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16 mai 2025
PASTEF DOMINANT
Élus lors des législatives anticipées du 17 novembre dernier, les 165 députés seront installés dans leur fonction ce lundi 02 décembre au cours lors de la première session de la nouvelle Assemblée nationale.
Les députés aux législatives anticipées du 17 novembre prochain seront installés dans leur fonction ce lundi 02 décembre prochain. En occupant les 130 sièges sur les 165 , le parti au pouvoir, Pastef tout désigné pour être majoritaire aussi bien dans le nouveau bureau que dans la Conférence des Présidents.
Élus lors des législatives anticipées du 17 novembre dernier, les 165 députés seront installés dans leur fonction ce lundi 02 décembre au cours lors de la première session de la nouvelle Assemblée nationale. Le déroulement de cette première session sera marqué par l’élection du président de l’Assemblée nationale qui va succéder à Amadou Mame Diop pour les cinq prochaines années. Ce scrutin à bulletin secret sera présidé par le député élu le plus âgé en l’occurrence, l’inspecteur des Impôts et des Domaines à la retraite M. Alla Kane, âgé de plus de 80 ans. Membre honoraire du bureau exécutif national du mouvement « Maggi Pastef », Alla Kane aura comme Secrétaire lors de cet exercice un autre militant du Pastef, Anne Marie Yacine Tine qui est la benjamine des députés (26 ans)
Une fois élu, le nouveau président de l’Assemblée nationale sera installé dans ses fonctions et présidera l’élection de ses collègues députés qui composeront avec lui, le nouveau de cette 15ème législature, composé de 8 vice-présidents, 6 secrétaires élus, 2 questeurs et les différents présidents de groupes parlementaires.
Aujourd’hui, la question est de savoir sur qui, le tandem Diomaye-Sonko va portera son choix pour occuper ce poste stratégique dans le sens où : « en cas de démission, d’empêchement ou de décès, le Président de la République est suppléé par le Président de l’Assemblée nationale » (article 39 de la Constitution).
Pour l’heure, si aucune information officielle n’est disponible, certains noms circulent comme celui du doyen Alla Kane qui a fait ses premières armes au sein du Parti africain de l’indépendance (P-A-I) de feu Majmouth Diop vers dans les années 1957. Ou encore celui de Mouhamed Ayib Salim Daffé, Secrétaire général par intérim du Pastef et ex-président du groupe parlementaire Yewwi askan wi sous la 14e législature.
LA MAJORITÉ CONFORTABLE DU PASTEF
Avec une majorité confortable de 130 sièges sur les 165, le Pastef s’emparera sans difficultés la majorité dans le nouveau bureau de l’Assemblée nationale. En effet, si on s’en tient au tableau de calcul appliqué dans la répartition des postes proportionnellement à la représentation des groupes parlementaires prévu à l’article 14 du règlement intérieur alinéa 2, le parti au pouvoir verra pas moins de 6 Vice-présidents sur les 8 postes à pourvoir, occuper ces postes, 5 Secrétaires élus sur les six postes de Secrétaires élus, les deux postes de Questeurs à Les 12 Commissions permanentes sur les 14 lui reviendront.
LA REPRÉSENTATION DE L’OPPOSITION PARLEMENTAIRE
L’opposition parlementaire sera incarnée par les députés de la coalition Takku-Wallu et le bloc constitué par les 7 députés de Diam ak Njarin de l’ancien Premier ministre Amadou Ba, 3 de Samm Sa Kaadu de la coalition dirigée par le maire de Dakar, Barthélémy Dias, les 2 élus de Andu Nawle de Maguette Séne et les 7 leaders de coalitions élus sur la base du plus fort reste pourrait former un groupe parlementaire en cas d’alliances entre ces coalitions. Toutefois, dans le nouveau bureau, l’opposition parlementaire sera faiblement représentée avec pas plus trois (03) sièges sur les 16 en plus des présidents de groupes parlementaires et 5 membres sur les 30 à la au niveau de la Conférence des présidents.
Pour rappel, lors de l’année parlementaire de la 14e législature, l’opposition incarnée par les députés des groupes parlementaires de Yewwi askan wi et Wallu avaient 5 représentants contre 6 membres en 2022 suite à la démission des députés de Taxawu Sénégal.
LE RÔLE DU BUREAU DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Pour rappel, présidé par le président de l’Assemblée nationale, le Bureau est la pièce maitresse du fonctionnement administratif de l’institution. Il dispose selon les dispositions de l’article 17 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, de tous pouvoirs pour régler les délibérations de l’Assemblée nationale, organiser et diriger tous ses services, dans les conditions déterminées par le Règlement intérieur et par les règlements subséquents. C’est à lui également que revient la charge de déterminer, par un Règlement financier, les modalités de préparation, d’élaboration et d'exécution du budget de l'Assemblée nationale qui jouit de l’autonomie financière.
Outre ces pouvoirs, le bureau de l’Assemblée nationale est également chargé de fixer les modalités d’utilisation des crédits de fonctionnement des groupes parlementaires et des commissions permanentes inscrits dans le son budget. Elle détermine, par un règlement administratif, les modalités d'application, d'interprétation et d'exécution, par les différents services, des dispositions de ce présent règlement administratif, ainsi que le statut du personnel de l'Assemblée nationale. Le Bureau de l’Assemblée nationale peut aussi selon toujours selon l’article 17 créer des commissions ad hoc sur une sujet déterminé et en informer l’Assemblée nationale. « Le Bureau, sur proposition du Président, nomme, par Arrêté, le Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint qui assistent à ses réunions, à la Conférence des Présidents, ainsi qu’à toutes les commissions ad hoc où leur présence est nécessaire. Le Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint sont choisis parmi les agents de l'Etat de la hiérarchie A. Le Bureau se réunit, au moins, une fois par mois », précise le dernier alinéa de cet article 17 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
LA CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS : L’HORLOGE DE L’AGENDA LÉGISLATIF DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Instance très peu connue du grand public, la Conférence des Présidents occupe une place de choix dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. En effet, avec le Bureau de l’Assemblée nationale, elle joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’institution parlementaire. Prévu par l’article 19 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la Conférence des Présidents est composée outre du Président et des vice-présidents, des Présidents de Commission, du Rapporteur général de la Commission de l’Économie générale, des Finances, du Plan et de la Coopération économique et des présidents de Groupe parlementaire et le représentant des non-inscrits. Si le fonctionnement administratif de l’Assemblée nationale relève des compétences exclusives du Bureau, c’est à la Conférence des Présidents que revient la mission de gérer le volet législatif de l’institution parlementaire. En effet, selon l’article 19 du Règlement intérieur, la Conférence des Présidents : « établit l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée ; fixe le calendrier des travaux en commissions et en séance plénière ; peut décider de l’organisation des débats conformément aux dispositions de l’article 68 alinéa 4 ci-dessous. Dans ce cas, elle fixe la durée globale de la séance et le temps de parole entre les groupes et les noninscrits, dans des conditions déterminées par une Instruction générale du Bureau ». Cet organe sera également dominé par le nouveau groupe de la majorité parlementaire.
Par Fadel DIA
THIAROYE 44, ENTRE ESPÉRANCE ET FRUSTRATIONS
Le plus symbolique dans la cérémonie organisée pour commémorer ce que désormais tout le monde appelle « le massacre de Thiaroye » c’est sans doute que c’était « notre » cérémonie, par nous, entre nous et à notre discrétion
Le plus symbolique dans la cérémonie organisée pour commémorer ce que désormais tout le monde appelle « le massacre de Thiaroye » c’est sans doute que c’était « notre » cérémonie, par nous, entre nous et à notre discrétion. Nous en avions assez d’être invités, et d’être souvent des invités relégués au rang de faire-valoir, dans des manifestations où on célébrait nos misères et nos sacrifices, en donnant l’impression qu’en fin de compte nous n’avons jamais été que la cinquième roue de la charrette. Cette fois nous étions les concepteurs, les organisateurs et les maîtres de cérémonie et, symboliquement, toute l’Afrique était là, celle de la savane et celle de la foret, l’ouest et l’est, le centre et le nord, pour rappeler au monde une tragédie parmi d’autres vécues par l’Afrique coloniale, dont le souvenir avait été longtemps enseveli sous le poids de la morgue et de l’injustice.
Un seul regret: il manquait à cette cérémonie la présence, au plus haut niveau, des représentants des pays dont les fils avaient constitué le principal filon de recrutement de ce qu’on a appelé « Tirailleurs Sénégalais » : le Mali, ancien Soudan français, et le Burkina Faso, ancienne Haute Volta. En revanche la France était présente, non à la place qu’elle avait l’habitude d’occuper, mais à celle qui lui a été assignée, ni en grandiloquent maître des horloges, ni en victime expiatoire. Une fois n’est pas coutume et contrairement à l’un de ses prédécesseurs, Jean Yves Le Drian qui tutoyait le Président de la République du Sénégal en public comme s’ils avaient gardé les vaches ensemble, son représentant s’est montré discret, à moins que ce ne soit l’estocade reçue à Ndjamena qui lui ait servi de leçon. Il a dit des mots justes et bien choisis et surtout il a fait cet aveu impensable il n’y a pas longtemps :la France reconnait que Thiaroye a été un massacre !
Dieu, que ce fut difficile d’en arriver à cette évidence.
On peut dire néanmoins qu’un pas décisif a été franchi, mais il en reste bien d’autres, ne serait-ce que de nous éclairer sur ce qui a été à la base de cette tragédie et de nous dire, passé le moment solennel du recueillement, où est passé l’argent qui n’a pas été versé aux Tirailleurs. Il restera à l’ancienne métropole à traduire ses paroles en actes, et l’Histoire nous a appris que dans le domaine de la repentance (même si le mot n’a pas été prononcé) il y a loin de la coupe aux lèvres. La vraie question est de savoir si France est prête à solder son passé colonial, comme ont tenté de le faire la Belgique ou les Pays Bas.
S’il nous reste un peu de frustration, c’est qu’il y a quelquefois des moments où l’Histoire bascule, et personne n’aurait imaginé que la prise d’une prison, où s’ennuient une demi-douzaine de malheureux privilégiés et par une marée de va nupieds, aurait pu provoquer une des plus grandes révolutions de l’ère moderne.
La cérémonie de ce 1e décembre aurait pu constituer un tournant dans les relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique si un deus ex machina s’était donné la peine d’y mettre du sien. Imaginons que le président français y soit présent, non pas en vedette américaine, comme sans doute il l’avait envisagé, mais simplement en homme en bonne volonté. Imaginons que les présidents du Mali et du Burkina sortent de leur sublime isolement et fassent le voyage de Dakar. L’ordre protocolaire alphabétique aurait placé Macron à côté de Goita et qui sait ce qui se serait passé ? Imaginons que le président de l’ancienne puissance coloniale relègue son arrogance aux oubliettes, tende la main à son voisin et prononce ces mots que son pays refuse toujours d’assumer : des excuses ! Thiaroye 2024 aurait été un grand moment de diplomatie ! La rencontre n’a pas eu lieu, mais il n’en reste pas moins que la commémoration des 80 ans du massacre de Thiaroye doit être l’acte 1 d’une série de manifestations domestiques dont le but est de savoir ce qui s’est réellement passé sur tous ces sites de douleur qui parsèment nos pays et troublent notre mémoire, à Dimbokoro, à Sétif, à Madagascar et ailleurs. Pour que ce qui vient de se passer ne soit pas qu’un moment de solennité médiatique, il importe que dans nos écoles, nos collèges et nos lycées, les maitres et les professeurs se l’approprient enfin et l’inscrivent dans la mémoire de leurs élèves. Si ceux-ci ont besoin de viatique, s’ils se posent encore la question de savoir s’ils peuvent relever la tête, alors qu’ils puisent leur inspiration dans ce poème de Maya Angelou, « Still I rise », que Didier Awadi aurait pu inscrire dans son répertoire de ce jour ,et dont voici quelques extraits :
« Vous pouvez me citer dans l’Histoire,
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez me trainer dans la boue,
Mais comme la poussière je m’élève encore …
Vous pouvez m’abattre de vos paroles,
Me découper avec vos yeux,
Me tuer de toute votre haine,
Mais comme l’air je m’élève encore…
Hors des cabanes honteuses de l’Histoire Je m’élève
Surgissant d’un passé enraciné de douleur
Je m’élève !
Je suis un océan noir, bondissant et large,
Jaillissant et gonflant je porte la marée
Laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur
Je m’élève
Vers une aube merveilleusement claire
Je m’élève
Emportant les présents que mes ancêtres m’ont donnés
Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave
Je m’élève,
Je m’élève,
Je m’élève !
Par Mansour SECK
THIAROYE 44 : CE QUE J'EN SAIS
C’est en 1962, après l’Ecole de Saint Cyr, alors sous-lieutenant, que j’ai découvert l’histoire des Tirailleurs Sénégalais dont le corps a été créé par Faidherbe en 1957. En retournant au Sénégal, j’ai été choqué d’apprendre la tragédie de Thiaroye
C’est en 1962, après l’Ecole de Saint Cyr, alors sous-lieutenant, que j’ai découvert l’histoire des Tirailleurs Sénégalais dont le corps a été créé par Faidherbe en 1957. En effet, à la fin de mon séjour dans un camp de vacances à Innsbruck, en Autriche, le propriétaire, d’un certain âge, n’a pas voulu que je paie la facture. Il m’a expliqué qu’il a été prisonnier des Allemands avec les Tirailleurs Sénégalais. IL a loué leur courage et leur gentillesse.
J’ai également visité, à cette période, les villes de Toulon et de Fréjus, où une mosquée et un Tata (Case Africaine, cimetière) témoignent de la participation importante des Tirailleurs Sénégalais à la libération de la Provence. D’ailleurs, un Sénégalais a été maire de Fréjus.
En retournant au Sénégal, j’ai été choqué d’apprendre la tragédie de Thiaroye, le 1er décembre 1944. J’ai aussi reçu l’information dramatique du massacre en juillet 40 par les Allemands, de près de 200 Tirailleurs Sénégalais, dont 58 à la mitrailleuse et au char, appartenant au 25ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais à Chasselay près de Lyon. En ce qui concerne Thiaroye, j’ai consulté une dizaine de livres parlant des Tirailleurs Sénégalais, en particulier, « l’Epopée des Tirailleurs Sénégalais » par Eugène Jean Duval, Contrôleur Général des Armées, «Thiaroye 1944» de Martin Mourre et «Crimes et Réparations» de Bouda Etemad.
Le Professeur Buuba DIOP et Monsieur Mamadou KONE, historiens, m’ont aidé dans mes recherches.
Ce qui me parait le plus important à savoir dans le massacre de Thiaroye, c’est le rapport du Colonel Carbillet, Commandant de l’opération du 1er décembre 1944.
Dans l’épopée des Tirailleurs, l’auteur signale qu’il n’y a pas eu de compte- rendu émanant des Tirailleurs, ce qui démontre que les informations sont unilatérales et sans contradiction.
Après l’opération, le service de santé militaire rapporte qu’il y a eu 24 morts sur place, 47 blessées et 48 survivants qui ont été condamnés par le tribunal militaire à des peines allant de 1 à 10 ans de prison pour mutinerie. Certaines sources parlent de 70 à 300 tués
Une autre information importante qui démontre que ces anciens militaires étaient désarmés, c’est la liste des armes trouvées sur place après la fouille : « de nombreux couteaux et baïonnettes, des grenades F1, un revolver 1892, des coupecoupes, etc. » Ce qui démontre que ces anciens prisonniers appelés «mutins»étaient désarmés car démobilisés. En effet, la dotation classique d’une unité militaire en armement se compose de fusils, de mitrailleuses, etc., et non de couteaux.
Une autre anomalie : Je n’ai pas trouvé les deux tableaux d’effectifs nominatifs avec numéros de matricules avant et après l’opération. Ces tableaux devaient figurer parmi les documents importants traitant de cet évènement.
La juriste Professeur Amsatou Sow Sidibé pose la question de « la qualification des faits de Thiaroye 44 ». Julien Fargettas, Armelle Mabon et Martin Mourre ont traité la sémantique entre tragédie, massacre et crime de masse. Ils ont choisi le terme « massacre ».
Pour parler de la cause de cet évènement, il faut remonter à quelques mois avant l’arrivée des Tirailleurs à Dakar. En effet, après 4 années d’emprisonnement dans les fronstalags allemands sans être payés, ils ont exprimé leur mécontentement à Morlaix, Hyères, Agen, Sète, Mont Marsan, Versailles, etc. D’ailleurs ils étaient nombreux à ne pas vouloir embarquer dans le bateau anglais Circassia pour rentrer en Afrique avant d’être payés.
En effet, la Circulaire 2080 du Ministère de la Guerre précisait « que la solde de captivité des anciens prisonniers de guerre devait être entièrement liquidée avant le départ de la métropole ». Ce qui n’a pas été le cas et qui explique leur mécontentement.
Donc dire que la propagande allemande sur les anciens prisonniers était la cause de leur révolte ne peut pas être retenue. Il faut aussi préciser que le comportement des Tirailleurs Sénégalais vis-à-vis de la « supériorité du blanc » avait changé. Au combat, ils ont vu que les balles allemandes ne faisaient pas la différence entre le blanc et le noir, que les blancs, comme eux, sont des êtres humains qui pouvaient avoir peur et pleurer dans la souffrance. Certains tirailleurs ont même pu marier des Françaises. D’ailleurs, le Professeur Iba Der THIAM a parlé de changement de mentalité des Tirailleurs Sénégalais après la guerre. Ils n’avaient plus le complexe du Blanc.
Dire que les « mutins » ont ouvert le feu les premiers ne peut être qu’une contre-vérité. En effet, entre 6 heures et 7 heures du matin au début de l’opération, ils sortaient tout juste du lit et certains ont même cru que les tirs étaient des cartouches à blanc, jusqu’au moment où ils ont vu leurs camarades tomber. Je n’ai trouvé aucun rapport officiel donnant des informations sur la sépulture des morts. Pourtant, l’Inspecteur Mérat soutient que ce drame de Thiaroye n’est « la faute de personne ». Cependant, en 2014, Le Président Hollande a parlé « de la répression sanglante de Thiaroye » et a reconnu « le non versement de leurs arriérés de solde et d’indemnités, faute fonds suffisants.»
Auparavant, le Président Mitterrand avait, lors d’une visite au Sénégal, parlé d’une « dette de sang » vis-à-vis des tirailleurs. Il faut aussi préciser que les soldes payées aux ex-prisonniers étaient très inférieures à celles payées aux métropolitains. C’est l’équivalent de 230 euros aux Tirailleurs et 690 euros aux métropolitains. En plus, le Président De Gaulle a «cristallisé » ces indemnités en 1959. C’est-à-dire qu’il les a bloquées à cette date, sans tenir compte de l’inflation. Un séjour en France leur était imposé.
A l’occasion de la tragédie de Thiaroye, le Président Senghor, ancien combattant de la 2eme Guerre Mondiale, ancien prisonnier du 3e régiment d’Infanterie Coloniale au frontstalag 230 de Poitiers, académicien français, dont l’attachement à la France est indiscutable, a dit qu’il ne reconnaissait pas la France, patrie des droits de l’homme dans cet évènement.
Pourtant les présidents De Gaulle et Mitterrand ont reconnu que sans la colonisation la France ne serait pas une grande nation. Bouda Etemad, dans « Crimes et Réparations », pose la question suivante : « Pourquoi choisit-on de préférence la Traite Négrière, l’Esclavage ou l’extermination des populations indigènes dans le cadre de la décolonisation à d’autres «crimes», lorsque l’on fait valoir que l’écoulement du temps n’efface pas les responsabilités de ceux qui, dans un passé souvent lointain, ont commis de tels actes ? »
Le réveil des consciences des Tirailleurs Sénégalais décomplexés sur le fait qu’ils étaient égaux des Blancs après leur douloureuse expérience partagée avec eux, peut-être la graine qu’ils ont semée pour que les Africains aspirent à l’indépendance obtenue dans les années 1960.
Il faut reconnaitre que l’impact de la participation des Tirailleurs Sénégalais aux deux Guerres mondiales n’est pas oublié partout en France. En effet, chaque année, les habitants de la ville de Lectoure, dans le Gers, honorent les 73 Tirailleurs appartenant au 84ème Bataillon des Tirailleurs Sénégalais enterrés sur place pendant la Grande Guerre. De même, à Chasselay, les habitants organisent régulièrement une cérémonie honorant la mémoire des Tirailleurs Sénégalais tués en juin 1940 par la Division SS Totenkopf et le régiment Grossdeutschland. Un cimetière Tata y a été également construit en leur mémoire.
Chaque année, le D-Day du 6 juin 1944, date du début de la libération de la Normandie par des troupes alliées commandées par les Américains, est célébré en grande pompe, en 2024, c’est en présence de 25 chefs d’Etat et de gouvernements, dont aucun Africain. C’est comme si on oublie que le Sud de la France a été libéré, en grande partie, par les soldats africains »
NB : J’ai commencé cette recherche bien avant d’apprendre qu’une commission de remémoration présidée par le Professeur Mamadou Diouf a est installée. Je suis sûr que leur travail sera plus complet que le mien.
*Le titre est de la rédaction **
FORTUNES DIVERSES POUR ILIMAN NDIAYE, GANA, JACKSON...
Dans le multiplex du dimanche pour le compte de la 13e journée de Premier League, Manchester United a écrasé Everton (4-0) alors que Chelsea s’est tranquillement baladé face à Aston Villa (3-0).
Dans le multiplex du dimanche pour le compte de la 13e journée de Premier League, Manchester United a écrasé Everton (4-0) alors que Chelsea s’est tranquillement baladé face à Aston Villa (3-0).
Retour du football anglais ce dimanche après-midi avec un multiplex très alléchant à 13h30. D’abord, le Manchester United new look de Ruben Amorim accueillait Everton à Old Trafford. L’occasion pour le technicien portugais de lancer la machine en Premier League après le succès du jeudi face à Bodo/Glimt en Ligue Europa. Et les trois points étaient nécessaires pour des Red Devils qui pointaient à une décevante 13e place au coup d’envoi. Sur ce match, l’ancien coach du Sporting décidait de miser sur des hommes de confiance en défense, mais avec une animation offensive différente avec la présence de Rashford, Zirkzee, Diallo ou encore Fernandes.
Manchester United écrase Everton de Gana et Iliman Ndiaye
Et dans ce match, Manchester United a confirmé sa montée en puissance avec une très large victoire 4-0 face à une équipe d’Everton assez décevante. Tout avait bien commencé pour les Red Devils avec le premier but signé Rashford. L’Anglais reprenait une combinaison sur corner et trompait, avec l’aide de Branthwaite, Pickford. Un but qui faisait étonnamment sombrer les Toffees qui encaissaient dans la foulée un but de Zirkzee. Au retour des vestiaires, il ne fallait que 20 secondes à Rashford pour enfoncer le clou alors que Zirkzee, encore lui, inscrivait aussi un doublé après l’heure de jeu sur une contre-attaque éclaire.
Chelsea impressionne, Jackson encore buteur
De son côté, Chelsea, en très grande forme depuis plusieurs semaines, recevait sur sa pelouse Aston Villa. La formation d’Enzo Maresca a encore une fois réalisé une prestation aboutie et a pu miser sur son effectif XXL (3-0). L’international sénégalais Nicolas Jackson a rapidement lancé les hostilités en ouvrant le score en début de rencontre, inscrivant son 8e but en 13 matchs. Après lui, c’est Enzo Fernandez qui faisait le break juste avant la pause. Et en seconde période, Cole Palmer, discret jusqu’ici, participait au festival offensif des siens en envoyant une mine dans la lucarne d’Emiliano Martinez.
Avec ce succès, Chelsea revient à hauteur d’Arsenal à la 2e place du classement et envoie City à la 5e place en attendant le choc face à Liverpool ce dimanche après-midi.
Tottenham et Pape Matar Sarr accrochés
Enfin dans l’autre rencontre, Tottenham de Pape Matar Sarr (titulaire) a été accroché par Fulham (1-1). Brennan Johnson avait pourtant donné l’avantage à son équipe mais cela n’a pas suffi pour obtenir les trois points (1-1, score final). Avec ce résultat, les Spurs restent à la 7e place et manquent l’occasion de se rapprocher clairement du podium.
ENTRE MEMOIRE ET JUSTICE, LEÇONS D’UNE PLAIE OCTOGENAIRE
Le ton du discours, poignant et solennel, a oscillé entre une dénonciation ferme des injustices du passé et une volonté de réconciliation. Les mots, empreints de gravité, ont interpellé l’auditoire sur la nécessité de préserver la mémoire historique .
C’est en présence des Chefs d’Etat de Mauritanie, Ould Cheikh EL GHAZOUANI de la République islamique de Mauritanie, Président en exercice de l’Union Africaine, AZALI Ansoumani de l’Union des Comores, Adama BARROW de Gambie, Umaru Sissoko de Guinée-Bissau, Brice Clotaire Oligui NGUEMA de la République gabonaise, du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye a délivré son discours qui est autant un appel qu’une critique des systèmes en place qu’une invitation à l’action. Concluant sur une note d’espoir, il affirme que le changement est possible si nous agissons ensemble avec audace et détermination.
Dans son discours de M. Mamadou Diouf, chargé de coordonner le comité de commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, a dévoilé avec force, les enjeux mémoriels, historiques et politiques liés à cet épisode sombre de l’histoire coloniale française. Ce massacre, survenu le 1er décembre 1944, a été non seulement analysé comme une tragédie humaine, mais aussi comme un symbole de la dissonance entre la Libération défendue par la France et les pratiques brutales de son administration coloniale
UN CONTEXTE HISTORIQUE LOURD DE SENS
M. Diouf a commencé par un rappel poignant des faits : des soldats africains, enrôlés de force pour combattre sous le drapeau français durant la Seconde Guerre mondiale, furent massacrés à leur retour après avoir osé revendiquer des droits légitimes. Leur crime ? Exiger des compensations pour leur engagement et dénoncer des conditions de vie indignes dans le camp de Thiaroye. Ce contexte de répression illustre une contradiction fondamentale : la célébration de la liberté par la France coïncidait en effet avec la négation des droits des soldats issus des colonies.
L’AMPLEUR DU MASSACRE : UNE VÉRITÉ OCCULTÉE
Le bilan du massacre reste flou et contesté. Les chiffres avancés oscillent entre 35 et 400 morts, une disparité qui souligne la volonté des autorités françaises de minimiser l’événement. M. Diouf a dénoncé les falsifications, la destruction ou l’inaccessibilité des archives, et a appelé à une collaboration franche avec la France pour lever le voile sur cette tragédie. Ce manque de transparence est présenté comme une violence supplémentaire infligée aux victimes et à leurs descendants.
UNE RECONNAISSANCE TARDIVE MAIS INSUFFISANTE
Si des avancées ont été réalisées, notamment avec les déclarations de François Hollande en 2014 et plus récemment d’Emmanuel Macron, ces gestes sont perçus comme tardifs et partiels. M. Diouf a interpellé directement sur la nécessité d’aller au-delà des paroles, pour que la reconnaissance du massacre ne reste pas une simple formalité mais soit accompagnée par des actions concrètes et un travail de mémoire partagée.
UNE COMMÉMORATION TOURNÉE VERS L’AVENIR
Le discours marque une rupture notable : sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye et avec le soutien du Premier Ministre Ousmane Sonko, le Sénégal adopte une posture proactive pour reprendre la narration de cette histoire. L’objectif est clair : réinscrire Thiaroye dans une perspective panafricaine, en faisant des victimes des “morts pour l’Afrique”. Cette commémoration dépasse le simple hommage pour devenir un levier d’éducation civique et de construction citoyenne.
VERS UNE NOUVELLE PÉDAGOGIE DE L’HISTOIRE
M. Diouf a également appelé à une approche inclusive et créative : le massacre de Thiaroye doit nourrir des récits historiques, culturels et artistiques, essentiels pour transmettre une mémoire collective. Il fait référence aux œuvres de figures comme Senghor et Keita Fodéba, qui ont utilisé la poésie pour immortaliser cet événement. Cette dimension artistique est perçue comme un moyen puissant de célébrer la diversité et de bâtir une unité panafricaine.
UNE INITIATIVE COURAGEUSE ET ESSENTIELLE
Ce discours, à la fois solennel et militant, reflète un effort sincère pour affronter un passé difficile tout en ouvrant la voie à une réconciliation fondée sur la vérité et la justice. En érigeant les tirailleurs en symboles de la lutte pour la liberté et la dignité, le Sénégal ambitionne de transformer une tragédie en un moteur d’espoir et d’unité pour l’Afrique. Ce tournant mémoriel, initié par le gouvernement actuel, constitue une entreprise délicate mais cruciale, pour garantir que l’histoire des victimes de Thiaroye ne soit plus jamais reléguée au silence.
INITIATIVES, MÉMOIRE ET JUSTICE
Le président de la République a énuméré des initiatives pour la mémoire : Création d’un mémorial et d’un centre de documentation à Thiaroye. Enseignement de cet épisode dans les curriculums scolaires pour sensibiliser les générations futures. Instauration d’une Journée du Tirailleur le 1er décembre de chaque année pour pérenniser cet hommage.
OULD EL-GHAZOUANI,
En délivrant son discours, M. Ould ElGhazouani, le chef de l’Etat mauritanien et Président de l’Union africaine, a rendu un vibrant hommage aux tirailleurs sénégalais, soulignant leur courage et leur détermination, malgré les conditions climatiques difficiles et la puissance de l’ennemi en Europe. Ces derniers «ont affronté la mort sur les champs de bataille, contribuant ainsi à la victoire des Alliés et à la libération de la France », a-t-il rappelé, tout en insistant sur l’importance de préserver leur mémoire : « Leur sang versé sur cette terre ne sombrera jamais dans l’oubli. » Il a également salué l’initiative de son homologue français, Emmanuel Macron, pour avoir reconnu officiellement le massacre des tirailleurs africains le 1er décembre 1944 au camp de Thiaroye. Il a souligné que cet acte de reconnaissance est essentiel pour la mémoire collective.
BASSIROU DIOMAYE FAYE
Dans son discours, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye a évoqué le massacre de Thiaroye, comme étant un épisode tragique survenu le 1er décembre 1944, où des tirailleurs sénégalais furent exécutés par l’armée coloniale française. Ces soldats, ayant combattu courageusement pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, réclamaient des droits légitimes : le paiement de leurs indemnités. Ce massacre incarne l’injustice et l’oppression vécues par les Africains sous le joug colonial. Il a souligné l’importance de cette commémoration, 80 ans après, non seulement pour rendre hommage aux victimes, mais aussi pour faire émerger une vérité historique longtemps occultée. Après avoir rappelé les faits (tirailleurs sénégalais, issus de divers territoires africains sous domination française, ayant sacrifié leur vie et leur liberté pour l’effort de guerre et qui, malgré leurs contributions décisives, ils ont subi discrimination et violence), le président Faye a qualifié Thiaroye 44 de « crime de masse prémédité ». Puis, il a appelé à une reconnaissance totale des faits. La récente déclaration du président français Emmanuel Macron reconnaissant le massacre a été saluée, bien qu’incomplète, puisqu’il faudrait reconstituer les événements, identifier les victimes et dévoiler les responsabilités. C’est une condition essentielle pour une réconciliation sincère.
GRAVITÉ ET SOLENNITÉ
Le ton du discours, poignant et solennel, a oscillé entre une dénonciation ferme des injustices du passé et une volonté de réconciliation. Les mots, empreints de gravité, ont interpellé l’auditoire sur la nécessité de préserver la mémoire historique pour éviter les répétitions tragiques. Il témoigne également d’un effort pour articuler une mémoire historique et une revendication politique. Il met en lumière la résilience des Africains face aux récits souvent biaisé et l’importance de la construction d’une histoire commune respectueuse des sacrifices consentis. Cependant, le défi demeure : comment concilier cette reconnaissance avec la complexité des héritages coloniaux ? Le chemin vers une réhabilitation complète exige une collaboration entre les anciennes puissances coloniales et les nations africaines. Ce discours résonne comme un appel à l’action collective pour restaurer la justice et la dignité. En donnant une voix aux victimes oubliées de Thiaroye, il transforme cette tragédie en un levier pour redéfinir les relations entre l’Afrique et l’Europe, tout en inspirant une génération à ne jamais oublier. Quant à la commémoration de Thiaroye , elle ne se limite pas à un hommage aux martyrs. Elle se veut un serment collectif de justice et de vérité, affirmant que le sacrifice des Tirailleurs sénégalais ne sera plus jamais ignoré. Ce discours est une invitation à bâtir un futur où les leçons du passé guideront les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. La cérémonie a réuni de nombreuses personnalités, dont le Premier ministre Ousmane Sonko, des diplomates, des délégations venues du Cameroun, de Djibouti, du Tchad, du Burkina Faso, et des représentants diplomatiques d’institutions internationales.
Par Momar Dieng
QUAND LA VOLONTE POLITIQUE FAIT LA DIFFERENCE
La commémoration des 80 ans des assassinats de Thiaroye, ce 1er décembre 2024, est une page majeure écrite pour l’histoire post-coloniale de notre pays. Cet exercice de vérité inédit au Sénégal n’a rien d’une subite envie exhibitionniste ...
La commémoration des 80 ans des assassinats de Thiaroye, ce 1er décembre 2024, est une page majeure écrite pour l’histoire post-coloniale de notre pays. Cet exercice de vérité inédit au Sénégal n’a rien d’une subite envie exhibitionniste visant à (re)montrer au monde les cafards qui s’entrechoquent dans la vitrine du monstre colonialiste. Il faut oser croire que son ambition, noble, légitime et souveraine, va plus loin qu’une simple parade dominicale, tactique de prestige à moindres frais à laquelle nos dirigeants nous ont habitués depuis l’indépendance.
A notre sens, cet événement du 1er décembre 2024 ne peut être que l’expression d’une volonté politique forte qui trouve sa justification et son fondement dans l’une des pires séquences de la répression coloniale à l’encontre de compatriotes sénégalais et frères africains. Il faut saluer ici la complémentarité idéologique et humaniste de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko. Leur leadership partagé a permis - en un laps de temps extraordinairement réduit - d’avancer sur la reconnaissance mondiale d’un fait historique effroyable que leurs prédécesseurs n’ont pas eu le courage de prendre en charge car leur profil politique ne les y prédisposait pas. Du binôme socialiste Léopold Sédar Senghor-Abdou Diouf au diptyque affairiste libéral Abdoulaye Wade-Macky Sall, il a fallu s’en remettre à la paire Diomaye-Sonko pour que le Sénégal voit plus loin que le « privilège » des desserts offerts à ses tirailleurs par leurs vigiles français.
Le massacre de Thiaroye est comme notre mémoire dans notre peau, à l’instar du film éponyme. Il heurte notre conscience en lui imposant une cohabitation inscrite dans l’éternité et qui perdure depuis 80 ans. Déjà. Il hante notre esprit collectif sans que, jusqu’ici, nous nous soyons donné les moyens de l’exorciser définitivement. L’initiative du président Faye et du premier ministre Sonko de placer Thiaroye-44 dans l’agenda politique de leur mission met une certaine France, réactionnaire et conservatrice, devant ses responsabilités historiques. Ce ne sera pas le seul obstacle pour le pouvoir sénégalais et pour tous ceux qui s’activent pour que la lumière soit.
Depuis plusieurs décennies, les historiens qui travaillent sur les assassinats de Thiaroye cherchent encore des réponses aux questions qu’ils se posenyt. Ils ne sont pas certains d’en trouver. Les contraintes auxquelles ils sont confrontés restent autant d’obstacles à l’éclosion d’une vérité qui ferait pourtant du bien aux protagonistes de la tragédie et, surtout, aux victimes africaines et à leur descendance.
A ce niveau de difficulté, seule la volonté politique de la France officielle, l’accusée de l’histoire, est en mesure de faire solder les comptes du drame de novembre-décembre 1944 dans toutes ses dimensions. A défaut, Paris et Dakar dont les relations diplomatiques sont appelées à changer de nature avec l’arrivée au pouvoir en avril 2024 du duo Faye-Sonko entreront dans un cycle infernal de disputes mémorielles. Ici, la France serait sur un terrain qu’elle connait du bout des doigts en tant qu’ex-puissance coloniale à la réputation ternie par sa brutalité répressive. Ses rapports heurtés avec l’Algérie, par exemple, trouvent en partie leur origine dans sa propension à cultiver le déni pour protéger son moi.
A Dakar, son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a officiellement admis la thèse du massacre contre les revenus de guerre africains sur le sol de Thiaroye après le « mea culpa » de son président auprès de Bassirou Diomaye Faye. Mais le chemin de la reddition complète avec ses conséquences juridiques et financières risque d’être long et difficile.
Emmanuel Macron, encore deux ans et demi au pouvoir et peut-être même moins en cas d’élection présidentielle anticipée - n’aura sans doute ni le temps ni les moyens de matérialiser son approche positive de la question. Pour les autorités sénégalaises, le processus de réhabilitations des tirailleurs de Thiaroye se fera donc dans la durée, avec d’autres dirigeants français. Avec de l’espoir certes, mais sans aucune garantie d’arriver au bout d’une contre-histoire sensationnelle.
Par Henriette NIANG KANDÉ
SOUS LE SIGNE DU BAOBAB ET DU LION
Une prière à ces députés : que les échanges ne soient pas seulement des « vous n’avez pas de Projet » auxquels on répond « Et vous, vous avez oublié le vôtre ! ». Épargnons-nous ces spectacles d'acteurs s'affrontant sur un texte mal préparé
Aujourd’hui 2 décembre 2024, sous les armoiries de la République, le lion et le baobab, prendront place 165 femmes et hommes, portant l’écharpe tricolore, posée sur le haut de l’épaule droite et nouée sur la hanche gauche. Ce n’est pas trop de le dire. Y en a qui la mettront à l’envers, c’est certain. Ce qui ne présage rien de bon.
Le baobab, ce colosse si sûr de lui ! Cet arbre majestueux, emblème de l'Afrique et star incontestée des documentaires animaliers. Avec son tronc gonflé comme s'il s'était offert un abonnement illimité dans une dibiterie, le baobab en impose.
Mais derrière son allure de géant sage et immuable, il cache une sacrée personnalité. D’abord, parlons de sa silhouette. Le baobab donne l'impression qu'il a été planté à l'envers par un jardinier un peu distrait. Dénudées, ses branches ressemblent à des racines. Comme si la nature avait confondu le haut et le bas. Mais loin de s'en offusquer, il en a fait sa marque de fabrique. "Moi, je fais les choses différemment", semble-t-il clamer en se pavanant dans la savane. La modestie ? Pas son fort.
Mais ne vous laissez pas duper par son air placide. Sous ses airs d'arbre philosophe se cache une véritable diva. Le baobab vit en moyenne 1000 ans, et certains spécimens atteignent les 2000 ans. Il se vante donc volontiers d'avoir vu passer des générations entières, en semblant dire : "Moi, je prends mon temps, et regardez où ça m'a mené".
Et côté mode, il n'est pas en reste. En saison sèche, il se débarrasse de ses feuilles, affirmant que "le minimalisme, c'est chic". En saison des pluies, il revient en force avec une touffe verte luxuriante, comme s'il avait réservé le coiffeur le plus exclusif de la savane. Le baobab, c'est un peu l'arbre influenceur qui lance les tendances sans en avoir l’air.
Mais attention à ne pas le flatter trop vite : son fruit, le pain de singe, est un concentré de vitamines. Et bien sûr, il en est très fier. Il n'hésite pas à se moquer des autres arbres, détectés : "Moi, je nourris les humains et les animaux. Toi, le manguier, tu fais quoi à part attirer la mouche blanche ?"
Bref, le baobab, c'est l'arbre qui a tout vu, tout vécu et qui, à chaque rafale de vent, semble murmurer : "Je suis la star ici, ne l'oublie pas." Et franchement, avec un ego pareil, on comprend pourquoi il est encore debout après tout ce temps.
Quid du « lion rouge [qui] a rugi, le dompteur de la brousse ? », c'est-à-dire un désert géant avec trois buissons et un arbre solitaire. Pourquoi ? Parce qu'il aime se poser sur une colline en mode « surveillant général ». Pas de forêt touffue pour monsieur : il veut que son public le voit. Et que font les lionnes pendant ce temps ? Elles sont occupées à leur rôle : subvenir aux besoins de la troupe en chassant des proies pour les membres qui la composent.
Star des documentaires animaliers, le lion est un symbole universel de force, de noblesse et de virilité. Avec sa crinière imposante qui ferait trembler un hémicycle, il est considéré comme le roi incontesté de la savane, bien que ce sont les lionnes qui chassent, traquent, courent, bondissent, tuent et ramènent la pitance, élevant l’expression « gérer la logique familiale » à un tout autre niveau. Le lion a un talent unique : il sait très bien rugir. Un rugissement qui s'entend à huit kilomètres, parfait pour faire peur aux hyènes, impressionner ses potes et réveiller tout le quartier à 4h du matin. Ce son terrifiant équivalent d’un mégaphone branché sur un ampli à fond, dont le lion se sert pour éviter un rival ou rassurer ses troupes. Imaginez-le crier « c'est mon territoire » à pleins poumons. Dans la brousse, c’est tout à fait normal. Là-bas, on ne tweet pas. On rugit. Mais soyons honnêtes : en dehors de sa carrière de chanteur à la voix rauque, quand il chasse (rarement), c'est plutôt en mode « pas de stress ». Sauf quand il sent que l’harmattan, ce vent de la savane, très chaud le jour, plus frais la nuit et toujours chargé de poussière, souffle dans la broussaille et que le risque d’une remise en question existentielle est présent. Parce que, s’il est délogé, le rival ne se gênerait pas pour effacer toute trace de la lignée précédente, petits lionceaux compris. Être roi, ce n'est pas qu'une question de crinière, mais de muscles et de charisme. Faut savoir tenir son rang !
Mais voilà que le Pastef, majoritaire de cette 15ème législature, arrive à l’Assemblée nationale avec un léopard visible dans le creux du P du logo qui identifie ce parti. Dans le monde animal, il y a des duels légendaires : chat contre chien, poisson contre requin, hyène contre... charogne, et bien sûr, lion contre léopard. Plongeons dans ce débat. Le léopard, avec son allure incroyable, une agilité impressionnante (il se hisse pour protéger sa nourriture pour qu’elle soit inaccessible) et un pelage à faire pâlir un tapis iranien fait main, a refusé, de se faire passer pour un mannequin. Sa première tentative à des législatives a donné l’impression qu’il s’est infiltré dans une séance photo pour une marque de vêtement de luxe, se glissant sur le plateau parlementaire, se pavanant fièrement. Les premières images, ont attiré des followers. Finalement, il a trouvé sa vraie vocation : guide éclairé. Qui mieux qu’un guide peut emmener les touristes au plus près de la faune ? S’il y en a beaucoup qui l’adorent, certains paniquent quand il leur propose un "colléserré" et d’autres fuient en prenant leurs pattes à leur coup. Ce n’est pas une affaire de tâche. C’est une affaire de chasse.
Aujourd’hui donc, l’hémicycle, toujours aussi majestueux, avec ses dorures et son air de sérieux, accueillera les élus qui prendront place sur des sièges rouges. Le rouge, cette couleur flamboyante et insolente. Que ce soit pour symboliser la pas sion, le danger, ou une tomate trop mûre oubliée dans le fond du frigo, le rouge ne laisse personne indifférent. Pourtant, avez-vous déjà réfléchi à l’incroyable pression qu’endure cette couleur au quotidien ? N’est-il pas temps de lui rendre justice.
Prenons, par exemple, les feux de signalisation. Pourquoi est-ce au rouge qu’on a confié le rôle ingrat d’arrêter tout le monde ? Personne ne s’extasie devant un feu rouge. Non, au contraire, on soupire, on peste, on klaxonne (parce que klaxonner est une thérapie nationale). Pendant ce temps, le vert, tranquille, fait la fête : "Vas-y, c'est bon, fonce !" Et le jaune, lui, hésite, comme un ado qui ne sait pas s'il doit participer ou non à une soirée.
Le rouge est également la couleur des erreurs, des problèmes, des alertes. Un petit "X" rouge dans un document Word, et c’est la grande question : "Mais qu’est-ce que j’ai encore cassé ?" Mais il n’y a pas que dans le code de la route ou sur les écrans que le rouge se démarque. Parlons un peu de la mode. Une robe rouge, et hop, vous êtes la reine de la soirée. Mais attention, c’est un art de vivre, pas un hasard. La robe rouge incarne la confiance, l’assurance et un peu de désinvolture. Portée avec la posture d’une dinde enrhumée, le risque est de passer pour un panneau stop ambulant.
Et que dire du vin rouge ? Le seul qui peut à la fois être un élixir de convivialité et un grand criminel de chemises blanches. Un verre renversé et, tout d’un coup, vous avez une œuvre d’art abstrait sur votre poitrine.
Bref, le rouge, c’est tout un paradoxe. Une couleur qui crie "Attention !" tout en murmurant "Admire-moi". Alors, la prochaine fois que vous apercevrez un feu rouge, une tomate ou une chemise tachée, prenez une seconde pour apprécier cette teinte si mal-aimée mais si essentielle. Parce qu’après tout, sans le rouge, la vie manquerait sacrément de piquant… et de ketchup.
Une prière « quinquennale » adressée à ces députés. Merci de nous épargner ces spectacles où des acteurs chevronnés s’affrontent dans une pièce de théâtre dont le texte semble avoir été écrit à la dernière minute. Et où des députés, en pleine « joute verbale » (traduisez : chamailleries ou insanités de cour de récréation), rivalisent d'indignation feinte et de petites piques acides, houspillant un ministre perdu dans ses fiches ou un opposant qui lance des regards meurtriers, pendant que le public conquis donne de la voix ou couvre celle d’un autre du bord opposé.
Que les échanges ne soient pas seulement des « vous n’avez pas de Projet » auxquels on répond « Et vous, vous avez oublié le vôtre ! », alors qu’un nouveau ou une nouvelle élu (e), dont personne ne convient au tempo, tente une intervention sérieuse, sous les ricanements de ceux qui étaient là avant, devant une majorité fanatique et une opposition qui hésite entre une position institutionnelle et une perspective fonctionnelle.
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THIAROYE : LA FIN D'UNE AMNÉSIE D'ÉTAT
Mamadou Diouf révèle l'ampleur d'une tragédie longtemps minimisée tant par Paris que par Dakar. L'historien appelle à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale" de cette mémoire
Le massacre de Thiaroye, longtemps relégué dans les limbes de l'histoire officielle sénégalaise, connaît un tournant décisif sous le nouveau régime. Lors du lancement des commémorations des 80 ans de la tragédie dimanche 1er décembre 2024, l'historien Mamadou Diouf, président du comité préparatoire, a relevé "le silence coupable et complice" des gouvernements précédents sur ce drame colonial.
Cette rupture, impulsée par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousman Sonko, marque une volonté inédite de réappropriation de l'histoire nationale. Le choix du Professeur Diouf pour coordonner les cérémonies illustre cette détermination à porter un regard scientifique sur les événements du 1er décembre 1944.
À cette date, rappelle l'historien, entre 300 et 400 tirailleurs furent tués par l'armée française à Thiaroye. Ces anciens prisonniers de guerre, libérés des camps allemands, réclamaient simplement leurs droits : soldes impayées, indemnités et primes de démobilisation. La réponse coloniale fut brutale : 1200 soldats français encerclèrent le camp au petit matin, appuyés par des blindés.
Pendant que les régimes successifs du Sénégal indépendant se taisaient, la France tentait d'étouffer l'affaire. Les archives ont été manipulées, le bilan officiel minimisé à 35 morts, puis 70. Il a fallu attendre 2024 pour que François Hollande reconnaisse ce "massacre à la mitrailleuse", selon ses termes, suivi récemment par Emmanuel Macron dans une lettre au président sénégalais.
Le gouvernement actuel entend désormais faire de Thiaroye un symbole de la conscience panafricaine. Un vaste programme mémoriel a été lancé, mobilisant les institutions culturelles, les médias nationaux et les collectivités locales. Cette initiative, souligne le Professeur Diouf, vise à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale".
Cette commémoration marque ainsi un double mouvement : reconnaissance tardive par l'ancienne puissance coloniale et réappropriation assumée par le nouveau pouvoir sénégalais, rompant avec des décennies de silence institutionnel. Un tournant historique qui pourrait ouvrir la voie à d'autres relectures nécessaires de l'histoire nationale.
AMADOU LY AKILÉE DÉNONCE DES IRRÉGULARITÉS DANS LE CONTRAT DE WEST AFRICAN ÉNERGIE
Invité de l’émission En Vérité sur Radio Sénégal Internationale, Amadou Ly Akilée, président du parti Yessal en Marche a levé le voile sur plusieurs points concernant le dossier West African Énergie et l’arrestation de Samuel Sarr...
Invité de l’émission En Vérité sur Radio Sénégal Internationale, Amadou Ly Akilée, président du parti Yessal en Marche, a levé le voile sur plusieurs points concernant le dossier West African Énergie et l’arrestation de Samuel Sarr, ex-ministre de l’Énergie.
Interrogé sur l’arrestation de Samuel Sarr, M. Ly s’est abstenu de commenter les démêlés judiciaires entre ce dernier et ses associés, affirmant : « Je ne tire pas sur les ambulances. L’origine de l’arrestation de Samuel Sarr relève d’un différend entre lui et ses associés sur ce projet. C’est une affaire qui concerne la justice, et je ne vais pas m’y prononcer. »
Toutefois, il a profité de cette tribune pour revenir sur les irrégularités entourant le contrat énergétique attribué à West African Énergie, une société que certains associent à Samuel Sarr.
Amadou Ly a détaillé les manquements juridiques qu’il estime flagrants dans ce dossier. Selon lui, la constitution même de West African Énergie et l’attribution du contrat en 2020 contreviennent aux lois sénégalaises en vigueur.
« La loi qui régit le secteur énergétique au Sénégal, notamment la loi 98-29, exige une licence préalable avant la signature de tout contrat. Or, West African Énergie a signé ce contrat en juin 2020, avant d’obtenir une licence un an plus tard. C’est une violation claire de la loi. »
De plus, il souligne que les modifications apportées par la loi de 2021, bien qu’importantes, ne sont pas rétroactives et ne peuvent donc pas s’appliquer à ce contrat signé en 2020.
Amadou Ly déplore également l’octroi d’une garantie souveraine inconditionnelle à West African Énergie, alors que d’autres acteurs locaux, tels que la société Énergie Ressources Sénégal (ERS), auraient pu bénéficier de cette opportunité.
« Comment peut-on attribuer une garantie souveraine à une société privée dont l’État ne détient que 15 %, alors qu’une entreprise comme ERS, dans laquelle l’État est actionnaire à hauteur de 49 %, est laissée de côté ? »
Il critique ce qu’il qualifie de précipitation dans l’attribution du contrat à West African Énergie, créée seulement en novembre 2019, et s’interroge sur les motivations derrière cette décision.
Face aux critiques insinuant des motivations personnelles derrière ses prises de position, Amadou Ly a répondu fermement : « Qui se sent morveux se mouche. Si mes détracteurs ont des preuves de mes prétendus intérêts personnels dans ce dossier, qu’ils les mettent sur la table. Je n’ai d’autre objectif que de défendre les intérêts publics. »
Il a également rappelé qu’il avait porté plainte contre la Senelec pour son rôle dans ce qu’il considère comme un manquement grave à sa mission de préserver les intérêts de l’État et des Sénégalais.
Amadou Ly conclut que ce contrat est, selon lui, « nul et non avenu » et appelle à une révision en profondeur de ce dossier pour rétablir la légalité et préserver l’intérêt national. Ce nouvel épisode dans l’affaire West African Énergie relance le débat sur la gestion du secteur énergétique au Sénégal, notamment sur la transparence et l’équité dans l’attribution des contrats.
ALIOUNE BADARA BEYE INHUMÉ À YOFF CE LUNDI
L’écrivain décédé, dimanche, à l’âge de 79 ans, à Dakar, des suites d’une maladie, sera inhumé, lundi, au cimetière musulman de Yoff, a annoncé le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, Abdoulaye Fodé Ndio
L’écrivain sénégalais Alioune Badara Bèye décédé, dimanche, à l’âge de 79 ans, à Dakar, des suites d’une maladie, sera inhumé, lundi, au cimetière musulman de Yoff, a annoncé le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, Abdoulaye Fodé Ndione.
La cérémonie de levée du corps est prévue à la mosquée de Colobane à 11 heures.
Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains sénégalais (AES), né le 28 septembre 1945 à SaintLouis était à la fois dramaturge, auteur notamment de pièces historiques, poète, romancier et éditeur.
II a été pendant de nombreuses années président du Conseil d’administration du théâtre national Daniel Sorano, dont la salle de conférence porte le nom.
Il a aussi été le coordonnateur du troisième Festival mondial des arts nègres (FESMAN III), qui s’est tenu du 10 au 31 décembre 2010 à Dakar.
Alioune Badara Bèye a également été président de la Fédération internationale des écrivains de langue française. Dans sa riche bibliographie figurent les pièces de théâtre ‘’Dialawali, terre de feu’’ (1980), ‘’Le sacre du ceddo’’ (1982), ‘’Maba, laisse le Sine’’, (1987), ‘’Nder en flammes’’ (1988) interprétée par la troupe du théâtre national Daniel Sorano.