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15 mai 2025
par Tekhe Gaye
L'ÉVEIL NÉCESSAIRE
L’impunité tuerait ce qu’il reste de notre conscience collective. Imaginez des écoles où les pensées de Cheikh Anta, de Ki-Zerbo.. résonneraient. Un changement durable nécessite de démanteler des sous-systèmes - ENTRETIEN AVEC MAHAMADOU LAMINE SAGNA
C’est un honneur de vous présenter cet entretien avec le Professeur Mahamadou Lamine Sagna, figure incontournable des sciences sociales en Afrique. Alliant rigueur académique et engagement militant, il a marqué par son travail auprès des communautés sénégalaises aux Etats-Unis, en Afrique, et en Amérique et sa participation active aux Assises nationales pour repenser la gouvernance du Sénégal.
Aujourd’hui, malgré sa réserve habituelle, il nous livre son analyse sur le phénomène Ousmane Sonko et Pastef, un mouvement qui a transformé le paysage politique sénégalais. Cet échange, organisé en trois axes, explore le contexte de son émergence, ses stratégies politiques et les enjeux de souveraineté.
Cet entretien se veut non seulement une analyse des événements politiques actuels, mais aussi une réflexion plus large sur les aspirations de notre peuple et le futur de notre nation. Je vous invite donc à plonger dans cet échange riche, lucide, et passionnant avec le Professeur Mahamadou Lamine Sagna, un esprit brillant et engagé, qui nous éclaire sur les enjeux essentiels de notre époque.
Tu as été une figure très active du débat public dans les années 2000 et 2010, et c’est un immense plaisir de te retrouver aujourd’hui pour cet entretien, après tout ce temps. Actuellement, tu enseignes à l’Université WPI (Worcester Polytechnic Institute), une institution principalement axée sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Comment un sociologue de ton calibre s’est-il retrouvé dans un environnement aussi technique ? Par ailleurs, beaucoup ignorent que tu as également eu un parcours de militant politique. Pourrais-tu nous en dire plus sur cet engagement et sur le cheminement qui t’a conduit là où tu es aujourd’hui ?
MLS : Avant de répondre à tes questions, je tiens à te rendre hommage. Ce mot traduit l’admiration que j’ai pour ton parcours et ton engagement. Tu as su faire résonner la voix de notre diaspora à New York, portant avec constance les luttes de nos compatriotes, ici et ailleurs, comme un flambeau inextinguible.
Je suis témoin de ton engagement, notamment lors des Assises nationales. Tu as diffusé sans relâche le rapport sur la gouvernance dans les médias, éclairant nos compatriotes et transformant cette initiative en une cause collective. Merci, Tekhe, pour ce lien précieux que tu maintiens entre la diaspora et notre terre.
Concernant mon engagement militant, il a commencé très tôt, à 16 ans, lorsque j’ai rejoint le parti de Cheikh Anta Diop, le Rassemblement National Démocratique (RND). Ce fut une véritable école de vie. J’ai appris à sensibiliser, à m’organiser, et à aller à la rencontre des populations rurales, vendant des journaux comme Siggi et Takhaw. Ces expériences m’ont formé à comprendre les réalités sociales du Sénégal et à développer une conscience critique.
Guidé par des figures comme Jean François Diouf et Jules Conaré, et inspiré par Cheikh Anta Diop, ce militantisme a profondément influencé ma vision du monde. Pour comprendre le monde, il faut écouter les gens, vivre leurs réalités – une leçon fondamentale que je porte encore aujourd’hui.
Pour répondre à ta question de savoir comment je me suis retrouvé à enseigner dans une institution orientée STEM. Je dirai qu’enseigner dans une université STEM comme WPI prolonge mon engagement dans l’éducation en intégrant les sciences humaines aux STEM pour aborder les défis actuels. Mes cours, tels que l’Introduction à la Sociologie, Social Justice, Ethics et Engineering, et AI and Ethics, permettent de sensibiliser les étudiants aux impacts éthiques et sociaux de leurs innovations, les préparant à contribuer à une société plus juste et durable. Bref je suis un pont entre différentes disciplines
Est-ce ce besoin constant de dialogue avec toutes les couches de la population, cette capacité d’écoute et d’apprentissage sans distinction, qui t’a guidé tout au long de ton parcours ? On se souvient que quand tu enseignais à Princeton tu te rendais chaque week-end à New York pour rencontrer la communauté. Était-ce ta manière de rester connecté, de maintenir un lien profond avec tes racines ?
Oui comme dans la philosophie Ubuntu « je suis parce que nous sommes ». Je crois profondément qu’il faut rendre à la communauté ce qu’elle nous a donné. Si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est parce que ma famille, ma communauté, et mon pays ont investi en moi. Ils m’ont formé, soutenu, et ont cru en moi. Il y a un devoir de réciprocité qui m’habite. Je dois essayer, dans la mesure de mes capacités, de redonner ce que j’ai reçu. Que ce soit à travers mes enseignements, mes recherches, ou simplement en restant engagé avec les gens, je veux contribuer, ne serait-ce qu’un peu, à leur rendre ce qu’ils m’ont offert.
C’est aussi pour ça que je privilégie toujours un engagement qui va au-delà de la salle de classe, en discutant avec les gens, en restant à l’écoute. La connaissance ne doit pas être une tour d’ivoire, mais un pont.
Puisqu'on en parle de pont, j'aimerais que tu me parles d'un grand homme avec qui tu étais proche : feu Amadou Mahtar Mbow. Tu as écrit un livre d’entretiens avec lui, Amadou Mahtar Mbow, Une légende à raconter – Entretiens avec un Éclaireur du siècle. Peux-tu nous en dire un peu plus sur la relation que tu entretenais avec lui ?
Oui Ahmadou Mahtar Mbow était un pont entre nous et les ancêtres. Mais aussi un éclaireur. Concernant le livre, je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Nous marchions dans les rues de Paris, enveloppés par une lumière dorée et un calme presque irréel. Soudain, il me prit doucement par la main et, d’une voix empreinte de sagesse, il déclara : “Lamine, beaucoup veulent écrire sur moi, mais j’ai décidé que ce sera toi.” Ces mots bouleversèrent ma vie.
Pris de court, j’exprimai mes doutes, mais son regard, chargé d’assurance tranquille, balaya mes hésitations : “Si, tu peux. Tu le feras.” Ce moment devint pour moi une mission, un testament à retranscrire, un pont entre les générations.
Pendant des semaines, nous nous retrouvions chez lui ou dans un café qu’il affectionnait. Chaque rencontre était une plongée dans ses combats, ses rêves, et ses déceptions, un voyage dans la mémoire vivante d’un homme ayant traversé les âges avec une dignité inébranlable. Ses récits portaient le poids d’un continent en quête d’identité et d’un siècle en mutation.
Amadou Mahtar Mbow m’a enseigné que la grandeur réside dans la générosité d’un cœur qui donne sans compter. Ce livre, je voulais qu’il soit une offrande, un héritage gravé dans la pierre, car des hommes comme lui ne disparaissent jamais vraiment. Ils continuent d’éclairer et d’inspirer, bien après que leurs pas se sont tus.
En 2023, tu as lancé une grande pétition aux côtés d'intellectuels comme Wole Soyinka, Noam Chomsky et Cornel West. Peux-tu nous parler de cet engagement et de son impact ?
J’ai pris cette initiative parce que l’attaque contre la vitre de la voiture d’Ousmane Sonko représentait, à mes yeux, une atteinte grave aux principes de l’État de droit et de la démocratie. Ce geste symbolisait une rupture profonde dans notre pacte démocratique, révélant la fragilité de nos institutions face à des dérives autoritaires.
Face à cette situation, j’ai ressenti une responsabilité morale d’agir. J’ai proposé une déclaration collective pour dénoncer cette violation des valeurs fondamentales et rassembler des soutiens. J’ai élargi cet appel à des intellectuels internationaux, défenseurs des droits humains, et à des figures sénégalaises respectées comme Amadou Tidiane Baba Wone et René Lake. Leur engagement témoignait de l’importance de cette cause, à la fois nationale et universelle.
Mon objectif était double : mobiliser les forces vives pour défendre nos acquis démocratiques et envoyer un message clair que l’indifférence face à ces dérives n’est pas une option. La démocratie, pour survivre, nécessite des citoyens engagés prêts à se lever pour la protéger. Cette déclaration devait incarner cette volonté collective de défendre les principes de justice, de liberté et d’équité.
Cet incident a-t-il été, selon vous, le déclencheur de votre réflexion sur ce qu’on pourrait qualifier de "phénomène Sonko" ?
Non, je ne le pense pas. Bien que cet incident ait amplifié l’indignation populaire, le phénomène Ousmane Sonko plonge ses racines bien plus profondément. Les soulèvements de 2021, expression d’un ras-le-bol généralisé face à des injustices sociales, économiques et politiques, ont déclenché toute une série de questions. J’ai compris que ces manifestations marquaient un tournant où une jeunesse marginalisée a réclamé justice et opportunités. Puis j’ai compris qu’Ousmane Sonko, avec son discours percutant et son image d’homme intègre, s’imposera comme le porte-voix de cette révolte, l’incarnation crédible de l’espoir d’un renouveau politique devant un système perçu comme corrompu et déconnecté. L’incident de la vitre brisée a renforcé mon intuition et mon analyse de cette dynamique, mais il n’en est pas l’origine.
Essentiellement, qu’avez-vous découvert à travers votre observation et votre analyse ?
J’ai découvert en Ousmane Sonko une combinaison rare d’intellect, de vision stratégique et d’engagement. Dès ses débuts, sa capacité d’analyse et son discours accessible m’ont frappé. À l’époque, certains intellectuels trouvaient que je surestimais son potentiel, mais le temps a prouvé qu’il s’imposait comme une figure centrale, capable de cristalliser espoirs et frustrations.
Cela dit, je ne suis pas militant de son parti. Mon engagement dépasse les affiliations : je lutte avant tout contre les injustices, surtout celles qui touchent à la dignité humaine. Sonko et son mouvement incarnent une aspiration à une société plus juste et souveraine, en proposant des alternatives claires face aux défis du Sénégal.
Cependant, je crois que le combat pour la justice et l’équité dépasse les individualités. Il demande une mobilisation collective autour de valeurs universelles. Mon soutien va donc aux causes qui défendent ces principes, bien au-delà des partis ou des leaders.
Quelle est ta position sur le débat autour de la nécessité de juger les auteurs d'actes répréhensibles, tels que les tueries, les tortures, et autres violences commises contre le peuple sénégalais ?
Juger les auteurs de ces crimes odieux n’est pas une option, mais une obligation morale et historique. Avec 86 vies brisées, des dizaines d’âmes torturées, et des centaines d’individus emprisonnés pour avoir simplement réclamé leurs droits, nous sommes face à une tragédie nationale qui transcende les chiffres. Ce ne sont pas des incidents isolés, mais les signes d’une dérive profonde, d’un système qui, par son silence, menace de légitimer l’inacceptable.
Je ne parviens pas à effacer de mon esprit cette image insoutenable : celle d’un jeune garçon abattu, son seul crime ayant été de brandir avec fierté notre drapeau. Cet acte d’une cruauté inqualifiable est le symbole de l’abîme moral dans lequel nous risquons de sombrer. Si ces crimes restent impunis, nous trahirons non seulement la mémoire de ces victimes, mais aussi l’essence même de notre nation. L’impunité tuerait ce qu’il reste de notre conscience collective et réduirait notre avenir à un pacte avec l’injustice.
Chaque jour où la vérité reste enfouie, c’est l’âme du Sénégal qui s’éteint un peu plus.
Cette responsabilité n’est pas celle d’une seule génération. Elle est un devoir partagé, un poids que chaque Sénégalais conscient doit porter. Si nous n’agissons pas, nous transmettrons à nos enfants un héritage de peur, de honte et d’injustice. Nous les condamnerons à vivre sous l’ombre de crimes non expiés, incapables de bâtir une société juste et unie.
Restaurer la dignité du Sénégal exige que nous affrontions cette sombre réalité avec gravité et détermination. La vérité doit éclater, la justice doit être rendue, et les responsables doivent répondre de leurs actes. Sans cela, nous ne serons plus qu’un peuple sans mémoire, une nation sans avenir. Agir aujourd’hui, c’est sauver non seulement notre présent, mais l’espoir de générations à venir. C’est une lutte pour l’âme même de notre pays, une lutte que nous ne pouvons pas, que nous ne devons pas, perdre.
Mais comment Sonko a pu mobiliser autant ? Autrement dit, comment décrirais-tu le contexte politique, social et économique dans lequel Ousmane Sonko et le mouvement Pastef ont émergé ?
Je vais te livrer une analyse que j’ai faite il y a trois ans. Le contexte dans lequel Ousmane Sonko et le mouvement Pastef ont émergé était marqué par une forte tension sociale, des injustices récurrentes, et une attente interminable d’un véritable changement. Pour mieux comprendre cette dynamique, nous pouvons faire un détour par une analyse d'Alain Badiou sur la lecture de Jean-Paul Sartre concernant la Commune de Paris.
Badiou illustre cette révolte en comparant la situation à un groupe de personnes attendant un bus qui n’arrive jamais. Cette attente crée une situation dite "sérielle", où chaque individu est passif et isolé dans sa frustration. Puis, l’un d’eux décide de protester et entraîne les autres à le suivre. À ce moment, une "fraternité conquérante" se forme : une solidarité enthousiaste naît, chaque individu devient porte-parole du groupe, et ensemble, ils marchent jusqu’à la direction de la compagnie des bus pour exiger des comptes. Au fil de leur marche, d’autres personnes rejoignent le mouvement, renforçant leur dynamique collective.
Finalement, ils réussissent à prendre le contrôle de la société des bus. C’est la victoire.
Après la victoire, n‘est-ce pas donc la fin de la fraternité conquérante ?
Oui, après la victoire, une nouvelle phase s’engage. Sartre évoque le passage de la "fraternité conquérante" à la "fraternité-terreur", où les rôles se figent et la critique devient rare, par crainte d’être perçue comme une trahison. Cette rigidité peut freiner l’expression démocratique et engendrer des tensions internes.
L’intelligence stratégique de Sonko et de ses compagnons réside dans leur capacité à éviter cet écueil. Ils semblent comprendre que pour répondre aux attentes du peuple, le "bus" – métaphore de l’État et de ses institutions – doit fonctionner en continu. Cela exige une gestion efficace tout en restant connecté aux aspirations populaires.
Ainsi, Bassirou Diomaye Faye gère l’institution (la société de bus), veillant à son bon fonctionnement sur le plan institutionnel, tandis que Sonko, à intervalles réguliers, reprend symboliquement le volant. Ce geste lui permet de rester en phase avec le peuple et d’incarner un leadership accessible.
Tant qu’ils maintiennent cette alternance entre gestion rigoureuse et mobilisation populaire, ils renforcent leur légitimité et leur solidité. Leur capacité à naviguer entre ces deux dimensions est leur véritable force.
Waw ! Fascinant. Peut-on espérer voir d'autres études sociologiques de ta part à l'avenir ?
Peut-être plus tard. C’est juste le point de vue d’un citoyen. Le chercheur que je suis ne fait pas des analyses universitaires à chaud. Il faut de la distance, du temps.
Mais Tu es en train de dire que Sonko et les membres de Pastef sont des stratèges d’exception ? Mais que penses-tu de ceux qui les qualifient de populistes ?
La notion de populisme est souvent galvaudée, utilisée pour discréditer quiconque remet en question l’ordre établi. Pourtant, dans son essence, le populisme consiste à parler au nom du peuple et à défier des élites perçues comme déconnectées des réalités.
Qualifier Sonko et le Pastef de "populistes" dépend de la définition adoptée. Certes, ils défient un système néolibéral jugé injuste et captent le ras-le-bol général. Mais plus qu’un simple populisme, leur approche reflète une stratégie visant à redonner une voix aux marginalisés.
Historiquement, des figures comme Sankara ou certains mouvements en Amérique latine, souvent taxés de populistes, ont restauré une dignité perdue. Le populisme devient problématique lorsqu’il verse dans la démagogie, mais s’il sert à représenter les oubliés du système, peut-on vraiment le condamner ? Ce terme, trop souvent une arme rhétorique, nécessite une distinction claire entre populisme destructeur et populisme porteur de transformation sociale.
Donc, selon toi, Sonko aurait-il conçu une stratégie authentiquement révolutionnaire pour défier et transformer le système sénégalais ?
Ousmane Sonko et ses compagnons ont opposé au système sénégalais un anti-système structuré, fondé sur une analyse stratégique des fabriques, mécanismes et structures qui normalisent les inégalités et favorisent les élites. Ils ont su dénoncer les institutions, médias et lois qui perpétuent l’oppression, ainsi que les rouages de censure et de dépendance des citoyens qui maintiennent le contrôle du pouvoir. Mais, pour un changement durable, ils devront démanteler les sous-systèmes qui soutiennent ces injustices : réformer une administration gangrenée par la corruption, promouvoir des médias indépendants et pluralistes, et mettre fin aux réseaux d’affairistes qui exploitent les failles du système. C’est en s’attaquant à ces bases que leur vision d’un Sénégal équitable et souverain pourra se concrétiser.
Parlons un peu de la diaspora à laquelle tu appartiens. Comment expliquer la mobilisation extraordinaire de la diaspora sénégalaise dans la mobilisation politique ?
En tant qu'analyste, je vois cette mobilisation comme le résultat d’un lien profond entre la diaspora et le Sénégal. Ces Sénégalais, bien qu’établis à l’étranger, restent intimement connectés à leur pays, vivant ce que l’on pourrait résumer par : « La diaspora n’habite plus le Sénégal, mais le Sénégal les habite. » Cette vision, proche de l’esprit Ubuntu – « Je suis parce que nous sommes » – traduit un attachement collectif à leur communauté et à l’avenir du pays.
Un facteur clé de cette mobilisation est Internet et les technologies numériques, qui ont aboli les distances. Grâce aux réseaux sociaux et plateformes de communication, la diaspora reste connectée en temps réel, s’organise efficacement, et amplifie ses voix critiques à l’échelle internationale.
De plus, la diaspora joue un rôle central dans l’économie sénégalaise par les transferts de fonds, renforçant sa légitimité à peser sur le débat politique. Des mouvements comme Pastef ont su capter cette énergie, en proposant des idées alignées avec les aspirations des Sénégalais vivant à l’étranger, notamment une gouvernance plus juste et inclusive.
Enfin, les jeunes générations, mieux connectées et formées, portent cette dynamique. Elles aspirent à réconcilier leur double identité culturelle et à bâtir un Sénégal moderne tout en restant enracinées dans leurs valeurs.
En somme, cette mobilisation illustre une citoyenneté mondiale qui reste solidement ancrée dans le local.
Comment envisages-tu l’avenir de cette mobilisation populaire ? Quelle est ton analyse de l’idéologie de souveraineté portée par Pastef, et quelle vision ce parti propose-t-il pour la gestion de l’État sénégalais ?
La vision de Pastef, notamment leur projet 2050, relance les idées de souveraineté et de développement endogène portées par Cheikh Anta Diop et Mamadou Dia. Ce projet prône un développement autocentré et auto-entretenu, basé sur la maîtrise des ressources et des choix économiques.
Leur discours sur la souveraineté résonne fortement, non seulement au Sénégal mais à l’échelle africaine, appelant à un véritable changement de paradigme. Il s’inscrit dans la continuité des combats menés par des figures comme Senghor, Nkrumah ou Cheikh Anta Diop, qui ont lutté pour une émancipation totale, souvent compromise par des pressions externes ou internes.
Voir de jeunes leaders comme ceux de Pastef recentrer ce combat est porteur d’espoir. En tant qu’héritier de l’école de pensée de Cheikh Anta Diop, je salue cette démarche, essentielle pour que l’Afrique contrôle ses ressources et bâtisse un développement véritablement souverain.
Mais concrètement, comment cette quête de souveraineté se traduit-elle sur le plan programmatique et quelles en sont les priorités ?
Le discours de souveraineté de Pastef aborde des enjeux économiques, politiques et culturels majeurs. Il interroge sur l’incapacité du Sénégal, riche en ressources naturelles, à garantir la prospérité de son peuple et sur sa dépendance aux aides étrangères. Pastef prône la valorisation des ressources nationales, la lutte contre la corruption et une gestion rigoureuse des finances publiques.
Cette quête de souveraineté nécessite de reconstruire les institutions, repenser les modèles de développement et investir dans l’éducation pour armer la jeunesse face aux défis futurs. Portée par un souffle nouveau, elle pourrait ouvrir la voie à un développement plus autonome et équitable pour le Sénégal et l’Afrique.
La vision Sénégal 2050, bien conçue et ambitieuse, repose sur une analyse claire des enjeux et propose des stratégies pour bâtir une nation souveraine, prospère et fière de ses ressources et talents.
Quelles sont, selon toi, les réformes clés à mettre en œuvre pour garantir une souveraineté pleine et durable au Sénégal ?
La souveraineté, en vérité, prend racine dans l'esprit et s'épanouit dans le cœur. Et c'est par l’éducation, cette flamme inextinguible, que nous allumerons les lumières de notre émancipation. Avant que ne naissent les réformes politiques ou économiques, c’est l’âme même de nos peuples qu’il faut libérer des chaînes invisibles laissées par l’histoire. Ces chaînes, forgées dans les brasiers de la colonisation, étouffent encore trop souvent notre confiance, notre fierté, et notre audace à rêver grand.
Ce que nous appelons "décolonisation des esprits" n’est pas un simple concept ; c’est un cri du cœur, une urgence. Elle invite à briser les complexes d’infériorité, à réapprendre à marcher debout, fiers de nos langues, de nos histoires, de nos héros. Car un peuple qui doute de lui-même ne peut jamais tracer son propre destin.
Et dans cette quête, l’éducation est la clé. Imaginez des écoles où les pensées de Cheikh Anta Diop, d’Amadou Hampâté Bâ, de Joseph Ki-Zerbo résonneraient dans chaque salle de classe. Imaginez des universités devenues des temples de savoir, des lieux où nos jeunes apprendraient non seulement à penser, mais à rêver, à créer, à reconstruire le monde. Hélas, aujourd’hui, même dans les institutions qui portent leurs noms, ces géants restent en marge, leurs idées reléguées à des murmures au lieu de devenir des chants.
C’est un gâchis que nous ne pouvons plus accepter. Nos écoles doivent devenir des sanctuaires de la mémoire et des laboratoires de l’avenir. À travers des séminaires, des dialogues, des enseignements vibrants, nos étudiants doivent être invités à dialoguer avec ces figures lumineuses, à se nourrir de leurs luttes, à puiser dans leurs rêves la force de bâtir une Afrique souveraine.
Mais ce projet dépasse l’intellect. Il s’agit aussi d’éveiller les âmes, de restaurer l’estime de soi, de libérer nos jeunes des ombres du passé pour qu’ils imaginent un avenir sans limites. Chaque mot qu’ils apprendront, chaque histoire qu’ils redécouvriront, sera une pierre posée dans l’édifice d’une souveraineté vraie.
Cette souveraineté que nous cherchons à construire ne peut se limiter à des institutions ou à des frontières. Elle doit devenir un feu intérieur, une conviction profonde que notre culture, notre histoire, nos langues sont des trésors inestimables. C’est une renaissance que nous appelons de nos vœux, une élévation collective. Et pour cela, il faut travailler sans relâche, avec passion et foi, pour que chaque esprit, chaque cœur, se nourrisse de la grandeur de notre patrimoine et ose rêver l’avenir.
En tant qu'auteur de Monnaie et Société, quel est votre point de vue sur la question fondamentale de la souveraineté monétaire et la sortie du Franc CFA, en particulier à la lumière des propositions défendues par le mouvement Pastef ?
La monnaie est bien plus qu’un simple outil économique : elle incarne la culture, l’histoire et le pouvoir. La question du Franc CFA dépasse donc les enjeux monétaires pour s’inscrire dans une réflexion politique et symbolique. Elle représente un enjeu de souveraineté nationale et de dignité collective, car elle perpétue une domination post-coloniale, même après des décennies d’indépendance.
Le Franc CFA, symbole d’une tutelle française persistante, maintient les pays africains dans une subordination économique. Par son existence, il entrave l’autonomie des décisions stratégiques, laissant les économies locales sous influence extérieure. Dans ce contexte, parler de souveraineté politique sans contrôle monétaire est illusoire.
Rompre avec le Franc CFA, comme le défend Pastef, n’est pas seulement une démarche économique, mais aussi un acte d’émancipation mentale et morale. Cependant, cette transition exige des prérequis : une monnaie nationale ou régionale qui inspire confiance, une discipline budgétaire et des structures financières solides pour éviter l’inflation ou la fuite des capitaux.
Au-delà de l’économie, la souveraineté monétaire repose sur une souveraineté mentale. Tant que nous resterons convaincus que notre développement dépend de l’extérieur, nous resterons captifs de schémas de dépendance. La monnaie, dans ce sens, devient un levier pour affirmer notre capacité à gérer nos affaires et tracer notre propre voie.
Une sortie réfléchie du Franc CFA pourrait être un tournant historique pour les nations africaines, marquant la réappropriation de leur destin économique et politique. Mais cela nécessite une refonte des systèmes éducatifs, une valorisation des savoirs endogènes et une mobilisation citoyenne massive. La monnaie n’est que la partie visible d’un enjeu plus vaste : une souveraineté économique, culturelle et mentale indispensable pour écrire l’avenir du continent en toute liberté.
Merci infiniment, Professeur Mahamadou Lamine Sagna, pour vos réponses d’une rare profondeur. Vous avez éclairé des enjeux cruciaux avec une lucidité remarquable, tout en rappelant la responsabilité morale qui nous incombe. C’est un privilège d’avoir échangé avec vous. Vos paroles inspirent et insufflent un souffle d’engagement et de dignité, essentiels pour bâtir un Sénégal plus juste. Votre parcours, mêlant rigueur intellectuelle et militantisme, est une véritable source d’espoir et un guide dans ces temps troublés.
Merci, Tekhe, pour cet espace d’expression. Tu es bien plus qu’un journaliste : un citoyen engagé, un défenseur de la diaspora et un militant infatigable pour la justice sociale. Par ton travail, tu éveilles les consciences, bâtis des ponts et rappelles l’importance de ne jamais céder au silence.
J’espère que le Sénégal saura tirer parti de ta vision et de ta passion. Ton engagement est une inspiration, et je suis convaincu qu’avec des acteurs comme toi, notre nation surmontera ses défis tout en restant fidèle à ses idéaux d’équité et de solidarité.
DES DÉPUTÉS FRANÇAIS RÉCLAMENT UNE COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LE MASSACRE DE THIAROYE
Il s’agit de parlementaires de l’opposition de gauche, principalement de La France insoumise (LFI) et de quelques députés du camp présidentiel.
Cinq députés français ont déposé mardi une demande de constitution d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur le massacre à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, par l’armée française de soldats africains ayant combattu sous ses ordres à la guerre mondiale, a-t-on appris de source médiatique.
Il s’agit de parlementaires de l’opposition de gauche, principalement de La France insoumise (LFI) et de quelques députés du camp présidentiel, a par exemple souligné le site d’information de Radio France internationale (RFI).
Cette demande introduite cinq jours avant la commémoration du 80e anniversaire de cet épisode de l’histoire coloniale de la France en Afrique devra toutefois être approuvée par la commission compétente au sein du parlement français.
La proposition de résolution visant à mettre en place une telle commission porte symboliquement le nom d’Ousmane Sembène, figure du cinéma et de la littérature sénégalais et ancien Tirailleur.
Des dizaines de soldats africains ayant combattu pour la France lors de deuxième guerre mondiale ont péri dans le massacre de Thiaroye survenu le 1er décembre 1944.
Ils ont été tués après avoir réclamé le paiement au même titre que les Français de souche de leur dû.
SUPPRESSION DES VILLES, DIOMAYE ACTE-T-IL LA VOLONTÉ DE MACKY SALL ?
À la suite de la publication de l'arrêté n°029532 portant répartition de la CEL/VA, Rufisque tire la sonnette d'alarme et s'inquiète gravement pour sa survie. Dakar, Pikine, Guédiawaye et Thiès ne sont pas non plus épargnées.
Le régime du président Macky Sall l'avait évoqué avant de reculer face à la levée de boucliers des élus et populations des villes, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye seraient en passe de le réussir par la suppression pure et simple du guichet stabilisation qui a permis jusque-là aux villes de faire face à leurs nombreuses charges. À la suite de la publication de l'arrêté n°029532 portant répartition de la CEL/VA, Rufisque tire la sonnette d'alarme et s'inquiète gravement pour sa survie. Dakar, Pikine, Guédiawaye et Thiès ne sont pas non plus épargnées.
''Boulen mafi indil benen tremblement de terre financier (ne me causez pas un autre tremblement de terre financier’’, en wolof. C'est en ces termes que le maire de la ville de Rufisque, Oumar Cissé, avait interpellé le régime de Macky Sall qui avait porté la CEL/VA - une des deux déclinaisons de la contribution économique locale qui avait remplacé la patente - de 1 758 918 833 en 2020 à 83 .901 738 en 2023. Dans une lettre adressée au ministre des Finances et du Budget le 29 mai dernier, l'édile de la ville de Rufisque alertait pourtant et invitait l'argentier de l'État à faire les corrections nécessaires pour rétablir la Rufisque dans ses droits.
Selon lui, ''le montant correct était en réalité celui de 2020 qui était arrêté à 1 758 918 833 F CFA''.
En fait, la CEL a remplacé depuis 2019 la patente qui, rappelle l'expert en décentralisation Amadou Sène Niang, était jugée antiéconomique par le patronat, car elle était assise non seulement sur la valeur ajoutée, mais aussi sur les investissements. La réforme, selon l'expert, avait profité à deux types d'acteurs : les entreprises qui y étaient assujetties, mais aussi les collectivités locales qui ne bénéficiaient pas de l'ancienne patente. ''La réforme de la patente a profité aux entreprises, parce que l'impôt ne repose plus sur les investissements, mais sur la valeur ajoutée créée par l'entreprise. L'autre catégorie d'acteurs qui en avait bénéficié ce sont les collectivités territoriales qui ne percevaient pas la patente. Car la patente ne bénéficiait qu'aux communes où les entreprises étaient implantées. Avec la Contribution économique locale, ce n'était plus le cas'', analyse le spécialiste.
La CEL/VA, qui est passée de 800 millions à 17 millions F CFA, représente 30 % du budget de Rufisque
L'État a donc pris l'impôt qui appartenait aux communes où sont implantées les entreprises, soi-disant pour en faire une répartition plus équitable. De l'avis de M. Niang, même si la volonté de renforcer certaines communes sur le plan financier était louable, l'autorité n'avait pas à aller chercher les ressources au niveau des collectivités locales qui souffraient déjà. ''Cette stratégie qui consistait à déshabiller Jean pour habiller Paul n'était pas une bonne stratégie. Si l'État veut donner des moyens aux communes qui sont pauvres, il n'a qu'à mettre la main dans sa propre poche. Il ne doit pas prendre l'argent des communes supposées riches pour le donner à celles qui sont supposées être pauvres. Je l'avais combattu ; je l'avais qualifié de fumisterie d'État, mais j'étais bien seul. Aujourd'hui, avec la fin de la période transitoire, certains mènent un débat qui est, à mon avis, dépassé''.
À propos du mode de fonctionnement de la CEL, le spécialiste explique que cela repose sur trois guichets dans un souci d'équité territoriale. D'abord, il y a le guichet d'allocation minimale - passé de 12 millions au début à 19 millions aujourd'hui - pour permettre à toutes les communes d'en bénéficier. L'autre guichet est le guichet de stabilisation qui permettait aux communes qui avaient la patente d'voir un montant qui leur permettrait de survivre, de ne pas connaitre une chute brutale de leurs recettes. Le troisième, c'est le guichet d'équité territoriale qui permet aux communes les plus pauvres d'en bénéficier. ''Le problème, aujourd'hui, c'est avec le guichet stabilisation qui est arrivé à terme. C'était une sorte de perfusion qui devait durer trois ans ; on a dépassé les trois ans parce que la CEL est entrée en vigueur en 2020. Il ne reste que le guichet d'allocation minimale qui ne bénéficie pas à certaines communes. Et le guichet d'équité territoriale qui profite aux communes les plus vulnérables et les plus pauvres'', a souligné le spécialiste, également ancien conseiller municipal à Rufisque.
Selon Amadou Sène Niang, cette stratégie qui a consisté à déshabiller les communes supposées riches pour habiller les supposées pauvres n'était pas une bonne stratégie
D'ailleurs, dans cette ville, on sonne la mobilisation de toutes les composantes pour voir comment gérer cette coupure qui, à coup sûr, risque de précipiter la ville vers une mort certaine. En fin 2023, insatisfait des réductions successives de son enveloppe qui est passée de plus d'un milliard 700 millions en 2020 à moins de 500 millions en 2022, le maire Cissé dénonçait : ''La ville de Rufisque a une particularité. La CEL/VA représente 30 % de notre budget. Pour 2020, on avait reçu 1,750 milliard au titre de la CEL/VA. Pour 2021, il y a eu un effondrement et on a eu 1,200 milliard, soit moins de 600 millions. C'était déjà un tremblement de terre financier'', lançait-il avant d'apostropher le ministre : ''Ne nous menez donc pas vers un autre tremblement. Ce n'est pas parce qu'on est dans l'opposition que nous devons subir ça. Nous sommes dans une mort lente, mais une mort sûre.'' Finalement, il a eu plus de 800 millions de francs CFA, soit près du double par rapport à 2022, quand la ville payait son choix pour un maire opposant en ne récoltant qu'un peu plus de 427 millions.
Dakar, Pikine, Guédiawaye et Thiès également concernées
Si le régime du président Macky Sall n'avait pu passer à l'acte en supprimant le guichet stabilisation qui a permis jusque-là de maintenir certaines villes en vie, celui de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko n'a pas tergiversé. Il a coupé purement et simplement ladite rubrique et risque ainsi de plonger les collectivités qui en bénéficiaient dans une sorte de marasme budgétaire. À ce rythme, ils vont à coup sûr matérialiser la volonté prêtée à Macky Sall à l'époque de vouloir supprimer les villes.
La mesure risque en tout cas de semer la crise dans les cinq villes que compte le Sénégal, à savoir Dakar, Pikine, Guédiawaye et Thiès, en sus de Rufisque qui a eu l'enveloppe la plus faible, loin derrière Dakar qui se retrouve avec plus de 89 millions, Pikine plus de 53 millions, Guédiawaye plus de 27 millions et Thiès plus de 22 millions. Pour rappel, Rufisque n'a eu pour sa part que 17 millions. À en croire Amadou Sène Niang, à l'entrée en vigueur de la CEL qui avait remplacé la patente, environ 37 communes victimes ont été recensées. Outre les villes susnommées, il y avait des collectivités locales riches comme Taiba Ndiaye, Richard Toll, entre autres, toutes celles qui abritent des industries importantes sur leur sol.
Le bureau municipal de Rufisque est convoqué d'urgence demain et on annonce déjà une réunion imminente du conseil municipal. ''Nous allons vers une année budgétaire noire, pour ne pas dire vers la disparition de la ville. Nous avons été très surpris et il va de soi que nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour amener l'État à réviser cette répartition'', commente cette source proche de la mairie de Rufisque. Nous avons essayé de joindre la ville de Dakar pour avoir sa réaction, mais en vain.
LANCEMENT D’UNE COMPÉTITION NATIONALE POUR LE QUARTIER LE PLUS PROPRE
Selon Balla Moussa Fofana, l’objectif est d’innover en créant non seulement un cadre urbain propre, mais aussi en apportant des améliorations esthétiques qui répondent aux aspirations des habitants.
Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Balla Moussa Fofana, a annoncé une compétition nationale visant à récompenser le « quartier le plus propre » du Sénégal.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la 7ème journée de nettoiement, prévue pour le 7 décembre prochain.
Lors d’une déclaration faite à l’issue d’une journée de travail consacrée à la préparation de cet événement, le ministre a précisé : « Nous lançons un challenge, une compétition entre les différents quartiers du Sénégal. Et au soir du 7 décembre, à l’occasion de la journée de Setal Sunu Gox, nous verrons quel est le quartier qui a présenté les plus belles améliorations au niveau de son parcours ».
Cette édition, qui se déroulera sous le thème « Ensemble pour des quartiers propres et embellis», vise à mobiliser les citoyens autour de l’importance de la propreté et de l’embellissement des espaces urbains.
Selon Balla Moussa Fofana, l’objectif est d’innover en créant non seulement un cadre urbain propre, mais aussi en apportant des améliorations esthétiques qui répondent aux aspirations des habitants.
Le ministre a souligné que cette journée de mobilisation citoyenne est une occasion de renforcer l’engagement collectif pour un environnement sain et agréable.
LE SDT-3S ANNONCE UNE GRÈVE GÉNÉRALE DE 72 HEURES
Cette décision fait suite à l’absence d’avancées concrètes sur des points clés des revendications syndicales, notamment : Le respect des accords signés en mai 2022 et décembre 2023. La généralisation de l’indemnité de logement pour tous les travailleurs.
Le Syndicat des Travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (SDT-3S) a décidé de hausser le ton face à l’inaction des autorités concernant les revendications des travailleurs du secteur. Lors de la réunion de son Conseil National Syndical (CNS), tenue le dimanche 24 novembre 2024, une grève générale de 72 heures a été validée pour les 4, 5 et 6 décembre 2024.
Cette décision fait suite à l’absence d’avancées concrètes sur des points clés des revendications syndicales, notamment : Le respect des accords signés en mai 2022 et décembre 2023. La généralisation de l’indemnité de logement pour tous les travailleurs du secteur. La finalisation des processus de reclassement pour les infirmiers, sage-femmes et techniciens supérieurs de santé. Le recrutement annuel de 3 000 agents sur cinq ans pour combler le déficit en ressources humaines dans le secteur. Une gestion plus transparente et équitable des postes de responsabilité au sein du ministère de la Santé.
En complément de la grève, le SDT-3S prévoit des actions fortes : Rétention d’informations et boycott des supervisions. Mobilisation à travers des assemblées générales dans toutes les régions du pays. Possibilité de durcir les actions, avec un boycott des programmes et activités à venir. Le syndicat souligne que ces mesures visent à interpeller le gouvernement sur ses engagements et à accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires pour améliorer les conditions de travail et les performances du secteur.
Le SDT-3S tient l’État du Sénégal pour responsable des éventuelles répercussions de cette situation, notamment sur la qualité des soins et l’atteinte des objectifs de couverture sanitaire universelle. Le syndicat a également plaidé pour une approche holistique du système de santé basée sur l’éthique, l’équité et les nouveaux paradigmes tels que le concept One Health. Il exige, entre autres : Une révision du décret 77-887 sur le statut des fonctionnaires de la santé. Une gestion transparente des commissions d’équivalence des diplômes et des processus de reclassement. Le respect des engagements relatifs à l’attribution de terrains d’habitation à Daagakholpa.
Le SDT-3S a réaffirmé son engagement à promouvoir la centrale syndicale CNTS-FC, appelant à l’unité et à la solidarité pour obtenir gain de cause. Avec cette grève générale de 72 heures, le syndicat entend maintenir la pression et poser les bases d’un dialogue sérieux avec les autorités pour améliorer les conditions de travail des professionnels de santé et renforcer l’efficacité du système sanitaire national.
LES UNIVERSITÉS INVITÉES À VALORISER LES SAVOIRS ENDOGÈNES
Le coordonnateur du laboratoire Alliance de Recherche-Action Université Territoire (ARUT), Pr Sambou Ndiaye, a exhorté les institutions académiques à s’ouvrir davantage aux réalités socio-culturelles des communautés.
Saint-Louis, 26 nov (APS) – Le coordonnateur du laboratoire Alliance de Recherche-Action Université Territoire (ARUT), Pr Sambou Ndiaye, a plaidé pour une plus grande ouverture des universités avec l’intégration des savoirs endogènes dans les protocoles de recherche.
‘’Les communautés sont productrices de savoir et méritent d’être associées aux différents processus de recherche’’, a dit Pr Ndiaye notant qu’en réalité »les universités sont dans la recherche conventionnelle qui ne prend pas en compte ces réalités socio-culturelles’’.
Il s’exprimait, mardi, devant la presse en marge de l’ouverture d’un atelier de cadrage stratégique et de consolidation du Réseau international université Société (REIUNIS) qui va regrouper durant quatre jours six universités de la France, du Québec, de la Suisse et du Sénégal.
Selon lui, ‘’ces communautés ont survécu grâce à ces savoirs endogènes face aux différentes contraintes liées à la nature et à leur environnement’’.
Cependant il a déploré que malgré l’existence d’une loi depuis 2015 au Sénégal pour leur prise en compte dans le dispositif, cela tarde à se concrétiser sur le terrain de la recherche.
Ces communautés sont considérées comme des bénéficiaires alors que, dit-il, elles ont des savoirs liés à leur tradition à faire valoir.
Le REIUNIS inspire à travailler avec la communauté, a dit le sociologue rappelant qu’il a été créé en 2018 à l’UGB.
Membre fondateur du réseau, Christian Agbobli de l’Université de Québec a affirmé que l’idéal qui a constitué la force de cette entité francophone est d’explorer les voies pour servir la communauté.
En marge de cet atelier, 20 étudiants de l’UGB vont présenter leurs thèses de doctorat.
Les travaux ont démarré par un panel sur le thème : »L’Université à la rencontre des acteurs non académiques : regards croisés sur le partenariat université-communauté et la recherche participative. Les attentes des acteurs non académiques ».
GUY MARIUS SAGNA DÉNONCE LES DYSFONCTIONNEMENTS DE L’ADMINISTRATION
Il a notamment pointé du doigt les retards de paiement touchant les travailleurs du Fonds d’entretien routier autonome (FERA) et les jeunes du service civique national.
Le député et activiste Guy Marius Sagna a vivement critiqué, lors d’une récente sortie médiatique, les dysfonctionnements persistants au sein de l’administration sénégalaise.
Il a notamment pointé du doigt les retards de paiement touchant les travailleurs du Fonds d’entretien routier autonome (FERA) et les jeunes du service civique national.
« Les ministres concernés devront répondre de ces situations devant l’Assemblée nationale », a-t-il exigé.
Selon lui, il est inacceptable que des fonctionnaires de l’État ne respectent pas leurs obligations envers les citoyens.
Le parlementaire a également déploré la qualité du service public dans les ministères : « Nous avons hérité de systèmes de gestion du courrier défaillants. L’accueil dans les administrations est tout aussi problématique que dans les hôpitaux. Beaucoup de fonctionnaires semblent oublier que le citoyen est le souverain et qu’il doit être traité avec respect. »
L’activiste a appelé à une refonte profonde de l’administration, afin de la rendre plus efficace, plus transparente et plus au service des citoyens.
« L’État doit cesser d’avoir une attitude néocoloniale envers les citoyens », a-t-il martelé
LA CHASSE AU REMÈDE CONTRE LE VIH EST LANCÉE
"Il existe des méthodes de prévention et de traitement du VIH très efficaces, mais près de 40 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. La plupart de ces personnes vivent en Afrique. Nous avons besoin de nouvelles solutions", déclare Ndung’u
Maintenant que l'Afrique est en train de renverser la tendance en matière de VIH/SIDA, la plupart des nouvelles infections à VIH se produisant en dehors du continent, la chasse est lancée pour trouver un remède, déclare le professeur Thumbi Ndung'u, expert international du VIH/SIDA et directeur des sciences fondamentales et translationnelles à l'Institut de recherche sur la santé en Afrique (AHRI) au KwaZulu-Natal.
La Journée mondiale de lutte contre le sida est célébrée chaque année le 1er décembre depuis 1988, pour rappeler à la société la nécessité d’une solidarité mondiale dans la lutte continue contre le VIH/sida.
« Nous avons fait d’énormes progrès. Il existe des méthodes de prévention et de traitement du VIH très efficaces, mais près de 40 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH et ce n’est pas chose facile. La plupart de ces personnes vivent en Afrique. Nous avons besoin de nouvelles solutions », déclare Ndung’u.
L’une de ces nouvelles solutions est un vaccin contre le VIH, l’autre un remède. Ces nouvelles approches face à la pandémie montrent que si les médicaments antirétroviraux (ARV) ont été extrêmement efficaces pour prévenir la transmission du VIH entre les personnes et pour prolonger la vie des personnes séropositives, leur utilisation à long terme est pénible et coûteuse. Les personnes vivant avec le VIH, même lorsqu’elles suivent un traitement antirétroviral, ont également tendance à présenter une incidence plus élevée de comorbidités telles que des troubles métaboliques et le cancer par rapport aux personnes non infectées par le VIH.
En Afrique du Sud, la thérapie ARV est fournie gratuitement par le système de santé public depuis 2004. Le traitement ARV est le principal facteur expliquant l'estimation de l'ONUSIDA selon laquelle le nombre de nouvelles infections au VIH en Afrique du Sud a diminué de 50 % entre 2010 et 2021.
À l’échelle mondiale, les nouvelles infections au VIH ont diminué de 60 % depuis leur pic de 1995, selon l’ONUSIDA, et Ndung’u affirme qu’environ 26 millions des près de 40 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde vivent en Afrique.
Le troisième Objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies, qui vise à garantir la bonne santé et le bien-être dans le monde entier d’ici 2030, a pour objectif de mettre fin à la pandémie du VIH/sida d’ici cette même année. Cet objectif sera atteint si le nombre de nouvelles infections au VIH et de décès liés au sida diminue de 90 % entre 2010 et 2030. Les ODD sont un ensemble de 17 objectifs qui, s’ils sont atteints, visent à assurer « la paix et la prospérité pour les peuples et la planète ».
Selon Ndung'u, les chercheurs cherchent un remède contre le VIH, qui pourrait permettre d'éradiquer le sida et de contrôler la propagation du virus. Cependant, des décennies de recherche sur un vaccin contre le virus ont montré qu'il n'est pas simple de trouver des solutions immunitaires contre le virus.
« Nous avions l’habitude de dire qu’un vaccin était sur le point d’être mis au point, dit-il. Mais il est difficile de prédire quand nous pourrons en développer un. Cela dit, il y a 30 ans, beaucoup auraient été sceptiques quant à l’efficacité de nos médicaments. »
Il est également difficile de trouver un remède. Seulement sept personnes dans le monde ont été guéries du VIH, toutes après avoir reçu une greffe de moelle osseuse après avoir développé un cancer. Mais la greffe de moelle osseuse est une procédure radicale, coûteuse et souvent dangereuse.
Ndung'u participe à un essai de traitement impliquant des jeunes femmes du KwaZulu-Natal, l'une des populations les plus vulnérables à l'infection par le VIH en Afrique du Sud.
L'étude est en cours, mais Ndung'u a bon espoir. Dans le cadre de cette étude, l'AHRI traite les femmes avec des ARV très tôt après avoir contracté le virus du VIH. Cette mesure préserve leur système immunitaire. Les femmes reçoivent ensuite des interventions puissantes de renforcement du système immunitaire qui peuvent directement tuer le VIH et réveiller les cellules immunitaires où le virus se cache lorsque la personne prend des médicaments antirétroviraux.
« Nous espérons que cette stratégie permettra de contrôler le virus à long terme en l’absence d’ARV et que nous pourrons également mieux comprendre les mécanismes qui peuvent contrôler le virus chez les participants à l’étude sans traitement antirétroviral. Ce serait une avancée importante et, avec le temps, cela pourrait nous conduire à un remède », déclare Ndung’u.
Il est essentiel que la recherche sur le VIH/sida se poursuive en Afrique car, même si l’incidence de l’infection par le VIH est en baisse, la situation pourrait changer à tout moment, affirme Ndung’u. Pour atteindre l’objectif de développement durable sur le VIH/sida, l’Afrique doit réduire considérablement son taux d’infection.
En Afrique également, le VIH est une maladie qui touche principalement les jeunes femmes, alors que dans les régions où l’infection par le VIH est en hausse – Asie, Amérique latine et Europe de l’Est – l’infection touche le plus souvent les hommes.
« Nous devons continuer à faire des recherches, sinon nous ne ferons jamais de découvertes. La recherche nous donne une chance », affirme-t-il.
SITUATION TENDUE À L'UNIVERSITÉ DE ZIGUINCHOR
Selon la Rfm, deux blessés ont été enregistrés et admis au service médical de l’Université. Il s’agit d’un étudiant qui serait atteint par une grenade lacrymogène au visage et un autre tombé pendant une course poursuite avec la police.
iGFM - (Dakar) Les affrontements ont repris ce mardi à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Ils ont fait deux blessés qui ont été acheminés au service médical de l'Université.
Ca chauffe actuellement à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Des centaines d’étudiants y affrontent actuellement les forces de l’ordre. Les hommes en tenue sont même, actuellement, entrés dans le campus.
Selon la Rfm, deux blessés ont été enregistrés et admis au service médical de l’Université. Il s’agit d’un étudiant qui serait atteint par une grenade lacrymogène au visage et un autre de ses camarades est tombé pendant une course poursuite avec la police.
La situation est extrêmement tendue depuis la matinée.
Les étudiants ont décrété, vendredi dernier, une grève illimitée pour réclamer l’achèvement des chantiers de douze amphithéâtres engagés depuis 2015, la réception du pavillon de mille lits et un autre restaurant “digne de ce nom”.
LA HANTISE D’UN RETOUR FORCÉ AU BERCAIL APRÈS L’ÉLECTION DE DONALD TRUMP
Des migrants sénégalais, en situation irrégulière aux Etats-Unis d’Amérique ont exprimé leur inquiétude au sujet d’une éventuelle application de la mesure d’expulsion des migrants illégaux promise par Donald Trump.
Des migrants sénégalais, en situation irrégulière aux Etats-Unis d’Amérique ont exprimé leur inquiétude au sujet d’une éventuelle application de la mesure d’expulsion des migrants illégaux promise par le nouveau président américain, Donald Trump.
Le 47e président des Etats Unis d’Amérique doit officiellement entrer en fonction le 20 janvier prochain, mais l’évocation de cette date suscite déjà l’inquiétude et peut sonner comme un compte à rebours pour bon nombre de migrants illégaux dans le pays de l’Oncle Sam.
D’autant qu’au plus fort de la campagne électorale pour la récente élection présidentielle, Donald Trump, a sans cesse répété son intention de mettre en œuvre un ‘’projet historique de déportation massive de migrants qui se sont introduits sur le sol américain par des voies non conventionnelles ».
Un telle mesure signifiant le retour au bercail provoque naturellement un sentiment d’inquiétude chez des Sénégalais en situation irrégulière aux Etats Unis d’Amérique.
‘’Aucun de ceux que je connais n’aurait souhaité son retour. C’est un homme (Donald Trump) qui, ouvertement, a exprimé ses intentions. Et son hostilité envers les migrants est un secret de polichinelle’’, a témoigné via un entretien avec l’APS sur les réseau sociaux Cheikh Ibra Sarr, un natif de Tivaouane (région de Thiès) établi à New York.
S’exprimant par le biais de ce même canal, Aliou Lo qui vit et travaille dans l’Etat du Minnesota, jure avoir un nœud dans la gorge. Il déclare s’être fait débouter une première fois de sa demande de permis de travail. Il dit en même temps ne pas placer beaucoup d’espoir pour sa seconde requête.
Loin de cet état d’effarement généré par des annonces et commentaires tous azimuts, d’autres compatriotes brandissent la carte de la foi et de la résilience.
‘’Les déportations de masse annoncées par le président Trump ne concerneront que les criminels, les fraudeurs, ceux qui n’ont pas encore procédé à une demande d’asile’’, croit savoir de son côté Alioune Badara Sarr, expatrié sénégalais résidant à Baltimore dans le Maryland.
‘’Nous n’avons certes pas attendu la délivrance de visa d’entrée pour fouler le sol américain mais nous apportons, par nos activités, une plus-value à l’économie de ce pays. Nous sommes respectueux des normes publiques et menons une vie saine sans turbulence’’, martèle-t-il sans pour autant redouter une éventuelle application de la mesure d’expulsion.
D’autres migrants tentent de leur côté de se convaincre de vivre sans angoisse apparente. A l’image d’Aliou Diop qui évoque l’effet amplificateur des réseaux sociaux au sujet de ce projet d’expulsion en masse de migrants illégaux des Etats-Unis d’Amérique.
‘’Je trouve que les Sénégalais versent un peu dans l’exagération. Ils sont d’ailleurs les plus nombreux à aborder ce sujet et à créer une peur inutile auprès des leurs’’, fait-il valoir. Le natif de Mboro affirme, sans doute fataliste : ‘’Rien ne peut arriver en dehors de ce que Dieu a prévu pour nous’’.
‘’Personnellement, je ne me joins pas à cette terreur populaire. Ce pays est un pays de droit, tout est structuré et procédural. Lorsque je suis venu, avec l’appui de mon employeur, on m’a délivré un permis de travail et une sécurité sociale pour exercer une activité’’, rappelle pour sa part Khadim Bamba Guèye.
Le jeune homme originaire de Guédiawaye dans la banlieue de Dakar dit s’être engagé très tôt dans ces procédures pour pouvoir régulariser sa situation.
A Michigan, où il s’est réfugié pour sortir du viseur des autorités américaines qui ciblent souvent l’Etat de New York, il dit ne rien craindre pour le moment.
‘’Nous ne connaissons pas avec exactitude les termes de son projet de déportation mais espérons avec l’aide de Dieu que si nos demandes d’asile sont acceptées nous ne serons pas concernés’’, a-t-il fait savoir.
A la décharge du président Trump, Cheikh Ibra Sarr invite tout le monde à être honnête avec soi. ‘’Le nouveau président américain veut juste protéger sa nation. Il aime son pays, force est de le lui reconnaitre’’, a-t-il dit.
C’est bien de vivre ici, ‘’mais je n’ai pas peur de retourner au Sénégal. En fin de compte j’y retrouverai les miens. Simplement à partir d’ici, je pourrais contribuer à améliorer leurs conditions de vie’’, souligne-t-il.
Dans une publication sur son propre réseau social ‘’TRUTH’’, le président Trump a récemment confirmé les dires d’un activiste conservateur selon lesquels des millions de migrants sans-papiers seront ramenés chez eux, ce avec l’aide de l’armée américaine.