Cambriolage à l’usine Lana à Thiès
Une scène digne d’un film de Hollywood s’est déroulée dans la nuit du dimanche au lundi à Keur Mor Ndiaye, dans la commune de Fandène. Selon des informations de Seneweb, l’usine Lana installée dans cette localité a été visitée par une bande d’une quinzaine de bandits lourdement armés. En effet, les assaillants ont débarqué sur les lieux à bord de motos avant de tenir en respect les deux vigiles non armés pour commettre leur forfait. Les malfrats ont fouillé les chambres des Chinois et emporté un butin estimé à 20 millions F Cfa, d’après les exploitants de l’usine. La bande a été surprise sur les lieux par les gendarmes. Il y a eu un échange nourri de coups de feu entre les gendarmes et les assaillants qui ont réussi à disparaître dans la nature. La compagnie de gendarmerie de Thiès a mobilisé ses troupes pour traquer les malfrats. Les pandores de Notto-Diobass ont ouvert une enquête.
Le Saes/Thiès déplore la fermeture unilatérale du campus
La coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) de Thiès déplore dans un communiqué la décision «unilatérale» des autorités du CROUS-T de fermer le campus social de l’Université Iba Der Thiam (UIDT). Les enseignants ont constaté avec regret l’absence de leurs étudiants dans les salles de cours et de TD/TP, note un communiqué dont l’APS a obtenu une copie. Le SAES fustige cette attitude, rappelant que l’UIDT a été l’un des premiers établissements en septembre 2020 à reprendre les enseignements, sur décision de la tutelle, après plus de cinq mois d’arrêt.
Arrestation du producteur et des acteurs de «Cirque noir»
Le combat de l’Ong Jamra contre les dérives dans les séries télévisées porte ses fruits. A la suite de sa plainte, le commissaire Kandé de la Division Spéciale de Cybersécurité a arrêté hier le producteur de la série «Cirque noir» ainsi que les acteurs et actrices. Dans un communiqué, Jamra renseigne que les limiers ont procédé d’abord à l’arrestation du producteur du célèbre «film porno cirque noir» qui avait outré l’opinion publique. Ils ont également mis aux arrêts le scénariste ainsi que dix acteurs de cette série que Jamra trouve perverse. Selon la même source, les mis en cause seront présentés ce mercredi au parquet qui est censé protéger nos valeurs sociétales, ainsi que la santé mentale et morale des enfants. Ils seront poursuivis pour diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs. Jamra pense que l’espoir est toujours permis pour redorer le blason du secteur de l’audiovisuel, de plus en plus envahi par des affairistes qui sont en train de dégrader l’image de la femme sénégalaise.
Aveu du présumé meurtrier de Penda Kébé
L’amant de Pendé Kébé, cette jeune fille retrouvée morte dans le Canal de Djibock (Ziguinchor), est finalement passé aux aveux après une semaine d’audition. Il a craqué face au feu roulant des questions des enquêteurs de la police de Ziguinchor. Ces derniers n’ont jamais cru à la thèse de la noyade à laquelle voulait faire croire A. Diouf, le principal suspect dans cette affaire. A l’origine du crime, une scène de ménage, selon nos confrères de «gms.sn» qui citent des sources policières. Le jour des faits, la jeune Penda Kébé, âgée de 24 ans, célibataire et mère d’une fille de 4 ans, a quitté son domicile (Kandialang) le soir, pour rendre visite à son copain, A. Diouf. Sur le chemin du retour, sous une pluie battante, dans l’un des quartiers les moins éclairés de Ziguinchor (Djibock), une dispute éclate suite à la demande de Penda Kébé d’obtenir de son copain un tissu «getzner». Après le rejet de la sollicitation par A. Diouf, le couple se bagarre sous la pluie. Les cris de Penda Kébé sont absorbés par le bruit d’une pluie battante. L’autopsie confirme les doutes des enquêteurs. Le rapport de l’autopsie confirme l’absence d’eau dans les poumons de la victime, ce qui remet en cause la thèse de la mort par noyade. Le médecin légiste a décelé une gorge cassée suite à un étranglement qui a abouti à la mort de Penda Kébé. A. Diouf confirme avoir déposé le corps sans vie de Penda Kébé aux abords du Canal de Djibock, après l’avoir étranglée à mort. La reconstitution des faits a été effectuée dans la nuit du dimanche au lundi. A. Diouf a été déféré au parquet de Ziguinchor hier, pour meurtre.
Le Poste de santé Nassroulah sous les eaux
Les inondations hantent le sommeil des populations de la banlieue. Déjà que les premières pluies ont occasionné des inondations. Au quartier Nassroulah de Diamaguène Sicap Mbao, le poste de santé est englouti par les eaux. Les habitants du quartier réclament des solutions pérennes.
Le marché central au poisson de Pikine inondé
Restons avec les inondations pour dire qu’elles n’ont pas épargné les équipements marchands. L’Unité 14 des Parcelles Assainies de Keur Massar et le marché central au poisson de Pikine sont occupés par les eaux. D’ailleurs, au marché central au poisson, les camions frigorifiques des mareyeurs sont envahis par les eaux pluviales. Il en est de même pour l’espace réservé aux restaurateurs. Ce qui pousse des mareyeurs à crier au secours pour des solutions rapides afin de sauver l’un des plus grands centres d’approvisionnement en poisson de Dakar.
Pastef Keur Massar réclame un audit du projet contre les inondations
Les responsables du Pastef de Keur Massar ont dénoncé la mauvaise gestion du régime de Macky Sall du projet de lutte contre les inondations. Alassane Touré et Ousmane Kébé pensent que le Président Macky Sall et son gouvernement font du pilotage à vue et ne connaissent pas le sens des priorités, vu l’ampleur des dégâts causés par la pluie à Keur Massar. Les camarades de Ousmane Sonko exigent l’audit des 15 milliards Fcfa consacrés aux inondations. Dans le même sillage, les populations de Boune s’indignent du non-respect des promesses de l’Etat pour le règlement définitif des inondations. Dans la commune de Keur Massar-Nord, les populations ont commencé à patauger.
Décret d’extension du cimetière musulman de Pikine
Le Président Macky Sall a répondu favorablement à la demande des populations de Pikine qui réclamaient depuis quelque temps l’extension du grand cimetière musulman de Pikine. Le chef de l’Etat a pris un décret portant extension d’un espace de 04 hectares du cimetière musulman de Pikine. L’information a été donnée hier par le maire de Pikine Abdoulaye Thimbo, au cours d’un point de presse. L’édile de Pikine promet également l’aménagement et la clôture du site retenu ainsi que le recrutement d’un régisseur qui va appuyer les deux vigiles recrutés. Et pour la matérialisation du projet, Abdoulaye Thimbo indique que les occupants de manière irrégulière du site dont le promoteur Ibrahima Khalilou Fall ont reçu des sommations de la part de la Dscos. A la suite de cela, il a appelé les populations à entretenir le cimetière. Concernant l’érection d’un cimetière dans la forêt classée de Mbao, M. Thimbo précise que c’est toujours d’actualité.
Homicide involontaire à Grand Yoff
I. Diouf, le conducteur du «car rapide» qui avait fauché mortellement un enfant de 04 ans nommé Ibrahima Ba à Grand Yoff, a été déféré au parquet hier pour homicide involontaire. Fuyant les embouteillages, le conducteur du «car rapide» a emprunté les ruelles sablonneuses de Grand-Yoff où il a heurté un enfant qui est décédé sur le coup. Les populations avaient saccagé le véhicule.
Diaz School, zero admis au Bfem
On en sait un peu plus sur le résultat de l’école Diaz School qui a obtenu zéro admis au Bfem sur les 80 candidats. Une pilule amère qui a fait monter au créneau le Directeur pour pointer du doigt des surveillants et des secrétaires du jury. La vérification des notes des candidats a permis de savoir qu’aucun candidat des cours privés Serigne Abdou Karim Mbacké Diaz School ne pouvait être reçu. Une délégation de l’Inspection d’Education et de la Formation de Pikine et de l’Inspection d’Académie de Pikine-Guédiawaye s’est rendue au centre cité des enseignants pour s’enquérir de la situation. Elle a été accueillie par le président de jury et le secrétariat. Selon S. G. Ndiaye responsable du Saemss à l’IA Pikine-Guédiawaye, après vérification, ils se sont rendu compte qu’au lieu de 80 candidats comme l’indique le directeur, Diaz School a présenté 55 candidats dont 4 absents, 4 élèves placés en garde à vue pour tricherie et 03 abandons. Les syndicalistes de la délégation ont vérifié les relevés de notes des enseignants et ceux du secrétariat qui n’ont montré aucune anomalie. Un seul élève sur les 44 qui ont composé a obtenu une moyenne de 7,52. Par conséquent, déclare le responsable de Saemms, aucun élève de Diaz School ne pouvait être admis, ni au premier tour ni au second. Il nous revient d’ailleurs que la lettre de protestation du Directeur de l’école postée sur les réseaux sociaux n’est pas parvenue à l’inspection.
Trois décès par noyade à Saly
En cette période de vacances scolaires et de chaleur, les plages sont envahies par les jeunes. Cette forte fréquentation des plages occasionne des cas de noyade. Hier, trois jeunes ont perdu la vie à la plage de Saly.
Visite du directeur général de l’Onas à Touba
La capitale du Mouridisme a renoué encore avec les inondations. A chaque hivernage, plusieurs quartiers sont engloutis par les eaux malgré les promesses du gouvernement d’assainir la ville. Le Directeur général de l’Onas était à Touba hier, pour s’enquérir de la situation des sinistrés et trouver les solutions conjoncturelles, c’est-àdire permettre au bassin de rétention des eaux pluviales de Keur Niang de mieux capter les eaux de ruissellement. Le Directeur général de l’Onas a proposé la construction de quatre bassins de rétention à Touba.
Le taximan casse le nez de Arame Tall
A la suite d’un accident survenu sur un rondpoint, le chauffeur de taxi Mor Samb aurait freiné brusquement. Arame Tall, qui était au volant, a heurté l’arrière de sa voiture. Sortis tous les deux de leurs véhicules pour s’enquérir de la situation, ils ont constaté que la calandre de la voiture de la dame était coincée à celle du taxi. Ce dernier l’aide à enlever la calandre avant de la confisquer sous prétexte qu’il y a un problème à résoudre. Au cours de la dispute, Mor Samb assène un coup sur le nez de la dame qui saigne avant de tomber en syncope. Conduite à l’hôpital, la dame reçoit des soins avant d’obtenir un certificat médical faisant état d’une Interruption Temporaire de Travail (Itt) de 10 jours. Munie de ce papier, elle dépose une plainte contre Mor Samb au Commissariat Central.
...qui tombe en syncope
C’est avec une cicatrice au visage que Arame Tall s’est présentée à la barre hier. Le jour des faits, elle se rendait au marchéHlm. Ahauteur du rond point de la Brioche Dorée, le taxi qui la devançait a freiné brusquement et elle l’a heurté. «Nous avons constaté les dégâts. Sur ces entrefaites, il a enlevé la calendre de ma voiture qui était coincée à sa véhicule. Seulement, il a refusé de me la rendre sous prétexte que nous devions parler. Je lui ai fait savoir qu’on n’avait rien à se dire et qu’il n’avait qu’à appeler la police pour faire le constat. Lorsque ma petite sœur est descendue pour récupérer la calandre, il m’a bousculée et sa main a atterri sur mon nez. J’ai commencé à saigner avant de m’évanouir. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est lorsque j’ai entendu ma fille de 13 ans pleurer dès qu’elle a vu du sang couler de mon nez», a- t-elle raconté. Interrogé, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. Mor Samb déclare que sa main a touché la plaignante par inadvertance. «J’ai commencé à conduire en 1996. J’ai conduit des Ndiaga Ndiaye, des bus Tata avant d’atterrir dans les taxis. Je ne me comporte pas comme une personne indisciplinée», a-t-il déclaré avant de se confondre en excuses. Le parquetier a requis l’application de la loi. Jugé coupable, Mor Samb a été condamné à un mois avec sursis.
PREMIER AFRICAIN LAURÉAT DU WPSA
Kokou Tona du Togo, directeur du Centre d’excellence régional sur les Sciences aviaires (CERSA) de l’Université de Lomé vient d’être désigné comme le gagnant 2020 du prix de l’Éducation de l’Association mondiale des Sciences Aviaires
L’enseignant-chercheur Professeur Titulaire Kokou Tona du Togo, par ailleurs directeur du Centre d’Excellence Régional sur les Sciences Aviaires (CERSA) de l’Université de Lomé vient d’être désigné comme le gagnant 2020 du prix de l’Education de l’Association mondiale des Sciences Aviaires (WPSA- NDLR : World Poultry Science Association).
Le Prof. Kokou Tona, agronome zootechnicien de formation, est un expert international des sciences aviaires de niveau mondial depuis environ vingt-cinq ans. Il est le premier chercheur Africain à obtenir ce prix qui est décerné tous les quatre ans pour récompenser les meilleurs travaux en sciences aviaires. « Je suis très content de ce prix car nous avons surtout travaillé de façon désintéressée », a-t-il déclaré à la fin de la cérémonie qui se passait en ligne. « Toutefois, je reconnais que ce prix constitue une nouvelle pression qui doit nous exhorter à faire mieux », a-t-il ajouté.
Le Prof. Kokou Tona est l’inventeur du célèbre Tona’s Score utilisé depuis plusieurs années pour déterminer au plan mondial la qualité des poussins d’un jour. La méthode Tona est un système d’évaluation avec un score total compris entre 0 et 100 basé sur plusieurs paramètres. Selon ce système, les poussins sont classés en différentes qualités aux scores et le score de « 100 » signifie que les poussins sont de haute qualité.
En outre de Tona Score, M. Tona a mené plusieurs recherches sur l’effet de l’âge des parentaux couplés à la durée de stockage des œufs à couver sur le développement embryonnaire et post éclosion. Le Prof. Kokou Tona a également mené plusieurs investigations scientifiques relatives à la mue chez la poule parues dans de grands journaux scientifiques. Selon lui, il reste de grands défis à relever notamment « travailler davantage et mieux en vue d’impacter sérieusement la filière avicole en termes d’amélioration de la productivité avicole, de création d’emplois et de contribution de la filière à l’économie du continent et surtout, que la viande de poulet ne soit plus un luxe pour une grande partie de la population africaine ».
Le WPSA est une organisation qui s’investit dans la promotion de la recherche dans le domaine des sciences et industrie avicoles. Elle œuvre surtout à mettre en relation et interaction les différents acteurs sectoriels que sont les chercheurs, les éducateurs, les industriels à l’échelle mondiale. En raison du report d’une année soit jusqu’en août 2022 à cause de la pandémie de la COVID-19, un hommage a été rendu au récipiendaire ce 10 août 2021 en attendant de recevoir officiellement le prix lors du Congrès mondial de la volaille prévue à Paris en août 2022.
Le Prof Tona est à la tête du CERSA depuis sept ans. Financé au Togo par la Banque mondiale à hauteur de 6 milliards de Francs CFA (cumulés pour CERSA phase 1 et CERSA IMPACT), le centre a enregistré à ce jour environ 200 diplômés de niveau Master et Doctorat. De même, il a formé plus d’un millier d’aviculteurs professionnels dans plusieurs pays notamment le Bénin, le Burkina, le Ghana, le Sénégal et le Togo. Pour attester de la qualité de son enseignement, le CERSA a obtenu en 2018 l’accréditation internationale de son Master en sciences aviaires attribuée par le Haut Conseil pour l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (HCERES) basé en France.
Le CERSA est un centre d’excellence de l’Université de Lomé (Togo) qui a pour vision de promouvoir la filière avicole en Afrique à travers la formation, la recherche et l’appui-conseil aux acteurs de la filière.
KEEMTAAN GI – URGENCES
Tout est urgence. Tout ! Et ça ne concerne pas seulement les structures sanitaires où la tension est telle que les morgues sont au bord de la saturation. On atteindra bientôt un point de non-retour. Rassurez-vous, cette situation ne semble émouvoir personne. Pas en tout cas les autorités dont les lois ne servent presque plus à rien. La preuve, on s’est encanaillé comme pas possible ce week-end. Loin de ce qu’on était en droit d’imaginer pour une ville en plein dans une crise sanitaire. L’urgence, c’est également l’école sénégalaise qui a été très malmenée cette année. Une école où tout est à remettre à l’endroit et qu’il faut rendre plus performante avec des apprenants moins étanches à l’esprit de la fraude qui s’est emparé de tout le corps malade de la société. L’autre urgence impérieuse, c’est le sauvetage de la presse sénégalaise qu’il faut rendre plus performante, plus professionnelle. Plus… Les chantiers sont nombreux. Elle vaudrait moins que des résidences religieuses réfectionnées à coût de milliards d’argent public — dans un pays officiellement laïc ! — pendant que les médias sont à l’agonie. Parler moins et travailler plus. Cesser de promettre à travers des slogans creux. Du genre d’un pays de l’émergence qui semble être un véritable cauchemar. Ils ont tellement promis qu’ils en oublient. Des promesses qui se traduisent le plus souvent en mensonges. Malgré leurs béates assurances, ils font tout à l’envers. Ils ont beau rassurer que les inondations seront un mauvais souvenir cette année, ils ont été rappelés à la dure réalité. Le Sénégal est un pays de paradoxes où, pour un simple mal de tête, on se retrouve avec des jambes opérées. Et pendant que tout est urgence, y en a qui épiloguent sur le retour en grâce ou les retrouvailles de l’ancien ministre des Affaires étrangères auprès du Chef. Comme si ça nous changerait de cette sinistrose qui enveloppe le pays. Les urgences sont ailleurs et extrêmement nombreuses mais voilà que l’on nous parle d’épiphénomènes ! KACCOOR BI
COMMUNE DAKAR-PLATEAU ET VILLE DE DAKAR DES CADRES DE L’APR SE REBELLENT ET POSTULENT !
« Qui gagne Paris, gagne toute la France ! » déclarait le président Jacques Chirac, ancien maire de Paris (1977- 1997). Cette thèse de campagne électorale nous renvoie à nos prochaines élections locales comme pour dire « Qui gagne Dakar, gouverne tout le Sénégal ». En tout cas, la commune de Dakar-Plateau et la Ville de Dakar sont deux institutions très stratégiques pour la gouvernance locale. La première est dirigée par un soi-disant allié (Ps), Alioune Ndoye, et la seconde par Mme Soham Wardini, une maire de Taxawu Dakar par défaut ou par intérim. Pour de nombreux politologues, comment deux grandes institutions locales de la capitale peuvent-elles échapper au parti au pouvoir qu’est l’Alliance pour la République (Apr) du président Macky Sall ? En tout cas, les prochaines élections locales de janvier 2022 sont en entrain de semer les germes d’une rébellion politique au sein de l’Apr dont la plupart des cadres de Dakar-Plateau sont des laissés-pourcompte. Selon un haut cadre Apr de Dakar-Plateau, depuis plus de dix ans, Macky Sall gouverne avec ses alliés stratégiques à travers Macky 2012 et Benno Bokk Yakaar (Bby). « Et ils ont été bien servis ! Car toutes les grandes institutions municipales et parlementaires sont gérées par des alliés ou alliés de la dernière heure comme Alioune Ndoye. Et nous irons vers des joutes qui détermineront l’avenir politique de l’Apr pour les deux prochaines années. Je vous jure, ce mandat finissant du président Macky Sall provoquera des défections de faux alliés là où personne ne s’y attendait. Parce que si l’Apr laisse ses soi-disant alliés devenir maire de Dakar-Plateau ou maire de Dakar-Ville, ils pousseront leurs ambitions présidentielles en 2024 » alerte ce membre de l’Apr. « Nous cadres de l’Apr de Dakar et de Dakar-Plateau, nous allons nous concerter pour le contrôle de ces deux institutions aux élections de janvier prochain. Et la survie de l’Apr dépendra de ces deux mairies clés » se rebelle-il dans les colonnes du « Témoin ». Qui vivra verra !
CIMETIERE DE PIKINE MACKY SALL A SIGNE LE DECRET D’EXTENSION
Les Pikinois pourront désormais enterrer dignement leurs morts suite à la décision du président de la République de signer le décret d’extension du cimetière municipal de cette populeuse ville. L’information a été rendue publique hier par le maire de Pikine, Abdoulaye Thimbo, qui a tenu un point de presse dans son cabinet pour porter de manière officielle à la connaissance des populations ce décret d’extension de 4 hectares. Crée dans les années 1950 pour permettre aux populations de Pikine-Guédiawaye d’enterrer de manière décente leurs proches décédés, le cimetière municipal de Pikine est plein depuis 2014. Depuis cette date, la population n’a cessé de sonner l’alerte pour un éventuel élargissement surtout dans les parties Sud et Sud- Est. Depuis sept ans maintenant, Pikine courait derrière ce décret. Macky Sall s’est résolu enfin à satisfaire cette vieille doléance qui empêchait les Pikinois d’enterrer dignement leurs défunts parents. Une manière aussi de sauver la forêt classée de Mbao annoncée comme possible nouveau cimetière pour Pikine. Cependant, on évoque aussi un nouveau cimetière pour Guédiawaye au niveau de la bande des filaos.
ACCIDENT A KAOLACK LE CHAUFFEUR DU CAMION CONDUISAIT EN ETAT D’IVRESSE
Le chauffeur du camion malien qui a tué à Kaolack ce dimanche quatre personnes se trouvant dans un taxi jaune noir a été finalement arrêté et placé en garde à vue ce lundi. Selon des sources policières, le conducteur s’était endormi au volant de son véhicule à cause de son état d’ivresse. Son apprenti a lui aussi été arrêté par la police pour le sauver de la furie de la foule. Ils ont été présentés au procureur pour un séjour assuré à la prison de Kaolack en attendant leur jugement. Le bilan des émeutes de ce dimanche fait état de plusieurs arrestations, une dizaine de camions d’immatriculation étrangère saccagés, un policier blessé et une route complètement vandalisée... A Kayes aussi, plus précisément dans la localité frontalière de Diboli, des camions sénégalais ont été vandalisés par des Maliens en représailles aux actes posés par les Sénégalais à Kaolack. DAkAR Et … Au lendemain des événements de Kaolack, les deux gouvernements malien et sénégalais ont publié chacun un communiqué pour appeler les populations au calme. Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, via un communiqué de presse de son ministère, a présenté ses condoléances aux familles des victimes tout en appelant au calme. « Le ministre Mansour Faye appelle les acteurs routiers concernés et les populations en général au calme et invite les autorités administratives concernées à prendre toutes les mesures pertinentes pour la préservation de l’ordre public » peut-on lire dans le communiqué de presse du ministère. Le même document ajoute que « les contacts ont été établis avec les autorités maliennes, en relation avec l’ambassade du Sénégal au Mali, pour préserver les intérêts des transporteurs sénégalais opérant au Mali. Très prochainement, des discussions seront ouvertes avec lesdites autorités maliennes pour déterminer des conditions de transports sur le corridor Dakar-Bamako sûres et tenant mieux compte des impératifs de sécurité routière ».
… BAMAKO APPELLENT AU CALME
Dans un élan de sauvegarde des rapports sénégalo-maliens, le ministre des Transports et des Infrastructures malien a, lui aussi dans un communiqué, tenu à informer l’opinion publique que la situation doit être contrôlée pour éviter l’irréparable. « Il nous revient que certains de nos compatriotes ont entrepris une riposte contre des véhicules sénégalais. Au nom du gouvernement de la République du Mali, le Ministre en appelle au sens de la responsabilité et de la mesure de nos transporteurs et conducteurs » lit-on dans le communiqué de nos voisins. Le ministre appelle ainsi au calme et assure qu’après la prise de contact avec les autorités sénégalaises, tous les moyens nécessaires seront de mise pour faire toute la lumière sur ces graves incidents qui n’honorent pas les excellentes relations de fraternité et d’amitié entre nos deux pays. Les deux pays ont intérêt finalement à trouver une solution à ce dossier. Le trafic malien représente 65% des marchandises pour tout le Mali et 71% des containers du trafic du Port autonome de Dakar qui ne pourrait jamais se passer d’un tel business. C’est d’ailleurs conscient de ces enjeux que le président Macky Sall avait pesé sur la balance pour que les sanctions économiques de la Cedeao qui avaient suivi le coup d’État du 18 août 2020 n’impliquent pas les vivres, les médicaments et les hydrocarbures.
COVID-19 14 NOUVEAUX DECES ET 54 CAS GRAVES EN REANIMATION
14 nouveaux décès ont été enregistrés ce dimanche à propos de la covid-19. Sur 2808 tests réalisés, 175 sont revenus positifs au coronavirus soit un taux de positivité de 6,23 %. Il s’agit de 22 contacts suivis et 153 cas issus de la transmission communautaire. 480 patients ont été testés négatifs et déclarés guéris. 54 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation. 14 nouveaux décès liés à la Covid-19 enregistrés. A ce jour, le Sénégal compte 70854 cas déclarés positifs dont 54357 guéris, 1614 décès et 14882 sous traitement.
MACKY SALL «POURSUIVONS NOS EFFORTS EN ALLANT NOUS FAIRE VACCINER»
Le chef de l’Etat Macky Sall a de nouveau appelé lundi ses compatriotes à aller se faire vacciner contre la maladie de la COVID-19, saluant par la même occasion les efforts du personnel de santé dans la campagne de vaccination. «Poursuivons nos efforts pour nous protéger et protéger les autres en allant nous faire vacciner», peut-on lire dans un message publié sur la page Facebook du président Macky Sall. «Je salue les efforts constants du personnel de santé, qui est plus que jamais mobilisé sur tout le territoire national», a-t-il ajouté. Macky Sall réagissait ainsi aux statistiques du jour évoquées dans le bilan épidémiologique publié lundi par le ministère de la Santé relativement à l’évolution de la maladie à coronavirus au Sénégal. Il renseigne que 1.109.720 de personnes ont reçu leur dose sur l’étendue du territoire national depuis le lancement en février dernier d’une campagne nationale de vaccination. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a dans le même temps fait état d’une «baisse des nouvelles contaminations», avec 175 cas positifs sur 2808 tests réalisés, soit un taux de positivité de 6,23%. Ces nouvelles contaminations concernent 22 cas contacts et 153 autres issus de la transmission communautaire enregistrés à Dakar (93) à l’intérieur du pays (60).
NECROLOGIE DECES DE MODOU MAMOUNE SAMB, PCA DE SOCABEG
Le monde de l’immobilier sénégalais est en deuil. Modou Mamoune Samba, PCA de la Socabeg, s’est éteint ce dimanche, au Maroc, des suites de la Covid, renseignent des membres de sa famille. El Hadj Modou Mamoune Samb avait été hospitalisé à l’hôpital Principal de Dakar dans un premier temps, avant d’être évacué, il y a quelques jours, au Royaume chérifien pour des soins. Entrepreneur atypique, modèle et référence, Modou Mamoune Samb était aussi un bienfaiteur qui faisait de l’immobilier un moyen de servir ses concitoyens. Il s’est illustré dans ce secteur par son sens aigu des affaires, sa ténacité et sa parfaite connaissance des forces en présence. Il a orienté son mécénat au niveau du basket sénégalais dont il fut le principal soutien de 2010 à 2013 au temps de la présidence de Baba Tandian. Il avait offert des terrains de 150m2 avec TF, la 1ère année, ainsi que des villas de 4 pièces, construites clés en main et toujours avec TF, pour le Roi et la Reine du Basket pendant cette période… D’ailleurs l’actuel président de SLBC, depuis la France où il est en convalescence, très attristé et abattu par la disparition d’un mécène du basket, tenu à rendre un hommage au défunt. Baba Tandian a précisé que l’épouse du défunt, généreux dans ses oeuvres, est une ancienne internationale de basket. Très attaché au défunt PCA de Socabeg, l’imprimeur s’incline devant sa mémoire au nom de Saint-Louis basket Club. Mamoune, relève-t-il, est jusqu’à cette année, l’un des sponsors leaders de SLBC. « Depuis mon arrivée dans la gestion des affaires du basket, Mamoune Samb m’a toujours accompagné », témoigne-t-il.
CAHIER VACANCES
Votre traditionnel « Cahier Vacances » vous revient le mardi 24 août, inchAllah. La particularité de l’édition de cette année est que, outre la Rédaction de votre quotidien préféré, des acteurs culturels collaboreront à travers de captivants récits et autres découvertes des trésors culturels cachés du pays. La lauréate du Grand prix du Chef de l’Etat pour les Lettres de l’édition 2017, Rahmatou Seck Samb, propose aux lecteurs son roman primé, « Fergo. Tu traceras ta route ». Fergo, c’est une épopée pulaar à travers les mines diamantifères de Zaïre sous Mobutu. C’est aussi l’aventure amoureuse de Baïdy auprès de deux femmes que tout oppose : Kapinga, la belle Moluba, et Matél, son épouse toroodo. Ne ratez pas notre « Cahier vacances » !
René Lake analyse sur VOA, le départ de l'armée américaine de Kaboul après 20 ans de guerre. Une situation qui a pavé la voie aux talibans désormais au pouvoir dans une atmosphère de chaos
René Lake analyse sur VOA, le départ de l'armée américaine de Kaboul après 20 ans de guerre. Une situation qui a pavé la voie aux talibans désormais au pouvoir dans une atmosphère de chaos.
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LA DÉBANDADE AMÉRICAINE EN AFGHANISTAN
Au menu de Point USA cette semaine : les dernières manoeuvres des États-Unis à Kaboul, le sort du plan d'infrastructure de Joe Biden, le péril climatique annoncé par le Giec et les mésaventures d'Andrew Cuomo et du prince Andrew
Afghanistan, face à la progression accélérée des talibans qui s’approchent de Kaboul, les Etats-Unis envoient 3000 soldats pour évacuer une partie du personnel de leur ambassade, et aider les forces américaines à terminer leur retrait à la fin du mois.
Le sénat adopte, lors d’un vote bipartisan, la première phase du plan d’infrastructure de Joe Biden, mais il faut l’aval de la Chambre pour que sa victoire soit complète.
Réchauffement climatique : l’ONU lance un cri d’alarme au monde : agir aujourd’hui ou vivre dans un enfer demain.
La triste fin des deux Andrew : le gouverneur de NY, Andrew Cuomo préfère démissionner, alors que 11 femmes l’accusent de harcèlement, et le Prince Andrew est attaqué en justice pour abus sexuel sur une mineure dans l’affaire Epstein.
Rubrique variétés : La femme d’affaires Martha Stewart s’allie avec le rappeur Snoop Dogg pour vendre des bonbons pour les chiens.
Nouvelle édition de Point USA, une émission hebdomadaire qui s’adresse plus particulièrement à un public francophone et francophile, avec pour objectif de discuter en français de l’actualité américaine en compagnie de René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur juridique à Bakersfield, en Californie, Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain et avec la légende du monde radiophonique Georges Collinet. La présentation est assurée par Claude Porsella et la réalisation et le montage par Serge Ndjemba.
LES DAMNÉS DE LEUR TERRE, par Elgas
DÉSIRÉ BOLYA BAENGA, L’ASIE MAJEURE ET L’AFRIQUE MINEURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il semble que beaucoup d’esprits africains n’ont simplement pas les moyens de leurs ambitions. Et ce que cela peut coûter pour qu’ils les aient, n’est rien de moins, qu’une renonciation synonyme de compromissions
C’est dans une rue du quartier de la Bastille, un jour d’été de 2010, que le corps sans vie de Désiré Bolya Baenga a été retrouvé. Les rues de Paris, on le sait, enterrent leur lot d’infortunés, dans un relatif anonymat. Mais de là à être, pour celui que nombre de professionnels avertis du monde littéraire et intellectuel appelaient le « meilleur de sa génération », la tragique scène de fin de piste, personne n’aurait pu y croire. Le choc et l’effroi demeurent d’ailleurs, aujourd’hui encore, intacts. Plus vifs encore lors de ses obsèques, où proches, incrédules, admirateurs, se sont pressés pour saluer une dernière fois l’ombre de la longue silhouette de cet écrivain tempétueux.
Une mort brutale
Au micro ce jour-là, pour prononcer l’éloge funèbre, l’aîné et le mentor de toujours : Elikia M’bokolo, normalien et historien devenu l’incontournable Mémoire du continent sur RFI. Les deux amis partagent le même Congo, le goût pour les choses de l’esprit, une réelle complicité intellectuelle, une admiration mutuelle. Et dans les mots sublimes du frère aîné se mêlent tendresse, amitié, récit d’une vie heurtée, d’une trajectoire singulière. Le vocabulaire choisi est plein d’empathie, d’amour, d’une verve presque joyeuse qui défie la catastrophe de la brutalité de sa mort. Une lumière s’allume dans les mots pour dompter l’obscurité du deuil. Pourtant, dans l’assemblée, tout le monde ne réussira pas à dominer la douleur. Au milieu des sanglots, Rahmatou Keïta, journaliste et réalisatrice nigérienne, et amie du défunt, garde en mémoire un épisode déchirant, lorsque la tante de l’écrivain confie, dans un murmure de douleur, que Bolya a quitté sa mère à 18 ans, et qu’elle ne l’a jamais plus revu jusqu’à sa mort. Il avait 53 ans.
Les Baenga sont une famille qui compte dans l’histoire récente du Zaïre. Désiré Bolya Baenga est le fils de Paul Bolya, compagnon de Patrice Lumumba et de la libération congolaise, tour à tour ministre, sénateur, personnage de premier plan. Le bain intellectuel est, comme par évidence, le premier environnement du jeune Bolya. Fort de ses aptitudes intellectuelles bien réelles, précocement perçues, et sous les conseils d’Elikia M’bokolo, ami de sa sœur, il le rejoint plus tard à Sciences Po, la prestigieuse adresse de la rue Saint-Guillaume où l’historien est professeur. L’école, elle n’est plus à présenter ; elle produit une élite promise à de beaux destins professionnels. Le jeune homme y est admis au mérite, et sous l’aile protectrice du guide, il intègre ce temple où les Noirs ne sont pas très nombreux. Il découvre dans la foulée Paris, les splendeurs germanopratines et les mythes mondains qui s’y attachent. Il montre une certaine inclination pour le dandysme, perceptible dans sa mise très tôt soignée. Avec la culture acquise dans ce creuset, de plain-pied dans les débats majeurs de l’époque, Bolya qui a gardé un attachement à son Congo et à son Afrique, semble pourtant renoncer aux grandes carrières tranquilles qui l’attendent pour un rêve secret qui l’habite et l’emporte.
Elikia M’bokolo se souvient dans son éloge et le déclame : « ta route semblait tracée. Quelques concours encore, deux ou trois diplômes supplémentaires en poche, et c’était une carrière tranquille et assurée de bon technocrate dans quelque administration ou banque prestigieuse. Mais non ! c’était mal te connaître. Car tu avais d’autres rêves ! Les livres, écrire des livres. Écrire et publier… » Comme une énergie mystique, son amour pour l’écriture triomphe donc et quelques missions de consultance le maintiennent à flot. C’est un attelage qui convient à son tempérament de bretteur, d’éditorialiste, d’écrivain en devenir qui s’aménage du temps pour crier ses blessures à la face du monde. C’est donc décidé, ce sera l’écriture, ses fragilités, sa cruauté. Tant pis si ça ne paie pas et que les rues de Paris comme de Kinshasa sont peuplées de dandies fauchés.
Entrée fracassante en littérature
En 1986 paraît son premier livre, Cannibale. La rhétorique est ténébreuse et la brutalité absolue. Le champ lexical des expressions est un nappage malodorant : sauvagerie, bêtise humaine, tribalisme, dictateurs sanglants… On y sent des inflexions Conradiennes digne d’Au cœur des Ténèbres, ou encore plus explicitement LeNègre de Narcisse, dans la violence sombre de l’atmosphère générale qui dénonce les corruptions, les hommes de pouvoirs, les réalités africaines mal dégrossies, le peu d’égard pour la vie humaine et l’horizon résolument sombre du continent. Le titre annonce le vertige du gouffre et les mâchoires de la bête humaine, ici africaine. Le texte est habité, palpitant, étouffant même. Tantôt dans les accents du Voyage au bout de la nuit de Céline dans sa parenthèse africaine, tantôt ceux de À la Courbe du fleuve de V.S Naipaul. Toujours le même tableau noir qui étreint le lecteur parfois jusqu’à le broyer. L’Afrique que Bolya donne à voir n’est en effet pas enchanteresse, mais il y applique déjà la mesure du talent qui le caractérise. Et le destin, comme complice, est avec lui, car pour un coup d’essai, c’est un coup de maître : Cannibale est couronné par le Grand prix littéraire d’Afrique noire. Sa maestria a conquis le jury du prix : une liberté de ton, une culture, déjà une certaine intransigeance, et le regard du réel jusqu’à la nausée, malgré l’étiquette fictive et l’identité romanesque du livre. Jean McNair note d’ailleurs ceci, à la fin de sa recension du livre dans la Revue Présence Africaine : « Ce livre trouble. Il ne laisse personne indifférent. Il choquera certains et donnera lieu à des critiques. En fin de compte, ceci est, peut-être, sa vraie force ».
C’est le début d’une ascension, avec une certaine reconnaissance, même parcellaire. Le prix de l’ADELF (Association des écrivains de langue française), malgré les critiques sur ses ombrages coloniaux, restait à l’époque respectable. Bolya en étrenne les retombées qui pavent un peu plus la voie à son rêve d’écriture. L’homme est resté chic, élégant et bien mis. Comme un autre dandy du quartier de Saint-Germain, l’égyptien Albert Cossery. Ils partagent le goût des petites gens. Celui de la paresse aussi ? On ne saurait dire. Cette réception prometteuse n’est en revanche pas la garantie de conditions matérielles plus confortables. Les témoignages sont assez unanimes : Bolya tire le diable par la queue et le nom ne fait pas encore la renommée ni la fortune.
La solitude des exilés africains des Lettres
Si la création est solitaire de nature, la solitude plutôt aiguë, voire l’esseulement, seront le sceau de sa vie, assez rapidement du reste. Il en fait l’expérience dans une réclusion symbolique, parfois contrainte, qui est le lot de beaucoup d’auteurs. D’autant plus dans les années 80/90, période charnière pour nombre de jeunes écrivains et intellectuels africains formés en France. Les structures à matrices idéologiques comme la FEANF (Fédération des étudiants d'Afrique Noire en France) et l’énergie folle de la période qui présida aux indépendances se sont essoufflées. Il ne semble plus y avoir d’épopée collective. L’Afrique est écrite par ses fils, lointains, et très souvent dans la tonalité du malheur. Les groupes, les revues, les clubs, se disloquent, et le désenchantement s’empare des œuvres. Depuis Kourouma, et le Soleil des indépendances, cette veine de la désillusion reste un registre dominant, d’autant plus pendant ces décennies du chaos dans le continent. L’éloignement dû à l’exil, le peu d’ancrage local, éparpillent les écrivains dans le paysage. Un peu fantômes, sans réelles attaches, avec la nostalgie et la mélancolie comme seules ressources pour accompagner les cris souvent vains en direction de leurs peuples. Abdoulaye Gueye, chercheur sénégalais, avait fait la cartographie des intellectuels africains dans les années 50 - 70 (2002) en se focalisant sur les matrices communes. Les sujets étaient fédérateurs. Mais plus tard, on constate, en remontant à cette période qui suit et qu’a bien connue Bolya, la solitude de ces intellectuels, leur déracinement jamais soigné, et leur difficile, voire impossible, ancrage en France, sous peine de pactiser avec le bourreau dans les consciences. Des valeurs refuges se créent : une migritude par exemple, concept qu’a tenté de saisir Jacques Chevrier, avec son lot de questionnements, de déchirements ; un label qui regroupe des esprits qui avaient d’autres ports d’attache idéologiques que la négritude ou même le panafricanisme.
Le destin des écrivains s’en trouve fatalement impacté. Dans ce temps, les tiers-mondistes, sur l’échiquier gauche de la politique en France, tiennent le haut du pavé. Et l’africanisme se cherche encore une nouvelle légitimité depuis que la situation coloniale a été débusquée par Balandier. Comment donc mener une vie intellectuelle libre, au-delà des chapelles, en surplombant les problématiques matérielles que pourrait résoudre l’appartenance à un clan ou à un autre ? Bolya a semble-t-il fait son choix : celui de l’indépendance. Le fils de Paul Bolya ne s’aliène même pas les idées en vogue du panafricanisme de l’époque dont son père fut un chantre, et dont les versants afro-centristes séduisent et deviennent un paradigme fédérateur d’élans. Pas plus qu’il n’est émerveillé outre mesure par les solides attaches qu’il noue à Saint-Germain, avec le risque de Jeandarquisme ou de francophilie galopante comme dirait Romain Gary. Ça lui aménage par conséquent un espace étroit pour épanouir son œuvre. Porté sur la fâcherie facile, irréductible dans son refus des compromissions, « sédentaire de l’éthique » en toutes circonstances, il se construit un îlot aux saveurs de martyrs et se met à dos des amis. Malgré tout, reste le goût âcre de la terre-Mère, au loin, et M’bokolo se souvient toujours dans une tonalité plus nostalgique : « Et nous sommes là, tous, à courir, à courir après le quotidien et ses urgences, au point de ne plus penser à ces instants simples et tranquilles, passés ensemble au commerce des nôtres, pourquoi pas autour de quelque dive bouteille de ces bons vins de France. »
L’Asie, le Japon : la référence
En 89, le mur de Berlin tombe. Il consacre une nouvelle ère. Chez beaucoup d’intellectuels africains, le marxisme est triomphant. Il a fait école. Au lieu de s’emprisonner dans la dualité de ces blocs qui survivent et dont l’hégémonie aliène le continent, Bolya fait un pas de côté. Il s’émancipe de cette vue duelle. Pourquoi pas s’inspirer du Japon ? Le pays du Soleil Levant a réussi des prouesses économiques, et s’est hissé, avec une célérité inouïe, à la tête des pays riches. La trajectoire éblouit Bolya. Il en fait un livre, l’Afrique en Kimono, repenser le développement (1991) où il exhorte le continent à s’inspirer du géant nippon. L’essai est original, il ne ménage pas un occident qu’il traite de « totalitaire ». Il lui reproche son mépris, sa demande incessante aux peuples d’adopter son modèle comme le seul qui vaille. Il remonte le fil de ce miracle japonais, qui a réussi à se moderniser sans renoncer à son identité culturelle. Voilà donc pour Bolya l’exemple type. Le développement ne requiert pas la négation de soi, et le Japon en est la parfaite illustration. L’essai est documenté, bardé de références éloquentes. Il part en effet d’articles dès 1913 d’un pasteur malgache Ravelojoana, père du nationalisme de l’île, qui a précocement pressenti cette inspiration. Âpres l’hommage à cette prémonition des pionniers de la grande île africaine qui fait écho à la morphologie insulaire japonaise, l’Afrique en Kimono est à la fois une critique acerbe des prétentions développementalistes de l’Occident, mais aussi une analyse fine des forces en présence, qui ne ménage pas, entre autres, les islamistes que l’auteur assimile à des idiots utiles de l’occident.
Cette ode au Japon ne manque pourtant pas de défauts à l’examiner en profondeur. L’auteur y passe très vite sur les démonstrations, et ne donne pas à voir le réel état des transformations au Japon. Parfois les scansions prennent le pas sur les analyses, sans esquisser les conditions de possibilité de cette transposition en Afrique, d’autant plus que le Japon et l’Afrique ne partagent pas forcément une familiarité évidente. Mais l’essai est séduisant et convainquant. En brocardant l’idée en vogue du développement comme condition de sortie de la misère, avec l’idéologie libérale qui la porte et la verticalité des injonctions envers l’Afrique, l’auteur est en avance de 20 ans sur des débats sur le « modèle » à suivre. On a tous en tête l’exemple, souvent cité pour accabler l’Afrique, de la Corée du Sud qui avait alors le même niveau que beaucoup de pays africains pendant les indépendances et dont l’économie aujourd’hui pèse plus lourd que nombre de pays réunis. Cet exemple résonne dans le tropisme de Bolya, dont l’œuvre porte cette inclination vers l’Asie majeure, lui qui écrira un autre livre sur le Japon L’Afrique à la japonaise. Et si l’Afrique était si mal mariée ? (1994)
Avant sa mort, Bolya a sans doute vu un autre géant asiatique, plus impérial, faire sa ruée vers l’Afrique, la Chine. Sans doute a-t-il lu l’essai de Tidiane Ndiaye, Le jaune et le noir (2008), qui dresse une longue chronologie, qui n’est pas faite que de romance, des relations méconnues, mais bien réelles entre l’Asie et l’Afrique. Bolya aurait-il rectifié sa copie ? Rien n’est moins sûr. Sa critique généreuse, souvent juste, ainsi que sa personnalité hostile au compromis font de lui un homme à part, reconnu, mais redouté, qui croit en la sacralité de l’éthique. Plusieurs fois, les appels à s’assagir, à intégrer des cabinets plus douillets, se sont fait pour lui qui a partagé sa vie entre Montréal et Paris. Il a toujours opposé un refus au risque parfois de se complaire dans une posture du rebelle ultime, même si à bien y regarder, on pourrait saluer cet acharnement principiel. Dans son éloge, M’bokolo le disait : « Tous ces livres, c’est vraiment toi, avec ce soin que tu as sans cesse mis à ne jamais être captif, ni d’un genre, ni d’un style, ni d’une forme, ni d’un lieu ». Il a cultivé aussi, dans le site Afrik.com, un art de la chronique, du billet politique sur le monde, où l’on retrouve une diversité de sujet, dont l’attachement à Haïti et des réactions sur le vif sur la marche de la planète. Un exercice journalistique qui ne lui rapportait rien, sinon un pécule modeste, mais aussi le maintien d’une régularité dans l’écriture.
Une large palette : pionnier du roman policier en Afrique
On peut vite oublier, à trop se focaliser sur l’essayiste, le romancier. Avec Cannibale, cette fibre était déjà présente, mais c’est dans la Polyandre (1998) et dans Les cocus posthumes (2001), publiés chez le Serpent à Plumes, son dernier éditeur, qu’il devient selon les mots de Rahmatou Keïta, « un précurseur du roman policier, avec un goût réel de la métaphore ». Ces romans sont d’ailleurs salués et étendent la palette de la création de cet auteur inclassable, mais immanquable, et qui est l’un des rares de sa génération à naviguer de genre en genre sans perdre de sa superbe. Les romans policiers n’ont pas bonne presse sur le continent et ce n’est pas un genre à la mode. On s’en détourne volontiers comme si c’était un registre mineur. En y faisant une incursion, Bolya mène sa carrière littéraire – stabilisée, avec un bon éditeur – sans la folie de la gloire, mais dans un cercle où son savoir-faire est salué.
Toujours chez le Serpent à Plumes, comme si le constat d’échec du développement africain était consommé, et que les invitations à marcher sur les pas du Japon étaient des cris dans le désert, Bolya commet un autre livre, plus à charge, l’Afrique, le maillon faible (2002). Le propos est sans détour et les responsabilités sont situées sans ménagement. Le titre est comme une épitaphe. De cette œuvre globale en construction, émerge une colonne vertébrale assez claire : une exigence, un engagement, une intransigeance, des excès, des obsessions, mais aussi en annexes, la cause des sans-grades, un amour de la femme, de la féminité, de la cause des femmes, victimes en premières lignes de toutes les hégémonies traditionnelles et des violences de la guerre moderne. Un amour des femmes, qui est aussi de la gratitude, pour celles qui l’ont élevé, celles qui l’ont aimé, le long de sa vie.
Amour qu’il confirme dans La profanation des vagins (2005), qu’il dédie à sa fille, son grand amour. Un livre de dénonciation des crimes de guerre, militant et désabusé, mais à l’épaisseur politique incontournable et à l’envergure qui parcourt les guerres de son temps. Un livre qui a peut-être marqué et inspiré le gynécologue, prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, l’homme qui répare les femmes, dans cette sale guerre du Congo. Une œuvre donc globale qui se présente sous la forme d’un cri, avec du panache, mais qui n’a jamais eu un écho à sa mesure. Et comme toujours, in petto, ses détracteurs confient leurs griefs : une âme chagrine, frustrée. C’est sans doute un peu vrai. Pouvait-il pour lui en être autrement ? Dans un ouvrage publié chez Mémoire d’encrier, son ex-compagne Françoise Naudillon, a rassemblé les textes de ses amis en reprenant comme titre un de ses leitmotivs : Nomade cosmopolite, mais sédentaire de l’éthique (2012). Un parfait résumé de cet esprit, difficile à emprisonner, papillonneur et ouvert aux vents du monde. L’affection remplit ces pages d’hommage, avec une facture intimiste qui les rend à la fois authentiques et touchantes.
La mémoire d’un continent
Aujourd’hui encore, partir sur les traces du legs de Bolya, c’est être confronté à un silence, un silence malaisé. Comme s’il y avait à la fois trop et trop peu à dire sur les déboires de sa fin tragique. Cette mort brutale dans les rues de Paris, pour lui qui se savait « condamné » selon les mots de M’bokolo, donne à voir une antichambre misérable, de réclusion, condition de beaucoup d’esprits africains vivant en occident. Dans la foule anonyme de ces manteaux faits homme, de ces piliers de bar, de ces esprits lumineux, dans ces beuveries et ces gueuletons, peut-on compter tous ceux dont on se prive de l’intelligence ? Ceux qui sont à contre-emploi ? On pourra bien, à loisir, ratiociner sur une malédiction, une infortune, mais la réalité est bien plus cruelle : il semble que beaucoup d’esprits africains n’ont simplement pas les moyens de leurs ambitions. Et ce que cela peut coûter pour qu’ils les aient n’est rien de moins, qu’une renonciation synonyme de compromissions. De ces ambitions déchues, il ne reste parfois que des barouds d’honneur, tantôt sublimes, tantôt tragiques. À la loterie de ce destin, Bolya n’a pas tiré le bon numéro, mais son œuvre, elle, lui survit et rayonne vivement sur le monde intellectuel pour ceux qui se donnent la peine d’aller les chercher. Du fond de son malheur, c’est un écrivain comme l’a si joliment résumé Françoise Naudillon « fidèle, loyal, à ses amis et à lui-même ». Si le martyre est bien souvent une posture, on peut trancher rapidement qu’il a un goût héroïque à n’en pas douter chez Bolya. Dans son œuvre, sa vie, ses obsessions. Une mort et une vie, loin de sa terre natale qu’il a quittée jeune et qu’il a retrouvée dans un cercueil. Comme un symbole d’un déchirement irréversible.
Ce texte fait partie des "Damnés de leur terre", une série proposée par Elgas, publiée une première fois sur le site béninois Biscottes littéraires, en décembre 2020. Elle revient sur des parcours, des destins, vies, de cinq auteurs africains qui ont marqué leur temps et qui restent au cœur de controverses encore vives. Axelle Kabou, Williams Sassine, Bolya Baenga, Mongo Béti, Léopold Sédar Senghor. La série est une manière de rendre hommage à ces auteurs singuliers et de promouvoir une idée chère à Elgas : le désaccord sans l’hostilité, comme le fondement même de la démocratie intellectuelle et littéraire.
Le prochain épisode est à lire sur SenePlus lundi 23 août.
ALPHA AMADOU SY, PENSEUR TRANSDISCIPLINAIRE
Maître en philosophie, il a été professeur et formateur de 1981 à 2016. Son éloquence et son élégance résonnent comme une source d’inspiration pour les épris de culture
Une figure si inspirante. En tant que président de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture (Cacsen) et Administrateur de la Saint-Louisienne de la culture et de la recherche (Scr), le Professeur Alpha Sy enseigne le monde à travers ses chefs-d’oeuvre qu’il a mis du temps à produire avec brio. C’est un auteur bien inspiré. Un écrivain qui se livre régulièrement à une méditation transcendentale, transdimentionnelle.
À travers des figures de style, il fait voler haut le verbe (pas toujours), tout en séduisant ce parterre d’intellectuels qui viennent d’horizons divers pour suivre religieusement son raisonnement discursif, son argumentaire.
Le Professeur Alpha Amadou Sy ne passe pas inaperçu dans la capitale du Nord, où il a l’habitude d’animer des conférences, des colloques, des séminaires, à l’Université Gaston Berger, à l’Institut français, dans les différents lycées et collèges du centre-ville. Il est sollicité constamment et de toutes parts pour des productions intellectuelles.
Ce qui est remarquable dans sa façon particulière de communiquer, c’est qu’il évite à tout prix de developer un langage ésotérique. Ses explications sont claires, limpides, enrichissantes et accessibles à tout le monde. Souvent, il a le souci de tenir compte du niveau d’études de ses admirateurs, pour se rabaisser à leur niveau, en vue de leur inculquer le savoir et les connaissances dont ces derniers ont besoin pour faire face aux affres de cette vie qui devient de plus en plus difficile. Ses techniques de communication s’articulent autour de la pédagogie et de l’andragogie (Science et pratique de l’éducation des adultes).
Auteur d’une quinzaine de livres
Il est né à Saint-Louis, ville qu’il n’a quittée que pour faire ses études à l’Université de Dakar et à l’Ecole normale supérieure. Ancien élève du lycée Charles de Gaulle, il est titulaire d’une maîtrise en Philosophie, d’un Cs en sociologie et d’un Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire.
Le Professeur Alpha Sy est auteur d’une quinzaine de livres qui se caractérisent par leur approche pluridisciplinaire. Il s’est évertué à écrire sur les expériences démocratiques en cours en Afrique, sur des questions esthétiques et anthropologiques.
Faute de savoir pourquoi résumer tel livre et pas un tel autre, il nous fait remarquer qu’il met à profit la théorie de la connaissance, considérée comme la matrice du mode de pensée philosophique. Cela, dit-il, pour questionner les discours et les pratiques des hommes. «La philosophie, qui a renoncé à ses visées hégémonistes, est assez outillée pour ce type d’investigation dont l’avantage est de nous mettre à l’abri de l’académisme. Celui-ci pèche par les frontières, parfois trop rigides, qu’elle instaure entre les différents continents du savoir», analyse l’écrivain.
Créer des espaces d’expression culturelle
Alpha Sy a toujours pensé qu’il ne suffisait pas d’écrire. Il est bon aussi de créer des espaces d’expression culturelle. Dans cet esprit, il a eu à diriger, pendant une bonne dizaine d’années, le comité de pilotage, sous l’égide du Cercle des écrivains et poètes de Saint-Louis, de la Fête internationale du livre de Saint-Louis et de son festival de poésie.
Depuis 2011, ses Doyens lui ont fait l’honneur de le porter à la présidence de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture qui a organisé, entre autres, des caravanes littéraires et colloques internationaux. Il a aussi engrangé une petite expérience, en tant qu’initiateur, avec l’Institut français de Saint-Louis, de café philo et de Nuit de la Philosophie.
Selon le Professeur Alpha Sy, la contribution de la philosophie peut être immense. «Ce contexte de la pandémie offre – malheureusement pas du tout alors à moindre frais – à ce monde de savoir un considérable champ de réflexion. Alors que l’un des slogans le mieux partagé était sans nul doute la santé pour tous à l’an 2000, voici que, depuis novembre 2019, un bien minuscule virus a fini de faire de l’intégralité du globe son terrible théâtre d’opération», observe-t-il.
Depuis au moins le Sommet de la terre, tenu à Rio en 1992, a-t-il poursuivi, les experts et écologistes n’ont cessé de mettre en garde contre les conséquences qui ne peuvent être que fâcheuses de l’exploitation, sur de vastes échelles des forêts, l’extermination des animaux sauvages et les actions perverses à la base de dérèglements climatiques.
Il a été dit et écrit que cette agression de la biodiversité engendre, dans le moyen ou long terme, une propagation de virus extrêmement dévastateurs. Réflexion sur la Covid-19
En poursuivant avec lui la réflexion sur ce contexte de la Covid-19, il est bien inspiré par le slogan «Restez- chez vous !», précisant que la pertinence de cette question apparaît au grand jour quand on réalise que l’homme est fondamentalement en rapport avec l’autre qui est sa vérité. Dans des sociétés encore à forte tendance communautaire, c’est un acte des plus répréhensibles que de sommer l’autre à rester chez lui. Je ne reviendrai pas ici sur les conséquences politiques et idéologiques de son usage pour le Front national en France.
En revanche, a-t-il souligné, ce qui focalise notre attention est de voir comment, paradoxalement, rester chez soi, porter le masque et observer la distanciation physique sont devenus de remarquables modalités de déclinaison de l’amour et de l’affection.
C’est dans la mesure où ces recommandations – même dans le contexte de l’administration des vaccins – sont les moyens les plus efficaces de couper la transmission du virus, «que je me dis que mon propre comportement engage, de quelque manière, le destin des autres membres des communautés. Donc, c’est en décidant, en toute connaissance de cause, d’observer ces mesures- barrières que je me protège en protégeant les autres.
Philosophiquement, la question est ainsi formulée : comment «ponctionner» sur ma propre liberté afin de reprendre le jour d’après ma liberté, toute ma liberté ? Comment «ponctionner» sur ma propre liberté afin que les autres, dont la santé dépend, plus ou moins, de ma propre responsabilité, puissent échapper au virus afin qu’eux et moi nous puissions nous retrouver aussi heureux qu’auparavant. Responsabilité individuelle et libertés collectives
Ainsi, de l’avis du Professeur, indéniablement, le contexte est des plus propices à la réflexion sur la responsabilité individuelle et les libertés collectives. «Restez chez vous», sous ce rapport, ne saurait en aucune façon, provoquer le scandale de la raison démocratique.
Toutefois, a-t-il ajouté, l’autre revers est que le confinement a soulevé d’autres contradictions dont : quel choix faire entre continuer de vaquer à ses occupations avec le risque de choper le virus et celui de mourir de faim faute de ne plus pouvoir gagner son pain ?
Dans le même esprit, comment trancher entre devoir éviter de courir le risque d’attraper le virus en ne se rendant plus à des funérailles et la mauvaise conscience pouvant résulter du sentiment d’avoir failli à un devoir des plus essentiels pour la communauté ; à savoir le «siggil ndigàale» (formule de condoléances) dans la forme, le contenu et au lieu qu’il faut. Il s’y ajoute que la Covid-19 est la cause d’une rupture anthropologique qui a pu faire frémir plus d’un : l’impossibilité d’accompagner ses morts selon des traditions et rites vieux de pratiquement plusieurs millénaires !
Profondes mutations de la société
La société, dans le monde, a tendance à subir constamment de profondes mutations sur tous les plans et à tous les niveaux, elle bouge, se transforme au fil du temps. Au regard de Alpha Sy, le mouvement est la vérité du monde. «Les humains sont en quête permanente d’évolution, mais tout progrès porte en lui-même ses propres contradictions. L’intelligence des contradictions qui structurent notre globe permet à l’homme d’avoir une pleine conscience de son devoir, mais surtout de savoir où poser le pied», avance l’écrivain. Il ne s’agit pas, selon lui, pour la philosophie de se substituer aux autres savoirs, ce n’est pas son ambition, encore moins ses prérogatives.
En revanche, argumente le professeur de philosophie, elle met à profit les acquis issus des investigations des hommes de sciences, des anthropologues, des économistes, des géographes pour alimenter une réflexion exhaustive à même de restituer à l’homme son unicité. «Et si comme le dit Jean Rostand, la science a fait de nous des Dieux avant que nous ne méritions d’être des hommes, il revient à la philosophie de donner à la science cette conscience sans laquelle, comme le prédisait Rabelais, elle ne serait que ruine de l’âme», souligne Sy.
Selon Abdoukhadre Diallo dit Papis, poète, l’écrivain et philosophe Alpha Sy est un penseur transdisciplinaire qui a su très tôt se départir du cloisonnement universitaire. C’est la raison pour laquelle il a pu produire une douzaine d’ouvrages sur des thématiques qui embrassent divers domaines de la science.
C’est un esprit fin, un grand esprit, un orateur magnétique qui sait séduire son auditoire de par son immense culture, sa maîtrise des concepts et des langues à travers lesquels, il les exprime, en y imprimant la pédagogie qui sied.
Un de ses traits de caractère, c’est la constance dans ses idées et sa fidélité en amitié.
Sur le plan social, pour ceux qui le côtoient, Alpha est d’une générosité sans borne.
C’est un humaniste qui met l’homme au centre de ses préoccupations. Il ambitionne toujours de fédérer les uns, les autres. Cependant, il est très exigeant dans sa relation avec le temps, autant pour lui, que vis-à-vis des autres. La préciosité du temps est une réalité sur laquelle il ne transige pas.
Le Directeur de la station régionale de Zik/Fm de Saint-Louis, Babacar Niang, journaliste et enseignant, fait partie des admirateurs du Pr Alpha Sy.
«Nous avons tous intérêt à suivre les conseils de ce philosophe émérite. C’est un rassembleur, un facilitateur, un artisan infatigable de la paix, qui œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des populations», dit-il.
Un autre enseignant du nom de Cheih Bâ invite l’ensemble de nos concitoyens à méditer, à réfléchir sur les enseignements du Pr Alpha Sy. Celui-ci est considéré, partout où il passe comme un intellectuel modeste, accessible, serviable, prompt à transmettre son savoir à la société, de manière bénévole et désintéressée. Il fait partie des intellectuels qui font la fierté du Sénégal.