La mission d’évaluation du processus électoral continue ses visites chez les acteurs du dialogue politique. elle a ainsi rencontré samedi dernier le pôle des non-alignés qui lui a exposé toutes ses préoccupations liées principalement à la vérification des parrainages, la fraude avec les certificats de résidence et le vote avec les ordres de mission. A préciser que la cheffe d’équipe, l’experte électorale belge Eva Palmans, retenue à Madagascar pour fermeture de frontières liée à une situation sanitaire critique dans ce pays, a participé à la séance de travail par visioconférence.
Les différents camps présents au dialogue politique peinent toujours à trouver un consensus sur la fixation de la date des prochaines Locales. Pendant ce temps, l’audit du fichier est en passe d’être validé et l’évaluation du processus électoral se trouve sur la bonne voie. C’est ainsi que la mission d’évaluation du processus électoral a initié une série de rencontres avec toutes les parties prenantes des concertations politiques.
Après s’être rendus à la commission électorale autonome, les experts électoraux ont organisé une séance de travail, samedi dernier, avec le pôle des non-alignés. Une manière d’approfondir les Termes de référence et faciliter la compréhension des experts sur certains points. En même temps, les experts ont posé toutes les questions nécessaires à la bonne exécution de leur mission. Et selon nos sources, le pôle des non-alignés a profité de cette réunion pour soulever toutes ses préoccupations concernant le parrainage, le bulletin unique, la question des duplicatas, etc. Non sans mettre l’accent sur l’utilisation abusive des certificats de résidence. D’après nos interlocuteurs, les membres du pôle des non-alignés ont laissé entendre que certains hommes politiques utilisent souvent ce procédé pour maximiser leurs chances de gagner un scrutin.
Ainsi, note-on, ils abusent de ces certificats de résidence pour déplacer indûment des électeurs dans des localités qui ne sont pas les leurs afin de s’assurer une victoire électorale. «On a constaté que l’obtention du certificat de résidence est tellement facile qu’ils sont utilisés pour des raisons frauduleuses. Il va falloir encadrer tout ça même si c’est complexe», a relevé le pôle des non-alignés si l’on s’en tient à nos informateurs.
PRINCIPAUX GRIEFS SOULEVES
Ensuite, il a été soulevé la question des ordres de mission qu’on donne aux différentes personnes qui, dans le cadre de leur travail, interviennent le jour du scrutin. «Ceci peut ne pas être problématique pour un scrutin présidentiel parce que quel que soit le lieu de vote, une seule voix est comptabilisée. Par contre, s’il s’agit des Législatives, le vote est double. En effet, la personne avec un ordre de mission va voter aussi bien pour la liste nationale que pour la liste départementale. Si au niveau de la liste nationale, il n’y a pas de problème, ce n’est pas le cas pour la liste départementale. La personne va voter pour le département où il n’est pas inscrit. Ce qui est illogique. C’est la raison pour laquelle il a été demandé aux experts d’examiner ces points», ont expliqué les non-alignés.
A en croire toujours nos sources, le parrainage a été aussi abordé. Ainsi, Les non-alignés ont soulevé la question de la fiabilité du logiciel qui a servi pour vérifier les signatures. Et ils ont demandé aux évaluateurs de clarifier tout ça. De même, il a été fait état de la nécessité de faire en sorte que la Justice puisse accompagner la politique.
Ainsi, note-t-on, quand il y a un recours, qu’ils soient traités avant la fin du processus électoral. A l’issue de la rencontre, le pôle des non-alignés a exprimé sa disponibilité aux évaluateurs pour mener à bien leur mission et consolider par ricochet la démocratie. Les évaluateurs ont à leur tour salué la qualité des entretiens et ont exprimé avoir beaucoup d’espoir quant à la suite de la collaboration pour un travail de qualité.
MACKY SALL AU FOUR ET AU MOULIN
Depuis les manifestions violentes de février-mars, le président a visiblement changé de cap dans sa manière de gérer le pays. Il est en train de mouiller le maillot en allant directement au contact des populations
Depuis les manifestions violentes de février-mars, le chef de l’état a visiblement changé de cap dans sa manière de gérer le pays. Au lieu de rester au palais, attendant les rapports des services de l’état et déléguant le travail à ses ministres, Macky Sall va directement au contact des populations.
Après les effets dévastateurs causés par le coronavirus sur l’économie sénégalaise, le Président Macky Sall avait présidé en septembre 2020 un conseil présidentiel sur le Plan d’Actions Prioritaires ajusté et accéléré (PAP 2A) pour la relance de l’économie nationale, en vue d’atténuer les effets négatifs de la crise, de relancer les activités socio-économiques et de se mettre sur la trajectoire de l’émergence.
Ainsi, lors de son message à la nation du 31 décembre dernier, le chef de l’Etat vantait le travail déjà accompli par son gouvernement, surtout en matière de politique d’emploi. Mais son réveil a été brutal au début du mois de mars, suite aux manifestations violentes qui ont secoué le pays.
C’est lui-même qui a reconnu publiquement, le 08 mars, que le travail de son équipe n’était pas suffisant pour satisfaire les attentes des Sénégalais. «Je constate que tous les efforts jusque-là consentis, en matière de formation, d’emploi et de financement dédiés aux jeunes, à hauteur de 60 milliards de FCFA, pour la Délégation générale à l’Entrepreneuriat rapide des Femmes et des Jeunes, et de 40 milliards par an du Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique, restent encore insuffisants. C’est pourquoi, m’adressant à vous les jeunes, je voudrais vous dire que je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations. J’ai vu nombre d’entre vous sortir dans la rue pour exprimer la colère de votre mal-vivre; parce que vous n’avez pas d’emploi ; parce que vous aspirez à un avenir meilleur », avait déclaré le chef de l’Etat qui, avant cette prise de parole, était descendu dans les rues de Dakar, avec sa garde rapprochée, pour constater de visu les dégâts causés par les manifestations.
Macky Sall ne voulait visiblement plus se limiter aux comptes-rendus de son ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, pour prendre sa décision. Cet acte a été le début d’un changement de cap pour le locataire du Palais qui semble actuellement se suppléer à son gouvernement pour faire matérialiser sa vision et veiller à ce que ses désirs et sa volonté soient concrétisés.
Autrement dit, il est en train de mouiller le maillot, à la place de ses ministres, en allant directement au contact des acteurs de leurs secteurs respectifs et des populations. Pour preuve, il a organisé un conseil présidentiel dédié à l’insertion et l’emploi des jeunes la semaine passée. Une rencontre qui avait pris les allures d’une foire aux problèmes et lors de laquelle Macky Sall a échangé directement, sans intermédiaire, avec la jeunesse sénégalaise venue des 14 régions du Sénégal pour lui faire part de son mal-vivre.
D’ailleurs, si les conducteurs de motos «Jakarta» sont sur le point de recevoir leur part du fonds Force covid-19, c’est grâce à cette rencontre, où les membres du gouvernement semblaient être jugés dans un tribunal populaire. L’occasion a été également saisie par le chef de l’Etat pour faire un rappel à l’ordre et proférer des menaces déguisées à ses ministres, leur disant qu’il ne tolérerait aucun manquement dans l’exécution du plan d’urgence sur l’emploi des jeunes estimé à 450 milliards de francs CFA, et leur exigeant de lui faire un état des lieux lors de chaque conseil des ministres. Comme s’il avait retrouvé une nouvelle jeunesse, Macky Sall a organisé un conseil présidentiel consacré à la stratégie hub aérien et touristique 2021-2025, deux jours plus tard, le samedi 24 avril au Palais, réunissant tous les acteurs du secteur du tourisme autour de lui pour entendre leurs complaintes et leurs propositions.
Ne se limitant pas là, le locataire du Palais a aussi enfilé sa veste de patron de Benno Bokk Yaakaar (BBY) pour remobiliser les troupes et faire face à l’opposition qui a repris du poil de la bête depuis les derniers évènements de février-mars. Cette initiative a récemment engendré la rencontre qui a réuni les élus de la coalition au pouvoir au Grand Théâtre, en vue de préparer les prochaines élections locales.
UN AUTRE ELEVE SOUS-OFFICIER DE POLICE MORT EN FORMATION
La famille de Josselin Nankal va saisir le ministre de l’intérieur et son collègue de la justice
La liste d’élèves sous-officiers de police décédés en formation s’allonge. Alors qu’on parle de la mort de l’élève sous-officier de police papa Kader Jonshon samedi dernier à l’hôpital principal de Dakar, à Kolda on pleure la disparition de l’élève sous-officier Josselin Soukouma Nankal en formation à l’annexe de l’école de police de Thiès. Il est décédé le mercredi 21 avril dernier à moins de deux jours de sa formation. Sa mort a failli échapper à la presse. Sa famille a décidé de saisir dans un premier temps le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diom avant de porter l’affaire devant la justice. La famille Nankal de Kolda doute du résultat de l’autopsie.
En voilà un décès qui va encore défrayer la chronique. Une nouvelle recrue de la Police est décédée à moins de deux jours de formation à Thiès. L’affaire a failli échapper à la presse, puisque l’élève sous-officier est décédé mercredi dernier à l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar et inhumé au cimetière catholique de Kolda samedi dernier. Le dossier fera sans doute beaucoup de bruit et risque d’atterrir au tribunal.
En effet, la famille de l’élève sous-officier Josselin Soukouma Nankal, qui doute de la cause du décès de leur fils, a décidé dans un premier temps de saisir le ministre de l’Intérieur pour information. Ensuite, un avocat sera commis pour ester en justice afin que la lumière soit faite sur les circonstances du décès de Josselin Soukouma Nankal. Sa mère, Anne Marie Mending, est toujours sous le choc. «Mon fils ne souffrait pas de maladie. Il a réussi au concours de Police. Il m’a appelé au téléphone le lundi 19 avril vers 22h pour demander de prier pour lui, parce qu’il quitte Dakar à 05h du matin pour rejoindre le centre de formation à Thiès. Le mercredi, on m’appelée pour me dire que mon fils est malade et qu’il a été évacué à l’hôpital Aristide Le Dantec», témoigne Mme Nankal meurtrie par la disparation brutale de son fils ainé.
Aussitôt, elle a pris un véhicule pour rejoindre Dakar pour être au chevet de son fils. C’est en cours de route que sa famille l’informe du décès de Josselin Soukouma Nankal. A l’en croire, c’estla direction de l’Ecole de Police qui a avisé la famille. La dame rebrousse chemin, parce que les autorités policières ont décidé de rapatrier le corps de l’élève sous officier le vendredi 23 avril. La dépouille de Josselin Soukouma Nankal est arrivée le même jour comme prévu à Kolda.
L’AUTOPSIE INDIQUE UNE MORT PAR EMBOLIE PULMONAIRE
Les autorités policières qui ont ramené la dépouille ont remis au père du défunt les résultats de l’autopsie. «Sur le document, il est écrit que Josselin est décédé par embolie pulmonaire. Mais on ne dit pas ce qui a engendré cette embolie pulmonaire. Qu’est-ce qui a provoqué cette embolie pulmonaire ?», s’interroge Alain Bamba Nankal. Ce dernier est convaincu que l’embolie pulmonaire est provoquée par les manœuvres lors de l’acheminement des nouvelles recrues au centre de formation de Thiès. «J’ai vu le sac de Josselin. C’est comme s’il était dans un désert. Le sac était délabré et rouge de poussière. Cela veut dire que la manœuvre était rude», se désole le père de la victime qui ne croit toujours à la disparation de son fils. La famille Nankal qui s’est réunie pour apprécier la situation a décidé finalement de donner une suite judiciaire à l’affaire après la réponse du ministre de l’Intérieur. «Nous allons commettre un avocat pour déposer une plainte pour que le dossier soit tiré au clair. Les organisations de défense des droits ont promis de nous accompagner, mais il faut qu’on pose le premier acte», déclare Alain Nankal.
LA MERE DE LA VICTIME : «UN ENCADREUR DE JOSSELIN M’A APPELEE POUR ME DIRE… »
Ce qui a conforté la famille Nankal à saisir la justice, c’est le coup de fil d’un des encadreurs de Josselin Nankal. «Avant-hier (dimanche, Ndlr), un encadreur de Josselin m’a appelée pour présenter ses condoléances et m’a signifié que c’est lui qui a amené les élèves sous-officiers à Thiès. Et en cours de route, Josselin lui a dit qu’il ne tient plus et qu’il connaît le stylo, mais pas ces manœuvres», confesse Anne Marie Mending qui continue de pleurer son fils qui était son espoir. «Josselin n’a jamais redoublé à l’école. Il a soutenu son mémoire de master de droit au mois de novembre dernier à l’université de Bambey. Il avait une bourse étrangère, mais faute d’argent, il n’a pas pu aller étudier en France. Josselin Nankal devait fêter son 26e anniversaire demain (Il est né le 28 avril 1995, Ndlr). «Lors de notre conversation téléphonique, il m’a dit : «Note toutes les dépenses que tu as faites durant mon cursus, je vais te rembourser», raconte Mme Nankal.
PROMISE ET SES 47 MILLIARDS A DISTRIBUER
Les tenants et les aboutissants du Programme de Promotion de la Microfinance islamique (PROMISE) ont été largement présentés aux femmes de Tivaouane qui ont accueilli la caravane de sensibilisation conduite par la Coordonnatrice du programme
La Caravane d'information et de sensibilisation du programme de promotion de la Microfinance islamique (PROMISE) était à Tivaouane. De forts moments de communion avec les femmes du département et selon le Maire Mamadou Diagne Sy Mbengue, «parler de finance islamique et avoir comme porte d’entrée Tivaouane n’est que justice rendue».
Les tenants et les aboutissants du Programme de Promotion de la Microfinance islamique (PROMISE) ont été largement présentés aux femmes de Tivaouane qui ont accueilli la caravane de sensibilisation conduite par la Coordonnatrice du programme. De forts moments de communion avec des milliers de femmes qui ont répondu à l’appel, pour cerner tous les contours devant leur permettre de bénéficier des 47 milliards dédiés au programme par l’Etat du Sénégal.
Pour Mamadou Diagne Sy Mbengue Maire de Tivaouane, par ailleurs Directeur Général de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN/HLM), parler de finance islamique et avoir comme porte d’entrée la cité religieuse de Tivaouane n’est que justice rendue. C’est pourquoi, dit-il, les populations ont bon espoir que l’ensemble des projets portés par ces dames trouveront une issue heureuse, à la suite de l’analyse qui en sera faite, espérant avoir la part belle des 47 milliards de Fcfa promis, pour changer radicalement leur quotidien.
Pour lui, il n’est point besoin, par l’engouement de ces femmes, le dynamisme de ces gens, de dire que leur espoir est grand, parce que tout simplement ils ont confiance en leur système, en leur régime et surtout en un homme, en l’occurrence le président de la République Macky Sall. Il a su en effet détecter très tôt les voies et moyens à entreprendre pour toucher etle monde rural par le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) et le monde urbain par le Programme de Modernisation des Villes (PROMOVILLES), mais également la zone frontalière avec PUMA, compte non tenu des autres programmes qui se comptent à la pelle comme la Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide (DER), le Fonds de Garantie de l’Investissement Prioritaire (FONGIP), le Programme National de Développement Local (PNDL), etc. Et aujourd’hui la PROMISE est là pour cristalliser davantage les espoirs.
Selon Mme Guèye Fatou Diané Coordinatrice du Programme de Promotion de la Microfinance islamique (PROMISE), l’objectif de la tournée, c’est de vulgariser, sensibiliser les populations sur l’instrument nouveau, l’outil qui permettra désormais de financer les projets sans intérêt et donc dans les meilleures conditions possibles. Elle ajoute que c’est cet outil qu’est la finance islamique qui va accompagner la réalisation de tous les projets identifiés par le comité local qui sera bientôt installé. Elle précise qu’il s’agit d’un financement et non d’un don et dont le processus de mise à disposition ne souffre d’aucune coloration politique. Ce sont des crédits mis à la disposition des populations et à ses yeux, il faudra donc travailler pour rembourser. Et il suffit de rembourser son crédit pour que la convention soit renouvelée dès le lendemain.
A cet effet, c’est la Banque Islamique de Développement (BID) qui a mis à la disposition du Sénégal une enveloppe de 47 milliards de FCFA qui seront utilisés dans les meilleures conditions de rentabilité.
«BIRA SENE EST INCOMPETENT POUR DIRIGER LA LUTTE»
Pape Abdou Fall n’a pas raté le nouveau bureau du Cng.
Très remonté contre Bira Sène et son équipe, pape Abdou fall pense qu’il y a du favoritisme dans le choix des dates pour l’organisation des combats de lutte cette saison. Pour le patron de la structure PAF, l’actuel président du Cng est incompétent pour diriger l’arène sénégalaise.
Pape Abdou Fall n’a pas raté le nouveau bureau du Cng. Après sa rencontre avec le ministre des Sports Matar Ba, le promoteur a déversé sa colère sur les membres du nouveau bureau du Cng. Il estime que Bira Sène n'a pas le profil pour diriger le Comité National de Gestion de la lutte sénégalaise. «Personnellement, je trouve que le président du Cng est incompétent pour diriger la lutte. Je suis formel», a martelé Pape Abdou Fall joint au téléphone.
Pour lui, il existe un lobby dans le choix des dates. «Il existe un favoritisme et une certaine mafia se dégage au niveau du Cng. A notre niveau, nous allons faire une sortie pour dénoncer cette situation. Il y a une certaine mafia qui se dégage au niveau du bureau du Cng», a-t-il insisté. Interpellé sur la circulaire de la caution d’un million Fcfa que les promoteurs doivent verser au niveau du Cng pour régulariser les combats, le président des promoteurs affiche totalement son désaccord. «Personnellement, je ne suis pas d’accord et les promoteurs que je dirige sont d’avis avec moi. Certains qui n’étaient pas inscrits et qui viennent d’arriver peuvent se ranger du côté de la circulaire du Cng. Et dans les normes, ils ne devraient pas être prioritaires. Mais puisqu'il existe un lobby, attendons de voir la suite. Bira Sène n’a pas les compétences pour diriger le Cng», a-t-il réitéré.
Revenant sur la rencontre entre les promoteurs et le ministre des Sports, PAF annonce que la tutelle va entamer des discussions pour trouver des solutions. «Nous sommes partis voir le ministre afin de discuter sur certains points comme la note du Cng relative à la caution d’un million. On a constaté que cette question arbitraire. Le ministre a prôné qu'il y ait une discussion entre les promoteurs et le Cng pour trouver des solutions à ce problème. Ce n’est pas normal que des promoteurs viennent prendre des dates à la place d’autres qui étaient là et qui avaient régularisé leurs combats», tranche Pape Abdou Fall.
56 CAS POSITIFS ET UN DÉCÈS RECENSÉS
Ces nouvelles contaminations sont issues de tests virologiques réalisés sur un échantillon de 1231 individus, soit un taux de positivité de 4, 55%
Dakar, 28 avr (APS) – Au total, cinquante-six (56) cas positifs au nouveau coronavirus et un décès supplémentaire lié à la maladie ont été recensés au cours des dernières vingt-quatre heures au Sénégal, a-t-on appris mercredi du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Ces nouvelles contaminations sont issues de tests virologiques réalisés sur un échantillon de 1231 individus, soit un taux de positivité de 4, 55%, a précisé le directeur de la prévention du ministère de la Sante et de l’Action sociale lors du point quotidien sur la situation de l’épidémie dans le pays.
Le docteur El Hadj Mamadou Ndiaye a fait savoir que parmi ces nouveaux cas, 18 sont des cas suivis par les autorités sanitaires, les 38 autres sont des cas communautaires répertoriés à Dakar (33) et dans les autres localités du pays (5) dont deux à Ourossogui (Matam, nord).
Un décès supplémentaire a été enregistré ces dernières vingt-quatre heures, portant le nombre de personnes ayant succombé à la maladie à 1107 depuis son apparition dans le pays, le 2 mars 2020.
Trente-huit personnes suivies dans les centres de traitement et à domicile ont été déclarés négatifs et guéris. Pendant ce temps, 10 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Le Sénégal comptabilise à la date d’aujourd’hui 40249 cas positifs, dont 38991 guéris et donc 150 sous traitement.
Le ministère de la Santé signale par ailleurs que 3046 personnes ont été vaccinées ces dernières vingt-quatre heures, ce qui porte le total à 406981.
QUAND POUVOIR ET OPPOSITION JOUENT À SE FAIRE PEUR
L’espace politique sénégalais est infesté par une rhétorique guerrière, doublée d’une prolifération de menaces de part et d’autre
Après les émeutes meurtrières du début du mois de mars dernier, consécutives à l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, l’espace politique sénégalais est infesté par une rhétorique tant soit peu guerrière, doublée d’une prolifération de menaces de part et d’autre. Si du côté de l’opposition, l’idée d’une seconde vague plus violente a été agitée, le camp du pouvoir n’a pas encore digéré son revers, menaçant de recourir aux gros moyens de la force publique, si cela se reproduisait.
«Ce qui s’est passé récemment dans notre pays, si le Sénégal n’était pas une grande démocratie, le bilan aurait pu être catastrophique. Il n’est pas possible dans un pays de se réveiller et de tout détruire sans conséquence. Quels que démocrates que nous soyons, il y a des limites. Il ne faut pas qu’on croit à un seul instant que l’Etat est faible», a martelé le chef de l’Etat, Macky Sall, lors du Conseil présidentiel sur l’insertion et l’emploi des jeunes, le jeudi 22 avril dernier.
Cette sortie du président Sall aux allures de menaces et de mise en garde contre les émeutiers qui ont secoué le pays, du 3 au 8 mars dernier, suite à l’affaire de viol présumé qui oppose le leader de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, et l’employé du salon de beauté “Sweet Beauté“, Adji Sarr, semble trahir son état d’esprit. Après ce revers enregistré par le pouvoir en place, qui paraissait perdre pied face à la furie des manifestants, Macky Sall rumine sa colère. Un courroux qui se lit aussi dans les prises de parole de ses partisans, lors des nombreux meetings organisés un peu partout à travers le pays.
Le leitmotiv reste pratiquement le même pour tous : le pouvoir n’acceptera plus jamais que de telles choses se reproduisent dans le pays, ou encore, les auteurs des troubles à l’ordre public seront punis. Ces avertissements et autres menaces, faudrait-il le reconnaitre, font suite à la sortie du leader de Pastef Les Patriotes, Ousmane Sonko pointé du doigt parla «masseuse», Adji Sarr. En visite le 16 mars dernier, à l’un des mouvements qui l’ont soutenu lors de ses démêlés judiciaires, notamment FRAPP de Guy Marius Sagna, le député de Pastef, ragaillardi par ces événements, a prévenu l’Etat. Il avisera que si les exigences du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) ne sont pas respectées, «la deuxième vague de manifestations risque d’être plus dévastatrice que la première. Parce que le peuple est déjà conscient et mobilisé».
Bien avant cette visite rendue à ses souteneurs, notamment le 8 mars, tout juste après sa mise sous contrôle judiciaire, l’opposant Sonko estimait que le chef de l’État «n’est plus légitime» pour diriger le pays. «La révolution est en marche (...), la peur a changé de camp», disait-il. Cela, non sans appeler le président Sall à lever le doute sur une éventuelle candidature à un 3e mandat.
Est-ce de la pure logique jusqu’auboutisme ou de la surenchère tout simplement? Le moins que l’on puisse dire, cette défiance notée de part et d’autre chez les acteurs politiques risque de déteindre négativement sur le travail d’apaisement abattu par les régulateurs sociaux.
L’appel au calme du président Macky Sall du 8 mars dernier, tout comme la décision du M2D de sursoir à ses manifestations pacifiques du 9 et 10 mars, en étaient les fruits.
LA DÉMISSION DU DIRECTEUR DE L’HÔPITAL DE LINGUÈRE À LA UNE
Dakar, 28 avr (APS) - La démission du directeur de l’hôpital Maguette Lô de Linguère quatre jours après un incendie meutrier dans le service de néonatologie de cet hôpital public est un des sujets en exergue dans les quotidiens reçus mercredi à l’APS.
Le quotidien Kritik souligne que le directeur de l’hôpital Maguette Lô de Linguère, Docteur Abdou Sarr, ‘’épinglé pour sa responsabilité morale’’ dans la mort des 4 nouveau-nés ‘’quitte le navire en pleine tempête’’.
‘’Alors que les résultats de l’enquête évoquent une négligence manifeste du service de garde et, par ricochet, une responsabilité morale de l’administration, le directeur de l’hôpital a préféré quitter le gouvernail’’, écrit le journal.
Le directeur de l’hôpital Magatte-Lô de Linguère (nord), Abdou Sarr, a annoncé mardi avoir démissionné de ses fonctions en invoquant des ‘’convenances personnelles’’ à la suite d’un incendie à l’origine de la mort de quatre personnes au sein de l’établissement de santé.
La démission de M. Sarr survient quatre jours après qu’un incendie s’est déclaré dans le service de néonatologie de cet hôpital public, entraînant la mort de quatre nouveau-nés.
’’Il y a eu beaucoup de spéculations. Pour mettre à l’aise le chef de l’Etat, le ministre de la Santé, le personnel de l’hôpital, ma famille et moi-même, je démissionne de mon poste de directeur de l’hôpital’’, a-t-il déclaré dans un enregistrement parvenu à l’APS.
S’exprimant lors d’un point de presse à Linguère, il a déploré un ‘’accident malheureux’’ en parlant de l’incendie. Il avait été nommé à ce poste en février 2015.
Le directeur de l’hôpital est ‘’la 5e victime’’ de l’incendie à l’unité de néonatologie, selon Lii quotidien.
Libération rapporte que ‘’l’incendie qui a tué 4 nouveau-nés s’est déclaré progressivement dans la salle de l’unité néonatale (….) pendant au moins 10 mn sans que personne ne s’en rende compte’’.
‘’Son départ acté ce mercredi, le directeur de l’établissement a pris les devants, mardi, à travers une +démission médiatique+, non reçue par la tutelle’’, souligne le journal qui affiche à sa Une : ‘’Une négligence criminelle’’.
Source A note que ‘’certes l’incendie qui a emporté les 4 bébés va marquer à jamais les esprits, mais tout n’a pas été nul dans le bilan du désormais ancien maître des lieux (…) La gestion d’Abdou Sarr n’a pas été si mauvaise que le prétendent ses contradicteurs’’.
‘’En attestent les recettes de l’hôpital qui sont passées de 215 millions en 2014 à 483 millions en 2019. D’ailleurs, le personnel est payé le 26 de chaque mois’’, selon le journal.
Le directeur de l’hôpital a été ‘’brûlé’’ par l’incendie, dit Le Quotidien qui ajoute : ‘’Après avoir suspendu le personnel de garde et le directeur de l’établissement de santé, le gouvernement semble déterminé à situer les responsabilités (…)’’ dans ce drame.
’’Selon les sources de L’Observateur, le désormais ex-directeur n’a pas senti le soutien de la hiérarchie. D’ailleurs, il se susurre que le ministre de la Santé ne l’a pas informé de sa visite effectuée à Linguère le jour du drame. Pis, durant toute sa visite, il ne lui a pas adressé la parole’’.
Le Soleil met en exergue les ‘’décisions phares’’ de la 2e session du comité stratégique du projet Grand Tortue Ahmeyim. Le Sénégal et la Mauritanie ont convenu de renforcer leur convergence de vue sur le projet d’exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) situé aux larges des deux pays.
Cette décision émane de la deuxième session du Comité stratégique du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) co-prosidée vendredi à Nouakchott par les ministres en charge du Pétrole des deux pays, Sophie Gladima et Abdessalem Ould Mohamed Saleh.
UNE SURENCHERE QUI FAUSSE LE DEBAT D’IDEES ET LE JEU DEMOCRATIQUE
Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’Ugb apporte ici son éclairage sur les menaces dans l’espace politique
Menace d’une seconde vague après les manifestations de mars dernier, engagement ferme ou intimidation de recourir à une plus intense riposte de la force publique, en cas de nouvelles émeutes : l’espace politique est le lit, ces derniers temps-ci, d’une rhétorique guerrière et d’une prolifération des menaces entre acteurs politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. Macky Sall, l’Apr (toutes tendances confondues) et leurs alliés de la mouvance présidentielle, Ousmane Sonko et Pastef-Les Patriotes, Barthélémy Dias comme le M2D (Mouvement pour la défense de la démocratie), de toutes parts fusent des propos va-t-en-guerre qui fissurent le relatif sentiment de détente post-émeutes. Raison suffisante de se demander s’il s’agit là d’une pure logique jusqu’au-boutiste ou de la surenchère tout simplement? Ou même de s’interroger si ces menaces n’hypothèquent-elles pas la logique d’apaisement politico-sociale notée après l’intervention des médiateurs sociaux, à l’instar de Serigne Mountakha et Cie. D’ailleurs, le jeu démocratique fondé sur le débat d’idées, la logique de confrontation des projets de société, peut-il se bonifier dans un tel climat de…tension verbale? Le Pr Moussa Diaw de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis apporte ici son éclairage.
«Ce sont des stratégies pour faire peur. C’est plutôt de la surenchère dans un contexte particulier des rapports de force où chacun manifeste ses capacités à travers les mots à faire peur à l’autre en disant dans un vocabulaire un peu particulier en rapport avec l’usage de la force. Certes, sans toutefois s’en servir peut être. Dans ce contexte, on retrouve la tonalité des ouvrages de Machiavel. C’est du machiavélisme avec la ruse du renard et la force du lion. C’est dans ce sens que les hommes politiques font référence en utilisant justement des propos pour déstabiliser, pour faire en sorte que l’autre ait peur à travers des mots. Mais pour se faire, on est dans une logique de rapports de force, de démonstration de camp. Tout cela ramène à une opposition entre deux acteurs qui n’ont pas forcément les mêmes façons de voir les choses. Et que l’usage de la force et même les références à la force sont là et constituent quand même des ressources que les acteurs politiques pourraient éventuellement convoquer pour déstabiliser leur adversaire. En dépassant cela, il faut savoir que dans l’espace politique sénégalais, les discours de violence, de recourir à la force, sont souvent présents. Même les insultes sont une forme de violence verbale tout comme les discours éducatives. Tout cela est une rhétorique que l’on retrouve et qui est utilisée par les hommes politiques par rapport à des objectifs qu’ils espèrent atteindre. Ce qui montre qu’on est dans une démonstration de force or, dans une démonstration de force et de déstabilisation, les mots sont utilisés, brandis pour dire à l’autre que nous avons une capacité de nuisance comme vous ».
POUR UN DEBAT D’IDEES ET DE PROJETS DE SOCIETE
« Par contre, c’est dommage car on devrait dépasser cela et s’inscrire dans une logique de confrontation des idées. Puisque, c’est ce qui est important dans une démocratie, ce n’est pas une épreuve de force physique, mentale ni symbolique à travers la violence verbale. Mais c’est plutôt la capacité à convaincre à travers des argumentaires, à mobiliser les gens à travers des projets de société. Donc, c’est un débat d’idées qu’on attend plutôt qu’une démonstration de force, malheureusement. Et cela traduit quand même qu’il a une régression de la démocratie où les usages habituellement s’inscrivent dans un esprit républicain. Ce qu’on veut, c’est un débat d’idées, le respect de l’autre et puis le respect des principes et les règles de la démocratie».
LES MEDIATEURS SOCIAUX... COURT-CIRCUITES
« C’est vrai qu’on a transgressé le compromis obtenu grâce à la médiation du Khalife général des Mourides, des autres confréries et des autres acteurs qui se sont associés à cette démarche. Et plus ou moins, ils (médiateurs) avaient réussi à calmer les esprits, à éviter la démonstration de force. Naturellement, les hommes politiques font droit à ces recours et le problème, c’est qu’il y un écart entre ce qui a été retenu et le compromis trouvé avec les chefs religieux et la réalité. Car, la réalité en est toute autre, parce que ces hommes politiques renouent avec leurs vieux comportements de confrontation malgré les promesses de calme, de retour à la paix. A chaque fois, on revient à des habitudes qui consistent à faire ces démonstrations de force. Alors que ça ne respecte pas plus ou moins le compromis qui a été trouvé face à ces médiateurs sociaux »,
DES POPULATIONS ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME ?
«On ne peut pas dire que les acteurs politiques prennent en otage les populations. La raison, c’est parce qu’ils ont leurs logiques, leurs argumentaires. Et malheureusement, ils semblent être dépassés par les citoyens car, les populations se trouvent au-dessus de cette façon de faire de la politique. Comme ça, elles (populations) avaient beaucoup plus conscience de leur capacité à aller plus que les hommes politiques. Tout compte fait, on savait qu’il y avait un écart, un retard de la part des politiciens, qui ne tiennent pas un discours qui soit conforme aux attentes des populations. Et le risque, c’est d’aboutir à une défaillance ou un manque de participation politique aux élections prochaines ».
RHETORIQUE PATHOGENE AU JEU DEMOCRATIQUE
«Je ne pense pas que le jeu politique peut se bonifier dans un tel climat, fait de menace et de discours de violence. Parce qu’il y a un recul, il n’y a plus cette imagination politique, cette réflexion d’idées de grands auteurs et de qualité pour permettre aux citoyens de saisir ce débat pour en tirer des substances qui leur permettront d’avoir des politiques publiques qui soient conformes à leurs attentes. Et forcément, il y aura une rupture parce qu’aujourd’- hui, ce discours politique n’est pas à la hauteur».
LE RAMADAN, TRAITE DES MENDIANTS
Vue par les Sénégalais comme un manque d’alternative face à la pauvreté, la mendicité est pour les mendiants, une meilleure façon de subvenir à leurs besoins
Vue par les Sénégalais comme un manque d’alternative face à la pauvreté, la mendicité est pour les mendiants, une meilleure façon de subvenir à leurs besoins. Devenue leur gagne-pain ils s’exposent de manière flagrante dans les rues. Jugée déplorable par nombre de Sénégalais, cette pratique, considérée comme signe d’extrême pauvreté leur assure pourtant une vie «décente». Et le Ramadan étant un mois par excellence de solidarité et de partage, les mendiants ne se plaignent pas.
Au Sénégal, la mendicité est considérée par les mendiants comme une source de revenue sûre. Ils en ont fait un «métier» grâce auquel ils survivent. Des marchés aux places publiques, en passant par les routes les plus animées, les devantures des mosquées, des intersections et feux de signalisation etc. les mendiants sont visibles partout au Sénégal, notamment dans les grandes villes comme Dakar, la capitale. Si certains ont une place fixe, d’autres préfèrent se faufiler entre les voitures au péril de leur vie, dans les rues. Mieux encore, certains quémandeurs préfèrent le mois de Ramadan qui est un mois prolifique, donc des «bonnes affaires» parce que leur permettant encore de gagner beaucoup plus que d’habitude. «Je suis mendiante depuis que je suis toute petite. Mes parents vivent dans l’extrême pauvreté. Nous nous sommes séparés dans le but d’obtenir beaucoup plus d’argent et de nourriture. Ils passent leur journée à la Cité Keur-Gorgui et mes frères et moi ici (marché Mame Diarra de Guedjawaye, ndlr). Les gens me connaissent maintenant. Ils viennent directement me donner de l’aumône, quand ils me voient. Je reçois jusqu’à 7 mille francs CFA par jours. Ce que nous obtenons nous permet de vivre et de payer le loyer à la fin du mois. Je ne me pleins vraiment pas», raconte Fatma Bâ, une mendiante âgée de 19 ans.
LA MENDICITE : UN «METIER» QUI RAPPORTE GROS DURANT LE RAMADAN
Cette jeune femme au teint clair préfère encore mieux le mois béni du Ramadan qui est pour elle le meilleur mois de l’année. «J’adore le mois de Ramadan ; je l’attends chaque année avec impatience parce que c’est le moment où je reçois beaucoup plus d’argent et de denrées (alimentaires surtout, ndlr). Les gens font plus attention à moi durant le Ramadan. J’ai une fois obtenu, en une seule journée, 11 mille francs CFA et beaucoup de sucre et de lait caillé», s’enthousiasme Fatma. Autre zone, même réalité ! Au niveau de «Bountou Pikine», c’est un défilé incessant de gens qui distribuent des repas à des mendiants assis en face du Complexe Culturel Léopold Sédar Senghor. «Il n’y a pas beaucoup de différence entre ce que je reçois hors Ramadan et maintenant. Le seul changement, c’est à l’heure du «ndogou» où je reçois beaucoup de nourriture de la part des passant», explique Pape Ndao, un handicapé-moteur rencontré à «Bountou Pikine» et originaire de Kafrine.
«C’EST BIEN DE VOULOIR ARRETER LES GENS QUI FONT MENDIER LES ENFANTS, MAIS…»
Ce mendiant est populaire à Pikine. Il est sur place depuis les années 2000. La preuve, les gens qui lui donnent de l’aumône le saluent d’abord, en prononçant son nom. «Je suis ici (sa place habituelle) depuis plusieurs années. J’ai réussi à établir des relations fortes avec mes bienfaiteurs. Je n’ai même pas besoin de me déplacer. Mes relations savent ou me retrouver. Les seules fois où je me déplace, c’est pour aller à la mosquée pour la prière, les vendredis. Je reçois entre 6 mille et 8 mille franc CFA par jour. Je ne peux pas me plaindre d’être mendiant parce que c’est avec ce que je reçois que j’ai épousé ma femme et c’est avec ces dons aussi que j’élève mes enfants. Je vis grâce à la mendicité», affirme ce mendiant, âgé de 41 ans. Suivant l’actualité du pays grâce à ses écouteurs toujours collés aux oreilles, Pape revient sur la déclaration du président Macky Sall sur la question de la mendicité des enfants. «C’est bien de vouloir arrêter les gens qui font mendier les enfants. Mais, je pense qu’avant ça, l’Etat doit d’abord s’assurer de mettre dans des conditions favorables ceux qui les incitent à la mendicité. Souvent, c’est par manque de choix que les parents ou maîtres coraniques font mendier les enfants. L’Etat devrait non seulement s’occuper des enfants mais aussi de tous ceux qui dépendent de la mendicité pour vivre. J’ai obtenu mon Baccalauréat en Arabe vers les années 2000. J’ai aussi de l’expérience dans l’agriculture, le tout avec une bonne éducation de base. Si aujourd’hui je mendie, c’est parce que je n’ai pas le choix. Même si je reçois un peu d’argent chaque jour, Je veux quand-même avoir un travail digne pour pouvoir vivre tranquillement», déclare-t-il.
LES TALIBES INTERDITS DE PARLER, PAR LEURS SERIGNE DAARAS, APRES LA SORTIE DE MACKY
Du côté des «talibés», parler de mendicité semble interdit. Depuis la sortie du Chef de l’Etat Macky Sall qui, lors du Forum sur l’emploi des jeunes tenu le 22 avril 2021, tout en reconnaissant le rôle des «daara» dans l’éducation et formation, a menacé ceux qui font mendier des enfants dans rues jusque tard la nuit dans les rues, sur fonds de traite, il n’est plus facile de faire parler un talibé. «Si je réponds à vos questions, mon Serigne me frappera une fois de retour au daara». C’est la réponse qui nous est servie, chaque fois que nous interpellons l’un d’eux dans la rue. N’empêche, un ancien «ndongo daara» soulignera que chez les «talibés», la mendicité n’est pas seulement un moyen de combler la faim, c’est aussi ce qui leur permet d’assurer les dépenses quotidiennes de leurs «daaras» (écoles coraniques). «Je suis un ancien talibé. Aujourd’hui j’enseigne le Coran aux talibés de mon ancien daara. Avant, je passais mes journées dans la rue à mendier pour mon «daara». Notre «Serigne daara» (maître coranique) n’avait pas les moyens de subvenir à nos besoins. Ce que nous obtenions nous permettait de gérer la dépense et l’entretien du «daara». Il y avait aussi de l’argent qu’on mettait de côté pour les urgences (maladies). Notre «Serigne» ne nous a jamais mis la pression. Il n’a jamais fixé de somme journalière non plus. Chacun était libre d’apporter ce qu’il pouvait.
La mendicité était notre seule option pour survivre. Et je trouve triste le fait qu’il n’y ait toujours pas d’amélioration au niveau des «daara». C’est toujours les mêmes problèmes, toujours les mêmes manquements qui poussent les talibés à rester dans la rue», explique Ousmane Mbengue, un ancien « talibé » de Pikine. Pour lui, le mois de Ramadan est très attendu par les talibés parce qu’étant une période où les bienfaiteurs sont plus présents pour eux. «Les mois de Ramadan sont les meilleurs pour les mendiants parce que durant cette période, les donations augmentent. Les talibés gagnent deux ou trois fois plus que d’habitude», affirme Ousmane.
MACKY SALL TAPE DU POING SUR LA TABLE : «Arrêter les gens qui font du trafic»
Le 22 avril dernier, en marge du Forum sur l’emploi des jeunes qui lui a permis d’accueillir des représentants des jeunes des 14 régions du Sénégal, le président Macky Sall avait soutenu que le Programme de retrait des enfants de la rue va se poursuivre car il n’est pas normal que des enfants mendient pieds nus au milieu de la nuit. «Les daaras sont des écoles qui forment des gens. Mais ils ne reçoivent pas de soutien comme il le faut. C’est pourquoi nous avons une nouvelle approche pour les daaras. Toutefois, on doit discuter concernant les droits humains. On aperçoit des enfants pieds nus en pleine nuit en train de mendier. Je sais que les responsables des daaras, c’est eux qui prennent en charge les enfants. Seules quelques bonnes volontés les soutiennent. Mais il y a aussi d’autres qui font du trafic. C’est-àdire, prendre des enfants d’autrui et leur dire, vous devez amener ceci ou cela. Ça, ce n’est plus un daara. Ces gens là, on doit les arrêter pour ce qu’ils sont en train de faire. C’est vrai, on a de bons daaras qui enseignent le Coran et des métiers et le gouvernement doit les soutenir. Le ministre de la Femme, de la Famille et de la Petite Enfance a commencé à poser des actes à Dakar en apportant des dons aux daaras. On est en train de travailler là-dessus», a-t-il indiqué.
NIOKHOBAYE DIOUF, DIRECTEUR DE LA PROMOTION DES DROITS ET DE LA PROTECTION DES ENFANTS AU MINISTERE CHARGE DE LA FAMILLE : «Les enfants talibés sont obligés de mendier pour faire vivre des adultes»
«C’est la mendicité des enfants qui nous interpelle. Elle est interdite et condamnée par la loi 2005-06 du 10 mai 2005. Là, on parle de l’exploitation de la mendicité d’autrui. Il y’a aussi la loi 245 du Code pénal qui autorisait la mendicité les jours de culte et dans les lieux de culte, les mosquées et les églises (vendredi pour les musulmans et dimanche pour les chrétiens). Cette mendicité, aujourd’hui, n’est pas bien réglementée parce qu’on assiste vraiment à l’errance des adultes durant toute la journée, à tout point de vue. Ce sont les adultes qui nous agressent dans la rue. Ils y sont en permanence et c’est eux qu’on voit déambuler entre les voitures au niveau des feux-rouges. Ce type de mendicité est vu comme une sorte de vagabondage parce que n’étant pas autorisé.
«MUTUALISER L’AUMONE, L’ORGANISER, LA REMETTRE EN DES LIEUX OU LES BENEFICIAIRES POTENTIELS POURRAIENT EN BENEFICIER»
Compte tenu de notre société qui est extrêmement religieuse, surtout durant ce mois de Ramadan, les gens sont enclins à donner de l’aumône. Mais cette aumône également devrait être réglementée. Ce n’est pas quelque chose qui doit être destiné aux enfants qui passent toutes leurs journées dans la rue à tendre la main. On aurait pu mutualiser cette aumône-là, l’organiser, la remettre en des lieux où les bénéficiaires potentiels pourraient en bénéficier. Ceux à quoi nous assistons actuellement, c’est une exploitation qui ne dit pas son nom. L’aumône en nature est différente de celle que nous voyons aujourd’hui. Les enfants visent beaucoup plus l’argent que ce qu’on leur donne pour manger. Maintenant, il ne s’agit plus pour eux de mendier pour manger mais plutôt de mendier parce qu’ils sont enclins à cela, ils en sont contraints. C’est une mendicité forcée. Les enfants talibés sont obligés de mendier pour faire vivre des adultes. S’ils ne le font pas, ces adultes les châtient. Et même s’ils reçoivent des denrées ou des bougies, ils les revendent parce que c’est l’argent qu’on leur demande d’amener. Les enfants qui passent toute leur journée dans les rues à mendier n’ont pas le temps d’étudier. Ils sont exploités. On les appelle «talibés», mais en réalité, ils n’ont pas ce statut. Ce qu’on a traditionnellement connu des «talibés» est différent de ce qu’on voit aujourd’hui. Les enfants étudiaient le Coran le matin de 5h à 7h du matin. Entre 7h et 10h, ils sortaient prendre le petit-déjeuner et après ils retournaient étudier jusqu’à l’heure de la pause déjeuner à 13h. C’est ce qu’on a connu dans le passé. Aujourd’hui, les enfants se lèvent à 5h, prennent des bus pour se rendre en ville, là où ils passent leur journée à mendier. Le soir venu, ils reprennent les bus avec les travailleurs pour rentrer. La mendicité est considérée comme une des pires formes de travail des enfants. Elle est condamnable.
PLUS DE 5000 ENFANTS RETIRES DE LA RUE, ENTRE MARS ET NOVEMBRE 2020
Nos liens avec les «Serigne daaras» sont fonctionnels. Dans une certaine mesure, nous avons cette mission de veiller à l’amélioration des conditions de vie et d’apprentissage des enfants au sein des «daaras». Nous avons retiré plus de 5000 enfants de la rue, entre mars et novembre 2020. Quand il s’agit de procéder à ces opérations de retraits des enfants de la rue, il y a certains maîtres coraniques qui se soulagent même si ça va à l’encontre de leurs intérêts personnels.»
AMADOU TIDJANE TALLA, PRESIDENT DU CONSEIL SUPERIEUR DES MAITRES CORANIQUE DU SENEGAL : «L’enseignement arabe est relégué au second plan au Sénégal»
Pour le président du Conseil Supérieur des Maîtres Coranique du Sénégal, la fonction de leur association est de venir en aide aux «Serigne Daaras» (maîtres coraniques) et aux talibés pour abolir la mendicité des enfants. «Notre objectif est d’apporter notre contribution à l’amélioration des «daaras» du Sénégal. Nous voulons enrichir le système éducatif, le réorganiser et faire en sorte que les «Serigne saaras» puissent avoir de quoi être dans de bonnes conditions de vie. Nous voulons aussi faire en sorte qu’il n’y ait plus de talibés dans la rue ou que les enfants soient obligés de travailler. Nous avons mis en place notre association en mars 2017, mais nous avons commencé nos activités depuis janvier 2016, en faisant le tour des 45 départements du Sénégal.
Notre association compte plus de 9 mille membres à travers le pays. Nous ne prenons pas prendre en charge les écoles coraniques. Ce que nous faisons pour eux actuellement, c’est un plaidoyer. C’est ce qui nous a valu l’année dernière un conteneur de 97 mille 2 cent ouvrages dont 32.400 livres sacrés, d’une valeur de 129 millions 600 cent mille francs CFA, venu de la Turquie. Nous les avons distribués dans tout le pays», explique-t-il. M. Talla met l’accent aussi sur les mauvaises conditions de vie des maîtres coraniques du Sénégal. «Le problème, d’une part, dans notre pays, c’est que les parents dégagent leur responsabilité à la minute où ils mettent leurs enfants dans un «daara». Ils ne se préoccupent plus de leur état de santé ou s’ils ont bien mangé.
D’autre part, l’Etat subventionne certes l’apprentissage arabe, mais pas comme il le fait avec les écoles françaises. Même les aides apportées par les ONG ne sont destinés qu’à elles. L’enseignement arabe est relégué au second plan au Sénégal. C’est souvent ce manque de soutien qui pousse les maîtres coranique à mendier ou à faire mendier les enfants.»