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24 août 2025
ZOOM SUR LES RECUPERATEURS DE MBEUBEUSS
Un film documentaire pour une meilleure prise en compte des récupérateurs de Mbeubeuss, c’est ce qu’a produit Rosalind Fredericks, professeure de géographie et d’études africaines à l’Université de New York aux Etats-Unis
Un film documentaire pour une meilleure prise en compte des récupérateurs de Mbeubeuss, c’est ce qu’a produit Rosalind Fredericks, professeure de géographie et d’études africaines à l’Université de New York aux Etats-Unis. La projection du film a eu lieu ce mercredi au Centre culturel français.
De l’ordure à l’or dur, c’est le titre du film documentaire réalisé par Rosalind Fredericks, professeure de géographie et d’études africaines à l’Université de New York aux Etats-Unis. Par son titre, le film renvoie à cette mine d’or que constituent les ordures et qui sont une source de revenus pour les récupérateurs de Mbeubeuss. La réalisatrice de ce film a braqué sa caméra sur la décharge de Mbeubeuss pour mieux faire connaître le travail de ces récupérateurs qui, au-delà du profit tiré des ordures, participent à l’équilibre de l’environnement. «Le film documentaire vient à son heure. C’est un film qui permet de faire savoir ce que les récupérateurs représentent dans ce pays. Ça permet d’édifier ceux qui n’avaient aucune connaissance sur le travail de ces récupérateurs. Le regard négatif porté sur ces récupérateurs va changer une fois qu’on l’a regardé», estime Arona Niasse, président de l’Association des récupérateurs de la décharge de Mbeubeuss et membre de l’Alliance internationale des récupérateurs. «Je mène des recherches sur le secteur du nettoiement à Dakar depuis 2016 et je fais des recherches à Mbeubeuss, sur le secteur informel, sur la récupération et le recyclage. Et c’est durant ma collaboration avec les récupérateurs qu’on a pensé à faire un film pour accéder à une plus grande audience, pour souligner les complexités de la situation de Mbeubeuss et sortir la valeur de la récupération, des récupérateurs et des recycleurs à Mbeubeuss», explique Mme Fredericks.
Selon elle, ce film procède aussi d’une volonté de conscientisation pour une prise en compte des intérêts des récupérateurs face à une nouvelle donne. «On a terminé le film, donc ça c’est une première étape. Maintenant, c’est vraiment la partie plaidoyer, pour accéder à une plus grande audience et pour essayer de changer l’avenir de Mbeubeuss. Changer la politique du projet qui est en train d’être déroulé à Mbeubeuss. Ça nous a pris à peu près trois ans, on a fait quelques tournages à Mbeubeuss, mais ça s’est construit sur la recherche que je menais en 2016», fait-elle savoir. Les récupérateurs de Mbeubeuss peuvent voir leur préoccupation véhiculée à travers ce film documentaire à un moment où ils craignent pour leur gagne-pain, menacé par un projet étatique de gestion des déchets mis en place depuis 2021 et qui prévoit la fermeture de la plus grande décharge du pays.
L'OBJECTIF PRECIS DE L’ORSRE
L’Organe de régulation du système de récépissé d’entrepôt de marchandises s’est fixé pour 2025 l’objectif de produire 180 mille à 200 mille tonnes d’anacarde, contre 150 mille l’année dernière
L’Organe de régulation du système de récépissé d’entrepôt de marchandises s’est fixé pour 2025 l’objectif de produire 180 mille à 200 mille tonnes d’anacarde, contre 150 mille l’année dernière, a appris l’APS de son directeur général, Issa Wade.
“Cette année, nous voulons mieux accompagner les acteurs de la filière anacarde afin de les aider à disposer davantage de financements. En cela, il est prévu un objectif de production de 180.000 à 200.000 tonnes d’anacarde durant cette campagne de commercialisation de la filière anacarde”, a déclaré le directeur général de l’ORSRE.
Il s’exprimait, lundi, à Ziguinchor, en marge d’un atelier consacré à la mise en œuvre d’une activité promotionnelle du système de récépissé d’entrepôt à l’occasion la campagne de commercialisation de la noix de cajou dans cette région du sud du pays.
Outre des responsables de la gestion d’entrepôt, des représentants de banques et d’institutions de microfinance ont pris part à cette rencontre organisée de concert avec l’ONG Shelter For Life International, dans le cadre de la préparation de la campagne de commercialisation de l’anacarde pour l’année 2025.
Cet atelier visait essentiellement à “évaluer, ajuster et améliorer le dispositif qui avait été mis en place auprès des organisations de producteurs, tout en jetant les bases des orientations stratégiques et des objectifs de l’ORSRE pour la filière anacarde en 2025”, a expliqué Issa Wade.
Il visait également, selon lui, à mettre en place un “cadre de contractualisation entre acteurs (producteurs, commerçants, transformateurs) afin de garantir le bon dénouement des financements sur récépissé d’entrepôt et de réduire considérablement les risque de mévente”.
“L’année dernière, on avait obtenu un objectif qui équivaut à 150.000 tonnes d’anacarde pour une valeur de 95 milliards de francs CFA”, a rappelé Issa Wade.
Le commissaire aux enquêtes économiques a relevé que, pour cette année, l’objectif sera beaucoup plus axé sur la transformation de près de 30% des produits locaux, notant qu’à l’heure actuelle cette transformation est de l’ordre de 6%.
“Nous voulons que les producteurs locaux s’investissent dans la transformation de nos matières premières pour créer plus d’emplois et de la valeur ajoutée”, a insisté le directeur général de l’Organe de régulation du système de récépissé d’entrepôt de marchandises.
Il a réaffirmé l’engagement de sa structure d’aller vers un renforcement des capacités des acteurs de la filière en matière de stockage et de conservation des produits locaux.
VERS UN PARTENARIAT ENTRE L'AMBASSADE DE FRANCE ET LE COMPLEXE CHEIKH AHMADOUL KHADIM
Le complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) et l’ambassade de France au Sénégal envisagent de nouer un partenariat, en vue de faciliter l’accès des étudiants de cette université à des bourses d’études en France.
Le complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) et l’ambassade de France au Sénégal envisagent de nouer un partenariat, en vue de faciliter l’accès des étudiants de cette université à des bourses d’études en France.
“(…) Nous avons été impressionnés à la fois par les enseignements dispensés au complexe, ainsi que par la bibliothèque et le centre de recherche sur les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké”, a déclaré l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages.
Mme Fage s’adressait à la presse au terme d’une visite à Touba, où elle s’est rendue lundi en compagnie de ses collaborateurs.
Dans la cité religieuse, elle a été reçue par le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, avant de se rendre au CCAK-EF.
Durant son passage à Touba, elle a évoqué avec les responsables de cet institut, la nécessité d’un partenariat portant sur l’octroi de bourses d’études, le partage d’archives et la préservation du patrimoine mémoriel.
Christine Fages a souligné l’importance des liens historiques entre la France et la communauté mouride, un sujet qui suscite un intérêt croissant chez les chercheurs.
De son côté, le recteur de l’université Cheikh Ahmadoul Khadim, Pr Lamine Guèye, s’est félicité de cette visite. Il a assuré que les deux parties vont travailler à la concrétisation d’un partenariat, pour permettre aux étudiants du CCAK-EF de poursuivre leurs études en France.
LE ROLE DETERMINANT DES LANGUES NATIONALES REAFIRME A PARIS
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, a réaffirmé ‘’le rôle déterminant des langues nationales dans l’éducation et le développement’’, lundi, lors d’une intervention à l’occasion de la célébration de la langue maternelle ...
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, a réaffirmé ‘’le rôle déterminant des langues nationales dans l’éducation et le développement’’, lundi, lors d’une intervention à l’occasion de la célébration de la langue maternelle au siège de l’UNESCO, à Paris, indique un communiqué du service communication de son ministère.
En Afrique, a souligné le ministre, ‘’la langue d’apprentissage est souvent une barrière pour de nombreux élèves”. “Pourtant, l’éducation dans une langue que l’enfant comprend dès ses premières années est un facteur déterminant pour la réussite scolaire et l’inclusion sociale’’, fait-il remarquer.
Il a rappelé que le Sénégal a fait le choix ‘’d’intégrer progressivement” les langues nationales dans le système éducatif. A l’en croire, ces langues représentent “bien plus qu’un patrimoine culturel”. Selon lui, ”elles sont un levier puissant pour réduire les inégalités et améliorer la qualité des apprentissages’’.
L'HOMME QUI AVAIT INSULTE LA FAMILLE DU PREMIER MINISTRE CONDAMNE
Le tribunal des flagrants délits de Ziguinchor a condamné, mardi, Ahmeth Ndiaye, à une peine de prison d’un mois ferme pour intrusion dans un domicile privé et injures publiques à l’encontre de la famille du Premier ministre, Ousmane Sonko
Le tribunal des flagrants délits de Ziguinchor a condamné, mardi, Ahmeth Ndiaye, à une peine de prison d’un mois ferme pour intrusion dans un domicile privé et injures publiques à l’encontre de la famille du Premier ministre, Ousmane Sonko, a constaté l’APS.
Ahmeth Ndiaye qui pourra sortir de prison le 4 mars comparaissait pour des faits d’agression, d’intrusion dans un domicile privé et d’injures publiques à l’encontre de la famille du chef du gouvernement, Ousmane Sonko.
A l’audience mardi dernier, le directeur des buildings de l’entreprise Ecotra avait reconnu avoir tenu ces propos “désobligeants”, expliquant son acte par un coup du destin.
Confronté aux deux frères du Premier ministre, Ahmeth Ndiaye avait également déclaré les connaître depuis longtemps et n’avoir aucune haine à leur encontre.
Au début du procès, il avait pourtant nié s’être présenté sur les lieux avec une arme.
Ce mardi, par la voix de ses avocats et des deux frères du Premier ministre présents dans la salle, la famille du chef du gouvernement a fait savoir qu’elle pardonnait l’acte “inconscient” d’Ahmeth Ndiaye.
Elle n’a pas non plus demandé des dommages et intérêts au mis en cause.
LE COURT METRAGE EN DEBAT
Les trois réalisateurs Mo Harawe de la Somalie, Marie Clémentine Dusabejambo du Rwanda et Salam Zampaligré du Burkina Faso ont revisité les spécificités du genre au cours d’un panel hier.
Par Mame Woury THIOUBOU – (Envoyée spéciale à Ouagadougou) |
Publication 25/02/2025
Le court métrage comme lieu d’expérimentation, d’apprentissage et de formation. Les trois réalisateurs Mo Harawe de la Somalie, Marie Clémentine Dusabejambo du Rwanda et Salam Zampaligré du Burkina Faso ont revisité les spécificités du genre au cours d’un panel hier.
– Trois cinéastes, trois pays et trois regards. «Le court métrage : espace de liberté et d’émergence de nouveaux talents», c’est autour de ce thème que Mo Harawe, réalisateur somalien en compétition pour l’Etalon d’or du long métrage fiction avec The village next to paradise, Marie-Clémentine Dusabejambo et Salam Zampaligré ont débattu ce lundi à la mairie de Ouagadougou. Pour ces cinéastes, court métrage rime avec liberté. «C’est un genre dans lequel on a le temps d’expérimenter sa liberté. Il n’y a pas de restriction, sauf le temps. Et on doit réfléchir à la manière de traiter son sujet. C’est sur ce terrain que vous pouvez expérimenter et aller au-delà des normes», estime le réalisateur somalien, auteur de 4 courts métrages. Selon lui, ce genre rend fort et résilient face à la difficulté du long, notamment la distribution ou le financement. Il est également formateur du point de vue du réalisateur burkinabè, Salam Zampaligré. Revenant sur son expérience, il estime que le court métrage est une école. «Le court permet d’apprendre. Animateur de cinéclub, je connaissais pas mal de choses sur les théories du cinéma. Mais devant faire un film pour entrer à la Femis, je me suis demandé comment je fais ce film, où je dépose ma caméra.» «Dans un court métrage, chaque seconde compte. Et quand on débute, on a souvent un budget restreint», ajoute Marie Clémentine.
Le Somalien Mo Harawe a inscrit son nom dans les livres du cinéma africain en remportant, en 2023, le Poulain d’or du court métrage. Pourtant, il est né dans un pays en guerre et où le cinéma n’a pas vraiment eu une histoire. «Le défi, ce n’est pas de faire des films, mais que les populations puissent regarder ces films. Le contexte fait que les gens sont plus portés vers la littérature et les poèmes. En Somalie, le poète est au top dans la création et le cinéaste en bas», résume le réalisateur dont le compatriote, Khadar Ahmed, a remporté la récompense suprême lors du Fespaco 2021, signe de la naissance d’un mouvement profond et salvateur qui permet de porter à l’écran des histoires singulières d’un pays en souffrance.
Genre à part entière, le court métrage est aussi un espace d’apprentissage, d’expérimentation et de formation. Autodidacte et appartenant à la génération post-génocide, la Rwandaise Marie Clémentine estime que dans son pays, «le court a été une passerelle». Dans ce Rwanda d’après-génocide, des collectifs de jeunes s’étaient créés. Et c’est en rejoignant un de ces collectifs que la réalisatrice commence sa carrière cinématographique. «Après le génocide, les cinéastes n’avaient pas l’expérience de parler d’eux-mêmes. Et le défi, c’était de se comprendre soi-même et de comprendre ce qu’on était en train de raconter. Il fallait de la liberté et de la créativité.» Liberté, mais aussi responsabilité face aux générations futures dans le contexte de ce pays en reconstruction.
Le court, un passage obligé ?
Aujourd’hui, difficile pour un réalisateur de ne pas passer par la case court métrage avant de s’attaquer à un long. Beaucoup de cinéastes ont dû se prêter à cet exercice. Angèle Diabang, désirant développer l’adaptation d’Une si longue lettre en long métrage, malgré la réalisation de plusieurs documentaires, a d’abord réalisé Ma coépouse bien aimée, «pour voir comment diriger des acteurs et maîtriser un plateau». Même cas de figure pour Ramata-Toulaye Sy. Avant d’aller vers la réalisation de Banel et Adama, c’est avec Astel que la jeune réalisatrice expérimente ses choix esthétiques et ses dispositifs. Mais pour le réalisateur somalien, cette façon de voir est le résultat de l’influence du capitalisme. «Ceux qui posent cette question sont dans une perspective capitaliste», dit-il. En effet, l’accès sélectif à des fonds de financement rend quasi obligatoire pour les réalisateurs le fait de présenter la preuve qu’ils maîtrisent leur sujet. «Je pense que c’est un passage obligatoire», souligne Salam Zampaligré.
Hors des circuits de distribution
Malgré ses spécificités, le court métrage reste quelque peu en marge, en termes de financement comme de distribution. Obligé de tourner son économie vers la télévision, le court métrage est souvent absent dans les salles de cinéma, déplore le réalisateur burkinabè. «Le premier canal de distribution des courts métrages, ce sont les festivals. C’est un genre marginalisé, et économiquement, il n’existe même dans les télévisions qu’après un succès en festival.» Cette marginalisation est perceptible également dans les guichets de financements, tournés vers la production d’abord.
Entrée en lice de Demba
C’est ce lundi que le film de Mamadou Dia, Demba, est entré en lice dans la compétition officielle des longs métrages fiction de cette 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). La toute première projection a été remarquablement suivie par une foule nombreuse au Ciné Burkina. Une deuxième projection est prévue aujourd’hui à 20h 30 au Canal Olympia Yennenga de Ouaga 2000. Traitant de la maladie mentale à travers l’histoire de Demba, le film est une plongée dans la vie d’un homme qui a perdu sa femme et qui souffre de dépression.
LOUGA SOUS LE CHOC
Un grave accident de la route s’est produit dans la nuit du lundi 24 février 2025, à la sortie de Louga, en direction de Saint-Louis, près du village de Keur Bara Wade. Un véhicule de type « sept places » a violemment percuté un arbre, faisant sept blessé
Un grave accident de la route s’est produit dans la nuit du lundi 24 février 2025, à la sortie de Louga, en direction de Saint-Louis, près du village de Keur Bara Wade. Un véhicule de type « sept places » a violemment percuté un arbre, faisant sept blessés, dont trois dans un état grave, selon des sources sécuritaires.
D’après les premiers éléments de l’enquête, le véhicule aurait perdu le contrôle avant de terminer sa course contre un arbre en bordure de route. La cause exacte de l’accident reste encore à déterminer, mais une vitesse excessive ou un problème mécanique pourraient être en cause.
Les secours sont rapidement intervenus pour évacuer les blessés vers l’Hôpital régional de Louga. Parmi les sept victimes, trois souffrent de blessures graves nécessitant une prise en charge urgente, tandis que les quatre autres présentent des blessures légères.
Par GUEYE Mouhammad Al Amine et LAM Abdoulaye
APPROCHE ISLAMIQUE DE GESTION DE CRISE
La complexité de ce début de gouvernance rappelle, dans une certaine mesure, le règne du Khalif Omar Ibn Abdoul Aziz (717 à 720) communément appelé, à juste titre, le 5e Khalif.
Gueye Mouhammad Al Amine et Lal Abdoulaye |
Publication 25/02/2025
L’année 2024 a été un tournant majeur dans la vie politique au Sénégal. En effet, elle a été le point de départ d’un nouveau régime, «antisystème», incarné par sa jeunesse et son ambition de faire face à la corruption qui gangrène l’administration publique en particulier et la société sénégalaise en général.
Conformément à la loi n°2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, le gouvernement du Sénégal a transmis à la Cour des comptes, pour audit, le rapport sur la situation des finances publiques sur la période de 2019 au 31 mars 2024. Les résultats de cet audit ont confirmé une situation alarmante des finances publiques et de leur gestion sous l’ancien régime, d’où la nécessité de mesures correctives urgentes.
Parallèlement, le front social demeure une épine qui transcende tous les secteurs et toutes les sensibilités. Cette situation nécessite de fortes mesures, coordonnées, efficaces et à même de régler durablement les maux visés, sans impacter fondamentalement le vécu des citoyens. D’où la complexité de ce début de gouvernance qui rappelle, dans une certaine mesure, le règne du Khalif Omar Ibn Abdoul Aziz (717 à 720) communément appelé, à juste titre, le 5e Khalif.
En effet, bien que son règne ne durât que moins de trois ans, il est reconnu, à travers le monde, les réformes sociales, politiques et religieuses du Khalif qui ont impacté toute la nation islamique de l’époque.
Pour rappel, Omar Ibn Abdoul Aziz avait hérité d’un Etat représenté dans les différentes contrées par des gouverneurs corrompus qui en ont dilapidé les ressources publiques. Confronté à une forte demande sociale et à des caisses vides, le Khalif eut recours aux mesures citées ci-contre :
Réduction drastique du train de vie de l’Etat ;
Réduction des privilèges des dirigeants et des membres de sa famille dont son épouse Fatima (fille ou sœur de précédents khalifs) ;
Instauration d’un dispositif pour lever les injustices subies par les populations par le passé (diwânoul mazâlim) ;
Nomination de technocrates (savants de l’islam ouverts à la gestion publique) à de hauts postes de responsabilité.
Pour un Etat d’obédience islamique, les 5 objectifs fondamentaux de la Sharia ont été le soubassement de ses réformes. En effet, ces principes qui visent à assurer le bien-être et l’harmonie au sein de la société musulmane sont basés sur la protection de cinq éléments essentiels de la vie humaine, à savoir :
La protection de la religion (liberté de pratique de la foi islamique, protection de la croyance et des rites religieux, promotion de la foi…) ;
La protection de la vie (préservation de la vie humaine, sécurité des individus…) ;
La protection de la propriété (la protection des biens matériels et financiers des individus, incluant l’interdiction du vol, de la fraude et des injustices économiques…) ;
La protection de la descendance (préservation de la famille, des mœurs et des relations légales entre hommes et femmes, protection des héritages…) ;
La protection de l’intellect (la préservation de la santé mentale et physique, protection contre les substances nuisibles pouvant altérer la capacité de raisonnement et la vie sociale).
De façon générale, l’objectif de l’islam en matière de gouvernance publique reste la préservation de la religion et l’administration de la société (cf. Imam Ali Ibn Mouhammad Ibn Habib Al Mawardy). L’histoire plutôt récente de l’Arabie saoudite, pays intégrant les principes de l’islam dans sa gestion publique, montre que des suspicions de dévaluation du riyal saoudien ont souvent perturbé la marche normale de son économie nationale. Il s’agit notamment de la crise pétrolière de 1986, la crise financière asiatique de 1997-1998, la chute des prix du pétrole en 2014-2016, la pandémie du Covid-19 (2020).
Durant ces périodes, les diverses contributions des investisseurs locaux, qu’ils soient privés ou publics, ont été cruciaux dans la gestion de la stabilité économique du pays et dans la réaction des populations face aux crises.
En guise d’illustration, différentes formes de contribution ont été notées lors de ces perturbations, notamment des mesures comme :
Le soutien à la liquidité et à la stabilité financière : en soutenant la demande d’actifs financiers locaux, en investissant dans les obligations d’Etat et en participant activement à l’achat de bons du Trésor, les investisseurs nationaux ont fortement contribué à maintenir la liquidité sur les marchés financiers saoudiens pendant la crise pétrolière de 2014-2016. Ces actions ont ainsi permis de compenser la réduction de la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie saoudienne pendant ces périodes de turbulences.
La contribution aux programmes de diversification économique : dans le cadre de la mise en œuvre de la «Vision 2030», les entreprises privées saoudiennes et les groupes familiaux ont été les leviers stratégiques pour le financement des projets d’infrastructures. Ils ont également soutenu l’émergence de nouveaux secteurs comme la technologie, le divertissement et les énergies renouvelables, en augmentant leurs investissements dans ces domaines. Ces actions ont ainsi permis aux investisseurs nationaux de jouer un rôle-clé en soutenant l’initiative de diversification économique.
Le rôle dans les ajustements fiscaux et monétaires : les investisseurs nationaux ont été confrontés à des ajustements fiscaux avec l’introduction, en 2018, de la Tva. Bien que appréhendées comme difficiles, ces mesures, qui visaient à assurer la viabilité à long terme des finances publiques et de l’économie nationale, ont été acceptées et soutenues par les investisseurs nationaux, en perspective des avantages à long terme que la mesure pourrait offrir en termes de diversification économique. D’ailleurs, c’est ce qui les a même amenés à investir dans des projets privés ou dans des partenariats public-privé créés pour réduire le fardeau budgétaire de l’Etat.
Le rôle capital du secteur privé saoudien a même été noté dans des situations telles que les tensions géopolitiques et économiques (lors de la guerre du Yémen ou lors de la crise diplomatique avec le Qatar) où ils ont joué un rôle de stabilisateur en renforçant leur engagement dans des secteurs-clés de l’économie, comme le secteur financier et l’immobilier, afin de maintenir une certaine confiance dans les marchés locaux et ainsi aider à limiter la fuite des capitaux et soutenir la valeur des actifs nationaux.
Il est aussi important de rappeler les multiples situations où le Prophète Mouhammad, Paix et Bénédictions d’Allah sur lui, a initié des campagnes de levée de fonds. Il s’agissait de moments où le Prophète a demandé à ses compagnons de contribuer financièrement pour principalement soutenir des causes religieuses, humanitaires et sociales. Nous pouvons en noter :
Le financement de la mosquée de Médine lorsqu’il (Psl) sollicita des dons de la part de ses compagnons. A cet effet, certains ont même sacrifié leurs biens pour permettre la construction de ce lieu de culte.
L’affranchissement d’esclaves par l’opportunité offerte à certains d’entre eux de racheter leur liberté en payant une somme d’argent, soutenue par les dons des musulmans.
La campagne de la bataille de Tabouk qui est l’un des exemples les plus connus où le Prophète Mouhammad (Psl) a sollicité des contributions financières. En effet, en l’an 630, l’armée musulmane se préparait à une expédition contre les Romains, une mission coûteuse en raison de la longue distance et des ressources nécessaires. Le Prophète demanda à ses compagnons de faire des dons et des personnalités comme Abou Bakr (Ra) et Oumar Ibn Al Khattab (Ra) ont généreusement contribué, ce qui a permis de financer l’expédition.
A la lumière de ces expériences et constatations, il convient de formuler des pistes de solutions pouvant permettre d’éradiquer les contraintes économiques et sociales auxquelles sont confrontés les Sénégalais et contenir le choc des éventuelles réformes. Dans ce cadre, il est attendu de :
L’Etat :
De faire preuve d’une bonne gouvernance dans toutes les situations, et en cas de manquement à ce principe, de se corriger immédiatement. Dans cette même dynamique, il est aussi attendu de l’Etat, de veiller à une bonne communication afin d’inculquer cette philosophie de bonne gouvernance dans toute la société ;
De réduire à son strict minimum le train de vie de l’Etat et les avantages non liés au travail des dirigeants et autres travailleurs de l’Administration ;
Maintenir la transparence dans la mobilisation et l’utilisation des deniers publics afin de garantir une confiance permanente des populations et autres partenaires socioéconomiques ;
Lever les injustices commises sur des personnes physiques et morales (arriérés de salaire non versés, services offerts et non rémunérés…) afin d’assurer les investisseurs sur les diligences quant au règlement d’éventuels litiges ;
Instaurer une stratégie de communication permettant à toutes les parties prenantes de comprendre aisément les réformes enclenchées et de contenir les éventuels chocs qui n’auraient pas pu être évités ;
Instaurer un système de «tawzif» en ciblant des personnalités fortunées et les amener à contribuer au financement de l’économie par diverses formes (mécénat, prise de parts sociales/actions, rachats…) ;
Mette en œuvre des campagnes de levée de fonds à visée sociale ou économique avec des contributions à la portée de tous les Sénégalais pour financer, entre autres, le social, le projet de réforme du transport, la relance des boutiques/magasins de référence… ;
Mettre en œuvre les initiatives ayant prouvé leur efficacité dans la prise en compte des besoins des populations et conformes aux valeurs et croyances islamiques (zakat, waqf, microfinance islamique, Sukuk…).
Les grandes entreprises privées, les groupes familiaux, les bienfaiteurs :
Soutenir les initiatives publiques visant à améliorer le bien-être collectif dans le moyen/long terme ;
Participer à la correction des initiatives ne contribuant pas, dans le moyen/long terme, au bien-être collectif ;
Promouvoir l’innovation technologique, la formalisation des initiatives économiques quelle que soit leur ampleur (micro, petite, moyenne, grande) ;
Privilégier l’investissement et éviter la thésaurisation. Les mécanismes proposés par la finance islamique sont à même de contribuer à accélérer les collaborations d’investissements privé-privé et privé-public.
Les populations prises individuellement :
Faire preuve de patience et de don de soi pour la Patrie et entretenir un esprit de succès collectif ;
Accepter un changement de comportement aussi bien en matière de consommation, d’épargne qu’en matière d’éthique, de relation et de savoir-être ;
Se réapproprier les valeurs islamiques qui ont, par le passé, été incarnées par nos prédécesseurs. Le Prophète Mouhammad n’a-t-il pas dit : «La religion, c’est la bonne conduite» (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim).
Les indicateurs macroéconomiques ont certes leur importance, mais ils ne doivent pas guider notre gouvernance. Assurer une meilleure qualité de vie aux populations, garantir leur prospérité et plus subjectivement leur bonheur devraient guider la planification et la mise en œuvre des politiques publiques. L’islam, à travers l’histoire et le contexte, a su démontrer par des leaders bien avertis, que chaque crise, de quelque nature qu’elle soit, peut être contenue, résolue et dépassée, tout en gardant l’équilibre social sous-tendu par le bien-être des populations et la solidité de l’Etat dans tous ses déploiements.
L’histoire de Youssouf (Paix et salut sur lui) est un exemple parfait de planification économique et sociale prenant en compte aussi bien le court terme que le long terme. L’expérience du Khalif Oumar Ibn Al Khattab (Ra), en matière de reddition des comptes, et le comportement de Abou Houreyra (Ra) dans cette épreuve sont aussi, de nos jours, de pertinentes sources d’inspiration. Les avancées notées pendant l’âge d’or de l’islam (du 6e au 12e siècle) illustrent parfaitement qu’avec le savoir, la droiture et l’unité autour d’un idéal, Allah accompagnera toujours ses serviteurs vers le succès.
Le Sénégal est à une trajectoire de l’histoire où se bousculent opportunités de développement et tensions (sociales, géopolitiques internes et externes). Conscient de cet enjeu, chacun devrait pouvoir y apporter sa contribution afin d’accompagner les dirigeants du pays, quelle que soit leur appartenance politique, à le mener vers le progrès. Toutefois, il ne saurait point négliger la dimension spirituelle que toutes les parties prenantes devront incarner sincèrement par les invocations de réussite (pour soi, son prochain et pour toute la communauté), la confiance au Tout-Puissant et le contrôle permanant du Tout-Sachant.
Par Moustapha FALL
LANTERNES SUR LA PROFONDEUR DE LA PSYCHE HUMAINE
Si les canons et fusils tuent, les violences verbales, les calomnies sont plus à même de tuer silencieusement de belles âmes que n’importe quelle autre arme blanche
La nouvelle de la mort subite du jeune étudiant, en l’occurrence Mactar Diagne, tombe comme un couperet, renvoyant des ondes de choc presque partout au Sénégal, et plongeant le monde universitaire sénégalais dans une profonde tristesse. Sa mort lève non seulement un coin du voile sur la problématique de l’accompagnement médical dans nos services médicaux universitaires, mais elle pose aussi de façon crue la question existentielle des sodalités humaines dans nos sociétés africaines. Le fameux proverbe africain, «il faut tout un village pour élever un enfant», n’est plus d’actualité au point de céder dangereusement la place au proverbe moderne du «village planétaire des réseaux sociaux» où se dé-font des modèles de solidarités humaines de façade. Alors que les enquêtes ne nous révèlent pas encore les circonstances dans lesquelles cet étudiant a rendu l’âme, force est de constater que l’œuvre posthume que Mactar lègue aux Sénégalais, s’il en est bien l’auteur principal, est une mine d’or psychologique et psychiatrique d’où il faut puiser pour mieux sensibiliser les Sénégalais sur les dangers des maladies mentales.
Cela dit, loin d’être un expert dans les domaines de la psychologie ou de la psychiatrie, cette contribution se fixe comme objectif principal le simple besoin de partager nos réflexions et lectures personnelles sur les dangers des maladies mentales qui, somme toute, peuvent être des handicaps majeurs dans le processus du développement personnel, de la réussite académique et professionnelle, et dans bien d’autres domaines touchant à la vie de l’être et de son épanouissement en société.
Il s’agit d’abord, dans cette contribution, d’éplucher les récentes études faites sur le sujet des maladies mentales pour dissiper les nuages mythiques qui planent sur elles, pour enfin analyser quelques extraits du texte posthume du disparu dans l’espoir d’en tirer des leçons utiles pour nous-même et pour nos autorités étatiques.
La dépression mentale : entre réalité et mythe
Les maladies mentales sont nombreuses et varient selon les contextes socio-culturels et en fonction des dispositions physiologiques et héréditaires. Parmi les maladies mentales, nous pouvons citer les troubles d’anxiété sociale généralisée, la bipolarité et autres formes de dépression chronique et saisonnière. En revanche, d’après les récentes études sur le sujet, la dépression mentale chronique semble bien être celle qui touche le plus d’individus et peut mener au suicide.
De l’australien Sigmund Freud (1856-1939), en passant par Joseph Breur (1842-1925), aux récentes études menées par Kassin et.al (2020) sur la psychologie sociale, les questions liées à la dépression mentale ne cessent d’être l’objet de débats houleux dans les milieux académiques. Nombreuses aussi sont les récentes productions scientifiques qui démontrent que les dépressions font partie des maladies mentales les plus répandues et les plus invalidantes dans le monde.
Dans son fameux livre publié en 2012 (la dépression : 100 questions pour comprendre et guérir), Dr Ferreri nous apprend aisément que la dépression mentale va devenir la deuxième pathologie la plus invalidante en 2020, après les troubles cardiaques, juste avant les accidents de la route. Dans le contexte français où sont inscrits ses travaux, près de 20% des Français de 15 à 75 ans, soit 9 millions de personnes, ont vécu et vivraient une dépression au cours de leur vie (Ferreri, 2012). Tel un caméléon qui prend les couleurs du paysage qu’il traverse, la dépression mentale est souvent comprise en fonction du contexte de son évolution et des dispositions physiologiques et héréditaires de la personne atteinte par cette maladie. En d’autres termes, la dépression revêt plusieurs formes suivant les contextes et les cultures, et se manifeste ainsi de plusieurs manières chez la personne dépressive. Or, l’une des plus grandes difficultés auxquelles et les psychologues et les psychiatres sont souvent confrontés, c’est la grille de lecture médicale qu’il faudra poser pour mieux diagnostiquer la personne dépressive. En sus, les formes d’émotions générales qui se manifestent chez l’individu, notamment «les coups de blues, de mou, de spleen ou de déprime», peuvent davantage en compliquer le diagnostic. Malgré tout, la littérature médicale produite sur ce sujet au cours des années a pu maintenir deux types de dépressions mentales principales. Une dépression de type saisonnier, temporaire, de courte durée, 6 mois, qui dépend des saisons, des évènements de vie secouée par les crises comme la perte d’un être cher, la séparation dans les relations d’amour, la maladie, etc. Il y a aussi la dépression de type chronique qui dure plusieurs années ou toute une vie. Cette dépression de type chronique est à chercher dans les évènements douloureux vécus dans l’enfance comme l’abandon parental (mère ou père), l’exclusion sociale, qui laissent des blessures psychiques profondes non-cicatrisées causant des signes extérieurs comme l’isolement, le souci d’être incomplet, le sentiment dérangeant et permanent d’être insignifiant ou pas assez bien, et le manque total de confiance en soi.
A ces signes extérieurs de la dépression mentale, s’y greffent également le manque de sommeil récurrent (ou trop de sommeil), des réveils nocturnes fréquents souvent rythmés par une incapacité de retrouver le sommeil la nuit, un désintérêt total aux choses de la vie souvent causé par le manque de sérotonine et autres substances chimiques neuronales dans le cerveau. Autres symptômes peuvent être des pensées noires et négatives sur soi qui sont subséquemment projetées sur les autres individus de la société, l’envie de mettre un terme à sa vie pour cause de souffrance psychique très profonde. Le désir ardent d’avoir du pouvoir et du contrôle sur autrui, qui est certainement révélateur d’une faiblesse intérieure déguisée en force. La personne dépressive pourrait aussi manifester une irritation spontanée d’humeur sombre fluctuant d’un instant à l’autre, un désir de blesser et d’être dans une logique de confrontation argumentaire tous azimuts. Bref, l’expression «Wounded Walking», que les psychiatres américains utilisent pour designer les personnes bien portantes mais souffrant profondément à l’intérieur, n’en est pas moins certainement le terme qu’il faut pour exprimer de façon laconique la profondeur du mal que constitue la dépression mentale.
A la lumière de tous ses succès académiques, tout porte à croire que le défunt, Mactar Diagne, se portait très bien, mais il fut un autre «Wounded Walking», une personne dépressive souffrante qui vécut dans le silence de son propre monde.
La dépression mentale dans la société sénégalaise : une maladie latente de tous les dangers
Le tabou qui entoure la maladie mentale dans la société sénégalaise continue d’entretenir le flou et le déni autour des maladies mentales en général. Pas mal de personnes atteintes par ces maladies sont souvent prises en charge à la dernière phase dans l’évolution de leur maladie, où elles perdent le contrôle de la réalité de leurs êtres. Tabou et/ou ignorance du fonctionnement du cerveau, me demanderais-je !
De toutes les façons, la prise en charge des maladies mentales demeure toujours le ventre mou de la médicine sénégalaise alors que les suicides, les meurtres vont crescendo dans la société sénégalaise. Il y a certes du tabou car dans l’univers mental de certains Sénégalais, la personne ayant une dépression mentale aiguë est simplement ce malade mental vêtu en haillons, déambulant dans les rues et ruelles, entretenant un discours décousu et perdant tout contact avec la réalité du moment.
Nonobstant ce tabou autour des maladies mentales, il faut remarquer qu’il y a aussi une forte dose d’ignorance sur le fonctionnement du cerveau humain. Les signes extérieurs d’une personne atteinte par la dépression mentale ne sont toujours pas visibles car la personne dépressive peut choisir de masquer sa souffrance par des rires. Et souvent ces rires, ce visage toujours souriant et radieux pourraient cacher les séquelles de blessures psychiques profondes qui se manifestent rarement en public mais surgissent par intermittence. Comme nous venons de l’indiquer ci-dessus, la manifestation extérieure corporelle de la souffrance mentale intérieure n’est pas toujours visible chez certaines personnes dépressives, mais une attention particulière à leurs comportements et leurs émotions fluctuantes peut révéler beaucoup de choses chez les personnes qui souffrent de dépression mentale.
De ce point de vue, en faisant référence à la personne atteinte par la dépression mentale, Eckhart Tolle identifie deux modes d’être : un être de souffrance latente et un être de souffrance active. Un être de souffrance latente peut être quatre-vingt-dix pour cent actif (Tolle, 2000). Autrement dit, une personne profondément malheureuse peut être active tout le temps. Ces personnes vivent presque entièrement de souffrance dans leur corps, tandis que d’autres personnes ne le ressentent même pas, sauf dans des situations où le corps de souffrance sort de son état latent par le simple fait d’une remarque déplacée, une pensée négative, bref un jugement quelconque sur leur personne. Ainsi, les propos du défunt Mactar sont-ils tout à fait en phase avec cette transition d’être de souffrance latente vers un être de souffrance active mettant fin à sa vie.
«[…] et ce qui est triste, c’est qu’il y a des personnes qui s’adonnent aux moqueries avec joie, sans mesurer les conséquences de leurs actes […]» (extrait de la lettre de Mactar Diagne, 11 février 2025).
Les propos ci-dessus de feu Mactar égrènent le chapelet de souffrances vécues, mais ils révèlent aussi sur le sujet qui crée lui-même le labyrinthe de son propre monde de réalité mentale dans lequel il a vécu seul, prisonnier et isolé du reste du monde, de la réalité des autres, traquant le moindre regard négatif de la société. Il est cependant plus facile de surveiller l’être de souffrance chez soi que chez les autres ; peut-être Mactar n’a-t-il pas pu apprendre cette leçon à temps.
Il est évident que nombreux sont les «Mactar vivants» qui restent aliénés par le regard de l’autre, se créant la souffrance mentale de vouloir agir sous les attentes de l’autre. Quelle souffrance sisyphéenne de vouloir toujours faire l’impossible, pour plaire, vivre heureux et agir aux dépens des «qu’en-dira-t- on» de la société ! La peur obsessionnelle d’être jugé et jaugé par les parents, par les amis et collègues est le début de tout le mal être qui peut faire sombrer la personne dans une dépression mentale profonde, avec de sérieuses conséquences de santé physique. A cette peur obsessionnelle, peut aussi s’y greffer le souci de grandeur que l’ego alimente par le mental pour toujours créer une démarche boulimique de gratification de l’ego dont la conséquence est un désir ardent de vouloir combler un trou vide de sentiment. Nombreux sont les Sénégalais qui courent après les biens matériels, l’argent, le succès et le pouvoir, la reconnaissance, une relation sociale pour se sentir validés, pour être plus complets. A leur grande surprise, même lorsqu’ils ont tout eu, ils constatent amèrement que ce vide est toujours présent. Bref, derrière le confort matériel se cache une souffrance mentale profonde que l’humilité et la foi seules peuvent combler. Telle une bougie qui se consume par la flamme pour répandre sa lumière, l’humilité se consume par l’ego pour répandre ses lumières de bonté naturelle, de pardon, de tolérance et de respect de la dignité humaine.
Quelles leçons faut-il en tirer ?
La mort de Mactar Diagne est une triste nouvelle, mais elle n’a pas été vaine. Au contraire, sa mort nous renvoie le miroir d’une société sénégalaise qui subit de profondes métamorphoses internes avec son lot de meurtres, de suicides et d’autres formes de violence verbale qui participent de façon significative à renforcer négativement le dispositif psychologique dont on ne tient pas souvent compte dans nos rapports sociaux. Si les canons et fusils tuent, les violences verbales, les calomnies sont plus à même de tuer silencieusement de belles âmes que n’importe quelle autre arme blanche : «la douleur physique, ce n’est rien, celle du cœur est infernale» dixit feu Mactar (texte posthume de Mactar Diagne, 11 fevrier 2025).
Il est temps donc qu’on suspende nos jugements sur les êtres le temps d’une découverte et que le dispositif psychologique soit bien pris en compte dans nos hôpitaux et services médicaux. La toute dernière phrase que le défunt laisse aux Sénégalais résume le mal profond dans la non-prise en compte du dispositif psychologique chez les personnes dépressives : «Peut-être ma mort ouvrira les yeux à certains étudiants et certaines familles. N’isolez personne, n’ignorez personne, ne vous moquez de personne, ne fuyez personne.
Rapprochez-vous des personnes qui s’isolent, parlez-leur et essayez de les comprendre sans les juger.»
En somme, il y a donc l’urgence pour les autorités étatiques de bien vouloir lancer, vaille-que-vaille, des campagnes saines de sensibilisation sur les maladies mentales au sein de toutes les communautés et dans toutes les langues nationales, encourager des études sur les filières de la psychologie et de la psychiatrie, et mettre à la disposition des hôpitaux et centres régionaux, des psychiatres et psychologues bien formés qui comprennent bien la psyché humaine. On n’a pas besoin d’être médecin pour savoir que le bon accueil des malades est le premier élément sur la chaîne des soins médicaux et dans la prise en charge des maladies en tous genres, surtout dans un Sénégal qui s’occidentalise de plus en plus.
VERS UNE ADMINISTRATION PLUS PROCHE DE CITOYENS
Le gouvernement est dans une dynamique de rapprocher l’administration des citoyens, a indiqué, lundi, à Louga, Ibrahima Baldé, coordonnateur du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA).
Le gouvernement est dans une dynamique de rapprocher l’administration des citoyens, a indiqué, lundi, à Louga, Ibrahima Baldé, coordonnateur du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA).
”L’administration ne doit pas être une entité distante des citoyens, mais un service construit avec eux et pour eux’’, a t-il dit.
Selon lui, ”la nouvelle dynamique de nos autorités, c’est de parler avec les citoyens destinataires de ces services et de pouvoir recueillir les préconisations, leurs attentes et les recommandations de ces différents acteurs pour construire ensemble l’administration de demain’’.
Ibrahima Baldé s’adressait à des journalistes à l’issue des concertations régionales consacrées à la reforme du service public.
Représentant le ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal, il a insisté sur ‘’la nécessité d’une réforme participative, ancrée dans les réalités locales’’.
“Longtemps, les changements administratifs ont été pensés par des experts, sans associer suffisamment ceux qui sont au cœur du système: les citoyens et les agents publics sur le terrain”, a-t-il expliqué.
Selon lui, cette nouvelle dynamique vise à “écouter les préoccupations locales et construire ensemble une administration plus efficace et adaptée aux réalités du pays”.
‘’Cette initiative marque une rupture avec les approches traditionnelles, en impliquant directement les citoyens et les acteurs locaux dans la réflexion sur l’amélioration des services administratifs’’, a-t-il ajouté.
Il ne s’agit pas seulement de décréter le changement mais, d’évaluer la situation réelle des services publics, d’identifier les difficultés et de construire ensemble des solutions adaptées”, a souligné M. Baldé.
Autour du gouverneur et des autorités locales, élus, chefs de service et représentants de la société civile ont échangé sur les défis à relever.
‘’Le premier pas vers une réforme réussie, c’est d’accepter de s’asseoir et de discuter”, a insisté M. Baldé, plaidant pour ‘’une approche fondée sur le dialogue et la co-construction’’.
Le ministre de la Fonction publique, a-t-il dit, présentera les conclusions de ces échanges au Premier ministre avec un double objectif, à savoir un diagnostic clair et des solutions formulées par les acteurs de terrain.
‘’Il ne suffit pas de décréter le changement, il faut le bâtir avec ceux qui le vivent au quotidien”, a conclu Ibrahima Baldé