Menace d’une seconde vague après les manifestations de mars dernier, engagement ferme ou intimidation de recourir à une plus intense riposte de la force publique, en cas de nouvelles émeutes : l’espace politique est le lit, ces derniers temps-ci, d’une rhétorique guerrière et d’une prolifération des menaces entre acteurs politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. Macky Sall, l’Apr (toutes tendances confondues) et leurs alliés de la mouvance présidentielle, Ousmane Sonko et Pastef-Les Patriotes, Barthélémy Dias comme le M2D (Mouvement pour la défense de la démocratie), de toutes parts fusent des propos va-t-en-guerre qui fissurent le relatif sentiment de détente post-émeutes. Raison suffisante de se demander s’il s’agit là d’une pure logique jusqu’au-boutiste ou de la surenchère tout simplement? Ou même de s’interroger si ces menaces n’hypothèquent-elles pas la logique d’apaisement politico-sociale notée après l’intervention des médiateurs sociaux, à l’instar de Serigne Mountakha et Cie. D’ailleurs, le jeu démocratique fondé sur le débat d’idées, la logique de confrontation des projets de société, peut-il se bonifier dans un tel climat de…tension verbale? Le Pr Moussa Diaw de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis apporte ici son éclairage.
«Ce sont des stratégies pour faire peur. C’est plutôt de la surenchère dans un contexte particulier des rapports de force où chacun manifeste ses capacités à travers les mots à faire peur à l’autre en disant dans un vocabulaire un peu particulier en rapport avec l’usage de la force. Certes, sans toutefois s’en servir peut être. Dans ce contexte, on retrouve la tonalité des ouvrages de Machiavel. C’est du machiavélisme avec la ruse du renard et la force du lion. C’est dans ce sens que les hommes politiques font référence en utilisant justement des propos pour déstabiliser, pour faire en sorte que l’autre ait peur à travers des mots. Mais pour se faire, on est dans une logique de rapports de force, de démonstration de camp. Tout cela ramène à une opposition entre deux acteurs qui n’ont pas forcément les mêmes façons de voir les choses. Et que l’usage de la force et même les références à la force sont là et constituent quand même des ressources que les acteurs politiques pourraient éventuellement convoquer pour déstabiliser leur adversaire. En dépassant cela, il faut savoir que dans l’espace politique sénégalais, les discours de violence, de recourir à la force, sont souvent présents. Même les insultes sont une forme de violence verbale tout comme les discours éducatives. Tout cela est une rhétorique que l’on retrouve et qui est utilisée par les hommes politiques par rapport à des objectifs qu’ils espèrent atteindre. Ce qui montre qu’on est dans une démonstration de force or, dans une démonstration de force et de déstabilisation, les mots sont utilisés, brandis pour dire à l’autre que nous avons une capacité de nuisance comme vous ».
POUR UN DEBAT D’IDEES ET DE PROJETS DE SOCIETE
« Par contre, c’est dommage car on devrait dépasser cela et s’inscrire dans une logique de confrontation des idées. Puisque, c’est ce qui est important dans une démocratie, ce n’est pas une épreuve de force physique, mentale ni symbolique à travers la violence verbale. Mais c’est plutôt la capacité à convaincre à travers des argumentaires, à mobiliser les gens à travers des projets de société. Donc, c’est un débat d’idées qu’on attend plutôt qu’une démonstration de force, malheureusement. Et cela traduit quand même qu’il a une régression de la démocratie où les usages habituellement s’inscrivent dans un esprit républicain. Ce qu’on veut, c’est un débat d’idées, le respect de l’autre et puis le respect des principes et les règles de la démocratie».
LES MEDIATEURS SOCIAUX... COURT-CIRCUITES
« C’est vrai qu’on a transgressé le compromis obtenu grâce à la médiation du Khalife général des Mourides, des autres confréries et des autres acteurs qui se sont associés à cette démarche. Et plus ou moins, ils (médiateurs) avaient réussi à calmer les esprits, à éviter la démonstration de force. Naturellement, les hommes politiques font droit à ces recours et le problème, c’est qu’il y un écart entre ce qui a été retenu et le compromis trouvé avec les chefs religieux et la réalité. Car, la réalité en est toute autre, parce que ces hommes politiques renouent avec leurs vieux comportements de confrontation malgré les promesses de calme, de retour à la paix. A chaque fois, on revient à des habitudes qui consistent à faire ces démonstrations de force. Alors que ça ne respecte pas plus ou moins le compromis qui a été trouvé face à ces médiateurs sociaux »,
DES POPULATIONS ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME ?
«On ne peut pas dire que les acteurs politiques prennent en otage les populations. La raison, c’est parce qu’ils ont leurs logiques, leurs argumentaires. Et malheureusement, ils semblent être dépassés par les citoyens car, les populations se trouvent au-dessus de cette façon de faire de la politique. Comme ça, elles (populations) avaient beaucoup plus conscience de leur capacité à aller plus que les hommes politiques. Tout compte fait, on savait qu’il y avait un écart, un retard de la part des politiciens, qui ne tiennent pas un discours qui soit conforme aux attentes des populations. Et le risque, c’est d’aboutir à une défaillance ou un manque de participation politique aux élections prochaines ».
RHETORIQUE PATHOGENE AU JEU DEMOCRATIQUE
«Je ne pense pas que le jeu politique peut se bonifier dans un tel climat, fait de menace et de discours de violence. Parce qu’il y a un recul, il n’y a plus cette imagination politique, cette réflexion d’idées de grands auteurs et de qualité pour permettre aux citoyens de saisir ce débat pour en tirer des substances qui leur permettront d’avoir des politiques publiques qui soient conformes à leurs attentes. Et forcément, il y aura une rupture parce qu’aujourd’- hui, ce discours politique n’est pas à la hauteur».
LE RAMADAN, TRAITE DES MENDIANTS
Vue par les Sénégalais comme un manque d’alternative face à la pauvreté, la mendicité est pour les mendiants, une meilleure façon de subvenir à leurs besoins
Vue par les Sénégalais comme un manque d’alternative face à la pauvreté, la mendicité est pour les mendiants, une meilleure façon de subvenir à leurs besoins. Devenue leur gagne-pain ils s’exposent de manière flagrante dans les rues. Jugée déplorable par nombre de Sénégalais, cette pratique, considérée comme signe d’extrême pauvreté leur assure pourtant une vie «décente». Et le Ramadan étant un mois par excellence de solidarité et de partage, les mendiants ne se plaignent pas.
Au Sénégal, la mendicité est considérée par les mendiants comme une source de revenue sûre. Ils en ont fait un «métier» grâce auquel ils survivent. Des marchés aux places publiques, en passant par les routes les plus animées, les devantures des mosquées, des intersections et feux de signalisation etc. les mendiants sont visibles partout au Sénégal, notamment dans les grandes villes comme Dakar, la capitale. Si certains ont une place fixe, d’autres préfèrent se faufiler entre les voitures au péril de leur vie, dans les rues. Mieux encore, certains quémandeurs préfèrent le mois de Ramadan qui est un mois prolifique, donc des «bonnes affaires» parce que leur permettant encore de gagner beaucoup plus que d’habitude. «Je suis mendiante depuis que je suis toute petite. Mes parents vivent dans l’extrême pauvreté. Nous nous sommes séparés dans le but d’obtenir beaucoup plus d’argent et de nourriture. Ils passent leur journée à la Cité Keur-Gorgui et mes frères et moi ici (marché Mame Diarra de Guedjawaye, ndlr). Les gens me connaissent maintenant. Ils viennent directement me donner de l’aumône, quand ils me voient. Je reçois jusqu’à 7 mille francs CFA par jours. Ce que nous obtenons nous permet de vivre et de payer le loyer à la fin du mois. Je ne me pleins vraiment pas», raconte Fatma Bâ, une mendiante âgée de 19 ans.
LA MENDICITE : UN «METIER» QUI RAPPORTE GROS DURANT LE RAMADAN
Cette jeune femme au teint clair préfère encore mieux le mois béni du Ramadan qui est pour elle le meilleur mois de l’année. «J’adore le mois de Ramadan ; je l’attends chaque année avec impatience parce que c’est le moment où je reçois beaucoup plus d’argent et de denrées (alimentaires surtout, ndlr). Les gens font plus attention à moi durant le Ramadan. J’ai une fois obtenu, en une seule journée, 11 mille francs CFA et beaucoup de sucre et de lait caillé», s’enthousiasme Fatma. Autre zone, même réalité ! Au niveau de «Bountou Pikine», c’est un défilé incessant de gens qui distribuent des repas à des mendiants assis en face du Complexe Culturel Léopold Sédar Senghor. «Il n’y a pas beaucoup de différence entre ce que je reçois hors Ramadan et maintenant. Le seul changement, c’est à l’heure du «ndogou» où je reçois beaucoup de nourriture de la part des passant», explique Pape Ndao, un handicapé-moteur rencontré à «Bountou Pikine» et originaire de Kafrine.
«C’EST BIEN DE VOULOIR ARRETER LES GENS QUI FONT MENDIER LES ENFANTS, MAIS…»
Ce mendiant est populaire à Pikine. Il est sur place depuis les années 2000. La preuve, les gens qui lui donnent de l’aumône le saluent d’abord, en prononçant son nom. «Je suis ici (sa place habituelle) depuis plusieurs années. J’ai réussi à établir des relations fortes avec mes bienfaiteurs. Je n’ai même pas besoin de me déplacer. Mes relations savent ou me retrouver. Les seules fois où je me déplace, c’est pour aller à la mosquée pour la prière, les vendredis. Je reçois entre 6 mille et 8 mille franc CFA par jour. Je ne peux pas me plaindre d’être mendiant parce que c’est avec ce que je reçois que j’ai épousé ma femme et c’est avec ces dons aussi que j’élève mes enfants. Je vis grâce à la mendicité», affirme ce mendiant, âgé de 41 ans. Suivant l’actualité du pays grâce à ses écouteurs toujours collés aux oreilles, Pape revient sur la déclaration du président Macky Sall sur la question de la mendicité des enfants. «C’est bien de vouloir arrêter les gens qui font mendier les enfants. Mais, je pense qu’avant ça, l’Etat doit d’abord s’assurer de mettre dans des conditions favorables ceux qui les incitent à la mendicité. Souvent, c’est par manque de choix que les parents ou maîtres coraniques font mendier les enfants. L’Etat devrait non seulement s’occuper des enfants mais aussi de tous ceux qui dépendent de la mendicité pour vivre. J’ai obtenu mon Baccalauréat en Arabe vers les années 2000. J’ai aussi de l’expérience dans l’agriculture, le tout avec une bonne éducation de base. Si aujourd’hui je mendie, c’est parce que je n’ai pas le choix. Même si je reçois un peu d’argent chaque jour, Je veux quand-même avoir un travail digne pour pouvoir vivre tranquillement», déclare-t-il.
LES TALIBES INTERDITS DE PARLER, PAR LEURS SERIGNE DAARAS, APRES LA SORTIE DE MACKY
Du côté des «talibés», parler de mendicité semble interdit. Depuis la sortie du Chef de l’Etat Macky Sall qui, lors du Forum sur l’emploi des jeunes tenu le 22 avril 2021, tout en reconnaissant le rôle des «daara» dans l’éducation et formation, a menacé ceux qui font mendier des enfants dans rues jusque tard la nuit dans les rues, sur fonds de traite, il n’est plus facile de faire parler un talibé. «Si je réponds à vos questions, mon Serigne me frappera une fois de retour au daara». C’est la réponse qui nous est servie, chaque fois que nous interpellons l’un d’eux dans la rue. N’empêche, un ancien «ndongo daara» soulignera que chez les «talibés», la mendicité n’est pas seulement un moyen de combler la faim, c’est aussi ce qui leur permet d’assurer les dépenses quotidiennes de leurs «daaras» (écoles coraniques). «Je suis un ancien talibé. Aujourd’hui j’enseigne le Coran aux talibés de mon ancien daara. Avant, je passais mes journées dans la rue à mendier pour mon «daara». Notre «Serigne daara» (maître coranique) n’avait pas les moyens de subvenir à nos besoins. Ce que nous obtenions nous permettait de gérer la dépense et l’entretien du «daara». Il y avait aussi de l’argent qu’on mettait de côté pour les urgences (maladies). Notre «Serigne» ne nous a jamais mis la pression. Il n’a jamais fixé de somme journalière non plus. Chacun était libre d’apporter ce qu’il pouvait.
La mendicité était notre seule option pour survivre. Et je trouve triste le fait qu’il n’y ait toujours pas d’amélioration au niveau des «daara». C’est toujours les mêmes problèmes, toujours les mêmes manquements qui poussent les talibés à rester dans la rue», explique Ousmane Mbengue, un ancien « talibé » de Pikine. Pour lui, le mois de Ramadan est très attendu par les talibés parce qu’étant une période où les bienfaiteurs sont plus présents pour eux. «Les mois de Ramadan sont les meilleurs pour les mendiants parce que durant cette période, les donations augmentent. Les talibés gagnent deux ou trois fois plus que d’habitude», affirme Ousmane.
MACKY SALL TAPE DU POING SUR LA TABLE : «Arrêter les gens qui font du trafic»
Le 22 avril dernier, en marge du Forum sur l’emploi des jeunes qui lui a permis d’accueillir des représentants des jeunes des 14 régions du Sénégal, le président Macky Sall avait soutenu que le Programme de retrait des enfants de la rue va se poursuivre car il n’est pas normal que des enfants mendient pieds nus au milieu de la nuit. «Les daaras sont des écoles qui forment des gens. Mais ils ne reçoivent pas de soutien comme il le faut. C’est pourquoi nous avons une nouvelle approche pour les daaras. Toutefois, on doit discuter concernant les droits humains. On aperçoit des enfants pieds nus en pleine nuit en train de mendier. Je sais que les responsables des daaras, c’est eux qui prennent en charge les enfants. Seules quelques bonnes volontés les soutiennent. Mais il y a aussi d’autres qui font du trafic. C’est-àdire, prendre des enfants d’autrui et leur dire, vous devez amener ceci ou cela. Ça, ce n’est plus un daara. Ces gens là, on doit les arrêter pour ce qu’ils sont en train de faire. C’est vrai, on a de bons daaras qui enseignent le Coran et des métiers et le gouvernement doit les soutenir. Le ministre de la Femme, de la Famille et de la Petite Enfance a commencé à poser des actes à Dakar en apportant des dons aux daaras. On est en train de travailler là-dessus», a-t-il indiqué.
NIOKHOBAYE DIOUF, DIRECTEUR DE LA PROMOTION DES DROITS ET DE LA PROTECTION DES ENFANTS AU MINISTERE CHARGE DE LA FAMILLE : «Les enfants talibés sont obligés de mendier pour faire vivre des adultes»
«C’est la mendicité des enfants qui nous interpelle. Elle est interdite et condamnée par la loi 2005-06 du 10 mai 2005. Là, on parle de l’exploitation de la mendicité d’autrui. Il y’a aussi la loi 245 du Code pénal qui autorisait la mendicité les jours de culte et dans les lieux de culte, les mosquées et les églises (vendredi pour les musulmans et dimanche pour les chrétiens). Cette mendicité, aujourd’hui, n’est pas bien réglementée parce qu’on assiste vraiment à l’errance des adultes durant toute la journée, à tout point de vue. Ce sont les adultes qui nous agressent dans la rue. Ils y sont en permanence et c’est eux qu’on voit déambuler entre les voitures au niveau des feux-rouges. Ce type de mendicité est vu comme une sorte de vagabondage parce que n’étant pas autorisé.
«MUTUALISER L’AUMONE, L’ORGANISER, LA REMETTRE EN DES LIEUX OU LES BENEFICIAIRES POTENTIELS POURRAIENT EN BENEFICIER»
Compte tenu de notre société qui est extrêmement religieuse, surtout durant ce mois de Ramadan, les gens sont enclins à donner de l’aumône. Mais cette aumône également devrait être réglementée. Ce n’est pas quelque chose qui doit être destiné aux enfants qui passent toutes leurs journées dans la rue à tendre la main. On aurait pu mutualiser cette aumône-là, l’organiser, la remettre en des lieux où les bénéficiaires potentiels pourraient en bénéficier. Ceux à quoi nous assistons actuellement, c’est une exploitation qui ne dit pas son nom. L’aumône en nature est différente de celle que nous voyons aujourd’hui. Les enfants visent beaucoup plus l’argent que ce qu’on leur donne pour manger. Maintenant, il ne s’agit plus pour eux de mendier pour manger mais plutôt de mendier parce qu’ils sont enclins à cela, ils en sont contraints. C’est une mendicité forcée. Les enfants talibés sont obligés de mendier pour faire vivre des adultes. S’ils ne le font pas, ces adultes les châtient. Et même s’ils reçoivent des denrées ou des bougies, ils les revendent parce que c’est l’argent qu’on leur demande d’amener. Les enfants qui passent toute leur journée dans les rues à mendier n’ont pas le temps d’étudier. Ils sont exploités. On les appelle «talibés», mais en réalité, ils n’ont pas ce statut. Ce qu’on a traditionnellement connu des «talibés» est différent de ce qu’on voit aujourd’hui. Les enfants étudiaient le Coran le matin de 5h à 7h du matin. Entre 7h et 10h, ils sortaient prendre le petit-déjeuner et après ils retournaient étudier jusqu’à l’heure de la pause déjeuner à 13h. C’est ce qu’on a connu dans le passé. Aujourd’hui, les enfants se lèvent à 5h, prennent des bus pour se rendre en ville, là où ils passent leur journée à mendier. Le soir venu, ils reprennent les bus avec les travailleurs pour rentrer. La mendicité est considérée comme une des pires formes de travail des enfants. Elle est condamnable.
PLUS DE 5000 ENFANTS RETIRES DE LA RUE, ENTRE MARS ET NOVEMBRE 2020
Nos liens avec les «Serigne daaras» sont fonctionnels. Dans une certaine mesure, nous avons cette mission de veiller à l’amélioration des conditions de vie et d’apprentissage des enfants au sein des «daaras». Nous avons retiré plus de 5000 enfants de la rue, entre mars et novembre 2020. Quand il s’agit de procéder à ces opérations de retraits des enfants de la rue, il y a certains maîtres coraniques qui se soulagent même si ça va à l’encontre de leurs intérêts personnels.»
AMADOU TIDJANE TALLA, PRESIDENT DU CONSEIL SUPERIEUR DES MAITRES CORANIQUE DU SENEGAL : «L’enseignement arabe est relégué au second plan au Sénégal»
Pour le président du Conseil Supérieur des Maîtres Coranique du Sénégal, la fonction de leur association est de venir en aide aux «Serigne Daaras» (maîtres coraniques) et aux talibés pour abolir la mendicité des enfants. «Notre objectif est d’apporter notre contribution à l’amélioration des «daaras» du Sénégal. Nous voulons enrichir le système éducatif, le réorganiser et faire en sorte que les «Serigne saaras» puissent avoir de quoi être dans de bonnes conditions de vie. Nous voulons aussi faire en sorte qu’il n’y ait plus de talibés dans la rue ou que les enfants soient obligés de travailler. Nous avons mis en place notre association en mars 2017, mais nous avons commencé nos activités depuis janvier 2016, en faisant le tour des 45 départements du Sénégal.
Notre association compte plus de 9 mille membres à travers le pays. Nous ne prenons pas prendre en charge les écoles coraniques. Ce que nous faisons pour eux actuellement, c’est un plaidoyer. C’est ce qui nous a valu l’année dernière un conteneur de 97 mille 2 cent ouvrages dont 32.400 livres sacrés, d’une valeur de 129 millions 600 cent mille francs CFA, venu de la Turquie. Nous les avons distribués dans tout le pays», explique-t-il. M. Talla met l’accent aussi sur les mauvaises conditions de vie des maîtres coraniques du Sénégal. «Le problème, d’une part, dans notre pays, c’est que les parents dégagent leur responsabilité à la minute où ils mettent leurs enfants dans un «daara». Ils ne se préoccupent plus de leur état de santé ou s’ils ont bien mangé.
D’autre part, l’Etat subventionne certes l’apprentissage arabe, mais pas comme il le fait avec les écoles françaises. Même les aides apportées par les ONG ne sont destinés qu’à elles. L’enseignement arabe est relégué au second plan au Sénégal. C’est souvent ce manque de soutien qui pousse les maîtres coranique à mendier ou à faire mendier les enfants.»
CHEIKH OUMAR ANNE LISTE LES EFFORTS DE L’ETAT EN REPONSE
Le MESRI déplore «l’attitude de certains dirigeants du SUDES/ESR qui, sous prétexte de revendications basées sur l’exigence d’une remise en cause des acquis d’un syndicat majoritaire, se singularisent par une arrogance
Quelques jours après la sortie du SUDES/ESR, le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) a apporté des éléments de réponse relatifs aux cinq points mentionnés dans leur préavis de grève déposé et qui couvre la période du 20 avril au 31 décembre 2021.
Dans une déclaration rendue publique hier, mardi 27 avril, le MESRI qui déplore «l’attitude de certains dirigeants du SUDES/ESR qui, sous prétexte de revendications basées sur l’exigence d’une remise en cause des acquis d’un syndicat majoritaire, se singularisent par une arrogance, voire une immaturité, et des attaques injustifiées et continuelles à l’endroit de toutes les composantes du sous-secteur de l’Enseignement supérieur», compte toutefois rencontrer les syndicalistes pour recueillir l’ensemble de leurs revendications écrites et orales.
Sur l’exigence de «l’abrogation ou la modification substantielle de la loi 2015-26 relative aux universités publiques» par le SUDES/ESR, le MESRI «rappelle que cette loi découle d’un large consensus entre le gouvernement et l’ensemble de la communauté universitaire (instances délibérantes et syndicats représentatifs) et constituait une des recommandations consensuelles nationales de la CNAES». Cheikh Oumar Anne et CIE de poursuivre : «Le décret d’application de cette loi, n°2020-979 du 23 avril 2020, a été signé. Les projets de décrets et règlements relatifs à l’organisation et le fonctionnement de chaque université ont été adoptés par les instances délibérantes des dites structures. Le processus devant aboutir à leurs signatures par l’autorité compétente suit son cours normal».
A en croire le MESRI, la présence des syndicats PER dans les différentes instances sera ainsi basée sur le principe de leur représentativité respective dans chaque université. Sur la réclamation du «Plan Marshall de recrutement des PER», le MESRI, «conscient de la nécessité de renforcer l’encadrement pédagogique des étudiants, a autorisé en 2020, sur fonds propres, la création de 200 nouveaux postes d’enseignants, en plus de ceux créés pour les besoins des nouvelles universités (UAM et USSEIN)», rapporte le document.
Selon le MESRI, «le programme de création de postes d’Attaché temporaire de recherche (ATER), dont l’objectif était de renforcer l’encadrement, est en attente d’une validation par les universités. Des efforts seront encore faits pour le renforcement de l’encadrement».
En revanche, sur la transformation de l’UVS en un Institut national de la formation continue sous la tutelle scientifique de l’UCAD, le MESRI a fait savoir «qu’il serait particulièrement hasardeux de casser la dynamique de l’UVS qui a fini de s’installer au cœur du dispositif de l’enseignement supérieur sénégalais». Au sujet du «financement et équipement des laboratoires de recherche des Universités», le MESRI affirme «qu’il est en train de finaliser leurs équipements dans le cadre du programme des 100 laboratoires décidés» parle Président de la République.
Sur «l’augmentation de la prime de recherche semestrielle à hauteur de 750 000 FCFA et le perdiem de voyage à 150.000 FCFA/jour», le MESRI a tenu à rappeler «les immenses efforts financiers consentis depuis plusieurs années pour l’amélioration des conditions des PER avec : la réforme des titres et grades avec un impact financier considérable (augmentation nette de salaire de 30 à 40%), l’augmentation des indemnités réelles de logement du Personnel Enseignant et de Recherche (PER) y compris ceux qui sont logés dans le patrimoine bâti des Universités, l’instauration d’un Fonds de solidarité destiné aux PER partis à la retraite avant 2017 afin qu’ils bénéficient des avancées obtenues, le paiement des pensions de retraite allant de 70 à 85% du dernier salaire net pour les autres, le relèvement des indemnités des Directeurs centraux des Universités, des Doyens de Facultés et Directeurs d’UFR, des Assesseurs et Directeurs-adjoints d’UFR, des Chefs de Département/ Section et de tous les hauts responsables du Personnel Administratif, Technique et de Service (PATS)».
Concernant «l’achèvement de toutes les infrastructures», le MESRI rappelle que, «dans le cadre de la mise en œuvre des décisions du Président de la République issues de la CNAES, le travail accompli par les différentes structures (ACBEP, PAUVS, DMCEES) a permis de réaliser de nombreux chantiers, tandis que d’autres sont en phase de finition». Il cite, entre autres, la réception dernières infrastructures réceptionnées à l’UGB, l’UASZ.
Concernant la «prise en charge sociale et la motivation des PER», «le MESRI rappelle avoir entamé un programme volontaire visant à doter les enseignants de bureaux à l’UCAD, à l’UGB et à l’UADB pour un montant de 500 320 000 FCFA».
Pour la facilitation de l’accès à la propriété privée des Enseignants près de leur lieu de travail, il est indiqué que «des efforts importants ont été faits en la matière avec l’augmentation du prêt DMC qui est passé de 3 à 5.000.000 FCFA et l’appui constant apporté aux différentes coopératives d’habitat mises en place par les PER, sans compter la valorisation substantielle de l’indemnité de logement et de la prime académique de logement corrélée au grade de l’enseignant».
JARAAF-CLUB SPORTIF SFAXIEN, FINALE DE LA POULE C
Après avoir assuré la qualification en quart de finale, le Jaraaf affronte ce mercredi à Tunis, le Club Sportif Sfaxien pour la sixième et dernière journée de la phase de poules de la coupe CAF.
Déjà qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe CAF, l’équipe du Jaraaf affronte ce mercredi 28 avril, le club sportif Sfaxien pour le compte de la sixième et dernière journée des phases de poules. Cette rencontre aura des allures de finale du groupe C entre les "Vert-Blanc" (10 points) et la formation tunisienne qu'ils ne distancent que d'un petit point (9 points).
Après avoir assuré la qualification en quart de finale, le Jaraaf affronte ce mercredi à Tunis, le Club Sportif Sfaxien pour la sixième et dernière journée de la phase de poules de la coupe CAF. Cette rencontre aura des allures de finale de la poule C entre les deux équipes qui s’étaient quittées sur un score nul (1-1) lors du match aller disputée au stade Lat Dior de Thiès.
Le Jaraaf avait toutefois réussi à virer à la tête du groupe C dès la quatrième journée après sa probante victoire en déplacement devant le Salitas du Burkina. Les coéquipiers de Albert Lamane Sambou et Baye Youssou Paye ont consolidé au terme de leur succès obtenu à Thiès face à l'Etoile sportive du Sahel (1-0). Avec 10 points au compteur, les "Vert-blanc" devancent que d'un petit point que leur adversaire tunisien (9 points).
L’enjeu de cette rencontre est donc la première place du groupe C qui passe par un résultat positif à Tunis. Cette position sera capitale dans le parcours des hommes du coach Cheikh Guèye. Cette première place permettra en effet et dans la perspective des quarts de finale de recevoir au retour mais surtout d'éviter en quart de finale certaines équipes dont les Marocains du Raja de Casablanca, considérés comme le grandissime favori de cette compétition.
Pour leur première participation à la compétition africaine, le Jaraaf a d’ores et déjà réussi la performance de mettre fin à 17 ans de diète des clubs sénégalais en compétition africaine. Il s'agit désormais d'ouvrir une autre page d'histoire en offrant au Sénégal son premier trophée en Coupe CAF.
DEUX PÊCHEURS PORTÉS DISPARUS
Il s’agit d’un père âgé de 45 ans et de son fils de 14 ans. Ils avaient deux moteurs en bon état
A Thiaroye-sur-mer, deux pêcheurs sont portés disparus depuis lundi. Il s’agit d’un père âgé de 45 ans et de son fils de 14 ans. Les pêcheurs demandent à l’État de les doter d’appareils de géolocalisation pour mieux faciliter les recherches en cas d’accident en mer.
Daour Faye et son fils Seyni sont les victimes de cet accident en mer. “Daour Faye est mon frère. L’accident s’est produit à hauteur de l’île de Ngor. Une zone dangereuse. Ils avaient deux moteurs en bon état. Nous n’avons pu repêcher les corps sans vie des victimes. Mais la pirogue a échoué sur la plage de Ngor“, a déclare sur Rfm, Doudou Faye, membre de la famille des disparus.
Récurrence des chavirements
Il constate avec amertume la récurrence des accidents en mer. M. Faye estime que les embarcations doivent disposer d’appareils de géolocalisation. “L’État doit nous doter d’appareils de géolocalisation pour les embarcations. En de pareilles circonstances, la géolocalisation facilite les recherches“, dit-il.
Personnes à bord
Six personnes étaient à bord de la pirogue qui a chaviré. Les quatre rescapés sont toujours sous le choc. “C’est presque à l’heure de la rupture du jeûne que la houle a renversé la pirogue. La mer était très agitée“, a témoigné Cheikh Diaw. Lui et les autres sont revenus avec de graves blessures.
JE N'AIMERAIS PAS QUE SAER SOIT CANDIDAT DEVANT AUGUSTIN
Abdoulaye Sow a donné, mardi soir, sur la 2STV, sa position sur une éventuelle candidature de Saer Seck à l'élection présidentielle de la Fédération sénégalaise de football (FSF)
Abdoulaye Sow a donné, mardi soir, sur la 2STV, sa position sur une éventuelle candidature de Saer Seck à l'élection présidentielle de la Fédération sénégalaise de football (FSF).
"Je n'aimerais pas que Saer Seck soit candidat devant Augustin (Senghor)", a affirmé le 2e vice-président de la FSF. "Saer, Augustin et moi travaillons ensemble depuis 12 ans et nous avons des projets", a-t-il expliqué, indiquant que ces projets doivent aboutir pour le bien de football sénégalais. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'imagine pas voir le 1er vice-président, Saer Seck se présenter face à Augustin Senghor l'actuel président de la FSF qui aurait aspiré à un quatrième mandat bien qu'il avait déclaré il y a quatre ans qu'il n'allait plus se représenter.
LE DIRECTEUR DÉMISSIONNE APRÈS L’INCENDIE MEURTRIER
Abdou Sarr, a annoncé mardi avoir démissionné de ses fonctions en invoquant des ‘’convenances personnelles’’ à la suite d’un incendie à l’origine de la mort de quatre personnes à l'hôpital de Louga
Louga, 27 avr (APS) - Le directeur de l’hôpital Magatte-Lô de Linguère (nord), Abdou Sarr, a annoncé mardi avoir démissionné de ses fonctions en invoquant des ‘’convenances personnelles’’ à la suite d’un incendie à l’origine de la mort de quatre personnes au sein de l’établissement de santé.
La démission de M. Sarr survient quatre jours après qu’un incendie s’est déclaré dans le service de néonatologie de cet hôpital public, entraînant la mort de quatre nouveau-nés.
‘’Il y a eu beaucoup de spéculations. Pour mettre à l’aise le chef de l’Etat, le ministre de la Santé, le personnel de l’hôpital, ma famille et moi-même, je démissionne de mon poste de directeur de l’hôpital’’, a-t-il déclaré dans un enregistrement parvenu à l’APS.
S’exprimant lors d’un point de presse à Linguère, il a déploré un ‘’accident malheureux’’ en parlant de l’incendie.
Abdou Sarr était directeur de l’hôpital Magatte-Lô depuis février 2015.
Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les causes du sinistre, selon la Gendarmerie.
CHEIKH OUMAR HANN INDEXE L’ARROGANCE ET L’IMMATURITÉ DE CERTAINS SYNDICALISTES
Le ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation (MSRI) a apporté des éclairages sur les différents points de revendications du SUDES/ESR mentionnés dans leur préavis de grève couvrant la période du 20 avril au 31 décembre 2021
Le ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation (MSRI) a apporté des éclairages sur les différents points de revendications du SUDES/ESR mentionnés dans leur préavis de grève couvrant la période du 20 avril au 31 décembre 2021. Le ministère de l’enseignement supérieur dit avoir rencontré, dès sa prise de fonction, à trois reprises une délégation du SUDES/ESR.
Cependant, il dit déplorer « l’attitude de certains dirigeants du SUDES/ESR qui, sous prétexte de revendications basées sur l’exigence d’une remise en cause des acquis d’un syndicat majoritaire, se singularisent par une arrogance, voire une immaturité, et des attaques injustifiées et continuelles à l’endroit de toutes les composantes du sous-secteur de l’Enseignement supérieur (ministère, autorités académiques et pédagogiques, syndicat majoritaire) ».
Ainsi, le ministère a rappelé qu’il applique la politique du Gouvernement en matière d’enseignement supérieur tout en réitérant sa détermination à s’appuyer sur les partenaires sociaux qui peuvent légalement et légitimement défendre les intérêts de leurs militants.
Auparavant, le ministère est revenu sur les différents points. S’agissant de l’abrogation ou de la modification substantielle de la loi 2015-26 relative aux universités publiques exigée par le SUDES/ESR, le ministère rappelle que cette loi découle d’un large consensus entre le gouvernement et l’ensemble de la communauté universitaire et constituait une des recommandations consensuelles nationales de la CNAES.
NÉCESSITÉ DE RENFORCER L’ENCADREMENT PÉDAGOGIQUE DES ÉTUDIANTS
Pour ce qui est du plan de recrutement des PER réclamé par le SUDES/ESR, le ministère dit être conscient de la nécessité de renforcer l’encadrement pédagogique des étudiants. Il a, à cet effet, autorisé en 2020, sur fonds propres, la création de 200 nouveaux postes d’enseignants, en plus de ceux créés pour les besoins des nouvelles universités. Des efforts seront encore faits pour le renforcement de l’encadrement.
Le ministère a également indiqué qu’il est loin de vouloir affaiblir l’UVS, a, au contraire, pris la décision de la renforcer afin qu’elle poursuive sa belle progression. En ce qui concerne le financement et l’équipement des laboratoires de recherche des Universités, le ministère informe que le Président de la République a encore décidé d’octroyer une enveloppe supplémentaire de 50 milliards de FCFA entièrement destinée aux équipements scientifiques et de laboratoires.
Ainsi, tous les établissements d’enseignement supérieur public du pays qui ont transmis leurs besoins et les services compétents du MESRI ont entamé les procédures d’acquisition. De même, le ministère de l’Enseignement supérieur a rappelé avoir entamé un programme volontaire visant à doter les enseignants de bureaux à l’UCAD, à l’UGB et à l’UADB pour un montant de plus de 500 millions FCFA.
Cet effort sera maintenu avec la livraison des complexes en cours. Concernant la dotation des enseignants en ordinateurs portables, le MESRI rappelle que les programmes du type « un enseignant-un ordinateur » ne sont plus d’actualité à l’heure où un nombre grandissant d’étudiants viennent à l’université avec leurs propres ordinateurs.
DANS L’ANTRE DES « DJINNS » ET DES « RABS »
Une ville en transe. De Thiawlène à Ndeppé, ‘’antre’’ du génie Mame Coumba Lamb, en passant par Mérina, Keury Kao et Keury Suuf, partout, c’est l’effervescence. A l’appel du ‘’ndeup’’ (séance d’exorcisation), les Lébous et de simples curieux surgissent...
Malgré le temps qui passe, le ‘’ndeup’’ continue de garder une place capitale dans l’univers des Lébous de Rufisque. Thérapie indispensable pour certains membres de cette communauté, ce rite permettrait également, selon ses adeptes, de prémunir le pays contre certains dangers.
Une ville en transe. De Thiawlène à Ndeppé, ‘’antre’’ du génie Mame Coumba Lamb, en passant par Mérina, Keury Kao et Keury Suuf, partout, c’est l’effervescence. A l’appel du ‘’ndeup’’ (séance d’exorcisation), les Lébous et de simples curieux surgissent de nulle part pour assister au spectacle riche en couleurs.
Centre culturel Maurice Guèye. Il est presque 16 h. Une jeune dame, possédée, s’écroule, roule sur le sol, avant d’être vite maitrisée par les autres marcheurs. Secourue par les femmes communément appelées ‘’ndeupkat’’ (soignants), elle retrouve son calme, mais continue de pleurer à chaudes larmes, sous le battement des tams-tams et des notes assez spéciales distillées par des chanteurs d’un autre genre. Une scène assez étrange que tente d’expliquer le lamane de Rufisque (gestionnaire des terres dans la communauté léboue), Maguette Wane. ‘’Chaque personne, dit-il, a son génie. Et si on le chante, la personne tombe en transe. Cet état se manifeste de différentes manières, selon les individus. Pour certains, ils peuvent boire une bassine d’eau sans s’en rendre compte ; d’autres vont mâcher des pièces de monnaie. Il y en a même qui vont parler des langues qu’ils n’ont jamais apprises’’.
Pendant ce temps, Rufisque continue de vibrer au rythme du ‘’Jelel jelel, bula neexee jelel’’, que chante la foule en chœur, s’adressant directement à l’absente la plus présente, Mame Coumba Lamb, ‘’le génie de tous les génies sur mer’’, d’après les Rufisquois. Littéralement, cela donne : ‘’Prenez… Tout ça vous appartient.’’ Chantant, paradant dans les rues de la vieille ville, ils versent des quantités énormes d’eau sur les artères pour implorer la paix sur Rufisque et tout le Sénégal. Une ambiance carnavalesque, qui fait jaillir plus d’un, sous le rythme endiablé des tams-tams.
Tambour major du groupe Coumba Lamb, Ousmane Diouf revient sur la spécificité de la cérémonie. ‘’Le ‘ndeup’, dit-il, est spécial. Chaque rythme que nous jouons est dédié à un génie. Parmi lesquels il y a Ndiaré, qui est une fille de Mame Coumba Lamb, basée à Yoff Leuk Daour (Dakar), Maa Touly (Bargny)… Tous sont de la même famille. Coumba Lamb est soit leur mère, soit leur grand-mère, soit leur sœur. Jusqu’à Coumba Castel à Saint-Louis qui est une émanation de Mame Coumba Lamb. Et dès qu’on chante votre génie, vous réagissez forcément’’.
Pour le griot, le ‘’ndeup’’ a certes un peu perdu de sa superbe. Mais cela n’enlève en rien sa valeur pour la communauté léboue. Il fut des temps, renseigne-t-il, c’était un évènement extraordinaire ; il y avait même des gens qui venaient des Etats-Unis pour suivre ça. La quarantaine, Ousmane de lancer un appel pour la sauvegarde de cet héritage : ‘’Il est fondamental, pour nous, de nous occuper de nos us et coutumes. Mais certains ont peur de venir, pour ne pas tomber en transe. D’autres, parce qu’ils connaissent leur sensibilité et savent qu’ils ne résisteraient pas au rythme. Mais ils sont dans l’erreur. Cela peut fâcher leurs djinns et c’est ce qui leur apporte des malheurs ou même parfois les mène vers la folie’’.
Les vertus thérapeutiques du ‘’ndeup’’
Dans la famille de Mame Fatou Seck, il est hors de question de négliger cet héritage. Chaque année, sur près de 10 jours, est organisé le grand ‘’ndeup’’ de Rufisque et Bargny pour faire plaisir à la grand-mère protectrice, Mame Coumba Lamb, ainsi que toute sa grande famille. Ce dimanche-là, dix bœufs ont ‘’marché’’, de Thiawlène à la plage où ils doivent être sacrifiés, avec des hommes et femmes à l’accoutrement bizarre, sous les yeux d’un public hystérique.
Dans sa tunique traditionnelle blanche, Assane revient sur le sens de leurs nombreuses incantations. ‘’Par nos chants, explique-t-il, on s’adresse directement à Coumba Lamb. On lui fait part des difficultés que traverse le pays, de nos souhaits et elle nous entend. On la supplie de venir au secours de ses petits-enfants que nous sommes’’.
A Ndeppé, c’est l’apothéose. Ici, doit avoir lieu une bonne partie du rituel. Sous la supervision des gardiennes du temple, les ‘’ndeupkat’’ se chargent de soigner les malades. Assis sur les bœufs attachés et allongés sur le sol, les patients sont recouverts de tissu blanc en percale, de la tête jusqu’aux pieds. Aucune partie de leur corps n’est visible. Maman Aita Diop explique : ‘’Ils sont sous l’emprise des ‘rabs’. Grâce à ce cérémonial, nous allons les libérer et ils pourront retrouver tous leurs esprits, grâce à Dieu. Sans cela, ils ne pourront avoir la paix.’’
Quelques instants plus tôt, des participants, hommes et femmes, enjambaient, voile sur la tête, les bêtes restées cloitrées au sol pendant un bon moment, moyennant la somme de 1 000 F. ‘’Nous faisons ce rituel du bœuf trois fois. Et avant de le faire, nous faisons des souhaits qui seront exaucés’’, explique Aida Diop, la trentaine, après avoir accompli le rituel.
Un pacte vieux de plusieurs siècles
Gardienne du temple de Mame Coumba Lamb, la défunte Mame Fatou Seck a donné au ‘’ndeup’’ ses lettres de noblesse, en l’exportant jusqu’aux Etats-Unis. Elle peut compter sur ses descendants, pour perpétuer cette pratique de laquelle dépendraient la paix et la stabilité du pays, pour certains Lébous.
Sous la direction d’Adja Seynabou Diagne et d’Aita Diop, Rufisque a communié pendant près de 10 jours avec sa grand-mère, son génie protecteur, Mame Coumba Lamb, ‘’la mère de tous les génies’’ régnant sur mer au Sénégal, de Gorée où trône Coumba Castel, à Saint-Louis où se trouve Coumba Bang, en passant par Kaolack avec Mbossé Coumba Jigen. D’après Adja Aita Diop, fille de Mame Fatou Seck, tous ces génies sont des émanations de Coumba Lamb. Elle affirme avec force : ‘’Mame Coumba Lamb, après avoir établi sa base à Rufisque, s’est démultipliée au cours de ses voyages. Ainsi, à Gorée, elle s’est fait appeler Coumba Castel ; à Saint-Louis, elle s’est présentée comme Coumba Bang ; à Kaolack, elle a pris le nom de Mbossé Coumba Jigen… Partout où elle va, elle change de nom avant de s’y implanter.’’
Entre Rufisque et Mame Coumba Lamb, l’histoire date de très longtemps. Selon la légende, tout a commencé avec Mame Sakhéwar Mbaye, guerrier lébou originaire du Djolof, et Mame Djirama Ndoye qui ont longtemps bourlingué avant de déposer leurs baluchons à Rufisque, plus précisément à Ndunkou, devenu le premier des 14 ‘’Pencs’’ de la ville, après avoir transité par Kounoune (département de Rufisque).
‘’Quand nos grands-parents ont décidé de venir s’implanter à Rufisque, plus exactement là où se trouve le phare actuel (dans l’ancienne maison de Crémier, fondateur de la Sococim), personne n’osait s’y aventurer. Une fois sur les lieux, ils ont commencé l’abattage des arbres. C’est ainsi qu’un djinn est apparu pour leur demander qui leur a donné une telle autorisation ? Avec tout leur sang-froid, ils lui ont dit qu’ils étaient juste en train de couper des arbres, parce qu’ils veulent habiter dans un coin tranquille. Le djinn, qui n’était autre que Mame Coumba Lamb, leur en donna l’autorisation et ils ont scellé un pacte’’, rapporte la légende.
Aux origines du ‘’ndeup’’
Pour ce qui est du passé plus récent, il est donné les noms de Mame Birame Ndao Mbengue de Thiokhoy Guethie, puis Mbory Guèye, mais surtout Mame Fatou Seck et sa descendance. Ce qui est certain, c’est que c’est bien cette dernière qui a donné au ‘’ndeup’’ rufisquois tout son prestige, en l’exportant jusqu’aux Etats-Unis.
Sa fille Aita Diop explique : ‘’Quand ma mère était enceinte, elle a été possédée par les ‘rabs’ (forces mystiques invisibles) qui menaçaient de la tuer, si on ne sacrifiait pas un bœuf. Les génies lui faisaient délirer et répéter leurs exigences. Le lendemain, elle ne se souvenait plus de rien. Mais mon grand-père a fait le sacrifice et sa vie a été sauvée. Depuis lors, on fait cette cérémonie annuelle.’’
Guérie, Mame Fatou Seck finit par devenir la dépositaire du legs des ancêtres, la gardienne du temple de Mame Coumba Lamb Ndoye. A Rufisque, sa famille est la seule habilitée à organiser le ‘’ndeup’’, à communiquer avec le génie de la ville. Son héritière Adja Seynabou dit ‘’Yaye Leuk’’ revient sur ses rapports privilégiés avec le djinn. ‘’En venant ici, dit-elle, je parlais avec Mame Coumba. Je lui parle et elle me parle. Je sais ce qu’elle veut qu’on fasse et ce qu’elle ne veut pas qu’on fasse. On se parle tout le temps. Elle me témoignait toute sa joie et sa satisfaction’’.
Entre Yaye Leuk, les génies et Mame Coumba Lamb, c’est une longue histoire qui date de sa tendre enfance. Agée de plus de 90 ans, elle raconte : ‘’Quand j’étais enfant, les génies m’avaient enlevée et m’ont emmenée à Sangamar (un lieu qui se trouve en haute mer). C’est grâce à Maman Fatou Seck et son ‘ndeup’ que les génies m’ont retournée à ma famille. Depuis, j’ai été adoptée par ma maman Fatou Seck qui m’a couvée, m’a protégée. Personne n’a jamais osé toucher à un seul de mes cheveux.’’ Aujourd’hui, la fille adoptive, également nièce de la gardienne du temple, tient l’héritage des ancêtres entre ses mains.
Son binôme, Aita Diop (fille de Mame Fatou Seck) tient également plus que tout à perpétuer cette vieille tradition léboue. Le ‘’ndeup’’, soutient-elle, permet de protéger non seulement la progéniture, mais aussi Rufisque et le Sénégal tout entier. ‘’Vous avez vu que nous avons sacrifié 10 bœufs. Ce sang que nous versons sert à préserver des vies humaines. Cela peut nous préserver de toutes sortes de malheurs. C’est aussi pour implorer nos ancêtres, afin qu’ils nous apportent la prospérité, la paix et la santé. Nous donnons aussi aux ancêtres du mil, du lait caillé, des œufs et toutes sortes d’offrandes. C’est pour qu’ils soient contents. Ainsi, nous ne nous en porterons que mieux’’.
Ces rescapés devenus serviteurs des djinns
Selon nos interlocuteurs, rien ne peut se faire à Rufisque sans le consentement du génie protecteur. Le premier maire de Rufisque, Maurice Guèye, l’avait bien compris, fait-on remarquer. Chaque année, il donnait au moins un bœuf pour sa participation au ‘’ndeup’’ annuel ; ce qui l’aura épargné de bien des complots de ses ennemis politiques et de régner pendant longtemps à la tête de la mairie de Rufisque, arguent les Lébous.
Chaque année, à l’occasion du ‘’ndeup’’, des gens viennent de partout pour se faire soigner. Beaucoup, selon Adja Aita, en repartent satisfaits. Elle affirme : ‘’Nous soignons beaucoup de monde, grâce à ce savoir. Nos ancêtres se soignaient comme ça. Nous, nous continuons à nous soigner avec les mêmes méthodes. Et les résultats ne sont plus à démontrer. Nous sommes allés jusqu’aux Etats-Unis pour soigner des gens.’’
Parmi ces guéris du ‘’ndeup’’, il y a Assane Guèye devenu chanteur. Selon ce dernier, il y a des maladies qui ne se guérissent pas par l’hôpital. A 10 ans, confie-t-il, sa vie a failli être bousillée par les djinns. Il témoigne : ‘’Je ne restais jamais chez moi ; la rue était ma demeure ; mes parents me cherchaient partout. J’avais perdu toute capacité de discernement. Un jour, les djinns m’ont montré en rêve celle qui devait me soigner. Elle s’appelle Sokhna Awa Diop et habite Santhiaba Ndiobène. Et c’est ainsi que j’ai pu recouvrer la raison. Ceux qui pensent que le ‘ndeup’ ne soigne pas sont juste des égarés.’’
Embouchant la même trompette, Maguette Wane, le lamane de Rufisque, déclare : ‘’Elles sont nombreuses, les personnes qui étaient malades et qui ont été soignées grâce au ‘tuur’. Cette cérémonie, nous la faisons non pas pour les Rufisquois seulement, mais pour tout le Sénégal. Nous faisons des sacrifices en faveur du ‘propriétaire’ de la ville, pour demander la guérison des malades, le retour définitif de la paix, mais aussi la prospérité’’, plaide-t-il non sans préciser : ‘’Nous sommes tous des petits-enfants de Mame Coumba Lamb. C’est pourquoi nous la tenons informée de tout ce que nous faisons’’.
Qui est Mame Coumba Lamb ?
Mais qui est donc ce génie qui veille sur la vieille ville et quel genre de relation entretient-elle avec ses populations ? Selon ses héritiers, Mame Coumba Lamb est avant tout la ‘’propriétaire’’ de Rufisque, celle sans qui aucun projet ne saurait prospérer dans la ville. Elle aurait des enfants jumeaux appelés Sang ou Jean et Paul. Contrairement à leur maman, ces derniers se caractériseraient par leur méchanceté. ‘’Heureusement, il y a Mame Coumba qui les surveille comme du lait sur le feu, pour qu’ils ne fassent pas de dégâts. Parfois, quand ces derniers veulent s’en prendre à quelqu’un, elle sort de son refuge pour venir à la rescousse de la probable victime. Elle prend alors la forme d’un humain pour venir l’accompagner et lui conseiller d’éviter de sortir la nuit’’, affirme Adja Aita Diop, non sans préciser que Mame Coumba aurait également des frères dont Mame Massamba Ndoye et Mame Touly.
MANSOUR NGOM, RESPONSABLE DANS LE COMITE D’ORGANISATION
Petit-fils de la gardienne du temple Mame Fatou Seck, marabout très connu entre Rufisque et Kounoune, Mansour Ngom apporte des éclairages.
Est-ce vrai que le ‘’ndeup’’ a des vertus thérapeutiques ?
Effectivement ! Le ‘’ndeup’’ entre dans le cadre de la médecine traditionnelle, mais avec une bonne dose de spiritualité. Il faut savoir qu’il y a, parmi les djinns, des bons et des mauvais. Toutes ces deux catégories peuvent parvenir à nous habiter. Cela peut arriver de différentes manières. Parfois, le djinn vous voit et tombe sous votre charme ; parfois, il vous habite parce que vous l’avez offensé, soit en lui jetant de l’eau chaude par exemple, soit en venant occuper son espace sans autorisation. C’est pourquoi, même la religion recommande aux gens de faire certaines prières avant d’habiter sur un lieu. Ce sont les djinns, les mauvais, qui font qu’une personne peut avoir des difficultés dans son travail, dans son ménage, sa santé, ses revenus ou différents autres problèmes.
Parfois même, ils vous rendent fous et si vous ne vous soignez pas, ils peuvent vous tuer. Maintenant, il faut les canaliser pour qu’ils ne fassent pas de dégâts. Et pour ceux qu’ils ont déjà possédés, il faut les soigner. Selon les cas, il y a des prescriptions bien spécifiques.
Que répondez-vous à ceux qui doutent de l’efficacité de cette thérapie ?
Je pense que le ‘’ndeup’’ a suffisamment fait ses preuves. Les exemples ne manquent pas. Il y a des malades mentaux que l’on a récupérés grâce à cette pratique. Pour ceux qui n’y croient pas, ils n’ont qu’à venir au niveau de ‘’l’hôpital’’. Ils verront de leurs propres yeux. C’est comme dans les établissements de santé. On permet à des déficients mentaux de retrouver leurs esprits et de retourner auprès de leurs familles. Nous soignons aussi des gens, hommes comme femmes, qui ont du mal à trouver l’âme sœur, à cause des ‘’rabs’’. C’est à cause des mauvais djinns que vous verrez des personnes âgées qui peinent à se marier, alors qu’elles font tout pour trouver un conjoint. Parfois, quand elles parviennent à se soigner, les djinns vont faire de sorte qu’elles aient du mal à avoir des enfants. Il y a aussi des ‘’rabs ceddos’’ qui vont boire de votre sang et vous rendent malades. D’où l’importance des offrandes que nous recommandons aux malades. Lesquelles, il faut le souligner, nous sont dictées par les djinns eux-mêmes.
Maintenant, il faut aussi noter qu’il y a des rabs musulmans et pour les maladies causées par ces derniers, on les soigne grâce aux versets coraniques.
Quelles sont les méthodes utilisées pour soigner les malades ?
Il y a différentes manières de soigner les malades. Pour certains, il faut leur faire le ‘’ndeup’’. Pour d’autres, il faut faire le ‘’samp’’ au niveau des ‘’tuurs’’ et des ‘’khambs’’. C’est cela qui canalise le djinn et lui fixe des limites. Quand la personne tombe malade, on va trouver le djinn là où il se trouve et on lui fait savoir que c’est lui qui a possédé untel, qu’il faut qu’il le libère. Nous parlons avec lui et il nous dit comment soigner le malade. On sort des offrandes non pas pour le djinn, mais pour que le bon Dieu nous aide à guérir la personne alitée. C’est cela l’objet du ‘’ndeup’’. Quand on voit le malade, le djinn nous dit ce qu’il faut faire pour le libérer à travers des offrandes. Tantôt, c’est des poulets à sacrifier, tantôt, des chèvres ou des moutons. Quand c’est grave, ils peuvent demander un ou des bœufs ou même un ‘’ndeup’’ sur 10 jours. Chaque patient requiert une thérapie spécifique.
Que peut-il arriver aux gens, surtout aux Lébous qui ne croient pas au ‘’ndeup’’ ?
Il faut distinguer trois cas de figure : ceux qui ne respectent pas le ‘’ndeup’’ ; ceux qui n’y croient pas ou le contestent et enfin ceux qui ont peur d’assister aux cérémonies. Pour ces derniers, nous leur montrons qu’il n’y a aucun danger. Pour ceux qui ne respectent pas, cela peut se répercuter sur leur santé. S’ils sont des célibataires, ils peuvent avoir des difficultés à se marier. S’ils sont déjà mariés, ils peuvent avoir des difficultés à avoir des enfants.
Cela peut aussi se manifester par un échec de toutes leurs initiatives, parce qu’ils ne s’occupent pas de leurs ‘’rabs’’. A côté de ces deux catégories, il y a une troisième qui pense que ce que nous faisons n’est pas conforme à la religion. C’est parce qu’ils pensent que nous vénérons ces djinns. Mais il n’en est rien. Tout ce que nous faisons est conforme à la religion. Nous donnons en offrande des bêtes que la religion autorise et nous implorons le Tout-Puissant pour qu’Il nous aide à ce que le djinn fasse ce qu’on lui demande de faire. Dans tous les cas, il faut éviter de fâcher les djinns, parce qu’ils peuvent organiser des représailles. Certains l’ont appris à leurs dépens.
Pourquoi l’équipe nationale du Sénégal ne gagne pas…
Pour les Lébous de Rufisque, toutes ces violences, ces accidents et épidémies, c’est parce que les hommes ont tendance à déranger les djinns jusque dans leurs lieux de refuge.
A Rufisque, les ancêtres ont su conclure un pacte de non-agression avec les maitres de céans, représentés par le génie Mame Coumba Lamb. ‘’Les ancêtres ont non seulement protégé la ville, mais aussi les dignes enfants de la ville, à travers le triangle mystique, constitué des cimetières de Thiawlène, Diokoul et Dangou’’, assure Mansour Ngom.
Pour nourrir ce pacte et ne pas fâcher les djinns, Rufisque organise chaque année son ‘’ndeup’’ annuel. Pendant cette période, les gardiens du temple discutent avec les djinns qui leur font des révélations pour sauver le pays. Cette année, l’un des messages phares a porté sur les raisons des échecs de l’équipe nationale de football qui peine à remporter des trophées.
Selon ce marabout lébou très connu dans le milieu des ‘’navetanes’’ à Rufisque, c’est parce qu’un sort lui a été jeté depuis la Can-1992 tenue à Dakar. Il déclare : ‘’Quand je vois des gens penser qu’il nous faut des talents pour gagner, cela me fait rire. Cette équipe est mystiquement bloquée depuis 1992. Et les raisons du blocage se trouvent au stade qui se situe du côté de la Patte d’Oie. Tant qu’on ne l’enlèvera pas, on ne pourra rien gagner.’’