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16 mai 2025
DIALOGUE ENTRE LA BARBADE ET LE SENEGAL LORS DE DAK'ART 2024
Quand l’art relie les continents. Une vidéo-conférence au cœur du Village des Arts, samedi dernier, explore mémoire, résilience et échanges transatlantiques à travers la Biennale de Dakar.
Une vidéo-conférence au cœur du Village des Arts, samedi dernier, explore mémoire, résilience et échanges transatlantiques à travers la Biennale de Dakar.
Le Village des Arts de Dakar a accueilli une vidéo conférence marquante entre des artistes barbadiennes et leurs homologues sénégalais dans le cadre de la Biennale Dak'Art 2024. L’exposition qui s’y déroule, sur le thème « L’Éveil », explore les réalités historiques, culturelles et spirituelles des communautés afrodescendantes et africaines. Ce thème, conçu par Salimata Diop, puise son inspiration dans les réflexions de la professeure Christina Sharpe sur la mémoire collective et les processus d’émancipation postesclavagiste.
LES ŒUVRES DE LA BARBADE : UN RETARD SURMONTÉ
Après une attente due à des complications logistiques, les œuvres des 11 artistes barbadiennes sont enfin arrivées. Leur exposition était initialement compromise, mais grâce à une coordination efficace et un esprit de solidarité, elles ont pu rejoindre l'événement. Parmi ces artistes, Natalie AtkinsHinds, avec ses œuvres telles que The Awakening et Freedom to Progress, a captivé l’audience avec des représentations poignantes de la vie dans es plantations. Versia Harris, quant à elle, a présenté des pièces symboliques comme Chimera in the Cane Fields, qui abordent les tensions entre rêves et réalités dans des contextes historiques et contemporains.
La conférence a également offert un espace pour réfléchir sur les relations transatlantiques entre la Barbade et l’Afrique. Les artistes ont évoqué l’émotion de revisiter des lieux comme l’île de Gorée, symbole de mémoire collective et de douleurs historiques. Ils ont également salué l'accueil sénégalais, marqué par le mot clé Teranga, qui incarne hospitalité et solidarité. Les artistes barbadiennes ont décrit cette expérience comme une leçon de résilience et un rappel de la richesse des connexions ancestrales.
M. ZULOU M’BAYE : UNE PROROGATION PROPOSÉE
Le président du Village des Arts, M. Zulou M’Baye, a souligné l’importance de cet échange artistique. Dans un geste visant à maximiser l’impact de cette collaboration, il a proposé de proroger l’exposition off d’une semaine, au-delà de la date de clôture prévue pour le 8 décembre, avec l'accord de la Fondation nationale de la Barbade. Cette prolongation vise à donner plus de temps au public pour explorer les œuvres et approfondir les dialogues entamés.
DES DÉFIS ORGANISATIONNELS SURMONTÉS
Les artistes et organisateurs ont partagé les difficultés rencontrées lors de l’organisation, notamment liées aux retards et aux imprévus logistiques. Ces obstacles ont toutefois été perçus comme une opportunité pour renforcer les liens humains et professionnels. La conférence a également mis en lumière le rôle central de l’art dans le maintien d’un dialogue culturel entre les continents, malgré les cicatrices laissées par l’histoire.
Ce moment fort de la Biennale a réuni des artistes, des curateurs et des amateurs d'art dans une atmosphère d’échange et de reconnaissance mutuelle. Il illustre l'idée que, même à travers des défis, l'art peut agir comme un puissant outil de résilience et de réconciliation. Ce dialogue entre la Barbade et le Sénégal marque un jalon dans la collaboration artistique transatlantique, ouvrant la voie à de futures initiatives similaires.
SORTIR LA COLONIE DE NOS TÊTES
Ibrahima Thioub démonte la version officielle du massacre de Thiaroye. L'historien appelle à dépasser la simple quête de reconnaissance auprès de l'ancienne puissance coloniale pour construire une mémoire panafricaine souveraine
Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), est spécialiste de l’histoire moderne et contemporaine. Dans cette interview, il aborde « Thiaroye 44 » sous le regard de l’historien qui doit se fonder sur les faits et les sources disponibles pour aider à comprendre l’opinion et les événements. « Ces morts pour la France » sont, en fait, « morts par la France. » Voilà pourquoi, fait savoir Professeur Thioub, la France n’est pas à l’aise face à ce douloureux et sanglant souvenir. Mieux, il salue la volonté des nouvelles autorités de donner un cachet particulier aux prochaines commémorations (1er décembre) du massacre de Thiaroye. Indiquant qu’il est temps que l’Afrique se positionne en élaborant, en toute souveraineté, ses politiques mémorielles et patrimoniales.
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand on évoque le massacre de Tirailleurs au Camp de Thiaroye sur ordre d’officiers de l’armée française ?
L’absence de limite de la brutalité du régime colonial, mais aussi l’inéluctabilité de son effondrement. On ne peut pas faire plus en termes d’ingratitude. Mobiliser des hommes dans la fleur de l’âge, les soumettre à un régime militaire discriminatoire, les engager au combat dans un environnement écologique qui leur est totalement étranger, rester sourd à leur moindre revendication d’équité et y répondre par leur assassinat, au sortir de multiples souffrances endurées sur le front européen, sont autant d’éléments qui témoignent de l’absence d’humanité dans ce régime.
Ousmane Sonko estime que ce n’est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre de tirailleurs assassinés le 1er décembre 1944 à Thiaroye. Etes-vous en phase avec le président du Pastef ?
L’historien que je suis ne pose pas la question en termes d’être en phase ou non avec la prise de parole des acteurs politiques. Il est attendu de lui qu’il mobilise le maximum de sources disponibles, établisse les faits autant que possible, élabore un récit explicatif des événements en vue de mettre du sens dans les processus historiques. Face à un événement relevant du passé, l’historien identifie les acteurs, examine le contexte et les enjeux de toutes sortes qui lui permettent de rendre compte des prises de position des agents dans le processus historique. En cela, le discours historien se distingue de celui porté par la mémoire, sans le disqualifier encore moins le minorer.
La décision prise par le président français est un acte politique à portée mémorielle. Elle s’inscrit dans une longue continuité de silence, de voilement et de réduction à sa plus simple expression de la contribution des tirailleurs sénégalais (africains devrait-on dire) à la libération de la France suite à sa défaite et de son occupation par l’Allemagne nazie. Pour rappel, dès avant la fin de la guerre les autorités françaises ont opté pour une rapide démobilisation des troupes africaines. La défaite de l’Allemagne étant certaine, la politique de blanchiment des personnels de l’armée française est ainsi enclenchée par les plus hautes autorités françaises. Depuis la victoire des Alliés, avec grande pompe et solennité, l’État français a célébré chaque année le débarquement de Normandie où furent engagés troupes américaines, britanniques et françaises de la métropole. En revanche, le voile est insidieusement jeté sur le débarquement de Provence où s’illustrèrent le régiment des tirailleurs sénégalais qui entrèrent victorieux dans la ville de Toulon (première commune à élire un maire d’extrême droite, oublieuse de ce passé récent). La même logique mémorielle sera appliquée au massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944. Sur ce fond de déni et de reniement, la France officielle pose des actes et bricole un récit mémoriel qui dévoile un malaise certain sur le massacre de Thiaroye. Il en est ainsi de tout son passé colonial qui a du mal à passer. Elle est souvent aux prises avec les termes irréconciliables de la tension opposant une opinion nostalgique, trop souvent imprégnée des relents suprémacistes de l’idéologie de la mission civilisatrice et les justes demandes de reconnaissance, de présentation d’excuses des pays anciennement colonisés. À chaque fois qu’elle brise le silence par un acte ou un discours, se dévoile l’ambiguïté de positions qui le mettent mal à l’aise face à ce passé.
De leur côté, les acteurs des sociétés africaines ont aussi développé des récits mémoriels multiformes sur les événements de Thiaroye qui ont accompagné le puissant mouvement anticolonial, des années cinquante à nos jours. La jeunesse étudiante, déterminée à célébrer la mémoire des tirailleurs tombés sous les balles de l’armée française à Thiaroye, a su faire face à la répression coloniale et postcoloniale. Les cinéastes, les dramaturges, les poètes, les chanteurs et les artistes en tout genre n’ont jamais baissé les plumes, les pinceaux et les bras pour briser le silence des États français et africains. Il a fallu attendre 44 ans après l’indépendance des pays africains pour que soit instituée la journée du tirailleur africain, initiative du président Abdoulaye Wade en date du 23 août 2004. La main de la France ne doit pas être étrangère au choix de cette date en lieu et place du 1er décembre, anniversaire de Thiaroye 44. Là encore, on voit combien le discours et les actes mémoriels posés par les États restent informés par des choix politiques, diplomatiques et non moins idéologiques et émotionnels, loin du récit historien.
Ce n’est pas demain la veille que s’arrêteront l’affrontement et la concurrence des mémoires sur les événements de Thiaroye. La réaction du président de Pastef, et non moins Premier ministre du Sénégal, s’inscrit dans cette longue confrontation mémorielle qui n’en est pas à son épilogue.
Chaque État décide de ses politiques du passé en fonction de ses intérêts et de ses visions politiques et stratégiques. Les historiens peuvent participer à l’éclairage, mais ils n’en décident pas. Les choix en la matière relèvent d’une logique autre que celle de la science historique.
C’est pourquoi, il est important de distinguer la lecture mémorielle de cet événement de l’écriture de son histoire qui s’opère avec les sources disponibles, depuis des années par les historiens de toute nationalité en appliquant les règles de la discipline, sans considération de couleur de peau, de nationalité ou d’identité. Du reste, l’un des tout premiers historiens à s’intéresser à l’histoire des tirailleurs est le Canadien Myron Echenberg. Mieux, les historiens consacrent une féconde réflexion sur les nombreux récits mémoriels qui s’affrontent depuis bien longtemps sur la question. Il est sûr que ces affrontements ne s’éteindront pas avec l’éclairage historique. Certes, les données statistiques sont importantes, mais pour les historiens, il importe encore plus de faire sens à l’événement en le réinscrivant dans son contexte marqué par le désarroi d’une administration coloniale confrontée à l’inéluctable effondrement d’un empire défait.
Cette décision qui reconnait les Tirailleurs « morts pour la France » va-t-elle nous aider à sortir du déni colonial ?
Il me semble que nous accordons trop d’importance à une décision qui s’inscrit dans ce long héritage décrit plus haut. « Ces morts pour la France » sont, en fait, « morts par la France ».
Il est ici important de rester attentif à la connexion entre agenda politico-diplomatique et agenda mémoriel. L’État français a une longue expérience en la matière comme le montre le tempo de sa communication sur la mémoire de la guerre d’Algérie ou le génocide rwandais. Je ne crois pas que le calendrier de la décision du président français soit innocent.
Les historiens se protègent efficacement contre les agendas cachés en restant arrimés à la rigueur scientifique. Ils n’écrivent jamais pour plaire à leurs communautés ou à leurs États, encore moins à ceux qui leur sont étrangers. Au niveau citoyen, il me semble venu le temps de se doter de son propre agenda déconnecté de celui de l’ancienne puissance coloniale aussi fortes que soient nos relations historiques. Il nous faut sortir du statut de libéré qui a toujours le maître dans sa tête et sur-réagir à ses moindres gesticulations toujours piégées, pour accéder à celui d’homme libre qui a oublié jusqu’à l’existence de l’ancien maître.
L’Afrique a fini de se libérer en 1994 (Nelson Mandela est élu président de l’Afrique du Sud. Année du génocide rwandais). Il lui reste à être libre et souveraine en se fixant, en toute liberté, ses propres agendas mémoriel et patrimonial. Nous ne pouvons pas continuer d’enfermer notre passé et notre destin dans la courte expérience que fut la colonisation du continent. Il est aberrant de conjuguer notre passé en moments précolonial, colonial et postcolonial, comme si téléologiquement l’Afrique était faite pour être colonisée. Cette expérience fut certes douloureuse et continue d’impacter négativement notre être au monde. Toutefois, on ne s’en libérera pas par la quête d’une reconnaissance et d’un statut de victime par l’ancienne puissance coloniale. Il s’agit désormais de mettre le focal sur le contentieux de l’Afrique face à elle-même, voie la plus efficace et la plus rapide pour extirper la colonie de nos têtes. Ne nous faisons pas d’illusion, elle y est encore trop fortement présente. Elle continue de hanter nos rêves et d’obstruer nos destins, mais nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes.
Pensez-vous qu’il y a des non-dits derrière cette décision de la France ?
La décision est celle de l’État français. Ne lui accordons pas plus d’importance qu’elle n’a. Peu importe ce qu’il y a derrière. Il est illusoire d’attendre de la France et de ses autorités une politique mémorielle de la colonisation conforme à nos vœux. Une mémoire panafricaine s’imposera au monde si l’Afrique y met l’engagement et les moyens nécessaires à sa survenue. À nous, Africains, de nous positionner par rapport à nous-mêmes en élaborant en, toute souveraineté, nos politiques mémorielles et patrimoniales qui ne doivent attendre rien de qui que ce soit. Mettons nos artistes, nos écrivains, nos cinéastes et nos créateurs dans les meilleures conditions de production d’œuvres célébrant et commémorant, en toute liberté, les figures et les moments marquants de notre passé.
Pour ce qui est de l’écriture de l’histoire, les historiens africains ont depuis bien longtemps montré d’incontestables talents à faire sens du passé du continent. Les grandes aventures intellectuelles que furent Présence africaine et l’Histoire générale de l’Afrique l’illustrent à suffisance. La relève est assurée un peu partout dans les universités du continent. La faiblesse majeure reste les politiques nationales de la documentation, des archives et bibliothèques. Il est temps que le Sénégal se dote d’une politique ambitieuse en la matière pour se doter d’une grande bibliothèque nationale, d’une maison des archives usant massivement du numérique. La situation actuelle des archives nationales, en errance depuis des années, n’est pas compatible avec une politique souveraine de la mémoire et du patrimoine. L’écriture de l’histoire en souffre au quotidien. Ce sont là les pistes qui conduisent à faire échec à tous les dits et non-dits non conformes à nos intérêts et sans animosité.
35 ? 300 ? 450 ? Combien de tirailleurs ont été effectivement massacrés au Camp de Thiaroye le 1er décembre 1944 ?
Dans l’état actuel de la question, personne n’est en mesure de répondre à cette question. Je dois préciser que, du point de vue de l’historien, sans minimiser l’intérêt des données statistiques, il est possible d’écrire cette histoire avec toute la rigueur scientifique requise. Le jour où avec l’accès aux archives, nous aurons les chiffres exacts, cela ne devrait en rien changer nos conclusions si elles sont tirées d’une analyse historienne construite sur la base d’une méthodologie rigoureuse. Dans une approche policière et judiciaire de l’histoire, le débat a été malheureusement trop focalisé sur ces données statistiques au détriment de la réflexion sur la signification historienne de l’événement Thiaroye. Martin Mourre a montré combien il était possible de penser le massacre de Thiaroye en tant qu’histoire, mais surtout de décrypter les multiples mémoires qui se façonnent sur son passé. Ceux qui attendent les chiffres n’ajouteront rien de nouveau à l’histoire de Thiaroye 44, du reste immortalisée par la caméra de Sembène.
Que les autorités militaires et politiques aient travesti ou non les chiffres, cette histoire peut s’écrire, même quand on n’a pas la totalité des sources. Les historiens n’ont pas à trancher leurs désaccords devant les tribunaux, s’ils font bien leur métier. Heureusement nombreux sont, aujourd’hui, les mémoires et thèses consacrés à la question autour de problématiques d’un intérêt majeur qui ne sont en rien gênés par l’inaccessibilité de certaines archives. On devrait même pouvoir écrire l’histoire de cette inaccessibilité.
Pourquoi, selon vous, les nouvelles autorités ont-elles raison de prendre en charge cette question des Tirailleurs sénégalais ?
Ce passé étant le nôtre, personne mieux que nous n’a l’obligation de le prendre en charge. Je préciserais que ce n’est pas une affaire franco-sénégalaise, mais bien une affaire qui concerne beaucoup de pays africains dont les ressortissants étaient tirailleurs sénégalais.
Il faut par ailleurs souligner que cette affaire est prise en charge depuis les années 1950 et de façon ininterrompue par les militants anticoloniaux, mais aussi plus récemment par les historiens. Pour rappel, c’est le président Abdoulaye Wade qui le premier a institué une journée du tirailleur sénégalais en août 2004. Il a restauré le monument Dupont et Demba symboliquement implanté devant la gare centrale de Dakar, point de chute du chemin de fer Dakar-Niger qui convoya nombre de tirailleurs sur le chemin des champs de bataille de l’Europe, de Madagascar, de l’Algérie ou de l’Indochine.
Cet héritage est important à poursuivre et à amplifier dans une vision tout à fait autonome et souveraine, en mobilisant l’imagination créatrice de l’Afrique.
Certains pensent que les Etats africains doivent être plus fermes avec la France du point de vue mémoriel comme le fait l’Algérie. Êtes-vous du même avis ?
Je serais encore plus radical que votre position. Là, c’est le citoyen qui vous répond et non l’historien. Je ne vois pas pourquoi, dans l’état actuel du monde nous devons continuer à centrer notre regard sur la France. Je trouve que nous donnons trop d’importance à tout ce qui se passe dans ce pays-là. C’est bien sûr un héritage de l’expérience coloniale. Il est grand temps de s’en émanciper et de traiter la France comme tous les autres pays du monde.
Je ne pose pas la question en termes d’être plus ferme ou moins ferme, mais en termes d’indépendance totale dans l’élaboration de nos politiques du passé qui n’ont pas à se dire ou se définir par rapport à quelque pays que ce soit. C’est toute la dialectique du libéré et du libre qu’il nous faut éventrer. C’est un immense travail sur les mentalités. L’école est le meilleur outil pour le réussir. L’Afrique doit rester notre centre de gravité.
Cette année, le Sénégal veut donner un cachet particulier à la commémoration du massacre de Thiaroye. Pourquoi ce devoir mémoriel est-il important dans ce contexte où l’on parle de renouveau de nos relations avec la France ?
On ne peut que saluer une décision tendant à donner un cachet particulier à la commémoration du massacre de Thiaroye. Toutefois, je ne vois pas pourquoi nous devons le faire en référence à un renouveau de nos relations à la France. Faisons-le en rapport avec l’Afrique, en rapport avec nous-mêmes. La France n’y aura pas une place autre que celle des autres invités.
En revanche, ce serait salutaire d’engager la réflexion sur les politiques du passé dans ses dimensions mémorielle, patrimoniale et historienne. Il urge de mettre un terme à la décrépitude dont soufre ce secteur stratégique de la culture. Ce faisant, nous réaliserons le mot du poète s’adressant aux massacrés de Thiaroye :
CAN FEMININE DE HANDBALL: LES LIONNES MARCHENT SUR L'ALGERIE EN RDC
L’équipe nationale féminine de handball du Sénégal a battu sur le score de 23 points à 16 celle d’Algérie, dimanche, à Kinshasa (RDC), en match comptant pour la quatrième journée du Championnat d’Afrique des nations (27 novembre-7 décembre 2024).
L’équipe nationale féminine de handball du Sénégal a battu sur le score de 23 points à 16 celle d’Algérie, dimanche, à Kinshasa (RDC), en match comptant pour la quatrième journée du Championnat d’Afrique des nations (27 novembre-7 décembre 2024).
Le Sénégal enregistre ainsi un quatrième succès en autant de matchs. Les Lionnes avaient dominé, lors des trois premières journées, respectivement le Kenya (39-9), le Cap-Vert (37-22), l’Égypte (21-16).
Douze équipes réparties en deux groupes de six participent à cette 26e édition du Championnat d’Afrique de handball.
Le Sénégal est logé dans la poule A, avec le Congo, l’Egypte, l’Algérie, le Cap-Vert et le Kenya.
Le Sénégal occupe la première place du groupe avec huit points.
Les Sénégalaise joueront, mardi, leur cinquième match contre les Congolaises, à 15h GMT.
La poule B est composée de l’Angola, tenante du titre, de la RD Congo, de la Tunisie, de la Guinée, du Cameroun et de l’Ouganda.
Le Sénégal hôte de la dernière édition de la CAN féminine de handball, tenue à Dakar du 9 au 19 novembre 2022, avait terminé à la quatrième place et s’était qualifié pour le championnat du monde de la discipline de 2023 au Danemark, en Norvège et en Suède.
Pour la première fois de son histoire, l’équipe du Sénégal avait réussi à se qualifier au tour principal de la compétition mondiale.
À DAKAR, UNE BIENNALE SOUS LE SIGNE DE L'ÉVEIL FÉMININ
De la doyenne de la peinture Anta Germaine Gaye à la lauréate du grand prix Agnès Brezephin, cinq artistes majeures incarnent ce renouveau créatif qui interroge l'héritage colonial et les défis contemporains
(SenePlus) - L'ancien palais de justice de Dakar accueille jusqu'au 7 décembre, la 15e édition de la Biennale d'art contemporain africain, placée sous le thème de "L'Éveil" et du "Xall wi" (le sillage, en wolof). Comme le rapporte Le Monde, cette manifestation d'envergure est, pour la première fois de son histoire, entièrement orchestrée par des femmes.
Le journal parisien détaille que cinquante-quatre artistes du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens investissent ce bâtiment brutaliste longtemps abandonné, transformé pour l'occasion en écrin de l'art contemporain. La salle des pas perdus, précise Le Monde, a été métamorphosée en jardin fantastique, symbolisant l'appel à un réveil collectif face aux défis écologiques et aux séquelles de la colonisation.
Parmi les figures marquantes de cette édition, Le Monde met en avant Anta Germaine Gaye, doyenne de la peinture moderne sénégalaise, qui présente ses œuvres de "suweer" (peinture sur et sous verre), une technique née de la résistance artistique à la colonisation. Le quotidien rapporte ses propos : "En 1911, le gouverneur général, William Ponty, avait interdit la chromolithographie venant du Maroc représentant des figures de saints", explique l'artiste au journal, "les peintres ont contourné l'interdit avec le verre et l'encre de Chine."
Dans son reportage, Le Monde s'attarde sur l'installation "Cotton Blues" de Laeila Iyabo Adjovi, lauréate du grand prix 2018, qui explore la mémoire du coton à travers des cyanotypes évoquant aussi bien "le blues des anciens esclaves des champs de coton américains que des cotonculteurs béninois aujourd'hui malmenés par une mondialisation ravageuse."
Le quotidien français présente également la Béninoise Moufouli Bello qui aborde avec humour la question des déchets électroniques dans sa vidéo "Window with a view", tandis qu'Agnès Brezephin remporte le grand prix de cette édition avec "Au fil de soi(e)", une œuvre poignante sur l'inceste. Le Monde cite l'artiste martiniquaise : "Je n'arrive pas à me dire qu'enfin on m'a entendue".
Le journal évoque par ailleurs l'artiste kényane Wangechi Mutu et son installation monumentale dans l'ancienne Cour suprême, questionnant l'héritage colonial et la justice à travers une déesse afrofuturiste entourée de symboles puissants.
LA NOUVELLE ASSEMBLEE EN SESSION CE LUNDI
Les députés élus lors des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 seront installés lundi à l’occasion de la première session de l’Assemblée nationale qui s’ouvre lundi à partir de 10 heures.
Les députés élus lors des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 seront installés lundi à l’occasion de la première session de l’Assemblée nationale qui s’ouvre lundi à partir de 10 heures.
Les 165 députés de la quinzième législature vont ainsi effectuer leur rentrée parlementaire dans une Assemblée nationale désormais dominée par le parti au pouvoir, Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, avec ses 130 sièges.
Vendredi, l’ancien président de la République, Macky Sall, élu sur la liste nationale de la coalition arrivée deuxième du scrutin legislatif Takku Wallu Senegal a déclaré qu’il allait renoncer à son mandat de député dès l’ouverture de la nouvelle session parlementaire.
Les résultats officiels publiés mercredi par le Conseil constitutionnel ont notamment donné une nette avance à la liste Pastef-les patriotes dirigées par le Premier ministre Ousmane Sonko, créditée de 1 million 991 mille 770 voix, soit 54,97 %.
Le parti au pouvoir a obtenu 29 députés sur la liste proportionnelle qui mettait en jeu 53 sièges.
La coalition Takku Wallu, dirigée par l’ex-président de la République, Macky Sall, a obtenu 16 sièges. Jàmm Ak Njariñ, de l’ancien Premier ministre Amadou Ba, a réussi à faire élire 7 députés, tandis que la liste Sàmm Sa Kaddu du maire de Dakar, Barthélémy Dias, a eu 3 sièges. La coalition Andu Nawle en a obtenu deux.
Les coalitions suivantes : Sénégal Kessé, les Nationalistes, Bessal Sénégal, Soppi Sénégal, farlu, Ande Thi Kóoluté, Pôle alternatif 3e voie, ont chacune en ce qui la concerne obtenu un député.
S’agissant du vote des Sénégalais établis à l’étranger, Pastef a gagné en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique du Nord et australe, en Afrique de l’Ouest. La coalition Takku Wallu a gagné en Afrique centrale.
Les coalitions And ci Koolute Nguir Sénégal (21391 voix) Sénégal Kesse (25822 voix), And Bessal sénégal (20765 voix), Pôle alternative 3ème voie kiraay Ak Natangué (26775 voix), Sopi Sénégal (22991 voix), Farlu (28 303 voix) et l’entité indépendante les Nationalistes/Jel Linu Moom ont chacun obtenu un siège de député.
CYRIL RAMAPHOSA AUX COMMANDES DU G20
L’Afrique du Sud a officiellement pris ce dimanche, pour une durée d’un an, la présidence du G 20, le groupe des vingt pays les plus industrialisés.
L’Afrique du Sud a officiellement pris ce dimanche, pour une durée d’un an, la présidence du G 20, le groupe des vingt pays les plus industrialisés.
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, dont le pays est le premier en Afrique à présider le G20, a déclaré qu’il s’agissait d’un jour important pour son pays
‘’Le G20 est un groupement important. Notre économie est relativement mineure, mais nous faisons partie du G20, ce qui signifie que nous sommes bien au-dessus de notre condition réelle en raison du rang qui est le nôtre dans le monde, des nombreuses positions que nous avons prises et de la force de notre économie’’, a-t-il souligné dans des propos rapportés par des médias.
La nation arc-en-ciel prend la tête de l’organisation qui représente 85 % du PIB mondial et 75% du commerce mondial, un an après que l’Union africaine a été admise comme membre permanent.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUNDI 2 DECEMBRE 2024
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Le Soleil, Vox Populi, Yoor-Yoor Bi, l'EnQuête, L'Observateur, Le Quotidien, L'As Quotidien, Libération
THIERNO BIRAHIM GUÈYE, LE COMBATTANT POUR L’ÉCLATEMENT DE LA VÉRITÉ
Son engagement, nourri par son passé de parachutiste et son histoire familiale, révèle les dimensions politiques d'une tragédie trop souvent réduite à un conflit sur des arriérés de solde
Descendant de tirailleur, le président de la Fédération africaine des descendants des tirailleurs, n’économise ni son temps ni son argent pour que la vérité éclate sur le massacre de Thiaroye, en 1944. Après, dit-il, la France pour construire un avenir fondé sur la justice et la vérité.
Quand il évoque le massacre des tirailleurs sénégalais, le 1er décembre 1944, à Thiaroye, le visage s’illumine. Le sujet passionne Thierno Birahim Guèye, dit para. Il est le président de la fédération africaine des descendants des tirailleurs sénégalais ; une entité créée en 2020 en République de Guinée et fédérant les associations de dix-sept pays d’où sont originaires les tirailleurs sénégalais. « Nous devons faire la lumière sur ce drame et nous projeter dans un avenir basé sur la vérité », affirme-t-il. M Guèye est revenu de la France, le samedi 16 novembre, à la veille du scrutin des élections législatives. Il dit avoir reçu un bel accueil de maires français, notamment celui de Morlaix et de députés. Le président de la fédération africaine des descendants des tirailleurs sénégalais souligne, pour s’en réjouir, que l’édile de Morlaix a rendu, le vendredi 1er novembre, pour la première fois, un hommage aux tirailleurs sénégalais. « C’est une avancée dans notre combat pour la reconnaissance de cette tragédie », confie-t-il.
Thierno Birahim Guèye pense que la posture des autorités sénégalaises y est pour quelque chose. Les lignes sont en train de bouger aussi bien au Sénégal que dans l’hexagone. Dans les deux pays, plusieurs manifestations sont prévues dans la commémoration des 80 ans du massacre des tirailleurs sénégalais, en 1944, à Thiaroye.
Toutefois, il se veut clair, son association est apolitique. « Nous menons un combat pour la vérité sur cette histoire et une reconnaissance de cette tragédie par la France », insiste-t-il. Pour celui qui n’économise ni son temps ni son argent, il est important de conserver et de célébrer la mémoire des tirailleurs sénégalais dans les 17 États ayant participé à la libération de la France. « Leur histoire marquée par des actes de bravoure et de sacrifice doit être racontée et transmise aux jeunes générations pour honorer leur contribution inestimable », dit-il. Thierno Birahim Guèye sait les sacrifices de ces combattants. Il a servi sous les drapeaux durant des décennies jusqu’à sa retraite dans le bataillon des parachutistes logé au camp de Thiaroye où sont tombés et enterrés ces soldats. « Pour avoir été militaire et ayant servi dans des théâtres d’opérations, je mesure le calvaire que mon grand-père et ses camarades ont enduré », déclare-t-il.
La vérité sur ce drame tient à cœur cet ancien parachutiste. « Le massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944 est un épisode tragique qui nécessite une reconnaissance et une compréhension approfondie. Nous appelons à la vérité pour honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie », insiste-t-il, affirmant que ces tirailleurs ont été utilisés comme de la chair à canon. De plus, ils avaient vécu dans des conditions climatiques extrêmes, causant la perte de milliers d’entre eux.
Le président de la fédération africaine des descendants des tirailleurs sénégalais soutient, avec véhémence, que ce massacre n’est pas lié seulement à la réclamation par ces combattants du versement de leurs soldes de guerre. « La vérité est tout autre », soutient-il, ajoutant que la France les considérait comme des éléments subversifs qui, une fois rentrés dans leur pays respectif vont commencer à réclamer l’indépendance. « Les tirailleurs avaient acquis une nouvelle conscience et la France les soupçonnait qu’ils allaient être en première ligne dans les revendications pour l’indépendance de leurs États », dit M. Guèye. Pour illustrer son propos, il indique que les tirailleurs sénégalais étaient mieux traités par les Allemands que la France. « On ne garde pas ses amis », souffle-t-il, soulignant que les tensions étaient perceptibles déjà en France. « Quand les tirailleurs sénégalais devaient embarquer, certains avaient refusé », poursuit-il, pestant contre la décision prise en juin dernier par le Président français Emmanuel Macron de reconnaître que six tirailleurs sénégalais sont morts pour la France. « Cette décision a augmenté notre frustration parce que ces combattants ne représentent rien par rapport au nombre de morts », fulmine-t-il.
Une fois que la France aura reconnu sa responsabilité sur le massacre des tirailleurs sénégalais et les zones d’ombres levées, Thierno Birahim Guèye et ses pairs comptent demander réparation. Vaste chantier.
ANTA BABACAR NGOM, DÉPUTÉE NON-INSCRITE
La présidente d’Alternative pour la relève citoyenne refuse de rejoindre tout groupe constitué à l'Assemblée. Issue de la liste Sam Sa Kaddu, elle affirme vouloir exercer son mandat en toute indépendance, libre des contraintes partisanes
La députée Anta Babacar Ngom, élue de la liste de Sam Sa Kaddu (opposition), a fait part dimanche, de sa décision de ne pas intégrer un des groupes parlementaires en gestation dans la nouvelle Assemblée nationale, assurant vouloir siéger en tant que non-inscrite.
‘’Après mûre réflexion et la consultation attentive de vos avis au sein de nos panels, j’ai pris la décision de siéger à l’Assemblée nationale en tant que députée non inscrite’’, a indiqué la présidente d’Alternative pour la relève citoyenne (ARC) dans un message rendu public à la veille de l’installation de la nouvelle Assemblée nationale.
Anta Babacar Ngom élue sur la liste nationale de Sam Sa Kaddu aux élections législatives anticipées du 17 novembre dernier souligne que le choix de ne pas intégrer un groupe parlementaire reflète son ambition de ‘’porter une voix libérée des entraves partisanes.
‘’Malgré les sollicitations exprimées par les groupes parlementaires en gestation, ce choix, mû par la conscience de nos valeurs, reflète notre ambition de porter une voix libérée des entraves partisanes, une voix exclusivement dédiée au peuple’’, a-t-elle notamment assuré.
Elle fait savoir qu’une telle posture traduit une ambition de construire une politique renouvelée, dans laquelle l’intérêt des populations prime sur toute autre considération.
Les 165 députés de la quinzième législature, élus à l’issue des élections législatives anticipées du 17 novembre dernier, seront officiellement installés lundi, le jour d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale.