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14 septembre 2025
«ETRE DES RELAIS DU PRESIDENT ET NON SE DONNER EN SPECTACLE»
Doudou Ka n’a pas le soutien de Benoît Sambou, Coordonnateur départemental de l’Alliance pour la république (Apr) à Ziguinchor, après les affrontements entre ses partisans et le camp du leader de Pastef, Ousmane Sonko
Doudou Ka n’a pas le soutien de Benoît Sambou, Coordonnateur départemental de l’Alliance pour la république (Apr) à Ziguinchor, après les affrontements entre ses partisans et le camp du leader de Pastef, Ousmane Sonko. Rien ne saurait justifier ce qui s’est passé, a-t-il dit, hier à l’émission Le Grand Jury de la Rfm. «Je ne suis pas d’accord avec ce qui s’est passé, quel qu’en soit l’auteur. Chacun d’entre nous doit faire l’effort d’être un bon relais pour le président de la République auprès des populations, pour leur permettre de mieux comprendre les réalisations du Président Macky Sall en Casamance et non de se donner en spectacle. L’arrogance n’a pas de place dans nos comportements. La violence doit être bannie dans nos discours et dans nos comportements», a laissé entendre le «frère» de parti de Doudou Ka. A lui et à ses partisans, Benoît Sambou leur rappelle qu’à Ziguinchor, il n’y a pas de zone de non droit, il n’y a pas de zone interdite, de quartier interdit.
Pour lui, les récents évènements politiques, qui ont eu lieu au Sud du pays, ne servent pas les intérêts du président de la République. Il appelle ainsi ses «frères» de l’Alliance pour la république à garder leur sérénité, leur calme, quelles que soient «les provocations» qui peuvent venir de l’opposition. «Nous sommes un parti au pouvoir qui doit rassurer les populations, nous ne saurions sous aucun prétexte participé à un tel déchaînement de violence quelle que soit la circonstance. Même s’il peut y avoir des provocations, nous devons garder notre sérénité et comprendre que cette région a beaucoup souffert de la violence, 40 ans de crise, beaucoup de blessés et de morts, une économie à terre», déplore M. Sambou qui condamne «ce déferlement de violences inacceptables». Selon lui, «aucun Casamançais ne saurait apporter son soutien à des acteurs impliqués dans de la violence». Il est d’avis que les populations ne veulent plus de ça. Elles ont besoin, dit-il, de paix, d’idées, de propositions, d’argumentaires.
Relativement à la déclaration de Bassirou Diomaye Faye, leader des cadres de Pastef selon qui, il y avait une intention d’assassinat contre Ousmane Sonko à Ziguinchor, Benoît Sambou pense que «c’est une insulte aux Casamançais». Il ajoute : «Ils ne sont pas des assassins. La Casamance est la plus belle terre d’accueil du Sénégal où se côtoient toutes les langues, toutes les cultures, toutes les religions. Nous vivons dans une parfaite harmonie. Qu’on arrête de stigmatiser les Casamançais. Ce n’est pas acceptable et nous ne saurions le cautionner.» Alors à moins de trois mois des élections locales, des moments assez agités, il lance un message. Il dit : «Nous sommes dans un pays civilisé, on ne peut pas du jour au lendemain transformé notre pays en un ring à ciel ouvert et à tous les niveaux. Le coordonnateur de l’Apr Ziguinchor a appelé les uns et les autres «à la raison et à la retenue».
Analysant aussi la défaite de la majorité présidentielle dans le Sud à la dernière Présidentielle, Benoît Sambou pense que «dans le management du groupe ou dans la préparation de cette campagne, ils ont failli. Les leaders n’ont pas travaillé la main dans la main». Mais il promet que la Casamance ne sera pas dans l’opposition aux prochaines Locales. Parce que, dit-il, les Casamançais savent où sont leurs intérêts. Cependant Benoît Sambou refuse de se prononcer sur sa candidature ou non à la mairie de Ziguinchor.
JOURNEE DE LA FEMME RURALE, LES FEMMES DE DIAMNIADIO OPTENT POUR LE REBOISEMENT DE MANGROVE
Le nom du village fait penser à cette nouvelle ville, sortie de terre non loin de la capitale sénégalaise. Mais en réalité, son existence la précède et de loin
Emédia |
Pape Ibrahima Ndiaye |
Publication 18/10/2021
Le nom du village fait penser à cette nouvelle ville, sortie de terre non loin de la capitale sénégalaise. Mais en réalité, son existence la précède et de loin. Diamniadio, situé dans le département de Foundiougne, région de Fatick, est au cœur du Delta du Saloum. Contrairement aux immeubles ou à la pollution de Dakar, la localité est peuplée de mangroves. Un écosystème permettant aux populations de profiter des poissons, crevettes et autres crustacés.
Pour préserver ces produits halieutiques, les femmes sont au cœur du processus de reboisement. Elles peuvent compter sur un projet comme « Pêche Initiative Côtière en Afrique de l’Ouest » de la FAO et de ses partenaires comme le Programme des Nations-unies pour l’environnement à travers la Convention d’Abidjan, dans le cadre d’un financement du Fonds pour l’environnement mondial. L’objectif est d’aider les populations locales à reboiser au moins 700 hectares de mangroves entre le Cap-Vert et la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Mais finalement les surfaces de reboisement ont été réparties entre les deux derniers pays.
VIOLENCES A ZIGUINCHOR, BENOIT SAMBOU SANS PARTI PRIS
Le week-kens dernier, plusieurs militants de Pastef ont été blessés à Ziguinchor, en marge d’une réunion de leur leader avec la section locale de l’Unacois.
Le week-kens dernier, plusieurs militants de Pastef ont été blessés à Ziguinchor, en marge d’une réunion de leur leader avec la section locale de l’Unacois. Ils ont pointé du doigt Doudou Kâ de l’Apr. Accusations rejetées par ce dernier. Benoit Sambou, qui était l’invité du Grand Jury de la Rfm, s’est voulu clair avec son camarade de parti et avec Sonko/
«Je ne suis pas d’acord avec ce qui s’est passé. Quel qu’en soit l'auteur. Je ne saurais citer une quelconque personne parce qu’il y a deux acteurs impliqués. Mais aucun casamançais ne saurait soutenir un quelconque acteur impliqué dans des actes de violences. Nous le condamnons, le regretons et souhaitons que cela ne se reproduise plus.
Si c’était moi, je pense que j’aurais la lucidité de ne pas réagir ou de passer mon chemin. Parce qu’à ziguinchor, il n’y a pas de zones de non droit, pas de zone interdite ou de quartiers interdites. La libre circulation des biens et des personnes est consacrée dans notre pays (…)
Et ce n’est pas une pierre que je jette à Doudou Kâ, mais ce qui s’est passé ne sert pas les intérêts de notre Répoublique, ne sert pas les intérêts du président de la République quel que soient les provocations qui peuvent venir de l’opposition, nous devons garder notre calme et notre sérénité.
C’est nous, du pouvoir, qui avons intérêt à ce qu’on ne nous entraîne pas dans ce type de cycle. Parce qu’il serait profitable à l’opposition. Nous devons reconquérir le cœur des ziguinchorois. C’est sûr et certain qu’il y aura d’autres provocations. Il faut trouver les moyens d’éviter de tomber dans les manœuvres provocatrices de l’opposition.»
JOSE MARIA NEVES, ELU NOUVEAU PRESIDENT DU CAP-VERT
Après le dépouillement de plus de 97% des suffrages, le candidat de centre-gauche a été élu nouveau Président de la République du Cap-Vert. José Maria Neves est sorti en tête avec 51,5% des voix.
Après le dépouillement de plus de 97% des suffrages, le candidat de centre-gauche a été élu nouveau Président de la République du Cap-Vert. José Maria Neves est sorti en tête avec 51,5% des voix.
Le candidat soutenu par le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV), José Maria Neves, a été élu dimanche cinquième président de la République du Cap-Vert , succédant à Jorge Carlos Fonseca.
Alors qu'il reste 3% des bureaux de vote à comptabiliser, le candidat de centre-gauche José Maria Neves est en tête avec 51,5% des voix, recueillant la préférence de plus de 93 000 électeurs. Il a été félécité par ses principaux adversaires, rapportent les médias capverdiens.
José Maria Neves est un homme d'État cap-verdien né le 28 mars 1960 à Santa Catarina sur l'île de Santiago. Il est membre du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV), l’un des deux principaux partis du pays. Du 1er février 2001 au 22 avril 2016, il a exercé la fonction de Premier ministre.
PRIX NOBEL DE LITTERATURE, APRÈS 35 ANS, L’AFRIQUE DE NOUVEAU RÉCOMPENSÉE EN 2021 !
Bravo, tout d’abord, au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah, prix Nobel de littérature 2021, trente cinq ans après Soyinka : « J’ai cru à une blague”, dit-il. Il n’a pas tort.
Bravo, tout d’abord, au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah, prix Nobel de littérature 2021, trente cinq ans après Soyinka : « J’ai cru à une blague”, dit-il. Il n’a pas tort. De vraies blagues - ou presque -, il y en a eu ! D’illustres inconnus se sont réveillés prix Nobel. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne l’ont pas mérité ! Un musicien même, nominé au regard de ses « nouveaux modes d’expression poétique », a été nobélisé en 2016 : Bob Dylan, de son nom ! Pardi ! Et pourquoi pas ?
Oui, elle est solide la littérature anglophone et souvent novatrice. Elle est plus audacieuse, dit-on, plus élaborée, plus magique, en plus de bénéficier d’un espace linguistique plus élargie et plus généreux. La littérature francophone serait plus molle, dit-on, plus linéaire, plus conservatrice, répétitive, lassante, même. Mais elle sait être vivante et savoureuse. Par contre, elle a moins de résonance mondiale, au regard de la misère crasse des maisons d’édition en Afrique -pas toutes, cependant- et d’une distribution étriquée, presque nulle, inexistante, révoltante.
Par ailleurs, les écrivains francophones ne se lisent pas entre eux. Ils ne sont pas les seuls. Il est des écrivains qui écrivent mais qui ne lisent pas et n’ont même jamais lu. J’en ai rencontré et ce sont de drôles de bêtes gentilles ! Ils se proclament écrivain spontané ! A leur aise ! Certains sont pourtant bons, même si c’est étonnant ! Un écrivain qui ne lit pas aurait moins de chance de succès qu’un autre qui lit. Il faut lire pour apprendre à écrire autrement. Il faut lire pour pouvoir créer en renouvelant le genre. C’est par le pouvoir des mots des autres et leur créativité, que l’on apprend à créer autrement son propre pouvoir, sa propre originalité. Ceux qui trichent sont vite nus. Cela se voit et se sent.
C’est stupéfiant quand je rencontre avec un grand bonheur mêlé d’étonnement de jeunes poètes sénégalais et africains d’autres pays qui n’ont lu ni Senghor, ni Damas, ni Césaire, ni David Diop, ni Birago Diop, ni Cheikh Aliou Ndao, ni Ibrahima Sall, ni Hugo, ni Baudelaire, ni Rimbaud, ni Verlaine, ni René Char, ni Paul Eluard, ni Apollinaire, ni Aragon, ni Pablo Neruda, ni Garcia Lorca, ni Prévert, ni Gaston Miron, ni Tchicaya Utam’si. A défaut d’en avoir lu un seul, ils ont en mémoire, vaguement, des noms, rien des noms et des traces de vers célèbres de David Diop, Birago, Senghor, Baudelaire. J’avoue comme poète que je n’aurais jamais été ce que je suis si peu devenu en poésie et bien loin des meilleurs, si je n’avais pas lu comme un forcené toute la poésie du monde. Il s’y ajoute, bien sûr, ma rencontre et ma proximité avec Senghor à la sortie de mon 1er recueil : « Mante des aurores ».
Chez nous, nous savons tous qu’à la sortie d’un livre, au sortir de la séance de dédicace et de quelques pâles plateaux de télévisions, l’oubli s’installe, après. Du moins le plus souvent, à moins que l’œuvre ne soit énorme et fasse du bruit au-delà des frontières. Mais qui la portera, qui dira qu’elle est énorme, qui en sera le griot, qui en fera la promotion ? On lit si peu dans nos pays ! On a si peu de critiques littéraires opérationnelles, comme de critiques tout court. L’Université en recèle de brillants, mais ils n’écrivent pas ou très peu, à moins que ce ne soit dans des revues universitaires inconnues de nous. Dans nos pays, on cherche tellement à survivre, non pas toujours parce que l’on manque de quoi vivre, mais parce que l’on est écrasé par le désordre et le mal social, le rabais et la misère des échanges, le vacarme érigé en voisinage, le futile, le bla-bla dérisoire, des chaînes de radios insipides, des chaines de télévision plates et inachevées. J’ai rêvé de voir des programmes qui incluaient des séances de dictées en direct, des extraits de lecture d’ouvrages, des jeux de grammaire, de géographie, d’histoire, des questions de littérature, des évocations historiques de nos héros nationaux et continentaux. Aller s’acheter un livre en librairie, peut paraître une véritable prouesse. D’aucuns le font, mais ils sont rares comme des chouettes en plein midi. Le mal est profond et terrifiant jusque chez certains intellectuels admirables qui n’ont plus que leur seul savoir comme dignité et refuge imprenables ! Le Sénégal regorge de redoutables lettrés qui se taisent. On a intérêt à être humble dans ce pays quand on écrit ou s’exprime. Quant aux perroquets, laissez-les faire ce qu’ils savent le mieux faire. Mais peut-être que nos savants et admirables lettrés ont raison de se taire, tellement la médiocrité, l’obscurantisme, le gain forcené, semblent avoir pris le dessus.
Il est, par ailleurs, ce constat, que tout le rayonnement littéraire mondial avec de puissants impacts se passerait, dit-on, sur la place de Paris et de New-York. Ou tout comme ! En attendant Dubaï qui tape à la porte ! Même à Montréal, on rêve de Paris. Il faut changer la donne ! Cela se fera non seulement avec les écrivains, mais avec tous ceux qui gravitent autour du livre, de l’édition, de la distribution, de la promotion, des médias. On ne peut 2 aller compter encore et encore que sur l’État ! Nous avons le somptueux et douloureux exemple des Nouvelles éditions Africaines -NEA- fondées par Senghor en 1972 en association avec la Côte d’Ivoire et le Togo. Cette association éclatera en 1988 pour donner les « Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal » -NEAS-. A nos jours. Pour l’histoire, Senghor aimait dire ceci : « J’ai fondé cette maison d’édition afin qu’elle réponde à un besoin absolu de relève de notre espace littéraire et culturelle. Cette relève est fondamentale pour moi. J’ai déjà pensé à ma relève politique, mais la plus marquante et la plus importante pour moi, sera celle littéraire et artistique. Il nous faut une nouvelle littérature, une nouvelle architecture, une nouvelle danse, une nouvelle peinture, une nouvelle sculpture, un nouveau cinéma. » Les NEAS d’aujourd’hui cherchent désespérément à renaître. Nous le souhaitons tous, en sachant que nous sommes dans un nouveau temps du monde où un État ne peut pas danser à toutes les danses.
Dans nos pays, nous sommes si loin des livres, si loin de la lecture ! Est-ce une question de culture comme le rappelait fort courageusement notre savoureux et regretté Amadou Aly Dieng, avec les pics foudroyants dont il avait le secret ? Sans doute que le Livre le plus lu reste le Coran ! Seul le Coran ne quitterait jamais nos yeux ! Mais il faut plus qu’une vie pour Le dompter. C’est Lui qui, plutôt, nous charme et nous dompte. C’est un « roman » d’un autre temps du monde et qui est Le Salut Suprême ! On Le lirait mille ans, pour mille ans encore on ne cesserait de découvrir Ses Secrets, d’être emporté, émerveillé, ému, bouleversé, soumis. C’est ainsi. Ne dit-on pas que c’est Le Plus Grand et Le Plus Beau Poème au monde ?
Lire la presse écrite, pour parler d’elle, est une autre forme de lecture, de découverte. Elle informe. Elle ne cultive pas. Pour le dire avec politesse. Il est regrettable qu’elle tourne le dos à l’imaginaire avec des pages et contenus d’extraits littéraires, où des écrivains, des critiques, des lecteurs, sont appelés à nous parler et à nous instruire. Chez nous, la presse écrite si elle est lue, elle se lit en un battement de cils. Les « matinales » radiophoniques sénégalaises la déflorent pour nous et l’étalent nue dans ses plus petits détails avec un appétit féroce pour les plus sombres et tragiques faits de société qui démontrent à quel point le Sénégal a mal muté. Rien que de la politique nauséabonde et désespérante, du « people » croustillant, puant et futile, des crimes et délits qui déshonorent une société jadis propre. Mais, qu’on le veuille ou non, que l’on recherche la culture, à s’instruire ou non, la réalité est là sous notre « gueule » et sous nos yeux écarquillés, chaque matin. A chacun de se sauver, à sa manière. Les livres peuvent être notre refuge. Ils nous instruisent. Ils nous nourrissent. Ils nous raffinent. Ils nous éduquent. Ils nous font rêver. Ils nous font voyager sans billet d’avion ni de train. Ils nous rendent forts et apaisés. Quant aux Smartphones et à l’éblouissement imparable des nouvelles technologies de l’information, ces dernières ont déjà gagné. Tant pis pour les retardataires et les thuriféraires. Pourquoi d’ailleurs les condamner si on ne condamne pas en même temps les avancées prodigieuses de la science et de la médecine qui prolongent nos vies si admirablement. On ne peut pas rejeter les uns et accepter les autres. Que ceux qui ne peuvent pas avancer, avancent à leur manière, sans rien ignorer de leur temps, de leur siècle. Senghor le résumait admirablement : « Je veux l’Afrique, mais je ne combattrais la machine. Elle seule vaincra la misère ». Il pensait au dur labeur des paysans avec la « daba » et la « houe » !
Je suis sûr que le renouvellement de la littérature francophone partira de l’Afrique. Elle est la mieux placée pour réinventer une nouvelle littérature, une nouvelle créativité, malgré tous les obstacles décrits. Ne comptons pas sur l’action de l’Organisation Internationale de la Francophonie -OIF- pour sauver la lecture et entretenir le feu de la créativité francophone. Elle trouve qu’elle a mieux à faire. C’est à dire rien ! Combien de fois j’ai fait appel à ses Secrétaires Généraux et Directeurs de la Culture, pour que ce joli bâtiment des 19-21 Avenue Bosquet, Paris 7ème, où elle siège, ne puisse abriter au rez de chaussée, et ouvert sur l’Avenue, la plus prestigieuse librairie-bibliothèque de l’espace francophone ? Une sorte de « FNAC » des écrivains francophones du monde ! Nous aurions au moins un lieu de rendez-vous dédié dans Paris, pour tous les écrivains et tous ceux qui cherchent à découvrir, acheter un ouvrage d’un écrivain francophone introuvable… même chez l’hydre « Amazone » ? Il nous faut du concret et non des Sommets francophones interminables avec des chefs d’État interminables et des Résolutions fumeuses interminables.
Par deux fois, j’ai été honoré d’avoir été nommé président du jury littéraire international des Jeux de la Francophonie. J’ai été stupéfait de la forte créativité des jeunes écrivains africains. Stupéfait ! Les écrivains Québécois étaient les plus frais, les plus surprenants. La République Démocratique du Congo impressionnante. La Wallonie Bruxelles, la Côte d’Ivoire, et bien sûr le… Sénégal, toujours présents. Les jeunes écrivains francophones qui étaient en compétition étaient stimulés et stimulants.
Aux VIII èmes Jeux de la francophonie à Abidjan, en 2017, le jeune Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, avait obtenu la médaille de bronze. Le Niger était médaille d’or avec Moctar René André Abdoul Razac. Le Canada Nouveau Brunschvicg médaille d’argent avec Robichaud Gabriel. Avec le jury que je présidais, nous avons lu et arbitré de jeunes écrivains venus de l’Arménie, du Bénin, Burkina Faso, Canada, France, Gabon, Liban, 3 Luxembourg, Madagascar, Mali, Maroc, Suisse, Cameroun, Togo, Congo, etc. Pour notre jeune compatriote Mohamed Mbougar Sarr, il faut avouer que c’est une superbe très bonne graine qui, dans le roman, s’affirme de jour en jour dans l’espace littéraire international.
Plus que les contenus et les thématiques traités, la révolution du roman francophone - la poésie comme le théâtre étant à part - viendra de la révolution des techniques narratives, comme d’ailleurs l’écrivait déjà Boris Diop, plus que des thématiques, seraient-elles les plus innovantes, surprenantes. L’art de dire, de conter, d’écrire, fera la différence et non du thème traité, mais de la manière dont on le traite !
Il s’agira de créer un « nouveau roman », c’est à dire une nouvelle manière de considérer la création, au-delà de ce dont Alain Robbe-Grillet parlait : « l’idée, dépassée pour lui, d’intrigue, de portrait psychologique et même de la nécessité des personnages ». C’est bien là, dans une architecture nouvelle et une alchimie audacieuse de l’écriture romanesque, qu’il faudra aller puiser, pour tout réinventer : écrire autrement, créer, définir, élaborer, inventer et traiter les contenus autrement. Le dire est aisé, le faire et le réussir exigent un sacré talent, un sacré grain de folie créatrice. C’est pourtant à ce prix que le roman francophone sera réinventé et que les écrivains se différencieront. A vos plumes futurs écrivains d’un monde nouveau, exigent et fou en créativité !
Un jour, proche ou lointain, le Sénégal, j’espère, si je ne suis sûr, aura son Nobel de littérature. Senghor, Birago Diop, Sembene Ousmane, Mariama Ba, ne l’ont pas eu. Ailleurs, il y avait Bernard Dadié, Mongo Beti, Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi, Tchicaya Utam’si. Je ne citerais pas Ferdinand Oyono, Camara Laye. Je ne parlerais pas de l’Afrique anglophone avec le monstre Chinua Achebe ainsi que Chimamanda Ngozi Adichie qui monte, monte.
Pour les vivants, côté Sénégal, nommons Cheikh Hamidou Kane avec son œuvre fétiche, Aminata Sow Fall, Boubacar Boris Diop, Cheikh Aliou Ndaw. Certains qui ont eu le Nobel ces dernières années n’ont pas été, et de loin, meilleurs. J’ai lu. La vérité est que l’octroi du Nobel est complexe. Pour en dire le moins. Ce Prix a été même confronté à une éthique désastreuse : une découverte de corruption qui a abouti à suspendre le Nobel pour y voir plus clair et plus sûr. Mais le Nobel c’est le Nobel ! Comme l’admission à l’Académie française ! Seul Jean Paul Sartre, à sa manière, a proclamé qu’il ne voulait pas du Nobel ! Son refus du prix le 22 octobre 1964 est resté dans l’histoire. Il affirmait que : « Le Prix Nobel l’aurait changé en « institution », ce qui n’était pas en accord avec sa vision personnelle de l’écrivain ».
Pour l’histoire, Wole Soyinka comme… Kadhafi que j’ai rencontré à un Sommet de l’Union Africaine où m’avait convié le ministre des Affaires Étrangères d’alors, le contagieux et solide panafricanisme Cheikh Tidiane Gadio, souhaitaient que l’Afrique puisse instituer un jour son « prix Nobel ». On trouverait, bien sûr, comment l’appeler. Le Guide m’avait généreusement invité à me rendre en Lybie, quand je lui ai remis en mains propres un exemplaire dédicacé de mon chant-poème sur le prophète Mohamed. Kadhafi tenait à la création de ce prix et aurait dit ceci : « Que l’Afrique le créait ce prix « à la Nobel » et je le doterais financièrement en multipliant par deux ou trois le montant par rapport à celui octroyé au Nobel ». On peut tout dire de Kadhafi, mais il avait l’Afrique dans son cœur avec un immense orgueil. Il aimait le continent africain et il voulait l’élever très haut et démontrer sa grandeur.
On rapporte que Soyinka, en recevant son prix Nobel, aurait dit au comité Nobel, dans un grand éclat de rire de ses membres, « Nous créerons en Afrique notre prix et nous attendrons 70 ans pour le remettre à un Blanc » ! Cela lui ressemble !
Notre continent est énorme. Prodigieux. Il est magique, jeune, créatif, talentueux, audacieux, beau et ensoleillé. Il est l’avenir même si sa jeunesse, pour le moment, semble ne pas y avoir d’avenir. Mais cette jeunesse en veut. Elle n’a pas seulement une belle et grande gueule. Elle a une volonté montagneuse de vouloir changer le cours de l’histoire de l’Afrique. Prenons-y garde et rejoignons la avant qu’elle ne nous rattrape en nous arrachant des mains le drapeau pour le porter plus haut, plus éclatant, plus digne.
Ne critiquons pas Emmanuel Macron d’avoir eu cette idée courageuse et novatrice -Chacun est libre d’en dire ce qu’il veut, au regard des insultes et applaudissements qui ont accompagné avant et après, le Sommet de Montpellier- d’inviter la jeunesse africaine et de lui faire face. Il savait bien, d’avance, ce que cette jeunesse allait lui dire. Elle n’allait pas l’embrasser, l’applaudir, coucher avec lui. Il n’aura d’ailleurs rien appris qu’il ne savait déjà. N’avait-il pas parlé à cette jeunesse, dans une université africaine, lors d’une visite d’État mémorable en Afrique de l’Ouest ? Là aussi, il avait été demandeur. Comme à Montpellier en cet octobre de 2021. Rien de nouveau !
Les dirigeants africains n’auraient-ils pas dû le faire à sa place, les premiers ? Pourquoi nous ne nous parlons pas entre nous et pourquoi nous ne nous regardons pas en face ? Macron, en recevant la jeune intelligentsia africaine est déjà dans le futur et non dans le passé, même si sa formule a été malheureuse de répondre que la France n’allait pas changer de « marmite » à l’adresse d’une orageuse intervenante africaine. Si, la vieille « marmite » a bien besoin d’être changée ! Mais la raison d’État est la raison d’État et ce que Macron a avoué là, fait sourire sur la véritable politique de la France en Afrique : la vieille marmite a toujours résolu les intérêts de la France depuis Charles de Gaulle ! Mais ce n’est pas à la France de la changer cette marmite -pourquoi changer si la marmite vous fait bien manger ? -. C’est à nous pauvres Africains, mal gouvernés, avec des préfets de Paris au sommet du pouvoir présidentiel, de changer la donne. Personne ne viendra à notre secours. Nous faisons comme si nous aimons que l’on nous « suce ». Oh ! pardon, ce verbe ne doit pas faire sourire. Il s’agit juste, selon Le Robert, « d’exercer une pression et une aspiration sur quelque chose ». Ici nos richesses et ressources minières africaines, s’entend ! A la vérité, c’est comme si nous prenions plaisir à ne vouloir ressembler à rien d’autre, qu’à des vaches à traire interminablement !
Pour ma part, j’aurais invité la jeunesse française seule ou avec d’autres jeunesses d’Europe, d’Asie, d’Amérique, à Dakar, Abidjan, Lomé ou Kinshasa, pour la - ou les - mettre face à l’histoire de nos peuples et sociétés et face au futur à bâtir avec l’Afrique et non à lui imposer. Que cette jeunesse -ou ces jeunesses connaisse l’histoire des conquêtes coloniales et modernes avec, cette fois-ci, la version des vaincus et conquis, dès lors que les livres d’histoire ne sont pas les mêmes. La jeunesse d’aujourd’hui, de par et d’autre, n’est pas responsable. Mais elle doit savoir et jouer son rôle pour la fraternité et la paix entre les peuples.
Nous ne pouvons pas continuer ainsi, depuis des siècles, à bâtir nos relations avec la France sur des face-à-face mémorielles, raciaux, économiques. La France n’a que trop duré en nous et nous trop duré en elle. Nous, nous n’avons que trop duré dans nos tourments, nos frustrations, nos humiliations. La France dans sa honte, son orgueil, sa fausse gloire, ses interrogations, sa grandeur mouillée et à réinventer. N’avons-nous pas un autre avenir à construire pour la jeunesse africaine que d’habiter une histoire passée et douloureuse, que nous seuls pourrons venger par notre capacité à développer nos pays jusqu’à faire rêver Paris, Londres, New-York, de ressembler un jour à Dakar, Abidjan, Accra ? La France sait tout ce qu’elle a fait. Nous savons tout ce que nous avons subi. Devons-nous lui faire payer coûte que coûte, les crimes de son histoire coloniale, jusqu’à la fin des temps ? Est-ce-là notre éternelle mission, comme si celle-ci devait cacher notre éternel mal développement ?
Prenons notre propre envol. Rebâtissons notre propre liberté à la fois sociale, culturelle, politique, économique. La France, qu’on le veuille ou non, aussi loin que l’on imaginera, sera notre famille, mais dans le respect, la mitoyenneté, le souvenir, la dignité, et une langue décisive, conquérante et belle. Rien de tel ne nous lie avec la Chine, les Etats-Unis d’Amérique, le monde arabe, le japon, la Russie, l’Occident. Ce que l’Afrique fera de son développement sera ce qu’elle même aura décidé, voulu, accepté pour le mieux de ses peuples. Que personne n’en veuille à la France de se battre pour garder sa place et son rang. Elle n’a d’ailleurs plus de places réservées. La salle est pleine et chaque chéquier plus offrant que l’autre, en plus du savoir-être et du savoir-faire. Quand à son rang presque perdu, elle le sauvera et le gagnera moins dans son désir d’enfermement, que dans son respect de la culture des autres, sa capacité non à accueillir tous les « damnés de la terre », mais à moins les rabaisser, les humilier. L’avenir de la France est dans sa capacité de pouvoir rester un peuple ouvert sur le monde et cultivé et non de rester recroquevillée dans son orgueil de feuille d’automne et d’une lointaine histoire de siècle des lumières. Trop de lampes se sont éteintes, depuis.
Pour revenir au Nobel, je suis de ceux qui pensent - peut-être à tort - que les prix littéraires n’ajoutent rien au mérite. Ni Senghor, ni Césaire, n’ont été couronnés par le comité Nobel et ils resteront ce qu’ils sont devenus pour l’histoire, au-delà du Nobel. Aucun Nobel de littérature n’hésiterait à s’agenouiller devant leurs œuvres d’abord, ce qu’ils ont été, ensuite, dans l’histoire du monde et du monde noir.
Anecdote pour anecdote : quand notre ami Wole Soyinka a obtenu le Nobel de littérature pour la fierté de l’Afrique et pour la première fois, il a été reconnu que ce n’était pas lui le meilleur, mais plutôt Chinua Achebe qui nous a quittés, en mourant à Boston. Pour dire combien le choix du Comité Nobel est insondable. Pour ma part, Soyinka a bien mérité le Nobel. Ce sont deux Wole Soyinka à qui on a décerné le Nobel : l’écrivain solide, iconoclaste, inspiré et l’activiste politique fougueux qui a été plusieurs fois emprisonné. En Afrique anglophone, il est une femme du nom de Chimamanda Ngozi Adichie qui monte, monte et qui pourrait dans une vingtaine d’année étonner par son talent.
Pour les romanciers vivants - et fasse Dieu qu’ils vivent encore longtemps - côté Sénégal, nommons les plus en vue, même si les jeunes arrivent : Cheikh Hamidou Kane, Aminata Sow Fall, Cheikh Aliou Ndaw, Nabil Haïdar, 5 Marouba Fall, Abass Ndione, Louis Camara, Boubacar Boris Diop, pour citer de solides et aguerris romanciers dont nous devons retenir les noms et les œuvres.
Nous pourrions y ajouter avec grand bonheur, d’autres noms de romanciers Sénégalais connus et même reconnus, pleins de talent, de promesse et qui montent ou sont déjà montés haut : Pape Samba Kane, Fatou Diome, Mamadou Samb, Fama Diagne Sène, Sokhna Mbenga, Mbougar Sarr, Abdoulaye Fodé Ndione, Seydou Sow, Ramatoulaye Seck Samb, Felwine Sarr, Mariama Ndoye, Moumar Guèye. Je ne cite que les romanciers que j’ai lus. Les autres, dont les noms sont arrivés jusqu’à moi, je cherche leurs œuvres pour les lire, pouvoir et devoir en parler. Il est difficile de citer ou de parler d’un écrivain que vous n’avez pas lu. Ce n’est pas honnête. Il faut lire pour se faire sa propre idée et être courageux dans son choix.
Certains qui ont eu le Nobel ces dernières années ne sont pas meilleurs que ces écrivains de la courte liste des Cheikh Hamidou Kane, citée plus haut. Ils ont abordé des sujets cruciaux de société et de civilisation et de quelle manière ! Mais là n’est pas toujours ce qu’il faut, et de loin, pour être couronné. La vérité est que l’octroi du Nobel est complexe. Pour en dire le moins. Ce Prix a été même confronté à un désastre éthique, ce qui lui a valu d’être suspendu pendant un moment. Cela a fait désordre. Cela a fait mal. Mais le Nobel c’est le Nobel ! Comme l’Académie française. Ils élèvent !
Wole Soyinka comme Kadhafi que j’ai rencontré à un Sommet de l’Union Africaine où m’avait convié le ministre des Affaires Étrangères, le tranquille et solide panafricanisme Cheikh Tidiane Gadio, souhaitaient que l’Afrique puisse avoir un jour son « prix Nobel ». On trouverait comment l’appeler. Kadhafi tenait à ce prix et aurait plusieurs fois dit ceci : « Que l’Afrique créait ce Prix et je le dote financièrement en le multipliant par deux par rapport au montant du Nobel actuel ». On peut tout dire de Kadhafi, mais Kadhafi restera Khalifa. Il aimait le continent africain et voulait l’élever très haut. On rapporte que Soyinka aurait dit - vrai ou faux- au comité Nobel, dans un grand éclat de rire : « Nous créerons en Afrique notre prix et nous attendrons 70 ans pour le remettre à un Blanc » !
Notre continent est énorme. Il est magique, jeune, créatif, talentueux, audacieux, beau et ensoleillé. Il est l’avenir même si sa jeunesse, pour le moment, semble ne pas avoir d’avenir. Travaillons à accueillir le monde et à lui montrer la puissance et la majesté de notre continent ! Quand notre ami Wole Soyinka l’a obtenu pour la fierté de l’Afrique et pour la première fois, il a été reconnu que ce n’était pas lui le meilleur mais bien Chinua Achebe. On trouvera toujours à redire à chaque sacre. Retenons le sacre, acceptons-le, réjouissons-nous de ce bonheur pour l’élu et surtout allons le lire et le découvrir.
Pour « tomber la plume » comme on dit chez nous, ce qui veut dire « conclure », je me suis souvent interrogé sur le pourquoi de nos programmes scolaires - si décriés et si obsolètes, dit-on - qui ne contenaient aucun auteur prix Nobel de littérature ? Étaient-ils finalement de curieux mais modestes ou mauvais écrivains ? Sûrement, non ! Seul Albert Camus qui figure dans nos programmes scolaires, me revient à la mémoire. D’ailleurs, la vérité est que l’on pense peu qu’il avait été ou non nobélisé ! Certains ne le savent même pas. L’essentiel seraitil alors plus la puissance de l’œuvre que le mérite d’un prix, serait-il le Nobel ? Je ne sais !
Fier que ce soit encore l’Afrique, avec le romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah, qui monte au podium du Nobel 2021. D’autres Prix Nobel arrivent et le Sénégal, un jour, verra un de ses enfants, être couronné, sans attendre encore 35 ans ! Puisse d’ici là, dans les 25 ans à venir, à moins que le Président Macky Sall, par son leadership, n’y arrive lui-même avec ses pairs africains, plus « banquiers » que « centre culturel », quand il sera le patron de l’Union Africaine dès 2022, et qu’il travaille à instituer pour l’Afrique un Prix à la Nobel. Ce prix, pour ma part, ne récompenserait pas seulement les écrivains du continent africain d’expression francophone, anglophone, lusophone, arabe, mais également les écrivains en langue nationales africaines, ainsi que les écrivains de tous les continents du monde : Blancs, Jaunes, Noirs, Métis de toutes les couleurs. La culture, toujours la culture, pour habiter l’esprit et construire la paix et le désir de l’autre. Octobre 2021.
GESTION DU LITTORAL, DES SCANDALES A REPETITION
L’accaparement du foncier par des privés prend de l’ampleur au Sénégal. Les terres font, de plus en plus, l’objet de transactions et celles du littoral ne sont pas en reste
L’accaparement du foncier par des privés prend de l’ampleur au Sénégal. Les terres font, de plus en plus, l’objet de transactions et celles du littoral ne sont pas en reste. De la corniche ouest de Dakar, à la bande des filaos de Guédiawaye en passant par le Phare des Mamelles pour ne citer que ces endroits, la spoliation du domaine public du littoral est presque devenue abusive. Des projets immobiliers se multiplient sur les côtes et pour la plupart au détriment des populations. Les gouvernements se succèdent mais les scandales perdurent. Toutefois, des citoyens continuent de s’ériger en boucliers pour lutter contre ce phénomène.
«Je peux vous dire qu’en tant que Président de la République, les plus gros risques de conflit dans ce pays restent la question foncière. Au quotidien, je ne reste pas sans recevoir plus de 20 ou 50 dossiers brulants à travers le territoire national. On vous l’a confié. Cela ne veut pas dire, que vous devez, parce que vous êtes maire ou vous avez votre conseil municipal, prendre le territoire de votre commune, le distribuer au premier venu de façon à plonger le pays dans une situation où toute la terre va devenir privée. Ce n’est pas possible !».
Cette déclaration du Chef de l’Etat, Macky Sall faite lors de la Journée nationale de la décentralisation au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) à Diamniadio en décembre 2020 en dit long sur l’ampleur de la spéculation foncière au Sénégal. Il avait ainsi invité les élus locaux à une «gestion plus responsable» du foncier. «Nous devons nous atteler à la gestion de la question sensible du foncier. C’est le sujet qui fâche. C’est un sujet que nous devons aborder, et sérieusement. Je peux vous dire, en tant que président de la République, que la question foncière reste le plus gros risque de conflit dans ce pays», avait dit le Chef de l’Etat. En effet, dans cet accaparement du foncier au Sénégal, le littoral en occupe une place importante. Promoteurs immobiliers, investisseurs étrangers, autorités politiques, religieuses ou étatiques s’emparent des superficies démesurées au détriment des populations. Aujourd’hui, plusieurs constructions surgissent du littoral et parfois sans aucune mesure des conséquences environnementales.
A CHAQUE REGIME, SON LOT DE BRADAGE DES TERRES
L’occupation du littoral n’est pas un phénomène nouveau à Dakar mais les projets de l’organisation du sommet de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) en 2008 y ont grandement contribué. Lors de la préparation de cette grande rencontre internationale, un projet d’aménagement de la corniche de Dakar avait été prévu. Il s’agissait, entre autres, du programme routier de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci) qui se déclinait à travers l’élargissement et l’aménagement en 2x2 voies d’une route qui part du Bloc des Madeleines à la Pharmacie des Mamelles en passant par la mosquée de la Divinité mais aussi de la construction de cinq infrastructures hôtelières le long du littoral.
Le bradage du domaine public du littoral n’a pas non plus cessé au cours du régime de Macky Sall. « Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres », s’exclamait le journaliste Madiambal Diagne dans une de ses chroniques hebdomadaires. Il accusait ainsi le régime en place de spoliation du domaine public. Non sans s’en prendre au régime précédent. « Abdoulaye Wade avait fait entailler, sur instigation de son architecte-conseil Pierre Goudiaby plus de 75 hectares des surfaces de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, pour en faire des lotissements de terrains vendus au prix fort. Les terres étaient cédées à moins de 5 mille francs le m2 à Mbackiyou Faye, qui les aura revendues, à plus de 150 mille francs le m2, suite à une action de courtage du Président Wade lui-même» avait écrit Madiambal Diagne. Des accusations qui n’ont pas laissé indifférent l’architecte. «Madiambal Diagne qui parle habite, sur le littoral », s’était-il contenter de rétorquer. Pierre Goudiaby Atépa avait aussi dit que le maire de Mermoz/Sacré-Cœur qui, pourtant dénonçait la « spoliation abusive du domaine public », a donné « plusieurs autorisations de construire sur la corniche». Des accusations surgissaient finalement de toutes parts. Le régime en place, quant à lui, renvoyait le dossier du bradage du foncier du littoral dans le compte des anciens régimes dont celui de l’ancien Président Abdoulaye Wade et de la ville de Dakar notamment sous le maire Khalifa Ababacar Sall. Quoi qu’il en soit, le littoral sénégalais est devenu un véritable partage de gâteau. Le débat a d’ailleurs fait rage récemment, en 2020, à cause des constructions au niveau du site des collines des Mamelles malgré son statut de Patrimoine historique classé. Les abords du phare des Mamelles faisaient l’objet de constructions de résidences privées et de projet d’investissements d’individus qui ont fini de faire du littoral un bien personnel. A cela, s’ajoute la bande des filaos de Guédiawaye qui est désormais menacée de disparition, pour laisser place à des logements. En juin dernier, Macky Sall a signé le décret n°2021-701 du 4 juin 2021 déclassifiant 150 hectares des terres sur la bande des filaos.
BOUCLIERS DU LITTORAL
La destruction et la privatisation du littoral sont décriées de partout. Universitaires, environnementalistes, défenseurs des droits humains, associations et collectifs pour la défense du littoral et simples citoyens sont montés au créneau pour dénoncer un accaparement de la corniche au détriment des habitants et exiger l’arrêt des travaux. Lors d’une visite de terrain, le collectif citoyen pour la sauvegarde de la colline et des terres du phare des Mamelles de Dakar avait annoncé une plainte pour «trouver les propriétaires des attributions et des bradeurs» et avait aussi saisi la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos). Quelques jours après, cette dernière était venue stopper les travaux de construction entamés sur l’un des flancs des Mamelles et déguerpir les occupants même si d’aucuns soutenaient que sa descente musclée n’avait concerné que les petites installations aux abords de la route. Lors du lancement de la «Grande Marche du Littoral», le Collectif Sos littoral avait invité les autorités à faire un audit de la bande foncière du littoral. «L’accaparement des terres du domaine national et l’occupation de façon irrégulière et outrancière d’une partie de ce domaine qui est le littoral sénégalais, interpellent la nation dans son entièreté au regard des enjeux qui ne sont plus à démontrer», avaient soutenu les universitaires résidant de la cité des enseignants de Mermoz lors leur sit-in. L’architecte Pierre Goudiaby Atépa et sa bande mènent aussi une bataille pour la défense et la préservation du littoral à travers la Plateforme pour l’Environnement et la réappropriation du littoral (Perl). En 2017, ils avaient déposé une plainte contre Terrou-Bi, le maire de Fann-Pont E et tous ceux qui utilisaient de manière frauduleuse des autorisations de construire. «On distribue des terrains à des individus parce qu’on fait une mauvaise lecture des textes et on le fait sciemment», déclarait l’architecte qui avait fait savoir qu’il est stipulé dans les textes que le domaine maritime «ne peut être cédé à des tiers et on ne peut pas y construire sauf des réceptacles pour tous en aucun cas».
SAUVEGARDE DU RESTE DU LITTORAL
Face aux multiples dénonciations contre le bradage du littoral, le Président Macky Sall avait demandé de «recueillir des propositions de façon à sauvegarder ce qui reste» du domaine public maritime. Mieux, il avait demandé aux ministres chargés des Finances et de l’Intérieur de mettre en place un «Plan global d’Aménagement durable et de valorisation optimale du littoral national » et « de veiller, sur l’étendue du territoire, à l’application rigoureuse des dispositions du Code de l’Urbanisme et du Code de la Construction». «Je ne suis pas venu pour situer des responsabilités pour dire que c’est l’ancien ou le nouveau régime. C’est la continuité de l’État. L’État du Sénégal a 760 Km de côte qu’il faut sauvegarder. Nous sommes bien d’accord là-dessus. Le Président a une détermination telle qu’il a été le seul président dans l’histoire du Sénégal à venir sur la Corniche pour constater de lui-même les occupations qui y sont faites. Encore plus loin, il est allé jusqu’à retirer des baux donnés à des pays amis, prenant même des risques diplomatiques sur ces sujets-là. Donc, ça montre sa détermination», avait déclaré le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique d’alors Abdou Karim Fofana. Aussi, ajoutera-t-il, «de la corniche Ouest aux Almadies, nous avons 20 kilomètres que nous avons divisés en trois parties. Du Boulevard de la République jusqu’à la Mosquée de la Divinité il y a un projet d’aménagement sur 9 kilomètres qui va être entamé cette année. Nous sommes encore dans les procédures et l’idée est de le faire de manière concertée »
BASKET, L'AS DOUANE CHAMPIONNE DU SENEGAL
La finale de la Coupe du Sénégal hommes de Basketball a été jouée dimanche 17 octobre 2021.
La finale de la Coupe du Sénégal hommes de Basketball a été jouée dimanche 17 octobre 2021. Initialement prévue pour le 10 passé, cette coupe dotée du trophée de S.E Macky Sall a été remportée par l’As Douane au détriment de la Jeanne d’arc de Dakar (72-71).
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CONQUÊTE SPATIALE, L’AFRIQUE ACTRICE OU SPECTATRICE ?
Si les grandes puissances et les nations émergentes ont transféré leurs rivalités géopolitiques et géostratégiques dans l’espace, l’Afrique a aussi le devoir de prendre sa place rien que pour des enjeux de développement, de gouvernance, de sécurité ....
Pour clôturer en beauté une nouvelle mission d’auscultation à Fatick pour la NASA, l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie a profité pour organiser une rencontre avec le public afin de permettre aux citoyens de poser différentes questions sur les phénomènes de l’espace, mais également pour intéresser les jeunes à l’astronomie. En marge de cette rencontre tenue à la place du Souvenir, à Dakar, AfricaGlobe a interrogé l’astronaute Maram Kaïré, le président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (ASPA) sur les enjeux de l’exploration spatiale pour les États. Le chercheur explique surtout pourquoi l’investissement dans l’exploration spatiale est un devoir pour les États africains. L’espace ne doit pas être l’air de jeu des seules grandes puissances et nations émergentes qui ont très tôt compris les enjeux. Pour Kaïré, «il faut que l’État africains se lancent aussi et aient « une vision claire définie » par rapport à «un programme spatial».
C’est pour la troisième fois que l’agence spatiale américaine, la fameuse NASA (National Aeronautics and Space Administration) sollicite des scientifiques sénégalais pour une mission d’auscultation de la lune. A l’issue de cette campagne, l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie qui n’a pas organisé d’activité depuis deux ans, a profité pour organiser une rencontre de vulgarisation avec le grand public. Il s’agissait de permettre à chacun de poser des questions aux astronautes sur les phénomènes de l’espace.
Les enjeux de l’aventure spatiale sont si importants qu’aucun État, quel que soit son niveau de pauvreté ou de développement, ne devrait s’y soustraire. Tout État sérieux et ambitieux doit s’y mettre. Les grandes puissances et les nations émergentes ont transféré leurs rivalités géopolitiques et géostratégique dans l’espace. L’Afrique ne devrait pas rester une simple spectatrice de tout ce qui se passe au-dessus de nos têtes en toute indifférence.
Les États africains devraient prendre très au sérieux l’exploration spatiale en envoyant leurs propres satellites dans l’espace comme l’ont fait des pays comme l’Éthiopie, l’Égypte, le Rwanda, la Tunisie, le Nigeria, etc. Il faut que les dirigeants africains développent leur leadership dans les activités spatiales, en finançant notamment à travers la recherche. Évoquer la question de moyens ou de priorités dur terre pour reléguer l'aventure spatiale au second plan serait une erreur irrattrapable pour l'Afrique. C’est en tout cas le point de vue de Maram Kairé, astronaute et président de l’Association sénégalaise de la promotion de l’astronomie.
De l’avis de l’astronome sénégalais, il urgent d’aller dans l'espace parce que c’est un enjeu de développement, de gouvernance, de développement de la santé et même de sécurité dans un contexte de lutte contre le terrorisme. En attendant d’avoir l’ambition d’aller sur mars ou de visiter d’autres planètes du système solaire, l’Afrique peut plus facilement avoir des satellites orientés télécommunication, du télé-enseignement, de surveillance frontalière, agriculture intelligente, etc.
De ce point de vue, l'Afrique doit être plutôt actrice que spectatrice de l'aventure spatiale pour son développement en attendant de se donner des objectifs plus ambitieux comme les grandes puissances. Sauf qu'a ce jour moins de 15 pays sur les 54 du continent ont un satellite en circulation dans l'espace. Ce qui représenterait selon certaines sources 2%.