SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
20 juin 2025
Par Serigne Saliou Guèye
ÉLECTIONS FÉDÉRALES, LE TRIOMPHE DE LA MAGOUILLE
Tout le monde avait présagé que la victoire de Senghor n’était qu’une formalité en aval mais en amont tout était concocté par ses soutiers pour lui assurer une victoire sans péril
Ce que tous les Sénégalais attendaient avec tristesse est arrivé ce samedi 7 août 2021. En effet, Augustin Emmanuel Senghor, président de l’US Gorée, vice-président à la CAF, maire de Gorée, adjoint au maire de la Ville de Dakar, membre de l’Acnoa, a remporté l’élection présidentielle organisée par la Fédération sénégalaise de football sans gloire. Ainsi pour une première dans notre foot, un président va le diriger pendant 16 sans rien remporter. Et qu’on ne se leurre pas, aucun miracle ne produira pendant ces années à venir ni au plan continental ni au plan international dans ce pays où il n’existe plus de stade. Je ne joue pas aux Cassandre. Je me fonde sur l’expérience du passé.
Cartel de carriéristes, d’affairistes, de pouvoiristes
Sur les 453 voix qui se sont exprimées, 326 voix sont allées dans l’escarcelle de Senghor, tandis que son challenger Mady Toure récolte la portion congrue de 123 voix. Quatre bulletins nuls ont été enregistrés. Ayant obtenu plus des 2/3 (299) des voix, Augustin, la queue basse, passe premier tour avec toutes les manœuvres afférentes. Tout le monde avait présagé que la victoire de Senghor n’était qu’une formalité en aval mais en amont tout était concocté par ses soutiers pour lui assurer une victoire sans péril. Aussi Senghor triompha-t-il sans gloire ce samedi 7 aout 2021, jour de deuil du football sénégalais.
Oui le coup de grâce vient d’être donné au foot sénégalais par les charognards qui l’entourent et qui le sucent depuis 2009. Cette victoire au gout amer d’une défaite doit faire honte à ses vainqueurs. Ce qui est inacceptable, c’est qu’un cartel de carriéristes, d’affairistes, de pouvoiristes cumulards se sont emparés de notre football pour assouvir des intérêts personnels et non servir l’intérêt national. Tout un système a été mis en place pour ne faire place qu’aux hommes du système, le système piégé du sport-roi. Qui sont toutes ces personnes qui ont droit aux votes ? Il est inadmissible que ceux-là qui ne jouent aucun rôle prééminent dans notre puisse polariser l’essentiel de l’électorat qui doit décider des décideurs de notre foot.
La vitrine du foot national est incarnée par la Ligue Pro 1 et dans une moindre mesure Ligue Pro 2. Et ces dernières ne disposent que de 70 dans le concert des 458 voix devant élire le président de la fédé. Les 388 dominés par les clubs des ligues de foot amateur (3e et 4e divisions), les ligues régionales et les districts, les ligues féminines. Dans ces structures où se situe la maffia qui permet aux fédéraux de se maintenir en place le système qui leur assure sans danger la réélection. Il y a un manque réel de transparence sur l’administration des clubs surtout de division régionale ou les districts. Une enquête nous a permis de savoir que plusieurs de ces clubs ne sont même pas régulièrement affiliés à la fédération et votants venant des clubs des districts ou des ligues régionales affiliés n’ont pas même reçu l’aval de leurs structures. Il est établi que ces clubs dépourvus de moyens sont aujourd’hui sous la coupe du président de la Ligue de foot amateur, Abdoulaye Sow.
Les ligues régionales, les districts, les Nationales 1 et 2 (3e et 4e divisions) sont sa chasse gardée et son grenier électoral. Avant d’aller à l’élection, l’équipe sortante était sure de sa victoire éclatante et ne s’est même pas empêchée de le déclarer urbi et orbi. La voix était donc toute tracée pour une réélection sans ronce ni épine. Ce n’est pas un programme qui a été à la base de la reconduction de Senghor parce que ce dernier n’en a jamais eu depuis sa première élection en 2009 devant Malick Gakou.
A l’époque si la main souterraine du régime politique du Président de la République Abdoulaye Wade n’était pas influenceuse, Malick Gakou, membre de l’AFP parti d’opposition, allait diriger les rênes de notre sport roi. Mais la politique prit le dessus sur le sport nonobstant les mises en garde de la Fifa. Depuis cette tare électorale congénitale, la bande de Senghor, d’Abdoulaye Sow, de Lamotte et de Saer Dièye Seck s’est constituée et solidifiée dans le temps même si sporadiquement on a constaté quelques ébréchures au sein du groupe. Avec le maintien de système nébuleux, aucune possibilité pour un « étranger » d’occuper un poste au sein des structures dirigeantes de notre foot. Aujourd’hui Saer Seck a quitté son poste de la ligue parce qu’il a été piégé par Augustin Senghor. En déclarant ne plus briguer la présidence de la ligue pro de foot, Saer espérait sur un retrait de Senghor de la présidence de la fédération tel qu’il l’avait déclaré en 2017. In fine, Senghor fait son « wakh wakhète ». Djibril Wade étant déjà positionné pour remplacer Saer, ce dernier ne pouvait plus revenir sur sa décision de partir de la tête de la Ligue comme Senghor l’a fait toute honte bue.
Manœuvres et des calculs mesquins
Au sein de ces structures de football, c’est le règne des manœuvres et des calculs mesquins. Augustin a décidé de se maintenir à la tête de la fédé malgré ses douze années de défaites et de déboires uniquement pour assouvir un intérêt personnel : ne pas fragiliser sa place de premier vice-président de la Confédération africaine de football (CAF) et se donner toutes les chances pour rempiler à la CAF. Et pourquoi pas briguer la présidence de la CAF le jour où l’actuel patron de ladite structure Patrice Motsepe se retirera ou sera retiré par la Fifa.
Abdoulaye Sow pense lui aussi à son avenir dans le foot. En dépit du dégagisme prôné par ses adversaires, des récriminations sur son cumul de poste (ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, président de la Ligue de Kaffrine, président de l’Asc Kaffrine, président de la Ligue de football amateur, vice-président de FSF…) il tient fermement à ses loukoums. Aussi travaille-t-il à remplacer dans le futur Senghor à la tête de la fédé.
La vie au sein d’un ministère ne tient qu’à un bout de fil. Mais la vie au sein de l’instance fédérale, c’est au moins quatre ans avec la ferme probabilité de rempiler. Aujourd’hui Saer Seck n’a plus de crédibilité aux yeux des Sénégalais parce qu’il a quitté le faux consensus au moment où les carottes étaient déjà cuites. Mbaye Diouf Dia a préféré se ranger honteusement derrière son principal adversaire de 2017. Aujourd’hui dire aux Sénégalais que l’unicité de la candidature autour de la personne de Senghor résulte consensuellement d’une fusion des programmes n’est que mensonge parce que les vainqueurs de Mady Touré n’ont jamais dévoilé une seule ligne de leur soi-disant programme. Le patron de Génération seul avait par-devers lui un programme qui malheureusement par faute d’une campagne médiatique catastrophique n’a pas été accessible à la majeure partie des Sénégalais. Et c’est un des péchés qui ont aggravé la défaite de Mady Touré. Sa campagne médiatique a été catastrophique.
Son programme, il ne l’a jamais dévoilé dans les média mainstream, ni dans les quotidiens de la place, ni dans les plateformes digitales. Il devait s’appuyer sur les nouvelles technologies pour vendre son rêve. Malheureusement par naïveté, les soutiers de Senghor l’ont embarqué dans un pseudo-consensus qui l’a éloigné du public et qui lui a fait perdre beaucoup de temps. Etant donné que Senghor, Mbaye Diouf Dia et Saer n’avaient de programmes, il ne fallait jamais accepter cette main consensuelle empoisonnée. Contre vents et marée, le patron de Génération devait être en campagne au moins six mois avant la tenue de l’élection, aller dans toutes les régions et tous les districts où la fraude à grande échelle se prépare.
Mady Touré est allé en élection sans avoir une maîtrise du fichier, sans savoir quels sont les clubs qui ne sont pas en situation régulière pour participer. Aujourd’hui, il y a des clubs qui ne sont dépoussiérés que pendant les élections au niveau régional, national ou fédéral. Donc leur existence est assujettie à leur voix électorale. Pour déboulonner un tel système, il faut le planifier sur plusieurs années car cette œuvre ou manœuvre de tant d’années ne peut être déboulonnée en quelques semaines. Cela demande de l’endurance, de la persévérance et de l’intelligence. Dans ses promesses, Augustin promet de réformer les textes fédéraux mais cela ne touche pas le mode d’élection et la non-limitation des mandats dont il jouit présentement. C’est seulement l’ouverture du Comex aux autres professions comme les entraineurs qui n’y sont pas encore présents. En réalité, c’est pour densifier et fidéliser davantage un électorat apprivoisé parce que chaque membre du Comex a un os à ronger.
La reddition des comptes, le ventre mou de la fédé
La reddition des comptes est un sujet tabou au sein de la fédération. Jamais un bilan financier n’est présenté aux Sénégalais pour leur dire à quoi a servi les milliards récoltés de la CAF, de la Fifa lors de la dernière Coupe du monde et des fonds forward alloués annuellement par la structure mondiale du football. Pourtant il serait convenant que la Cour des comptes fouine la gestion de Senghor. Aujourd’hui des citoyens sénégalais volontaristes regroupés dans un Comité de défense du football sénégalais (CODEFS) exigent la transparence dans la gouvernance du football. C’est donc dire que la gestion du football est une affaire nationale pour être laissée entre les mains d’une bande de prédateurs dont les échecs répétés constituent aujourd’hui leur seul palmarès.
Des ratées à la CAN, à la Coupe du monde alors que le Sénégal a l’une des meilleures équipes du monde. Il faut ajouter à ces « hauts » faits d’Augustin et de sa bande, la médiocrité ambiante et constante. Augustin, président de l’US Gorée, son club est sauvé de la relégation la dernière journée, Niary Tally descend en Ligue Pro 2 alors que son président Djibril Wade dirige la Ligue 1 Pro. Mbour Petite Côte de Mbaye Diouf Dia est envoyé au purgatoire par Gorée depuis la dernière journée. L’Asc Kaffrine d’Abdoulaye Sow patauge en Nationale1. Et le scandale, c’est la victoire de Diambars (à égalité de points avec Génération Foot) sur le CNEPS de Thiès de Pape Sidy Lo, membre du Comex de la Fédé, par 5 buts à 0 lors de la dernière journée. Et c’est cette victoire douteuse pour ne pas dire scandaleuse qui a placé son équipe Diambars en 2e position. Du coup Génération Foot de Mady Touré qui était en 2e se retrouve en 3e du fait du goalaverage favorable à Diambars. Jamais CNEPS Excellence n’a perdu par 4 buts d’écart lors de la saison qui vient connaitre son terme. D’ailleurs à l’aller CNEPS et Diambars se sont quittés sur un score neutre de 1/1. Mady Touré a été battu par une bande de tripatouilleurs invétérés mais les Sénégalais lui ont donné la victoire du renouveau, de la transparence et de la rupture. Et ce sont ces Sénégalais qui leur barreront la route durant tous ces quatre ans de mandat illégitimes.
COUPE DU MONDE DE BEACH SOCCER RUSSIE 2021, LES LIONS QUITTENT DAKAR CE MERCREDI
Championne d’Afrique, l’équipe nationale du Sénégal de Beach Soccer va prendre part à la 11ème édition de la coupe du monde Russie 2021.
Championne d’Afrique, l’équipe nationale du Sénégal de Beach Soccer va prendre part à la 11ème édition de la coupe du monde Russie 2021. Les Lions se disent prêts à aller jusqu’au bout après avoir reçu le drapeau national hier, mardi 10 août.
En l’absence du ministre des sports, la cérémonie de remise du drapeau s’est tenue dans les locaux de la fédération sénégalaise de football. Matar Bâ était représenté par le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Saydou Sow, par ailleurs 2ème vice-président de la FSF. Les Lions vont quitter Dakar pour rallier Moscou ce mercredi matin.
REACTIONS
AUGUSTIN SENGHOR, PRESIDENT DE LA FSF
«Je dirais simplement que nous du coté de la fédération ce qu’on peut vous demander c’est de la constance, de rester ce que vous êtes toujours. Et certainement de faire plus et mieux. Et encore une fois que vous puissiez convaincre les plus sceptiques que sur ses 20 dernières années, vous êtes parmi les meilleures équipes de ce pays au plan international toutes disciplines confondues. Et pour cela, il faut aller en coupe du monde Russie, pour montrer le meilleur visage du football sénégalais. Et nous savons que vous en êtes capable, vous avez la volonté. Et nous savons aussi que vous avez pris l’engagement auprès du Chef de l’Etat. Lui même s’est investi après votre victoire finale pour que cela soit une reconnaissance nationale et il vous appartient aujourd’hui de perpétuer cela. »
AL SEYNI NDIAYE, CAPITAINE DES LIONS
«Depuis le mois de janvier, on se prépare pour la coupe du monde bien vrai qu’on a disputé la coupe d’Afrique entre-temps ici à Saly. Mais comme nous avons l’habitude de le dire, nous avons une dette envers la fédération qui prend soin énormément du Beach Soccer à travers nos préparations et participations aux compétitions. Donc, la balle est dans notre camp. Nous voulons atteindre notre objectif et celui du président de la République. Il a élevé le niveau en nous demandant de disputer la finale et c’est ce que nous comptons faire parce qu’il compte venir en Russie le 29 prochain. »
ABDOULAYE SOW REPRESENTANT DU MINISTRE DES SPORTS
«Je vous apporte le soutien du Chef de l’Etat et ses encouragements, M. Macky Sall qui suit avec un œil particulier votre participation et nourrit beaucoup d’espoirs quant à votre participation pour cette importante compétition. Vous avez su vous maintenir au sommet pendant plusieurs compétitions de façon consécutive et durable. Ce qui est un fait rare en Afrique et dans le monde. Vous avez le potentiel et les atouts nécessaires pour marquer l’histoire du Beach Soccer à Moscou. Votre mission devrait continuer en Russie, vous ne devez pas faillir à votre destin. Vous avez l’opportunité à la face du monde, d’inscrire encore une fois votre parcours en lettre de marbre sur les livres du football mondial».
LA FAFA DEPLORE L’ATTITUDE CAVALIERE
Les producteurs avicoles du Sénégal contestent la deuxième hausse de 500 francs, sur le prix du sac d’aliment de volaille, après la première de 750 francs CFA au mois de mars dernier.
Les producteurs avicoles du Sénégal contestent la deuxième hausse de 500 francs, sur le prix du sac d’aliment de volaille, après la première de 750 francs CFA au mois de mars dernier.
Encore 500 F CFA de plus sur le prix du sac d’aliment de volaille.
Interrogé sur cette nouvelle hausse, le président de la Fédération des acteurs de la filière avicole, Serge Sadio dénonce une attitude cavalière. «Nous déplorons cet état de fait là, parce qu’au mois de mars les industriels avaient augmenté le prix du sac de volaille sans qu’il ait égard. Et nous nous sommes battus jusqu’à la direction du commerce intérieur, mais par la suite, nous nous sommes entendus sur une hausse de 750 francs CFA au lieu du double (1500f). Quelques mois après nous voilà à la case de départ. Et ces mêmes industriels se sont permis une seconde hausse de l’ordre de 500 francs CFA cette fois-ci», regrette-t-il. A l’en croire, «le prix du sac d’aliment de volaille est passé de 14 250 francs CFA à 15 000 francs CFA, soit une hausse de 750 francs pour la première hausse selon les localités». Ce prix du sac, «rajouté au 500 francs CFA, il passe à 15 500, voire plus selon les zones», a-t-il expliqué.
Désapprouvant cette attitude, il fait savoir que «ceci ne renforce nullement la collaboration interprofessionnelle, pas même de bons collaborateurs». A la question de savoir à quoi devrait-on s’attendre si les industriels venaient à camper sur leur position, M. Sadio, membre de l’Interprofession de l’aviculture Sénégalaise (Ipas), n’écarte pas l’idée d’une probable hausse sur le prix de la volaille. L’autre brèche à ne pas exclure, «c’est le recourt à l’expertise nationale à travers l’Ecole nationale supérieure d’agriculture de Thiès (Ensa), ou alors contacter des chercheurs et autres vétérinaires pour développer un projet du genre ou encore à partir du net pour obtenir la formule», estime-t-il.
Dans un document transmis à la Rédaction de Sud Quotidien les aviculteurs du Sénégal demandent l’annulation pure et simple de cette deuxième hausse de 500 francs sur le prix du sac de volaille. «Nous, producteurs avicoles du Sénégal, prenons l’opinion à témoin et interpellons les autorités étatiques ainsi que l’interprofession avicole du Sénégal pour une annulation sans condition de cette seconde hausse (en 6 mois), opérée en violation flagrante de l’accord initial qui avait été trouvé », lit-on dans le texte.
Les producteurs réclament également l’opérationnalisation, sans délai, du comité de suivi des prix des intrants, ajoute la même source. Les producteurs ont laissé entendre qu’ils se réservent le droit de mener toutes actions légales jugées utiles pour défendre les intérêts de leurs membres.
L’Interprofession avicole du Sénégal (Ipas) rappelle qu’au mois de février dernier, les industriels d’aliment de volaille avaient décidé de manière unilatérale une hausse de l’ordre de 1 500 francs CFA sur le sac de 50 Kg. «Cette augmentation opérée dans un contexte de crise de la production avait été dénoncée et combattue fermement par le collège des producteurs de l’Ipas», fait savoir le président de l’Ipas, Gora Faye dans le communiqué.
LES ÉTATS-MAJORS DES PARTIS POLITIQUES RÉAJUSTENT LEURS STRATÉGIES
Le variant Delta avait semblé donner un coup de frein aux activités politiques des partis qui s’étaient résignés à suspendre leurs tournées politiques à l’intérieur du pays
La survenue de la troisième vague du Covid-19 au Sénégal, avec son corollaire de pertes en vies humaines et de forts taux de contaminations journalières, avait semblé donner un coup de frein aux activités politiques des partis qui s’étaient résignés à suspendre leurs tournées politiques à l’intérieur du pays. Pour autant, au regard des enjeux de ces élections locales, presque tous sont dans des combines et stratégies, à même de leur faire remporter le maximum de municipalités, au soir du 23 janvier 2022.
Dans une note rendue publique le mardi 6 juillet, le Grand Parti (GP) avait informé avoir décidé de suspendre, à partir du 7 juillet, la tournée nationale initiée par son leader, Malick Gakou, jusqu’à nouvel ordre. Sur les raisons, la source indique que le Bureau politique du Gp a pris cette décision suite «à la montée fulgurante des cas de Covid-19».
Bien avant l’ex-camarade de Moustapha Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp), c’est le chef de l’Etat, Macky Sall, en Conseil des ministres extraordinaire du lundi 5 juillet dernier, qui avait décidé «de tenir les manifestations et événements officiels dans la sobriété et le respect strict des mesures barrières».
Pour cause, justifie-t-il, la situation de la pandémie Covid-19, avec notamment l’augmentation journalière des cas de contamination, selon les chiffres fournis par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. La décision du patron de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, sa tournée dénommée “Nemekou tours“, qui avait pour but de «s’enquérir des difficultés des Sénégalais» est à inscrire dans la même dynamique.
Ainsi donc, les observateurs de la sphère politique qui avaient pensé que la troisième vague allait donner du fil à retordre à tous ceux qui s’étaient lancés dans une précampagne qui ne disait pas son nom, dès l’annonce de la date des élections locales au 23 janvier 2022, semblent s’être trompés. Presque tous les états-majors donnent l’impression de s’être adaptés au contexte de crise sanitaire imposé par le variant Delta. Aucun parti politique n’est en train de dormir sur ses lauriers sous le prétexte de la survenue de la troisième vague, aussi contagieuse et dangereuse qu’elle soit. Les acteurs sont dans des calculs politiques, des combines et autres stratégies à mettre en œuvre, en prélude aux élections départementale et municipale à venir. Il en est ainsi du candidat arrivé troisième à la dernière présidentielle.
Au-delà du changement de forme de sa communication, à savoir uniquement des déclarations de presse, ou encore la récurrence des sorties au vitriol contre le régime en place, le leader de Pastef-Les Patriotes est en plein dans le jeu des alliances. Pas plus tard que le mardi 10 août dernier, le Pastef devait organiser une cérémonie de fusion de «13 organisations politiques avec Pastef».
La manifestation avait été annulée à la dernière minute suite au rappel à Dieu de Sérigne Abdoulaye Thiaw Laye, Khalif général des Layennes et Sérigne Abdou Rahim Seck, Khalif général de Thianaba.
De son côté, le Parti démocratique sénégalais (Pds) se prépare à faire face à la majorité présidentielle, en cherchant à maitriser son fichier de membres par la vente des cartes, mais aussi en nouant des alliances. Pour ce faire, les poulains de Me Abdoulaye Wade, Secrétaire général national du Pds ont organisé, la semaine dernière, un séminaire de 4 jours de formation avec 50 superviseurs venus des différentes régions du pays, à la Permanence Omar Lamine Badji à Dakar Le tout nouvel adversaire politique du président Sall, ancien allié dans Macky 2012 et dans Benno Bokk Yakaar (Bby), en l’occurrence l’ex-Directeur général de Dakar Dem Dikk (3D), n’est pas en reste dans l’intensification des activités de remobilisation. Me Moussa Diop et son parti Alternative générationnelle (Ag/Jotna) sont en plein dans la vente des cartes de membres.
Que dire des ténors du pouvoir en place, qui multiplient les activités et autres rencontres, prétexte de déclarer leur candidature à la candidature au sein de leur parti et coalition, mais aussi pour chercher des consensus autour de leur personne ? Ou encore de ceux qui avancent à pas calfeutrés, surtout d’anciens pontes du régime, pour ne pas éveiller tout soupçon.
En dépit de l’incertitude qui plane sur la tenue des élections à date échue, le 22 janvier 2022, à cause des sorties et autres commentaires allant dans le sens du report des prochaines joutes, si bien évidemment la pandémie poursuit toujours sa folie meurtrière dans le pays, les différents cheptels politiques se préparent en conséquence. Les forts enjeux de ces prochaines joutes résistent encore à Delta.
LES SPECIALISTES CONFINENT LA POPULATION FRAGILE
Le point du jour du coronavirus au Sénégal d’hier, mardi 10 août, fait état d’un lot de 31 décès, 66 patients en réanimation pour 336 cas confirmés pour 2208 tests
Deux intervenants se sont relayés après le passage du directeur de la prévention qui a donné le point du jour quotidien du coronavirus au Sénégal d’hier, mardi 10 août, lequel a fait un lot de 31 décès, 66 patients en réanimation pour 336 cas confirmés pour 2208 tests effectués soit un taux de positivité de 15,22%. Si le Dr Fatou Samba Ndiaye, hématologue à l’hôpital Dalal Jamm, a axé sa communication sur les précautions à prendre pour les cancéreux et les personnes qui souffrent de drépanocytose, le docteur Annette Seck Ndiaye, directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) est revenue sur la distribution et la disponibilité des intrants qui concernent aussi les cliniques privées.
DR FATOU SAMBA NDIAYE HÉMATOLOGUE À L’HÔPITAL DALAL JAMM : «Les cancéreux doivent se vacciner trois mois après ou avant les cures de chimio»
Le Dr Fatou Samba Ndiaye, hématologue à l’hôpital Dalal Jam a articulé sa communication d’- hier autour de deux axes pour deux types de populations cibles dont les patients qui présentent un cancer de manière générale ou un cancer du sein de manière particulière et celles qui souffrent de drépanocytose. Selon la blouse blanche, ces dernières sont en train de payer un lourd tribut pendant cette pandémie de Covid-19. Pour les cancéreux notamment les cancers du sein, elle les a exhortés à aller se faire vacciner. Une vaccination qui selon elle doit obéir à des règles. « Elle doit être faite avant tout début de chimiothérapie ou trois mois après les cures de chimio. Et dans tous les cas, s’il est nécessaire, il faudra la faire entre deux cures espacées au moins de 15 jours » a-t-elle avancé. Et de poursuivre : «pour cette population, il a été démontré que les patients qui présentent un cancer de manière particulière développent ce que l’on appelle un trouble ou une baisse de l’immunité. Donc ils n’ont pas beaucoup de défense par rapport à leur maladie même et par rapport à la chimiothérapie. C’est la raison pour laquelle nous les exhortons à aller se faire vacciner ». Pour ce qui est des drépanocytaires, Docteur Fatou Samba Ndiaye, a renseigné : « ils font des infections régulières au niveau des poumons et ont déjà cette partie du corps qui sont fragilisés dès la naissance. Donc à partir de ces poumons fragilisés, ils vont faire fréquemment des infections dont le Sars-Cov 2. Ces infections qui peuvent être à germe banale ou spécifique ou Sarcov-2 peuvent engager un pronostic vital. Raison pour laquelle de plus en plus en milieu de pédiatrie, on assiste à des cas sévères des drépanocytaires enfants. Chez les adultes il n’y a pas à ce jour de décès répertoriés pour la population drépanocytaire ».
Face à cette situation, l’hématologue a déduit qu’au cours de ces vaccinations chez les patients drépanocytaires, il faudra également, la faire chez les femmes atteintes de drépanocytose enceintes. « La vaccination est obligatoire pour ces patientes depuis quelques semaines. Chez ces femmes drépanocytaires et enceintes, il faudra insister sur la vaccination à partir du 4ème mois de grossesse pour éviter les complications sévères ». Et de poursuivre ; « les drépanocytaires ont souvent un syndrome thoracique aigu. C’est l’une des formes particulières de crise douloureuse que ces malades font quand ils sont en crise. Donc dès qu’ils sentent la moindre douleur thoracique associée ou non à un syndrome grippal, il faudra aller rapidement se faire tester et se faire traiter ».
DR ANNETTE SECK NDIAYEDIRECTRICE DE LA PNA : Des cliniques privées enrôlées pour les médicaments Covid 19
Pour Dr Annette Seck Ndiaye qui a axé sa communication sur la disponibilité des médicaments et des produits essentiels, sur l’instruction du ministre de la Santé et de l’action sociale, les cliniques privées peuvent aujourd’hui être approvisionnées par la Pna sur la base d’une liste de produits de la médecine d’urgence. La condition imposée par la tutelle reste selon Dr Seck Ndiaye, «sur la base d’une procédure clairement définie et qui est scrupuleusement respectée ». Toutefois, seules les cliniques privées habilitées à prendre en charge des cas graves mais aussi qui travaillent dans la médecine d’urgence sont concernées par cette mesure. Dans ce dispositif, la directrice générale de la Pna a aussi renseigné : « à cela s’ajoute, le service apporté par les pharmacies privées, le secteur pharmaceutique pour lesquels les algorithmes de traitement ont été bien partagés ».
Face à cette nouvelle stratégie de prise en charge de la distribution des médicaments essentiels en période de pandémie Covid, le docteur Annette Seck Ndiaye a aussi déclaré qu’une offre de soins de qualité ne peut se faire sans la disponibilité, l’accessibilité des médicaments essentiels encore plus dans le contexte que nous sommes, marqué par la pandémie de la Covid-19, où la chaine d’approvisionnement au niveau international est durement éprouvé mais également la demande au niveau national est importante et les services de santé très sollicité. « La Pna a pris toutes les dispositions aussi bien au niveau central que régional à travers les pharmacies régionales d’approvisionnement pour que les médicaments et les produits essentiels soient disponibles dans les centres de traitement et autres structures de prises en charges », a avancé Dr Annette Seck Ndiaye. Et de poursuivre : « Ces produits dits essentiels sont destinés à la prise en charge des cas simples, par exemple tout ce qui est antibiotiques antalgiques entre autres ». Dans le cadre de la stratégie de la vaccination, Dr Annette a aussi soutenu : « la Pna a été chargée de la distribution des vaccins sur l’ensemble du territoire national. Depuis le début de la campagne de vaccination, nous avons distribué 1 232 318 doses de vaccins dont 5 32 118 doses ont été acquises par l’Etat du Sénégal. Il s’agit de trois types de vaccins : AstraZeneca, Sinopharm et Johnson and Johnson. Les nouvelles doses sont attendues dans les prochains jours, grâce aux efforts de l’Etat et des partenaires techniques et financiers dans le cadre de la plateforme Covax et dans le cadre des achats groupés de l’Union africaine». Et d’ajouter : « les médicaments pour la prise en charge de Covid-19 sont mis à la disposition des centres de traitement des épidémies. Les malades peuvent accéder à ces médicaments de manière gratuite. Par conséquent, l’automédication et l’usage d’ordonnance ou de conseil de traitement thérapeutique n’est pas conseillé surtout pour les produits tels que les antibiotiques qui sont très présents sur les réseaux sociaux »
KEEMTAAN GI - VOUS AVEZ DIT INEGALITE ?
C’est une directive du Chef. Hic et nunc, ça se fera ! Que ça plaise ou non. Quand il décide, il faut y aller sans réfléchir. Comme un soldat debout. Il veut corriger les inégalités sociales. Mon œil ! Et surtout, ne perturbez pas ses vacances. Son peuple a sa nostalgie si bien que les oisifs errants des réseaux sociaux ont lancé un avis de recherche en demandant ce qu’est devenu leur Chef. En ces moments si critiques de la vie de la Nation avec une trentaine de morts de la Covid -19 en une seule journée, personne n’a entendu sa voix pour compatir. Tant pis ! En voulant donc corriger des inégalités, ils mettront sur la table dix milliards de francs CFA chaque année pendant trois ans. Pendant qu’ils habillent les apprenants, l’école, elle, est complètement nue. Vous connaissez celle de Paille d’arachide 1 dans le populeux quartier de la Gueule Tapée ? Il est arrivé une année où enseignants et parents d’élèves la fuyaient comme la peste. Pour cause, elle était dans un état de délabrement tel que l’on craignait qu’elle s’affaisse. Faites y un tour aujourd’hui. C’est un bijou dont la réhabilitation porte la signature de l’ancien international de football Cheikh Seck. Ce, en plus de son équipement. Une partie de l’école sénégalaise est à l’image de celle de Paille d’arachide 1 avant sa réhabilitation. Des toilettes insalubres — là où il y a des toilettes bien sûr car des milliers d’écoles n’en ont pas —, des murs dans une hideuse décrépitude si bien qu’il n’est pas rare que des bonnes volontés interviennent et y aillent de leur poche pour les rendre présentables. A l’intérieur du pays, c’est pire avec des établissements qui datent de l’époque coloniale. Des vestiges ! On ne parle pas bien entendu de ces abris provisoires faits de pailles dans lesquels les apprenants cohabitent avec des bestioles. Ne parlons pas du déficit en matériels didactiques. Une véritable indigence. Ce qui fait que mobiliser chaque année dix milliards pendant trois ans pour la confection de tenues scolaires, nous parait aberrant. Rendre d’abord à l’école ses habits avant d’habiller les apprenants. Là, se trouve la priorité ! KACCOOR BI
MACKY REND HOMMAGE AUX DEUX DÉFUNTS KHALIFES
Dans le concert d’hommages rendus aux défunts khalifes de Thiénaba et de Yoff, nous retenons celui du président Macky Sall. "Le Sénégal vient de perdre un guide religieux d’une dimension exceptionnelle, Serigne Abdoulaye Thiaw Laye, Khalife général des layennes. Je rends hommage à un fédérateur d’une exquise courtoisie. Mes condoléances attristées à toute la Ummah islamique", a indiqué le chef de l'Etat dans un Tweet. Pour le défunt khalife de Thiénaba, Macky Sall retient de lui son érudition et son humilité : "J’ai appris avec tristesse le rappel à Dieu de Serigne Abdourahim Seck, khalife général de Thienaba. Je rends hommage à un érudit pétri d’humilité. Mes condoléances émues à toute la Ummah islamique."
SERIGNE ASSANE SECK, NOUVEAU KHALIFE DE THIÉNABA UN FIDÈLE ET ANCIEN LECTEUR DU « TÉMOIN »
Rappelé à Dieu avant-hier au Maroc, le défunt Khalife général de Thiénaba, Serigne Abdourahim Seck, sera inhumé demain dans la cité religieuse d’Amary Ndack Seck. Grâce à l’assistance administrative et la diligence diplomatique du président de la République Macky Sall, la dépouille du saint homme sera rapatriée dès ce mercredi à Dakar. Par ailleurs, « Le Témoin » vous informe que c’est le frère du défunt khalife, Serigne Assane Seck dit Baye Ass ou Assane Gossas, qui va lui succéder. Le décès du 8ème khalife l’ayant trouvé à l’étranger pour l’installation d’un « Dahira Thiénaba-Thiénaba » nouvellement crée, le nouveau Khalife, Serigne Assane Seck, va rentrer aujourd’hui au Sénégal pour organiser les funérailles de feu Serigne Abdou Rahim Seck. Justement, le nouveau Khalife général de Thiénaba est un fidèle et ancien lecteur de votre quotidien « Le Témoin ». Dans les années 97 et 98, les lecteurs se souviennent des nombreuses interviews exclusives que Serigne Assane Seck nous avait accordées pour rétablir la vérité dans l’affaire « Keur Goumack » et inviter au rassemblement de la famille d’Amary Ndack Seck. Baye Ass est un homme de Dieu véridique, un grand professeur de sciences islamiques, un rassembleur hors pair qui n’a jamais cessé de faire rayonner la confrérie Thiénaba. C’est cet homme d’une grande dimension spirituelle qui sera intronisé comme 9e Khalife d’Amary Ndack Seck. Le « Témoin » lui souhaite d’avoir un « khalifat » très long et très riche en réalisations.
RECONSTRUCTION DU MARCHÉ SANDAGA BATAILLE DE PROCÉDURES ENTRE ALIOUNE NDOYE ET MME SOHAM WARDINI
Pour le contrôle du projet de reconstruction du marché Sandaga, la bataille de procédures entre le maire de DakarPlateau, Alioune Ndoye, et la mairesse de la Ville de Dakar, Mme Soham El Wardini, fait rage ! Pour cause, le maire de la commune de Dakar-Plateau, Alioune Ndiaye, avait déployé des Bulldozers sur le site (marché Sandaga) pour le démarrage des travaux de reconstruction estimés à près de 7 milliards CFA. Informée, Mme Soham El Wardini s’est aussitôt rendue sur les lieux pour stopper la manœuvre des Bulldozers. Selon Mme Wardini, le marché Sandaga est une propriété foncière de la Ville de Dakar comme l’atteste l’état de droits réels datant de 1939. Comme réplique, le ministre « quotataire » Alioune Ndoye a brandi l’Acte 3 de la décentralisation qui lui attribue un mandat de gestion sur le marché Sandaga. Dans la mêlée, les agents de la Ville de Dakar et les ouvriers de la commune de Dakar-Plateau ont failli en venir aux mains. C’est dans cette atmosphère très tendue que les gendarmes de la Dscos ont débarqué à Sandaga. Ordre de mission : Sommer les deux parties de quitter les lieux pour éviter tout trouble à l'ordre public. Très en colère, Mme le maire de la Ville de Dakar, Mme Soham El Wardini, a déclaré sur tous les toits que le seul le président de la République Macky Sall peut l’exproprier de son patrimoine qu’est Sandaga pour cause d'utilité publique. Sinon, elle va solliciter l’arbitrage du chef de l’Etat dans cette affaire l’opposant à la commune de Dakar-Plateau. « C’est peine perdue ! Car la Dscos a autorisé Alioune Ndoye à poursuivre les travaux de la réhabilitation du marché de Sandaga. Le maire de Dakar-Plateau est dans ses droits puisque le titre foncier de la Ville de Dakar est caduc depuis la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation » soutient pour sa part un proche d’Alioune Ndoye joint par « Le Témoin » quotidien.
LUTTE CONTRE LA COVID-19 UN DON TURC DE 12 TONNES DE MATÉRIELS MÉDICAUX
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a annoncé (eh oui, c’est lui-même qui fait ses propres annonces, on se demande dans ces conditions à quoi sert sa cellule de communication !), sur Twitter, que la Turquie va envoyer 12 tonnes de matériels médicaux au Sénégal, dans le cadre de la lutte contre la Covid 19. « J’ai eu un entretien ce jour avec le Président Recep Tayyip Erdogan. Je lui ai exprimé notre solidarité au peuple turc suite aux incendies qui affectent la Turquie. Il m’a assuré du soutien de la Turquie dans la lutte anti Covid avec l’envoi de 12 tonnes de matériels médicaux » écrit le président Macky Sall sur Twitter. L’assurance lui a été faite par son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, avec qui il a eu un entretien ce mardi, dont le prétexte était la transmission d’un message de solidarité au peuple turc suite aux incendies qui affectent son pays depuis quelques jours. La Turquie fait face aux pires feux de forêt de son histoire, selon le président Recep Tayyip Erdogan. Les flammes ont atteint une centrale électrique dans le sud-ouest du pays après avoir réduit en cendres des zones forestières côtières. La ville de Milas, près de laquelle se situe la centrale, a payé le plus lourd tribut. Ces incendies sans précédent auxquels fait face la Turquie depuis plus d’une semaine sont liés à la vague de chaleur extrême qui frappe le sud de la Turquie, en lien avec le réchauffement climatique selon les experts.
UN RECORD DE 31 DÉCÈS LIÉS AU COVID-19 AU COURS DES DERNIÈRES 24 HEURES
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état mardi d’un nombre record de 31 décès liés au covid-19 et 336 nouvelles contaminations pour le compte des dernières 24 heures. Sur 2.208 tests réalisés au cours de cette période, 336 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 15, 29 %, a annoncé le directeur de la Prévention, docteur El Hadj Mamadou Ndiaye. Les nouvelles infections enregistrées concernent 20 contacts suivis par les services de santé et 316 cas relevant de la contamination communautaire, dont 230 à Dakar, a précisé M. Ndiaye, au cours du point quotidien sur l’évolution de la maladie à coronavirus au Sénégal. Il a signalé que 495 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, contre 66 cas graves pris en charge dans les services de réanimation. Le directeur de la Prévention a par ailleurs fait état d’un nombre record de 31 décès liés au Covid-19 en 24 heures, un chiffre jusque-là jamais atteint au Sénégal depuis le début de la pandémie en mars 2020. Le précédent record, qui date de la semaine dernière, était de 29 morts en 24 heures. Depuis l’entrée de la pandémie au Sénégal, en mars 2020, un total de 68.348 personnes ont contracté le virus au Sénégal, 51.566 ont, depuis, recouvré la santé, 1526 en sont décédées et 15255 sont encore sous traitement. Concernant la campagne de vaccination démarrée en février dernier, le ministère de la Santé et de l’Action sociale renseigne que jusqu’à hier, 1.051.082 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin au Sénégal.
LES CLINIQUES PRIVÉES APPROVISIONNÉES EN PRODUITS DE «MÉDECINE D’URGENCE» PAR LA PNA
Les cliniques privées dans lesquelles sont pris en charge des malades du Covid-19 sont désormais approvisionnées par la Pharmacie nationale d’approvisionnement pour tout produit de ’’médecine d’urgence’’, a annoncé mardi Annette Seck Ndiaye, directrice générale de la PNA. La DG de la PNA, intervenant lors du point quotidien du ministère de la Santé et de l’Action sociale consacré à la pandémie du coronavirus, a précisé que cet approvisionnement "se fait sur la base de procédures clairement définies’’ et devrait permettre ’’une meilleure prise en charge des cas mais aussi de doter le personnel en équipement de protection’’. ’’Certes, la chaîne de distribution (de produits pharmaceutiques) au niveau mondial a été durement réprouvée, la demande nationale très importante, mais toutes les dispositions ont été prises pour assurer une disponibilité de médicaments ou de tout produits essentiel’’, a-t-elle assuré. La chaîne de distribution concerne "un circuit bien géré", tant au niveau central qu’au niveau régional, a assuré Annette Seck Ndiaye. Elle a toutefois déconseillé l’automédication, notamment l’usage d’antibiotiques sans avis médical.
BFEM UNE CANDIDATE QUI COMPOSAIT POUR SA TANTE ARRÊTÉE À TAMBACOUNDA
Après les fraudes qui ont marqué le Bac, un cas d’usurpation d’identité a eu lieu, ce mardi, lors de l’examen du Bfem au centre du collège Jean 23, à Tambacounda. Au jury numéro 1, une ancienne du collège a tenté de passer l’examen à la place de sa …tante histoire de l'aider à décrocher le sésame. Libération online qui donne la nouvelle, explique que les surveillants, qui ont détecté la tentative de fraude en vérifiant les identités des candidats, ont alerté la police. La fausse candidate et sa tante, qui a été interpellée par la suite, sont interrogées, sous le régime de la garde à vue, au commissariat de Tambacounda.
DIOURBEL UNE ÉLÈVE DE 14 ANS SE DONNE LA MORT PAR PENDAISON
K. Gassama, une élève de 14 ans, s’est donné la mort hier par pendaison. L'élève en classe de cinquième retrouvée morte ce mardi vers 12 heures dans sa chambre au quartier HLM route de Bambey de Diourbel. La nouvelle est donnée par Seneweb. Alertés sur la découverte d’un corps sans vie, les policiers ont rappliqué dare-dare sur les lieux du drame. Ainsi l'adolescente âgée de 14 ans a été retrouvée pendue à l'aide d'un foulard. Il ressort des premiers éléments du dossier que K. Gassama était classée au premier rang de sa classe au premier semestre. Mais elle a reculé finalement jusqu'à la 5ème place au second semestre. La mineure de 14 ans avait été réprimandée lundi par sa mère. En effet, la dame était dans tous ses états à cause des résultats de sa fille qu'elle a jugés mauvais. Mais K. Gassama a pris le soin de faire des confidences dans un journal intime avant de passer à l'acte aujourd'hui. D'après des sources de Seneweb, les enquêteurs exploitent ledit document laissé sur place par la défunte élève en classe de cinquième.
S’ENGAGER COMME EN CAMPAGNE ÉLECTORALE POUR METTRE FIN AU COVID
Le leader du parti "Visa Les Citoyens", Déthié Diouf, appelle les leaders politiques à s’engager "comme en campagne électorale" pour ralentir la progression rapide du virus dans le pays.
Thiès, 11 août (APS) - Le leader du parti "Visa Les Citoyens", Déthié Diouf, appelle les leaders politiques à s’engager "comme en campagne électorale" pour ralentir la progression rapide du virus dans le pays.
"J’interpelle d’abord tous les leaders politiques, pour engager notre responsabilité individuelle très forte", écrit-il dans un communiqué transmis à l’APS.
En créant un parti, un leader politique aspire, "en principe", à diriger le Sénégal, "donc face à une situation inédite pareille, ajoute Déthié Diouf, nous devons tous nous engager comme en campagne électorale, agir sur nos cercles d’influences de manière déterminée pour jouer pleinement notre partition".
Le président de Jeunesse action citoyenne (JAC) s’est également adressé dans son message aux responsables de mouvements de jeunesse, de femmes, d’ASC, etc.
"J’interpelle les leaders sociaux pour engager notre responsabilité collective", insiste-t-il dans ce texte intitulé "Face à ce drame social dû au COVID, j’interpelle".
Déthié Diouf, estimant que "notre conscience morale profonde doit être titillée", appelle à mettre en branle la citoyenneté productive et à "actionner le patriotisme le plus élevé", "comme un soldat engagé en première (ligne) pour libérer" le pays.
"Dans ce drame social que j’avais annoncé, je n’aurais pas voulu tristement avoir raison", déclare le leader du parti "Visa Les Citoyens". Et Déthié Diouf de souligner : "Nous subissons durement et cruellement les conséquences de notre deuxième relâchement coupable".
Il estime que l’approche médicale ayant "objectivement atteint ses limites face à l’invasion du Corona", l’ambassadeur de la paix soutient qu’un "engagement constant de la communauté est la meilleure solution".
"Une épidémie pareille n’est pas une affaire médicale", note-t-il, non sans louer la posture du corps médical qui, bien que "saturé et débordé", "tient vaillamment son rôle malgré la modicité des moyens face à l’enjeu".
S’il juge que "les orientations et stratégies (de lutte) sont bonnes", M. Diouf estime qu’une "absence de suivi rigoureux", de même qu’une attitude collective consistant à vendre la peau de l’’ours avant de l’avoir tué, ont conduit à ce "désastre qui aurait pu être évité".
"Des dizaines de morts par jour créent une angoisse existentielle, une psychose dramatisante", fait remarquer l’homme politique, pour qui, "notre acceptation sociale de la mort est mise à rude épreuve".
Il évoque son expérience personnelle de la maladie et les actions qu’il a engagées dans le cadre de la lutte contre cette pandémie, avec l’apparition du virus au Sénégal le 2 mars 2020.
Déthié Diouf a rappelé qu’il avait commencé à publier des vidéos de sensibilisation sur les réseaux sociaux, avant de descendre sur le terrain à partir du 4 avril, pour des distributions de masques, de gel hydro-alcoolique et de savon.
Testé positif puis interné à l’hôpital Principal le 23 mai, d’où il était sorti le 2 juin 2020, il avait pu découvrir, relate-t-il, la "sournoise" et "la réalité de la stigmatisation", "le plus (grand obstacle) à l’efficacité de la lutte".
Ce qui l’avait amené à lancer le mouvement "Bannissons la stigmatisation et reconnaissons le mérite", suivi de l’opération "Corona dou Diar ci mane" (le corona ne passera pas par moi), déroulée avant, durant et après le dernier magal. Il dit avoir parcouru, dans ce cadre, 8 régions sur les régions que compte le Sénégal.
Il est aussi revenu sur une opération de solidarité qu’il avait organisée en septembre dernier au profit de plusieurs écoles coraniques dites ’’daaras’’, à travers des consultations médicales et dons de médicaments dont ont bénéficié également des nécessiteux.
En avril dernier, dans un contexte de tendance baissière des contaminations, les opérations Doggali Corona (achever le corona) et Saxal set ngir wer (maintenir l’hygiène pour la santé) sillonnent 12 régions.
Face à la troisième vague de la pandémie à coronavirus, il assure poursuivre la sensibilisation et la distribution de kits de protection et d’hygiène.
Il renseigne que depuis vendredi dernier, son équipe s’est rendue à Tivaouane, Pire et Diacksao. A Thiès, il dit s’appuyer sur les "talibés" pour transmettre le message de prévention.
Déthié Diouf identifie trois phases pour venir à bout de cette pandémie, à savoir celle du ralentissement de la progression rapide du virus, celle du "Roll back Corona" et enfin celle de l’éradication.
Il estime que, pour ce faire, "le gouvernement doit changer de paradigme, en mettant les moyens sur la prévention active et déterminée".
Il suggère au président de la République de relever le Service national de l’hygiène au rang de direction générale, pour "réussir de manière pérenne le combat de l’hygiène".
Ce qui, estime-t-il, "va à coup sûr atténuer toutes les pressions sur le secteur médical en priorité et sur l’action sociale".
LA COVID-19 : LA DÉSINFORMATION POLYPHONIQUE
Le professeur Khadiyatoulah Fall éclaire la lanterne de l’opinion sur le concept de l’agnotologie, c’est-à-dire la production de fausses connaissances, appliquée à la covid-19.
Professeur Khadiyatoulah Fall, vous avez, dans une toute récente interview, indiqué que l’agnotologie, la production des fausses connaissances sur la covid-19, constituait une autre de nos vulnérabilités dans la lutte contre cette pandémie. Vous disiez que cela a contribué à ralentir nos stratégies de riposte face à la pandémie. Pouvez vous revenir sur cette remarque?
Effectivement , j’avais souligné, dans des contributions antérieures, que la période Covid-19 a été et continue d’être une arène de controverses scientifiques, populaires et populistes autour du virus , de son origine, de la réalité de la pandémie, de la fabrication et de l’efficacité des médicaments et des vaccins disponibles. Posons au départ qu’il est normal que l’activité scientifique, l’activité de recherche s’accompagne de critiques entre chercheurs car clarifier les connaissances, questionner les théories et surtout les méthodologies douteuses, obscures, cela relève du contrat épistémique de la science dont le rôle est de lever l’ignorance, de dépasser les opinions et de faire avancer la science sur des bases solides, vérifiables.
Cependant, nous avons été tous témoins de la confusion créée par les scientifiques eux-mêmes sur les résultats de la recherche et à travers leurs sorties médiatiques. Nous avons perçu des divergences de points de vue où l’on a parfois décelé des rivalités entre chercheurs et laboratoires de recherche, des collusions, des conflits avec les intérêts financiers de la grande industrie pharmaceutique et des enjeux géopolitiques internationaux, des légèretés dans l’évaluation des articles scientifiques, et cela même dans des revues scientifiques d’habitude de haut calibre.
Ainsi ces facteurs ont pu parfois créer une illisibilité dans l’énonciation de la parole scientifique. Tout ceci a même poussé des scientifiques à valider les théories complotistes, conspirationnistes.
Voulez vous dire que les scientifiques ont été les sources de l’émergence de l’agnotologie dans le cas de la covid-19?
Je dirai plutôt que l’on ne peut pas totalement exclure leur part de responsabilité. Ce que je veux surtout faire comprendre en abordant la question d’abord par l’énonciation scientifique, c’est montrer que l’agnotologie, c’est-à-dire l’inexacte production des faits, la création de l’incertitude, le camouflage d’une partie de la réalité, l’obstruction dans la révélation des faits, de telles pratiques ont pu être commises par des scientifiques eux-mêmes et cela pour des raisons qui ne sont pas scientifiques.
Et ainsi faisant, des scientifiques et des médecins engagés dans la recherche sur la Covid ont pu faire le lit d’une certaine fabrique de l’ignorance. Des chercheurs ont d’ailleurs soutenu à juste titre, qu’en ce qui concerne la recherche sur la covid, on a assisté plus souvent au spectacle d’un partage de l’ incertitude que celui d’un partage du consensus.
Ce que je veux pointer, c’est que lorsqu’on parle de la production de l’agnotologie, il faut savoir qu’elle n’émane pas seulement du savoir non expert ou des savoirs populaires, religieux ou culturels. Des philosophes, sociologues et historiens des sciences ont utilisé la métaphore de la «science fastfood» pour renvoyer à l’approximation des résultats mais surtout à la précipitation dans leur diffusion avec la concurrence des revues scientifiques.
Des recherches ont montré qu’avec la pandémie Covid, l’évaluation des articles prenait 10 jours. Avec l’épidémie Ebola, c’était 15 jours. Alors qu’en période normale, une évaluation sérieuse peut prendre 100 jours. Le déferlement de l’agnotologie a bénéficié d’un contexte énonciatif favorable marqué par une extrême polyphonie des voix et une intense circulation des discours.
Je ne crois pas que dans l’histoire humaine sur les pandémies et épidémies, nous ayons jamais été exposés au télescopage et à l’intertextualité d’autant de discours sur une maladie. Un chercheur a décrit notre période comme étant celle de l’énonciation de la «santé polyphonique». Dans un contexte où la parole scientifique était instable, incertaine et alors que le monde scientifique partout tardait à faire autorité forte sur l’interprétation des faits, il s’est installé une concurrence des interprétations qui puisaient à différentes sources et particulièrement à celles non scientifiques. Il s’est installé ce que l’on a désigné par un tsunami informationnel, une infodémie que
d’ailleurs l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a identifiée très tôt comme un enjeu important dans nos stratégies de riposte face à la propagation du virus.
L’infodémie est une surcharge cognitive d’informations sur des enjeux d’actualité, informations dont les véracités, surtout scientifiques, ne sont pas établies et cela perturbe la résolution des problèmes car la population perd les repères et n’arrive plus à agir de manière rationnelle et efficace.
Professeur, malgré la cacophonie que l’on a perçue dans le milieu scientifique, il faut quand même reconnaître que des vérités scientifiques commencent à s’imposer. Ainsi par exemple, une certaine efficacité des vaccins
Excellente remarque. Loin de moi l’idée qu’il n y ait pas eu de scientifiques, de chercheurs, de médecins qui ont toujours respecté le contrat épistémique du faire et du dire scientifiques. Il faut d’ailleurs saluer cette grande mobilisation mondiale du milieu scientifique, de nos chercheurs courageux et persévérants dans le silence des laboratoires qui nous ont procuré en un temps record les différents vaccins dont nous disposons aujourd’hui et qui, malgré les polémiques qu’ils génèrent, montrent quand même, comme vous le dites, une certaine efficacité.
Là où les vaccins sont disponibles, là où les gens vont se vacciner, il y a des progrès et cela donne espoir que l’intelligence scientifique, la rationalité et le civisme des humains nous permettront de sortir de cette pandémie. Je reviens aux intentions de mes propos. Ce que j’ai voulu souligner, c’est que des acteurs du savoir scientifique et des praticiens ont pu participer à la désinformation permettant parfois même aux citoyens ordinaires d’élaborer des représentations erronées sur le virus, sur la pandémie et les soins.
A cela se sont greffées les croyances traditionnelles, religieuses, les rumeurs, des préjugés, des idéologies populistes, et surtout des perceptions, des informations fausses qui viennent de notre exposition aux médias sociaux et à certains influenceurs. Je précise ici. Je ne dis pas que tout des réseaux sociaux et d’internet renvoie à la désinformation. On y rencontre de la bonne et utile information. Ce que des recherches font cependant ressortir, c’est que les rumeurs et les faussetés délirantes portées par les activistes coronasceptiques et les antivax prennent une plus grande prégnance cognitiviste chez les internautes et cela sous l’effet de ce que nous appelons l’hameçonnage, l’enfermement algorithmique ou le «rabbit hole».
Des chercheurs de l’Université Mc Gill de Montréal ont bien montré que les médias sociaux ont été plus susceptibles à pousser à enfreindre les règles sanitaires que les médias traditionnels. Il est important de bien analyser ce qui se passe, ce qui s’est passé. Et surtout de ne pas enfermer la fabrique de la désinformation et de l’ignorance dans le seul monde non scientifique.
Si on vous suit bien, la gestion de la pandémie est alors d’une grande complexité pour les décideurs politiques.
Oui, car en dernier ressort, ce sont eux qui doivent prendre position, nourris par des données scientifiques, mais aussi par d’autres facteurs qui ont des impacts sur les différentes dimensions de la vie économique, sanitaire, sociale et nationale. La pandémie porte sur un virus sournois et mutant. Elle s’inscrit dans un contexte économique, dans un contexte international, dans un contexte culturel et surtout, pour notre pays, dans un contexte où la production du sens social subit fortement les contraintes religieuses et confrériques. Mais également dans un contexte où la culture scientifique et la vulgarisation scientifique ont besoin d’être développées.
Comment alors créer une rencontre éclairée entre les recommandations de la science, les sensibilités socio-culturelles et religieuses et les décisions politiques?
Cela n’est pas facile. C’est pour cela que dans notre lecture de la situation, il nous faut, bien sûr, être vigilant, critique sur l’action gouvernementale si de besoin, critique sur les erreurs flagrantes et les incompétences de gestion s’il y en a, mais aussi il faut savoir être nuancé et tolérant. Il ne faut pas sombrer dans le nihilisme et dans les simplifications réductrices d’une situation complexe. De plus, nous risquerions de sombrer dans l’agnotologie si les conflits politiques structuraient essentiellement nos interprétations des événements. Je voudrais apporter une dernière clarification importante.
L’agnotologie ou cette science de l’ignorance, de la construction de l’ignorance, pour reprendre le professeur Robert Proctor de l’Université de Stanford, peut se rencontrer dans toutes les activités de la société. Nous avons ici parlé du domaine scientifique médical. Mais elle intervient aussi dans le milieu industriel et économique et là je pense aux recherches du professeur Proctor sur l’industrie du tabac. Elle touche les champs de l’agro-alimentaire, de l’environnement, de la justice, de la gouvernance politique etc. Dans notre groupe de recherche, nous analysons l’agnotologie dans le cadre des enjeux contemporains sur la liberté d’expression.
En effet, la liberté d’expression ne peut être ce droit démocratique fondamental que si les conditions de possibilités d’exercice plein de ce droit existe. Et parmi ces conditions, il y a la disponibilité de l’information juste, de la transparence, de la mise à disponibilité des faits objectifs aux citoyens pour pouvoir bien juger. L’agnotologie et l’analyse des processus de construction de l’ignorance, de la désinformation visent donc à aider à promouvoir l’existence de « sociétés de démocratie éclairée».
De plus en plus, les médias, dans différents pays du monde créent des plateformes de «fact checking», de «debunking», de «vrai ou faux» qui se spécialisent, avec une démarche informée, professionnelle, transparente et rigoureuse, à débusquer et corriger les rumeurs, les fausses informations, les fakenews, les intox qui trompent et manipulent les citoyens. Il est évident que de telles plateformes avec les acteurs compétents et crédibles ont manqué dans notre pays durant la pandémie afin de bien informer.
Monsieur Khadiyatoulah Fall est chercheur membre émérite du Centre interuniversitaire et interdisciplinaire d’excellence CELAT au Québec. Il dirige la Chaire de recherche CERII de l’Université du Québec à Chicoutimi. Il a édité, il y a quelques années, avec le professeur sémioticien Pierre Ouellet l’ouvrage «Les discours du Savoir» qui traite des processus de construction et d’interprétation des discours scientifiques, didactiques et de vulgarisation. Dans cet ouvrage, on retrouve des contributions des savants Bruno Latour et Jean Petitot
Par MADAME AMINATA DIOP
RECOURS CONTRE LES LOIS PORTANT MODIFICATION DU CODE PÉNAL ET DU CODE DE PROCÉDURE PÉNALE : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL AVAIT-IL LE POUVOIR DE DÉLIBÉRER ?
Le débat aurait pu être d’un grand intérêt scientifique. Malheureusement, ce qui est vrai pour les tribunaux, l’est aussi, peut-être davantage, pour le débat juridique : lorsque la politique y entre par la porte, le droit en sort par la fenêtre
La Décision rendue par le Conseil constitutionnel, à la suite de sa saisine par vingt-et-un députés pour « annuler les projets de loi » portant modification du Code pénal et du Code de procédure pénale, a soulevé un débat politico-juridique nébuleux. Les contempteurs du Conseil constitutionnel ont soutenu globalement que celui-ci a violé la loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 le régissant en ce sens qu’il n’avait pas la possibilité de statuer sur le recours, en raison du fait qu’il comportait quatre (4) membres au lieu de sept (7), les trois autres étant « définitivement empêchés ».
Le débat aurait pu être d’un grand intérêt scientifique. Malheureusement, ce qui est vrai pour les tribunaux, l’est aussi, peut-être davantage, pour le débat juridique : lorsque la politique y entre par la porte, le droit en sort par la fenêtre. Il est étonnant que ceux qui ont pourtant présenté ces lois comme hautement attentatoires aux droits et libertés aient circonscrit le débat à la question de la composition du Conseil, sans interroger outre mesure la motivation de la haute juridiction sur le fond. Il est encore plus paradoxal de constater que ceux qui criaient à l’inconstitutionnalité de la loi, théorisaient en même temps « le blocage institutionnel », allant jusqu’à proposer au Conseil constitutionnel une motivation dans ce sens ! C’est pourquoi, à travers cette contribution, je voudrais, en ma qualité de juriste, donner un point de vue scientifique sur la « légalité » de la délibération du Conseil constitutionnel.
Il convient de relever que le Conseil constitutionnel, adoptant une démarche pédagogique, a expliqué de prime abord la possibilité pour lui de statuer sur les recours, malgré la vacance de trois postes sur sept, avant de se prononcer sur les moyens soulevés par les requérants.
Cet aspect de la Décision du Conseil constitutionnel sur sa composition qui fait actuellement l’objet de débat mérite une analyse juridique approfondie, à la fois sous l’angle de la continuité du fonctionnement des institutions, du pouvoir régulateur du Conseil, mais aussi des méthodes et techniques d’interprétation de la loi.
Les termes de la controverse sont simples : l’article 23 de la loi organique relative au Conseil constitutionnel disposant que « le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres sauf empêchement définitif de trois d’entre eux au plus, dûment constaté par les autres membres », certains juristes ont induit de ce texte que le silence de la loi sur la notion « d’empêchement définitif », entraine un vide juridique qui doit conduire le Conseil, en pareille occurrence, à constater le « blocage institutionnel » et à s’abstenir de délibérer.
Cette interprétation purement littérale et « textualiste », qui revient à soutenir que lorsque la loi ne dit rien à propos d’une situation donnée, le juge doit s’abstenir de statuer, est à la fois restrictive et erronée. Elle renvoie à une dogmatique juridique que récuseraient même les tenants les plus radicaux de l’école dite de l’exégèse pourtant connue pour sa volonté de réduire le droit à la loi. En effet, plus que l’obscurité de la loi, c’est son silence qui a conduit tous les systèmes juridiques à concevoir des méthodes d’interprétation permettant de donner une réponse judiciaire à de telles situations.
À titre d’exemple, c’est en se servant du raisonnement a pari, encore appelé « raisonnement par analogie » ou « qiyas » en arabe, que le droit musulman a étendu l’interdiction coranique de la consommation du vin à toute boisson procurant l’ivresse. Ce raisonnement par analogie utilisé par les jurisconsultes musulmans n’est pas inconnu du droit romano-germanique et du système anglo-saxon. Il repose sur l’idée que les situations similaires devraient être traitées de la même façon. Il consiste à étendre le champ d’application d’une disposition législative pour prévenir un vide juridique ou assurer la cohérence du droit. Parce que le déni de justice est punissable, il n’est ni raisonnable, ni rationnel, d’interdire au juge, surtout constitutionnel, de combler les insuffisances de la loi en l’interprétant. Parce que le législateur est supposé rationnel, il n’est pas admissible de présumer que son intention est de faire produire à la loi des effets déraisonnables ou absurdes.
Ces constats qui procèdent de l’évidence expliquent le fait que la plupart des méthodes d’interprétation de la loi, élaborées par la jurisprudence et conceptualisées par la doctrine, ont pour principe commun, de faire privilégier une lecture de la loi qui lui permette d’atteindre sa finalité, sa ratio legis. Il est, à ce propos, clair que l’objectif visé par le législateur organique, à travers l’article 23 précité, n’est pas celui que les critiques de la décision du Conseil semblent lui prêter, à savoir « le blocage des institutions ».
Tout juriste avisé et éclairé sait que la loi n’est pas la seule source du droit. C’est ce qu’a montré le Conseil constitutionnel lorsqu’il apprécie la régularité de sa composition, à la fois, au regard de la loi le régissant et sur le fondement d’un principe à valeur constitutionnelle : « la continuité du fonctionnement des institutions publiques ».
Ce principe s’impose au législateur et au juge lui-même. En l’espèce, le Conseil constitutionnel ayant connu trois vacances sans remplacement au moment de sa saisine, se trouvait en face d’une situation susceptible de compromettre la continuité de son fonctionnement. Pour surmonter cette situation non régie par la loi, le Conseil a usé du pouvoir normatif consubstantiel à toute juridiction de cette nature, mais aussi des méthodes et techniques d’interprétation que le droit met à la disposition du juge lorsque la loi est silencieuse, obscure ou contradictoire.
Agissant ainsi, le Conseil constitutionnel a assumé le rôle de régulateur qu’il s’est assigné depuis sa création, pour éviter la paralysie du fonctionnement des institutions. Il convient, sous ce rapport, de rappeler la Décision n° 5-E du 2 Mars 1993, rendue par le Conseil moins d’un an après sa création pour assurer la continuité des institutions publiques face au blocage de celles-ci, à l’occasion de l’élection présidentielle de 1993.
Le Conseil avait estimé, dans le Considérant 17 de sa décision « qu’après s’être déclaré valablement saisi et malgré le silence des textes, il a l’obligation de se prononcer sur la question portée devant lui ; qu’en effet, ni le silence de la loi, ni l’insuffisance de ses dispositions, n’autorisent le conseil, compétent en l’espèce, à s’abstenir de régler le différend porté devant lui, qu’il doit se prononcer par une décision en recourant, au besoin, aux principes généraux du droit, à la pratique, à l’équité et à toute autre règle compatible avec la sauvegarde de l’État de droit et avec l’intérêt commun ».
À travers ce considérant, le Conseil haute juridiction a très tôt montré que son rôle de régulateur et de garant de la continuité du fonctionnement des institutions ne s’accommodait pas d’une lecture parcellaire, littérale, voire « grammaticale » de la Constitution et des lois, mais lui imposait une approche systémique, avec toujours comme toile de fond, l’esprit général de la loi fondamentale et la nature de sa mission.
Dans ce sens, la décision du 22 juillet 2021 peut être considérée comme « classique » au regard de la tradition jurisprudentielle du Conseil. Dans une autre décision rendue le 26 juillet 2017 (Décision n° 8-2017), le Conseil, pour garantir le respect du droit fondamental de vote, invoqua la notion de « circonstances exceptionnelles » afin de permettre aux citoyens, qui n’avaient pas pu entrer en possession de leur carte d’électeur, de présenter dans les bureaux de vote des documents autres que la Carte d’identité CEDEAO exigée par le Code électoral. Là encore, ceux qui reprochaient à l’Administration, voire au Pouvoir politique, de procéder à une « rétention des cartes électorales » pour empêcher le vote des primo-votants qui serait défavorable aux tenants du Pouvoir, étaient curieusement les mêmes à reprocher au Conseil constitutionnel de permettre à ces électeurs d’exercer leur droit constitutionnel.
C’est pourtant ce pouvoir de régulation qui permet au Conseil constitutionnel de veiller au respect de l’ordre juridique et constitutionnel. Il repose essentiellement sur le principe à valeur constitutionnelle de continuité du fonctionnement des institutions dégagé par le Conseil à travers sa jurisprudence. Il apparait cependant clairement, s’agissant du cas d’espèce, que ce pouvoir de régulation se reconnait pour limite objective, celle exprimée expressément par la Constitution et la loi organique. C’est pourquoi il a admis que l’article 23 de la loi organique, en disposant que « le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux dûment constaté par les autres membres », lui a fixé un quorum de quatre membres au minimum pour statuer valablement, ce qui constitue la majorité absolue des membres le composant. C’est tout le sens du considérant n° 5 de la Décision n° 2/C2021 du 20 juillet 2021 dont la teneur suit : « … au regard de l’esprit et de la lettre de la Constitution et de la loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel, le Conseil constitutionnel doit toujours être en mesure d’exercer son pouvoir régulateur et de remplir ses missions au nom de l’intérêt général, de l’ordre public, de la paix, de la stabilité des institutions et du principe de la nécessaire continuité du fonctionnement des institutions ; que dans les cas où des circonstances particulières l’exigent, il est tenu de délibérer et de statuer, dès lors que la majorité des membres qui doivent la composer est présente ; ».
Pour toutes ces raisons, le Conseil constitutionnel, en statuant avec quatre (4) membres pour accomplir sa mission de contrôle de constitutionnalité des lois n’a nullement violé la loi en ce sens que la décision a été rendue par la majorité absolue des membres le composant En somme, la controverse autour de la décision rendue par le Conseil constitutionnel nous renseigne moins sur la jurisprudence de cette juridiction que sur la qualité du débat juridique au Sénégal. En effet, loin de toute arrogance, nous n’avons pu noter que des commentaires politiques et médiatiques présentés sous un vernis scientifique. Cela découle de l’accaparement de l’espace public par ceux que le sociologue Pierre Bourdieu qualifie d’« intellectuels intermédiaires ».
En écoutant « ces intellectuels faussaires » qui ne font de la « science » que sur les plateaux de télévision ou dans les studios de radio, on ne peut s’empêcher de penser à ces propos du géopolitologue Pascal Boniface (« Les intellectuels faussaires. Le triomphe médiatique des experts en mensonge » Paris, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2011) : « ces intellectuels et experts qui n’ont pas de scrupules à employer des arguments de mauvaise foi, à énoncer des contrevérités, afin d’emporter l’adhésion. Leur culot, leur absence totale de scrupules semblent être illimités et constituer un atout. Loin de subir une réprobation générale, on les acclame de plus belle ».
Pour le cas qui nous intéresse ici, il s’agit de soi-disant « experts » ou de pseudo constitutionnalistes qui se sont lancés dans une exégèse des textes, en se livrant à une analyse des décisions du Conseil constitutionnel avec des erreurs d’interprétation telles que l’on peut légitimement se demander s’ils ont pris le temps de les lire. C’est le lieu de leur rappeler que nos illustres Maitres nous ont toujours appris qu’un universitaire ne peut prétendre faire partie de la doctrine que s’il a au moins soutenu une thèse de doctorat. J’invite donc certains de mes anciens camarades étudiants de Dakar, qui ne sont des spécialistes que devant les non juristes, à faire preuve de moins d’activisme médiatique, à consacrer un peu plus de temps à leurs recherches doctorales et à soutenir leur thèse dans les meilleurs délais.
Après ce rappel et cette invitation, je voudrais faire observer que l’OPA hostile que ces « spécialistes» ont exercée sur le débat juridique a malheureusement pour effet d’en éloigner les vrais constitutionnalistes, nos maîtres que je ne citerai pas ici par respect pour leur humilité. Les opinions politiques peuvent certes girer au gré des vents médiatiques dominants, les analyses juridiques doivent, quant à elles, avec l’obstination d’une boussole, s’orienter, malgré les vents contraires, vers le pôle magnétique de la vérité scientifique. Il est donc de la responsabilité des médias – qualifiés de « quatrième pouvoir » – dans une véritable démocratie, de veiller à la qualité du débat public en tant que principaux animateurs. Pour ce faire, ils doivent veiller à identifier et à faire appel aux experts et universitaires crédibles, légitimes, ayant autorité à discourir sur des questions qui nécessitent un examen technique. Il importe d’avoir leurs avis sur des enjeux liés à ces questions dans le cadre de certains événements et de la mise en perspective de certaines informations. Il y va de la consolidation de notre démocratie en construction.
«NOUS NE RECEVONS PAS D’ARGENT, MAIS DES DONS D’ARBRES»
EnQuête dans cet entretien, donne la parole au photographe Mandione Laye Kébé, initiateur du challenge «Un citoyen, un arbre» plateforme qui connaît un succès populaire et qui vise 10.000 arbres d'ici la fin de l'année grâce à l’ONG Save Dakar
A l’image de plusieurs ONG, Save Dakar s’est lancée dans un projet de reverdissement de la capitale sénégalaise. Un pan du thème de 2021 de la Journée mondiale de l’environnement. Le challenge ‘’Un citoyen, un arbre’’ connaît actuellement un succès populaire au-delà même des attentes des initiateurs. ‘’EnQuête’’, dans cet entretien, donne la parole au photographe Mandione Laye Kébé, initiateur de la plateforme.
Save Dakar est une plateforme assez connue au Sénégal de par ses initiatives en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable. Comment est-elle née ?
Save Dakar a vu le jour en 2017. L'initiative est née grâce à mon smartphone. Je me promenais en centre-ville un jour et j’ai été choqué de voir toutes les ordures jetées au niveau de la place de l’Indépendance. J’ai donc pris des photos que j’ai postées pour alerter les autorités, avec pour légende : ‘’Monsieur le Président, regardez le décor qui se trouve à quelques pas de votre palais.’’ L’image a eu un effet retentissant auquel je ne m’attendais pas. Ensuite, j’ai créé la page. L’objectif principal de Save Dakar est d’éveiller les consciences, pour que chacun prenne ses responsabilités. Nous avons eu à participer à la Grande muraille verte, mener des campagnes de reboisement sur la corniche-Ouest, la plage de Yoff, à Bargny.
Ainsi, on a voulu quitter le digital pour passer au concret et aujourd’hui, tous les Sénégalais se retrouvent dans Save Dakar. Save Dakar, c’est une philosophie de vie. Beaucoup nous demandent de l’élargir aux régions, mais je leur réponds que c’est à chacun de reproduire les bonnes actions. Ces jeunes de l’intérieur du pays doivent s’engager dans leur localité. D’ailleurs, cela a démarré à Saint-Louis et à Podor, et on prévoit une caravane citoyenne.
Aujourd’hui, la plateforme est très connue en tant que défenseur de l’environnement. L’équipe est composée d’une dizaine de personnes au Sénégal et à l’extérieur du pays. Actuellement, il y a tellement de jeunes qui participent à ce projet. Que ce soit des développeurs, des ingénieurs en télécommunications, des infographes, des géomètres. Aujourd’hui, tous ces jeunes-là s’identifient à Save Dakar et s’y donnent corps et âme pour propulser l’initiative. Et je peux vous rassurer que ces jeunes sont des bénévoles à 100 %. Je pense qu’aujourd’hui, Save Dakar, c’est l’affaire de tous. Nous recevons chaque jours des mails de jeunes Sénégalais qui, enthousiastes, veulent participer à notre travail.
Le secret de l’impact que nous avons aujourd’hui, pour moi, n’est autre que le fait que Save Dakar soit une initiative purement citoyenne qui appartient aux Sénégalais. Tous les gens qui portent le projet Save Dakar sont des travailleurs. Chacun a son métier, contrairement à ce que certains peuvent penser. Je suis artiste photographe, je travaille dans le domaine des arts visuels. C’est important que les Sénégalais sachent que c’est nous qui faisons vivre Save Dakar, mais nous ne vivons pas de Save Dakar.
Récemment, vous avez lancé le challenge ‘’Un citoyen, un arbre’’ qui connaît un engouement certain, surtout dans les rangs des jeunes. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
Cette initiative est née d’une expérience qu’on a vécue. Nous avons eu à faire pas mal de campagnes de reboisement à Dakar. Malheureusement, cela n’a pas abouti au résultat escompté. On se casse la tête pour organiser des journées de reboisement, mais le lendemain on se rend compte que les lieux reboisés redeviennent des dépotoirs. Un mois après le reboisement, la majeure partie des arbres sont retrouvés morts, parce qu’il n’y a pas de suivi. De plus, nous sommes tous d’avis que Dakar suffoque ; Dakar manque cruellement d’arbres ; il suffit d’être dans les airs pour s’en rendre compte. Et de manière générale, c’est tout le Sénégal qui manque d’arbres : du Nord à l’Est, c’est quasiment le désert, à part le Sud où on a un peu de verdure. Alors on s’est dit qu’on va faire de sorte que chaque Sénégalais ait un arbre devant chez lui. Les arbres ne coûtent pas cher.
Le mouton de Tabaski coûte bien plus cher, mais à chaque fête, chaque famille s’arrange pour en avoir au moins un. Un arbre d’ombrage coûte 500 F et un arbre fruitier 1 000 F CFA. Si chaque famille se porte volontaire pour acheter un arbre et faire le suivi, je suis convaincu que d’ici 2050, notre pays sera verdoyant, sans qu’on attende les politiques. Ce qui est important, c’est d’inculquer des valeurs citoyennes aux Sénégalais, parce que c’est au niveau de la participation citoyenne qu’on sent l’engouement et l’engagement des populations. C’est là qu’apparait la volonté de participer au développement de son pays, de poser une action utile non seulement pour nous, pour le Sénégal, pour les générations futures mais aussi pour la planète.
Les Sénégalais sont tellement généreux. Vu l’impact et l’importance de l’initiative ‘’Un citoyen, un arbre’’, il y a aujourd’hui beaucoup d’entreprises qui, dans le cadre de leur RS, nous font des dons d’arbres. Quand on lançait le challenge, on n’avait pas d’arbres à offrir, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui et grâce à cela, on aura notre propre pépinière qui sera propre à Save Dakar. D’après nos statistiques, on peut avoir, d’ici la fin de l’année, au minimum 10 000 arbres pour Save Dakar. Tout cela est rendu possible par des citoyens lambda qui nous appellent de partout (France, USA Canada, Maroc...) pour offrir spontanément des centaines d’arbres.
J’aimerais souligner que nous ne recevons pas d’argent, mais des dons d’arbres. Les entreprises donatrices on les met en contact avec et traitent directement avec le Service des eaux et forêts et nous ne faisons que récupérer les arbres. Ce n’est pas de l’argent qu’elles nous donnent. C’est très important de le souligner. L’objectif est de reverdir le pays et que les citoyens puissent participer de façon bénévole.
Actuellement, nous sommes à des centaines d’arbres plantés et d’ici la fin de l’année, on en aura des milliers dans chaque zone. Nous travaillons par zone et chaque zone du Sénégal a un représentant qui se charge de la distribution. Nous avons commencé par l’axe Rufisque - Keur Massar - Mbao. Le plus important, ce n’est pas d’aller vite, mais tout doucement et de bien faire les choses de façon professionnelle, transparente et durable. On souhaite que le projet grandisse et nous grandissons avec. Ainsi, petit à petit, on fait des choses simples, mais durables. Nous visons le million d’arbres à Dakar, voire plus d’ici 2050 pour, au final, avoir 16 millions d’arbres pour 16 millions de Sénégalais. Alors l’idée, ce n’est pas de faire dans la précipitation, mais de faire des choses simples, efficaces et durables.
Ce qu’on oublie, c’est que Dakar portait le nom de ‘’Cap-Vert’’, cela parce qu’il y avait tellement d’arbres dans la capitale, mais en moins de 100 ans, Dakar est devenu ‘’Cap béton’’. On est en train de construire énormément d’immeubles, d’infrastructures au point qu’on a oublié de mettre les arbres. Toutefois, ce n’est pas trop tard pour rectifier le tir.
Donc, l’objectif est d’inculquer des valeurs citoyennes aux Sénégalais pour qu’ils puissent participer bénévolement en plantant un arbre. C’était cela l’idée de départ. Mais, à notre grande surprise, en moins de 24 heures, l’association JVE (Jeunes volontaires pour l’environnement) nous a contactés pour nous offrir des plants à remettre à la population, surtout à ceux-là qui n’ont pas les moyens d’en acheter. Par la suite, bon nombre de jeunes de la banlieue nous ont contactés dans le but de participer au challenge. Ils ont manifesté un grand intérêt, mais ne savaient pas comment s’y prendre. C’est à ce moment que je me suis rendu compte que les Sénégalais n’ont pas cette culture d’aller acheter un arbre et de le planter. Et donc nous nous sommes mis à inciter les Sénégalais qui ont les moyens à acheter un arbre et ceux qui n’en ont pas à nous contacter.
Pour vraiment avoir un suivi, nous avons élaboré un pacte de suivi afin que les associations, le Sénégalais lambda qui ont reçu des arbres le signent pour nous signifier qu’ils se chargeront du suivi. Aussi, on a voulu avoir le maximum d’informations sur chacune des personnes à qui on donnera un arbre. De ce fait, nous sommes en train de créer une plateforme comprenant le nom, le prénom, le lieu d’habitation, le département et la région de ces citoyens, afin qu’on puisse cartographier et géolocaliser l’arbre. La plateforme va non seulement permettre aux citoyens de faire le suivi à travers le digital en prenant en photo chaque trois ou six mois l’arbre. L’image sera postée sur la plateforme pour montrer l’évolution de l’arbre.
Peut-on donc conclure que la préservation de l’environnement et les questions de développement durable intéressent plus qu’hier ?
Aujourd’hui, il y a pas mal d’associations qui font des choses extraordinaires. Je peux citer JVE Quartier vert Sénégal, Dakar Oxy, Nebeday, un Twitto, un arbre... Ce sont des initiatives qui ont besoin d’être accompagnées, d’être soutenues par tous les Sénégalais. Aussi, pour que les Sénégalais puissent changer, il faut que la presse sénégalaise s’implique dans le développement durable. Aujourd’hui, il y a tellement d’organes au Sénégal, si chaque jour toutes les radios et télés faisaient des spots, même d’une minute sur ce challenge, cette initiative citoyenne, sur la sensibilisation des Sénégalais quant à l’importance de l’environnement, du suivi et de la citoyenneté, imaginez combien cela peut impacter, d’autant plus qu’aujourd’hui, le digital est de plus en plus utilisé par les Sénégalais.
Je pense aussi que l’engagement des influenceurs, des artistes, des khalifes généraux aurait un fort impact. On peut faire de cette initiative un sacerdoce, si je peux me permettre de le dire. On n’exclut pas les politiques qui peuvent faire des campagnes de sensibilisation à ce sujet. S’ils nous rejoignent pour apporter leur contribution, nous sommes preneurs, sinon, on continuera le travail.
Cette année, le thème de la Journée mondiale de l’environnement porte sur la restauration des écosystèmes. Comment l’adapter au contexte sénégalais ?
Le contexte sénégalais est à l’image du contexte mondial. La majeure partie des écosystèmes sont en voie de disparition. L’exemple papable, c’est la disparition au Sénégal de tous les arbres centenaires, particulièrement à Dakar. Pourtant, jusque dans les années 1980, ces arbres existaient. Ces espèces d’arbres font partie de notre écosystème. Mais ce n’est pas trop tard pour restaurer cela. Ce n’est pas trop tard pour que l’être humain puisse comprendre l’enjeu. A chaque problème, il y a une solution, mais des solutions durables, parce qu’on ne peut pas parler d’environnement sans parler de développement durable qui sous-tend un développement bénéfique aux générations actuelles et à celles à venir. Personnellement, je ne suis pas très en phase avec la façon dont est célébrée la Journée de l’environnement au Sénégal.
On organise beaucoup de conférences ; chacun apporte sa contribution et après, plus rien. Moi, je préfère qu’on apporte des solutions qui ne se limitent pas seulement à cette journée. Cela rejoint notre projet ‘’Un citoyen, un arbre’’ qui devra se poursuivre jusqu’en 2050. Les gens ne doivent pas se limiter aux festivités, aux conférences et autres, et même la presse doit aller au-delà de cette journée. A mon avis, la Journée de l’environnement, c’est tous les jours, chaque minute, chaque heure, chaque année, parce que notre planète est menacée, les écosystèmes sont en voie de disparition, sans compter la montée des eaux. Voilà des problèmes qui nous attendent. C’est une journée que je respecte mais qui, de mon point de vue, doit être l’occasion d’une prise de conscience collective. Si les uns construisent et que les autres détruisent, on n’aboutira pas à des actions concrètes. Il faut une collaboration à l’échelle mondiale et que chaque gouvernement s’engage à sauver notre planète.
Au Sénégal, il est important que les sociétés paient des taxes à travers la notion de pollueur-payeur assez développée en Occident. Le maire de Milan, par exemple, a pour ambition de planter trois millions d’arbres. Et pour y arriver, il propose aux sociétés qui s’y engagent en faisant des dons d’arbres de diminuer leurs taxes. C’est un exemple de mesure incitative. Même si ces sociétés polluent, on ne peut pas les dissoudre parce qu’elles nourrissent des familles. De ce fait, on leur dit : Vous polluez, mais vous payez pour la réparation.
Un message à l’endroit des Sénégalais ?
Malheureusement, au Sénégal, il y a beaucoup de slogans, tellement de conférences et ce ne sont que des concepts. Mais sur le terrain, on ne voit pas concrètement de changement. Moi, je crois fermement au dicton qui dit : ‘‘L’homme qu’il faut à la place qu’il faut’’ et c’est cela notre problème au Sénégal. Beaucoup parmi ceux qui nous dirigent ne maîtrisent pas le sujet, ils ne maîtrisent pas le domaine qu’on leur a confié. Normalement, ils doivent connaître les espèces et les types d’arbres adaptés au sol de chaque terroir. Raison pour laquelle on demande au préalable aux citoyens qui veulent participer au challenge dans quelle zone ils habitent, parce qu’à Dakar, il y a des types d’arbres qui ne peuvent pas pousser. Car ici, ils ont besoin de beaucoup d’eau et d’entretien. Donc, quand on parle de reboisement à quelqu’un qui ne s’y connaît pas, il ne voit que l’arbre.
N’oublions que nous sommes en zone sahélienne ; ce qui rime avec manque d’eau, désert et fortes températures. Ce qui fait qu’il y a des espèces d’arbres qui risquent de mourir. Alors, je ne dirai pas manque de volonté politique, mais plutôt de connaissances. Un homme comme Ali Haidar s’y connaît très bien et serait à sa place au ministère de l’Environnement, surtout qu’il a consacré pratiquement toute sa vie à ce domaine. Malheureusement...
On ne retrouve pas les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Nicolas Hulot, en France, a démissionné du poste de ministre de l’Environnement, parce qu’à un moment donné, il ne se sentait plus capable de remplir sa mission. C’est ce qui nous manque, nous Africains. C’est désolant qu’on ait retiré du gouvernement Abdou Karim Fofana, ancien Ministre de l’Urbanisme, parce qu’il posait des actions concrètes et il était tout le temps sur le terrain. Un travail salué par tous. Beaucoup de Sénégalais n’avaient pas apprécié son départ. Ces genres de personnes doivent être maintenus à leur poste pour le bien du Sénégal, même si le régime passe. Je peux également citer Massaër Thiam, Directeur de l’UCG, qui est en train de faire un travail extraordinaire à travers le Sénégal.
En somme, que les décideurs posent des actes concrets qu’ils puissent laisser derrière eux et qu’ensemble, on arrive à avoir des citoyens écoresponsables.