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20 juin 2025
LES LOCALES DÉJÀ PIÉGÉES PAR LE CONTENTIEUX POLITIQUE
L’opposition soupçonne le pouvoir de manœuvrer en procédant à des transferts d’électeurs vers des centres d’inscription qui lui sont favorables et surtout de vouloir tenter de barrer l’inscription massive des primo-votants
La question de l’inscription des primovotants sur les listes électorales crée déjà une vive polémique. Les acteurs politiques s’entre-déchirent à son propos. L’opposition soupçonne le pouvoir de manœuvrer en procédant à des transferts d’électeurs vers des centres d’inscription qui lui sont favorables et surtout de vouloir tenter de barrer l’inscription massive des primo-votants. A l’en croire, le pouvoir tente par tous les moyens de frauder lors des prochaines locales. Du côté de la majorité, on nie ces accusations et on accuse l’opposition d’impréparation. Une chose est sûre : les germes d’un énième contentieux électoral sont semés. On croyait être sorti de l’auberge mais force est de constater que les contentieux électoraux qui pourrissent la vie politique nationale depuis des décennies sont comme le phénix, cet oiseau fabuleux de la mythologie : ils renaissent de leurs cendres.
D’après l’analyste Mamadou Sy Albert, le transfert des électeurs est devenu récurrent dans notre pays. « A chaque fois qu’il y a des élections, il y a des acteurs qui s’amusent à collectionner des électeurs et à les transporter dans des territoires. Ces électeurs, soit ils sont nés là où on les transfère, soit ils revendiquent leur appartenance à ces territoires où on les déverse. Ceci constitue un problème très sérieux dans l’organisation des élections. C’est une forme de bourrage des urnes en réalité. Lorsque vous déplacez 50 à 100 personnes, vous faussez le calcul électoral. C’est une source de tension », analyse le politologue.
MAMADOU SY ALBERT : « Nous avons un très sérieux problème de démocratie dans le processus électoral »
L’enjeu pour les partis politiques, du pouvoir comme de l’opposition, selon Mamadou Sy Albert, se trouve, pour les prochaines locales, dans les nouveaux votants. Car, aucun des acteurs ne connaît le nombre exact de ceux-là. C’est ce qui explique la bataille politique qui est en train de naitre entre les deux parties pour rafler cette catégorie d’électeurs. Comment faire pour mobiliser ces nouveaux votants, les comptabiliser dans le fichier électoral et les inciter à voter pour soi ? « C’est la source de cette tension entre les acteurs politiques autour de ces nouveaux électeurs. Chacun veut savoir exactement le nombre de ces futurs électeurs. Comment ils (Ndlr : les primo-votants) sont répartis sur le plan territorial. Donc, il y a cette bataille d’accès à l’information. Il y a aussi les maires qui ne jouent pas le jeu. Quelqu’un qui a 18 ans et qui a été à l’école, ou qui n’y a pas été, il vit dans un quartier pendant 18 ans. Cette personne-là, normalement, son accès à la carte d’identité ou au certificat de résidence devrait être automatique. Les collectivités territoriales ne sont pas outillées, le ministre de l’Intérieur ne l’est non plus. Donc, les maires se retrouvent à marchander alors que ceci est un droit civique. Le citoyen a le droit d’avoir un extrait de naissance, une carte d’identité, une carte d’électeur. Donc tout ceci, c’est pour dire que ce qui devrait être automatique devient un problème pour les maires. On note un problème très sérieux de démocratie » poursuit le politologue.
Ce qu’il faut pour avoir un consensus entre les acteurs politique !
Notre pays est réputé comme un modèle de démocratie en Afrique et c’’est évidemment valable en matière d’organisation d’élections. Les scrutins se sont toujours bien passés, les citoyens reprenant leurs activités aux lendemains des scrutins. Sans aucun souci, les citoyens vaguent à leurs préoccupations après la tenue des élections. Malgré cela, cependant, l’analyste et enseignant chercheur à l’université Cheikh Anta Diop dresse un tableau sombre sur la transparence des élections au Sénégal. Ce, encore une fois, malgré l’expérience dont le Sénégal dispose en matière d’organisation d’élections. « Albert » s’interroge sur l’incapacité du ministre de l’Intérieur à être équidistant entre les partis politiques. A l’en croire, le ministère montre qu’il est au service de la majorité. « A quelque mois des élections, les partis n’ont pas encore reçu le fichier électoral. C’est une source de conflits. Ce n’est pas seulement le parti au pouvoir qui doit disposer de ce fichier électoral. L’opposition doit pouvoir en disposer également. S’ils (ndlr : les gens de l’opposition) ne l’ont pas, ce qui se passe c’est le ministère de l’Intérieur qui crée les bureaux et aussi les centres. Donc l’opposition ne sait absolument rien du tout du processus. C’est tout ça qui fait qu’il n’y a pas une garantie de confiance entre les acteurs politiques. Mais également, il n’y a pas de respect pour le citoyen. Pour sortir de ces problèmes, il faut une démocratie totale. C’est-à-dire, à la veille des élections, mettre en place une structure indépendante et une mécanique qui réunit tous les acteurs. Si vous remplissez ces deux conditions, il peut y avoir un consensus », soutient Mamadou Sy Albert. Selon lui, que la société civile doit, au-delà de la sensibilisation, aller vers les populations pour la mise en œuvre de l’accès aux droits du citoyen et à la transparence dans les élections.
IBRAHIMA BAKHOUM : « Chaque Etat se donne des moyens d’avoir des lois qui correspondent à ce qu’il veut …. Le contentieux électoral ne date pas d’aujourd’hui »
Le journaliste Ibrahima Bakhoum, lui, trouve que le temps qui était réservé à la recherche de consensus pour la transparence des élections est dépassé. D’autant plus que, selon lui, on vient de sortir d’un dialogue qui n’a absolument pas abouti à grand chose. Si ce n’est, selon le vétéran de la presse sénégalaise, à une perte de temps. « On est sorti d’un dialogue où les problèmes importants n’ont pas été réglés. Quand on vous dit qu’il y a 100 points à discuter, le cœur de ces problèmes s’articule autour de deux, trois ou quatre questions. Les gens ont demandé, s’agissant du fichier électoral, à savoir qui est dedans, qui ne doit pas y figurer, qui est sorti, inscrit ou sur-inscrit. Des experts avancent qu’il y avait plus de 500 mille qui auraient dû être sur la liste. Ils ont été exclus du vote. Je ne sais pas comment. Ce qu’il nous reste, c’est l’élégance républicaine et l’esprit démocratique. Ça, nous ne l’avons pas encore. C’est pour vous dire que la période du consensus est dépassée. On va entrer dans une phase contentieuse. Pourvu que tout cela débouche sur la sérénité du Sénégal ! », souhaite Ibrahima Bakhoum. Rejoignant Mamadou Sy Albert, il confirme qu’il y a des contentieux électoraux au Sénégal depuis une trentaine d’années. Il rappelle qu’à la veille de la présidentielle de 2019, on a eu droit à des inscriptions régulières, à des non inscriptions, des sur-inscriptions et à des désinscriptions. « Dans chaque élection, il y a toujours ce que l’opposition suspecte le pouvoir de faire ou que le pouvoir fait effectivement. Les pouvoirs sont faits pour se battre afin de rester au pouvoir. Les oppositions sont également dans leur rôle de se battre pour accéder au pouvoir. Chacun joue son rôle. Mais le pouvoir a généralement le dernier mot, parce que la politique c’est un rapport de forces. S’il n’y a pas un rapport de forces suffisant pour infléchir l’attitude du pouvoir, même s’il y avait une confiance entre le parti et l’Etat, le parti au pouvoir utilise les moyens de l’Etat pour perpétuer son pouvoir et les élections en font partie. De la manière de s’inscrire sur les listes électorales, de même que de la manière de délivrance des cartes électeurs, chaque Etat se donne les moyens d’avoir des lois qui correspondent à ce qu’il veut. C’est la situation qu’on observe actuellement. Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à des contentieux entre partis politiques » conclut le doyen Ibrahima Bakhoum.
BACARY DOMINGO MANE : « L’opposition ne doit pas être surprise de la non transparence du fichier… Elle doit se battre pour gagner le rapport de forces avec le pouvoir »
Il incombe à l’opposition de gagner la bataille du rapport de forces d’après Bacary Domingo Mané. Ceci, même si son alerte sur la tentative du pouvoir de vouloir frauder les élections est légitime. Ce rapports de forces favorable commence par la descente sur le terrain pour la conquête des électeurs. A en croire l’ancien collaborateur de Sud quotidien, les tenants du pouvoir ont prouvé qu’ils ne sont pas des modèles de transparence s’agissant de l’organisation d’élections. La dernière présidentielle, au cours de laquelle beaucoup d’irrégularités ont été répertoriées, serait la preuve de ce qu’il avance. « Il suffit simplement de se rappeler de l’élection présidentielle de 2019 où le président sortant et son équipe avaient tout fait pour empêcher des jeunes de voter. Je fais allusion à ceux qui étaient des primo-votants à cette époque. Comme nous allons vers des Locales, le régime est en posture d’étudier d’autres actes superflus pour vraiment éviter de stopper l’hémorragie. Je pense qu’ils sont légitimes, les soupçons de l’opposition qui veut déjà alerter sur la non transparence du scrutin de janvier prochain. Depuis un certain temps, on a remarqué que les autorités font tout pour créer les conditions de leur victoire. Ce sont des gens qui ne font pas dans la transparence. Depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir, l’opposition n’a jamais eu gain de cause concernant sa vieille doléance d’une personnalité neutre chargée des élections. Les mêmes choses risquent de se reproduire pour ces Locales à venir. Le ministre de l’Intérieur étant juge et partie va créer les conditions de victoire de son camp. Ce qui est inacceptable dans une démocratie. Aujourd’hui, c’est à l’opposition de se battre pour remporter, disons, le rapport des forces pour obliger le gouvernement à choisir une personnalité neutre chargée des élections. Pour parvenir à cet objectif, il faut qu’elle se dresse sur le terrain politique. Les victoires démocratiques ont toujours été arrachées. Donc il faut que l’opposition se batte sur le terrain » préconise en conclusion Bacary Domingo Mané.
«C’EST LE CONTEXTE QUI LUI A IMPOSÉ LE CHOIX»
Bacary Domingo Mané décortique la nouvelle dynamique de communication du leader de Pastef
Selon le journaliste et analyste politique, Bacary Domingo Mané, la nouvelle dynamique de communication du leader de Pastef, Ousmane Sonko qui semble jeter son dévolu sur les points de presse en lieu et place des conférences de presse ces temps-ci n’est pas un fait anodin. Interpellé par Sud quotidien, le spécialiste de la communication politique estime que c’est le contexte de l’«affaire Adji Sarr» qui lui a imposé le choix de cette nouvelle dynamique de communication qui semble marcher au regard de l’effet que ses sorties créent chez ses détracteurs ou adversaires.
«Ousmane Sonko a pris conscience que dans l’affaire «Adji Sarr», les choses allaient dans tous les sens au point que lui-même et son parti, le Pastef, de façon subsidiaire ne maitrisait plus tout ce qui se disait autour de ce dossier. Donc, je pense que c’est la raison pour laquelle il a décidé de changer d’approche dans sa communication. Il a pris conscience qu’il est dans un espace politique où il doit faire beaucoup attention de manière à mieux maitriser ce qu’il doit dire.
Et la meilleure façon d’atteindre cet objectif de bien communiquer, c’est évidemment de passer par le point de presse qui est une brève séance d'information consacrée à un point précis sur lequel il va faire sa déclaration. Sous ce format, la presse n’aura autre choix que de consommer tout ce qu’elle va entendre sans même ruminer quoi que ce soit.
Cette dynamique obéit donc à une volonté de maitriser la communication puisque comme je l’ai déjà dit au début de mon intervention, l’expérience de l’affaire «Adji Sarr » lui a montré que la parole politique est de l’opinion. Et lorsque vous dites opinion, ça veut dire que cela est susceptible d’interprétation.
Pour réduire la volatilité de la parole politique, il va falloir prendre un certain nombre de précautions dont la maitrise de la parole à travers le choix de ce format de communication. Personnellement, je pense que c’est le contexte qui lui a imposé le choix de cette nouvelle dynamique de communication qui semble marcher puisqu’on a vu, après chacune de ses sorties, ses détracteurs ou adversaires se précipiter dans les médias pour répliquer. Maintenant, aux yeux de certains, cette nouvelle dynamique peut paraitre comme une sorte de monologue mais si on jette un regard dans les sujets évoqués lors de ces rencontres, on se rend compte que 99% de ce qu’il a dit porte sur des faits vérifiables. Cela veut dire quelque part, aux yeux de l’opinion, Ousmane Sonko n’est pas quelqu’un qui parle pour parler.
Autrement dit, sa parole a une signification, il joue en quelque sorte le rôle de journaliste d’investigation. Sous ce rapport, il n’y a pas de crainte de voir sa parole perdre de la valeur aux yeux de l’opinion puisqu’il y a harmonie entre ce qu’il représente aux yeux des Sénégalais et ce qu’il dit. La preuve, chaque fois qu’il convoque la presse, tout le monde court pour ne pas rater ce qu’il va révéler. C’est sûr que si c’était une autre personne habituée des révélations douteuses, ces sorties n’auraient pas cet engouement».
QUAND SONKO DRIBBLE LA PRESSE
Le leader de Pastef évite le jeu des questions-réponses avec les journalistes, préférant se contenter de déclarations où il déroule seul sa communication, sans contradiction ou autres questions qui fâchent
Du mois de février à celui d’août en cours, le président de Pastef Les Patriotes a effectué au total neuf (9) sorties médiatiques. Le candidat sorti 3ème à la dernière présidentielle, Ousmane Sonko, a toutefois évité le jeu des questions-réponses avec les journalistes, préférant se contenter de déclarations où il déroule seul sa communication, sans contradiction ou autres questions qui fâchent.
Cité tout au début du mois de février de l’année en cours, dans une plainte pour viol et menaces de mort avec usage d’arme, par Adji Sarr une jeune masseuse professionnelle, le leader de Pastef-Les Patriotes semble avoir adopté une nouvelle forme de communication politique.
Ousmane Sonko préfère, depuis le début de cette affaire sulfureuse où politique et mœurs ont été très proches, faire des déclarations à la presse. Une occasion pour lui de se défouler seul, durant plus d’une heure de temps, sur la «mauvaise gestion» du pays par le régime Macky Sall.
Deux fois dans le mois, le député «farouche» opposant au régime en place invite la presse pour des déclarations tonitruantes, souvent uniquement en langue nationale Wolof, sans la séance des questions réponses comme on pourrait s’y attendre, dans un format de conférence de presse. Il en est ainsi de ses sorties et de ses 9 déclarations depuis février dernier, à savoir celles du 7 et 25 février, du 2 et 8 mars, ou encore du 10 et 18 juin, sans oublier celles du 2 et 30 juillet, et enfin du 6 août dernier.
A l’occasion de ces rencontres, l’ancien Inspecteur des Impôts et domaines, radié de la fonction publique par décret présidentiel, n’a pas permis aux journalistes de placer la moindre question. Il se limite à sa déclaration. La seule fois où le leader de Pastef Les Patriotes s’est adonné au jeu des questions réponses avec un journaliste, c’était le 22 avril dernier.
Cependant, le face-à-face appelé “Grand entretien“ s’est fait sur la chaine “Jotna Media Groupe“, avec un journaliste membre du parti Pastef-Les Patriotes. Durant plus de 2 tours d’horloge, un plateau a été offert à Sonko pour critiquer le régime, s’expliquer sur certaines affaires, informer sur son programme, entre autres.
Sa page Facebook constitue par ailleurs l’un des supports communicationnels le plus utilisé avec son nouveau format communicationnel. Toutes ses sorties télévisées sont retransmises en direct sur ce réseau social, via la chaine Jotna Tv. C’est aussi sur cet espace qu’il partage ses écrits, même ceux en langue wolof (4 avril, 12 mai, 14 juillet 2021).
Quelquefois, son compte Twitter lui vient en appoint dans sa communication. Il reste aussi constant que le très «virulent» opposant au régime de Macky Sall n’a plus pris part, sur un plateau télévisé ou une radio privée de la place, à une émission politique, où il sera loisible aux journalistes de lui poser des questions sur quasiment tout. Une forme communicationnelle qui suscite moult interrogations sur le pourquoi de ce changement radical, ainsi que sur les objectifs visés par le leader de Pastef, sans oublier sur l’efficacité d’une telle démarche.
VIDEO
LE BOUT DE MON CRAYON DANS LES MAUX LA SOCIÉTÉ
Avec son crayon, Adama Mbow dessine en plus des portraits de quelques figures de la vie publiques, mais aussi des réalités sociales. Le jeune pousse du crayonnage se veut être la voix des sans voix en dénonçant des injustices sociales
Dans la deuxième partie de cette entrevue (Voir la vidéo), le jeune étudiant nous parle du pouvoir de l'oeuvre d'art : la capacité à provoquer de l'émotion chez une personne, la capcité d'apporter un soulagement queluconque comme dans le cas de l'art-thérapie. Les sens et les facultés intellectuelles d’Adama Mbow sont en alerte maximale quand il est plongé dans la réalisation de ses œuvres. Sa mémoire fonctionne presque de son plein potentiel.
«Au moment où je dessine je capte, si vous me dite une chose, je peux retenir cette chose-là. Il y a beaucoup de mes dessins, ça crée des souvenirs», confie-t-il. Souvent sollicité pour des portraits, certaines œuvres d'Adama peuvent parfois provoquer une intense émotion chez ses interlocuteurs, en l’occurrence des femmes. Adama Mbow déplore les diffucultés liés ua crayonnage au Sénégal, notamment le manque de matériel. Selon lui dans les années à venir le Sénégal pourrait atteindre le niveau du Nigeria dans le domaine du crayonnage.
BABACAR DIOP SAISIT LA COUR SUPRÊME
Le président des « Forces démocratiques du Sénégal (Fds-Les Guelwaars) a accusé le ministre Antoine Diome d’avoir bloqué leur dossier de demande récépissé « sur des bases arbitraires et puériles »
Dr Babacar Diop, président des «Forces démocratiques du Sénégal» (Fds-Les Guelwaars) a annoncé que sa formation va trainer l’actuel ministre de l’intérieur devant la Cour suprême. En conférence de presse hier, mercredi 11 août, le leader des Fds-Les Guelwaars accuse Antoine Félix Abdoulaye Diome d’avoir bloqué leur dossier de demande récépissé «sur des bases arbitraires et puériles».
En conférence de presse hier, mercredi 11 aout, Dr Babacar Diop, président des « Forces démocratiques du Sénégal (Fds-Les Guelwaars) a accusé le ministre Antoine Diome d’avoir bloqué leur dossier de demande récépissé « sur des bases arbitraires et puériles ». « Se cachant derrière ses services, il nous reproche d’utiliser le terme ‘’Guelwaar’’ qui pour lui renvoie à une ethnie, alors qu’un parti politique ne doit pas être constitué sur des bases identitaires », a expliqué le professeur au département de philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
«Il n’y a que la grande ignorance et la mauvaise foi sans limite qui peuvent pousser une administration partisane, politisée et instrumentalisée à avancer de telles inepties pour tenter d’arrêter l’évolution d’un parti qui gagne du terrain et commence à effrayer les tenants du régime en place. C’est une insulte à l’intelligence collective de notre peuple qui, dans ses couches les plus démocratiques et progressistes s’identifie à ‘’Guelwaar’’, symbole de résistance et de dignité pour sa vaillante jeunesse ». « Aujourd’hui, Guelwaar est marqué par une quadruple empreinte : malinke, sérère, peul et wolof. Le mot vient du malinke Kelediawarou qui signifie au sens propre « fauve de la guerre » et au sens figuré « Seigneur de la guerre » et « Guerrier de la Paix ».
Les Diawarous constituent un groupe de guerriers qui étaient déjà implantés dans le Niani (capital de l’empire du Mali). Ils s’exileront plus tard dans le Gabou avant de s’installer dans le Sine au milieu du XIVe siècle » a-t-il renchéri encore tout en précisant que « Guelwaar est le symbole du métissage linguistique, ethnique et culturel de l’Afrique de l’Ouest. On le retrouve chez les Manding, les Sérères, les Peuls et les Wolofs avec presque la même signification : des valeurs qui rappellent le sens de l’honneur, de la dignité et le don de soi au service de la communauté ».
Poursuivant son propos, le leader des « Fds-Les Guelwaars » dénonçant « les agissements d’Antoine Diome, un ministre partisan qui engage le pays dans la déstabilisation de sa légendaire paix civile » a annoncé que Fds-Les Guelwaars mènera la lutte sur le terrain politique et devant les tribunaux afin que la «forfaiture d’Antoine Diome», un «homme dangereux» qui a construit « sa carrière sur le clanisme, les basses besognes, la liquidation des adversaires politiques» ne passe. Sous ce rapport, il a indiqué que leurs avocats « déposeront devant la Chambre administrative de la Cour Suprême un recours pour excès de pouvoir ».
Juste rappeler que le ministre Antoine Felix Abdoulaye Diome n’est pas à son premier bras de fer avec les acteurs politiques. Au mois de janvier dernier, soit à peine deux mois après sa prise de fonction, il était monté au créneau à travers une note circulaire menaçant de dissoudre le parti de Sonko pour non-respect de la loi sur le financement des partis suite à la campagne de levée internationale des fonds initiée par Pastef, formation politique d’Ousmane Sonko. Cette sortie avait suscité une vive controversée au sein de l’opinion publique. Au mois de mars, le même Antoine Felix, revient à la charge lors des manifestations violentes qui ont ébranlé Dakar et plusieurs autres grandes villes du pays suite à la convocation du leader Pastef, Ousmane Sonko par la justice pour une « viol et menace de mort ».
Dans une intervention télévisée, le 6 mars, l’ancien substitut du procureur spécial n’avait pas hésité à qualifier les manifestations de « conspiration contre l’État» relevant d’une « insurrection organisée » avant de revenir à de meilleurs sentiments et en allant au chevet des jeunes blessés lors des ces quatre jours de manifestation, dans la foulée de l’intervention du chef de l’Etat le 8 mars.
UN NOUVEL OUVRAGE RÉHABILITE CARABANE EN ÎLE-MÉMOIRE
L’universitaire sénégalais Raphaël Lambal, auteur d’un album cartonné de 130 pages consacré à l’île de Carabane, s’inscrit par ce livre dans une entreprise de valorisation du patrimoine en danger de la Casamance, la région méridionale du Sénégal.
Dakar, 11 août (APS) - L’universitaire sénégalais Raphaël Lambal, auteur d’un album cartonné de 130 pages consacré à l’île de Carabane, s’inscrit par ce livre dans une entreprise de valorisation du patrimoine en danger de la Casamance, la région méridionale du Sénégal.
Intitulé "Carabane l’île mémoire", cet ouvrage publié aux éditions "L’harmattan France", le 6 juin dernier, est désormais disponible au Sénégal.
Il est présenté comme un livre d’art, mais surtout un ouvrage de valorisation de la mémoire de l’île de Carabane, "un lieu chargé d’histoire tombé dans l’oubli", en Basse Casamance.
Selon Raphaël Lambal, ce livre se veut aussi "une réponse au besoin urgent de savoir et de mémoire et surtout de valorisation du patrimoine en danger de Carabane et de la Casamance".
Tout est parti d’une visite effectuée par l’auteur à Carabane, en 2011, en compagnie d’invités venus participer à un colloque sur Andrée Malraux à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.
"J’ai organisé une visite découverte de la Casamance avec ces homologues, on est parti à Carabane. J’étais très déçu une fois sur les lieux, car on n’a pas trouvé sur place une personne-ressource pour parler de l’histoire de Carabane, c’était très gênant", se rappelle l’universitaire dans un entretien avec l’APS.
Raphaël Lambal a alors décidé d’écrire sur Carabane. "Pourtant, je ne suis pas historien de formation", précise l’auteur, enseignant-chercheur de littérature française moderne et contemporaine et critique littéraire à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.
Et pendant sept ans, il s’est documenté sur la question, s’imprégnant aussi de ce lieu pour mieux saisir ce qu’il représente en termes d’histoire, comme mémoire.
Car du milieu du XIXe siècle jusque dans la première moitié du XXe siècle, Carabane était considérée comme l’île de toutes les rencontres, de tous les échanges et brassages en Sénégambie méridionale entre l’Europe et l’Afrique.
Le livre préfacé par le professeur Ibrahima Thioub, historien et ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, retrace "la trajectoire de cette île au passé légendaire dont l’histoire et la mémoire comptent pourtant parmi les racines de notre présent".
La première partie relate l’histoire de Carabane, de la naissance de l’île et de sa création comme capitale administrative de la Basse Casamance jusqu’à son déclin en 1908, au moment du transfert de la capitale de Sédhiou à Ziguinchor.
La nouvelle capitale va connaître un essor important entrainant ainsi la chute de Carabane et son oubli.
La deuxième est consacrée à l’héritage patrimonial de l’île, car "l’histoire de Carabane a laissé sur place des bâtiments, des places culturelles et religieuses parce que c’est à partir de Carabane que le christianisme est entrée en Basse Casamance et l’islam aussi", explique Raphaël Lambal.
Le livre rangé dans la catégorie des "beaux livres d’art", a une triple dimension, un volet historique à travers l’évocation de la mémoire de ce lieu, une dimension valorisation du patrimoine et de cultures et une dimension littéraire.
Le Sénégal, dans ses premiers contacts avec l’artillerie occidentale, n’aurait retenu que deux points, Gorée à l’Ouest, et Saint-Louis au Nord, "mais en écrivant ce livre, je me suis rendu compte qu’il y a trois points de contacts, Saint-Louis, Gorée et Carabane qui a joué le même rôle que les deux premiers", explique-t-il.
Il soutient que ce livre est "fondamental parce qu’il est à la fois de l’histoire et également de la mémoire".
Aussi interpelle-t-il l’Etat pour une requalification de Carabane afin que l’île puisse jouer le même rôle que Gorée et Saint-Louis.
"Aujourd’hui, on parle de Gorée et de Saint-Louis parce qu’on les a inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, Carabane a eu le chemin inverse, il est complétement plongé dans l’oubli", a-t-il relevé.
"Nous avons un devoir de mémoire, il faut réhabiliter ce site pour qu’il ait un statut comme Gorée et Saint-Louis, parce qu’il a agi au même titre que ces sites", plaide Raphaël Lambal, selon qui la requalification de Carabane devrait lui ouvrir de nouvelles perspectives en termes de valorisation de cette île "porteuse de notre histoire".
Dans le cadre de ce travail sur Carabane, l’auteur a bénéficié du soutien de l’université Assane Seck de Ziguinchor, de la direction du livre et de la lecture, des municipalités de Oussouye et Djimbéring et de l’Agence sénégalaise de la promotion touristique (ASPT).
Raphaël Lambal, docteur ès Lettres de l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, est aussi un spécialiste de André Malraux, écrivain et homme politique français, également ancien ministre de la Culture.
Il a inauguré avec Léopold Sédar Senghor le premier Festival mondial des arts nègres, le 30 mars 1966.
«LA CHARGE VIRALE DE DELTA A ETE ESTIMEE A 1602 FOIS PLUS QUE LA CHARGE VIRALE DES AUTRES VARIANTS»
Le professeur Souleymane Mboup a expliqué les raisons de la virulence du variant delta. C’était en marge d’un atelier de formation sur les résistances antimicrobiennes, à l’IRESSEF (Institut de Recherche en Santé, de Surveillance Epidémiologique et de Formation).
Les mystères du variant delta ont été percés, le Professeur Souleymane Mboup, président de l’IRESSEF a expliqué les raisons de la contagiosité de ce variant de la COVID 19.
En effet, selon la vitesse de propagation du nouveau variant et sa létalité relèvent de capacité à muter, mais des délais d’incubation plus courts et surtout la charge virale élevée du virus. Ces caractéristiques participent à multiplier la dangerosité de delta. «On a récemment mieux compris quels sont les mécanismes qui permettent la propagation de ce variant delta. Le premier c’est cette mutation qui lui permet d’infecter plus facilement les cellules et également d’infecter les personnes», a confié le Professeur agrégé de biologie, en marge d’un séminaire de renforcement de capacités au niveau du centre des formations pratiques dans le domaine de la biologie de l’IRESSEF (Institut de Recherche en Santé, de Surveillance Epidémiologique et de. Formation). Un centre qui vient de démarrer ses activités.
Selon le Pr Mboup la virulence du variant delta est également accentuée par sa période d’incubation encore plus courte que celle des autres variants et par sa charge virale extrêmement plus forte que celle des autres variants. «Son temps d’incubation est beaucoup plus court que le temps d’incubation des autres variants. C’est une moyenne de quatre jours pour le variant delta alors que la moyenne en général et de six jours pour les autres variants. Mais le plus important, c’est la charge virale qu’il peut provoquer au niveau de l’organisme. Cette charge virale a été estimée à 1602 fois plus que la charge virale des autres variants», a-t-il expliqué. Cette particularité du virus se retrouve dans les statistiques du nombre de cas positifs.
En effet, selon le président de l’IRESSEF, 70% des tests positifs dus à ce nouveau variant d’après les résultats du suivi épidémiologique. «Aux derniers chiffres, on était à 70% de variant delta et on continue à suivre tous ces variants là pour voir comment ça évolue. Mais déjà 70% ça explique bien l’évolution du nombre de cas, de cas graves et le nombre de décès», a-t-il souligné.
Mais ajoute le spécialiste, le suivi se poursuit et au fur et à mesure, le ministère de la santé est informé. Par ailleurs, Souleymane Mboup a fait savoir qu’il n’a pas encore de traces la présence d’un variant Lambda qui sévit en Amérique du Sud. «On n’a pas encore trouvé ce variant Lambda pour le moment, mais comme je dis, cela ne veut pas dire que cela n’existe pas. Parce que le nombre d’échantillons que nous faisons ne couvre pas tous les échantillons» assure-t-il avant d’ajouter «ce qui est important c’est non seulement de trouver mais aussi de suivre l’évolution. Et c’est ça que nous faisons».
Le Professeur s’exprimait en marge d’un séminaire de formation en microbiologie sur les résistances antimicrobiennes. A cette occasion, il a signalé que les résistances aux antibiotiques risquent d’être «l’une des plus grandes menaces du futur». En effet, révèle le Pr Mboup, le nombre de morts dus à ce phénomène est évalué aujourd’hui à 700.000 par an. Un chiffre qui pourrait atteindre 10 millions, selon les informations de l’OMS d’ici à 2050. C’est ce qui explique la mobilisation de certains organismes comme l’African Society for Laboratory Medecine (ASLM) et le Flemming Fund pour renforcer la capacité des biologistes dans le cadre d’un programme «One Health» qui associe, la médecine humaine, la médecine animale et la médecine environnementale.
Et l’IRESSEF a été choisi comme partenaire, en qualité de centre de formation, par l’ASLM qui a bénéficié d’un financement du Flemming Fund pour le renforcement des capacités des microbiologistes. Une formation qui regroupe des biologistes, des pharmaciens, des vétérinaires venus du ministère de la santé, du ministère de l’élevage et de l’environnement. La formation est assurée par le Pr Makhtar Camara, chef du laboratoire de bactériologie biologie du CHU LE DANTEC et responsable du centre de formation à l’IRESSEF.
Le Soudan va remettre l’ancien président Omar el-Béchir et deux autres dirigeants à la Cour pénale internationale (CPI) qui les recherchait depuis plus de dix ans pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit meurtrier au Darfour.
Le Soudan va remettre l’ancien président Omar el-Béchir et deux autres dirigeants à la Cour pénale internationale (CPI) qui les recherchait depuis plus de dix ans pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit meurtrier au Darfour.
« Le Conseil des ministres a décidé de remettre les personnes recherchées à la Cour pénale internationale », a déclaré mercredi la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam al-Mahdi, selon l’agence officielle Suna, lors d’une rencontre avec le nouveau procureur général du tribunal basé à La Haye (Pays-Bas), Karim Khan, en visite à Khartoum pour une semaine.
Le conflit au Darfour, région de l’ouest du pays, a opposé à partir de 2003 le régime à majorité arabe de M. Béchir et des rebelles issus de minorités ethniques s’estimant marginalisées. Il a fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, en majorité durant les premières années, d’après les Nations unies.
Fille de l’ancien premier ministre Sadek al-Mahdi, renversé en 1989 par un coup d’État mené par M. Béchir, la ministre soudanaise a souligné mercredi « l’importance » de la coopération de son pays avec la CPI « pour obtenir justice pour les victimes de la guerre du Darfour ».
Elle n’a pas précisé la date de l’extradition des trois anciens dirigeants, qui doit être discutée entre le gouvernement et le Conseil souverain, plus haute instance chargée de la transition.
Omar el-Béchir, 77 ans, a été renversé après trente ans d’un règne sans partage en avril 2019, par un mouvement populaire inédit déclenché quatre mois plus tôt par le triplement du prix du pain.
En février 2020, le pouvoir de transition militaro-civil mis en place après sa chute avait pris l’engagement verbal de favoriser sa comparution devant la CPI, qui a émis il y a plus de dix ans des mandats d’arrêt contre lui et d’autres figures de l’ancien régime, pour « crimes contre l’humanité », « crimes de guerre » et « génocide » au Darfour.
Avant sa chute, l’autocrate avait plusieurs fois défié la Cour en voyageant à l’étranger sans être arrêté.
Longue quête de justice
Les deux autres pontes du régime qui seront remis à la CPI sont l’ex-gouverneur de l’État du Kordofan-Sud et ancien ministre, Ahmed Haroun, et l’ancien ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohamed Hussein, recherchés pour les mêmes motifs. Arrêtés après la chute de M. Béchir, ils sont actuellement détenus au Soudan.
Le CPI a émis en 2007 un mandat d’arrêt contre M. Haroun, avec 42 chefs d’accusation, notamment meurtre, viol, torture, persécution et pillage.
Un accord de paix historique signé en octobre 2020 entre le gouvernement de transition et plusieurs groupes rebelles insistait sur la nécessité d’une « coopération complète et illimitée » avec la CPI.
Le cabinet ministériel soudanais a voté la semaine dernière en faveur de la ratification du Statut de Rome de la CPI.
Le procureur général du Soudan, Moubarak Mahmoud, avait déclaré mardi, après une rencontre avec M. Khan, que son bureau était prêt à coopérer avec la CPI « dans tous les dossiers et particulièrement dans celui des victimes de la guerre au Darfour, afin de leur rendre justice ».
De nombreuses ONG, comme Amnistie internationale, avaient appelé à la comparution de M. Béchir.
« Victimes innombrables »
Déjà reconnu coupable de corruption en décembre 2019, l’ex-président est actuellement détenu à la prison de Kober, à Khartoum.
Il est aussi jugé par la justice soudanaise pour son rôle dans le coup d’État soutenu par des islamistes qui l’a porté au pouvoir en 1989 mais son procès a été à plusieurs reprises reporté depuis juillet 2020, les avocats de l’accusé avançant des arguments procéduraux.
En juin 2020, le chef de la milice des Janjawid, force supplétive du gouvernement soudanais accusée d’atrocités au Darfour, Ali Kosheib, s’était rendu à la CPI après 13 ans de fuite.
De son vrai nom Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, il sera jugé pour 31 chefs de crimes de guerre et contre l’humanité, comprenant meurtre, viol, et torture, avait annoncé la CPI début juillet.
Il a été « l’auteur très actif » entre 2003 et 2004 au Darfour, avaient affirmé les procureurs en mai. L’accusé de 70 ans dément les charges.
« Les victimes des crimes du suspect sont innombrables et leurs souffrances immenses. La douleur infligée aux victimes de ces crimes persiste », avait ajouté Fatou Bensouda, procureure générale sortante. AFP
«SI RIEN N’EST FAIT, ON VA VERS DES VARIANTS PLUS CORIACES QUE LE DELTA»
Le Pr Daouda Ndiaye, chef de service de parasitologie mycologie de l’hôpital Aristide Le Dantec est formel
Le Pr Daouda Ndiaye, chef de service de parasitologie mycologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a annoncé hier, lors du point de presse journalier sur la situation du coronavirus au Sénégal qui a encore fait 19 morts, qu’il y a un programme qui va être mis en place par le ministère de la Santé pour renforcer la surveillance sur la pharmacovigilance. Toutefois, la blouse blanche a estimé que si rien n’est fait sur le respect des mesures barrières, sur la vaccination par la population, le corps médical et les autorités, le Sénégal risque d’enregistrer d’autres variants plus coriaces.
Le Sénégal est toujours dans la troisième vague de la pandémie du coronavirus. Même si la tendance est à la baisse ces derniers jours avec des pourcentages qui vont jusqu’à 15%, le variant Delta continue de tyranniser le peuple sénégalais avec son taux élevé de décès. Hier, lors du point de presse quotidien, 19 personnes ont perdu la vie.
Le professeur Daouda Ndiaye, chef du département de pharmacie à l’université Cheikh Anta Diop et par ailleurs chef de service parasitologie et mycologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, a renseigné sur la mise en place d’un programme qui va être mis en place par le ministère de la Santé et renforcé par les universitaires. « Il y aura un excellent programme sur la pharmacovigilance, sur le plan des réponses immunitaires mais aussi sur le plan du génotype de ces virus à travers des séquençages que le Sénégal est en train de faire à travers l’Iressef et l’institut Pasteur », a-t-il renseigné. Et de poursuivre : «le centre génomique viendra après renforcer pour anticiper sur l’arrivée des mutants nouveaux pour que le Sénégal comme les autres pays puissent informer à temps sur l’efficacité des vaccins et à un moment donné pourvoir dire que nous avons choisi tel ou tel vaccin ».
En sa qualité de directeur du centre de formation et de recherche sur la génomique et la surveillance sanitaire qui gère aujourd’hui au niveau universitaire toutes les problématiques en relation avec la Covid-19 et les autres maladies émergentes, le professeur Daouda Ndiaye a estimé qu’avec ce programme couplé au centre de création de vaccin, le Sénégal pourrait anticiper sur les variants et juger à temps réel de l’efficacité des antigènes mais aussi permettre à la population de pouvoir doter des structures sur les mesures à prendre.
D’AUTRES MUTATIONS PLUS CORIACES QUE LE DELTA EN LIGNE DE MIRE SI…
Pour le professeur Ndiaye, il est important de comprendre que les virus, les microbes d’une manière générale, les bactéries, les parasites, les virus de champignons pour résister et survivre sont obligés, par rapport à leur hôte qui est l’homme et de ses défenses, de faire des mutations pour pouvoir résister. « Pour dire que tous les débats suscités sont importants par rapport au variant mais c’est son processus normal pour un virus » a-t-il dit. Pour le spécialiste de laboratoire, ce qui est important de savoir à ce niveau est que l’objectif de ces mutants, c’est de pouvoir continuer à résister et éventuellement à être des pathogènes plus ou moins coriaces pour l’homme et de contrecarrer toutes les stratégies préventives, notamment les vaccins.
Pour que ces variants puissent s’arrêter, le professeur a fait savoir qu’ « il faudrait que l’on comprenne une chose, c’est à nous autres notamment la communauté mais également les chercheurs et le personnel médical de tout faire pour que ces mutants puissent s’arrêter, en faisant recours aux mesures barrières. Parce que ces dernières accompagnées de la vaccination et le recours rapide aux soins permettent de façon très claire comme dans d’autres pandémies d’arriver rapidement à anéantir le virus pour qu’il puisse disparaitre ».
Si la population n’adhère pas aux stratégies de prévention, si rien n’est fait par rapport à cela, si les Sénégalais ne vont pas vers la vaccination qui a prouvé selon le professeur Daouda Ndiaye à travers le monde qu’elle est efficace et qu’il n’y a pas de nocivité, on risque d’arriver à d’autres mutants. « Nous ne le souhaitons pas mais nous risquons d’avoir des mutants beaucoup plus coriaces. Pour que l’on puisse arriver à la fin de cette pandémie, il demeure important qu’on puisse carrément appliquer les mesures édictées par le corps médical » a-t-il laissé entendre.
Et de renseigner sur les femmes enceintes : « sur la base des données scientifiques que nous avons reçues à travers le monde sur des femmes enceintes qui ont été vaccinées aujourd’hui, nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu’il n’y a aucun risque pour ces dernières et nous les encourageons à aller vers leurs gynécologues, sage femmes et relais communautaire qui vont les conseiller pour aller se faire vacciner ».