nous couper du monde, c’est à dire respectueux du monde, en restant humain et digne de l’humain.»
Amadou Lamine Sall
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
PASTEF DAKAR PASSE A L’ACTION
Abass Fall, Maïmouna Dièye et leurs camarades menacent de passer à l’acte en bloquant certaines commissions où ils soupçonnent des pratiques douteuses.
La coordination du Pastef /Dakar est favorable à l’appel de son chef de file, Ousmane Sonko qui, la semaine dernière, a invité les jeunes à bloquer les commissions d’inscriptions s’ils n’obtiennent leurs cartes d’identité biométriques à date échue. Ainsi, Abass Fall, Maïmouna Dièye et leurs camarades menacent de passer à l’acte en bloquant certaines commissions où ils soupçonnent des pratiques douteuses.
Une manœuvre du pouvoir pour empêcher de nombreux jeunes de voter. C’est ainsi que le Pastef de Ousmane Sonko et une partie de l’opposition considèrent le fait d’exiger au citoyen la carte d’identité biométrique pour s’inscrire sur les listes électorales. Et cela, dans un délai de 45 jours qu’ils jugent court.
En conférence de presse hier, le responsable de la coordination de Pastef /Dakar, Abass Fall, qui s’est penché sur «les manœuvres antidémocratiques des maires de la mouvance présidentielle», se demande « de quoi a peur Macky Sall pour mettre en place toutes ces barrières ?». Et la réponse coule de source, de l’avis de Abass Fall. «Macky Sall sait que les jeunes n’attendent que leurs pièces d’identité pour voter contre lui. Quelle que soit la situation, les choses se passeront ainsi, parce que nous allons l’obliger à donner à ces jeunes leurs cartes d’identité. Nous allons prendre des mesures fortes contre ces comportements. Nous n’allons plus accepter que Macky Sall continue de faire tout ce qui lui chante sur le fichier électoral», a martelé le patron des patriotes de Dakar qui avait à ses côtés la responsable des femmes de Pastef, Maimouna Dièye et le maire de Mermoz, Barthélémy Dias.
Ainsi, il annonce que les jeunes «Patriotes» siégeant dans les commissions ont été instruits pour empêcher les gens qui n’habitent dans leurs quartiers de s’inscrire. Il leur a été demandé de signaler à la police les gens qu’ils surprendront en train de s’adonner à des pratiques douteuses. «Un droit, ça s’arrache, mais ne se négocie pas. Nous allons préparer tous ceux qui veulent obtenir leurs pièces d’identité. On va se rendre dans certaines mairies où on demande à des gens de présenter une facture payée à leur nom pour obtenir leurs certificats de domicile ou de résidence. Si la mairie refuse de nous délivrer ces documents, elle ne va pas travailler ce jour », avertit Abass Fall. Sur le pied de guerre, il ajoute que le processus électoral n’appartient à personne. «Au niveau de toutes les commissions administratives, si vous soupçonnez des certificats de résidence louches, bloquez la commission. Que personne ne travaille ce jour-là ! Si vous devez faire plus, faites-le. Nous allons faire le tour des mairies, des commissariats de police et des commissions ; si nous soupçonnons des pratiques louches, nous allons nous-mêmes bloquer le processus. C’est parce qu’il n’a jamais gagné Dakar que Macky Sall est en train de faire toutes ces manœuvres. Mais, c’est peine perdue. Il ne gagnera jamais Dakar».
PASTEF DENONCE DES PRATIQUES DOUTEUSES DES MAIRES DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE
Selon les responsables de Pastef /Dakar, certains maires de la majorité présidentielle, conscients qu’ils ont perdu d’avance, sont en train d’outrepasser la loi en imposant leurs règles aux populations. Et Abass Fall de citer le cas du maire de Plateau, Alioune Ndoye. «Je n’ai jamais vu un ministre de la République descendre aussi bas. Pour des questions de privilèges et d’autorité, le maire du Plateau, Alioune Ndoye, au lieu d’aller développer le secteur de la pêche qu’il gère, a préféré rester à la commune pour signer des certificats de résidence.
Pour couronner le tout, il a interdit aux agents de la mairie de délivrer les certificats de résidence. C’est lui qui signe et délivre les certificats de résidence aux personnes qu’ils veulent, lui et ses collaborateurs», fulminent les partisans de Ousmane de Sonko. Aux Parcelles Assainies, poursuivent-il, c’est la même situation qui prévaut.
A en croire Abass Fall, le maire Moussa Sy refuse de délivrer les certificats de résidence sans une facture au nom du demandeur. «A la commune de Fann-Point E-Amitié, nous avons des preuves patentes de fraudes de transfert d’électeurs. De connivence avec le chef de quartier, ils sont en train de délivrer des certificats de domicile sur des maisons inhabitées ou rasées à des gens qui sont d’autres localités, pour leur permettre de s’inscrire sur le fichier électoral», renseigne le leader de Pastef de Dakar.
POUR OBTENIR LE RECEPISSE DES FDS / GUELEWAARS
Dr Babacar Diop décroche la médiation d’Alioune Tine
Le leader des Forces démocratiques du Sénégal (FDS/les Guelewaars), Dr Babacar Diop a rencontré hier Alioune Tine au siège de Afrika Jom Center. Ce dernier s’est engagé à assurer une médiation pour que le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diom, délivre aux Fds les Guelewaars leur récépissé.
A côté du combat juridique, le président des Forces démocratiques du Sénégal (FDS/les Guelewaars), Dr Babacar Diop, a emprunté la voie diplomatique afin de pousser le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome à lui délivrer le récépissé de son parti.
Pour justifier son refus, le premier flic du pays soutient que le terme «Guelewaar» renvoie à l’ethnie sérère, ce qui ne serait pas conforme avec la loi. Un argument botté en touche par Dr Babacar Diop qui estime que «Guelewaar» est d’origine malinké et signifie de vaillants guerriers. Et par la suite, souligne le leader de Fds, «l’appellation s’est par la suite propagée chez les Sérères, les Wolofs voire les Pulaars».
D’ailleurs, Monsieur Diop indique que l’idéologie «Guelewaar», c’est-à-dire le refus de l’injustice, de l’oppression et de la soumission est incarnée par le personnage principal du film éponyme d’Ousmane Sembène. «C’est de là que vient la source de l’inspiration de Fds qui prône les mêmes valeurs. Guelewaar est un héros engagé dans la construction d’une patrie nouvelle. Une patrie fondée sur la justice, la liberté, la lutte contre l’insoumission, le refus de tendre la main.
C’est Guelewaar que nous célébrons», souligne M. Diop qui entend se battre sur le plan judiciaire pour obtenir gain de cause. Et d’ajouter droit dans ses bottes : «Nous aurons notre récépissé (…) Antoine Diome lui-même sait que nous aurons notre récépissé. Nos avocats ont déjà commencé la bataille judiciaire en déposant devant la chambre administrative de la Cour Suprême un recours pour excès de pouvoir».
Toujours est-il que Dr Babacar Diop n’exclut pas la voie diplomatique que propose Alioune Tine qui a décidé de mener une médiation pour arrondir les angles et lui permettre de recevoir le récépissé estampillé «Guelewaar». «Nous allons voir le ministre de l’Intérieur pour lui dire : le Guelewaar représentant une classe noble, c’est totalement archaïque. Maintenant, ce qui reste, ce sont les valeurs et la connotation charriée par le mot : l’honneur, la dignité, le courage, l’intégrité morale, l’estime de soi», explique Alioune Tine.
AIR SÉNÉGAL SUR UNE MAUVAISE PENTE
Fierté de plusieurs voyageurs sénégalais, la compagnie nationale n’en finit pas de fâcher certains de ses clients, à cause d'innombrables retards et des défauts de qualité du service. Sur les réseaux sociaux et au sein de l'opinion, la grogne se multiplie
Objet de beaucoup de passion, Air Sénégal se trouve, à nouveau, depuis quelques jours, au centre de nombreuses polémiques. Au menu des discussions, il y a surtout les retards significatifs sur les vols de la compagnie nationale. Dernièrement, un post du président d’Afrikajom Center, Alioune Tine, avait relancé le débat autour du pavillon national.
Alors qu’il était en partance pour Bamako, l’ancien président de la Rencontre africaine de défense des Droits de l’homme (Raddho) a dû attendre plusieurs heures, avant de voir son vol. Ce qui l’avait poussé à faire un post sur Twitter pour alerter.
Joint par téléphone, il revient sur ce qu’il considère comme un épisode malheureux. ‘’C’était un grand retard. Le départ était prévu à 15 h 45 mn, mais on n’a pu quitter qu’après minuit. Et on n’a été informé du report qu’à l’aéroport’’. Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter : ‘’Au retour, le 5 août, il y avait une nette amélioration. Mais on a tout de même eu un retard de 30 minutes. Je dois aussi dire qu’à l’aller, suite au post que j’avais fait, il parait que le directeur général avait fait une sortie pour s’en excuser.’’
Selon beaucoup de témoignages, ce problème est devenu très récurrent dans les vols de la compagnie nationale. A en croire certaines sources, c’est surtout dû à un déficit de personnels qualifiés. ‘’Au lieu de mettre l’accent sur les compétences et le mérite, les gens s’appuient sur des critères subjectifs pour recruter les personnels, pour promouvoir certains agents, au détriment des plus méritants. Il y a un vrai problème au niveau du fonctionnement de la compagnie et c’est vraiment très dommage, parce qu’elle était très bien partie’’, rapporte ce professionnel de l’aviation. Notre interlocuteur de donner l’exemple des PNC (personnels navigant de cabine) qui, selon lui, ont un rôle très important à jouer en matière de sureté et de sécurité.
‘’Aujourd’hui, fulmine-t-il, non seulement il n’y en a pas suffisamment - il suffit qu’une personne soit empêchée pour que la compagnie ait des difficultés - mais aussi, il y a un sérieux problème de management de ces agents disponibles’’. Pendant ce temps, regrette notre interlocuteur, des gens formés à bonne école et qui ont de l’expérience sont laissés en rade.
Pour d’autres, ce qui fait le plus mal, c’est la gestion des retards. ‘’Très souvent, la compagnie ne prend pas les devants pour informer les passagers. C’est ce qui exaspère le plus les clients. Il faut vraiment revoir le service’’, soutient ce travailleur à l’aéroport.
Sur les plateformes d’échanges réunissant les passionnés de l’aéronautique, certains trouvent les accusations et autres critiques très sévères. Pour les uns, toutes les compagnies connaissent des retards. Surtout en ces temps de pandémie, avec tous les protocoles à respecter. Malgré nos tentatives de recueillir leur version des faits, les responsables ont préféré s’emmurer dans le silence.
Il faut le souligner, ces couacs tranchent d’avec les ambitions XXXL affichées par la compagnie depuis son lancement, il y a quelques années. Pourtant, le plus difficile semble avoir été fait, car le pavillon national a pu bénéficier d’un bon capital sympathie auprès des voyageurs sénégalais.
Pour beaucoup, ces difficultés devraient être gérées au plus vite, avant que les clients ne boudent la compagnie nationale. Ce qui pourrait la précipiter vers le même sort que ses prédécesseurs, malgré les efforts colossaux du gouvernement.
Dans la foulée, certains de nos interlocuteurs ont tenu à signaler que les problèmes de retard ne concernent pas qu’Air Sénégal. L’aéroport aussi en souffre. ‘’Certains voyageurs peuvent attendre jusqu’à une ou deux heures pour avoir leurs bagages. C’est trop. En temps normal, c’est juste une trentaine de minutes ou moins, en tout cas’’, confie un agent. Pour lui, c’est de la responsabilité de la société d’assistance. Il justifie : ‘’Lors de la pandémie, il y avait des licenciements, à cause de la baisse du trafic. Aujourd’hui, lorsqu’une grande compagnie arrive la nuit, il y a problème.’’