René Lake analyse sur VOA, le départ de l'armée américaine de Kaboul après 20 ans de guerre. Une situation qui a pavé la voie aux talibans désormais au pouvoir dans une atmosphère de chaos
René Lake analyse sur VOA, le départ de l'armée américaine de Kaboul après 20 ans de guerre. Une situation qui a pavé la voie aux talibans désormais au pouvoir dans une atmosphère de chaos.
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LA DÉBANDADE AMÉRICAINE EN AFGHANISTAN
Au menu de Point USA cette semaine : les dernières manoeuvres des États-Unis à Kaboul, le sort du plan d'infrastructure de Joe Biden, le péril climatique annoncé par le Giec et les mésaventures d'Andrew Cuomo et du prince Andrew
Afghanistan, face à la progression accélérée des talibans qui s’approchent de Kaboul, les Etats-Unis envoient 3000 soldats pour évacuer une partie du personnel de leur ambassade, et aider les forces américaines à terminer leur retrait à la fin du mois.
Le sénat adopte, lors d’un vote bipartisan, la première phase du plan d’infrastructure de Joe Biden, mais il faut l’aval de la Chambre pour que sa victoire soit complète.
Réchauffement climatique : l’ONU lance un cri d’alarme au monde : agir aujourd’hui ou vivre dans un enfer demain.
La triste fin des deux Andrew : le gouverneur de NY, Andrew Cuomo préfère démissionner, alors que 11 femmes l’accusent de harcèlement, et le Prince Andrew est attaqué en justice pour abus sexuel sur une mineure dans l’affaire Epstein.
Rubrique variétés : La femme d’affaires Martha Stewart s’allie avec le rappeur Snoop Dogg pour vendre des bonbons pour les chiens.
Nouvelle édition de Point USA, une émission hebdomadaire qui s’adresse plus particulièrement à un public francophone et francophile, avec pour objectif de discuter en français de l’actualité américaine en compagnie de René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur juridique à Bakersfield, en Californie, Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain et avec la légende du monde radiophonique Georges Collinet. La présentation est assurée par Claude Porsella et la réalisation et le montage par Serge Ndjemba.
LES DAMNÉS DE LEUR TERRE, par Elgas
DÉSIRÉ BOLYA BAENGA, L’ASIE MAJEURE ET L’AFRIQUE MINEURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il semble que beaucoup d’esprits africains n’ont simplement pas les moyens de leurs ambitions. Et ce que cela peut coûter pour qu’ils les aient, n’est rien de moins, qu’une renonciation synonyme de compromissions
C’est dans une rue du quartier de la Bastille, un jour d’été de 2010, que le corps sans vie de Désiré Bolya Baenga a été retrouvé. Les rues de Paris, on le sait, enterrent leur lot d’infortunés, dans un relatif anonymat. Mais de là à être, pour celui que nombre de professionnels avertis du monde littéraire et intellectuel appelaient le « meilleur de sa génération », la tragique scène de fin de piste, personne n’aurait pu y croire. Le choc et l’effroi demeurent d’ailleurs, aujourd’hui encore, intacts. Plus vifs encore lors de ses obsèques, où proches, incrédules, admirateurs, se sont pressés pour saluer une dernière fois l’ombre de la longue silhouette de cet écrivain tempétueux.
Une mort brutale
Au micro ce jour-là, pour prononcer l’éloge funèbre, l’aîné et le mentor de toujours : Elikia M’bokolo, normalien et historien devenu l’incontournable Mémoire du continent sur RFI. Les deux amis partagent le même Congo, le goût pour les choses de l’esprit, une réelle complicité intellectuelle, une admiration mutuelle. Et dans les mots sublimes du frère aîné se mêlent tendresse, amitié, récit d’une vie heurtée, d’une trajectoire singulière. Le vocabulaire choisi est plein d’empathie, d’amour, d’une verve presque joyeuse qui défie la catastrophe de la brutalité de sa mort. Une lumière s’allume dans les mots pour dompter l’obscurité du deuil. Pourtant, dans l’assemblée, tout le monde ne réussira pas à dominer la douleur. Au milieu des sanglots, Rahmatou Keïta, journaliste et réalisatrice nigérienne, et amie du défunt, garde en mémoire un épisode déchirant, lorsque la tante de l’écrivain confie, dans un murmure de douleur, que Bolya a quitté sa mère à 18 ans, et qu’elle ne l’a jamais plus revu jusqu’à sa mort. Il avait 53 ans.
Les Baenga sont une famille qui compte dans l’histoire récente du Zaïre. Désiré Bolya Baenga est le fils de Paul Bolya, compagnon de Patrice Lumumba et de la libération congolaise, tour à tour ministre, sénateur, personnage de premier plan. Le bain intellectuel est, comme par évidence, le premier environnement du jeune Bolya. Fort de ses aptitudes intellectuelles bien réelles, précocement perçues, et sous les conseils d’Elikia M’bokolo, ami de sa sœur, il le rejoint plus tard à Sciences Po, la prestigieuse adresse de la rue Saint-Guillaume où l’historien est professeur. L’école, elle n’est plus à présenter ; elle produit une élite promise à de beaux destins professionnels. Le jeune homme y est admis au mérite, et sous l’aile protectrice du guide, il intègre ce temple où les Noirs ne sont pas très nombreux. Il découvre dans la foulée Paris, les splendeurs germanopratines et les mythes mondains qui s’y attachent. Il montre une certaine inclination pour le dandysme, perceptible dans sa mise très tôt soignée. Avec la culture acquise dans ce creuset, de plain-pied dans les débats majeurs de l’époque, Bolya qui a gardé un attachement à son Congo et à son Afrique, semble pourtant renoncer aux grandes carrières tranquilles qui l’attendent pour un rêve secret qui l’habite et l’emporte.
Elikia M’bokolo se souvient dans son éloge et le déclame : « ta route semblait tracée. Quelques concours encore, deux ou trois diplômes supplémentaires en poche, et c’était une carrière tranquille et assurée de bon technocrate dans quelque administration ou banque prestigieuse. Mais non ! c’était mal te connaître. Car tu avais d’autres rêves ! Les livres, écrire des livres. Écrire et publier… » Comme une énergie mystique, son amour pour l’écriture triomphe donc et quelques missions de consultance le maintiennent à flot. C’est un attelage qui convient à son tempérament de bretteur, d’éditorialiste, d’écrivain en devenir qui s’aménage du temps pour crier ses blessures à la face du monde. C’est donc décidé, ce sera l’écriture, ses fragilités, sa cruauté. Tant pis si ça ne paie pas et que les rues de Paris comme de Kinshasa sont peuplées de dandies fauchés.
Entrée fracassante en littérature
En 1986 paraît son premier livre, Cannibale. La rhétorique est ténébreuse et la brutalité absolue. Le champ lexical des expressions est un nappage malodorant : sauvagerie, bêtise humaine, tribalisme, dictateurs sanglants… On y sent des inflexions Conradiennes digne d’Au cœur des Ténèbres, ou encore plus explicitement LeNègre de Narcisse, dans la violence sombre de l’atmosphère générale qui dénonce les corruptions, les hommes de pouvoirs, les réalités africaines mal dégrossies, le peu d’égard pour la vie humaine et l’horizon résolument sombre du continent. Le titre annonce le vertige du gouffre et les mâchoires de la bête humaine, ici africaine. Le texte est habité, palpitant, étouffant même. Tantôt dans les accents du Voyage au bout de la nuit de Céline dans sa parenthèse africaine, tantôt ceux de À la Courbe du fleuve de V.S Naipaul. Toujours le même tableau noir qui étreint le lecteur parfois jusqu’à le broyer. L’Afrique que Bolya donne à voir n’est en effet pas enchanteresse, mais il y applique déjà la mesure du talent qui le caractérise. Et le destin, comme complice, est avec lui, car pour un coup d’essai, c’est un coup de maître : Cannibale est couronné par le Grand prix littéraire d’Afrique noire. Sa maestria a conquis le jury du prix : une liberté de ton, une culture, déjà une certaine intransigeance, et le regard du réel jusqu’à la nausée, malgré l’étiquette fictive et l’identité romanesque du livre. Jean McNair note d’ailleurs ceci, à la fin de sa recension du livre dans la Revue Présence Africaine : « Ce livre trouble. Il ne laisse personne indifférent. Il choquera certains et donnera lieu à des critiques. En fin de compte, ceci est, peut-être, sa vraie force ».
C’est le début d’une ascension, avec une certaine reconnaissance, même parcellaire. Le prix de l’ADELF (Association des écrivains de langue française), malgré les critiques sur ses ombrages coloniaux, restait à l’époque respectable. Bolya en étrenne les retombées qui pavent un peu plus la voie à son rêve d’écriture. L’homme est resté chic, élégant et bien mis. Comme un autre dandy du quartier de Saint-Germain, l’égyptien Albert Cossery. Ils partagent le goût des petites gens. Celui de la paresse aussi ? On ne saurait dire. Cette réception prometteuse n’est en revanche pas la garantie de conditions matérielles plus confortables. Les témoignages sont assez unanimes : Bolya tire le diable par la queue et le nom ne fait pas encore la renommée ni la fortune.
La solitude des exilés africains des Lettres
Si la création est solitaire de nature, la solitude plutôt aiguë, voire l’esseulement, seront le sceau de sa vie, assez rapidement du reste. Il en fait l’expérience dans une réclusion symbolique, parfois contrainte, qui est le lot de beaucoup d’auteurs. D’autant plus dans les années 80/90, période charnière pour nombre de jeunes écrivains et intellectuels africains formés en France. Les structures à matrices idéologiques comme la FEANF (Fédération des étudiants d'Afrique Noire en France) et l’énergie folle de la période qui présida aux indépendances se sont essoufflées. Il ne semble plus y avoir d’épopée collective. L’Afrique est écrite par ses fils, lointains, et très souvent dans la tonalité du malheur. Les groupes, les revues, les clubs, se disloquent, et le désenchantement s’empare des œuvres. Depuis Kourouma, et le Soleil des indépendances, cette veine de la désillusion reste un registre dominant, d’autant plus pendant ces décennies du chaos dans le continent. L’éloignement dû à l’exil, le peu d’ancrage local, éparpillent les écrivains dans le paysage. Un peu fantômes, sans réelles attaches, avec la nostalgie et la mélancolie comme seules ressources pour accompagner les cris souvent vains en direction de leurs peuples. Abdoulaye Gueye, chercheur sénégalais, avait fait la cartographie des intellectuels africains dans les années 50 - 70 (2002) en se focalisant sur les matrices communes. Les sujets étaient fédérateurs. Mais plus tard, on constate, en remontant à cette période qui suit et qu’a bien connue Bolya, la solitude de ces intellectuels, leur déracinement jamais soigné, et leur difficile, voire impossible, ancrage en France, sous peine de pactiser avec le bourreau dans les consciences. Des valeurs refuges se créent : une migritude par exemple, concept qu’a tenté de saisir Jacques Chevrier, avec son lot de questionnements, de déchirements ; un label qui regroupe des esprits qui avaient d’autres ports d’attache idéologiques que la négritude ou même le panafricanisme.
Le destin des écrivains s’en trouve fatalement impacté. Dans ce temps, les tiers-mondistes, sur l’échiquier gauche de la politique en France, tiennent le haut du pavé. Et l’africanisme se cherche encore une nouvelle légitimité depuis que la situation coloniale a été débusquée par Balandier. Comment donc mener une vie intellectuelle libre, au-delà des chapelles, en surplombant les problématiques matérielles que pourrait résoudre l’appartenance à un clan ou à un autre ? Bolya a semble-t-il fait son choix : celui de l’indépendance. Le fils de Paul Bolya ne s’aliène même pas les idées en vogue du panafricanisme de l’époque dont son père fut un chantre, et dont les versants afro-centristes séduisent et deviennent un paradigme fédérateur d’élans. Pas plus qu’il n’est émerveillé outre mesure par les solides attaches qu’il noue à Saint-Germain, avec le risque de Jeandarquisme ou de francophilie galopante comme dirait Romain Gary. Ça lui aménage par conséquent un espace étroit pour épanouir son œuvre. Porté sur la fâcherie facile, irréductible dans son refus des compromissions, « sédentaire de l’éthique » en toutes circonstances, il se construit un îlot aux saveurs de martyrs et se met à dos des amis. Malgré tout, reste le goût âcre de la terre-Mère, au loin, et M’bokolo se souvient toujours dans une tonalité plus nostalgique : « Et nous sommes là, tous, à courir, à courir après le quotidien et ses urgences, au point de ne plus penser à ces instants simples et tranquilles, passés ensemble au commerce des nôtres, pourquoi pas autour de quelque dive bouteille de ces bons vins de France. »
L’Asie, le Japon : la référence
En 89, le mur de Berlin tombe. Il consacre une nouvelle ère. Chez beaucoup d’intellectuels africains, le marxisme est triomphant. Il a fait école. Au lieu de s’emprisonner dans la dualité de ces blocs qui survivent et dont l’hégémonie aliène le continent, Bolya fait un pas de côté. Il s’émancipe de cette vue duelle. Pourquoi pas s’inspirer du Japon ? Le pays du Soleil Levant a réussi des prouesses économiques, et s’est hissé, avec une célérité inouïe, à la tête des pays riches. La trajectoire éblouit Bolya. Il en fait un livre, l’Afrique en Kimono, repenser le développement (1991) où il exhorte le continent à s’inspirer du géant nippon. L’essai est original, il ne ménage pas un occident qu’il traite de « totalitaire ». Il lui reproche son mépris, sa demande incessante aux peuples d’adopter son modèle comme le seul qui vaille. Il remonte le fil de ce miracle japonais, qui a réussi à se moderniser sans renoncer à son identité culturelle. Voilà donc pour Bolya l’exemple type. Le développement ne requiert pas la négation de soi, et le Japon en est la parfaite illustration. L’essai est documenté, bardé de références éloquentes. Il part en effet d’articles dès 1913 d’un pasteur malgache Ravelojoana, père du nationalisme de l’île, qui a précocement pressenti cette inspiration. Âpres l’hommage à cette prémonition des pionniers de la grande île africaine qui fait écho à la morphologie insulaire japonaise, l’Afrique en Kimono est à la fois une critique acerbe des prétentions développementalistes de l’Occident, mais aussi une analyse fine des forces en présence, qui ne ménage pas, entre autres, les islamistes que l’auteur assimile à des idiots utiles de l’occident.
Cette ode au Japon ne manque pourtant pas de défauts à l’examiner en profondeur. L’auteur y passe très vite sur les démonstrations, et ne donne pas à voir le réel état des transformations au Japon. Parfois les scansions prennent le pas sur les analyses, sans esquisser les conditions de possibilité de cette transposition en Afrique, d’autant plus que le Japon et l’Afrique ne partagent pas forcément une familiarité évidente. Mais l’essai est séduisant et convainquant. En brocardant l’idée en vogue du développement comme condition de sortie de la misère, avec l’idéologie libérale qui la porte et la verticalité des injonctions envers l’Afrique, l’auteur est en avance de 20 ans sur des débats sur le « modèle » à suivre. On a tous en tête l’exemple, souvent cité pour accabler l’Afrique, de la Corée du Sud qui avait alors le même niveau que beaucoup de pays africains pendant les indépendances et dont l’économie aujourd’hui pèse plus lourd que nombre de pays réunis. Cet exemple résonne dans le tropisme de Bolya, dont l’œuvre porte cette inclination vers l’Asie majeure, lui qui écrira un autre livre sur le Japon L’Afrique à la japonaise. Et si l’Afrique était si mal mariée ? (1994)
Avant sa mort, Bolya a sans doute vu un autre géant asiatique, plus impérial, faire sa ruée vers l’Afrique, la Chine. Sans doute a-t-il lu l’essai de Tidiane Ndiaye, Le jaune et le noir (2008), qui dresse une longue chronologie, qui n’est pas faite que de romance, des relations méconnues, mais bien réelles entre l’Asie et l’Afrique. Bolya aurait-il rectifié sa copie ? Rien n’est moins sûr. Sa critique généreuse, souvent juste, ainsi que sa personnalité hostile au compromis font de lui un homme à part, reconnu, mais redouté, qui croit en la sacralité de l’éthique. Plusieurs fois, les appels à s’assagir, à intégrer des cabinets plus douillets, se sont fait pour lui qui a partagé sa vie entre Montréal et Paris. Il a toujours opposé un refus au risque parfois de se complaire dans une posture du rebelle ultime, même si à bien y regarder, on pourrait saluer cet acharnement principiel. Dans son éloge, M’bokolo le disait : « Tous ces livres, c’est vraiment toi, avec ce soin que tu as sans cesse mis à ne jamais être captif, ni d’un genre, ni d’un style, ni d’une forme, ni d’un lieu ». Il a cultivé aussi, dans le site Afrik.com, un art de la chronique, du billet politique sur le monde, où l’on retrouve une diversité de sujet, dont l’attachement à Haïti et des réactions sur le vif sur la marche de la planète. Un exercice journalistique qui ne lui rapportait rien, sinon un pécule modeste, mais aussi le maintien d’une régularité dans l’écriture.
Une large palette : pionnier du roman policier en Afrique
On peut vite oublier, à trop se focaliser sur l’essayiste, le romancier. Avec Cannibale, cette fibre était déjà présente, mais c’est dans la Polyandre (1998) et dans Les cocus posthumes (2001), publiés chez le Serpent à Plumes, son dernier éditeur, qu’il devient selon les mots de Rahmatou Keïta, « un précurseur du roman policier, avec un goût réel de la métaphore ». Ces romans sont d’ailleurs salués et étendent la palette de la création de cet auteur inclassable, mais immanquable, et qui est l’un des rares de sa génération à naviguer de genre en genre sans perdre de sa superbe. Les romans policiers n’ont pas bonne presse sur le continent et ce n’est pas un genre à la mode. On s’en détourne volontiers comme si c’était un registre mineur. En y faisant une incursion, Bolya mène sa carrière littéraire – stabilisée, avec un bon éditeur – sans la folie de la gloire, mais dans un cercle où son savoir-faire est salué.
Toujours chez le Serpent à Plumes, comme si le constat d’échec du développement africain était consommé, et que les invitations à marcher sur les pas du Japon étaient des cris dans le désert, Bolya commet un autre livre, plus à charge, l’Afrique, le maillon faible (2002). Le propos est sans détour et les responsabilités sont situées sans ménagement. Le titre est comme une épitaphe. De cette œuvre globale en construction, émerge une colonne vertébrale assez claire : une exigence, un engagement, une intransigeance, des excès, des obsessions, mais aussi en annexes, la cause des sans-grades, un amour de la femme, de la féminité, de la cause des femmes, victimes en premières lignes de toutes les hégémonies traditionnelles et des violences de la guerre moderne. Un amour des femmes, qui est aussi de la gratitude, pour celles qui l’ont élevé, celles qui l’ont aimé, le long de sa vie.
Amour qu’il confirme dans La profanation des vagins (2005), qu’il dédie à sa fille, son grand amour. Un livre de dénonciation des crimes de guerre, militant et désabusé, mais à l’épaisseur politique incontournable et à l’envergure qui parcourt les guerres de son temps. Un livre qui a peut-être marqué et inspiré le gynécologue, prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, l’homme qui répare les femmes, dans cette sale guerre du Congo. Une œuvre donc globale qui se présente sous la forme d’un cri, avec du panache, mais qui n’a jamais eu un écho à sa mesure. Et comme toujours, in petto, ses détracteurs confient leurs griefs : une âme chagrine, frustrée. C’est sans doute un peu vrai. Pouvait-il pour lui en être autrement ? Dans un ouvrage publié chez Mémoire d’encrier, son ex-compagne Françoise Naudillon, a rassemblé les textes de ses amis en reprenant comme titre un de ses leitmotivs : Nomade cosmopolite, mais sédentaire de l’éthique (2012). Un parfait résumé de cet esprit, difficile à emprisonner, papillonneur et ouvert aux vents du monde. L’affection remplit ces pages d’hommage, avec une facture intimiste qui les rend à la fois authentiques et touchantes.
La mémoire d’un continent
Aujourd’hui encore, partir sur les traces du legs de Bolya, c’est être confronté à un silence, un silence malaisé. Comme s’il y avait à la fois trop et trop peu à dire sur les déboires de sa fin tragique. Cette mort brutale dans les rues de Paris, pour lui qui se savait « condamné » selon les mots de M’bokolo, donne à voir une antichambre misérable, de réclusion, condition de beaucoup d’esprits africains vivant en occident. Dans la foule anonyme de ces manteaux faits homme, de ces piliers de bar, de ces esprits lumineux, dans ces beuveries et ces gueuletons, peut-on compter tous ceux dont on se prive de l’intelligence ? Ceux qui sont à contre-emploi ? On pourra bien, à loisir, ratiociner sur une malédiction, une infortune, mais la réalité est bien plus cruelle : il semble que beaucoup d’esprits africains n’ont simplement pas les moyens de leurs ambitions. Et ce que cela peut coûter pour qu’ils les aient n’est rien de moins, qu’une renonciation synonyme de compromissions. De ces ambitions déchues, il ne reste parfois que des barouds d’honneur, tantôt sublimes, tantôt tragiques. À la loterie de ce destin, Bolya n’a pas tiré le bon numéro, mais son œuvre, elle, lui survit et rayonne vivement sur le monde intellectuel pour ceux qui se donnent la peine d’aller les chercher. Du fond de son malheur, c’est un écrivain comme l’a si joliment résumé Françoise Naudillon « fidèle, loyal, à ses amis et à lui-même ». Si le martyre est bien souvent une posture, on peut trancher rapidement qu’il a un goût héroïque à n’en pas douter chez Bolya. Dans son œuvre, sa vie, ses obsessions. Une mort et une vie, loin de sa terre natale qu’il a quittée jeune et qu’il a retrouvée dans un cercueil. Comme un symbole d’un déchirement irréversible.
Ce texte fait partie des "Damnés de leur terre", une série proposée par Elgas, publiée une première fois sur le site béninois Biscottes littéraires, en décembre 2020. Elle revient sur des parcours, des destins, vies, de cinq auteurs africains qui ont marqué leur temps et qui restent au cœur de controverses encore vives. Axelle Kabou, Williams Sassine, Bolya Baenga, Mongo Béti, Léopold Sédar Senghor. La série est une manière de rendre hommage à ces auteurs singuliers et de promouvoir une idée chère à Elgas : le désaccord sans l’hostilité, comme le fondement même de la démocratie intellectuelle et littéraire.
Le prochain épisode est à lire sur SenePlus lundi 23 août.
ALPHA AMADOU SY, PENSEUR TRANSDISCIPLINAIRE
Maître en philosophie, il a été professeur et formateur de 1981 à 2016. Son éloquence et son élégance résonnent comme une source d’inspiration pour les épris de culture
Une figure si inspirante. En tant que président de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture (Cacsen) et Administrateur de la Saint-Louisienne de la culture et de la recherche (Scr), le Professeur Alpha Sy enseigne le monde à travers ses chefs-d’oeuvre qu’il a mis du temps à produire avec brio. C’est un auteur bien inspiré. Un écrivain qui se livre régulièrement à une méditation transcendentale, transdimentionnelle.
À travers des figures de style, il fait voler haut le verbe (pas toujours), tout en séduisant ce parterre d’intellectuels qui viennent d’horizons divers pour suivre religieusement son raisonnement discursif, son argumentaire.
Le Professeur Alpha Amadou Sy ne passe pas inaperçu dans la capitale du Nord, où il a l’habitude d’animer des conférences, des colloques, des séminaires, à l’Université Gaston Berger, à l’Institut français, dans les différents lycées et collèges du centre-ville. Il est sollicité constamment et de toutes parts pour des productions intellectuelles.
Ce qui est remarquable dans sa façon particulière de communiquer, c’est qu’il évite à tout prix de developer un langage ésotérique. Ses explications sont claires, limpides, enrichissantes et accessibles à tout le monde. Souvent, il a le souci de tenir compte du niveau d’études de ses admirateurs, pour se rabaisser à leur niveau, en vue de leur inculquer le savoir et les connaissances dont ces derniers ont besoin pour faire face aux affres de cette vie qui devient de plus en plus difficile. Ses techniques de communication s’articulent autour de la pédagogie et de l’andragogie (Science et pratique de l’éducation des adultes).
Auteur d’une quinzaine de livres
Il est né à Saint-Louis, ville qu’il n’a quittée que pour faire ses études à l’Université de Dakar et à l’Ecole normale supérieure. Ancien élève du lycée Charles de Gaulle, il est titulaire d’une maîtrise en Philosophie, d’un Cs en sociologie et d’un Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire.
Le Professeur Alpha Sy est auteur d’une quinzaine de livres qui se caractérisent par leur approche pluridisciplinaire. Il s’est évertué à écrire sur les expériences démocratiques en cours en Afrique, sur des questions esthétiques et anthropologiques.
Faute de savoir pourquoi résumer tel livre et pas un tel autre, il nous fait remarquer qu’il met à profit la théorie de la connaissance, considérée comme la matrice du mode de pensée philosophique. Cela, dit-il, pour questionner les discours et les pratiques des hommes. «La philosophie, qui a renoncé à ses visées hégémonistes, est assez outillée pour ce type d’investigation dont l’avantage est de nous mettre à l’abri de l’académisme. Celui-ci pèche par les frontières, parfois trop rigides, qu’elle instaure entre les différents continents du savoir», analyse l’écrivain.
Créer des espaces d’expression culturelle
Alpha Sy a toujours pensé qu’il ne suffisait pas d’écrire. Il est bon aussi de créer des espaces d’expression culturelle. Dans cet esprit, il a eu à diriger, pendant une bonne dizaine d’années, le comité de pilotage, sous l’égide du Cercle des écrivains et poètes de Saint-Louis, de la Fête internationale du livre de Saint-Louis et de son festival de poésie.
Depuis 2011, ses Doyens lui ont fait l’honneur de le porter à la présidence de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture qui a organisé, entre autres, des caravanes littéraires et colloques internationaux. Il a aussi engrangé une petite expérience, en tant qu’initiateur, avec l’Institut français de Saint-Louis, de café philo et de Nuit de la Philosophie.
Selon le Professeur Alpha Sy, la contribution de la philosophie peut être immense. «Ce contexte de la pandémie offre – malheureusement pas du tout alors à moindre frais – à ce monde de savoir un considérable champ de réflexion. Alors que l’un des slogans le mieux partagé était sans nul doute la santé pour tous à l’an 2000, voici que, depuis novembre 2019, un bien minuscule virus a fini de faire de l’intégralité du globe son terrible théâtre d’opération», observe-t-il.
Depuis au moins le Sommet de la terre, tenu à Rio en 1992, a-t-il poursuivi, les experts et écologistes n’ont cessé de mettre en garde contre les conséquences qui ne peuvent être que fâcheuses de l’exploitation, sur de vastes échelles des forêts, l’extermination des animaux sauvages et les actions perverses à la base de dérèglements climatiques.
Il a été dit et écrit que cette agression de la biodiversité engendre, dans le moyen ou long terme, une propagation de virus extrêmement dévastateurs. Réflexion sur la Covid-19
En poursuivant avec lui la réflexion sur ce contexte de la Covid-19, il est bien inspiré par le slogan «Restez- chez vous !», précisant que la pertinence de cette question apparaît au grand jour quand on réalise que l’homme est fondamentalement en rapport avec l’autre qui est sa vérité. Dans des sociétés encore à forte tendance communautaire, c’est un acte des plus répréhensibles que de sommer l’autre à rester chez lui. Je ne reviendrai pas ici sur les conséquences politiques et idéologiques de son usage pour le Front national en France.
En revanche, a-t-il souligné, ce qui focalise notre attention est de voir comment, paradoxalement, rester chez soi, porter le masque et observer la distanciation physique sont devenus de remarquables modalités de déclinaison de l’amour et de l’affection.
C’est dans la mesure où ces recommandations – même dans le contexte de l’administration des vaccins – sont les moyens les plus efficaces de couper la transmission du virus, «que je me dis que mon propre comportement engage, de quelque manière, le destin des autres membres des communautés. Donc, c’est en décidant, en toute connaissance de cause, d’observer ces mesures- barrières que je me protège en protégeant les autres.
Philosophiquement, la question est ainsi formulée : comment «ponctionner» sur ma propre liberté afin de reprendre le jour d’après ma liberté, toute ma liberté ? Comment «ponctionner» sur ma propre liberté afin que les autres, dont la santé dépend, plus ou moins, de ma propre responsabilité, puissent échapper au virus afin qu’eux et moi nous puissions nous retrouver aussi heureux qu’auparavant. Responsabilité individuelle et libertés collectives
Ainsi, de l’avis du Professeur, indéniablement, le contexte est des plus propices à la réflexion sur la responsabilité individuelle et les libertés collectives. «Restez chez vous», sous ce rapport, ne saurait en aucune façon, provoquer le scandale de la raison démocratique.
Toutefois, a-t-il ajouté, l’autre revers est que le confinement a soulevé d’autres contradictions dont : quel choix faire entre continuer de vaquer à ses occupations avec le risque de choper le virus et celui de mourir de faim faute de ne plus pouvoir gagner son pain ?
Dans le même esprit, comment trancher entre devoir éviter de courir le risque d’attraper le virus en ne se rendant plus à des funérailles et la mauvaise conscience pouvant résulter du sentiment d’avoir failli à un devoir des plus essentiels pour la communauté ; à savoir le «siggil ndigàale» (formule de condoléances) dans la forme, le contenu et au lieu qu’il faut. Il s’y ajoute que la Covid-19 est la cause d’une rupture anthropologique qui a pu faire frémir plus d’un : l’impossibilité d’accompagner ses morts selon des traditions et rites vieux de pratiquement plusieurs millénaires !
Profondes mutations de la société
La société, dans le monde, a tendance à subir constamment de profondes mutations sur tous les plans et à tous les niveaux, elle bouge, se transforme au fil du temps. Au regard de Alpha Sy, le mouvement est la vérité du monde. «Les humains sont en quête permanente d’évolution, mais tout progrès porte en lui-même ses propres contradictions. L’intelligence des contradictions qui structurent notre globe permet à l’homme d’avoir une pleine conscience de son devoir, mais surtout de savoir où poser le pied», avance l’écrivain. Il ne s’agit pas, selon lui, pour la philosophie de se substituer aux autres savoirs, ce n’est pas son ambition, encore moins ses prérogatives.
En revanche, argumente le professeur de philosophie, elle met à profit les acquis issus des investigations des hommes de sciences, des anthropologues, des économistes, des géographes pour alimenter une réflexion exhaustive à même de restituer à l’homme son unicité. «Et si comme le dit Jean Rostand, la science a fait de nous des Dieux avant que nous ne méritions d’être des hommes, il revient à la philosophie de donner à la science cette conscience sans laquelle, comme le prédisait Rabelais, elle ne serait que ruine de l’âme», souligne Sy.
Selon Abdoukhadre Diallo dit Papis, poète, l’écrivain et philosophe Alpha Sy est un penseur transdisciplinaire qui a su très tôt se départir du cloisonnement universitaire. C’est la raison pour laquelle il a pu produire une douzaine d’ouvrages sur des thématiques qui embrassent divers domaines de la science.
C’est un esprit fin, un grand esprit, un orateur magnétique qui sait séduire son auditoire de par son immense culture, sa maîtrise des concepts et des langues à travers lesquels, il les exprime, en y imprimant la pédagogie qui sied.
Un de ses traits de caractère, c’est la constance dans ses idées et sa fidélité en amitié.
Sur le plan social, pour ceux qui le côtoient, Alpha est d’une générosité sans borne.
C’est un humaniste qui met l’homme au centre de ses préoccupations. Il ambitionne toujours de fédérer les uns, les autres. Cependant, il est très exigeant dans sa relation avec le temps, autant pour lui, que vis-à-vis des autres. La préciosité du temps est une réalité sur laquelle il ne transige pas.
Le Directeur de la station régionale de Zik/Fm de Saint-Louis, Babacar Niang, journaliste et enseignant, fait partie des admirateurs du Pr Alpha Sy.
«Nous avons tous intérêt à suivre les conseils de ce philosophe émérite. C’est un rassembleur, un facilitateur, un artisan infatigable de la paix, qui œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des populations», dit-il.
Un autre enseignant du nom de Cheih Bâ invite l’ensemble de nos concitoyens à méditer, à réfléchir sur les enseignements du Pr Alpha Sy. Celui-ci est considéré, partout où il passe comme un intellectuel modeste, accessible, serviable, prompt à transmettre son savoir à la société, de manière bénévole et désintéressée. Il fait partie des intellectuels qui font la fierté du Sénégal.
CE QUE RISQUE LE CHAUFFEUR MALIEN
L’accident qui a couté la vie à quatre personnes à Kaolack n’a pas encore fait 24 heures et voilà que le conducteur du camion malien a été déféré au parquet
L’accident qui a couté la vie à quatre personnes à Kaolack n’a pas encore fait 24 heures et voilà que le conducteur du camion malien a été déféré au parquet. En plus du délit d’homicide involontaire, le mis en cause pourrait être poursuivi pour conduite en état d’ivresse.
Face aux enquêteurs, le chauffeur a avoué s’être endormi au volant. En tout état de cause, cet accident a fait parler les émotions. Des scènes de vendetta ont éclaté à Kaolack, où des individus s’en sont pris à des chauffeurs maliens. En représailles, des Maliens s’en sont, pris à des Sénégalais établis à Bamako.
Les nouvelles contaminations concernent 22 cas contacts suivis et 153 autres issus de la transmission communautaire enregistrés à Dakar (93) et à d’autres zones du pays (60)
Dakar, 16 août (APS) – Le Directeur de la Prévention au ministère de la Santé et de l’Action sociale, Mamadou Ndiaye, a fait état, lundi, de 175 nouvelles infections liées au coronavirus et de 14 décès enregistrés au cours des dernières 24 heures.
’’Sur 2808 tests virologiques réalisés, 175 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 6,23%’’, a-t-il déclaré lors du point quotidien sur l’évolution de la pandémie au Sénégal.
Les nouvelles contaminations concernent 22 cas contacts suivis et 153 autres issus de la transmission communautaire enregistrés à Dakar (93) et à d’autres zones du pays (60).
Selon le bilan du jour, 480 patients suivis par les services sanitaires ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, alors que 54 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Quatorze (14) patients sont décédés dimanche.
Depuis l’apparition du premier cas de Covid-19, le Sénégal a enregistré 70.854 cas dont 54.357 guéris. 1.614 patients ont perdus la vie et 14.882 autres sont encore sous traitement.
Le ministère de la Santé a signalé que 1.109.720 personnes ont été vaccinées sur l’étendue du territoire national depuis le lancement en fevrier dernier d’une campagne nationale de vaccination.
«JE NE SUIS PAS POUR L’INTERDICTION DES MANIFESTATIONS RELIGIEUSES»
Plus loin avec… Thierno Lô, président de la coalition Adiana
Thierno Lô encourage l’Etat à dire la vérité aux Sénégalais sur cette pandémie. Malgré la poussée épidémique du Covid-19, le leader de la coalition Adiana n’est pas de ceux qui demandent l’interdiction des manifestations religieuses.
Etes-vous de ceux qui militent pour l’interdiction des manifestations religieuses pour freiner la propagation du Covid-19 ?
Non, je ne suis pas pour l’interdiction des manifestations religieuses ou de fermeture de mosquées. Et là, je suis dans le domaine de la foi. Je considère la pandémie comme une volonté divine qui nous fait des rappels et sanctionne nos nombreuses déviations, ce qui fait que nous devons nous repentir et faire des prières comme ce qui s’est fait à Touba ce 11 juillet 2021 par le récital de khassaïdes de Khadimou Ras - soul. Notre religion est le remède à tous les maux. Il faut juste une bonne pratique pour bénéficier de la clémence et de la grâce du Seigneur. Nous péchons trop dans ce nouveau monde, ce qui fait que nous devons laisser ce minimum de pratiques religieuses et insister sur la discipline pour un respect strict des mesures barrières. Des rassemblements, on en a toujours dans les marchés et les moyens de transport.
Que pensez-vous de la gestion du Covid-19 par le gouvernement ?
Le gouvernement du Sénégal doit être félicité car, comme tous les autres pays du monde, il a été surpris par cette pandémie avec ses mystères et ses différentes inconnues. Elle a montré plusieurs de nos manquements : nos agressions contre la nature et la mauvaise définition de nos priorités. Nous avions oublié que l’humain devait être notre préoccupation, et que nous devions le nourrir, le soigner, l’éduquer, le sécuriser en lui créant un bon cadre de vie. Le déficit en termes d’infrastructures sanitaires est la chose la mieux partagée. La gestion d’un intérêt général au détriment de nos intérêts particuliers d’Etat est un impératif pour sauver la planète. Tous les pays ont tâtonné, les scientifiques ont été surpris.
Quelle stratégie l’Etat doit-il adopter pour faire adhérer les Sénégalais au vaccin ?
La communication, une forte implication des porteurs de voix, des acteurs communautaires et demander aux médias de ne pas diffuser ou montrer tout ce qui est de nature à perturber les esprits. L’Etat doit toujours dire la vérité aux populations. Ce n’est pas lui qui a amené le virus qui est un fléau mondial. Donc, rien ne doit être caché pour que chacun prenne ses responsabilités. Il doit froidement prendre les meilleures décisions, même si elles sont des fois impopulaires quand il le faut car il est le garant de la sécurité des citoyens, même s’ils sont inconscients, indisciplinés ou suicidaires
Les primo-votants peuvent-ils s’inscrire sur les listes électorales avec des extraits de naissance ou des certificats de résidence comme le réclame l’opposition ?
Moi j’en ai marre de ces débats sur les élections. Je réserve le peu d’énergie qui me reste pour apporter une contribution constructive, pour relever les défis économiques et de stabilité du pays qui nous interpellent. J’en ai ras-le-bol du jeu des politiciens.
Le Ter va-t-il rouler en décembre 2021 comme l’a promis le ministre Mansour Faye ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de dire ceci sur cet important projet car l’articulation entre les différents modes de transport constitue une condition nécessaire pour la résolution de la mobilité dans notre pays. Le président de la République Macky Sall l’a bien compris et l’a décliné dans sa vision du Pse. Dans la mission qui est la nôtre, nous restons déterminés à œuvrer tous les jours pour superviser, réceptionner et mettre en service le Ter qui fait la fierté de notre pays. Cette infrastructure, qui sera aux standards internationaux, va sans nul doute permettre une amélioration significative de la mobilité urbaine. Le rail, comme vous le savez, a un impact carbone bien moindre par rapport aux autres modes de transport. Notre objectif, au-delà de Diamniadio, de la liaison avec l’aéroport de Diass, est de connecter une partie de l’intérieur du pays à la région de Dakar. Nous ne sommes plus dans les projections mais dans les grandes réalisations du président de la République. Il nous a donné instruction de veiller scrupuleusement à la sécurité des biens et des personnes sur toute la voie et nous avons fait le choix sur l’une des plus grandes sociétés au monde pour en faire la certification et nous donner l’autorisation de circuler comme le souhaitent le ministre et tous ceux qui tournent autour de cet important projet.
Par Cheikh Ahmed Tidiane DIOUF
QUI VEUT POLITISER LE FOOTBALL SENEGALAIS ?
La gestion de ce football fait un tollé général avant et après la réélection de Augustin Senghor qui rempile pour la 4ème fois à la tête de la Fédération sénégalaise de Football (Fsf).
Cheikh Ahmed Tidiane DIOUF |
Publication 16/08/2021
Après que l’Angleterre a créé le football, après que la Hongrie l’a révolutionné, après que le Brésil l’a esthétisé et que l’Allemagne l’a rationalisé, voilà que le Sénégal, de la plus honteuse des manières, le politise en laissant à une mafia qui n’a pas encore dit son dernier mot, le soin d’asphyxier notre sport roi. Dans ce pays au sud du Sahara, le football a une place dans tous les cœurs. Il est aussi populaire que les confréries religieuses. Tous les citoyens adhèrent à la cause de cette discipline née au pays de Bobby Charlton, ce gentleman racé et respecté. On peut ne pas aimer le sport à onze mais ça ne laisse personne indifférent. Qu’on soit saint ou disciple, autorité ou citoyen lambda, on est fortement impressionné par les résultats des Lions de la Téranga. D’ailleurs, la gestion de ce football fait un tollé général avant et après la réélection de Augustin Senghor qui rempile pour la 4ème fois à la tête de la Fédération sénégalaise de Football (Fsf).
Des plus petits aux moins jeunes, le débat sur le sport en général et le football en particulier est toujours à l’ordre du jour au pays de Jules François Bocandé. Quand l’Equipe nationale joue, tous les discours deviennent caducs. Le centre d’intérêt reste et demeure le ballon rond. Evidemment, il y a toujours quelque chose à dire sur tel ou tel championnat à travers le globe. On s’intéresse éperdument aux écuries où évoluent les footballeurs sénégalais de l’Extérieur. L’Etat met tous les moyens possibles, certaines entreprises, pour leur visibilité, apportent leur contribution en sponsor et les citoyens supportent comme il se doit. La fédé fait moult promesses. Mais à l’arrivée, le peuple supporteur ne récolte que de la déception.
Le Sénégal n’arrive toujours pas à étrenner une récompense d’envergure internationale. Le 12ème gaïndé est sur sa faim depuis «Caire 86» où l’arbre du foot du pays de Matar Niang et Baba Touré a commencé à fleurir. Malheureusement, depuis la blessure occasionnée à Asmara en 1968, la plaie ouverte refuse de cicatriser. La maladie causée par ce manque de distinctions internationales est si aiguë que tout le Peuple sénégalais a poussé un cri de souffrance à la déclaration de candidature Augustin Senghor qui avait manifesté la volonté de laisser la place aux autres pour le souffle d’un vent nouveau dans les instances dirigeantes du football sénégalais. Un geste hautement salué par le Peuple.
Mais c’était sans compter avec la main experte de ce ministre qui s’est fait réélire à la Ligue de football amateur (Lfa) et qui abat déjà ses cartes pour prendre prochainement le relais de Sen ghor. Les rares fois où les Sénégalais ont exulté c’était quand des expatriés ont gagné un trophée à l’Extérieur. Moussa Ndao Thiakass (Widad Athlétic Club), Salif Diagne (Raja de Casablanca), Patrick Vieira et Benjamin Mendy (équipe de France), Salif Diao ( ?), Sadio Mané (Liverpool), et récemment Edouard Mendy (Chelchea) ont, tant soit peu, étanché la soif de trophée continental qui nous déshydrate. Faute de grives, on mange des merles. On s’approprie la moisson des autres. Eh bien, tant mieux si l’on y trouve notre consolation. Ma foi, depuis le départ de Malick Sy «Souris» de la haute instance du football sénégalais, les politiques ont fait de notre sport-roi une marionnette dont eux seuls savent manipuler avec dextérité les ficelles à leur guise.
Certains sont allés jusqu’à dire que la Fsf est devenue un gâteau à partager d’une certaine élite qui œuvre uniquement pour un sport alimentaire. Cette mafia autour de l’appareil footballistique vit du football et a du mal à le faire vivre. Le confort des hôtels et les privilèges qu’octroient les costumes de la fédé poussent les ingrats fédéraux, qui ont fini de montrer leurs limites dans la gestion du sport, à s’agripper mordicus à la balançoire. «Donkassigui, donkassigui,…yéyéyé.» El Hadji Ousseynou Diouf, la fine bouche, ne dira pas le contraire. Pouah ! La réélection de l’enfant de l’île de Gorée est une pilule amère mais il faut, mal gré bon gré, l’avaler et attendre la suite des évènements puisque l’aile dite du «consensus» a fini de piper les dés et endormir tous les férus du ballon rond dans un jeu de «kotti-kotti yolli-yolli» savamment orchestré par l’insulaire et des affidés du Pouvoir qui ont déjà installé le football du Djoloff sur les bords de l’anfractuosité. Combien de générations de footballeurs se sont passé la main sous Augustin pendant ses 12 ans de «règne» ? Certes, une belle génération sans médaille. Combien d’infrastructures se sont détériorées sous Sen - ghor ? A la pelle ! Alors où est passé cet argent gagné à la Coupe du monde Russie 2018 ? «Mess mintingne !»
L’absence de résultats et d’infrastructures dignes de ce nom devrait édifier les Sénégalais sur l’incapacité de l’actuelle classe dirigeante du football à faire rêver les épris du sport. Alors, il est grand temps de faire du bruit pour amener cet establishment à se tenir devant le miroir pour se défaire de ses tares. C’est le moment favorable pour dire à ces apparatchiks du sport que nous avons souffert de leur incompétence. Que nous avons mal de voir le Sénégal échouer à chaque fois qu’on espère embrasser dame Coupe. Nous nous morfondons dans notre amour de l’Equipe nationale du Sénégal. Nous en avons assez de leur discours démagogique.
Le sport n’est pas la politique. L’Etat qui devait nous épargner des déceptions éternelles a pris fait et cause pour les mafiosi. Il a fait du neuf avec les vieux tocards qui semblent œuvrer pour un retour à l’avant-Caire 86. En effet, ces protégés de l’Etat qui devaient tous faire valoir leur droit à la retraite ou, bien sûr, aller servir la Nation ailleurs sont tout simplement poisseux et nuls. Nuls au point qu’ils ne veulent, ou du moins ont peur de côtoyer les meilleurs. Alors, la meilleure façon de camoufler leurs échecs c’est de se lancer dans une entreprise tendant à jeter le discrédit et l’anathème sur ceux qui sont capables d’apporter de la vie dans les terrains gazonnés. Que de méchanceté inavouée ! Une boulimie de pouvoir mêlée de cynisme. Selon eux, ils sont toujours les meilleurs. Ils vivent avec la certitude que sans eux rien de bon ne sera fait. Ils sont les maîtres du jeu. Les autres sont souillés. Ils ont les mains sales et sont inaptes dans l’exercice du management. Ils sont toujours perdants.
Dès lors, Augustin et ses acolytes, dans un discours digne de politicien, ont considéré Mady d’inexpérimenté voué aux gémonies. Mon œil ! Et pourtant, ce dernier a fait des réalisations que Augustin lui-même, en tant que président de club (Union sportive de Gorée), n’a pu faire jusqu’à présent. Où est-ce que son expérience a servi le Sénégal ? Qu’ils arrêtent de toujours faire la pose de la première pierre pour ensuite nous bâtir des châteaux de cartes. Plus d’une décennie à la tête de la Fédération et zéro à la base comme diraient ces inconditionnels déçus de la mal gouvernance du foot. Il n’a rien apporté au football local. Il ne nous a pas valu un seul «pot de lait continental». Le football est utilisé comme fer de lance dans ce 21ème siècle.
Pour preuve, la Coupe du monde 2002 a hissé le Sénégal sur l’autel des pays les plus médiatisés. Cela a boosté le tourisme qui a engendré des retombées financières non négligeables. C’est pourquoi nous interpellons l’Etat à comprendre l’intérêt qu’il a à prendre pour le développement du sport en général et du football en particulier, en dépolitisant le milieu et en encourageant des connaisseurs de la discipline comme Mady Touré, Lamine Dieng, Joe Diop, Abdoulaye Diaw, j’en passe, à intégrer la haute instance du foot laissée à la merci des chasseurs de primes. Dès lors, il était grand temps de propulser une nouvelle tête, avec de nouvelles idées pour une révolution majeure dans le football sénégalais ; au lieu de nous saupoudrer avec un slogan vide de sens : le «consensus». Cette publicité est destinée à ces hommes-là qui ne s’entendaient pas sur le partage du gâteau. Qu’importe la victoire du premier vice-président de la Confédération africaine de football (Caf), les thuriféraires du sport-roi réclament urbi et orbi un changement de comportement pour une meilleure gestion de la seule discipline capable de fédérer tous les cœurs au pays de la Téranga. Donc, que ceux qui viennent d’être réélus arrêtent de cultiver le narcissisme et l’obscurantisme pour le développement du football sénégalais.
Qu’ils arrêtent le complotisme dans le football et associent toutes les têtes pensantes du ballon rond pour permettre au Sénégal d’étrenner sa première Can. Autrement, les Gaïndés continueront de trébucher dans les «prés verts» de part et d’autre dans le monde ; la voix des supporteurs se recassera et le Peuple broiera du noir et pleurera comme des diolas en mal de riz ou des halpulars en manque de ndiouni.
Dans un contexte de reprise des championnats européens, Aliou Cissé avait tout prévu sauf jouer le 1er septembre le Togo. Une date qui n’arrange pas le sélectionneur des Lions qui n’aura que deux jours pour préparer ce match. Pire, certains de ses cadres risquent d’avoir qu’un seul galop d’entraînement.
Deux incertitudes s’étaient posées par rapport au match des Lions contre le Togo, comptant pour la première journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2022. D’abord le lieu, avec la situation du stade Lat Dior qui attendait la décision de la Caf pour son homologation. Et ensuite par rapport à l’officialisation de la date du match qui était dans une fourchette entre le 1er et le 4 septembre. Même si les Fédéraux et le staff technique national ont été soulagés de l’homologation officielle du stade de Thiès, tous ont fait la moue en apprenant que les Lions vont finalement accueillir les Eperviers le mercredi 1er septembre 2021. «On avait tout prévu sauf jouer le 1er septembre. Disons qu’on avait surtout misé entre le 3 ou le 4 septembre. Mais vraiment cette date du mercredi 1er septembre ne nous arrange pas. Des soucis liés à ce contexte de reprise des championnats européens», nous souffle un membre du staff technique. Qui s’explique : «On attend les joueurs à partir du dimanche 29 août pour un match qui doit se jouer deux jours après. Et ce même jour du dimanche, il y a des matchs de championnat en Europe avec les conséquences que l’on connait concernant certains de nos joueurs.»
Au moins 9 Lions devraient jouer en championnat le 29 août
Et pour donner raison à notre interlocuteur, en jetant un coup d’œil sur le calendrier du dimanche 29 août, on constate que Kalidou Koulibaly (Naples), Ismaïla Sarr (Wat - ford ), Boulaye Dia, (Villareal), Alfred Gomis (Rennes), Krépin Diatta (Monaco), Pape Matar Sarr (Metz), Habib Diallo (Strasbourg), Gana Guèye et Abdou Diallo (Psg), devraient tous jouer en championnat. Avec comme conséquence une arrivée tardive en regroupement. La veille, le samedi, Sadio Mané (Liverpool) et Edouard Mendy (Chelsea) auront fini de s’affronter dans l’un des chocs de la 3e journée de Premier League. Ce sera donc un vrai cassetête pour Aliou Cissé et son staff qui n’auront que deux jours pour préparer le Togo. Pire, avec des imprévus, son groupe pourrait être au complet que la veille du match. Evidemment, d’aucuns pourront rétorquer que d’autres équipes vont se retrouver dans la même situation. Mais il est sûr que cette date du 1er septembre ne fait pas l’affaire de beaucoup de sélections. Comme quoi, il va falloir s’adapter en priant d’abord pour que les joueurs débarquent en bonne santé.
Les certitudes du 4- 2-3-1 en bandoulière
Mais il faut savoir que Aliou Cissé est habitué à ce genre de situation. Et que les certitudes glanées contre la Zambie et le Cap-Vert, au niveau du système de jeu marqué par un 4-2-3-1 plein de promesses, devraient permettre à «Coach Cissé» de prendre des raccourcis afin de voir son groupe être au top le 1er septembre, avec comme objectif : s’offrir une bonne entame sur le chemin qui mène au Qatar en 2022. En attendant, l’attention est portée sur la prochaine liste des joueurs sélectionnés pour le Togo et le Congo Brazzaville.