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20 septembre 2025
L’ANNULATION DE LA HAUSSE SUR LE PRIX DU SAC D’ALIMENT DE VOLAILLE RÉCLAMÉE
Les producteurs avicoles du Sénégal demandent l’annulation sans condition de la seconde hausse de 500 francs, en six mois, sur le prix du sac d’aliment de volaille, indique un communiqué transmis à l’APS
Dakar, 9 août (APS) - Les producteurs avicoles du Sénégal demandent l’annulation sans condition de la seconde hausse de 500 francs, en six mois, sur le prix du sac d’aliment de volaille, indique un communiqué transmis à l’APS.
"Nous Producteurs avicoles du Sénégal, prenons l’opinion à témoin et interpellons les autorités étatiques ainsi que l’interprofession avicole du Sénégal pour une annulation sans condition de cette seconde hausse (en 6 mois), opérée en violation flagrante de l’accord initial qui avait été trouvé", souligne le texte.
Les producteurs réclament également l’opérationnalisation, sans délai, du comité du comité de suivi des prix des intrants, ajoute la même source.
Les producteurs ont laissé entendre qu’ils se réservent le droit de mener ’’toutes actions légales jugées utiles’’ pour défendre les intérêts de leurs membres.
L’Interprofession avicole du Sénégal (IPAS) rappelle qu’au mois de février dernier, les industriels d’aliment de volaille avaient décidé de manière unilatérale une hausse de l’ordre de 1 500 francs CFA sur le sac de 50 Kg.
‘’Cette augmentation opérée dans un contexte de crise de la production avait été dénoncée et combattue fermement par le collège des producteurs de l’IPAS’’, a fait savoir son président, Gora Faye, cité dans le communiqué.
A la suite des négociations entreprises et un consensus trouvé, les producteurs avaient accepté une hausse de 750 francs CFA par sac, souligne M. Faye, ajoutant qu’un comité de veille ayant pour mission de de travailler sur les prix des intrants en vue de statuer sur toute hausse ou baisse devant survenir dans la filière devait être mis en place.
Il signale que ces négociations avaient été facilitées par le ministère du Commerce, sous la houlette de l’Interprofession avicole du Sénégal.
Cet accord trouvé avec les producteurs n’a pas empêché les industriels d’opérer une nouvelle hausse de 500 francs CFA sur le sac d’aliment, la deuxième en six mois, "en dehors de l’autorité de l’interprofession, sans aucune concertation préalable, foulant du pied l’accord trouvé sous l’arbitrage des autorités", selon lui.
A côté de cette hausse, les membres de l’IPAS sont également confrontés à des difficultés telles que la crise sanitaire liée au Covid-19 et l’apparition de la grippe H5, a dit Gora Faye.
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UN CAS DE FIÈVRE DE MARBURG DÉTECTÉ EN GUINÉE, LES PAYS VOISINS EN ALERTE
Dakar, 9 août (APS) - La Guinée a confirmé, lundi, la détection sur son territoire d’un cas de la maladie à virus de Marburg, le tout premier en Afrique de l’Ouest, a rapporté le Bureau Afrique de l’OMS, en soulignant que les pays voisins étaient en alerte.
’’Les autorités sanitaires de la Guinée ont confirmé aujourd’hui un cas de la maladie à virus de Marburg dans la préfecture de Guéckédou, au sud du pays. C’est la première fois que le Marburg, une maladie hautement virulente qui provoque une fièvre hémorragique, est identifié dans le pays, et en Afrique de l’Ouest’’, indique l’OMS dans un communiqué.
L’agence onusienne souligne que ’’la maladie à virus de Marburg, qui appartient à la même famille que le virus responsable de la maladie à virus Ebola, a été détecté moins de deux mois après que la Guinée a déclaré la fin de l’épidémie d’Ebola qui avait éclaté au début de l’année’’.
’’Des échantillons prélevés sur un patient aujourd’hui décédé et testés par un laboratoire de terrain de Guéckédou ainsi que par le laboratoire national guinéen de la fièvre hémorragique se sont révélés positifs au virus de Marburg. Des analyses complémentaires effectuées par l’Institut Pasteur du Sénégal ont confirmé ce résultat’’, lit-on dans le communiqué.
Il rappelle que ‘’le patient avait été soigné dans une clinique dans la localité de Koundou à Guéckédou, où une équipe d’enquête médicale avait été dépêchée afin d’étudier l’aggravation des symptômes chez le patient’’.
La maladie commence de façon soudaine, avec une forte fièvre, des céphalées intenses et un éventuel malaise. Les taux de létalité ont varié de 24 % à 88 % lors des épidémies précédentes, en fonction de la souche virale et de la gestion des cas, explique la même source.
Elle signale que bien qu’il n’existe pas de vaccins ou de traitements antiviraux approuvés pour traiter le virus, la réhydratation par voie orale ou intraveineuse et le traitement des symptômes spécifiques améliorent les taux de survie.
Actuellement, un éventail de traitements potentiels, notamment des produits sanguins, des thérapies immunitaires et des traitements médicamenteux font l’objet d’évaluation, indique le communiqué, rappelant qu’en Afrique, des flambées précédentes et des cas sporadiques ont été signalés en Afrique du Sud, en Angola, au Kenya, en Ouganda, et en République démocratique du Congo.
Cité dans le communiqué, Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique a déclaré : ’’Nous saluons la vigilance et l’action d’investigation rapide des agents de santé guinéens. Pour éviter que la propagation du virus de Marburg n’atteigne un rythme fulgurant, nous devons l’enrayer dès maintenant’’.
’’Nous travaillons avec les autorités sanitaires locales afin de mettre en œuvre une riposte rapide basée sur l’expérience et l’expertise acquises par la Guinée dans le cadre de la gestion de l’épidémie de la maladie à virus Ebola, qui se transmet de manière similaire’’, a-t-elle ajouté.
Le communiqué assure qu’une première équipe de dix experts de l’OMS, dont des épidémiologistes et des socio-anthropologues est déjà sur le terrain et fournit un appui aux autorités sanitaires nationales.
Ces autorités ’’’s’attèlent à mener au plus vite une enquête approfondie, et à intensifier les interventions d’urgence allant notamment de l’évaluation des risques à la surveillance de la maladie, la mobilisation communautaire et le dépistage, les soins cliniques, la lutte anti-infectieuse et la fourniture d’un appui logistique’’.
Selon L’OMS, ’’la surveillance transfrontalière est renforcée de sorte à pouvoir détecter rapidement un cas éventuel’’.
’’Les pays voisins sont en alerte. Les dispositifs mis en place en Guinée et dans les pays voisins dans le cadre de la lutte contre la maladie à virus Ebola s’avèrent essentiels à l’action d’urgence contre le virus de Marburg’’, lit-on dans le communiqué.
L’OMS rappelle que la maladie à virus de Marburg se transmet à l’homme par les chauves-souris frugivores et se propage dans l’espèce humaine par contact direct avec les fluides corporels des personnes infectées, ou avec les surfaces et les matériaux.
Rappel à Dieu du Khalife de Thiénaba
Une triste nouvelle à Thiénaba, avec le rappel à Dieu du Khalife SerigneAbdourahim Seck. Selon nos sources, il a rendu l’âme au Maroc où il allait souvent pour des raisons de santé. Le 26 juin 2020, la grande faucheuse avait emporté le 7e Khalife de la famille d’Amary Ndack Seck de Thiénaba, en l’occurrence Serigne Cheikh Ahmed Tidjane Seck, qui avait succédé à Serigne Ousseynou Khar Seck qui s’était éteint le 19 juillet 2008. Et comme le veut la tradition, les dépositaires de la famille avaient désigné son frère Serigne Abdourahim Seck, fils de Mame Talla Seck, 1er Khalife de Thiénaba pour le succéder, devenant ainsi le 8e Khalife de la famille Amary Ndack Seck de Thiénaba. Malheureusement son règne ne sera que de courte durée puisqu’il a été intronisé le 26 juin 2020 etil vient d’être à son tour rappelé à Dieu.
Décès du Khalife des Layennes
Un malheur ne vient jamais seul. Après le décès du Khalife de Thiénaba hier, le Sénégal a perdu encore un de ses illustres fils le même jour. Il s’agit du Khalife général des Layennes, Serigne Abdoulaye Thiaw Laye. Le saint-homme était âgé de 96 ans. Serigne Abdoulaye Thiaw Laye repose à côté de son père, Serigne Issa Rouhou Laye, à Cambérène. «L’As» présente ses condoléances aux familles éplorés et aux fidèles des ces deux familles religieuses.
Le procureur Adja Fatou Diouf tombe en syncope
C’était la tristesse hier à la salle n°1 du Palais de Justice de Dakar. Alors qu’elle était en pleine audience, vers 12h, la procureure Adja Fatou Diouf est tombée en syncope. Assise sur son fauteuil, elle donnait l’impression de suivre l’audience, mais en réalité ce n’était pas le cas. Lorsque la parole lui a été donnée, la parquetière ne bougeait pas. C’est ainsi que l’assesseur est venu vers elle pour s’enquérir de son état. Il la touche, malheureusement elle est inconsciente. Alors le juge a suspendu l’audience avant d’évacuer la salle. Les sapeurs-pompiers du tribunal qui ne pouvaient pas lui administrer les premiers soins ont fait recours à une ambulance. C’est vers 13h qu’elle a été acheminée à l’hôpital avant qu’un autre procureur ne la remplace. Après son évacuation, des avocats ont déploré les mauvaises conditions de travail au tribunal en cette période de chaleur. A les en croire, la salle d’audience n’est pas aérée, parce qu’il n’y a ni de climatisation, ni ventilation. Les robes noires pensent que le malaise du procureur doit servir de leçon à l’Etat afin que ce genre de situation ne se reproduise plus, même s’ils ignorent les raisons de l’évanouissement d’Adja Fatou Diouf. Selon nos radars, la parquetière venait fraîchement de se rétablir d’une maladie.
Le présumé meurtrier d’une fillette de 4 ans arrêté à Ziguinchor
La brigade de recherches de la Gendarmerie de Ziguinchor a été perspicace dans l’affaire du meurtre de la fillette Maïmouna Barry, le 14 janvier 2020 aux environs de 6h 30 mn, au quartier Kantène. Après plus d’un an d’investigations, les pandores ont réussi à mettre la main sur le présumé assassin de la fillette âgée de 4 ans. Des témoins avaient confié aux gendarmes qu’un individu avait saisi de force la fillette et pris la direction de la brousse. Maïmouna Barry sera retrouvée égorgée et gisant dans une mare de sang à une vingtaine de mètres de la maison familiale. C’est ainsi que le procureur de la République avait demandé à ce que l’enquête soit confiée à la brigade de recherches (BR) de la Légion. Les pandores se sont lancés aux trousses du bourreau de la fillette. C’est seulement le 06 août 2021, suite à l’exploitation d’informations sûres et coordonnées que les éléments de la brigade de recherches de Ziguinchor ont suivi les traces d’un individu suspect qui vit en location au quartier Kandialang. Le même jour, ils se sont rendus à Boutoute (commune de NIAGUIS) où ils ont interpellé N’GH. THDA originaire de la Guinée Bissau et né à Goudomp. D’après les enquêteurs, N’GH. THDA s’est installé en 2010 à Ziguinchor pour y poursuivre ses études secondaires. Il a reconnu les faits, mais soutient être possédé par des esprits. Il a confié aux gendarmes qu’il avait commencé ses sévices sur des animaux qu’il volait avant que les esprits ne lui demandent des sacrifices humains. Il est poursuivi pour enlèvement et assassinat.
UADB ferme ses portes jusqu’au 04 octobre
L’Assemblée de l’Université Alioune Diop de Bambey s’est réunie en séance restreinte, hier, sous la présidence du Recteur, le Professeur Mahy Diaw, pour se pencher sur l’insécurité dans laquelle travaillent le personnel d’enseignement et le personnel administratif, technique et de service (PATS). Ainsi, les autorités universitaires ont décidé de suspendre les enseignements et les examens jusqu’au 4 octobre 2021 et de dissoudre la coordination des étudiants de l’université et les amicales d’étudiants des UFR jusqu’à nouvel ordre. Dans un communiqué, l’Assemblée de l’Université motive sa décision par les perturbations récurrentes des activités pédagogiques perpétrées par la coordination des étudiants et les amicales affiliées. Mais aussi, à cause du climat d’insécurité savamment installé à l’intérieur du campus pédagogique, selon eux, par les étudiants et des blocages récurrents du fonctionnement de l’administration, du dérèglement du calendrier académique et de la violation permanente des franchises universitaires. Elle indexe également l’interruption et le sabotage des examens de l’UFR d’Economie, Management et Ingénierie juridique (ECOMIJ) et le boycott unilatéral des examens de l’UFR Sciences appliquées et Technologies de l’Information et de la Communication (SATIC) et de l’UFR Santé et Développement Durable (SDD) par la Coordination des étudiants, sans raison valable.
Le préfet interdit l’installation d’une commission parallèle à Joal
Les militants de Pastef et la mairie de Joal ont mis fin aux «magouilles» du parti au pouvoir. La ministre de l’Energie Sophie Gladima Siby est accusée par les pastefiens d’avoir créé une commission parallèle pour l’inscription des primo votants à Joal. Dans un communiqué parvenu à «L’As», Sankoung Dramé, l’un des responsables du Pastef, s’indigne de l’installation en catimini de cette commission. Mais, la commission a été dissoute par le Préfet, après dénonciation par la Section communale de Pastef Joal Fadiouth Ngazobil des magouilles de l’Apr. Les militants de Sonko avaient signalé à l’autorité administrative l’existence d’une commission parallèle à celle officielle, installée à l’école élémentaire publique Waly Diouf de Joal, pour inscrire discrètement les militants de l’Apr. Pour la suppression de la commission, toute l’opposition communale réunie, en collaboration avec l’équipe municipale, avait fait des démarches durant tout leweek-end pour porter l’affaire auprès du Préfet de Mbour. Le chargé des élections de Pastef dans le département de Mbour, M. Loum, s’est rendu hier à la préfecture pour informer l’autorité qui n’était pas au courant. Ainsi, l’autorité municipale a donné instructions de procéder illico presto à l’annulation pure et simple de cette commission électorale officieuse, afin d’obliger tout le monde à aller s’inscrire sur celle officielle, logée dans l’enceinte de l’ancienne Maison à Outils.
Interruption volontaire de grossesse à Grand Yoff
M.T.M croupit en prison pour interruption volontaire de grossesse. Âgée de 24 ans, elle a été déférée au parquet par la Police des Parcelles Assainies. Selon nos sources, les faits remontent au 07 août dernier. Ce jour-là, la dame M.T.M s’est présentée au Centre de Santé Nabil Choucair pour les besoins d’une consultation médicale. Sur place, le médecin a constaté que le placenta et le fœtus de la patiente étaient déjà expulsés. Sur ce, le médecin en déduit alors que sa patiente a fait un avortement clandestin. Sans tarder alors, il saisit la Police qui mandate ses éléments de la brigade de recherches. Ils interpellent le mis en cause. Conduite au poste de police, M.T.M a nié toute thèse d’avortement provoqué. Elle soutient avoir fait une chute qui lui a occasionné des douleurs abdominales et que par la suite, elle s’est rendue dans une clinique privée pour se faire consulter. M.T.M ajoute que c’est au niveau de la clinique privée qu’on lui a révélé qu’elle était enceinte. Mais quelques jours après, elle soutient avoir constaté que les douleurs abdominales persistaient et c’est-là qu’elle a décidé de se rendre au Centre de santé Nabil Choucair pour se soigner. Des allégations qui n’ont pas convaincu les limiers, puisqu’elle a été placée en garde à vue avant d’être déférée au parquet pour interruption volontaire de grossesse.
Bagarre entre militants de l’Apr et de la RV à Pikine Nord
La tension est vive à Pikine Nord entre les militants du parti au pouvoir et ceux de la République des Valeurs depuis l’ouverture des inscriptions sur les listes électorales. Et si les autorités administratives ne prennent pas les devants, cela risque de dégénérer un jour entre les partisans de Thierno Alassane Sall et les proches de Macky Sall. Car, les proches du maire Amadou Diarra se sont battus contre ceux du responsable de la RV, Lamine Guèye, candidat déclaré à la mairie de cette localité. Le bilan des affrontements est un blessé dans les rangs du parti de Thierno Alassane Sall.
27e congrès de l’Union Postale Universelle
Le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, Yancoba Diattara et le Directeur général de la Poste,Abdoulaye Bibi Baldé, ont pris part hier au 27e Congrès de l’Union Postale Universelle (UPU) à Abidjan. Ce congrès s’est tenu pour la première fois en Egypte en 1934. Cette 27e édition reste un évènement phare du secteur postal mondial pour élaborer une feuille de route pour les quatre prochaines années. Il marque aussi le retour en force du continent africain dans le secteur postal mondial bouleversé par la fulgurante évolution du numérique. Les postiers du monde sont ainsi invités à réfléchir sur le thème : «L’avenir du secteur postal face à la digitalisation». Le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications veut saisir cette opportunité pour repositionner la diplomatie postale sénégalaise dans les instances de décision du secteur et exposer les projets d’envergure du Sénégal pour booster la Poste.
La Tamxarit célébrée le mercredi 18 août
Le Comité de pilotage transitoire pour le croissant lunaire a fixé hier la date de célébration de la Tamxarit (10e jour du nouvel an musulman, Ndlr). Le Comité qui s’est réuni hier annonce que le croissant lunaire a été aperçu dans plusieurs localités du pays. Par conséquent, le comité indique que la Tamxarit sera célébrée le mercredi 18 août et que le jeudi est férié.
Seules 564 998 sont complètement vaccinés sur les 1 360 095
On se glorifie d’avoir atteint le chiffre d’un million de personnes vaccinées contre la covid-19. Ce chiffre cache mal la réalité. Les autorités sanitaires ont mis dans le même panier ceux qui ont reçu une dose et ceux qui ont reçu la seconde dose, ainsi que ceux qui ont reçu la dose unique du Johnson & Johnson. L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a révélé qu’à la date d’hier, 1.360.095 personnes sont vaccinées contre la covid-19 dont 564.998 personnes qui sont complètement vaccinées. Cependant 795.075 personnes attendent de recevoir la seconde dose du vaccin. Depuis le début de la pandémie, le Sénégal a réceptionné 1.758.318 doses de vaccins. Aujourd’hui, 77% des doses sont déjà administrées
par Aminata Diop
RECOURS CONTRE LES LOIS MODIFIANT LE CODE PÉNAL ET LE CODE DE PROCÉDURE PÉNALE, LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL AVAIT-IL LE POUVOIR DE DÉLIBÉRER ?
Il est étonnant que ceux qui ont pourtant présenté ces lois comme hautement attentatoires aux droits et libertés aient circonscrit le débat à la question de la composition du Conseil, sans interroger la motivation de la haute juridiction sur le fond
La Décision rendue par le Conseil constitutionnel, à la suite de sa saisine par vingt-et-un député pour « annuler les projets de loi » portant modification du Code pénal et du Code de procédure pénale, a soulevé un débat politico-juridique nébuleux. Les contempteurs du Conseil constitutionnel ont soutenu globalement que celui-ci a violé la loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 le régissant en ce sens qu’il n’avait pas la possibilité de statuer sur le recours, en raison du fait qu’il comportait quatre (4) membres au lieu de sept (7), les trois autres étant « définitivement empêchés ».
Le débat aurait pu être d’un grand intérêt scientifique. Malheureusement, ce qui est vrai pour les tribunaux, l’est aussi, peut-être davantage, pour le débat juridique : lorsque la politique y entre par la porte, le droit en sort par la fenêtre.
Il est étonnant que ceux qui ont pourtant présenté ces lois comme hautement attentatoires aux droits et libertés aient circonscrit le débat à la question de la composition du Conseil, sans interroger outre mesure la motivation de la haute juridiction sur le fond.
Il est encore plus paradoxal de constater que ceux qui criaient à l’inconstitutionnalité de la loi, théorisaient en même temps « le blocage institutionnel », allant jusqu’à proposer au Conseil constitutionnel une motivation dans ce sens.
C’est pourquoi, à travers cette contribution, je voudrais, en ma qualité de juriste, donner un point de vue scientifique sur la « légalité » de la délibération du Conseil constitutionnel.
Il convient de relever que le Conseil constitutionnel, adoptant une démarche pédagogique, a expliqué de prime abord la possibilité pour lui de statuer sur les recours, malgré la vacance de trois postes sur sept, avant de se prononcer sur les moyens soulevés par les requérants.
Cet aspect de la Décision du Conseil constitutionnel sur sa composition qui fait actuellement l’objet de débat mérite une analyse juridique approfondie, à la fois sous l’angle de la continuité du fonctionnement des institutions, du pouvoir régulateur du Conseil, mais aussi des méthodes et techniques d’interprétation de la loi.
Les termes de la controverse sont simples : l’article 23 de la loi organique relative au Conseil constitutionnel disposant que « le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres sauf empêchement définitif de trois d’entre eux au plus, dûment constaté par les autres membres », certains juristes ont induit de ce texte que le silence de la loi sur la notion « d’empêchement définitif », entraine un vide juridique qui doit conduire le Conseil, en pareille occurrence, à constater le « blocage institutionnel » et à s’abstenir de délibérer.
Cette interprétation purement littérale et « textualiste », qui revient à soutenir que lorsque la loi ne dit rien à propos d’une situation donnée, le juge doit s’abstenir de statuer, est à la fois restrictive et erronée. Elle renvoie à une dogmatique juridique que récuseraient même les tenants les plus radicaux de l’école dite de l’exégèse pourtant connue pour sa volonté de réduire le droit à la loi.
En effet, plus que l’obscurité de la loi, c’est son silence qui a conduit tous les systèmes juridiques à concevoir des méthodes d’interprétation permettant de donner une réponse judiciaire à de telles situations. À titre d’exemple, c’est en se servant du raisonnement a pari, encore appelé « raisonnement par analogie » ou « qiyas » en arabe, que le droit musulman a étendu l’interdiction coranique de la consommation du vin à toute boisson procurant l’ivresse.
Ce raisonnement par analogie utilisé par les jurisconsultes musulmans n’est pas inconnu du droit romano-germanique et du système anglo-saxon. Il repose sur l’idée que les situations similaires devraient être traitées de la même façon. Il consiste à étendre le champ d’application d’une disposition législative pour prévenir un vide juridique ou assurer la cohérence du droit.
Parce que le déni de justice est punissable, il n’est ni raisonnable, ni rationnel, d’interdire au juge, surtout constitutionnel, de combler les insuffisances de la loi en l’interprétant.
Parce que le législateur est supposé rationnel, il n’est pas admissible de présumer que son intention est de faire produire à la loi des effets déraisonnables ou absurdes. Ces constats qui procèdent de l’évidence expliquent le fait que la plupart des méthodes d’interprétation de la loi, élaborées par la jurisprudence et conceptualisées par la doctrine, ont pour principe commun, de faire privilégier une lecture de la loi qui lui permette d’atteindre sa finalité, sa ratio legis. Il est, à ce propos, clair que l’objectif visé par le législateur organique, à travers l’article 23 précité, n’est pas celui que les critiques de la décision du Conseil semblent lui prêter, à savoir « le blocage des institutions ».
Tout juriste avisé et éclairé sait que la loi n’est pas la seule source du droit. C’est ce qu’a montré le Conseil constitutionnel lorsqu’il apprécie la régularité de sa composition, à la fois, au regard de la loi le régissant et sur le fondement d’un principe à valeur constitutionnelle : « la continuité du fonctionnement des institutions publiques ». Ce principe s’impose au législateur et au juge lui-même.
En l’espèce, le Conseil constitutionnel ayant connu trois vacances sans remplacement au moment de sa saisine, se trouvait en face d’une situation susceptible de compromettre la continuité de son fonctionnement.
Pour surmonter cette situation non régie par la loi, le Conseil a usé du pouvoir normatif consubstantiel à toute juridiction de cette nature, mais aussi des méthodes et techniques d’interprétation que le droit met à la disposition du juge lorsque la loi est silencieuse, obscure ou contradictoire. Agissant ainsi, le Conseil constitutionnel a assumé le rôle de régulateur qu’il s’est assigné depuis sa création, pour éviter la paralysie du fonctionnement des institutions.
Il convient, sous ce rapport, de rappeler la Décision n° 5-E du 2 Mars 1993, rendue par le Conseil moins d’un an après sa création pour assurer la continuité des institutions publiques face au blocage de celles-ci, à l’occasion de l’élection présidentielle de 1993.
Le Conseil avait estimé, dans le Considérant 17 de sa décision « qu’après s’être déclaré valablement saisi et malgré le silence des textes, il a l’obligation de se prononcer sur la question portée devant lui ; qu’en effet, ni le silence de la loi, ni l’insuffisance de ses dispositions, n’autorisent le Conseil, compétent en l’espèce, à s’abstenir de régler le différend porté devant lui, qu’il doit se prononcer par une décision en recourant, au besoin, aux principes généraux du droit, à la pratique, à l’équité et à toute autre règle compatible avec la sauvegarde de l’État de droit et avec l’intérêt commun ».
À travers ce considérant, le Conseil haute juridiction a très tôt montré que son rôle de régulateur et de garant de la continuité du fonctionnement des institutions ne s’accommodait pas d’une lecture parcellaire, littérale, voire « grammaticale » de la Constitution et des lois, mais lui imposait une approche systémique, avec toujours comme toile de fond, l’esprit général de la loi fondamentale et la nature de sa mission. Dans ce sens, la décision du 22 juillet 2021 peut être considérée comme « classique » au regard de la tradition jurisprudentielle du Conseil.
Dans une autre décision rendue le 26 juillet 2017 (Décision n° 8-2017), le Conseil, pour garantir le respect du droit fondamental de vote, invoqua la notion de « circonstances exceptionnelles » afin de permettre aux citoyens, qui n’avaient pas pu entrer en possession de leur carte d’électeur, de présenter dans les bureaux de vote des documents autres que la carte d’identité CEDEAO exigée par le Code électoral. Là encore, ceux qui reprochaient à l’administration, voire au pouvoir politique, de procéder à une « rétention des cartes électorales » pour empêcher le vote des primo-votants qui serait défavorable aux tenants du pouvoir, étaient curieusement les mêmes à reprocher au Conseil constitutionnel de permettre à ces électeurs d’exercer leur droit constitutionnel.
C’est pourtant ce pouvoir de régulation qui permet au Conseil constitutionnel de veiller au respect de l’ordre juridique et constitutionnel. Il repose essentiellement sur le principe à valeur constitutionnelle de continuité du fonctionnement des institutions dégagé par le Conseil à travers sa jurisprudence.
Il apparait cependant clairement, s’agissant du cas d’espèce, que ce pouvoir de régulation se reconnait pour limite objective, celle exprimée expressément par la Constitution et la loi organique. C’est pourquoi il a admis que l’article 23 de la loi organique, en disposant que « le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux dûment constaté par les autres membres », lui a fixé un quorum de quatre membres au minimum pour statuer valablement, ce qui constitue la majorité absolue des membres le composant.
C’est tout le sens du considérant n° 5 de la Décision n° 2/C2021 du 20 juillet 2021 dont la teneur suit : « … au regard de l’esprit et de la lettre de la Constitution et de la loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel, le Conseil constitutionnel doit toujours être en mesure d’exercer son pouvoir régulateur et de remplir ses missions au nom de l’intérêt général, de l’ordre public, de la paix, de la stabilité des institutions et du principe de la nécessaire continuité du fonctionnement des institutions ; que dans les cas où des circonstances particulières l’exigent, il est tenu de délibérer et de statuer, dès lors que la majorité des membres qui doivent la composer est présente ; ».
Pour toutes ces raisons, le Conseil constitutionnel, en statuant avec quatre (4) membres pour accomplir sa mission de contrôle de constitutionnalité des lois n’a nullement violé la loi en ce sens que la décision a été rendue par la majorité absolue des membres le composant.
En somme, la controverse autour de la décision rendue par le Conseil constitutionnel nous renseigne moins sur la jurisprudence de cette juridiction que sur la qualité du débat juridique au Sénégal. En effet, loin de toute arrogance, nous n’avons pu noter que des commentaires politiques et médiatiques présentés sous un vernis scientifique. Cela découle de l’accaparement de l’espace public par ceux que le sociologue Pierre Bourdieu qualifie d’« intellectuels intermédiaires ». En écoutant « ces intellectuels faussaires » qui ne font de la « science » que sur les plateaux de télévision ou dans les studios de radio, on ne peut s’empêcher de penser à ces propos du géopolitologue Pascal Boniface (« Les intellectuels faussaires. Le triomphe médiatique des experts en mensonge » Paris, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2011) : « ces intellectuels et experts qui n’ont pas de scrupules à employer des arguments de mauvaise foi, à énoncer des contrevérités, afin d’emporter l’adhésion. Leur culot, leur absence totale de scrupules semblent être illimités et constituer un atout. Loin de subir une réprobation générale, on les acclame de plus belle ».
Pour le cas qui nous intéresse ici, il s’agit de soi-disant « experts » ou de pseudo constitutionnalistes qui se sont lancés dans une exégèse des textes, en se livrant à une analyse des décisions du Conseil constitutionnel avec des erreurs d’interprétation telles que l’on peut légitimement se demander s’ils ont pris le temps de les lire. C’est le lieu de leur rappeler que nos illustres Maitres nous ont toujours appris qu’un universitaire ne peut prétendre faire partie de la doctrine que s’il a au moins soutenu une thèse de doctorat. J’invite donc certains de mes anciens camarades étudiants de Dakar, qui ne sont des spécialistes que devant les non-juristes, à faire preuve de moins d’activisme médiatique, à consacrer un peu plus de temps à leurs recherches doctorales et à soutenir leur thèse dans les meilleurs délais.
Après ce rappel et cette invitation, je voudrais faire observer que l’OPA hostile que ces « spécialistes » ont exercée sur le débat juridique a malheureusement pour effet d’en éloigner les vrais constitutionnalistes, nos maîtres que je ne citerai pas ici par respect pour leur humilité.
Les opinions politiques peuvent certes girer au gré des vents médiatiques dominants, les analyses juridiques doivent, quant à elles, avec l’obstination d’une boussole, s’orienter, malgré les vents contraires, vers le pôle magnétique de la vérité scientifique.
Il est donc de la responsabilité des médias – qualifiés de « quatrième pouvoir » – dans une véritable démocratie, de veiller à la qualité du débat public en tant que principaux animateurs. Pour ce faire, ils doivent veiller à identifier et à faire appel aux experts et universitaires crédibles, légitimes, ayant autorité à discourir sur des questions qui nécessitent un examen technique. Il importe d’avoir leurs avis sur des enjeux liés à ces questions dans le cadre de certains événements et de la mise en perspective de certaines informations. Il y va de la consolidation de notre démocratie en construction.
Aminata Diop est juriste
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Le Nigérian Chinua Achebe raconte la destinée d’un héros tragique dont le monde disparaît avec l’arrivée des colons
À la fin du XIXe siècle, dans un village du Nigeria, Okonkwo est un notable et un chef de famille respecté par ses pairs pour son courage et la solidité de ses convictions. Il doit pourtant tout abandonner du jour au lendemain en raison d’un accident mortel dont il est tenu pour responsable. De retour de sept années de bannissement, il trouve sa communauté profondément transformée. Des hommes blancs se sont installés dans le pays et leur influence s’étend, modifiant tous les aspects de la vie quotidienne, les croyances religieuses et l’éducation des enfants. Héros tragique, Okonkwo va se confronter à ce nouveau monde et lutter contre la disparition de l’ancien.
Telle est l’histoire contée dans Things Fall Apart, ou Tout s’effondre* (éd. Actes Sud), par l’écrivain nigérian Chinua Achebe (1930-2013). Paru en anglais en 1958, ce roman a connu depuis lors une extraordinaire carrière de « long-seller », avec une cinquantaine de traductions aux quatre coins du monde et plus de 10 millions d’exemplaires vendus. Quant à son auteur, paradoxalement méconnu en France en dehors des milieux avertis, il possède une aura d’une tout autre envergure au sein du monde anglo-saxon. « Si vous demandez à des gens, au hasard dans la rue, le nom d’un écrivain africain, il y a de grandes chances qu’ils vous citent Achebe », résumait en 2013 son ami l’écrivain congolais Emmanuel Dongala dans la revue américaine Warscapes.
« Un trou sur l’étagère »
S’il ne peut évidemment anticiper son succès lorsqu’il rédige Tout s’effondre, Achebe sait en revanche parfaitement quelles raisons le poussent à écrire un tel récit. Venu au monde en 1930 à Ogidi, dans le sud du Nigeria, il est prénommé Chinualumogu, « Dieu lutte pour toi » en langue Igbo. Albert, prénom chrétien placé devant le nigérian, indique qu’il est « protégé par la Couronne » – en d’autres termes soumis au régime colonial britannique.
Parmi les livres anglais émaillant la scolarité du jeune homme, rares sont ceux qui évoquent son continent, si ce n’est pour mettre en scène une Afrique de clichés, primitive et sans culture. L’écriture procédera pour Achebe de la révolte. « Je savais qu’il fallait faire quelque chose, expliquera-t-il, que je définisse ma place dans le monde en rédigeant une histoire à propos de mes origines et de mon peuple. C’était comme s’il y avait un trou sur l’étagère des livres, comme si on en avait enlevé certains. »
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est mort relativement jeune même pour les standards du continent. Malgré une notoriété certes tardive mais établie, avant et après sa mort, il ne semble pas jouir d’un rayonnement à la mesure de son talent
« Chaque homme, même le plus pourri, renferme en lui une lumière que l’épaisseur des circonstances, du milieu, des préjugés, des superstitions, cache ; il suffit bien souvent de peu de choses pour qu’elle jaillisse : un sourire, un coup de pierre, une rencontre, même des blasphèmes, à condition de s’accrocher à la vie avant de lui chercher un sens. On devrait faire de l’amour de la vie un métier. »
Williams Sassine, Saint Monsieur Baly, p.253
Jacques Chevrier, incontournable promoteur des lettres africaines en langue française (juré du Grand prix littéraire d’Afrique noire, fondateur du prix Kourouma, critique universitaire…) lui a consacré une thèse en 1992, devenue livre : Williams Sassine, écrivain de la marginalité (1996). Lylian Kesteloot, toute aussi essentielle que Chevrier, le mentionne dans ses anthologies et articles comme admis au club des « auteur du chaos » des années 80. Dans Désir d’Afrique (2002), Boniface Mongo-Mboussa l’évoque, et dans le supplément du livre, L’Indocilité (2005), lui dédie carrément des pages entières, d’où ressort, principalement, sa grande veine humoristique. Bernard Mouralis, grand exégète de la littérature africaine lui aussi, et cheville ouvrière de la revue Présence africaine pendant de longues années, l’a salué et analysé dans ses écrits. Romuald Fonkoua, rédacteur en chef actuel de la même revue et professeur de lettres à la Sorbonne, a décrypté son œuvre. Élisabeth Degon, bibliothécaire émérite, dans un souci plus exhaustif, a retracé toute sa vie dans un essai : Williams Sassine, itinéraires d’un indigné guinéen (2016). Dans les revues, particulièrement celle de son éditeur principal, Présence africaine, on ne compte plus le nombre de textes, mentions, références, interviews, de Williams Sassine.
Hommages : le manque et le trop-plein
La moisson globale est donc généreuse. Ça en fait du monde, du beau monde même, onction de la validation ultime. De tous ces hommages point globalement le même sentiment : celui d’un écrivain atypique, que tant de textes essaient de confesser pour élucider la parcelle de mystère encore imperméable de l’homme et de son œuvre. La tonalité et le registre sont ainsi toujours les mêmes : louangeurs quoiqu’un tantinet circonspects, mélancoliques et empreints de regrets. Comme si l’étoile avait filé trop vite, sans livrer toute sa lumière dans la symbolique charpentée par Paul Verlaine des « poètes maudits ». Un goût d’inachevé donc…
Parmi les nombreux échos de cette célébration, aux inclinations – et c’est notable – globalement posthumes, dominent quelques invariants. Le champ sémantique isole en effet, avec récurrence, deux étiquettes pour caractériser son œuvre : à la marge et indigné. La première pour la singularité et la difficulté – voire l’impossibilité – de le mettre dans une case ; la seconde pour l’énergie fondatrice de son œuvre. On doit ainsi aux écrits de Jacques Chevrier, qui ont le primat de la chronologie, d’avoir plus ou moins imposé cette grille de lecture de la marginalité. Au fur et à mesure que sa notoriété tardive a commencé à se déployer, la filiation des analyses, ainsi influencées, a creusé ce sillon à la fois intéressant, inspiré pourtant réducteur, parce qu’en voulant échapper à la tentation de la caricature, elle tend parfois à la nourrir, desservie du reste par la technicité et la rigidité universitaires. On doit à Élisabeth Degon d’avoir quant à elle formalisé dans son essai – qui a la force de la biographie et de la bibliographie, mais aussi celle de l’analyse et des retombées posthumes de l’œuvre – la relation entre l’auteur et ses contemporains, son pays, ses occupations. En dégageant l’indignation comme une force motrice, et les chemins escarpés de son parcours, recoupé par l’usage au pluriel de « itinéraires », elle donne à apercevoir la source de cette verve et l’environnement qui a présidé à sa naissance.
Cependant une curiosité est frappante : l’absence de Sassine dans ce qu’il est convenu d’appeler les « classiques » dans leur acception la plus communément partagée qui forge la popularité. Dans son remarquable essai, La Fabrique des classiques africains (2017), qui balaie les chemins de légitimation des œuvres africaines depuis 1960, Claire Ducournou rappelle le tropisme et la centralité française dans ce processus. Elle y évoque plusieurs critères pour prétendre à l’estampille « classique ». L’un d’eux est l’importance d’avoir un éditeur d’envergure et Français, dans une littérature héritière des traditions et où le compte d’auteur est tombé progressivement en disgrâce. Sassine a de son côté publié chez de petits éditeurs (L’Afrique en morceaux, 1999, le Bruit des autres par exemple) en parallèle ou après Présence africaine. Claire Ducournou mentionne aussi l’importance de la faculté des livres à être enseignés, et donc leur vocation à intégrer les manuels scolaires, ce qui passe par une validation universitaire qui pave la voie à la suite. Avec le prestige des signatures universitaires si importantes dans la reconnaissance des pairs, l’affaire paraissait bien prometteuse. De ce côté en effet, Williams Sassine est bien pourvu, et l’injustice qui a semblé avoir agi contre lui de son vivant est, en partie, rachetée. Comme si la profusion des hommages posthumes, inconsciemment, admettait une forme d’oubli coupable. Ils ne sont pas nombreux en réalité à pouvoir se targuer de susciter cet intérêt académique aussi important et si essentiel dans le processus de fabrication et d’institutionnalisation littéraire du legs. Sassine coche donc une partie des cases. D’où vient alors que son œuvre semble encore, hors des cercles d’initiés, un poil sinon totalement méconnue ? Malgré une notoriété certes tardive mais établie, avant et après sa mort, il ne semble pas jouir d’un rayonnement à la mesure de son talent ni à hauteur de la célébration de ses pairs. Le mystère reste donc entier. D’où la survivance ou presque, d’une mythologie autour de cet auteur métis, carrefour de plusieurs identités culturelles, à la fois seul et singulier, même chez lui.
La gloire populaire quant à elle est habituellement confectionnée par plusieurs facteurs : les honneurs et prix, les ventes, dans une certaine mesure le relais médiatique, l’inscription régulière dans l’agenda du circuit des mondanités littéraires et la convergence des critiques qui établissent la légitimité et l’aura. De ce côté, Williams Sassine est moins touché par la grâce. On est, en bout de course, face à un auteur qui, auprès du public, reste moins connu que beaucoup de ses pairs. Un « classique » au rayon d’irradiation encore modeste. Dans son livre, Élisabeth Degon donne à voir des éléments qui permettent d’évaluer comment l’auteur a vécu cette confidentialité : une tendance dépressive, un mal être chronique, une certaine instabilité financière. Et si vers la fin de sa vie, l’écrivain avait commencé à voir s’élever, au-dessus de lui, « le soleil des immortels » – la gloire dans les termes Balzaciens – il en a si peu joui que la saveur en est restée altérée.
Un ancrage guinéen : le contexte et ses influences sur l’œuvre
Parler de Sassine, c’est essentiellement s’inscrire d’abord dans un territoire : la Guinée. Un détour historique s’impose. La tradition d’une violence politique, militaire, dictatoriale, qui forge les tempéraments d’écrivains chez qui la résistance ajoute une charge dramatique compte tenu des risques de répression. Sassine est un homme de cette Guinée qui a vu ses enfants glorieux quitter le pays dans des exils forcés, entretenant ainsi la légende de l’intellectuel résistant ou « spécifique » au sens Foucaldien ; une figure historique du combattant des Lumières. Chez Tierno Monénembo, grand ami et héritier naturel de Sassine, cette vocation est devenue principielle, un attachement à s’ancrer géographiquement et à lutter contre les bâillons avec le risque de la mort ou de la marge. Sassine dut faire face, en aîné, à ce dilemme : un amour pour Kankan sa ville de naissance, un attachement à la Guinée, mais la solitude et l’âme chagrine de lutter contre des réalités qui semblent inamovibles. Comme un symbole, l’un et l’autre, à différentes époques, sont rentrés s’installer dans leur pays une fois un semblant de stabilité acquise. Problématique commune dans tout le continent, l’extraversion de la culture met la lumière sur ces choix forts, si peu répandus qu’ils en deviennent héroïques. L’acte « politique » d’une inscription locale donne au choix de l’ancrage des accents héroïques. Accents nécessaires même si, en termes de popularité et des intérêts des populations, ce combat reste discret, sinon vilipendé par les tenants du statut quo, parmi lesquels on trouve des pairs qui s’en accommodent fort bien.
Cette trame résistante, mais sans fanfares, colorera toute l’œuvre de Williams Sassine : il y aborde toutes les facettes de cette Guinée éternelle où il vit le jour en 1944 ; y projetant les ombres de ses blessures. Il y met parfois la même candeur poétique qu’un Camara Laye parlant de Kouroussa dans L’enfant noir (1953), mais le Jeune homme de sable (1979), deuxième roman de Sassine, est bien plus musclé que l’ode doucereuse de la forge de l’enfant noir. Un livre plus habité, à la verve plus tonique, où on retrouve déjà les obsessions de l’auteur : le combat pour la justice, la dénonciation des privilèges fossilisés, l’énergie de la révolte qu’incarne un jeune homme qui ne renonce pas à girafer au-dessus du tableau sombre de la réalité, pour envisager l’espoir. À la mort de Sékou Touré en 1984 et l’euphorie tétanisée qu’elle provoque, Sassine rentre chez lui, lui l’ancien exilé. La redécouverte des rues, de cette Guinée exsangue où l’espoir s’entête à ne jamais quitter les cœurs, lui inspire un livre, Le Zéhéros n’est pas n’importe qui (1985). Fresque à la première personne du retour au pays après la chute du despote. Roman enlevé, à la fois lyrique, drôlatique, mais aussi tendre et grave, il dépeint la Guinée en terre-martyr. Le rire succède facilement aux larmes, et avec la force d’une narration faussement naïve, on suit l’auteur dans les méandres de ses cauchemars que vient souvent réveiller la vive énergie de l’espoir qu’incarnent presque toujours l’humour et son pendant chez Sassine : l’amour.
Des usages de la truculence, d’une assignation à l’autre
Comment ne pas donc évoquer son style, hâtivement placé sous le sceau de la verve truculente ? De la truculence, il a été déjà beaucoup question dans la littérature africaine. Étiquette nouvelle, née des cendres de l’exotisme-mère, elle désigne cette inclination à la couleur, aux entrailles, à la fête, qui contrecarre le classicisme de la langue et le sérieux un poil barbant de l’analyse. C’est dit rapidement, mais en somme l’essentiel y est dans la perception du sens commun. Comme prophète de la truculence, Sony Labou Tansi fut un maître : le foutre, le sang, la poésie, l’art de la mise en scène, la rébellion contre les codes classiques, avec le génie et l’audace, ont fait de son œuvre la force d’une école nouvelle dont l’influence est perceptible chez beaucoup d’auteurs congolais et au-delà. Amadou Kourouma, bien avant lui, et dans une envergure plus grande, avait tracé sinon inauguré le sillon de l’inventivité linguistique comme élan nouveau, émergeant des trippes du continent. Il a laissé une patte. Ainsi, chemin faisant et émules glanées sur le chemin, de demande de fraicheur – souffle face à la rigidité académique – la truculence tend parfois à devenir sa propre caricature. La bannière rassemble beaucoup de livres inégaux. Elle a fait « style », gouaille foutraque et énergique, elle est devenue identité littéraire d’un Sud dont on célèbre l’extravagance comme une part presque biologique de son ADN. La truculence est ainsi souvent inconsciemment dépolitisée, perçue comme une farce artistique, dépourvue de questions sociales, gage donc d’authenticité sur le vif qui puise dans le cliché, avec un seul avantage sur l’ethnologie : celui de la légitimité de la peau et des origines.
Rejeton des exotismes coloniaux, on quitte une assignation pour une autre. Paradigme faussement nouveau qui démontre que tout change pour que rien ne change : des auteurs africains, on semble toujours attendre non la liberté absolue de la création, mais un bout d’Afrique truculente donc. Les critiques ne s’embêtent plus, la truculence a une odeur, des couleurs, une verve. C’est l’allié presqu’infaillible des quatrièmes de couverture. La tenue du style est souvent vue comme la soumission à l’académie – du Quai Conty parisien, s’entend. Pas par tous, et il est ainsi notable et bien heureux de voir des auteurs, comme Tierno Monénembo, Emmanuel Dongala, et bien d’autres, ne pas céder à cette tentation de redéfinition de soi par le biais de la surcharge linguistique et la recherche « d’effets », car la redéfinition est par excellence l’inauthencité : le naturel est et ne se proclame pas. Et même, à bien y regarder, la truculence n’est pas une fin mais un moyen. À ce titre, elle est universelle. On la retrouve partout, à dose parcimonieuse, escorter les littératures dans le monde.
Celle de Sassine aussi, dont l’œuvre porte l’empreinte de cette espièglerie – elle qui rassemblait toutes les émotions. Il y a donné la mesure d’une démocratie de la truculence qui désigne, quand on la déshabille de ses prétentions émancipatrices, rien d’autre que le rafraichissement du style, assez commun dans l’ordination littéraire. Camara, le héros avatar de Sassine qui rentre à la chute de Sékou Touré, découvre l’alcool, plaisante sur le clitoris, se moque de sa femme et de son enfant, raconte des péripéties endiablées des rues de Kankan. Le même Camara rentre ainsi chez lui plein de rêves et d’excitations. Mais entre les facéties de la vie à Kankan et la recherche d’un trésor familial qu’il veut récupérer, toute l’énergie désopilante du livre finit fatalement dans la gravité d’une situation dont il ne peut se détourner, et que son art du roman, doit affronter après ses grandes respirations poétiques.
Plus ambitieux, Saint-Monsieur Baly (1973), son premier livre, raconte l’aventure d’un ancien retraité qui, contre des vents hostiles, veut créer son école. D’épaisseur plus politique, on y retrouve le goût de la blague, de la formule, le souci des petites gens et la peinture jamais résignée de la misère, dont l’auteur s’est fait le galeriste. Dans une Afrique où l’école, sous les assauts répétés du manque de moyens, périclite, ce combat pour faire vivre un lieu de transmission rend le livre urgent, intemporel. Tout y est presque de la chair de Sassine, à la fois la finesse, mais aussi la solennité et les grandes digressions philosophiques, dont l’incisive portée ne laisse indifférent. Une énergie du récit palpitant mais sage ; où l’humour demeure « la politesse du désespoir. ». Sa vie tourmentée, instable, entre voyages en Mauritanie et dans la sous-région Dakar entre autres, son statut de professeur de mathématiques, tout son itinéraire est perceptible dans son œuvre. Elle y puise et s’enrichit de cette rage, tantôt violente, tantôt poétique, mais pour sûr rieuse : celle d’un soldat qui n’avait pas les moyens d’un combat face à des adversaires invincibles. Et dont le rire, dans ses multiples fonctions sociales, est devenu le refuge. Jusqu’à ce visage tendre, mais profondément grave, ses yeux d’enfant éternel, qu’abritaient ses boucles noires.
La satire : le refuge et l’école de la liberté
L’énergie de Sassine rayonne, et quand au début des années 90, Souleymane Diallo lance le satirique le Lynx sur la place de Conakry, c’est comme par évidence, dans la communauté des esprits, que Sassine prend part à l’aventure. Le tirage est modeste et Lansana Conté, le président Guinéen, n’est pas toujours joueur. L’horizon du journal est flou. Il faut séduire un lectorat, le débusquer, naviguer à vue entre les tirs ennemis potentiels. Mais le journal tient, il deviendra une référence, du fait de son œil acéré, son humour, des plumes de ses contributeurs. Mais surtout grâce à la rubrique courue de Sassine « la chronique assassine » ! Il y fait montre de toute l’étendue de sa palette dans l’exercice des entrées régulières. La mélancolie transperce ses billets et les piques plaisent. Le Lynx, quelques années après, est devenu un groupe de presse prospère, salué et primé, s’encrant dans la tradition de la satire continentale, jusqu’à Dakar avec feu le Cafard Libéré ou encore aujourd’hui le P’tit Railleur, qui tissent la toile d’un combat pour la liberté sans trompettes militaires. La satire dans le continent a produit de grandes plumes mais bien plus en encore, elle rassemble des esprits, des hommes, le cœur même d’une marge où dans la chaleur et la camaraderie, l’anarchie se brandit comme résistance face à tous les dogmes.
Williams Sassine est mort en 1997, 53 ans. Relativement jeune même pour les standards du continent à la veille de 2000. Derniers jours tristes. La reconnaissance ? Elle est venue quand il s’en allait, ou après sa mort. Alors qu’il était déjà dans la déshérence, terriblement seul au milieu des huées silencieuses et des hourras. Comme si un cordon invisible l’avait enceint et isolé des célébrations tardives. Un cas de plus de la cruauté des temporalités dans la littérature, entre ceux qui prennent le train, ceux qui restent à quai, ceux qui arrivent en retard et courent derrière lui. Ceux qui ont loupé le bon moment ou pris le mauvais train…Une histoire de fortunes et d’infortunes, mais aussi celle d’une mystérieuse incompréhension. Mais l’essentiel semble bien acquis. Au total, une dizaine de livres en 25 ans, et les louangeurs universitaires avaient bien raison : Williams Sassine est de la trempe des plus grands. Et sa tragédie relative ajoute à la chose un surplus de saveur. Plus que l’indignation et la marge, l’un qui dit la seule colère, l’autre qui dit la potentielle folie sublime, c’est le rire qui semble être le soleil illuminé et édenté qui transcende ses livres et sa vie. Un rire peu exclamatif ou ivre. Un rire pudique et inquiet. Un rire comme offre de fraternité. Un rire sans hostilité. Un rire attaché à l’amour de sa terre et des siens. Mais un rire à l’image de ces « héros » ou « zéros » qui peuplent ses livres, combattants pour des valeurs nobles mais semblant condamnées. Un rire grave qui fait écho aux mots de Romain Gary dans La promesse de l’aube (1960), autobiographie sublime où l’autre prophète de la gaité et de l’humour inquiets, comme thérapie face à la brutalité du monde, écrivait : « j’ai grandi dans l’attente du jour où je pourrais tendre enfin ma main vers le voile qui obscurcissait l’univers et découvrir soudain un visage de sagesse et de pitié ; j’ai voulu disputer, aux dieux absurdes et ivres de leur puissance, la possession du monde, et rendre la terre à ceux qui l’habitent de leur courage et de leur amour. »
Ce texte fait partie des "Damnés de leur terre", une série proposée par Elgas, publiée une première fois sur le site béninois Biscottes littéraires, en décembre 2020. Elle revient sur des parcours, des destins, vies, de cinq auteurs africains qui ont marqué leur temps et qui restent au cœur de controverses encore vives. Axelle Kabou, Williams Sassine, Bolya Baenga, Mongo Béti, Léopold Sédar Senghor. La série est une manière de rendre hommage à ces auteurs singuliers et de promouvoir une idée chère à Elgas : le désaccord sans l’hostilité, comme le fondement même de la démocratie intellectuelle et littéraire.
Le prochain épisode est à lire sur SenePlus lundi prochain, le 16 août.
ÉLECTIONS LOCALES À DAKAR, QUE CRAINT LE RÉGIME DE MACKY SALL ?
Initialement prévues en 2019, les locales ne cessent d’être reportées. Et un nouveau découpage électoral de la région de Dakar vient d’être adopté. Le politologue Ababacar Fall analyse les enjeux du scrutin
Longtemps, les élections locales à Dakar ont été régies par un axiome informel : la capitale revenait mécaniquement au camp au pouvoir. En 2009, puis en 2014, Khalifa Sall est venu faire mentir l’adage, remportant l’hôtel de ville face au candidat désigné par Abdoulaye Wade, le maire sortant Pape Diop, puis rééditant l’exploit face à la candidate désignée par Macky Sall, sa Première ministre de l’époque, Aminata Touré.
Mais depuis 2019, comme soumis à un mauvais sort, le Sénégal ne cesse de voir les prochaines élections locales chasser d’année en année. Report après report, elles sont désormais annoncées pour janvier 2022.
Pourquoi le camp au pouvoir, qui n’a jamais été aussi puissant à force de rallier ses opposants, laisse-t-il ainsi dériver cette échéance au lieu de tenter de rafler la mise au plus vite ? Incapable de s’unir aux législatives de 2017, l’opposition peut-elle espérer inverser un rapport de forces qui, sur le papier, s’annonce défavorable ?
Secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec), ancien cadre du parti And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ-PADS) et auteur de L’Histoire politique et électorale du Sénégal (Abis Éditions), Ababacar Fall livre son analyse à Jeune Afrique, au lendemain d’une réforme qui fait débat.
Jeune Afrique : En quoi consiste la réforme récente portant sur le redécoupage électoral de la région de Dakar ?
Ababacar Fall : Aux États-Unis, on a popularisé le terme gerrymandering pour désigner ce type de redécoupage électoral en vue de favoriser le camp au pouvoir. Depuis des décennies, la région de Dakar représente, en effet, un enjeu majeur pour tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays. En 1996, lorsque le Parti socialiste (PS) était encore aux affaires, une grande réforme avait été adoptée : l’Acte II de la décentralisation, qui avait consisté à subdiviser Dakar en dix-neuf communes d’arrondissement, correspondant elles-mêmes aux dix-neuf coordinations du PS.
Aujourd’hui, le défi qui se pose à la majorité est d’arracher la région de Dakar à l’opposition. Si elle détient les communes de Guediawaye et de Rufisque, et que la situation est relativement équilibrée à Pikine, d’autres fiefs lui échappent, à commencer par la capitale. C’est manifestement la raison de ce nouveau découpage.
Que pèse cette région en matière d’électorat ?
La région de Dakar représente environ 40 % de l’électorat national. Et si vous considérez l’axe Dakar-Touba, on parvient quasiment à 60 %. Certains points de cette réforme peuvent se justifier. Par exemple, le fait d’ériger Keur Massar en département, puisque cette commune est aujourd’hui presque plus peuplée que Pikine, qui l’englobait jusque-là.
Samba Mballo est un artiste-comédien, metteur en scène et animateur de communauté. Il donne sa position sur la censure par le Conseil national de régularisation de l’audiovisuel (Cnra) de la saison 3 de la série «Infidèles» en affichant son désaccord, non sans en donner les raisons. Directeur artistique de la compagnie Scène égale théâtre forum et vice-président du Comité national de relance du théâtre sénégalais et Secrétaire général du Caada national (Collectif des associations artistiques pour le développement de l’art) aborde d’autres questions relatives au théâtre sénégalais.
Comment jugez-vous le théâtre sénégalais, plus particulièrement les téléfilms ?
Le théâtre sénégalais vit une transition, du fait de la mise en place d’une nouvelle dynamique de promotion des œuvres à l’intérieur du pays et la participation des acteurs a des évènements majeurs sur le continent. Il y a une certaine prise de conscience de certaines autorités qui suscite un nouvel espoir chez les acteurs, bien que la question d’un fonds dédié au théâtre soit toujours pendante Quant aux téléfilms, nous voyons une prolifération de productions qui est due à des facteurs comme la libéralisation du matériel audiovisuel et la possibilité pour les acteurs de diffuser sur leurs propres plateformes, qui échappent à tout contrôle de la part de la Direction de la cinématographie et de l’autorité de régulation (Cnra). Cette situation d’autoproduction de masse soulève de nombreux problèmes sur la qualité et surtout les conditions d’exercice de la profession d’acteur.
Beaucoup de critiques s’abattent sur les téléfilms, reprochant aux producteurs de dévaloriser la femme sénégalaise. Quelle est votre opinion sur la question ?
Personne ne peut exercer une profession qui impactent des milliers de vies et refuser des critiques. Par contre beaucoup de critiques sur les produits audio-visuels ne sont pas fondées du fait de la méconnaissance du sous-secteur par les populations. Déjà, toutes les scènes qu’on critique ont déjà existé dans certaines productions adulées par les Séné - galais. Nous sommes un Peuple jeune et ignorant sur la fiction. Du coup, notre jugement est d’abord nostalgique d’une époque de la télévision unique avec des productions qui passaient à la case censure. Beaucoup de Sénégalais veulent revoir Daray Kocc en 2021 et dans un monde globalisé. Nous sommes certes conscients des enjeux de préservation de patrimoine, par contre c’est un faux débat que de dire que nos séries dévalorisent la femme sénégalaise alors que nous n’avons aucun modèle de développement avec un schéma précis sur le type de femme que nous voulons. Les téléfilms mettent à nu les tares d’une société où la dépigmentation est un problème et où le style vestimentaire est globalisé. Les Sénégalais font un faux procès à nos téléfilms qui ne montrent que ce qui se passe dans nos quartiers et ce qu’on cautionne tous les jours dans la presse. Maintenant, il faut savoir que les questions d’esthétique sont aussi des questions de choix liées aux aspirations des individus qui font leurs produits. Enfin, il faut aussi comprendre que les produits actuels s’exportent bien. Du coup, ils sont aussi conçus pour un public africain dans lequel nous retrouvons d’autres réalités ; d’où les connections entre les acteurs du continent dans les nouvelles productions.
Comment faire pour que ces téléfilms remplissent leur rôle qui est d’éduquer et de conscientiser la masse au lieu de participer à dégrader la bonne te nue ?
Déjà, nous ne pouvons attribuer aucune dégradation de mœurs aux téléfilms sénégalais, même si nous reconnaissons que des efforts peuvent être faits en matière d’esthétique et surtout de contenu. Tout le luxe supposé mis en avant dans les séries cache en réalité un manque de moyens des producteurs à tourner dans des décors naturels ou concevoir des visuels qui reflètent toute la diversité architecturale du Sénégal. Puisque la demande est là, il faut donc que l’Etat prenne ses responsabilités en réalisant des projets comme une cité du cinéma, une école nationale de formation aux métiers du cinéma, entre autres. Ensuite, résoudre une fois pour toutes la question du financement car aujourd’- hui si nous voulons des productions sénégalaises conçues pour le Sénégal, il va falloir, selon les besoins actuels, injecter 10 milliards par an durant 10 ans et ça je ne pense pas que l’opinion qui critique les productions sera en mesure d’accepter des investissements de ce genre. Il faut que nous puissions ensemble nous accorder sur le modèle que nous voulons. Ensuite, mettre les moyens qu’il faut pour mettre en avant ce modèle et, enfin, accepter que dans des professions artistiques, le brin de folie des créateurs n’est pas compréhensif par le grand public. Ceci étant, le rôle d’éducation est d’abord celui de la famille, l’école, le quartier et non dévolu à des mécanismes de divertissement ou d’influence. Les téléfilms peuvent accompagner l’influence du Sénégal dans la sous-région en mettant en avant nos produits et notre savoir-faire. Alors, affaiblir ce sous-secteur avec des critiques non fondées sera catastrophique pour notre position sur le continent, au moment où les Nigérians ont réussi avec Nollywood.
Ne jugez-vous pas normal le fait que le Cnra agisse pour arrêter toute forme de dérapage com - me il l’a fait avec la saison 3 de la série «Infidèles» en la censurant ?
La décision du Cnra est d’abord une violation de l’article 10 de la Constitution qui consacre la liberté d’expression au Sénégal. Il ne s’appuie sur aucune logique, ni fondement. Le premier point qui prouve déjà qu’il y a un lobby mal intentionné qui veut freiner nos productions audiovisuelles, c’est d’abord que le Cnra nous informe qu’il y a 48 plaignants en plus d’autres Sénégalais sans nous dire qui sont ces personnes et sur quel support ils ont visionné la série, car pour information, l’épisode à polémique n’a été diffusé que sur la plateforme payante wido. Ensuite, le communiqué ne nous dit pas si le producteur a été convoqué. On apprend juste une suspension, donc une décision favorable à une partie sans entendre la deuxième. Cette décision manque de partialité. Le Cnra doit nous dire pourquoi un épisode de la saison 2 non diffusé à la télé entraîne la suspension de la saison 3, d’autant plus que c’est l’autorité de régulation qui nous informe que le teaser de la saison 3 est diffusé sur internet. Aujourd’hui, le cinéma sénégalais est en danger car le Cnra a décidé de céder face à un lobby religieux dans un pays où tous les ménages urbains regardent les chaînes des bouquets satellites. Cette décision est révélatrice de deux choses : les acteurs ne sont pas représentés au Cnra ; la politique culturelle de ce pays est en contradiction avec les ambitions affichées de l’émergence. Nos médias sont de gros consommateurs de films étrangers et on veut nous interdire de produire des films pour le monde. C’est scandaleux et nous allons, de ce fait, constituer une plateforme de l’ensemble des acteurs pour défendre la corporation et surtout défendre tous ces emplois qui risquent d’être menacés si on se plie à la simple volonté d’une organisation, qui refuse d’accepter que nous sommes dans une République laïque comme le stipule l’article premier de notre Constitution. La vraie raison de la suspension de la saison 3, c’est que le Cnra, en réalité, n’a pas les compétences pour suspendre la saison 2 qui est en cours sur Sunu yeuf de Canal+, sur youtube et la plateforme wido d’Orange. Du coup, pour faire plaisir au lobby religieux, ils suspendent une saison qui n’est pas encore là pour leurrer les Sénégalais. Car, le producteur lui-même avait déjà décidé de ne pas la diffuser à la télé, pour des questions contractuelles.
«LE PDS EST UN PARTI QUI NE MARCHE JAMAIS SEUL»
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) avance dans sa préparation des élections territoriales du 23 janvier 2022. Dans cette perspective, les Libéraux misent d’abord sur la vente des cartes de membres
En direction des prochaines élections territoriales, le Pds veut en avoir le cœur net sur son fichier de membres par la vente des cartes. Doudou Wade et Cie semblent dans une logique unitaire de l’opposition pour faire face à la majorité, parce que «le Pds est un parti qui ne marche jamais seul».
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) avance dans sa préparation des élections territoriales du 23 janvier 2022. Dans cette perspective, les Libéraux misent d’abord sur la vente des cartes de membres. Un séminaire de 4 jours de formation, avec 50 superviseurs venus des différentes régions du pays, s’est tenu à la Permanence Omar Lamine Badji à Dakar. «La préparation des élections n’exclut pas chez nous la préparation de la vente et du comptage par zone de nos militants. Donc, ce sont deux moments de mobilisation de notre parti que nous sommes en train de faire», a dit Doudou Wade hier lors d’une conférence de presse qui a sanctionné cette rencontre. Alors que l’opposition serait sur le point de s’accorder sur une large coalition pour affronter la majorité présidentielle, l’ancien président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates semble annoncer la couleur de cette unité : «Le Pds est un parti qui ne marche jamais seul.» Doudou Wade rappelle que leur formation a eu à participer à des gouvernements tout en étant un parti d’opposition avec toutes les responsabilités que cela requiert et que le Pds est un parti qui marche par des consensus forts. «Nous l’avons montré la dernière fois aux Législatives et, peut-être, nous le montrerons par les Locales», a-t-il déclaré.
«Nous sommes un parti attrayant»
Le Pds qui n’a pas participé à la dernière Présidentielle et qui a enregistré beaucoup de départs, compte bien sur cette opération de vente des cartes pour se refaire une santé… politique. «Aujourd’hui, nous nous sommes réunis dans le cadre de la vente des cartes de membres et de renouvellement des structures. Dans ce pays, il se pose un problème d’organisation des partis politiques. Et le tumulte fait qu’on ne sait pas reconnaître qui est qui. Un parti, c’est d’abord l’effectif et la qualité de ses membres», a dit M. Wade. L’objectif de cette rencontre à laquelle ont pris part 53 responsables, était d’amener les superviseurs et les commissaires à «comprendre leur mission pour bien assurer les tâches de placement, de vente de cartes et de renouvellement des structures du parti». Après les difficultés que la formation de Abdoulaye Wade a traversées, la curiosité est de savoir ce qu’elle représente aujourd’hui. «Nous sommes un parti attrayant, un parti qui compte. Je sais qu’on nous demande, on nous cher - che. Donc, je ne peux pas vous le dire parce que je veux vendre (…). Je dis ce que je pense mais je sais que nous sommes attrayants», a répondu Dou - dou Wade. Qui n’a pas souhaité évoquer la question des primovotants. «Je ne peux pas sortir de ce que nous sommes en train de faire. Pour les élections locales, nous sommes en train de faire le travail et attendons un moment précis, nous vous dirons ce que nous en ferons», conclut-il.