Dakar, 8 oct (APS) – Le projet de loi de finances de l’année 2022 constitue, avec d’autres sujets économiques et la politique, le menu proposé par les quotidiens pour leur édition de ce vendredi.
‘’Priorité sociale’’, écrit EnQuête, qui constate que l’éducation, la santé, l’emploi et l’entrepreneuriat seront les secteurs les plus financés par l’Etat en 2022.
‘’Les dépenses sociales occupent presque 50 % du budget de 2022. Quinze milliards pour le recrutement de 5.000 enseignants contractuels’’, souligne le journal.
‘’Macky Sall gâte les jeunes, les femmes et les agriculteurs’’, constate Le Témoin Quotidien à la suite de l’adoption du projet de loi de finances de l’année 2022.
Mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement a adopté ce projet de loi en vertu duquel il a évalué les besoins de l’Etat à 5.150 milliards de francs CFA.
‘’L’Etat casse la tirelire pour les femmes, les jeunes et les agriculteurs’’, titre Libération, annonçant d’‘’importantes dotations financières’’ pour ces trois catégories socioprofessionnelles.
‘’Les programmes sociaux et de développement communautaire restent une priorité’’, écrit Le Soleil, faisant état d’‘’une situation macroéconomique solide, à consolider’’.
Des ‘’ménages [sont] en péril’’ au Sénégal, à cause du ‘’coût de la vie’’, des ‘’salaires indécents’’ et des ‘’pertes d’emplois’’, selon Sud Quotidien.
L’As évoque ‘’la tension sociale’’ de certaines sociétés nationales dont l’Office national des forages ruraux (OFOR) et la SN HLM, la Société nationale des habitations à loyer modéré.
‘’Les travailleurs de l’OFOR sont très remontés contre leur direction générale. Pour cause, une augmentation de salaires de 70 millions de francs CFA pour les directeurs et les conseillers techniques, au moment où les priorités semblent être ailleurs’’ que dans la rémunération des cadres de ladite société, rapporte le journal.
A la SN HLM, le collège des délégués des travailleurs accuse le directeur général de ‘’mauvaise gestion’’. Des délégués syndicaux de la même entreprise accusent les délégués d’être de ‘’mauvaise foi’’, selon L’As.
Les quotidiens se sont également intéressés aux élections municipales et départementales prévues en janvier prochain.
‘’Amadou Ba a entamé hier sa marche pour la conquête de Dakar. Pour ceux qui en doutaient, sa première sortie sur l’avenue Georges-Pompidou, à Sandaga et à Niayes Thioker édifie sur les ambitions’’ de l’ancien ministre des Finances, écrit Le Quotidien.
Amadou Ba fait partie des personnalités sur lesquelles ‘’le président de la République pourrait’’ choisir son ‘’dauphin’’, selon WalfQuotidien.
Les élections municipales et départementales permettront de ‘’faire émerger des prétendants’’ à la succession de Macky Sall, ajoute le même journal, citant également l’ancienne Première ministre Aminata Touré, le ministre des Finances, Abdoulaye Daouda Diallo, et le ministre des Transports terrestres, Mansour Faye, parmi les ‘’dauphins’’.
S’agissant du financement des prochaines campagnes électorales, le journal Source A s’intéresse au ‘’plan de guerre’’ de la coalition Yewwi Askan Wi, dirigée par Khalifa Sall et Ousmane Sonko. ‘’Chaque parti ou mouvement [est] appelé à contribuer à l’effort, selon ses moyens’’, révèle-t-il.
La comparution de Guy Marius Sagna devant le tribunal des flagrants délités de Dakar est commenté par les quotidiens.
‘’L’activiste Guy Marius Sagna risque deux ans d’emprisonnement dont six mois ferme, si le procureur suit le réquisitoire du parquet’’, lit-on dans L’Observateur.
M. Sagna est placé en détention depuis lundi et est jugé pour le délit présumé de diffusion de fausses nouvelles. Il lui est reproché d’avoir écrit sur les réseaux sociaux que le ‘’déshonneur’’ était devenu ‘’la nouvelle devise de la Gendarmeries sénégalaise’’.
‘’Le parquet n’a pas été tendre avec Guy Marius Sagna’’, commente Le Quotidien, selon lequel la décision du tribunal des flagrants délits sera rendue jeudi prochain.
‘’Guy Marius Sagna assume tout le contenu de son post’’, constate Le Soleil.
Selon ses avocats, il est arrêté pour des raisons politiques. ‘’Sa présence au prétoire s’explique par le seul fait que le coordonnateur de ‘FRAPP France dégage’ est un candidat déclaré aux prochaines élections locales, selon ses conseils’’, rapporte le même journal.
KEEMTAAN GI - LA SOCIETE SI VILE
« À la queuleuleu
À la queuleuleu
À la queuleuleu
À la queuleuleu
À... À... À... À...
Tout l'monde s'éclate à la queuleuleu
Tout l'monde se marre à la queuleuleu
Tout l'monde chante à la queuleuleu
Tout l'monde danse à la queuleuleu
Le jeune président Français, Emmanuel Macron, pourrait bien s’accrocher aux bras de « ses » intellectuels africains avec qui il va discuter de nos problèmes domestiques. Ils pourront ainsi s’offrir un tour de danse avec la chanson du musicien et humoriste français André Bézu. Ça leur changera un peu les idées comme on a pu réussir à laver le cerveau de ce cher Achille Mbembe. Celui-là même au discours incendiaire, invitant l’Afrique à couper le cordon ombilical qui le liait en tant que continent à l’ancienne puissance coloniale. Et il ne serait pas surprenant de le voir brûler tous ces brulots sur la France pour se donner bonne conscience. C’est le même homme avec sa clique d’amis qui seront autour d’une table pour discuter avec Macron des problèmes du continent. Ce cher Macron qui se donne des airs d’intello tout en étant d’une alarmante niaiserie. Quand il convoque ses « Gouverneurs africains », tout le monde rapplique. Personne ne voulant rater la messe. Un sommet France-Afrique qui ne concernera que les sociétés civiles africaine et française. Bien entendu, nos roitelets ne sont pas invités. Macron les jugeant, peut - être, peu dignes de porter la parole du continent qu’il délègue à une société civile devenue si vile à l’instar de celle de ce charmant pays. Eh oui, ces messieurs et dames de la société civile qui disaient porter la voix du peuple et que l’on a réussi à métamorphoser, les rendant amnésiques et dociles. Voir des voix si représentatives du continent se présenter à la queue leu leu devant Macron pour discuter avec lui de nos problèmes nous parait être une aberration. Et si on a réussi à nous changer cette société civile, c’est parce qu’elle ne pouvait continuer à se gaver d’un idéal et mourir bêtement. Visez celle de ce charmant pays. Toute à cirer les bottes du Chef ! KACCOOR BI
AFFAIRE PASSEPORTS AÏSSATA TALL SALL BRISE ENFIN LE SILENCE ET SE PRONONCE…
Aïssata Tall Sall a enfin brisé le silence sur l’affaire des passeports diplomatiques. Pendant longtemps, le ministre des Affaires étrangères, qui observait avec un étonnant silence ce dossier qui concerne en premier chef son département ministériel, n’avait pas voulu se prononcer. Mais une telle posture la desservait. Alors hier en marge du lancement du 7e Forum international sur la paix et la sécurité qui doit se tenir au mois de décembre à Dakar, la patronne de la diplomatie sénégalaise a été évasive. « Cette affaire, je l’ai apprise comme tous les Sénégalais l’ont apprise. Je suis un ministre de la République. Une République dans laquelle l’État de droit est une réalité. L’opinion passe tout son temps à nous faire la leçon sur l’Etat de droit. La leçon par la preuve, c’est cette affaire » précise d’emblée le ministre des Affaires étrangères. Seulement, elle ne s’est pas limitée à cela puisqu’elle a ajouté que « étant un ministre de la République et aussi, évoluant dans un Etat de droit (mon œil !), il y a deux séparations de pouvoirs et un secret d’enquête qui m’empêchent de me prononcer sur cette affaire. La première séparation des pouvoirs, c’est entre l’exécutif et le législatif dans cette affaire qui serait partie de l’Assemblée nationale. Hors, il y a une séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Donc, je ne peux me prononcer là-dessus compte tenu de l’implication de la deuxième institution. La deuxième, c’est la séparation qui existe entre l’exécutif et le judiciaire. Au Sénégal, un ministre de la République, quel que soit son omnipotence, ne peut s’infiltrer dans un dossier dans le judiciaire pour savoir ce qui s’y passe ». Le ministre Aïssata Tall Sall s’est dit également contrainte par un troisième obstacle, qui est le secret de l’enquête. Compte tenu de ces facteurs, le ministère des Affaires étrangères ne peut pas se prononcer. Cependant, Aïssata Tall Sall tient à soutenir qu’une fois cette affaire tirée au clair, les responsabilités seront situées... remarque que ça, elle n’avait pas besoin de nous le dire puisqu’on le savait déjà !
COURSE À LA MAIRIE DE PODOR RACINE SY LARGUE DE LOIN ME AISSATA TALL SALL
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point » conseillait Jean de La Fontaine dans la course littéraire entre Le Lièvre et La Tortue. Justement, à Podor, le président Mamadou Racine Sy semble partir à point dans la course à la mairie 2022. Depuis quelques mois, le magnat de l’hôtellerie sénégalaise multiplie les actions sociales et humanitaires au profit des populations de la ville Podor. Privés de subvention communale, les associations sportives et mouvements culturels se sont vus soulagés et gâtés par Mamadou Racine Sy. Pour preuve, l’ensemble des Asc de Podor ont reçu une enveloppe globale de 10 millions CFA à répartir. Sans oublier d’importants moyens matériels reçus des mains de Mamadou Racine Sy. Chacune des 11 ASC a reçu une aide de 500 mille FCFA à. En outre, il a également fait une rallonge de 500 mille FCFA à chacune des 5 équipes qualifiées aux départementales. Cet appui d'une valeur globale de 10 millions entre dans le cadre de son vœu de soutenir, d'appuyer et d'accompagner constamment la jeunesse et le mouvement associatif. Pendant ce temps, Me Aissata Tall Sall retrousse les manches pour plaider voire recadrer à « décharge » dans l’affaire des passeports diplomatiques où les services du ministère des affaires étrangères abritent l’imprimerie du faux.
« DOXONTU » PRÉCAMPAGNE AMADOU BA CHAUFFE LE MARCHE SANDAGA
Dans un entretien exclusif récemment accordé au « Témoin » quotidien, l’’ancien chef de cabinet Pape Samba Mboup a plaidé le retour aux affaires des anciens ministres Amadou Ba, Mouhamadou Makhtar Cissé et Aly Ngouille considérés de brillants collaborateurs du président Macky Sall. Vrai ou faux ? En tout cas, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba a montré que politiquement sa cote de popularité est intacte. Et surtout au niveau de Dakar-Plateau où l’ancien argentier de l’Etat aurait violé les territoires communaux pour se taper un « doxontu » (ballade) digne d’un futur maire de Dakar-Ville. Vers 18h, la nouvelle de la présence d’Amadou Ba à Sandaga s’est répandue comme une traînée de poudre. Riverains, clients, commerçants et marchands ambulants ont convergés vers la personne d’Amadou Ba en chair et en os. Bref, Amadou Ba avait finalement paralysé tout Sandaga au point que certains commerçants ont fermé boutique pour ne pas subir les dégâts collatéraux d’une foule déchainée.
DIFFAMATION CONTRE LA GENDARMERIE GUY MARIUS SAGNA RISQUE 6 MOIS DE PRISON
L’affaire Guy Marius Sagna contre la gendarmerie nationale est mise en délibéré pour le 14 octobre prochain. Après le réquisitoire de la procureure qui a demandé à ce que l’activiste soit condamné à 2 ans de prison dont 6 mois ferme et une amende de 200.000, le juge a préféré mettre l’affaire en délibéré avant de donner son verdict le 14 prochain. La Défense a renoncé à sa demande de liberté provisoire. L'activiste a été jugé ce 7 octobre, en flagrant délit devant le tribunal correctionnel de Dakar, pour diffusion de fausses nouvelles relatif à un post considéré comme portant atteinte à l'institution de la gendarmerie. Habillé d'un t-shirt Lacoste bleu, masque au visage, Guy Marius Sagna a comparu devant le juge. Il a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. "Je n'ai jamais eu l'intention de porter atteinte à la gendarmerie que je respecte beaucoup", a-t-il confié au juge. Disant que le post de Guy est de nature à entraîner la désobéissance envers la loi, le parquet a requis une peine de 2 ans dont 6 mois ferme contre l'activiste. Pour le procureur, le texte de Guy Marius Sagna a porté atteinte au moral des citoyens. Le procès a tiré en longueur. Un pool d'avocats composé entre autres des maîtres Moussa Sarr, Khoureychi Ba, Abdoulaye Tall, Assane Dioma Ndiaye a assuré la défense de l'activiste. Pour la tenue du procès, les forces de défense et de sécurité ont quadrillé tous les axes menant au Palais de Justice. Les entrées étaient filtrées à quelque cent mètres de l'institution judiciaire. Les commerçants et autres personnes qui s'activaient quotidiennement aux environs du palais ont été déguerpis des lieux...
SALAIRES PAYES LE 24 SEPTEMBRE OCTOBRE DEVIENT INTENABLE POUR LES FONCTIONNAIRES
Toux ceux qui avaient sauté de joie lorsque les services du ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, avaient annoncé le paiement des salaires et pensions le 24 septembre en prélude du Magal de Touba célébré le dimanche 26 septembre sont en train de vivre un calvaire inouï. Les ménages des fonctionnaires et retraités qui ont bénéficié de cette mesure indiquent que le mois d’octobre qui n’a même pas encore connu une dizaine de jours va être le plus long qu’ils aient jamais connu. Surtout que la période coïncide avec la rentrée scolaire et universitaire. Partout à travers les réseaux sociaux, dans les établissements publics, c’est une grogne quotidienne des travailleurs de l’Etat. Finalement, la mesure de Macky Sall n’a pas été salvatrice. Les ménages des fonctionnaires de l’Etat seront poussés à aller s’endetter de gauche à droite pour prendre en charge le restant du mois d’octobre avant le prochain bulletin de paie. Certains seront tentés de demander une avance sur salaire. D’autres vont courir à la banque pour obtenir un découvert destiné uniquement à la consommation. C’est un cercle vicieux puisque ces prêts d’avance de consommation seront automatiquement débités lorsque le virement du mois sera positionné. Pour s’en relever, il faudrait alors des mois et des mois aux travailleurs.
EXCLUSIF SENEPLUS - 62 et 63 marquent l’avènement très précoce d’une justice aux ordres des gouvernants. Une réalité politique qui ne cessera de se reproduire et de s’amplifier sous les différentes mandatures
Pour comprendre « 63 », il faut remonter à loin. Peut-être même aux années 40. Une jeune élite sénégalaise, portée par les bourses Lamine Gueye, a alors pris rendez-vous avec la destinée du pays. Après un détour en France, nourris de formations et de compagnonnage, ils rentrent au bercail avec une belle charpente intellectuelle et idéologique. Dans le lot, Amadou-Mahtar Mbow, Abdoulaye Ly, Fadilou Diop, entre autres. Amis, intellectuels, frères à bien des égards, à l’avant-garde des combats de libération, entre eux se noue vite une conscience de groupe, bâtie par une énergie commune. Lors de leur retour au pays, première halte : l’incontournable BDS (Bloc démocratique sénégalais) de Senghor. Force centripète en plein épanouissement. Mais très vite, les jeunes font bande à part, mus par d’autres aspirations plus vives et plus offensives. Ils avaient déjà mis sur pied, en France, le Garep..., Groupement Africain de Recherches Economiques et Politiques. Le mouvement est d’obédience marxiste, et il agrège d’autres étoiles montantes, comme Assane Seck ou encore James Benoit.
Le référendum de 58, la faille originelle
Premier moment de friction avec Senghor, l’homme fort de l’UPS : le référendum de 58, initié par De Gaulle. Evènement fondateur. L’exemple guinéen de Sékou Touré, son refus, et son magnétisme continental, aiguisent les appétits. D’autant plus qu’en période de galère, le jeune syndicaliste avait eu pour avocat un certain Fadilou Diop. Son parcours résonne ainsi d’autant plus au sein du Garep. Et à la sortie de ce référendum, la jeune bande veut l’indépendance. C’est ainsi que sous la houlette de l’énergique Abdoulaye Ly, naît le PRA-S (Parti du regroupement africain-Sénégal) à la suite de la scission d’avec l’UPS (Union progressiste sénégalaise) qui prend la suite du BDS. Abdoulaye Gueye Cabri en est aussi l’un des membres fondateurs. Une année plutôt, le PAI (Parti africain de l’indépendance) voyait le jour. Deux entités qui joueront les premiers rôles sur la scène politique sénégalaise, la première plus encline à temporiser avec le pouvoir, la seconde plus radicale dans la clandestinité.
L’année 58 est rude, Senghor et Dia cadenassent l’arène, et draguent les barons religieux. Séquence importante qui déconstruit le mythe de la résistance des leaders religieux dans la colonisation. Elle annonce aussi une forme d’alliance du temporel et du religieux, dont le Sénégal se gargarise, pour le meilleur et le pire. C’est ainsi que Senghor, contre la volonté d’une élite souverainiste, gagne et exauce De Gaulle. Le PRA-S calme le jeu et consent à pactiser avec les gagnants, mais ne raccroche pas les gants.
La fraude électorale, une tradition sénégalaise ?
Autre tournant, les élections municipales de 60. Ces élections ouvrent une séquence politique mouvementée, et la traque de la clandestinité du PAI atteint des sommets. Exemple parmi tant d’autres, symbolique de cette tension croissance, à Saint-Louis, le pouvoir est convaincu de fraude aux élections, ce qui conduit à l’arrestation de Majhemout Diop du PAI. A la tête du pouvoir répressif, les rôles sont bien répartis : à Senghor la diplomatie de la stature, et à Mamadou Dia la basse besogne. D’autant plus que « Maodo » s’y plaît. L’image rigide qu’il traine n’est pas une légende, il la cultive et l’entretient. C’est une carte à jouer, qu’il endosse à une rigueur d’ascète. Il est froid et impitoyable. Il envoie sans ménagement les militants du PAI en prison, conduit la répression, en parfaite synergie avec Senghor. Il a l’idée de la prison de Kédougou, pour casser les ailes du PAI, avec ses désirs de révolutions et d’insurrection dans le Sénégal oriental. Ironie du sort, c’est dans sa « demeure » carcérale qu’il sera renvoyé, quand le vent de la fortune et de la romance avec Senghor aura tourné.
Ces différents évènements raidissent le pays. Les grèves s’enchainent. Partout, la grogne monte. La dissidence intellectuelle est bâillonnée et le marxisme étend son emprise intellectuelle. Dans la capitale en proie à des tensions, à des traques, des larcins, intimidations physiques et autres violences contre les politiques, surtout ceux dans l’opposition, l’ambiance est électrique. C’est dans ce climat qu’arrivent les élections de 63, en décembre. Le passif est lourd d’autant qu’en 62, le couple Dia/Senghor divorce dans la violence. Le jour des élections, la fraude est massive. Senghor passe, mais la rue gronde. L’état de grâce du président nouvellement élu ne dure pas, et des allées du centenaire, on scande « le palais, le palais ». La foule est compacte et décidée. Elle est jeune. Et les militants du PAI comme du PRA-S, investissent les cortèges. Le pouvoir accuse l’opposition d’avoir des velléités de violences physiques, de disposer d’armes. La réponse est tragique. Bain de sang. Plus d’une quarantaine de morts, bilan longtemps sous-évalué, et des centaines de blessés. Le climat de terreur prend une nouvelle dimension. L’émoi est général, et même les soutiens français du pouvoir déplorent la tragédie. La traque des responsables désignés commence sur le champ, et c’est ainsi que Dia subit le même traitement qu’il avait infligé aux acteurs de l’opposition, notamment ceux du PAI. Du côté de l’opposition, c’est un coup de filet gigantesque. Tous ceux qui ont chahuté le pouvoir y passent. Abdoulaye Ly est mis aux arrêts et incarcéré, Fadilou Diop passe brièvement par la case prison. Mais la séquence soude encore plus le PRA-S mais révèle nature des dissensions internes.
Le début d’une tempête de plusieurs années
62 et 63 à leur manière installent dans le pays pré-insurrectionnel, marqué par la peur diffuse mais bien réelle face à l’inquisition du pouvoir, l’inclination de ce dernier à enfermer ses adversaires sans ménagement et selon ses préoccupations du moment. C’est l’avènement très précoce d’une justice aux ordres des gouvernants. Une réalité politique qui ne cessera de se reproduire et de s’amplifier sous les différentes mandatures. D’autant plus qu’après 63, les déchirements de la jeune élite politique d’alors iront croissants, avec des réconciliations en chemin, des trêves, mais aussi des conflits jusqu’à la déflagration de 68, qui elle marquera nettement une rupture dans le continuum politique. Ce contre-récit entache l’image de stabilité la démocratie sénégalaise autant qu’il la renforce…
LUMIÈRE SUR LE FRIGIDAIRE SANS ÉLECTRICITÉ DE BAH ABBA
Les Noirs ont pris une part active dans l’histoire de l’humanité sur bien des plans. En matière d’inventions, ils se sont illustrés de fort belle manière, mais malheureusement toutes les inventions à l’actif des Noirs n'ont pas été suffisamment vulgarisée
Les Noirs ont pris une part active dans l’histoire de l’humanité sur bien des plans. En matière d’inventions, ils se sont illustrés de fort belle manière, mais malheureusement toutes les inventions à l’actif des Noirs n'ont pas été suffisamment vulgarisées. Au pire des cas, leurs inventions ont été accaparées par les Blancs qui finissent par se les approprier injustement. Ainsi, certains chercheurs africains travaillent à porter à la connaissance de tous les exploits faits par des Noirs. C'est le cas du Dr Oumar Dioum.
Dans son livre «Lumières noires de l'humanité: inventeurs, héros, artistes et sportifs», le Dr Oumar Dioum y a recensé quelques-unes de ces inventions marquantes faites par des Noirs. C’est le cas de celle du Nigérian Mouhammed Bah Abba qui a inventé un frigidaire sans électricité.
La capacité d'invention n'est pas forcément dissociable de la performance du système éducatif. Depuis des années, il est admis que le système éducatif hérité de la France par les pays d’Afrique francophone est inefficace. La nécessité, voire des réformes s'impose. Toutefois, les dirigeants d’Afrique francophone rechignent à franchir ce cap des réformes. Ce qui continue de retarder les générations entières d'Africains. Comment comprendre cet immobilisme ?
Pour le Dr Oumar Dioum, c’est l’aliénation qui explique ce blocage des dirigeants à rompre avec le système français inefficace et dépassé. A son avis, c’est tout comme si la France inoculait une certaine dose d’aliénation dans le cerveau des pays qu’elle a colonisés.
par Jean-Claude Djéréké
UN SOMMET INUTILE
EXCLUSIF SENEPLUS - Quitter l’Afrique signifierait, pour la France, ne plus avoir accès aux nombreuses richesses qu’elle y pille. Il faut être fou pour se faire hara-kiri. Je ne vois pas Macron oser scier la branche sur laquelle son pays est assis
Il fut un temps où Achille Mbembe critiquait la politique française en Afrique et se gardait de caresser les dirigeants français dans le sens du poil. En 2010, par exemple, à une question de Christophe Boisbouvier de RFI, il répondait ceci : “Je pense que les Africains qui cherchent à réinventer leur futur gagneraient à oublier la France. Elle n’est pas le centre du monde. Il est temps de regarder ailleurs et de ne pas lui reconnaître plus de pouvoir qu’elle n’en dispose vraiment.” Pourquoi les Africains, d’après lui, devraient-ils se tourner vers d’autres pays ? Parce qu’ils “ne sont toujours pas à même de choisir librement leurs dirigeants, parce que les anciennes colonies françaises se sont transformées en satrapies gérées comme des fiefs privés, que l’on se transmet de père en fils”. Et Mbembe d’ajouter : “Le temps est venu de tirer un trait sur cette histoire ratée. Elle n’est porteuse d’aucun futur digne de ce nom. Au fond, cela aura été une relation passablement abusive qui ne reflète en rien la richesse et la densité des rapports humains établis depuis plusieurs siècles entre Français et Africains.”
Avec la publication de Les jeunes et l’ordre politique en Afrique noire (Paris, L’Harmattan, 1985) et Afriques indociles (Paris, Karthala, 1988), l’historien camerounais se positionnait indiscutablement comme l’un des penseurs africains avec qui il fallait compter dorénavant. En raison de la rigueur, de la vigueur et de la profondeur de ses analyses, je le percevais comme l’un des dignes héritiers des Jean-Marc Ela, Fabien Eboussi Boulaga et Mongo Beti. En un mot, ses réflexions sur l’Afrique et les relations franco-africaines forcèrent assez vite mon estime et mon admiration. Le “divorce” entre nous deux intervint en janvier 2011 quand Mbembe apposa sa signature sur un texte où des universitaires français, américains et africains (Elikia M’Bokolo, Mamadou Diouf, Paulin Hountondji et Ousman Kobo) décrivaient Laurent Gbagbo comme un “chef ethnocentriste”. Ce texte, je le trouvais tout simplement abject, non parce qu’il désavouait l’ancien président (même les Gbagbo ou rien ont le droit d’être en désaccord avec leur champion), mais parce qu’il ne donnait aucune preuve de ce qu’il affirmait. En effet, comment peut-on accuser d’ethnocentrisme un président qui nomma à des postes-clés Dona Fologo, Mamadou Koulibaly, Paul David Nzi, Jean-Baptiste Akrou, Philippe Mangou, Sidiki Bakaba, Jacques Anouma qui ne sont pas de l’ethnie bhété ? Un mois plus tard, Mbembe essaya de se racheter dans une interview où il disait ne pas savoir qui était le vrai vainqueur de l’élection présidentielle de novembre 2010.
Le sommet France-Afrique, initialement programmé en juillet, aura finalement lieu du 7 au 9 octobre 2021 à Montpellier (France) et ne concernera que les sociétés civiles africaine et française. De l’avis de Benoît Verdeaux, ancien numéro 2 de l’Agence française de développement (AFD) en Côte d’Ivoire, il s’agira de “réfléchir à réinventer, redynamiser les relations entre l’Afrique et la France”. Achille Mbembe affirme avoir accepté de co-piloter la préparation du sommet parce que “des gestes ont été accomplis, je pense en particulier à la mission qu’il [Macron] a confiée à mon ami Felwine Sarr, qui a permis de rouvrir le débat sur les restitutions [des biens culturels africains], qui a permis un déclic des imaginaires. Je pense à l’autre mission, confiée à madame N’Goné Fall, qui a abouti à une grosse opération « Africa 2020 ». Il y a des pas qui ont été accomplis en ce qui concerne le franc CFA… Et donc il y a un frémissement.” Doit-on croire l’historien camerounais quand il s’exprime de la sorte et qu’il se défend d’être une prise de guerre de Macron ? Peut-on partager son optimisme sur les rapports entre la France et ses ex-colonies ? Emmanuel Macron tuera-t-il vraiment la Françafrique qui a fait tant de mal aux peuples d’Afrique francophone ? Réussira-t-il là où tous ses prédécesseurs ont lamentablement échoué ?
Notre réponse est “non”. Pourquoi ? Premièrement, parce que “c’est le soleil du matin qui sèche l’attiéké” (proverbe ivoirien). Macron a eu 4 ans pour opérer un changement dans les relations entre son pays et ses anciennes colonies, changement qui, pour nous, passe par la fermeture des bases militaires françaises installées dans certains pays africains, la fin de l’immixtion de la France dans nos affaires internes et la création d’une monnaie africaine par les Africains eux-mêmes. Au lieu de cela, il a soutenu le 3e mandat anticonstitutionnel de Dramane Ouattara et d’Alpha Condé, validé la réélection de tel ou tel président ayant déjà passé plus de 30 ans au pouvoir, soutenu des dictateurs sanguinaires, gardé au Mali des soldats soupçonnés d’y faire autre chose (piller l’or, l’uranium, le gaz et le pétrole de ce pays) que de combattre le terrorisme, établi un lien douteux entre les familles nombreuses et le manque d’éducation.
La seconde raison est la suivante : quitter l’Afrique signifierait, pour la France, ne plus avoir accès aux nombreuses richesses qu’elle y pille depuis 6 décennies. Il faut être fou pour se faire hara-kiri. Je ne vois pas le président français oser scier la branche sur laquelle son pays est assis. Elle a beau clamer qu’elle ne gagne rien en Afrique et qu’elle se saigne plutôt pour les Africains, la France aurait moins de poids et moins d’influence sur la scène internationale sans ces richesses.
À partir de là, chacun s’apercevra aisément de l’inutilité du sommet de Montpellier. Celui-ci n’est organisé que pour tromper une fois de plus les Africains et essayer de les “reconquérir” au moment où, après le Centrafrique de Touadéra, le Mali d’Assimi Goïta est en train de remplacer l’ancienne puissance colonisatrice par la Russie jugée plus humaine, plus sincère et plus compétente. En d’autres termes, rien ne changera dans la relation franco-africaine après Montpellier, ce qui ne veut pas dire que le changement n’adviendra jamais. Les adeptes africains et français de la Françafrique gagneraient, à cet égard, à lire ou à relire le texte de Jean-Paul Sartre : “Nos procédés sont périmés. Ils peuvent retarder parfois l’émancipation, ils ne l’arrêteront pas. Et n’imaginons pas que nous pourrons rajuster nos méthodes : le néo-colonialisme, ce rêve paresseux des Métropoles, c’est du vent ; les " troisièmes forces " n’existent pas ou bien ce sont les bourgeoisies bidon que le colonialisme a déjà mises au pouvoir. Notre machiavélisme a peu de prise sur ce monde fort éveillé qui a dépisté l’un après l’autre nos mensonges. Le colon n’a qu’un recours : la force, quand il lui en reste ; l’indigène n’a qu’un choix : la servitude ou la souveraineté.”
C’est un truisme de dire que le sentiment anti-français monte de jour en jour de Bamako à N’Djamena en passant par Dakar et Bangui. Macron espère que le sommet de Montpellier fera baisser la tension dans ces capitales africaines. À mon avis, il a aggravé les choses car, quand on est intelligent, on ne convoque pas chez soi une personne en colère. Le bon sens voudrait qu’on se rende plutôt chez elle, qu’on l’écoute et qu’on fasse droit à ses légitimes desiderata. En tout état de cause, non seulement les 200 millions d’Africains qui suivent la chaîne panafricaine Afrique Media ne sont plus prêts à se laisser distraire par des mesurettes mais rien ne leur semble plus agaçant que le paternalisme arrogant et condescendant de la classe politique française. Quant aux “intellectuels” africains, qui se sont mis au service de cette classe médiocre et prédatrice, ils sont aussi méprisables que le Léopold Sédar Senghor qui, intervenant le 29 janvier 1957 à l’Assemblée nationale française, déclarait : “Le carré français, croyez-moi, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons simplement y bâtir nos propres cases, qui élargissent et fortifieront en même temps le carré familial, ou plutôt l’Hexagone France”. Fanon avait vu juste en disant d’eux qu’ils “ont intériorisé le système colonial qui place le Blanc tout en haut de l'échelle des races, que le colonialisme s’est infiltré en eux avec tous ses modes de pensée”.
Toujours en quête de la reconnaissance et de l’approbation du maître, ces “êtres truqués” (Sartre) se rendent à Montpellier, non pour imposer quoi que ce soit, mais pour voler au secours d’un pays qui ne doit s’en prendre qu’à lui-même si ses ex-colonies ont commencé à lui tourner le dos. Ils n’y vont pas pour défendre les intérêts de l’Afrique mais pour dire “oui, patron” et recevoir des cacahuètes.
En conclusion, le sommet de Montpellier n’apportera rien de bon aux Africains car ceux qui l’ont organisé ne sont ni bons ni sincères. Seuls les naïfs peuvent croire que le soleil du soir séchera l’attiéké.
Jean-Claude DJÉRÉKÉ
Originaire de Côte d’Ivoire, J.-C. DJÉRÉKÉ a publié plus de 15 ouvrages dont Le défi de la seconde indépendance (L’Harmattan, 2012), Abattre la Françafrique ou périr (L’Harmattan, 2014) et L’Afrique francophone peut-elle s’en sortir ? (L’Harmattan, 2020), il enseigne la littérature et les cultures africaines à Bryn Mawr College, Philadelphie (USA).
Voir Télérama du 8 octobre 2010.
Cf. Le Monde du 18 janvier 2011.
Cf. Jeune Afrique du 14 février 2011.
Entretien avec Boisbouvier sur RFI, le 14 septembre 2021.
Sur RFI, le 22 mars 2021.
Lire sa préface à Les Damnés de la terre de Frantz Fanon.
Macron est Zemmourien dans sa perception de l'ordre international et dans sa conception des rapports de force entre nations. Le sommet de Montpellier est une stratégie française du diviser pour régner en Afrique