Dakar, 17 août (APS) – L’équipe du Sénégal, logée dans le groupe B en compagnie du Zimbabwe, de la Guinée et du Malawi, sera basée dans la ville de Bafoussam située à 294 km au nord de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun.
La ville des Bamilékés a été choisie pour abriter la phase finale de la CAN et le gouvernement camerounais y a construit le stade de Kouekong, selon une note d’information consultée par l’APS. La même note indique que ce stade ‘’abritera les matches alors que les entraînements se feront au stade annexe du Stade de Kouekong’’.
Des entraînements ont également été programmés ’’au stade Fotso Victor de Banjoun, au stade du Complexe Tagidor de Bangou et au stade de Bamendzi à Bafoussam, ajoute-t-elle.
Les Lions, qui débuteront leur compétition le 10 janvier contre le Zimbabwe (13h locales), joueront contre le Syli national le 14 janvier à 13h locales et termineront leur phase de poule contre les Malawites le mardi 18 janvier, à 16h locales (15h à Dakar).
Selon une note de présentation, l’agglomération de Bafoussam est la plus importante du pays Bamiléké et figure parmi les dix 10 villes du Cameroun les plus peuplées. Elle est à la fois ville et village du peuple du même nom.
CAN 2021 : LE SÉNÉGAL ET LA GUINÉE DOIVENT SE MÉFIER DU ZIMBABWE
Le Sénégal et la Guinée seront les équipes favorites du groupe B même si elles doivent faire attention à celle du Zimbabwe qui a beaucoup progressé ces dernières années, ont analysé les techniciens Pape Fall et Serigne Saliou Dia.
Dakar, 17 août (APS) – Le Sénégal et la Guinée seront les équipes favorites du groupe B même si elles doivent faire attention à celle du Zimbabwe qui a beaucoup progressé ces dernières années, ont analysé les techniciens Pape Fall et Serigne Saliou Dia.
‘’Tout le monde va dire que le Sénégal et la Guinée vont sortir du lot, mais attention au Zimbabwe. C’est une équipe qui joue bien au ballon et qui a beaucoup évolué ces dernières années’’, a indiqué l’ancien arrière droit international, Pape Fall.
Pape Fall qui s’est reconverti à la fin de sa carrière de joueur qui l’a mené à Marseille et au SM Caen (France) comme technicien, estime que les Warriors du Zimbabwe peuvent jouer des tours à leurs adversaires.
‘’Ce sont des joueurs qui ne craignent personne et ils commencent à avoir des vedettes dans les plus grands championnats’’, a averti l’ancien entraîneur du SM Caen au début des années 2000.
Parlant de cette même poule B logée à Bafoussam, à environ 300 kms de Yaoundé, le technicien sénégalais Serigne Saliou Dia a abondé dans le même sens. Il rappelle que le Zimbabwe est une ‘’équipe qui revient régulièrement dans les phases finales de Coupe d’Afrique des nations’’.
‘’On se rappelle de la qualité de leurs joueurs Musonda, Katsande.. ‘’, a indiqué le technicien, soulignant que contre la Guinée, ce sera un derby sous régional, ‘’un match contre des voisins qui suppose qu’on devra être prêt mentalement le jour J’’.
En plus du Zimbabwe et de la Guinée, la 3-ème équipe sera le Malawi qui jouera au Cameroun sa 3-ème phase finale de CAN après les éditions de 1984 en Côte d’Ivoire et de 2010 en Angola.
Serigne Saliou Dia prévient que la sélection malawite ‘’voudra se montrer’’ lors de la CAN au Cameroun.
‘’Dans tous les cas, il nous faudra bien nous comporter dans ces matchs du 1-er tour pour avoir beaucoup plus de certitudes dans notre jeu et aborder les tours suivants qui seront plus compliqués avec plus d’assurance’’, a-t-il par ailleurs ajouté.
LE TRIOMPHE DES TALIBANS VU DU SAHEL
L'analyste politique René Lake évoque sur VOA, la situation politique en Afghanistan et ses potentielles répercussions sur la guerre anti-terrorisme en Afrique principalement dans la zone sahélienne
L'analyste politique René Lake évoque sur VOA, la situation politique en Afghanistan et ses potentielles répercussions sur la guerre anti-terrorisme en Afrique principalement dans la zone sahélienne.
Entretien à écouter à partir de la 15e minute.
LES LIONS DÉMARRENT LA CAN PAR LE ZIMBABWE
Les deux autres adversaires du Sénégal sont la Guinée et le Malawi
L’équipe du Sénégal jouera dans le groupe B et débutera la CAN 2021 reportée à janvier prochain pour cause de la pandémie de coronavirus par un match contre le Zimbabwe.
Finalistes de l’édition précédente, les Lions vont retrouver les Warriors qu’ils avaient battus (2-0) en 2017 en match de poule à Franceville (Gabon).
Les deux autres adversaires du Sénégal sont la Guinée et le
Malawi.
par Anne-Marie Mbengue Seye
LE VIRUS ET L’AMPLIFICATION DE TOUS NOS MAUX
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Les Sénégalais ont trouvé normal que la première dame use de sa position pour faire vacciner ses proches chez elle alors que seules les personnes âgées étaient autorisées à ce moment-là
#SilenceDuTemps - Cette pandémie qui nous rappelle l'essentiel et donne sa chance au consommer local est-elle réellement une malédiction pour le Sénégal ?
Dans notre pays le Sénégal, les frontières ont été fermées et les vols exclusivement réservés aux voyageurs ayant une raison impérieuse ou rentrant chez eux ; pendant de longs mois en 2020 alors que nous avions moins de 100 nouveaux contaminés par jour. Cette mesure radicale accompagnée d’un couvre-feu et d’un état d’urgence qui s’est vu interrompu à la faveur des malheureuses émeutes de la faim de mars 2021 a imposé à l’ensemble de la population de Dakar de nouvelles règles de vie. Ces nouvelles règles de vie, les plus avisés des dakarois se les sont appropriées encore cette année et continuent de les respecter au mieux, malgré l’inavoué désengagement de l’État à protéger les populations ignorantes du danger de la Covid-19 contre ce qu’ils encourent réellement.
Ces populations défavorisées ne soupçonnent pas l’étendue du nombre de contaminés ni de morts dues à la Covid-19 depuis le mois de juin 2021 dans notre pays. Elles constatent chacune dans son hameau qu’il y a un peu plus d’enterrements et de personnes grippées mises en quarantaine selon les moyens dont disposent les familles.
Grâce à des patriarches et mamies sages que nous n’écoutions plus depuis longtemps, parce que gonflés par la facilité d’accès aux pharmacies et la pléthore de compléments alimentaires synthétiques inondant nos rayons ; nous avons découvert les vertus miraculeuses de nos plantes locales trop longtemps inconsidérées, mais riches à tel point qu’elles nous reviennent reconditionnées et sous marques occidentales déposées non sans y avoir ajouté des adjuvants et autres conservateurs nocifs, promettant de nous rendre moins fragiles face à de nombreuses attaques virales. Les Sénégalais ne pouvant donc pas se ruer aux pharmacies approvisionner toute leur famille en zinc et vitamines pour booster leur immunité comme recommandé en cette période, ont dû faire le choix du retour aux sources. Eh oui, face à cette vague venue avec le variant delta, les Sénégalais ne sont pas égaux.
- Fortunes diverses -
Il y a ceux qui pour s’en protéger ont pris un vol pour l’étranger avec leurs enfants et une nounou chanceuse dans certains cas. Ceux-là, l’an passé ont fait partie des nouveaux adeptes du consommer local par contrainte. Les frontières fermées obligeant. C’est donc ceux-là qui ont permis que l’inégalable beauté de nos plages et de nos bolongs jadis ignorés des classes moyennes et bourgeoises sénégalaises les voient venir partager l’engouement traditionnel des expats du Sénégal pour nos villes côtières. On était tenté de crier très fort, vive la Covid-19 !
Il y a ceux qui ne pouvant pas financer de longs séjours à l’hôtel à l’étranger ont pris l’option cette année, de la petite côte, des îles du Saloum ou de la Casamance dans des villas confortables avec piscine pour un confinement joyeux en famille les éloignant des nombreuses hypoxies joyeuses qu’on nous compte durant nos condoléances aux familles de victimes…. Que dis-je ? À nos familles victimes, car nous avons tous, sans exception, pleuré un collègue, un ami, un oncle, une tante, un père, une mère, un époux, une épouse, un enfant emporté par ce virus satanique qui nous est arrivé par les mêmes avions qui aujourd’hui nous convoient les vaccins. Nous avons chacun pleuré son Pape Diouf, son Mansour Cama, son Thione Seck, son Mabousso Thiam, son anonyme et bien d’autres personnes importantes dans sa vie et dans leurs communautés.
Il y a aussi ceux-là qui contre mauvaise fortune ont eu le bon sens et se sont rués vers les centres de santé pour se faire injecter ces vaccins qu’ils avaient boudés en début d’année inconsciemment influencés par soit les médias français propagandistes à outrance dont nous sommes, nous sénégalais dépendants alors qu’on crie “France dégage” ; soit par les réseaux sociaux qui malheureusement ont donné une tribune à tous les déséquilibrés de la terre qui jadis ne pouvaient empoisonner personne de leurs venins verbaux
Et je vais m’en arrêter là, il y a ceux pour qui la Covid-19 est une légende ; ceux qui ne portent pas de masque, ne se désinfectent pas les mains, essaient de vous étreindre quand ils vous rencontrent, ne supportent pas que vous leur tendez du gel hydro alcoolique sur le seuil de votre maison, mangent encore à 7-10 autour d’un bol lors d’événements familiaux. Ceux-là qui vont encore à la mosquée le vendredi ou à la messe du dimanche là où pour 10 fois moins tous les chefs religieux avaient fermé leurs lieux de culte en 2020. Ceux-là qui maintiennent encore leur refus du vaccin qu’il soit chinois ou Pfizer ou AstraZeneca ou Johnson & Johnson. Pour ces personnes défavorisées et pas assez éduquées, non encadrées par l’État, le seul recours c’est le tout puissant Allah. On dit avec ferveur « Yallah bax na » et on accepte avec une fatalité déconcertante la perte de malades de Covid-19. Que Dieu reçoive leurs âmes au paradis et nous pardonne à tous notre culpabilité passive ou active à l’ampleur de cette vague.
Les Sénégalais ne sont donc pas tous égaux devant la Covid-19 aussi bien du point de vue de leur manière de la gérer que de leurs moyens d’y faire face. De nombreuses vidéos encore une fois relayées par les réseaux sociaux nous peignent un tableau morose de la capacité de prise en charge de nos hôpitaux. C’est aussi le récit d’une accompagnante de malade de Covid-19, en attente de respirateur ou de réanimateur qui regarde impuissante sa belle-mère décéder suite à un défaut de place en réanimation au CHU où elle avait été évacuée en ambulance privée depuis une des nombreuses cliniques de Dakar. Je dirai plutôt hôtels médicalisés médiocrement équipés et en sous-effectif où vous attendez 2-3 heures que le médecin spécialiste en contrat avec l’établissement arrive entre deux consultations ailleurs. Ces cliniques privées comptent majoritairement dans la carte sanitaire de notre capitale malheureusement. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas ici le procès de nos vaillants médecins et autres soignants risquant tous les jours leurs vies pour sauver leurs compatriotes avec les moyens dérisoires dont ils disposent. Nous faisons juste un triste constat que près de 18 mois après le début de ce satané Covid et 1000 milliards plus tard, notre pays n’est pas prêt pour faire face à cette vague meurtrière et nous n’avons pas connaissance d’une stratégie de riposte pour stabiliser puis réduire la progression afin d’alléger la facture humaine.
Par peur d’un choc émotionnel en cas de non-respect du rite funéraire pour accompagner le défunt à sa dernière demeure et lui offrir des funérailles dignes, on multiplie les cas contacts et on se rend individuellement complice de la montée du nombre de nouveaux cas… Hélas, le temps d’une journée de deuil, puis vient la nuit, cette terrible chose qui te laisse seul avec tes réflexions pour résoudre les problèmes qui t’attendent le lendemain. Et on s’effondre de fatigue, de stress, de peur d’être contaminé, en espérant que demain ne nous annonce pas un nouveau décès auquel on devra encore sacrifier à la tradition. C’est comme ça et pas autrement, on se doit d’y être si Allah en a voulu ainsi.
Alors comme tout commence et finit par lui, prions-le pour que chaque pas contre la Covid-19 dans notre pays soit fait pour que les inégalités face à cette maladie se résorbent. Que chacun de son côté, chacun à son niveau fasse ce qu’il doit. Que le tout puissant Allah fasse que tous les fonctionnaires remplissent leur devoir envers les populations dont les impôts si nombreux assurent leurs salaires. Que notre Dieu rende chaque Sénégalais assez conscient du danger et assez patriote pour respecter tous les gestes barrières recommandés dans le but d’endiguer cette pandémie. Et enfin puisse-t-il pour rendre tout cela plus facile en continuant d’augmenter le nombre d’entreprises privées engagées auprès de l’État ainsi que celui des individus soucieux de leurs communautés pour soutenir la lutte contre cette pandémie venue nous rappeler que la santé publique est essentielle au développement de notre pays et de l’Afrique.
- Pour un meilleur Sénégalais -
Qu’Allah nous éclaire afin que nous nous libérions du poids de la fatalité et posions chacun à son niveau, les actes qu’il faut pour que la somme des petits maux insignifiants vus d’en haut ; mais que notre pays collectionne et qui lui donnent un taux de pauvreté supérieur à 50% ; soient résorbés. Ce sont ces nombreux maux qui nous handicapent et nous empêchent de remonter du bas de l’échelle dans le classement des pays selon le PNB par habitant. Je puis sans me tromper citer au premier rang la corruption à tous les niveaux qui gangrène notre pays et qui est devenue normale dans l’inconscient populaire. On n’est pas offusqué de payer un agent de santé assermenté pour qu’il vienne nous administrer le vaccin contre la Covid à domicile parce qu’on ne veut pas risquer de se faire contaminer en passant trois longues heures à faire la queue sous le soleil dans le centre de santé de son quartier, là où on n’avait jamais mis les pieds avant la Covid…. Je ne citerai que des exemples de corruption, d’abus de position dominante et de manque de patriotisme directement liés au Covid sinon en plus d’être hors sujet, on abuserait largement de votre patience. Des exemples bien à propos il y en a énormément d’ailleurs, mais le plus triste c’est celui du constat que les Sénégalais ont trouvé normal que la première dame use de sa position pour faire vacciner ses proches chez elle alors que seules les personnes âgées étaient autorisées à ce moment-là. Que ni les autorités compétentes en charge des vaccins ne l’aient déconseillé, que ni le personnel déplacé pour administrer les doses dans les jardins du petit palais de Mermoz n’ait refusé d’y aller et que pour couronner le tout, des personnes parmi les élues pour cette séance privée de vaccination n’en aient pas eu honte et ont oser en partager une vidéo pour s’en prévaloir… C’est à nul égal le pire exemple qu’on puisse donner pour montrer à quel point la corruption peut être devenue normale dans l’inconscient collectif… Qu’Allah nous en délivre.
Une fois le champion toutes catégories de cette longue liste de maux cités, nous pouvons énumérer les autres juste pour qu’ensemble nous fassions de cette période d’auto confinement, une période de recueillement et de remise en question pour aboutir à un mea maxima culpa et à la prise des bonnes résolutions pour qu’à la reprise de la vie normale, nous entamions un Sénégal qui marche progressivement vers un pays sans tous ces maux qui nous gangrènent. Que nous nous engageons déjà à mieux valoriser le travail de nos employés de maison ces femmes de ménage, ces chauffeurs, ces gardiens et toutes autres aides à domicile sans qui nous ne pourrons pas avoir la qualité de vie que nous avons et qui nous permettent de nous confiner dans nos salons climatisés, car assurent toutes nos petites courses et besognes. Que les nombreux investisseurs dans l’immobilier qui pendant cette pandémie qui a entraîné une crise économique sans précédent, continue de faire sortir de terre des immeubles cotés à des centaines de millions voire des milliards pour certains là où la part du salaire des ouvriers non protégés qui y travaillent jour et nuit est dérisoire. Hélas l’homme pour ces gens est moins important que les matériaux de luxe qu’elles ont acquis avec cet argent qu’on ne saura jamais tracer. Vous l’aurez compris, le second mal de notre société sénégalaise est lui aussi fortement lié à la corruption. Donc en seconde place c’est bien de l’exploitation des pauvres qu’il s’agit. On peut aussi l’appeler manque d’empathie et de considération pour son semblable.
Arrivent ensuite : la malhonnêteté, le manque de rigueur, le laxisme au travail, l’absentéisme, le goût pour le gain facile, le poids de la culture déformée au fil du temps par des pratiques de racket organisé par les femmes, la déscolarisation précoce des enfants, la démission des parents dans l’apprentissage des valeurs morales fondamentales, le mariage précoce des filles en milieu rural et le manque de respect de la chose publique.
Tout ceci a conduit à la situation de forte précarité que vit une grande partie de la population de nos villes pour qui leur mauvaise condition de vie les rendant encore plus vulnérables face à la Covid est normale… Ils acceptent le surpeuplement des maisons avec plusieurs familles se partageant une seule cour exiguë et une ou deux toilettes pour 20 âmes. Ils ont normalisé qu’aller travailler signifie être debout à 5 heures tous les matins et rentrer chez soi à 21 heures, laissant les jeunes enfants livrés à eux-mêmes étant donné que les mamans et mamies sont obligées d’avoir elles aussi une activité lucrative. Il faut arrondir les fins de mois donc elles ne peuvent plus se payer le luxe d’être mères au foyer… Pour ces travailleurs pauvres, la pandémie ne peut être taclée que par Allah, car ils sont entassés dans les transports en commun lorsqu’ils ne sont pas sur leur lieu de travail tout aussi risqué et sans aucun respect des mesures barrières par les entreprises qui les embauchent.
Prions donc que les résolutions que nous allons prendre après les blessures indélébiles que la pandémie nous aura laissées aboutissent progressivement à un changement radical de paradigme et laisse entrevoir l’espoir d’’un Sénégal et d’une Afrique meilleure.
Anne-Marie Mbengue-Seye est une experte en développement communautaire, en particulier dans les secteurs du financement et du soutien à l’autonomisation des femmes sénégalaises. Elle est titulaire d’un troisième cycle en Relations internationales du Centre d'Études Diplomatiques et Stratégiques de Paris ainsi que de deux Master’s en marketing et en qualité de services.
par Mamadou Abdoulaye Sow
SANDAGA APPARTIENT À LA VILLE DE DAKAR
Comment la commune de Dakar-Plateau est-elle devenue propriétaire du marché ? Pourquoi devrait-on prononcer le transfert d’immeubles d’une collectivité territoriale à une autre en l’absence de disposition de la loi ?
Conflit de droits réels sur le marché Sandaga : par quel procédé ou acte juridique le marché Sandaga a été transféré dans le patrimoine de la commune de Dakar-Plateau ?
Dans une intéressante réflexion publiée dans la presse, le Professeur M. Jacques Mariel Nzouankeu a fait part de ses « observations sur les limites de la compétence de l’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) en matière de marchés publics de travaux », à la suite de la décision no 059/2021/ ARMP/CRD/DEF du 5 mai 2021 dans laquelle l’ARMP se déclare incompétente pour statuer sur la question de savoir si la commune de Dakar-Plateau a le droit d’effectuer des travaux sur une infrastructure supposée être la propriété de la Ville de Dakar.
Nous partageons l’avis du professeur M. Nzouankeu lorsqu’il déclare : « il faut admettre que le droit de propriété d’une autorité contractante sur une infrastructure, objet du marché public, n’est pas dépourvu de tout lien avec la procédure de passation du marché ». En effet, qu’en serait-il si la Ville de Dakar avait déposé en même temps un dossier d’appel d’offre pour la rénovation du même marché ?
De notre point de vue, l’ARMP et la Direction centrale des Marchés Publics devraient s’intéresser à cette question de fond en prenant les dispositions leur permettant de s’assurer qu’une collectivité publique qui passe un appel d’offres pour des travaux sur un bien en détient la propriété.
La contestation des droits réels sur le marché Sandaga, objet de notre réflexion, appelle deux questions. La première : par quel mode d’acquisition la commune de Dakar-Plateau est-elle devenue propriétaire du bien immeuble de la Ville de Dakar ? La seconde : par quelle catégorie d’acte authentique le bien immobilier a-t-il été transféré en pleine propriété dans le patrimoine de la commune de Dakar-Plateau ?
La première question renvoie à l’entrée des biens immobiliers dans le patrimoine des collectivités territoriales selon les procédés de droit public ou de droit privé. La deuxième question renvoie à l’exigence d’un acte authentique pour justifier le transfert en pleine propriété des biens des collectivités territoriales.
L’entrée d’un bien immobilier dans le patrimoine d’une collectivité territoriale s’effectue soit à titre onéreux, soit à titre gratuit
Conformément aux dispositions légales en vigueur, une commune ne peut devenir propriétaire d’un bien immobilier que par la voie d’une acquisition à titre onéreux ou à titre gratuit. En effet, l’article 13 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) de 2013 précise que « le domaine public et privé d'une collectivité territoriale se compose de biens meubles et immeubles acquis à titre onéreux ou gratuit [i] ».
De cette disposition, il résulte qu’un bien immobilier appartenant à une collectivité territoriale ne peut être transféré dans le patrimoine d’une autre collectivité territoriale par la voie réglementaire, en l’absence d’une disposition expresse de la loi.
Au demeurant, même pour un bien de son domaine public qu’il a transféré ou un bien de son domaine privé qu’il a affecté ou cédé à titre onéreux ou gratuit à une collectivité territoriale, l’État ne peut exercer un droit de reprise de ses biens que pour des motifs d’intérêt général et, dans ces conditions, il est tenu de rembourser les impenses conformément aux lois et règlements (voir article 13 CGCT).
L’exigence d’un acte authentique pour justifier le transfert en pleine propriété des biens des collectivités territoriales
La question est de savoir par quel acte juridique le marché Sandaga a-t-il été transféré en pleine propriété à la commune de Dakar-Plateau.
Comme pour tout acte portant sur des droits réels immobiliers et conformément à l’article 383 du Code des Obligations civiles et commerciales (COCC), l’acquisition d’un immeuble immatriculé doit être effectuée « par-devant un notaire territorialement compétent sauf dispositions législatives ou réglementaires contraires. ».
En dehors des décisions de justice, on se demande si, en matière d’acquisitions immobilières des collectivités territoriales, l’acte notarié peut être suppléé par un acte authentique passé en la forme administrative [ii]. Se pose alors la question suivante : un décret ou arrêté portant dévolution (transfert) de patrimoine peut-il constituer un acte authentique d’acquisition d’un bien immobilier par une collectivité publique ?
En 2014, le gouvernement a pris le décret n° 2014-926 du 23 juillet 2014 fixant les conditions de dévolution du patrimoine et de redéploiement du personnel des régions et anciennes villes [iii], sur la base duquel fut pris, entre autres, l’arrêté n° 492/P/D/DK du 20 octobre 2014 portant dévolution du patrimoine et redéploiement du personnel de la Ville de Dakar aux communes du département de Dakar.
Les rédacteurs du décret se sont contentés de reprendre le dispositif du décret n° 2009-1267 du 13 novembre 2009 fixant les conditions de dévolution du patrimoine de collectivités locales modifiées [iv] », ainsi que celui du décret n° 2011-704 du 6 juin 2011 complétant les décrets portant création de communes et de communautés rurales en 2010 et 2011 et fixant les conditions de dévolution du patrimoine des collectivités locales. En lieu et place, ils auraient dû prendre exemple sur les dispositions du décret n° 2002-276 du 11 mars 2002 portant dévolution des biens meubles et immeubles et répartition des services et des personnels de l’ex-communauté urbaine de Dakar [v].
Le décret du 23 juillet 2014 souffre d’un défaut de base légale
L’actuel CGCT de 2013 ne prévoit la dévolution des biens d’une collectivité territoriale que dans ses articles 26, 79 et 289.
· Lorsqu’il y a fusion ou modification des limites territoriales d’un département, l’article 26 renvoie à un décret portant dévolution des biens.
· Lorsqu’il y a rattachement d’une commune à une autre, l’article 79 renvoie à un décret portant fusion ou modification des limites territoriales de la commune et le même décret « détermine expressément toutes les autres conditions y compris la dévolution des biens ».
De plus, l’alinéa 5 de l’article 79 prévoit un décret d’application non pris depuis huit ans, en vue de déterminer, notamment, « les conditions d'attribution soit à la commune ou aux communes de rattachement, soit à l'État :
- des terrains ou édifices faisant partie du domaine public ;
- de son domaine privé ;
- des libéralités avec charges faites en faveur de la commune supprimée ».
En cas de transfert de compétence qui entraîne la mise à disposition des biens meubles et immeubles, l’article 289 exige un décret de dévolution pris au vu d'un procès-verbal établi contradictoirement entre les représentants de l'État et les autorités exécutives locales.
Les dispositions rappelées ci-dessus sont applicables aux collectivités territoriales régies par le CGCT de 2013 (départements, nouvelles villes et communes) et non aux collectivités locales qui existaient sous l’empire du Code des Collectivités locales de 1996. Ainsi, aucune des dispositions de ces trois articles et en particulier l’article 79 ne peut servir de fondement au décret de 2014.
De l’analyse stricte des dispositions du CGCT, il s’en déduit que tout fondement du décret du 23 juillet 2014 est doublement contestable. Tout d’abord, parce que les dispositions transitoires et finales du CGCT de 2013 ne prévoient aucun décret fixant les conditions de dévolution du patrimoine des régions et villes supprimées. Ensuite, parce que les articles 26, 79 et 289 du CGCT de 2013 ne peuvent servir de fondement légal au décret, car leurs dispositions sont sans lien avec les collectivités territoriales de l’ancien Code de 1996 [vi].
À l’évidence, le décret du 23 juillet 2014 souffre d’un défaut de base légale.
L’arrêté n° 492/P/D/DK du 20 octobre 2014 n’a aucune base légale
Le renvoi à un arrêté pour fixer la dévolution des biens des régions et anciennes villes supprimées n’a aucune justification légale. En effet, aussi bien dans le Code de 1996 que dans celui de 2013, le législateur fait référence à un décret de dévolution et non à un arrêté portant dévolution.
Selon l’article 23 du Code du domaine de l’État, les acquisitions d’immeubles et de droits réels par l’État sont réalisées dans les formes et conditions déterminées par décret. Il devrait en être de même pour les collectivités territoriales.
Pour mémoire, l’affectation, le changement d’affectation et la désaffectation des immeubles mis à la disposition des services de l’État sont prononcés par décret (article 35 du Code du domaine de l’État). Pourquoi devrait-on alors prononcer le transfert d’immeubles d’une collectivité territoriale à une autre par arrêté du représentant de l’État en l’absence de disposition expresse de la loi ?
Au-delà de la légalité douteuse de l’arrêté préfectoral du 20 octobre 2014, on remarquera que ledit arrêté ne mentionne pas expressément que le marché Sandaga est transféré en pleine propriété à la commune de Dakar-Plateau. Au surplus, le silence de l’arrêté sur la part du patrimoine de l’ancienne Ville attribuée à la nouvelle Ville de Dakar pourrait signifier que tous les biens immobiliers de l’ancienne Ville de Dakar, non dévolus à l’une des communes du département de Dakar, sont demeurés dans le patrimoine de la Ville de Dakar créée sous l’empire du CGCT de 2013. Dans ces conditions, le marché Sandaga, qui ne figure pas parmi les équipements marchands dévolus à la commune de Dakar-Plateau par l’arrêté du 20 octobre 2014, reste la propriété de la Ville de Dakar et ne peut être revendiqué par la commune de Dakar-Plateau.
Conformément aux dispositions de l’article 381 du COCC, « l'acquisition du droit réel résulte de la mention au titre foncier du nom du nouveau titulaire du droit. Celui-ci acquiert de ce fait sur l'immeuble un droit définitif et inattaquable dont l'étendue est déterminée juridiquement et matériellement par les énonciations du titre foncier ».
Pour résoudre ce conflit de propriété, il convient donc de demander, sur réquisition expresse, au bureau de la conservation de la propriété et des droits fonciers de Dakar-Plateau de délivrer une copie de l'acte translatif de propriété inscrit et publié au livre foncier de Dakar-Gorée.
Ce qui semble avoir été fait par la Ville de Dakar qui, selon l’exposé des motifs de la décision no 059/2021 du 5 mai 2021 de l’ARMP, a produit à l’appui de sa saisine l’État de ses droits réels sur le marché Sandaga.
Ce conflit opposant deux collectivités territoriales prétendant avoir un droit réel sur un même bien soulève la question des relations entre l’État et les collectivités territoriales en matière de domanialité, question sur laquelle peu d’intérêt est porté.
Une réflexion nous paraît devoir être conduite sur le régime juridique applicable aux domaines des collectivités territoriales. Et cela en prenant tous les textes d’application du dernier alinéa de l’article 13 du CGCT qui dispose que « les règles relatives au classement, au déclassement, au transfert, à l’affectation, à la désaffectation et à l’aliénation du domaine d’une collectivité territoriale sont fixées par la loi ».
PS : article initialement publié en juin 2021 par Wal Quotidien et Daka
Notes de renvoi
[i] Il nous semble que le législateur du CGCT vise uniquement les modes d’acquisition du droit commun ignorant les acquisitions selon les procédés de puissance publique :l’expropriation, l’exercice du droit de préemption, l’acquisition de biens vacants et sans maitre.
[ii] Selon l’article 17 du COCC, « l’acte authentique est celui qui a été reçu par un officier public compétent instrumentant dans les formes requises par la loi ».
En France, le recours à l’acte en la forme administrative pour l’acquisition d’immeubles et de droits réels immobiliers ou de fonds de commerce est une procédure autorisée par l’article L. 1212-1 du Code général de la propriété des personnes publiques .
[iii] Le rapport de présentation évoque un décret qui a pour objectif « de définir les critères généraux de répartition du patrimoine ... ».
[iv] Décret pris à la suite de la réforme territoriale et locale de 2008 qui avait « pour objet de définir les critères généraux de répartition des différentes composantes de l’actif comme du passif des collectivités locales modifiées ou scindées en plusieurs entités ». Le même décret de 2009 prenait, également, en compte « le sort des collectivités locales modifiées lors de la réforme territoriale et locale de 2002 et dont la dévolution du patrimoine (était) toujours pendante en raison de l’absence d’une réglementation spécifique.
[v] L’article premier de ce décret dispose : « Tous les biens meubles et immeubles de l’ex-Communauté urbaine de Dakar, ainsi que les droits et obligations qui s’y rattachent, sont dévolus à l’Etat » et les biens immeubles étaient énumérés notamment les titres des cimetières catholiques de Bel Air, Yoff et Hann-Mariste et le titre du marché central au Poisson.
L’article 2 retient que « les immeubles du Building communal, des services techniques communaux et du Centre de Formation et de Perfectionnement du Personnel municipal sont rétrocédés à la Ville de Dakar, à leur valeur d’expertise » tout en donnant à la Ville de Dakar un délai pour matérialiser son option d’achat, avant qu’il ne soit procédé à la vente aux enchères publiques desdits immeubles.
Enfin, selon l’article 3, « les cimetières de Yoff, Bel-Air, Saint-Lazare et Hann-Mariste sont cédés au franc symbolique à la Ville de Dakar, leur territoire d’implantation. » avec l’obligation pour le maire de la Ville de Dakar de procéder à la mutation ou l’affectation des titres fonciers dans le domaine de la Ville » .
[vi] La suppression d’une commune n’est prévue qu’à l’article 74 qui dispose : « Lorsque , pendant quatre années financières consécutives, le fonctionnement normal d’une commune est rendu impossible par le déséquilibre de ses finances , sa suppression peut être prononcée par décret, après avis de la Cour suprême ».
DES VALEURS CARDINALES À L'ÉPREUVE DE LA DÉSUÉTUDE
Au Sénégal, fait-il remarquer, le « jom », le « kersa » et le « soutoura » apparaissent comme des valeurs immatérielles et cardinales indéniables. Hélas, elles sont aujourd'hui bafouées par la société
Les Sénégalais ont toujours été socialisés aux valeurs telles le « jom » (abnégation), le « kersa » (pudeur), le « ngor » (dignité), le « soutoura » (discrétion). Aujourd’hui, la société est à l’épreuve du changement. La pirogue des valeurs tangue dangereusement et on observe une déviance de ces normes qui ont toujours été une force.
De tout temps, le Sénégalais s’est distingué par sa discrétion, sa détermination, son abnégation, sa dignité, sa pudeur, sa personnalité. Des valeurs qui se transmettent de génération en génération, qui participent à singulariser le type Sénégalais et à faire de lui un modèle, une référence partout où il se trouve. Aujourd’hui, on assiste à un retournement de situation, matérialisé par une absence de discipline qui fait tanguer dangereusement la pirogue des valeurs.
Professeur de philosophie et Imam, Moussa Ndiaye soutient que ces valeurs assez « démocratiques » et « humaines » que tout le monde peut s’approprier, comportent des caractéristiques fondamentales, parce qu’étant relatives, rationnelles, immatérielles. Au Sénégal, fait-il remarquer, le « jom », le « kersa » et le « soutoura » apparaissent comme des valeurs immatérielles et cardinales que nul ne peut nier. « Ces valeurs, nous les avons héritées de nos ancêtres avant même l’implantation et/ou l’expansion de l’islam en Afrique de l’Ouest. Elles sont véhiculées aussi par l’islam ». Ce sont sur ces valeurs qu’était, jadis, bâtie la société traditionnelle sénégalaise, renseigne-t-il. L’arrivée de l’islam a considérablement consolidé ces acquis. Aussi, « ces valeurs étaient manifestes dans toutes les pratiques de notre vie quotidienne, que ce soit dans les relations humaines, le travail et le port vestimentaire ».
Dans le même registre, le docteur Djim Ousmane Dramé, chercheur au Laboratoire d’Islamologie de l’Ifan à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), soutient que ces valeurs tirent leurs sources de nos traditions, de nos pratiques sociales de référence, de nos habitudes et fondamentalement de notre religion. « Elles font partie de notre patrimoine historique voire même culturelle, des valeurs fondamentales du Sénégalais qui existe depuis longtemps dans ce pays et qui sont renforcées par les trois religions révélées que sont l’islam, le judaïsme et le christianisme qui militent et encouragent les gens à se comporter, à avoir ces valeurs-là », indique l’islamologue et chercheur à l’Ifan.
Ces valeurs sont déterminantes, selon le Professeur Moussa Ndiaye, puisque, fait-il savoir, « sans aucune volonté ferme, sans lois, sans morale, aucune société ne subsiste et n’est point durable ». Ces principes, selon Dr Dramé, ont une influence extrêmement importante sur nos comportements, nos manières de vivre, nos pratiques quotidiennes. « C’est cela qui différenciait le Sénégalais parce que si l’on retirait ces valeurs d’un individu, il ne resterait rien absolument », indique-t-il.
Pour le docteur Djim Dramé, ces valeurs ne sont pas comme un habit qu’on peut mettre ou ôter selon ses humeurs. « Ce sont des valeurs intrinsèques qui accompagnent l’individu partout où ils se trouvent. Elles ont toujours gardé leur quintessence. Le Sénégalais peut avoir des changements, mais ce qui était bon depuis mille ans le reste, ce qui était mauvais également », affirme le chercheur. Il est convaincu que l’homme est né saint. « C’est l’éducation et l’environnement familial qui vont déterminer sa formation religieuse, sa relation sociale humaine. Tous ces facteurs contribuent à faire de l’homme bon ou mauvais, mais ces valeurs-là restent les mêmes, ne changent pas. C’est l’homme qui change », indique-t-il.
Des valeurs rangées dans les tiroirs
Aujourd’hui, ces valeurs cardinales semblent bafouées, piétinées. Pour le Professeur Sara Ndiaye, Chef de section sociologie de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « nous sommes plus dans une production de la société avec plusieurs sortes d’étrangetés véhiculées par une culture d’extraversion de plus en plus manifeste que dans une reproduction sociale qui maintiendrait nos états sociaux et comportementaux ». Et au regard des faits divers quotidiens de cas de tricheries, de délits grossiers, de scènes obscènes, d’injures publiques et de refus d’observance des règles de toutes sortes, « c’est comme si le Sénégalais a maintenant horreur des interdits, de la loi, de la règle et de la norme », soutient-il.
Le docteur Djim Dramé pointe du doigt les parents. Selon lui, il y a un problème de transmission des valeurs, de père en fils. « Autant les parents, autrefois, se préoccupaient de l’enseignement, de l’éducation et de la formation de leurs enfants, autant on constate actuellement une certaine démission des parents de ce qui se faisaient auparavant », affirme-t-il. « Rares sont ces parents qui vérifient ce que leur enfant a fait dans la journée. Ils n’ont pas le temps de leur inculquer les valeurs familiales, religieuses et sociales. C’est ce qui pose problème avec comme conséquence directe la crise des valeurs », ajoute-t-il.
Pour le Professeur Moussa Ndiaye, « on assiste à la fin du processus de dégradation de la société, à une éclipse sans ambages du théologique, à un désenchantement spirituel au profit d’un mercantilisme exacerbé ». À son avis, « les sociétés de notre ère sont enclines à développer plus volontiers le volet matériel au détriment des valeurs comme le « jom », le « kersa » et le « sutura », bafoués et rangés dans les tiroirs ».
Une société, de l’avis du docteur Djim Ousmane Dramé, ce sont des rapports familiaux, sociaux, de vivre ensemble, de paix, de parfaite entente. « Si l’on retire tout cela de notre vécu quotidien, il ne restera absolument rien », assure-t-il. Le respect de ces valeurs, dit-il, ne dépend pas de la foi religieuse de l’individu. « Même si l’on n’est pas musulman, chrétien ou juif, on doit garder ces valeurs qui sont humaines avant d’être religieuses. C’est une responsabilité lourde pour tout un chacun, gouvernant comme gouverné, de travailler à ce que l’on puisse garder ces valeurs qui nous contrôlent dans nos sociétés », préconise-t-il. Il est, à son avis, plus bénéfique de miser sur la construction de l’homme. « Ce sera beaucoup plus bénéfique, durable et intéressant »…
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
AFGHANISTAN, L’INVASION DES BARBARES ET LE CAPITALISME DU DÉSASTRE
EXCLUSIF SENEPLUS - À croire que les Talibans sont des fous furieux prêts à dévorer crus femmes et enfants. Quel intérêt y aurait-il pour eux de paralyser un État désormais sous leur contrôle ?
Ce n’est pas pour rien que l’Afghanistan a été baptisé « le cimetière des empires » - Genghis Khan. L’empire britannique, l’Union soviétique, les États-Unis et l’OTAN aujourd’hui se sont tous fracassés les dents face à la résistance des farouches nationalistes Pashtun. Mais à voir cette débandade adroitement médiatisée, on finit par croire que les talibans (étudiants en théologie) sont les envahisseurs du pays et non des libérateurs déterminés (depuis 20 ans) à chasser les armées occidentales qui ont envahi et occupé leur pays.
Le plus bizarre, c’est bien sûr la fermeture précipitée des missions diplomatiques occidentales et l’évacuation des personnels par des héros pilotant des hélicoptères sans essuyer un seul coup de feu !….Parce que la guerre est finie. À croire que les Talibans seraient des fous furieux (terroristes) animés par une idéologie barbare (islamisme), prêts à dévorer crus femmes et enfants et à massacrer aveuglément diplomates et personnels des ONGs occidentales. Alors qu’ils ont gagné la guerre, alors qu’ils assurent la continuité de l’État et qu’ils seront en attente de reconnaissance internationale. Pourquoi s’attaqueraient-ils à des diplomates protégés par des traités internationaux ?
Ah j’oubliais, ce sont des « fous furieux ». On peut faire confiance à Hollywood pour un jour fonctionnaliser ce script : l’invasion des barbares.
Que le commandement des talibans proclame une amnistie pour tous les fonctionnaires de l’État et leur demande de reprendre le travail (le 16 août), cette décision nous est présentée comme une ruse. Mais quel intérêt y aurait-il pour eux de paralyser un État désormais sous leur contrôle ?
Que l’inquiétude soit réelle quant au sort des collaborateurs afghans et qu’il faille les exfiltrer, quoi de plus normal. C’est le lot de toute guerre. La Deuxième Guerre mondiale a vu son lot de "collabos" français éliminés sans autre forme de procès. Il faut donc impérativement les évacuer et leur accorder l’asile.
Quant aux larmes de crocodile à propos de la démocratie et des droits des femmes, elles ne font plus impression dès lors que ces mêmes yeux s’assèchent lorsque le regard est porté sur l’Arabie Saoudite ou chez les propriétaires du PSG ou de Manchester City. Pensez-vous ! la non-ingérence est la règle dans les relations internationales. Circulez, il n’y a rien à voir.
Les femmes afghanes quant à elles sauront s’organiser pour résister et faire avancer leurs droits en s’appuyant sur la solidarité internationale. Nul besoin de généraux pour ce faire. Mais diaboliser les talibans (extrémistes, terroristes, fous de Dieu) permet de présenter cette guerre comme « ingagnable » et de se retirer après 20ans. Or comme l’a magistralement démontré Naomi Klein dans la « Stratégie du choc » (ouvrage magistral que je recommande vivement), l’objectif de la guerre contre le terrorisme n’est pas de la gagner militairement, mais d’en faire une énorme machine à profit.
Au lendemain des attentats du 11 septembre, Georges Bush (président), Dick Cheney (vice-président) et Donald Rumsfeld (Secrétaire à la Défense) ont mis en œuvre une entreprise systématique de privatisations massives des domaines de la Sécurité intérieure et de la Défense, externalisant vers le secteur privé des fonctions de surveillance, d’interrogation de suspects, d’exploitations de systèmes informatiques, de robotique et de communication, de construction et de gestion des bases militaires y compris l’alimentation de la troupe (Mac Donald et Pizza Hut) et tous les services nécessaires (les fameux contractors). Ceci sans compter les armements, avions de combat, chars, navires de guerre, etc.
Ainsi que nous le révèle Naomi Klein, l’administration Bush affecta pour la seule année 2003 la somme de 327 milliards de dollars à des marchés passés avec le secteur privé. Halliburton, Boeing, Lockheed, Carlyle, Gilead et autres explosent en bourse, enrichissant au passage les actionnaires (dont Dick Cheney et Donald Rumsfeld, voir p.374/375). La guerre et la reconstruction deviennent ainsi des entreprises rentables. Ce que Naomi Klein nomme le « capitalisme du désastre », englobant gestion des épidémies (vaccins), désastres naturels et bien sûr la guerre contre le terrorisme « qui n’est circonscrit ni par le temps ni par l’espace ni par sa cible » (p362).
Joe Biden qui a un agenda monumental d’investissements sur les infrastructures, sur les plans économique et social sans compter l’impact de la Covid-19, a sifflé la fin de la récréation, surfant sur la lassitude des Américains. Sa réélection en dépend.
De toute façon, ces néoconservateurs ont les poches pleines et achètent en ce moment des actions Bigpharma à tout va.
Covid oblige.
par Couro Wane
ACHAT DE TENUES SCOLAIRES, RADIOSCOPIE D’UNE VRAIE-FAUSSE POLÉMIQUE
Le discours du Secrétaire Général du Cusems saluant la généralisation des tenues scolaires mais indiquant que celle-ci n’était pas une priorité est juste hors de propos. On ne peut vouloir le tout et son contraire
Depuis l’annonce faite par le gouvernement du Sénégal d’attribuer 30 milliards de francs CFA sur 3 ans au secteur de l’Artisanat pour la confection de tenues scolaires, une vive polémique s’est installée dans le débat public sénégalais sur la pertinence, l’opportunité et l’utilité d’une telle mesure dans ce contexte de crise économique liée à la Covid-19.
La particularité de ce débat réside dans les prises de positions incompréhensibles voire contradictoires de certains syndicats du ministère de l’Éducation nationale. Le hic ici, c’est que ce dossier ne relève même pas du ministère de l’Éducation nationale mais bien du ministère de l’Artisanat.
À entendre ces syndicats, il aurait été plus judicieux d’utiliser ce budget pour des infrastructures au profit de « l’Éducation nationale » notamment les abris provisoires. Cela n’a aucun sens ! Que veulent-ils enfin ?
Quelle est la situation ? Pourquoi la généralisation du programme de port de l’uniforme à l’école pose-t-il autant de problèmes à ces syndicats-là ? Et enfin pourquoi un programme dont le budget et l’exécution ne concernent en rien le ministère de l’Éducation nationale suscite-il autant de polémiques au sein dudit ministère?
Lors du Conseil des ministres du 24 mars 2021, le président de la République, Son Excellence M. Macky Sall rappelait au gouvernement, l’impératif d’asseoir l’Artisanat comme un secteur prioritaire vital, intégrateur des savoirs faire dans plusieurs filières (couture, cordonnerie, bijouterie, menuiserie-ébénisterie, poterie etc.) afin de l’ériger en secteur majeur, porteur de croissance forte et créateur d’emplois décents, pour les jeunes (notamment les apprentis) sur l’ensemble du territoire national.
À cet effet, le ministre de l’Artisanat dans le cadre du renforcement des mesures de soutien à l’employabilité des jeunes fut invité à présenter un projet spécial d’accompagnement et de promotion de l’entreprenariat des jeunes artisans recensés dans chaque filière avec comme instruction, l’allègement des procédures de formalisation, de formation rapide et de financement de ce secteur. Ce qui fut fait.
Lors du dernier Conseil présidentiel à Diamniadio, le président Macky Sall a annoncé une batterie de mesures pour relancer le secteur de l’Artisanat. Il en fit de même pendant sa tournée économique à Kaffrine où il annonçait déjà aux artisans l’effectivité prochaine du financement des tenues scolaires.
À travers le Programme d’Urgence de Financement de l’Emploi et de l’Insertion des Jeunes, les décisions suivantes ont été prises entre autres :
-l’attribution de 30 milliards de francs CFA sur 3 ans aux artisans pour la confection de tenues scolaires ;
-l’octroi des travaux de menuiserie (portes et fenêtres) sur le Programme des 100 000 logements aux artisans sénégalais ;
-l’exécution du plan de résorption des déficits des tables bancs par les menuisiers sénégalais ;
-la suspension en 2022 des importations de meubles de seconde main ;
-le recrutement de 5000 enseignants ;
Un dispositif tripartite a été mis en place par le ministère de l’Artisanat à travers sa Coordination du Programme de Mobilier National en charge de l’exécution des mesures concernant les tenues scolaires.
Celui-ci comporte trois acteurs : le ministère de l’Artisanat, maître d’œuvre du programme, la DER chargée du préfinancement des artisans et le ministère de l’Éducation nationale bénéficiaire in fine du programme.
Dans chacune des 14 régions du Sénégal, un comité technique composé du Gouverneur, du président de la Chambre des métiers, de l’Inspecteur d’académie, de l’Inspecteur de l’Éducation et de la formation statuant sur les questions suivantes :
-le recensement des besoins régionaux ;
-l’identification des artisans locaux ;
-l’élaboration du cahier des charges régional ;
À ce stade, il est très difficile pour le sénégalais lambda de comprendre la polémique suscitée urbi et orbi par les syndicats du ministère de l’Éducation nationale, sur ces tenues scolaires alors que le programme ne relève même pas de leur tutelle. C’est un faux procès intenté contre le ministre de l’Éducation nationale qui n’y est pour rien.
Beaucoup d’enseignants et de syndicats du ministère de l’Éducation nationale ont salué la généralisation des tenues scolaires dans les établissements. À juste titre.
Cependant ces rivalités intersyndicales obèrent les bonnes initiatives et portent préjudice au développement d’autres catégories socio-professionnelles.
Il n’en demeure pas moins que la polémique continue. Le discours du Secrétaire Général du Cusems saluant la généralisation des tenues scolaires mais indiquant que celle-ci n’était pas une priorité est juste hors de propos. On ne peut vouloir le tout et son contraire.
Dès lors, la question que tout un chacun se pose est la suivante :
Pourquoi ces syndicats s’échinent-ils à détruire et à vilipender un programme qui ne relève même pas de leur territoire ?
De plus, il me semble indécent au moment où nos artisans sont frappés de plein fouet par la crise économique induite par la pandémie que certains de nos compatriotes cherchent à leur ôter le pain de la bouche.
En tout état de cause, la Fédération des tailleurs du Sénégal et l’Union Fédératrice des Artisans du Textile très impliqués dans le processus, ne comprennent pas cette attitude de ces syndicats qui portent presse tous les jours.
En un mot comme en mille, cette polémique semble relever du dilatoire. L’école sénégalaise a certes d’innombrables problèmes à régler, mais faut-il pour autant occulter les autres aspects au-delà des infrastructures ? Parlons de l’équité sociale, des valeurs éducatives, du vivre-ensemble tels que les enseignants l’ont toujours prôné et dont la tenue scolaire est l’un des gages.
MES FILLES ONT GRANDI AVEC L’IDEE QU’IL N’Y A PLUS D’ETHNIES, IL N’Y A QUE DES RWANDAIS»
Quand les mots placardés sur un papier ne suffisent pas, il faut hurler. Quand ces cris sont accompagnés par la musique, ils deviennent plus audibles et agréables. Gaël Faye en est persuadé. En France où il fait danser les mots avec son orchestre, le Prix Goncourt du lycéen évoque avec Le Point Afrique sa musique, sa plume et ses envies.
Dans ses confidences, on retiendra la cause de son installation au Rwanda. «Je ne connaissais pas le Rwanda, le pays de ma mère, de ma famille réfugiée. J’ai commencé à m’y rendre après le génocide. Pendant des années, ce pays souffrait tellement. On se demandait même si ça allait être de nouveau un pays. Et puis, il a changé tellement vite. J’ai eu l’impression qu’un regard de vacancier ne suffirait jamais à le comprendre. Son histoire est si particulière : sur un territoire pas plus grand que la Bretagne, les anciens bourreaux et les anciennes victimes ont appris à cohabiter. Cela crée des histoires pas banales qu’un visiteur de passage ne peut pas saisir, ressentir. Il faut vraiment y vivre au quotidien», at-il expliqué dans un premier temps. Avant d’ajouter : «Ça m’a permis de mieux comprendre les rapports humains, lesquels étaient compliqués. Et je ne comprenais pas la génération de mes enfants, cette nouvelle génération post-ethnique. Elles ont grandi avec l’idée qu’il n’y a plus d’ethnies, il n’y a que des Rwandais. Chaque année, pendant les commémorations d’avril à juin, il est écrit partout dans le pays ‘’Génocide des Tutsis’’. Donc les enfants demandent : ‘’C’est quoi des Tutsis ?‘’ C’est un monde en mutation permanente, qui se cherche. On a besoin de regards d’artistes qui s’emparent de ces sujets, car c’est un cas unique au monde.»
Le Rwanda, une histoire d’amour et de fraternité
Dans un autre registre, le Rwanda, ce pays adoptif du slameur et non moins chanteur, présente des particularités autres que les considérations d’ordre familial. En effet, la femme de Gaël Faye étant Rwandaise, le slameur a voulu offrir à ses filles le sentiment d’appartenir à un pays. Elles ont des parents métis. «Ma femme est Francorwandaise. Mes filles sont Franco-rwandaises. Elles sont des métisses de métis. Je ne voulais pas que le Rwanda soit juste le pays du génocide pour elles, celui de leurs parents. Je ne voulais pas qu’elles en parlent avec des sanglots dans la voix. Mais qu’il soit aussi leur pays, comme la France. Certes il y a la grande histoire, mais il y a aussi tout le reste. En 1994, c’était un charnier, ce n’était plus un pays. Il n’y avait plus de Peuple, d’unité, de structures d’Etat. Il y avait des morts, des tueurs et des océans de larmes et de douleurs. Aujourd’hui, grâce à la génération de nos parents, de ma mère, on peut élever nos enfants et leur dire : c’est un pays. Ce n’était pas gagné. Quand j’étais enfant, le Rwanda était une utopie, un rêve. Mes oncles et mes tantes ont pris les armes pour reprendre ce pays qu’ils ne connaissaient pas. Toutes ces personnes qui ont grandi dans des camps de réfugiés, à qui l’on disait : ‘’Vous n’êtes rien, vous êtes apatrides, vous n’avez pas de pays...’’, elles tenaient à y retourner, ont payé un lourd tribut de souffrances. Mais aujourd’hui, le Rwanda reste un pays, avec ses défauts et ses qualités. En l’espace d’une petite vie comme la mienne, c’est déjà beaucoup d’avoir assisté à toutes ces étapes», a-t-il détaillé.
La renaissance après le confinement
Revenant sur la pause forcée par la crise sanitaire qui secoue le monde, Gaël Faye estime que le fait de rejouer est une «renaissance», pour la simple et bonne raison que «j’ai l’impression qu’ils vivent le concert avec davantage d’intensité. Chaque soir est vibrant, vivant. Je me sens encore plus en symbiose avec le public qu’avant. De plus, j’ai agrandi mon équipe scénique. Samuel Kamanzi (chanteur/guitariste rwandais-congolais, Ndlr), mon voisin à Kigali, nous a rejoints sur cette tournée. Ainsi, nous pouvons jouer sur scène des morceaux en lingala, en kinyarwanda, en swahili avec des influences de rumba congolaise… Je propose en live davantage de facettes de ma musique. Tous ces éléments font que je passe un très bel été, très fort, particulier».
Une musique codée qui casse les codes
Ayant l’habitude de se définir comme un enfant «du foisonnement», du fait de sa double culture, Gaël Faye présente son identité dans sa musique. C’est un mélange de sonorités africaines avec une prédominance de la rumba. A la question de savoir comment il s’y entreprend, le slameur déclame sa réponse comme suit : «Ça s’effectue de façon fluide et naturelle. Nous avons créé la musique avant de mettre des mots, du sens. Le studio est un laboratoire. Avec Guillaume Poncelet, claviériste et trompettiste, nous avons passé des mois à chercher, élaborer les morceaux : ça pouvait partir d’une rythmique, d’une boucle de piano, d’une mélodie qui me trottait dans la tête… Je n’ai pas de cahier de charges. Je ne me dis jamais à l’avance je vais faire un morceau rumba ou hip-hop...». «Et puis, chaque collaboration amène une couleur différente à chaque morceau - ici Mélissa Laveaux, Harry Belafonte, Samuel Kamanzi… Le guitariste congolais Tibass Kazematik a aussi apporté de nombreuses idées. Ensuite, c’est à travers mes textes, le mixage, l’agencement des titres les uns après les autres que s’établit la cohérence de l’album. Certains morceaux se répondent, ont des correspondances, des résonances. Le tout forme une histoire.» Anti-conventionnel, Gaël Faye invente à bouleverser les codes tout en se référant à l’essentiel. En d’autres termes, «à Bujumbura, dans le quartier populaire de Bwiza, on avait l’habitude le lundi soir d’aller en boîte de nuit, Le 5 sur 5, pour braver l’interdit, les normes. C’était une façon d’éviter le cafard du dimanche soir. Le lundi passait plus vite, et on sortait en club de minuit jusqu’à l’aube. Ça crée une résistance à ces conventions, lesquelles voudraient que l’on fasse la fête uniquement le week-end. Et ça confère une aura de courage à ceux qui font ces lundis méchants».