Macky Sall en visite en Mauritanie
Le Président Macky Sall est en visite d’amitié et de travail de deux jours en Mauritanie. Il a rejoint Nouakchott hier dans la soirée, en compagnie de la première dame Marième Sall. Le couple présidentiel a été accueilli à l’Aéroport International de Nouakchott-Oumtounsy par le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et son épouse Mariem Vadel Dah. “Dans le cadre de la visite de travail et d’amitié du Président Macky Sall en Mauritanie, sept accords ont été signés au Palais de la République, devant les deux Chefs d’Etat. Ces accords portent notamment sur des questions relatives à la justice, à la pêche et au transport”, renseigne la présidence de la République sur sa page facebook. Il faut rappeler qu’entre les deux chefs d’Etat, les relations sont excellentes contrairement à l’ancien président Ould Abdel Aziz. Macky Sall inaugure son nouvel avion Restons avec le chef de l’Etat pour dire qu’un fait intéressant a failli échappé à nos radars. En se rendant en Mauritanie, le couple présidentiel inaugure en même temps le nouvel avion de commandement baptisé «Langue de Barbarie» dont l’annonce de l’achat avait suscité un énorme tollé. L’avion est bien visible sur le tarmac de l’aéroport avec la mention ««Langue de Barbarie». Pour rappel, le nouvel avion présidentiel A-320 NEO a été acquis à 58 milliards Fcfa chez Airbus.
Deuxième anniversaire du décès de Tanor
Le défunt secrétaire général du Parti Socialiste (Ps) est toujours dans les cœurs de ses militants. Le Ps va commémorer, dans la sobriété, le 2e anniversaire de la disparition de Ousmane Tanor Dieng, jeudi prochain à Nguéniène et à Dakar. Cela, à cause de la propagation du coronavirus. Selon les socialistes, Ousmane Tanor Dieng a laissé certes derrière lui, toute une famille, des amis de tous bords, des camarades et des collaborateurs dans l’émoi; mais il a surtout laissé à la postérité le souvenir impérissable d’un homme qui aura marqué son époque, par ses qualités exceptionnelles qui forcent l’admiration etle respect. Il est prévu des cérémonies de prières et de récitals de coran, dans les différents daaras et lieux de cultes de Nguéniène, à la mosquée Omarienne et celle de Mermoz. Outre l’aspect religieux de cette commémoration, indique la formation verte dans un communiqué, le Secrétariat Exécutif National (Sen) du Ps a décidé d’immortaliser Ousmane Tanor Dieng, en donnant son nom à la salle des congrès de la Maison du Parti socialiste. Mais, cette cérémonie solennelle de Baptême aura lieu ultérieurement.
Poursuite de la grève des travailleurs de Aftu
C’était la croix etla bannière hier pour se déplacer dans Dakar. Ce, à cause de la grève des chauffeurs et receveurs de Aftu. Malgré le calvaire des populations, les travailleurs de l’Association de Financement des Transports Urbains (Aftu) vont poursuivre le mouvement d’humeur. Ils observent aujourd’hui également le mot d’ordre de grève, puisque les négociations avec leurs employeurs et les autorités se sont soldées par un échec. Selon nos sources, les syndicalistes ont exigé au préalable la libération de 05 travailleurs détenus dans les commissariats de Police et la brigade de Gendarmerie de Dakar. Ce qui n’a pas pu se faire. Alors, ils ont quitté la table des négociations. Les syndicalistes ont refusé la médiation du Directeur du Cetud, Thierno Birahim Aw, qu’ils accusent d’avoir laissé les transporteurs continuer de violer le protocole d’accord de 2019 qu’ils avaient signé à Diamniadio devant les autorités du ministère des Transports.
Les syndicalistes snobent la Police
Les trois secrétaires généraux des Syndicats des travailleurs de l’Aftu qui étaient convoqués au Commissariat central de Dakar par appel téléphonique n’ont pas déféré. D’après nos sources, sur conseils de leurs avocats, ils ont refusé de se rendre à la Police. Car disent-ils l’administration est écrite.
Wally Seck retire ses plaintes
Tout est bien qui finit bien. Des médiateurs ont convaincu Wally Seck d’arrêter ses poursuites judiciaires contre Oustaz Makhtar Sarr et certains activistes. Le collectif des avocats de Wally Seck annonce dans un communiqué parvenu à «L’As» que faisant suite aux instructions de son guide religieux depuis Touba, aux interventions d’autres autorités religieuses, coutumières et politiques et en concertation avec ses conseils, Wally Seck a décidé de retirer la plainte pour injures publiques, diffamations, mise en danger de la vie d’autrui, violences et voies de fait, déposée à la Brigade de Recherches de la Gendarmerie le 6 juillet dernier contre différentes personnes. L’artiste a également retiré la citation directe pour diffamation contre les sieurs Makhtar Sarr et Jupiter Diagne dont l’audience était prévue le 11 août prochain au tribunal correctionnel de Dakar. A cet effet, le pool d’avocats précise que la citation ne fera pas l’objet d’enrôlement. Malgré le désistement de Waly Seck, ses avocats renseignent qu’il s’est senti heurté par des propos attentatoires à sa dignité d’homme et de musulman. Selon eux, Wally Seck continue de réaffirmer son attachement aux valeurs qui constituent le ciment de la société sénégalaise, toutes obédiences confondues.
Week-end macabre à Mbour
Le Week-end passé a été macabre pour Mbour. Trois personnes ont perdu la vie lors de deux accidents de la circulation. Le samedi, deux habitants du village de Louly Ngogom (localité située dans la commune de Sandiara) ont perdu la vie dans un accident. Le conducteur d’une moto jakarta qui transportait deux personnes a été fauché par une voiture. Le conducteur et l’un des passagers ont perdu la vie sur le coup, alors que le deuxième passager, grièvement blessé, a été interné à l’hôpital Grand Mbour. Le deuxième accident, ayant causé la mort d’homme, a eu lieu le lendemain dimanche à Nianing. Un jeune garçon a été mortellement fauché par une voiture.
Élaboration de la stratégie nationale portuaire du Sénégal
La Belgique renforce les capacités des acteurs sur le leadership et la logistique portuaires. A travers l’expertise du Port International d’Anvers, le leadership programme va entretenir avec les membres du comité de pilotage et du comité technique de la Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal (SNPS) cinq modules de formation allant de la gouvernance à la stratégie commerciale, de la gestion environnementale à la santé, la sureté et la digitalisation. A cet effet, le secrétaire général du ministère des Pêches et de l’Economie Maritime, Mactar Diallo et le chef de la Coopération de l’Ambassade de Belgique à Dakar, Thomas Hiergens, ont coprésidé hier, le lancement de la session de formation. Ce programme de renforcement de capacités, indique M. Diallo, constitue un des principaux axes du protocole d’accord récemment signé entre l’Agence Nationale des Affaires Maritimes (ANAM) et l’Agence belge de développement (Enabel). Ce cadre conceptuel destiné au management portuaire devra permettre de guider l’étude financée par le Belgique pour l’élaboration de la SNPS et son implémentation dans le cadre institutionnel.
Une dame et son petit-fils fauchés par un camion
La récurrence des accidents de circulation sur la route nationale n°1 est préoccupante. Un accident est survenu hier dans la matinée dans la commune de Malem Hodar (région de Kaffrine, Ndlr). Une dame et son petit-fils qui attendaient un véhicule au croisement Moustakhima pour aller présenter des condoléances ont été fauchés par un camion fou qui roulait à vive allure. Ils sont décédés sur le coup. Les dépouilles sont déposées par les sapeurs-pompiers à la morgue de l’hôpital de Kaffrine.
De faux laissez-passer au Magal de Touba
Cela commence à bouger àTouba dans le cadre des préparatifs du grand magal de Touba. Le Préfet de Mbacké a présidé, hier, une réunion du Comité de Développement Départemental (Cdd) consacré au grand rendez-vous des mourides. Après un tour de table, Serigne Modou Diop Diaobé de Xudamul Xadim a révélé l’existence d’un réseau de trafic de «laissez-passer» pendant le magal. A l’en croire, les laissez-passer du ministère de l’Intérieur sont trafiqués par les membres du réseau qui les revendent. Toutefois, il informe que le cerveau a été arrêté l’année dernière par les forces de l’ordre. Il invite les forces de l’ordre à redoubler de vigilance.
Rassemblement de 06 familles de détenus vendredi
Six familles de détenus dans l’affaire de la saisie record de drogue par la douane seront dans la rue vendredi prochain. Ces familles, avec le soutien de Frapp France Dégage, vont dénoncer les détentions, depuis 2018, de Babacar Diop, Vieux Diop, Dioula Sow, Mamadou Niang, Seydina Mohamed Ndiaye et Alioune Badara Coly. Elles ont déposé sur la table du Préfet de Dakar la lettre d’information de l’organisation d’un rassemblement devant le ministère de la Justice vendredi prochain pour dire non aux longues détentions, aux libertés provisoires, aux contrôles judiciaires, aux grâces à géométrie variable et à l’insécurité juridique de tous les citoyens. Elles réclament le jugement ou la liberté provisoire de leurs parents.
Les apéristes de Mbour au secours de familles démunies
Le maire de Malicounda et Directeur général du COUD a présidé une cérémonie de remise de denrées alimentaires en perspective de la tabaski. Le week-end dernier, les responsables de Benno Bokk Yakaar du département de Mbour se sont donné rendez-vous à Keur Maïssa pour cette action. Ils ont offert 80 tonnes d’oignons, 40 tonnes de pommes de terre et 200 moutons achetés avec la cotisation des responsables. Les plus vulnérables et les handicapés étaient les bénéficiaires ainsi que les anciens et les sages de l’Apr. Les bénéficiaires résidant à Mbour se sont partagés 10 tonnes d’oignons, 07 tonnes pour Malicounda et 05 tonnes pour chacune des autres communes. Pour les moutons, 20 sont destinés à la ville de Mbour et 10 pour chacune des 15 autres communes. Selon Maguette Sène, maire de Malicounda, ce don est estimé à 60 millions Fcfa. Cette action de solidarité commune des responsables de l’Apr dans le département est la deuxième du genre après la campagne médicale qui a permis de sillonner les 16 communes.
La société Aquatech chassée de Mboro
La société Aquatech a été chassée de Mboro depuis plus de 7 mois, par le mouvement « Aquatech dégage », qui prend depuis lors la gestion des ouvrages hydrauliques dans la commune. Selon El Hadji Malick Guèye Coordonnateur du mouvement, tout se passe bien depuis lors, l’eau coule à flots et les populations sont plus que satisfaites et viennent régulièrement s’acquitter du paiement des factures. Il s’y ajoute que le mouvement est parvenu à payer une dette de 57 millions de Fcfa léguée par la gestion d’Aquatech. Il accuse cependant l’autorité administrative qui, tenant coûte que coûte à ce que la gestion des forages reviennent entre les mains d’Aquatech, de dire partout que les problèmes persistent, avec aujourd’hui des difficultés sans précédent. « Ce qui est totalement contraire à la réalité » dit-il, avant d’ajouter que jamais les clés des forages de Mboro ne seront confiées à Aquatech. Il a par ailleurs souligné le souhait du mouvement de rencontrer les plus hautes autorités de l’hydraulique, pour discuter de toutes les questions afin que la gestion soit encore plus efficiente.
par Amadou Tidiane Wone
FÉODALITÉS
En Afrique, on a cannibalisé nos institutions ante-coloniales et vidé de leurs substances nos meilleures traditions. On nous a lavé les cerveaux pour y installer des clichés et des raccourcis, en rupture totale avec le génie créateur de notre histoire
En Europe, 10 États sont des monarchies héréditaires, parmi lesquelles on dénombre 7 royaumes (Belgique, Espagne, Danemark, Norvège, Suède, Pays-Bas, Royaume-Uni), deux principautés (Monaco et Lichtenstein) et un grand-duché (le Luxembourg). En Afrique contemporaine trois pays… seulement (!) sont des monarchies : le Maroc, le Lesotho et le Swaziland. Toutes les institution africaines ante-coloniales ont été radiées de l'histoire de l'humanité.
Cette énumération détaillée a l'avantage de montrer que les notions de « démocratie » et de « République » dont la vieille Europe serait, soi-disant le pôle émetteur universel, ne sont pas la panacée sur le sol même de l'Europe !
Relevons ensuite que les institutions que l'on nous a imposées par la force ne sont pas les plus porteuses de sens ni de bien-être. En effet, les monarchies nordiques européennes sont les pays parmi les plus agréables à vivre au monde. Les plus respectueuses de l'humain.
Il est tout aussi étrange que l’empire colonial britannique aie survécu à la décolonisation ne serait-ce que symboliquement. Dans la mesure où la Reine d’Angleterre est celle du Royaume-Uni (soit Angleterre, Pays de Galles, Écosse et Irlande du Nord). Elle « règne » en plus sur le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Jamaïque, la Barbade, les Bahamas, la Grenade, les Îles Salomon, les Tuvalu, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Belize, Antigua-et-Barbuda, Saint-Christophe-et-Niévès. Elle « règne » sur le Commonwealth qui regroupe en plus tous les pays africains anglophones ! Une cinquantaine d'États se reconnaissent comme des joyaux de la Couronne…fût-ce de manière symbolique, la zone d’influence est réelle.
En réalité, la vieille Europe, pôle émetteur du trafic international d'esclaves et dessinateur de la configuration du monde contemporain par la colonisation, est restée très conservatrice. Tout en nous vendant les théories et idéologies de la liberté et de la démocratie ! À l'inverse, les familles régnantes traditionnelles européennes, toutes alliées par le sang sont toujours au cœur de la gouvernance mondiale. Elles ont mis en place des mécanismes qui les préservent des soubresauts et des sautes d’humeur de la plèbe, par des modes de gouvernement qui ne remettent jamais en question leur autorité. Des outils de communication puissants entretiennent le mythe dans la tête du peuple et alimentent ses fantasmes en étalant la vie privée des monarques, et de leurs familles, au travers de tabloïds dédiés.
Pendant ce temps en Afrique, plus particulièrement, on a cannibalisé nos institutions ante-coloniales et vidé de leurs substances nos meilleures traditions. On nous a lavé les cerveaux pour y installer des clichés et des raccourcis, en rupture totale avec le génie créateur de notre histoire plurimillénaire. Nos élites tournent en rond dans la cage de certitudes d'emprunt dont ils n'osent pas sortir. Même lorsque la porte est ouverte. Au lieu de réinventer des institutions politiques et sociales conformes à nos identités véritables, nos juristes copient et collent des mécanismes qui procèdent du génie de nos tortionnaires. Comment voulez-vous vous développer avec une laisse au cou ? Nos intellectuels récitent des leçons mal sues et débitent des mots convenus qui rassurent notre tuteur, la France pour ce qui nous concerne, mais ne peuvent porter aucun dessein de grandeur.
Parlons de la France et de sa révolution de 1789 qui en fait une exception en Europe. Ils ont décapité leurs souverains et inventé une République laïque fondée sur la négation de Dieu et l’élimination de l’aristocratie. Est-elle le meilleur exemple à suivre ?
Le débat doit s’ouvrir ! La castration de nos intelligences n'a que trop duré. La liberté mentale est une conquête intérieure qui est un des fondements de l’indépendance. Des hommes et des femmes libérés forment une nation libre.
Au demeurant, j'entends déjà certains esprits chagrins me prêter des arrière-pensées nostalgiques et royalistes…Grandissons un peu et regardons la lune au lieu du doigt de celui qui la montre !
Ils sont nombreux au niveau des arrêts de bus. Hommes, femmes, enfants et jeunes, ils guettent tous la même chose, l’un des transports en commun les plus prisés à Dakar, les bus TATA
Ils sont nombreux au niveau des arrêts de bus. Hommes, femmes, enfants et jeunes, ils guettent tous la même chose, l’un des transports en commun les plus prisés à Dakar, les bus TATA.
Keur Massar, il est déjà 08h passées et toujours pas de bus. Pour la plupart, ils sont sur place depuis 6 heures mais aucune trace des "TATA". L’inquiétude commence à s’installer. Quelques minutes après, un bus arrive avec des passagers. Les clients se ruent vers les portes pour se trouver des places mais le conducteur les stoppe net au moment où ils essayent de se frayer un chemin. Après interrogation, il leur informe qu’ils sont en grève et que tous ceux qui sont dans le bus sont en réalité des receveurs et conducteurs.
KEUR MASSAR, PAS L’OMBRE D’UN BUS
Les clients commencent à rouspéter. Michelle, une jeune femme avoisinant la trentaine essaie de trouver un autre moyen pour aller travailler. "Je n’étais pas au courant de cette grève, me voilà déjà en retard et je dois à tout prix me rendre au travail. Maintenant je vais faire quoi ? Je n’ai pas de quoi prendre un taxi. C’est vraiment compliqué", lance-t-elle agacée. La foule commence à se disperser petit à petit. Aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour sortir de cette situation. Certains préfèrent s’aventurer à la marche jusqu’à la route nationale.
Cette même situation, Moustapha y est confronté. Venant d’arriver sur son lieu de travail, il explique les difficultés qu’il a rencontré avant de trouver un moyen de transport. "En sortant de chez moi ce matin, je ne savais pas que les bus TATA étaient en grève. Arrivé à l’endroit où je prends d’habitude les Ndiaga Ndiaye, il y avait un monde fou. Les gens couraient derrière les voitures dans une folle bousculade. Après presque une heure à patienter, je me suis résolu à prendre un taxi pour ne pas être plus en retard. Mais là encore, les choses se sont compliquées. Presque tous les taxis que j’ai arrêté m’ont demandé entre 3500 et 4000, pour un trajet qui coûte d’habitude entre 2000 et 2500 F CFA. Voyant qu’il était 8h30 passées, j’ai été obligé de prendre un taxi à 3000 F CFA. Là où je dépensais d’habitude 200 FCFA pour aller au travail, j’ai dépensé 10 fois plus".
Au garage des Ndiaga Ndiaye, c’est le chaos total. En plus de la bousculade, les prix ont été doublés. Impossible de voir un seul client qui attend, tous sont préoccupés par la foule de personnes qui attend les bus Dakar Dem Dikk, s’inquiétant de savoir s’ils auront une place même debout.
Le terminus Dakar Dem Dikk des Parcelles assainies grouille de monde. Tous les clients des bus TATA se ruent vers les bus marron-beige. Ces derniers sont remplis sur place par les clients qui s’échangent des propos pour le moins respectueux. Car, certains ont du mal à suivre la file.
DES REVENDICATIONS PAS ENCORE SATISFAITES
Tous comme les autres terminus des bus TATA, celui de la ligne 61 est aussi à l’arrêt. Les travailleurs respectent le mot d’ordre de grève. Ils sont habillés en rouge pour certains, d’autres arborent des brassards rouges autour des poignées et de la tête. Ils discutent tranquillement entre eux dans un de leurs bus sous les yeux des clients impuissants face à cette situation. Ces travailleurs réclament l’augmentation du nombre de chauffeurs et de meilleures conditions de travail.
Mor Sary Dieng, le porte-parole du jour de ces travailleurs de la ligne 61 à Keur Massar s’exprime. "Nous en avons marre de cette situation qu’on vit depuis plusieurs années maintenant. Nous travaillons de 4h du matin à 23h ou 00h pour certains mais les transporteurs ne voient pas les efforts que nous faisons. Quand nos machines montrent des défauts, certains des patrons le déduisent de nos salaires. S’il nous arrive de ne faire que 100.000 F CFA de gains journaliers, ils ne sont pas contents car nous devons en faire beaucoup plus comme si tous les jours sont pareils. Nous sommes fatigués de vivre ce manque de respect de leur part car en plus de cela, nous n’avons pas de bons salaires. Nous voulons des contrats pour bien mener notre travail. Nous vivons dans la précarité et pourtant nous avons des familles à entretenir, des besoins à gérer aussi. Aucun de nous n’a réussi à se payer même une petite baraque. Il faut que tout cela cesse, trop c’est trop", gronde-t-il.
De l’avis de Ndongo Fall, les travailleurs disposent de contrats valides. "La grève est illégitime. D’ailleurs, ils ont déposé un préavis de grève, mais ce préavis ne concerne qu’AFTU, qui n’est qu’une association, avec 11 personnes comme personnel. AFTU n’a pas de chauffeurs ni de receveurs, ils devaient s’adresser aux membres du GIE", a-t-il déclaré. Par rapport aux revendications, les salaires sont réglementés par l’État du Sénégal, dit-il. "Nous avons des contrats qui sont passés par l’Inspection du travail. D’ailleurs, chaque jour, on leur donne 2500 F CFA de gratuité. Ils ont leurs congés, une garantie sociale, une cotisation sociale."
Ces travailleurs semblent déterminer à aller jusqu’au bout de leur combat. "Nous appelons le Président Macky Sall pour qu’il nous vienne en aide car nous avons espoir en lui en tant que chef de l’État. Après ces 48h de grève, si nous n’obtenons pas une suite favorable à notre demande, nous n’excluons pas de battre le macadam pour faire entendre nos voix", lance alors Mor Sary Dieng avant que ses collègues ne commencent à crier à l’unisson leur ras-le-bol.
VIDEO
DÉBAT HOULEUX À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Comme on pouvait si attendre, le cas Karim Wade s’est invité à l’Assemblée nationale, au vote du nouveau Code électoral. C’est son frère de parti, Serigne Cheikh Mbacké Bara Doly qui pose le débat
Comme on pouvait si attendre, le cas Karim Wade s’est invité à l’Assemblée nationale, au vote du nouveau Code électoral. C’est son frère de parti, Serigne Cheikh Mbacké Bara Doly qui pose le débat. Le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie (opposition) n’a même pas attendu la discussion générale soit ouverte pour soulever cette question. Dès que le rapporteur général a fini la lecture du rapport, il a demandé la parole pour une question préalable. La règlement intérieur l’autorise.
Devant ses collègues députés, le chef de file de Libéraux à l’Assemblée nationale a plaidé pour que la loi soit retournée. Parce que, a-t-il estimé, elle est anticonstitutionnelle du fait de ses articles 29 et 30 qui privent l’inscription sur les listes électorales les individus ayant subi une condamnation ferme de plus d’un. Serigne Cheikh Mbacke sera conforté par son jeune frère, Toussaint Manga. « Ce n’est qu’au Sénégal qu’un citoyen perde ses droits civiques et politiques sans que le tribunal qui l’a condamné ne les prononce’’, a déclaré M. Manga.
Mais l’amendement des députés Libéraux ne sera pas adopté par leurs collègues. C’est la présidente de la Commission des Lois, Die Mandiaye Ba, qui a été la première a monté au créneau. Pour elle, il n’y a rien de nouveau sous soleil. Elle renvoie le député de Mbacke au Code électoral consensuel de 1992.
À l’en croire, les dispositions des articles L29 et L30 n’ont pas connu de modification depuis cette date. Sa collègue Yaya Diallo est du même avis. Rapporteur de la Commission des Lois, Diallo rappelle que ’’ cette affaire de Karim Wade et Khalifa Sall n’a jamais été inscrite dans les termes de référence de la Commission politique dialogue national’’. D’ailleurs, elle estime que, Serigne Cheikh Mbacke et ses frères de parti font de la manipulation et de la diversion. ’’ Karim Wade n’est pas plus Sénégalais que les autres’’, a-t-elle conclu.
Pour sa part, Toussaint Manga (PDS) avertit le pouvoir car, à son avis, il n’y a pas d’issue en 2024 pour une élection qui écarterait Khalifa Sall et Karim Wade.Il faut dire que cette doléance des députés du Pds a été auparavant discutée en commission des Lois, samedi dernier, sous la présence du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Devant cette commission technique, M. Diome avait clairement indiqué qu’il n’est pas de son ressort de préciser si un citoyen est autorisé ou pas à être candidat ou à s’inscrire sur les listes électorales. Pour lui, ’’ il appartient aux services compétents et aux personnels dédiés, prévus par le Code électoral, de recevoir et d’apprécier les candidatures et ou les inscriptions des citoyens. Ce n’est ni par décret ni par arrêté que ces questions peuvent être réglées’’, avait déclaré le ministre Diome.
LE MAL-VIVRE DE TIVAOUANE PEULH
Dans la commune du département de Rufisque, les populations restent confrontées à de nombreuses difficultés qui ont pour noms accès à l’eau, absence d’assainissement, insécurité. Une situation accentuée par les vols, les agressions et la délinquance
Maguette Ndong et Mbacké Ba |
Publication 12/07/2021
Avec son corps maigrichon enveloppé dans un jogging (vêtement de sport), Bineta trimballe, avec beaucoup de peine, un bidon de 20 litres. Entre le robinet d’à côté où elle vient de prendre l’eau et sa maison, cette mère de famille est obligée de s’arrêter par moment. « Ce n’est pas facile hein ! », dit-elle haletante, tout en esquivant un sourire. Quand les enfants sont à l’école, elle est obligée d’aller chercher les deux bidons d’eau puisés la nuit. À Missirah, l’un des 52 quartiers de la commune de Tivaouane Peulh (département de Rufisque), l’eau reste une denrée rare que les femmes doivent rechercher quotidiennement, hors de leur concession. Seules quelques maisons disposent de leur propre robinet. Dieynaba Thiam fait partie de ces privilégiés. D’ailleurs, elle utilise deux robinets dont l’un, installé à la porte de la maison, est destiné à la vente d’eau et l’autre servant à sa propre consommation. Les voisins qui n’ont pas encore de robinet sont obligés de se rapprocher d’elle pour disposer du liquide précieux. « La plupart des familles viennent déposer leur bidon ici, avec l’espoir de disposer du liquide précieux le lendemain », explique-t-elle.
Tous les jours, cette dernière est obligée de se lever entre 1h et 2h du matin pour remplir bassines, bidons ou tout autre récipient. « Je suis sur pied jusqu’à 5h du matin, heure de fermeture des robinets », soutient la bonne dame. Mais Dieynaba vit le même calvaire que Mamadou Badji, lui aussi propriétaire de robinet.
À « Keur Badji », comme on surnomme son domicile, dans le quartier, chaque jour, ce sont des dizaines voire des centaines de bidons d’eau remplis qu’on entasse pêle-mêle. « Chaque nuit, c’est moi-même qui remplis les bidons aussi nombreux qu’ils puissent être », confie ce bonhomme. Les propriétaires des différents bidons passent les récupérer au petit matin, en les mettant dans des charrettes ou sur des brouettes pour espérer boire de l’eau potable.
Modou, un charretier trouvé en train de charger les bidons, doit les acheminer, au plus vite, à un des propriétaires. « Chaque matin, je viens prendre les bidons pour les déposer dans une maison d’à côté. Je suis rémunéré après la course », fait savoir le jeune homme.
Seulement, même s’il est fastidieux de se procurer de l’eau de robinet, Missirah fait partie des quartiers privilégiés. Car, beaucoup d’autres localités à Tivaouane peulh sont sevrées du liquide précieux. Ibou Bâ, délégué de quartier à Léona, déplore l’absence de branchements sociaux qui rend leur quotidien pratiquement difficile. « Il n’y a pas de robinet ici, on n’a que des puits, alors que le tuyau de Sen’Eau est à 12 mètres de chez moi, mais quand j’ai demandé un branchement dans le réseau, on m’a remis une facture de 800.000 FCfa. C’est impensable de payer une telle somme », fait savoir le responsable. La solution ici, c’est de se rabattre sur l’eau de puits. Ibou Bâ nous montre d’ailleurs comment, à partir de sa maison, il a raccordé une pompe sur un puits situé non loin de là pour espérer avoir de l’eau pouvant servir au linge, au lavage et au nettoyage de la maison.
Son homologue Saliou Ka du quartier Sant Yallah est un peu dépassé par la situation et ne s’en cache pas. « On avait promis à chaque quartier trois bornes fontaines, mais jusqu’à présent, on n’a rien vu. Cela nous met en mal avec le quartier », se désole le délégué de quartier. Mais celles qui pâtissent le plus de cette situation restent les femmes. Car, elles sont souvent obligées de se lever tôt le matin pour chercher l’eau des puits. La vendeuse de poisson, Adama Fall, estime que la recherche de l’eau dans ces quartiers angoisse ses congénères, obligées, selon elle, de préparer les enfants pour l’école avant de s’occuper des repas à préparer. « Cette situation dure depuis longtemps et l’on ne sait pas à quand une solution à cette problématique de l’eau sera trouvée », soutient la bonne dame.
La voirie urbaine fait aussi défaut
Dans les quartiers de Tivaouane Peulh, la non-disponibilité de l’eau n’est pas que l’unique problème auquel les populations sont confrontées. Si la plupart des habitants se sont installés depuis quelques années ici, la démographie n’a pas été accompagnée par un système d’assainissement adéquat. Qu’on soit à Baol, à Keur Baye Fall Niang ou au quartier Lamine Sow, aucun réseau d’assainissement n’a pas encore vu le jour dans ces localités. La rue est devenue un déversoir des eaux usées. « Après les travaux ménagers et la cuisine, les femmes n’ont que la rue pour se débarrasser des eaux usées et cela rejaillit sur nous », regrette Ibou Bâ, le délégué de quartier de Léona. Mais, selon lui, le seul avantage dont ils disposent ici, c’est que le sable « dior » aspire très vite les eaux et empêche aussi les inondations.
En plus d’un réseau d’assainissement inexistant, la voirie urbaine fait aussi défaut. Tivaouane Peulh manque terriblement de routes. À part quelques nouvelles cités bien assainies comme la Cité Apix, il n’existe qu’une seule route goudronnée : celle qui va du rond-point jouxtant le champ d’Abdoulaye Wade et qui mène aux cités Namora et Socabeg, etc. Empruntée par les minibus « Tata », les taxis-clandos, les particuliers et les charrettes, cette route se caractérise par son étroitesse. Ce qui favorise des embouteillages monstres et parfois des empoignades entre chauffeurs. « C’est n’importe quoi ici, chacun pense qu’il a la priorité sur l’autre. Certains font part d’une indiscipline notoire », note Oumar, un habitué des lieux. Quitter la route goudronnée pour se rendre aux quartiers intérieurs est encore une épreuve pénible à faire quotidiennement.
Outre la marche à pied, le seul moyen de déplacement ici restent les charrettes. Ces dernières qui ont pignon sur rue aux alentours de la grande mosquée restent incontournables. « Seules les charrettes font la navette ici, avec tous les risques que cela comporte », note Saliou Kâ, qui se rappelle l’accident qui a occasionné, récemment, la mort d’un vieux du quartier. « C’est en sortant de chez lui pour rallier la route goudronnée que le vieux Keita a été heurté par une charrette. Il est ensuite décédé d’une hémorragie interne », confie le délégué de quartier.
Seulement, outre le convoyage des habitants, ces charrettes sont le seul moyen pour acheminer les marchandises et les matériaux de construction dans ces quartiers de Tivaouane Peulh. Les rares véhicules qui s’aventurent ici restent les camions bene qui tombent souvent en panne. Pour les charretiers, ces camionneurs sont à l’origine du mauvais état de la route. « Chaque fois qu’ils passent ici, il devient impossible pour les chevaux de courir normalement », lance avec dégout, Modou, un des nombreux charretiers du coin.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
LA BOMBE À RETARDEMENT DE LA LOI SUR LE TERRORISME
EXCLUSIF SENEPLUS - Le pari de Macky Sall, ce n’est pas d’appliquer la loi aux opposants (sauf émeutes égalables à celles de mars), mais l’intimidation. La France a donné son feu vert pour la mort lente de la démocratie sénégalaise
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 12/07/2021
La responsabilité de la France engagée sur l’article 279-1 du Code pénal
Sur la radio Sud FM, le 25 juin, j’avais interpellé l’ambassadeur français, Philippe Lalliot, sur la possible implication-ingérence-complicité de la France dans le processus normatif (diffuser son modèle juridique et appui à la rédaction) de la nouvelle et controversée loi terroriste au Sénégal. Comment en étais-je arrivé à ce soupçon ? Par l’investigation, par la méthode du faisceau d’indices et par analogie.
« Une expérience professionnelle d’au moins 8 années dans la rédaction des lois, textes réglementaires et décrets ». C’était l’annonce, sous la référence 2021/EEJSENLER/6264, publiée courant février 2021 par Expertise France, agence publique française de recrutement d’experts (majoritairement français).
Cet expert en juriste spécialiste en normes, lois et règlements était sollicité pour apporter un appui rédactionnel normatif (l’annonce insistait sur les grandes capacités rédactionnelles du postulant) dans le cadre de la Stratégie nationale de Protection sociale (SNPS,2016-2035) initiée par le gouvernement sénégalais. Il y est question d’un système de protection sociale à la française garantissant à chaque citoyen sénégalais un revenu minimum et une couverture maladie à tous. Rien moins que ça !
Cet oiseau rare, vous ne le trouverez pas partout en France. Hormis l’école bordelaise et toulousaine de droit public (en déclin) et quelques cabinets d’avocats, c’est la section internationale du Conseil d’Etat français qui se positionne généralement pour ces missions de courte durée fort de ses compétences de conseiller pour la préparation des projets de loi, et normes auprès du gouvernement et parlement. Certains membres du Conseil d’Etat sont en position de disponibilité pendant une durée limitée pour exercer des fonctions privées. Cela tombe à pic : l’annonce s’adressait à un indépendant ou entrepreneur individuel, pour une courte mission de 10 jours.
Regardons ensemble la page web dédiée aux relations internationales du Conseil d’Etat. Deux aspects en lien avec notre problématique devraient retenir notre attention : le Conseil d’Etat ambitionne de promouvoir le droit continental (droit français) et d’harmoniser les concepts juridiques pour garantir la confiance des investisseurs au-delà des frontières françaises. Dans la nouvelle loi anti-terrorisme sénégalaise, il y a de façon cachée et indirecte ces deux dimensions-là, politico-juridiques, que nous verrons plus loin dans mon argumentaire.
Les liens entre la présidence du Sénégal et le Conseil d’Etat français sont historiques. Dans les années 2000, au secrétariat général de la présidence du Sénégal, j’avais rencontré le conseiller juridique de Me Abdoualye Wade (entre 2001 et 2005), le français Henri Savoie. Niché dans un petit bureau avec une assistante, à l’écart des autres collaborateurs suspicieux et/ou jaloux, ce maître des requêtes du Conseil d’Etat, au demeurant abordable, était l’émanation d’une coutume senghorienne entre la France et le Sénégal. Malgré la disparition de cette coopération « néocoloniale », le Conseil d’Etat français entretient toujours des relations d’influence très fortes avec la présidence du Sénégal, accentuées par les réseaux élitistes (énarques et HEC) dont les membres sont nombreux dans les antichambres du Palais de Roume.
Certains intellectuels africains du système me rétorqueront que mon exemple « Expérience dans la rédaction de normes » s’inscrit dans le domaine banal de la coopération et de l’expertise française en matière de la sécurité sociale (modèle depuis 1945). Premièrement, la France est experte en tout au Sénégal (ferroviaire, énergie, téléphonie, modèle social, etc.), et donc dans une position monopolistique, laissant un champ d’action politique très limité aux sénégalais. Secondement, au XXIème siècle, le Sénégal ne compte-t-il pas assez de hauts-fonctionnaires de talent pour rédiger seuls des normes ? Tiens ! Macky Sall, récemment, soutenait, au sujet de la gouvernance financière, que l’Afrique ne devait plus être considérée comme un « bébé » ! Des mots, encore des mots ! Et enfin, tout modèle extérieur peut-il être transposable au Sénégal ?
Cette question vaut aussi pour le terrorisme. Je m’en explique. L’article 279-1 du Code pénal, contesté par les opposants, j’ajouterai à juste titre, reprend partiellement l’article 2 de la convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (9/12/1999, New-York). Ce texte était une proposition de la France, ce pays étant fer de lance dans cette lutte. Dès 2007, le Sénégal s’aligne sur la définition française du terrorisme qui va encore plus loin que celle de la convention internationale. En effet, la notion de trouble à l’ordre public, apparue pour la toute première fois en 1789 (art.10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen), y est mentionnée. En 2016, le législateur sénégalais ajoute l’adverbe « gravement » (« de troubler gravement à l’ordre public ») sur le modèle de l’article 421-1 du Code pénal français. En 2021, l’article 279-1 du Code pénal ne changera pas de mouture, à l’exception de la peine calquée sur celle de la France, comme souligné par l’ancien ministre de la Justice, Me Amadou Sall : la réclusion criminelle à perpétuité (à la française) en lieu et place des travaux forcés (condamnations et peines sénégalaises). À l’école, dans un tel cas de figure, les élèves ironiseraient sur l’attitude de leur condisciple : « Oh le vilain copieur ! »
Sur la page « France diplomatie », il y est énoncé : « La France se mobilise à tous les niveaux avec ses partenaires internationaux ; elle renforce les capacités de ses partenaires à combattre le terrorisme ». Et ce pour, entre autres, protéger les intérêts (sic) et les ressortissants français à l’étranger. Face à la menace du terrorisme et aux lourdes pertes que la France a subies tout au long de son histoire, cette action internationale et l’entraide judiciaire sont plus que souhaitables et légitimes. J’ai déjà plaidé pour la suprématie du droit à la vie sur les libertés publiques dans un édito (voir Démissionnez au nom de l’honneur et du droit à la vie). Ce que je reproche à la France, à travers ses réseaux d’influence en droit public, c’est d’avoir contribué à introduire dans la loi pénale sénégalaise sur le terrorisme la notion floue d’ordre public. Cette dernière, combinée avec les infractions de droit commun, en nombre de 14 (de 2007 à 2016, elles ont augmenté de 4), dans l’article 279-1 du Code pénal, est une bombe à retardement.
En France, le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel (voire la Cour de cassation), gardiens des libertés publiques, peuvent limiter les effets liberticides d’une loi anti-terroriste. Au Sénégal, je doute que la Cour suprême puisse en faire de même. D’ailleurs, historiquement parlant, le Sénégal a toujours fait primer la doctrine du développement sur la sauvegarde des libertés, réservées, disait-on, aux pays riches. Rappelez-vous aussi de cet épisode en mars 2021 ! Ousmane Sonko, en route vers le tribunal, avait été placé en garde à vue pour trouble à l’ordre public. Si le rapport de force politique, avec des émeutes plus poussives, avait été du côté du gouvernement, celui-ci n’aurait-il pas profiter de cette aubaine ? Avec la complicité du maître des poursuites, l’article 279-1 du Code pénal aurait été opposé à cet encombrant opposant pour s’en débarrasser sur les exemples de Karim Wade et de Khalifa Sall. On ne le saura jamais mais cette hypothèse est plausible au vu des déclarations va-t-en-guerre du ministre de l’Intérieur et de certains alliés de Macky Sall.
Le trouble à l’ordre public en matière de terrorisme, dans un Etat où la conservation du pouvoir est une profession de foi pour les dirigeants, est une arme dangereuse pour la paix et la démocratie. C’est comme si on mettait entre les mains d’un régime autocratique la bombe nucléaire ! Certes, l’article 279-1 du Code pénal date de 2007, mais Me Abdoulaye Wade a su raison garder. C’est d’autant plus vrai que cette loi anti-terroriste a été surtout pensée et préparée par Macky Sall et Nicolas Sarkozy, alors ministres de l’Intérieur tous deux et très complices. De surcroît, les émeutes de mars 2021 sont à nulles autres pareilles dans l’histoire politique du Sénégal. C’est pourquoi elles sont dans le viseur de Macky Sall.
Le deal entre Macky Sall et la France saute aux yeux. Il faut un mobile, n’est-ce pas ? La puissance dominante de la sous-région ne peut pas se payer le luxe de perdre la bataille de Dakar (La France est en difficulté : sa diplomatie et ses renseignements généraux sont à la peine). Il convient de rétablir et maintenir la sécurité publique au profit des intérêts français nombreux au Sénégal (et malmenés en mars 2021) et au regard des défis sécuritaires de la sous-région (les présidences concomitantes de l’Union Européenne par Macron et de l’Union Africaine par Macky Sall en 2022 ne doivent rien au hasard : Macron a beaucoup œuvré pour que la présidence échoit à Macky). La France, silencieuse pendant les émeutes de mars 2021, valide la possibilité que Macky Sall use et abuse (espèrent-ils préventivement) de l’article 279-1 du Code pénal, pour reconquérir le pouvoir tant que l’ordre public est préservé. Macky Sall profite donc de la convergence des intérêts entre la communauté internationale (stabilité) et lui (pouvoir).
Le pari de Macky Sall, ce n’est pas d’appliquer la loi aux opposants (sauf si émeutes égalables celles de mars), c’est plutôt l’intimidation. Car finalement, cette nouvelle mouture de la loi sur le terrorisme (l’article 279-1 du Code pénal ne connaît aucune modification substantielle), sans avoir été encore promulguée, fait déjà peur ; c’est une arme dissuasive (comme la bombe nucléaire) : aucune manifestation d’ampleur contre elle, comparable à la mobilisation du 23 juin 2011, en perspective. L’article 279-1 du Code pénal existait déjà dans le droit positif sénégalais, il faut alors en faire une piqûre de rappel aux opposants les plus radicalisés. Macky Sall n’a-t-il déjà pas réussi son tour de force ?
Avec l’ordre public à la française (adapté aux réalités historiques de la France mais pas à celles du Sénégal) et avec l’article 279-1 du Code pénal, la France a donné son feu vert pour la mort lente de la démocratie sénégalaise, pourtant meilleur rempart contre le terrorisme. Avec les nouveaux articles L29 et L30 du nouveau Code électoral, la loi sur le parrainage, les nervis, les nouveaux servants en chef des polices et l’article 279-1 du nouveau Code pénal, l’ombre de l’instabilité (ou stabilité-autocratie) plane au-dessus de la Téranga.
Si le Sénégal veut être à l’abri des aléas du commerce mondial, le pays de la Teranga ne doit plus continuer à importer ses denrées de première nécessité. C’est ce qu’a indiqué le président de la République ce samedi lors de l’inauguration du Domaine agricole communautaire (DAC) de Keur Momar Sarr. Macky Sall, avec sa nouvelle politique de modernisation de l’agriculture, s’oriente visiblement vers le futur pour assurer la souveraineté alimentaire qui constitue, selon lui, la seule voie de salut
Ayant déjà exprimé sa volonté de voir le Sénégal atteindre la souveraineté alimentaire à l’instar des Etats-Unis, de la Chine ou de l’Inde, le président de la République a affirmé sa volonté de ne plus voir son pays dépendre des exportations pour disposer de denrées de première nécessité. Selon lui, cette dépendance expose la nation sénégalaise à une vulnérabilité dont elle peut se passer. « Si nous voulons être à l’abri des aléas du commerce mondial comme nous l’avons vécu en 2020 avec la covid-19, nous ne pouvons plus continuer à importer nos denrées de première nécessité. Continuer à dépendre des importations pour nous nourrir, c’est nous exposer à une grande vulnérabilité dont nous ne pouvons nous libérer qu’en assurant au plus vite notre autosuffisance alimentaire. Il n’y a aucun doute que nous avons les moyens d’atteindre cet objectif. Nous avons la terre, nous avons l’eau. Mais nous avons surtoutles ressources humaines et la volonté politique », a déclaré Macky Sall, ce samedi lors de la cérémonie d’inauguration du Domaine agricole communautaire (DAC) de Keur Momar Sarr.
Le chef de l’Etat s’exprimait devant la présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye, le ministre du Développement industriel, Moustapha Diop, les autorités administratives locales, ainsi que certains de ses partisans qui, malgré la consigne du locataire du Palais d’éviter les rassemblements, ont tenu à être présents pour le remercier et lui témoigner leur sympathie. Ainsi, sous les applaudissements nourris de l’assistance, le président de la République a lancé un appel à la jeunesse sénégalaise à s’approprier des domaines agricoles qui constituent une solution au chômage et un moyen de réussite sociale pour les jeunes. « Je lance un appel aux jeunes pour qu’ils adhèrent à cette nouvelle politique agricole qui leur donnera les moyens de leur succès. Ils seront formés et soutenus, mais je voudrais dire que nous n’atteindrons pas nos objectifs si nous ne rompons pas avec certaines vieilles méthodes de production. Et c’est toute la particularité des domaines agricoles communautaires », a-t-il précisé.
Pour lui, le Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC), c’est comme une déclinaison du Plan Sénégal émergent(PSE) pour un investissement massif dans l’agriculture, la modernisation des méthodes et outils de production, la maîtrise de l’eau et le développement des chaînes de valeur par la transformation locale des produits. Avec les autres DAC, poursuit le chef de l’Etat, celui de Keur Momar Sarr à Louga fait partie des quatre premiers sites opérationnels pour les onze prévus pour la phase pilote. « Ces programmes ont été entièrement financés par l’Etat du Sénégal à travers le Budget Consolidé d’Investissement (BCI) avec un partenariat avec Locafrique.
Au début, nous avions eu quelques difficultés mais je crois que c’est le moment de se réjouir de la bonne exécution de cette convention qui nous permet aujourd’hui d’inaugurer ce DAC de Keur Momar Sarr et dans deux mois ou trois, nous pourrons faire de même à Keur Samba Kane et à Sangalkam », annonce Macky Sall.
«ALAMANE» AU VILLAGE DE THIOBON
Le village de Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée «Alamane (déformation du mot français amende) qui remonte à la nuit des temps
Ibou MANE (Correspondant) |
Publication 12/07/2021
C’est connu ! La culture, cette dimension essentielle de l’épanouissement des êtres humains, des sociétés, de leur identité et de leur projet collectif commun est le plus clair moyen d’expression du diola. La parfaite illustration en a été donnée au village de Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée «alamane (déformation du mot français amende) qui remonte à la nuit des temps. Une cérémonie traditionnelle initiée par les femmes du quartier Amanque et placée sous le sceau de la solidarité, du partage et du développement local.
Le Blouf ! Une contrée du département de Bignona riche d’une certaine tradition d’organisation de manifestations et de pratiques culturelles et cultuelles multiséculaires et qui sont en rapport avec les aspirations, les exigences des terroirs, des communautés locales ; et ce en matière d’éducation, de morale, d’affirmation de l’identité culturelle voire de promotion des valeurs culturelles. Toute une richesse tant soit peu minée aujourd’hui par le phénomène de la globalisation sous-tendu par l’avènement des Tic et la prolifération des réseaux sociaux qui ont fini d’impacter les fondements socioculturels de bon nombre de contrées et de communautés. Ce qui est toutefois loin d’être le cas au niveau du village Thiobon, un des sanctuaires des traditions culturelles et cultuelles diola. Une localité du Blouf où les femmes continuent encore et toujours à jouer leur rôle de gardiennes des traditions et des valeurs ancestrales en se mobilisant à chaque fois pour préserver la société contre certaines dérives, certains aléas de la vie et pour donner des orientations par rapport au devenir de la société. C’est le cas la semaine dernière avec l’organisation pendant trois jours d’une cérémonie traditionnelle dénommée «alamane» exclusivement dédiée à la gent féminine.
«Alamane» : sens d’un rite
En pays diola, les rites interviennent dans l’interprétation et le traitement de désordres individuels ou collectifs et où ils constituent des moments privilégiés de la vie sociale des villages. Des rites hérités de la tradition en milieu diola et qui constituent l’ensemble de toutes les croyances léguées par les ancêtres et qui se transmettent de génération en génération. C’est le cas de l’«alamane», qui comme tous les rites, est une pratique sociale. Une amende collective infligée par le Kumpo (masque) à une tranche d’âge ou de sexe à la suite d’une faute. Celle-ci pourrait être commise par une ou quelques personnes, mais la sanction concernera toute une catégorie de personnes selon la volonté du Kumpo. Ce rite mobilise donc toute la société ou plutôt toute une génération de personnes. Celui du quartier Amanque à Thiobon n’a pas dérogé à la règle
A l’origine, l’insulte d’une jeune fille à l’endroit d’une vieille dame
«Ce qui justifie cet alamane est que nous les femmes sommes organisées en génération. Et la jeune génération a commis une faute grave ; et ce, à travers l’une d’elle qui a offensé voire insulté une vieille dame», explique Gnima Diémé. La présidente des femmes d’Amanque pour qui, conformément à la tradition héritée de nos ancêtres, quand une jeune femme offense une personne âgée, elle écope d’une lourde sanction. « Une manière de l’éduquer à notre manière afin que cela inspire toutes les autres filles de sa génération», ajoute-t-elle. Et le pire est que cette sanction, alamane, a une incidence collective car elle engage, dit-elle, la responsabilité de toutes les autres filles de la génération de celle incriminée. Et à Amanque dans le village de Thiobon, la nature de la sanction collective pour toute cette génération et qui s’apparente à un dédommagement au profit de toute la communauté a consisté en l’octroi d’un bœuf, de trois sacs de riz, de trois sacs d’oignon, d’un sac de mil, d’un sac de sucre, de dizaines de caisses de boissons, d’un sac de lait en poudre. En outre, toutes les filles de cette génération ont donné chacune deux poulets. Et c’est encore loin d’être fini en termes de sanction et de compensation du côté des coupables. Car pour ce qui relève de la sanction concernant exclusivement la jeune fille coupable et incriminée, c’est un bouc qui est là mis en contribution également en guise de dédommagement individuel ; et ce, en plus d’un sac de riz.
Et cette dernière a également dégagé une somme de 100 000 francs Cfa pour la prise en charge des griots et animateurs qui ont un rôle prépondérant dans le cadre de la célébration de l’alamane. Dimension de l’événement oblige et pour conjurer le mauvais sort suite à cette entorse à la stabilité sociale, chaque membre de la communauté était tenu aussi d’apporter quelque chose pour l’atteinte des résultats escomptés. «Ici les femmes se sont toujours respectées ; donc s’il y a une qui bafoue les fondements de notre communauté, de notre tradition, il nous faut donc agir pour préserver l’harmonie, la cohésion sociale et la paix au niveau local. C’est tout le sens de notre alamane ici à Amanque», martèle à nouveau Gnima Diémé. En plus pour la présidente des femmes, de telles activités culturelles vivifient la tradition et perpétuent les valeurs ancestrales, etc
Forts relents culturels et festifs
Pour les femmes d’Amanque, une telle activité culturelle est également une occasion pour la communauté de revisiter les expressions et facettes culturelles locales ; et ce, avec le déroulement d’activités telles que la danse du Kumpo qui fut pendant trois jours la grande attraction de cet événement ; le Kumpo qui est accompagné en de pareilles occasions d’un autre animal broussard costaud et noir appelé Agomola, et d’Essama de petite taille toujours armé de bâton. Une cérémonie d’alamane marquée en outre, et entre autres, par des danses folkloriques, la traction d’une pirogue au niveau du bras de fleuve de Thiobon ; l’apparition et l’exhibition à la place publique des femmes des différentes générations en tenue traditionnelles ; des pratiques rituelles au niveau du bois sacré des femmes, etc. Toute une série d’activités qui ont de quoi conforter l’importance que les femmes accordent à la tradition. Des valeurs héritées des ancêtres et qui constituent également, selon les femmes d’Amanque, une dimension essentielle de leur épanouissement, de leur identité et de leur projet collectif commun.
D’ailleurs signe des temps, ces rites jadis dévolus exclusivement à des activités festives se sont adaptés à l’heure de la globalisation. Chose bien comprise par les femmes d’Amanque qui ont mis à profit la célébration de leur activité pour s’appesantir et s’imprégner des questions d’entreprenariat et de développement ; et ce, à travers l’implication d’actrices de développement dans l’organisation d’un forum dans le cadre de leurs activités.
Les femmes à l’heure du développement local
é et nous voudrions avec cette activité joindre l’utile à l’agréable ; ce qui justifie l’organisation de ce forum axé sur le développement», justifie Gnima Diémé. «Rôle des femmes dans le développement» ! Tel était le thème de ce forum dédié aux femmes d’Amanque regroupées autour du Gie Jumbandoor ; et thème animé par Mme Bassène Justine Manga, adjointe au maire de Nyassia, secrétaire des femmes de la commune de Nyassia et responsable au niveau de l’Association Usoforal.
Et ce, avec comme modérateur, l’historien-journaliste Mamadou Lamine Mané. Mme Bassène Justine Manga, dans sa communication, a d’abord magnifié le choix des femmes d’Amanque de s’appuyer sur le levier culturel pour tenter d’impulser le développement économique et social auniveau de leur terroir. Et s’inspirant de ses expériences personnelles en matière de développement, Mme Bassène a exhorté ces femmes à faire l’état des lieux de leur structure pour identifier les problèmes et les blocages. «Chaque fois qu’il y a des rencontres périodiques, des comptes rendus, les groupements vont bien fonctionner», argue-t-elle. L’autre combat pour gagner la bataille du développement pour les femmes, c’est de procéder, insiste-t-elle, au renouvellement de leurs structures et leur donner vie.
Et Mme Bassène de fustiger en outre ce développement archaïque dans le domaine, notamment du maraîchage et au niveau des contrées rurales et qui est loin d’atténuer la pénibilité des femmes. Une manière pour elle de prôner en retour un développement innovant, notamment avec les systèmes goutte-à-goutte pour ce qui est des blocs maraîchers des femmes. «Cela soulage les femmes et vous gagnez en termes de temps et de gain», suggère-telle.
En plus la conférencière a incité les femmes d’Amanque à s’initier, entre autres, à la transformation de nos produits, aux nouvelles technologies pour des ventes en ligne, etc.» Non sans manquer de les inviter à faire la part des choses entre la chose politique et le développement. «Car la politique, quand elle est trop présente au sein d’une association, est souvent source de division entre les membres», prévient-t-elle. Autant de suggestions, autant de stratégies brandies par Mme Bassène Justine Manga ; et autant de défis que les femmes d’Amanque, qui ont compris que le temps des événements exclusivement festifs est révolu, entendent porter et relever pour assurer le développement au niveau local, assurer leur devenir. Ainsi pour Gnima Diémé et les siennes, il incombe donc aujourd’hui de s’appuyer sur la mise en valeur des ressources culturelles, du patrimoine culturel de la communauté pour promouvoir leur intégration dans les politiques de développement local.
ABDOURAHMANE DIOUF DENONCE UN «COUP D’ETAT DEMOCRATIQUE»
Il doit avoir un consensus entre pouvoir et opposition pour le report des élections
Le report des élections locales accepté par les parties prenantes du dialogue est un «coup d’Etat démocratique». C’est la conviction de Abdourahmane Diouf qui estime que «le calendrier électoral n’appartient pas aux hommes politiques».
Pour Abdourahmane Diouf, «le calendrier électoral n’appartient pas aux hommes politiques». L’ancien porte-parole de Rewmi, invité du Jury du dimanche hier, sur Iradio, qualifie le consensus entre l’opposition et le parti au pouvoir sur le report des élections, de «coup d’Etat démocratique». Il réagissait ainsi au projet de loi portant modification du Code électoral qui sera examiné aujourd’hui par les députés. «Il y a eu une prise en otage du Peuple sénégalais. Même quand on dit avoir acté le report des élections locales parce qu’il fallait revoir le fichier et qu’il y ait un consensus entre l’opposition et le parti au pouvoir, je ne suis ni d’accord avec le parti au pouvoir ni d’accord avec cette opposition qui demande cela», déplore cet opposant au régime du Président Macky Sall.
M. Diouf, qui réaffirme que la création de son parti politique est en cours, d’ajouter : «C’est le président de la République en personne et, peut-être même, le chef de l’Apr qui décide de quand est-ce que le mandat des élus locaux arrive à terme. Cela veut dire que c’est le président de la République qui est le maître du jeu de la décentralisation, indépendamment du point de vue des populations. Ça c’est un chaos au niveau des collectivités territoriales.» Il est d’avis qu’il fallait tenir les élections à date échue. Par contre, l’ancien camarade de Idrissa Seck se dit «très heureux» que le suffrage universel direct soit acté pour les élections territoriales. «J’en parle depuis des années parce que je pensais que la démocratie que nous avons au niveau des élections locales est une démocratie tronquée. J’ai toujours considéré que la décentralisation, au Sénégal, n’est pas réellement une décentralisation. Celle que nous avons ne donne pas de pouvoir aux maires pour avoir un bilan», dit-il.
Par ailleurs, estimant que Khalifa Sall et Karim Wade ont été des «victimes», Abdourahmane Diouf a plaidé pour une amnistie pour les deux hommes politiques condamnés. «Ce qu’ils ont toujours reproché au Président Macky Sall, c’est d’avoir travaillé à une sélection hors normes pour les compétitions électorales, c’est-à-dire qu’il met en place un système de sélection qui n’est pas démocratique pour choisir ses propres candidats», a-t-il dénoncé.