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LA LONGUE MARCHE VERS LA LIBERTÉ

Réinsertion socio-professionnelle des migrants

Ibrahima DIEBAKHATE  |   Publication 04/11/2021

Pris au piège par des filières de trafic d’êtres humains, les migrants ont du mal à retrouver une vie normale. A Kédougou, situé dans le sud-est du Sénégal, très riche en ressources minières, ce sont des centaines de filles et de garçons, issus de pays de la sous-région, qui sont contraints de se prostituer, aux travaux forcés dans les sites d’orpaillage et qui essaient de s’éloigner de cet enfer pour construire un avenir moins anxiogène.

Elles avaient la tête dans les étoiles, car on leur promettait un ailleurs meilleur. Issues de familles pauvres, plusieurs filles, originaires de la sous-région, sont attirées dans les sites d’orpaillage de Kédougou par un réseau de trafic de migrants. Dans cette ville où l’éclat de l’or attire des milliers de personnes, plus de deux mille filles et de jeunes garçons sont pris au piège du système, contraints d’exécuter des contrats de prestation sexuelle et de travaux forcés dans les différents sites d’orpaillage clandestins de Kédougou. Ils sont originaires du Nigeria, Burkina Faso, Mali et d’autres pays de l’Afrique. Aujourd’hui, cette situation met sur les dents les Forces de défense et de sécurité qui arrivent à retirer, des filets des trafiquants, les victimes de ce trafic.

Bright, victime de violences sexuelles et de traite de personnes, au Centre d’accueil et de réinsertion sociale de l’antenne locale de l’Ong La Lumière, a les stigmates de cette souffrance imposée sur sa peau dépigmentée. Elle dit : «Nous nous prostituons parce que nous sommes de mœurs légères. On nous traîne ici parce que nos parents signent un accord avec les trafiquants.» Allure timide, elle raconte le modus operandi : «Les trafiquants promettent de nous amener en Europe, contre le paiement d’une dette accordée à nos familles. Lors du recrutement, il est tenu des rituels pour nous protéger et nous garder sous contrôle. C’est certes des accords verbaux mais qui se font souvent en présence d’un prêtre local, près d’un édifice sacré ou dans un cimetière.»

Bright et les autres victimes de ce trafic sont soumises à un système de domination absolue. Elle enchaîne son récit, aussi triste qu’invraisemblable : «Dans l’espoir d’aller en Europe, nous promettons de rembourser l’intégralité de la dette, de ne jamais donner notre vrai nom, notre origine ou le nom des trafiquants, surtout pas à la police ou à une institution quelconque et d’obéir à notre «Madame», qui n’est personne d’autre que la proxénète à qui nous versons l’argent. A la suite de ce rituel, il y a un sort qui nous est jeté, ce qui fait que nous obéissons à tous leurs ordres.» Elle finit son discours en craquant et cognant sa tête contre le mur, pour essayer, sans doute, de noyer le chagrin qui l’étreint depuis plusieurs mois. Sur les sites d’orpaillage, les ressortissantes nigérianes sont les plus grandes victimes de cette traite d’êtres humains.

Gives, âgée de 18 ans, taille moyenne, peau claire, visage émacié, a le regard perdu dans le vide. Oui, elle a vécu au bord des abysses pendant plus de 10 mois, contrainte de se prostituer par un réseau de mafieux au chaud et qui encaissent l’argent de leurs labeurs tarifés. Elle vient d’être sauvée par M. Francis, président des Nigérians au Sénégal. Elle est revenue de l’enfer : «C’est un gars qui m’a amenée à Kédougou. Ce dernier est le fiancé de ma copine. J’avais un problème avec mon père. Quand mon papa a épousé une seconde femme, il a commencé à maltraiter ma mère, mes frères et sœurs et moi. Et il m’a chassée de la maison. Et le gars m’a dit qu’il va m’amener en Europe pour avoir un travail. Il m’a dit : «Pour que je t’amène à l’étranger, tu vas me donner un million.»

Quand je suis arrivée au Sénégal, il m’a mis en rapport avec une Sénégalaise.» C’est le début d’un quotidien tourmenté, loin d’une vie de rêve promise par l’entremetteur. «Elle m’a dit que je vais faire le travail de prostitution par force. Et la Sénégalaise m’a dit que ce n’est plus un million que tu vas payer mais deux millions Cfa. Elle m’a forcée pendant des mois à le faire, de manière clandestine, et je lui ai versé pendant quelque temps de l’argent. A chaque fois, elle me menaçait pour me dire qu’elle est une grande personnalité au Sénégal. J’ai attendu qu’elle voyage à Diourbel pour pouvoir m’enfuir de Sansamba. Je veux retourner au Nigeria», se confie Gives, qui veut reprendre le cours de la vie qu’elle avait laissée à Lagos. Elle ne vivait pas dans l’opulence, mais elle n’était pas contrainte de survivre dans ce monde interlope. Récemment à Bondala, quatre jeunes filles, victimes de prostitution forcée, ont été sorties du piège et rapatriées chez elles par la police de Bondala, localité située à 19 km de la commune de Missirah Sirimana, nichée au sud-est du département de Saraya. Deux Nigérianes avaient réussi à implanter une activité illégale génératrice de gros revenus. Cette bande organisée, dirigée par ces deux femmes, avait réussi à développer un vaste réseau de trafic et traite de personnes entre le Nigeria et le Sénégal, via le Mali. Avec ses ramifications dans ces différents pays, ce réseau parvient toujours à convaincre ces nombreuses filles, candidates à l’émigration, à les rejoindre sur ces sites d’orpaillage.

«J’ai mon bar et mon restaurant»

Certaines filles, poussées dans la prostitution pour racheter une liberté échangée contre le rêve d’une vie meilleure. Elles exercent leur métier pour le compte d’un réseau, dont le principal commanditaire est au Sénégal ou bien à Dabia, ville située au Mali. Elles sont habitées par la peur, bastonnées ou brûlées vives, comme ce fut le cas d’une jeune fille burkinabè, qui a eu l’audace de dénoncer récemment un trafiquant aux représentants nigérian, burkinabè, guinéen, ivoirien et ghanéen. Elles se morfondent dans un silence assourdissant avant de se libérer de ce calvaire. «J’ai déjà payé 1 500 000 f Cfa à mon patron», raconte une Burkinabè rencontrée à Khossanto. Elle a été déportée dans un site d’orpaillage par un passeur qui lui réclame un million pour racheter sa liberté. Comme une esclave. Hélène, 22 ans, Ghanéenne, a arrêté d’esquisser des plans après avoir imaginé une vie remplie de bonheur. Quand elle atterrit à Kédougou alors qu’on lui avait promis de rallier l’Angleterre, elle a senti le monde se dérober sous ses pieds. «Je suis venue ici il y a quatre ans. J’ai été amenée par un nigérian, qui m’a forcée à coucher avec lui d’abord. Je suis tombée enceinte. Depuis lors, je ne l’ai pas revu. Il m’a abandonné, mon enfant et moi. Je me prostitue pour ma survie et celle de mon fils et aussi pour racheter ma liberté.» Elle a tenu bon et commence à entrevoir le bout du tunnel. «J’ai rencontré un gars qui m’a aidée pour que je rencontre les gens de l’Oim (Organisation internationale pour les migrations). Je voulais tout de suite rentrer au pays car j’avais un enfant. Ils m’ont beaucoup aidée. Et maintenant, j’ai mon bar et mon restaurant que j’ai construits avec des fonds propres. Vraiment, Dieu merci», ditelle. Hapiness, fille handicapée, exerce son «business» pour, dit-elle, subvenir à ses besoins.

Diplômée en administration publique au Nigeria, elle a tout abandonné pour vendre sa chair à Kédougou. «Je suis venue de mon plein gré pour trouver du travail à Kédougou. Je voulais être coiffeuse, mais n’ayant pas trouvé de travail, je me suis investie dans la prostitution», assume-t-elle. L’autre histoire poignante, c’est le témoignage d’un infirmier sénégalais, victime de ce système de trafic de migrants. «J’étais en service au poste de santé de Khossanto, dans le département de Saraya. J’ai économisé plus de 7 millions pendant plus de 5 ans. Tout mon souhait, c’était de partir en Europe. Pratiquement tous mes camarades de promotion sont là-bas. Je me suis battu corps et âme pour économiser une grosse somme. Mais je suis tombé sur une mauvaise personne, malintentionnée, qui m’a demandé de lui verser 4,5 millions F Cfa pour la première tranche. Je devais compléter le reste, une fois arrivé en Europe. On est tombés d’accord. Quelques jours après, il m’a donné des documents de résidence pour la Grèce, pour me signifier que je devais faire une escale dans ce pays avant de continuer en France.» Il enchaîne : «Le trajet, c’était Guinée-Bissau et Grèce. Nous avons séjourné dans un hôtel pendant plus d’un mois, sans nouvelles de celui qui devait nous convoyer. J’ai appelé mon grand-frère à Kédougou, il m’a envoyé 100 mille francs pour que je puisse retourner au Sénégal. Et j’ai recommencé mon travail. Heureusement, le médecinchef du district sanitaire de Saraya m’a compris et il m’a engagé à nouveau.» Allo F., infirmier dans le Sirimina, essaie désormais de «réparer» la vie de ces nombreuses filles sans filet de sécurité, après avoir réussi à retrouver une vie normale chez lui. «Mais, tous ne peuvent pas avoir la même chance», reconnait-il.

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