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25 juin 2025
LA FOLIE DES JEUX DE HASARD
Au Sénégal, « Le Témoin » quotidien vous révèle que « Parifoot » occupe une importante part de marché dans le portefeuille de la Lonase, avec plus de 57 % du chiffre d’affaires de la société publique, soit 68 milliards cfa.
La Loterie nationale sénégalaise (Lonase ) a le monopole des jeux dans notre pays. Les jeux de pronostics et de hasard constituent aujourd’hui un phénomène social. La preuve par les récentes émeutes au cours desquelles les symboles et logos de « Parifoot » ont été épargnés alors que tout le reste a été saccagé. Les paris sportifs connaissent aujourd’hui une croissance exponentielle dans tous les pays. Le Sénégal n’en est pas en reste.
En effet, des millions de nos compatriotes, particulièrement les jeunes, se ruent quotidiennement dans les kiosques du Parifoot installés un peu partout à travers la capitale et aussi dans les régions de l’intérieur. Des kiosques installés surtout aux abords des marchés et, hélas, même à côté des écoles. Face au chômage endémique des jeunes, et au marasme économique ambiant, « Parifoot » reste et demeure en effet le seul espoir de dizaines de milliers de desperados dans ce pays. La Loterie nationale sénégalaise, (Lonase) s’est associée en 2012 à Premier Bet ou Parifoot, société internationale déjà implantée dans une quinzaine de pays africains pour les paris hippiques et sportifs.
Au Sénégal, « Le Témoin » quotidien vous révèle que « Parifoot » occupe une importante part de marché dans le portefeuille de la Lonase, avec plus de 57 % du chiffre d’affaires de la société publique, soit 68 milliards cfa.
D’ailleurs, « Parifoot » a réussi à détrôner le produit phare de la maison depuis des décennies à savoir le Pmu (Pari mutuel urbain). Grâce d’ailleurs au succès de « Parifoot », la Lonase a atteint, malgré la pandémie du coronavirus, d’excellentes performances financières. Ainsi, pour l’année 2020, la Lonase est à plus de 122 milliards cfa de chiffre d’affaires soit une évolution de près de 250 % entre 2015 et 2020. Performances financières accrues grâce aux petits larcins de jeunes parieurs et autres épargnes de « goorgorlous » salariés ou non salariés, chômeurs ou non chômeurs, qui jouent le plus souvent petit pour espérer gagner gros. A ce rythme, ce n’est pas de « Parifoot » qu’il faudrait parler mais, plutôt, de « Paris fous » !
Risques d’addiction au jeu
Il est vrai que des voix s’élèvent un peu partout au Sénégal pour dénoncer ces derives qui plongent ces jeunes dans l’addiction au jeu. Des jeux comparés à des « drogues» et qui, effectivement, comme les substances hallucinantes et autres, provoquent à la longue des effets nocifs. Combien de jeunes ont été broyés par cette machine à rêves ? Une pratique qui touche même les mineurs, alors pourtant que des panneaux « interdit aux moins de 18 ans » sont bien visibles aux entrées des agences « Parifoot ». Des entrées également filtrées — du moins en théorie — par des vigiles. évidemment, les gérants de kiosque sont peu respectueux de la réglementation interdisant aux jeunes de moins de 18 ans de pratiquer les jeux de hasard et de pronostics. Certes, la Lonase a une cellule de veille et de contrôle, mais en réalité, elle n’est même pas opérationnelle. Sa principale préoccupation est la course aux gains et au chiffre d’affaires. Les petites magouilles de ses dirigeants aussi qui, grâce à des opérations comme le changement de logo et autres rebranding effectué récemment, ont parié peu — ou pas du tout — et gagné gros. Qui est fou ?
Perspectives
Les paris sportifs ont atteint une croissance vertigineuse et battent des records. Ce phénomène est amplifié par la diffusion à la télévision des matchs des grands championnats européens qui servent de supports de compétition. En outre, les paris en ligne avec la nouvelle offre commerciale digitale de plus en plus renforcée de la Lonase vont exploser cette tendance « pernicieuse » dont les victimes principales sont les jeunes voire les enfants malheureusement. Ces derniers, attirés par la perspective de l’argent facile, vont délaisser leur éducation et leur formation pour le chemin indiqué par les panneaux : la réussite au bout du pronostic ! En lieu et place de réussite, hélas, c’est le plus souvent la délinquance qui se pointe. tout cas, les autorités sont interpellées pour rectifier le tir. Car si de jeunes insurgés et autres manifestants en colère préfèrent brûler une mairie ou un poste de police que de saccager une cantine de « Parifoot », il y a de quoi s’inquiéter. Et, surtout, se poser beaucoup de questions !
INCURSION DANS DES FAVELAS DE L’OPIUM DE LA JEUNESSE
Lors des récentes manifestations violentes, les jeunes ont brûlé des édifices publics, des maisons, des entreprises privées, attaqué des brigades de gendarmerie et commissariats de police mais en épargnant les salles de Parifoot. Tout un symbole !
Les salles de « Parifoot » pullulent dans la capitale et jusque dans la banlieue. Dans ces salles de jeux, toute une jeunesse se retrouve avec l’espoir de se retrouver avec une belle cagnotte. Il faut bien vivre d’espoir, en ces temps de crise… Lors des manifestations violentes du début de ce mois, les jeunes ont brûlé des édifices publics, des maisons, des entreprises privées, attaqué des brigades de gendarmerie et commissariats de police mais en épargnant les salles de « Parifoot ». Tout un symbole !
Un peu partout en banlieue dakaroise, notamment à Pikine, Guédiawaye, Thiaroye, Keur Massar, la jeunesse se shoote au jeu du « Parifoot » dans l’espoir de remporter des gains financiers. La salle de « Parifoot », située dans l’axe qui mène à la cité la Linguère de Keur Massar, est prise d’assaut par les jeunes. Il est 9h 30 mn du matin en ce début de semaine. Dans son uniforme scolaire, la tête en mode afro, l’élève en classe de première, tout concentré, a les yeux figés sur le tableau d’affichage. « J’ai cours de mathématique à dix heures, mais, comme d’habitude, je prends mon argent du petit déjeuner pour parier. Hier, j’avais gagné 10.000 francs alors que j’avais joué pour 200 francs. Tu vois, grand, c’est intéressant ! Avec cet argent, je gère mon petit déjeuner et ma maman s’occupera de mes deux petites sœurs » nous confie le jeune I. Seck . Cependant, renseigne l’adolescent, il lui arrive de subir de lourdes pertes comme son camarade et voisin chambre. « Je t’ai toujours dit d’éviter les risques. C’est ce qui explique souvent tes lourdes pertes », lui dit son complice de jeu avec qui il avait cotisé pour un pari. Juste à côté de ce groupe de jeunes, un marchand ambulant a transformé ses larges épaules en portemanteau où sont accrochés quelques foulard et tissus. Pape Sène, c’est son nom, est si confiant. Il veut miser et gagner au jeu virtuel. Celui consiste en une roue qui tourne avec des colonnes formant un angle aigu et qui laissent apparaitre deux chiffres. Si la boule s’arrête sur les colonnes portant chacune deux chiffres, le joueur gagne. Le marchand ambulant débute sa mise par la somme de deux cents francs. Perdu ! Voulant à tout prix récupérer sa mise, il lui arrive de jouer jusqu’à 2 000 francs, comme ce mercredi, avant de se rendre compte du désastre. « Barki sérigne bii amna problème », s’exclame-t-il après avoir perdu ses 2.000 cfa. A l’en croire, l’argent était destiné à faire une transaction au village via Orange money pour la dépense du jour de ses parents. Mais c’est la loi implacable du jeu, tu gagnes ou tu perds. C’est à cet ces instant précis qu’un jeune homme se présente devant les deux demoiselles qui gèrent la salle. Le nouveau venu est un enseignant. Fourrant la main dans sa poche arrière, il sort cinq billets de deux mille francs pour une mise de 10.000 cfa. K. Diop, c’est son nom, est un accro du jeu. « Mon frère, en trois jours, j’ai perdu plus de 30.000 cfa. Mais le jeu en vaut pas la chandelle. Il faut que je joue. Car, l’année dernière, à l’approche du ramadan, j’avais gagné deux cent mille francs et ça m’avait beaucoup aidé. Mais depuis lors, je n’ai pas gagné une telle somme. N’empêche, je garde espoir. Il m’arrive certes de gagner, mais pas encore de grosses sommes » témoigne le jeune enseignant K. Diop. A l’en croire, le jeu de la roue fait perdre plus que les autres jeux
Véritable centre d’accueil pour une jeunesse pari-footeuse
A quelques mètres de la « Pharmacie 24 » de la commune de Keur Massar, se trouve la grande salle de « Parifoot ». Un groupe d’adolescents, chacun tenant un hamburger, prend d’assaut la salle avec leurs chahuts. Ils promettent de passer la journée à l’intérieur. Interpellés sur l’origine de l’argent qu’ils misent, chacun y va de son explication. Face à la réponse d’un des garçons, M. F, en classe de troisième, s’offre une rigolade et balance à l’intention de son camarade apprenti menuisier. « Tu ne dis pas la vérité car la dernière fois tu avais volé ton patron. C’est raison pour laquelle il t’avait renvoyé », chahute l’élève. Et ce fut le début d’une dispute. Interpellés sur le fait que les magasins de « Pari foot » n’ont pas été brûlés durant les manifestations pour la libération de Sonko, la question les laisse bouché bée avant que l’un d’eux prenne la parole.« « Non grand, toi aussi ! Le « Parifoot », c’est notre patrimoine. Et puis, souvent, à la maison nos grands frères qui travaillent en ville et même nos tantes participent à la mise. Si on gagne une importante somme, cela peut servir à la ration familiale ou à payer la facture d’électricité ou de l’eau » explique Ousseynou Faye le jeune menuisier du groupe. Un autre des garçons, un élève, prétend que sa mise provient de son grand frère qui lui remet chaque mois cinq mille francs. Et s’il gagne, l’argent sert au payement de la facture de l’électricité tandis que le reste lui revient. A l’intérieur de la salle, Tidiane Barry est un ressortissant guinéen. Il avoue être accro aux jeux et passe tout son temps à miser quitte à perdre toutes ses économies…
L’interdiction pour «-18 ans » contournée
Il est 13heures dans la salle de « Parifoot » de Colobane, l’une des plus grandes de Dakar. Si ce n’est la plus grande puisque le bâtiment dans laquelle elle se trouve abrite également le siège de la société qui gère les « Parifoot ». Deux vigiles sont devant la porte avec leurs gels alcooliques. Juste pour la façade car, à l’intérieur, pas de masques ni de distanciation physique. Aucun geste barrière n’est respecté. La salle est archicomble ressemblant à un stade de premier league anglais. Une véritable bombe de contamination du variant britannique. Surtout dans un contexte où le relâchement populaire est constaté. Dans cette grande salle, il n’y a pas seulement des jeunes mais également des pères de famille. Juste devant le mur, en face de la porte centrale, des ordinateurs tactiles sont à la disposition des usagers. Ils sont des dizaines à encercler la petite machine. Abdoulaye Cissé est un étudiant à l’université Cheikh Anta Diop. Il raconte son parcours du combattant pour trouver un job. « Si vous savez combien de CV j’ai déposés ! Même les centres d’appels ne recrutent plus. Dans ce pays, il faut être le parent de ou le cousin « de » pour avoir un stage » s’emporte l’étudiant qui dit tirer ses maigres revenus de ce jeu. Dans ce grand centre de pari -foot, même s’il est stipulé que le jeu est interdit aux moins de 18 ans, les garçons mineurs trouvent des subterfuges pour contourner cet interdit. Et ils sont nombreux à prendre d’assaut cette salle qui accueille tous les jeunes de Colobanes, Fass , Gueule Tapé et Gibraltar. Ce qui explique qu’elle est toujours remplie de jeunes et adultes de tous âges. Tous espèrent repartir avec une cagnotte. Malgré les pertes subies, ils reviennent toujours, encore et encore, comme des drogués. Et c’est partout ainsi dans tous les quartiers de la capitale et de sa banlieue. Une véritable fièvre de… Paris fous !
AUCUNE PEUR, AUCUNE HONTE À REVENDIQUER LA FEMME QU'ON VEUT ÊTRE
La lauréate du Concours général en 2018 et 2019 donne de ses nouvelles, deux mois après son retour au Sénégal. Diary Sow a participé jeudi au « Forum exclusivement féminin » qui s’est tenu à Saint-Louis
La lauréate du Concours général en 2018 et 2019 donne de ses nouvelles, deux mois après son retour au Sénégal. Diary Sow a participé jeudi au « Forum exclusivement féminin » qui s’est tenu à Saint-Louis. Lors de la cérémonie, la jeune romancière a revendiqué sa « féminité » et a déclaré qu’« il n’y a aucune peur, aucune honte à avoir à revendiquer la femme qu’on veut être ».
Diary Sow, qui n’a pas évoqué clairement les raisons de sa disparition qui avait suscité l’émotion et une très forte mobilisation au Sénégal et dans la diaspora, a juste révélé ce qui l’a motivé à devenir écrivaine.
D’emblée, elle a déploré le regard de la société envers celles qui revendiquent leur féminité. « Quand il y a certaines qui veulent se lancer, vivre leur vérité, et non celle qu’on leur impose, on minimise leur légitimité. C’est à peine si on nous accepte encore dans notre société, devenant ainsi les ’’occidentales’’, les ’’genn xeet’’ (marginalisées). Mais c’est un risque à prendre. Il n’y a aucune peur, aucune honte à avoir à revendiquer la femme qu’on veut être. Ce culot, ce sursaut, n’annule pas la féminité. Au contraire, il la sublime. Il ne diminue pas la valeur non plus, ne rend pas moins vertueuse », a-t-elle pesté.
Et de poursuivre : « la revendication féminine, arrivée tard au Sénégal, a encore du chemin à parcourir. On est loin du monde où les femmes pourraient jouir librement de leur sort, de leurs biens, prendre une place dans les instances de décision, sans pour autant rendre compte de leur habillement, leur idée, leur vie sexuelle ».
Diary Sow a précisé qu’elle n’avait jamais rêvé d’être écrivaine. « Je n’ai jamais songé à m’engager pour une quelconque cause ou à sauver l’humanité. J’ai écrit pour la première fois pour une satisfaction personnelle. Parce que je pensais tout d’abord à ma propre consolation, à mon propre plaisir », a-t-elle fait savoir.
Mais, explique-t-elle, les observations qu’elle a faites sur la société sénégalaise et les romans qu’elle a lus et « qui peignaient la femme comme objet sexuel, caritatif, objet de commerce, pour mieux nous émouvoir », lui ont poussé à s’engager à écrire pour « améliorer les conditions de la femme ».
POURQUOI LES AGENCES PARIFOOT ONT ÉTÉ ÉPARGNÉES LORS DES RÉCENTES MANIFESTATIONS
Ces jeunes en déperdition qualifient les salles de jeux de hasard et de paris sportifs d’institutions… d’avenir à protéger
Lors des émeutes de la « Résistance » qui ont secoué notre pays au début du mois, des malfaiteurs ayant infiltré les manifestants ont tout ravagé sur leur passage. Résultat de leur fureur destructrice : des grandes surfaces saccagées, pillées puis incendiées, des magasins défoncés, des commerces privés cambriolés, des guichets automatiques de banques (Gab) braqués, des édifices publics caillassés. Sans compter des automobilistes et de simples piétons agressés et dépouillés de leurs objets de valeur. Curieusement, les kiosques et agences de la société de jeux « Parifoot » ont été épargnés. Pourquoi ? Parce que ces jeunes en déperdition qualifient les salles de jeux de hasard et de paris sportifs d’institutions… d’avenir à protéger. Gravissime ! « Le Témoin » a enquêté…
Du mercredi 03 au vendredi 05 mars dernier, le Sénégal indépendant a connu ses pires émeutes de son histoire. A l’appel de l’opposition et de franges importantes de la société civile, des scènes de guérilla et de délinquance urbaine se sont multipliées à Dakar et partout dans le pays. Débordées et dépassées par la furie des émeutiers, les forces de l’ordre, bien que armées, ont presque laissé faire pour éviter le carnage : Des supermarchés « Auchan » pillés puis incendiés, des stations-services « Total » saccagées, des commerces privés cambriolés, des guichets automatiques de banques (Gab) braqués, des mairies et autres édifices publics attaqués. Même des automobilistes et simples piétons ont été agressés par des malfaiteurs à main armée qui les ont dépouillés de leurs biens. En faisant le bilan des dégâts des biens privés et publics dévastés ou incendiés, « Le Témoin » s’est rendu compte que, curieusement, que les kiosques et agences de « Parifoot» ont été miraculeusement épargnés par les casseurs. Jugez-en ! Le « mercredi noir », lorsque le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a été interpellé et conduit à la Section de Recherches de la gendarmerie de Colobane, les manifestants en colère ont convergé vers les lieux où l’opposant était garde-à-vue situés sur le Boulevard du Centenaire. Mobilisées, plusieurs sections de la gendarmerie n’ont rien pu faire face à cette foule déchainée. Rien, sauf bloquer les intersections menant vers la Caserne Samba Diéry Diallo prise pour cible.
Refoulés par les policiers et les gendarmes après de rudes affrontements, les émeutiers se sont finalement défoulés sur les biens publics et privés. Ils se sont acharnés sur tout ce qui était à leur portée, cassant, incendiant, renversant, détruisant. Particulièrement le mobilier urbain. Seulement voilà, notez bien ceci : au niveau de la direction générale de la société « Premier Bet Sénégal » propriétaire de « Parifoot », située dans le même quartier de Colobane qui abrite la caserne de gendarmerie Samba Diéry Diallo, des jeunes se sont spontanément constitués en comité de vigilance pour protéger leur patrimoine, c’est-à-dire l’endroit où, à longueur d’année, ils font des pronostics sur les matches de championnats de football européens comme Ligue 1, Premier League Bundesliga, Ligue des Champions, Ligue Europa etc. Un jeune parieur, vigile de circonstance, s’est démarqué du groupe pour agiter le drapeau du Sénégal afin de s’adresser aux émeutiers : « Hé..hé…hé…écoutez-moi ! De grâce, épargnez- cette salle de « Parifoot »… » bokoutchi » (elle n’en fait pas partie). Parifoot…laa, parifoot…laa, c’est notre avenir ! Boulène-Kolaale (Touche pas à notre Parifoot). Hé..hé..hé Parifoot bokouthi…De grâce, faut pas casser l’agence Parifoot… » criait à tue-tête le bonhomme pour supplier et sensibiliser les milliers de casseurs qui déferlaient, par groupes, devant l’agence Parifoot située à Colobane (voir photo). Une vidéo devenue virale. Attirés par les appels à la sagesse, et enchantés par la belle enseigne de cette salle de jeux qui leur procure fortune les jours où ils ont la main heureuse, la cause ne pouvait être qu’entendue par la majorité des jeunes insurgés. Dans cette mêlée de destruction massive, il y a même eu des échanges de civilités entre membres du comité de vigilance « Parifoot » et manifestants de la « Résistance » à l’appel de l’opposition. Ce fameux mercredi durant lequel Dakar et plusieurs villes de l’Intérieur ont brûlé, sentinelles de « Parifoot » et manifestants avaient signé un pacte de non-agression sur le thème « Touchons pas à nos jeux ! ». L’image diffusée sur les réseaux sociaux a fait le tour du monde et s’est naturellement invitée jusqu’à la direction générale de « Parifoot » à Dakar. Après investigations, « Le Témoin » a pu identifier le jeune homme qui agitait le « drapeau blanc » qui avait pris pour la circonstance les couleurs « vert-or-rouge » de notre emblème national. Un jeune homme qui avait réussi, en jouant les « casques bleus », à sauver le siège de Parifoot qui est le symbole des paris sportifs au Sénégal. Un siège situé à quelques mètres du lycée pour jeunes filles John Fitzgerald Kennedy et non loin de la place de la Nation ex-Obélisque. Ce jeune homme, donc, s’appelle El. K et est âgé de 22 ans.
Selon un gérant d’une agence Parifoot à Guédiawaye, le bonhomme aurait été décoré et récompensé par les responsables du « Premier Bet du Sénégal » pour comportement exemplaire de…civisme. Pendant qu’il réussissait à sauver de la destruction voire de l’incendie ce symbole de jeux de hasard et de paris sportifs, tous les symboles et institutions de la République à savoir les camps militaires, brigades de gendarmerie, commissariats de police, mairies et autres étaient mis à sac par des manifestants déchaînés. Les bacs à ordures, abribus, feux de signalisation routière, jardins publics et lampadaires n’étaient pas en reste. Ce, encore une fois, contrairement aux kiosques, agences de Parifoot et autres Pmu qui n’ont fait l’objet d’aucun acte de vandalisme à Dakar. C’est le même constat également dans la banlieue dakaroise à savoir Guédiawaye, Pikine, Parcelles-Assainies, Thiaroye-gare, Malika, Keur-Massar, Rufisque ainsi sur toutes les localités du Sénégal où aucune salle de jeux n’a été détruite ou brûlée. Ou alors, s’il y en a eu, cela n’a pu être que le fait de manifestants « incontrôlés ». Gravissime ! Un scénario qui nous renvoie à Paris où les émeutiers de « Gilets-Jaunes » cassaient tout et brulaient tout, sauf les librairies… qui, il est vrai, sont beaucoup plus nobles que les jeux de hasard !
Une « institution » nommée Parifoot
En tout cas, cette « inviolabilité » inédite dont elles ont bénéficié au cours des « Trois glorieuses » laisse croire que les salles de jeux de hasard sont en passe de devenir dans notre pays de véritables « institutions » pour une jeunesse en déperdition. Les institutions officielles ayant perdu leur crédibilité, il est intéressant de voir que, aux yeux et dans la tête des jeunes manifestants, le « Parifoot » est érigé au rang d’institution plus légitime que les premières. « Ces jeux, c’est notre vie, notre quotidien, notre métier…bref c’est notre Barça-barsakh à nous qui n’avons pas pris les pirogues ! Un jour tu perds, un autre jour tu gagnes. Avec un montant de 200 cfa pièce, tu peux gagner entre 100.000 cfa à 500.000 cfa voire plus ! » se réjouit I. Diop, 18 ans, habitué de l’agence « Parifoot » sise Pikine Tally-Boumack joint par le biais d’un opérateur. « Un jour, un jeune garçon de 12 ans a misé — et perdu — l’argent (3.000 cfa) que sa maman lui avait envoyé pour qu’il aille acheter une bonbonne de gaz.
C’est la mort dans l’âme que la pauvre maman est venue récupérer la bouteille vide que l’enfant avait abandonné devant la salle de jeux avant de fuguer » se désole un des responsables du « Parifoot ». D’autres faits de perturbation de l’éducation des enfants, aux allures de délinquance juvénile, se racontent dans les « Parifoot ». Car hélas, bon nombre d’élèves accros à ces jeux de hasard ont abandonné les bancs des classes pour sombrer dans la débauche des pronostics. Il n’est pas rare que des élèves misent leurs frais de scolarité sur conseil de leurs amis qui cherchaient à les multiplier en pariant au foot. En journée comme en soirée lors des grands matchs de la Ligue des Champions et autres classicos, des élèves de moins de 17 ans, voire parfois de 12 à 15 ans, ou plus, des lycéens et étudiants, des jeunes avec ou sans emploi et parfois de jeunes filles mordues de Parifoot se bousculent devant les guichets pour miser sur les rencontres de la soirée afin de gagner et devenir «millionnaires » ! Ces « écoles » de la délinquance urbaine que sont devenues par la force des choses les agences de « Parifoot » préoccupent parents d’élèves et délégués de quartier. Car, est-il besoin de le dire, ces salles de jeux de hasard mènent à l’échec scolaire et à la délinquance urbaine. Que ce soit dans les salles de jeu ayant pignon sur rue ou sur Internet, les jeux de hasard et les paris sportifs semblent être une activité en plein essor à Dakar et partout au Sénégal.
El. Hadj L. D, un délégué de quartier de Yeumbeul s’emporte face aux méfaits des kiosques de jeux : « Je parle sous le contrôle des éléments du commissariat de police de Yeumbeul, beaucoup d’enfants du quartier sont devenus des voleurs à cause de Parifoot. Ils commettent de petits larcins pour pouvoir aller jouer au Parifoot. Comme l’a si bien remarqué ou constaté votre journal « Le Témoin », aucun kiosque Parifoot n’ait été saccagé durant les émeutes. Ces salles de jeux pour enfants et adultes, c’est comme une drogue à prendre quotidiennement. C’est pourquoi, vous l’avez compris, les jeunes n’avaient pas intérêt à les détruire lors des manifestations. Ce qui est inadmissible, c’est de voir les supermarchés « Auchan », les stations-services, les mairies, les véhicules de l’Etat et autres institutions étatiques pillés, saccagés ou brûlés. Et les salles de « Parifoot » épargnées… Cette jeunesse a-t-elle vraiment des repères ? » s’interroge avec un sentiment de dépit ce patriarche du quartier tout en fustigeant le fait que ni la Police, ni la Gendarmerie ne puissent rien contre l’ouverture des kiosques de « Parifoot ».
Des kiosques et des salles de jeux agréés par la Lonase qui est une société nationale reversant beaucoup d’argent dans les caisses du Trésor public. Et aussi dans les poches de certains parieurs. Une chose est sûre et vérifiée lors de ces récentes émeutes, « Parifoot » est non seulement un patrimoine, mais aussi une vraie « institution » aux yeux d’une bonne frange de notre jeunesse…
DEUX JOURS POUR LE THEATRE
Contrairement à l’année dernière où la célébration de la Journée mondiale du théâtre s’était faite en ligne, Kaddu Yaraax renoue avec le public cette année.
Contrairement à l’année dernière où la célébration de la Journée mondiale du théâtre s’était faite en ligne, Kaddu Yaraax renoue avec le public cette année. La compagnie, dirigée par Mamadou Diol, va dérouler son programme sur deux jours.
La Journée mondiale du théâtre a été créée à Vienne en 1961, lors du congrès de l’Institut international du théâtre. Depuis 1962, chaque 27 mars, la Journée mondiale du théâtre est fêtée. A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal va également célébrer cette journée ce samedi.
Mais la compagnie théâtrale Kaddu Yaraax compte anticiper sur sa célébration en l’étalant sur deux jours. C’est ce vendredi que cette compagnie théâtrale va débuter les festivités qui se poursuivront jusqu’au samedi. Mamadou Diol, directeur artistique de Kaddu Yaraax, en donne la raison : «On commence à célébrer la Journée mondiale le vendredi dans l’après-midi pour la poursuivre toute la journée du samedi. Nous avons étalé le programme qu’on ne pourrait faire en un jour. Et ce programme sera agrémenté par des théâtres forum et des causeries.» Même si c’est la fin de l’état d’urgence et du couvre-feu, Kaddu Yarax ne baisse pas la garde pour lutter contre le Covid-19 en célébrant de la Journée mondiale du théâtre.
A l’inverse de l’édition de l’année dernière où la compagnie théâtrale s’était adaptée à la crise sanitaire en déroulant ses activités en ligne, la Journée mondiale du théâtre de cette année se tiendra en présence du public au niveau du pôle théâtral de l’espace culturel de Kaddu Yaraax. «Avec la levée de l’état d’urgence sanitaire et du couvre-feu, les salles sont ouvertes. Nous allons dérouler nos activités en présence de 50 personnes seulement. On déroulera nos activités dans le respect des gestes barrières. Des gels et des masques seront distribués au public», souligne le directeur artistique de la compagnie théâtrale de Yarakh qui compte dérouler une série de programmes pour agrémenter cette Journée mondiale du théâtre. M. Diol de renseigner qu’une communication sur le nouveau projet culturel aura lieu. Ce projet réfléchit sur les nouvelles manières de faire de la production artistique en recourant aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, si l’on s’en tient à l’argument de Mamadou Diol.
Ce dernier souligne que Oumar Sall, qui est une éminente personnalité de la culture et du théâtre, entretiendra une discussion sur le phénomène de la réussite. Amadou Fall Ba de la Maison des cultures urbaines (Mcu) et l’artiste Fou Malade vont, pour leur part, animer une causerie sur le projet Talent campus, selon Mamadou Diol.
Par Sankoun FATY
FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE, SYMBOLE D’UNITE NATIONALE
Il est dit souvent «Un, passe. Deux, lasse…». C’est pour éviter d’en arriver au «Trois, casse» fatidique, qu’il y a lieu d’appeler l’attention sur l’impérieuse nécessité, pour la survie de notre jeune Nation
Il est dit souvent «Un, passe. Deux, lasse…». C’est pour éviter d’en arriver au «Trois, casse» fatidique, qu’il y a lieu d’appeler l’attention sur l’impérieuse nécessité, pour la survie de notre jeune Nation, de laisser les Forces de défense et de sécurité (Fds) en dehors des débats et querelles politiques et surtout d’entretenir dans la conscience de chaque Sénégalais l’image du bouclier protecteur de la Nation et de l’épée gardienne dissuadant tout ennemi qu’elles incarnent.
La mise à la place publique de la «démission» d’un officier de la gendarmerie, comme l’a été celle d’un autre des Armées, semble, de par les commentaires faits à travers les différents médias, avoir été perçue positivement dans l’opinion de nombre de Sénégalais et pas seulement du lambda. Bien au contraire, un de nos plus célèbres écrivains, dans une récente interview sur le sujet, a estimé que «Les policiers, gendarmes et loyaux fonctionnaires ne sont plus (je souligne) une masse de manœuvre dont l’autorité politique peut disposer au détriment de l’ensemble de la population».
En d’autres termes, ils seraient des marionnettes activées au gré du Prince. Les «Anciens» qui ne sont plus de ce monde doivent se retourner dans leur tombe et ceux qui sont encore avec nous, fraîchement à la retraite ou encore dans les états-majors et dans la haute Administration, doivent être profondément gênés, voire blessés, car jamais ils ne se sont couchés devant quelque autorité que ce soit. En dehors du culte religieux, une seule fois l’officier s’agenouille : c’est devant le drapeau national pour jurer fidélité à la Nation avant son entrée en service.
Le général Georgelin, alors Chef d’état-major général des armées françaises, disait : «Une de mes préoccupations majeures est le risque de banalisation de l’état militaire… Un pays qui ne serait plus concerné par sa sécurité, mais exclusivement par des préoccupations individuelles, serait menacé.» Deux idées fortes se dégagent de cette déclaration, quand on l’applique au contexte sénégalais de ce qui est appelé «affaire Ousmane SonkoAdji Sarr» : la banalisation du service des Fds qui se dessine dans l’opinion générale et une certaine insouciance face aux multiples menaces qui pèsent sur le pays. Les prémices de la banalisation de nos Fds se trouve dans la tendance à juger et condamner leurs actions sans tenir compte, ni de la nature et du cadre légal de l’accomplissement de leurs missions ni de ce qu’elles ont réussi jusqu’à présent en matière de lutte contre la criminalité, de secours et d’assistance aux populations.
Les causes de cette banalisation sont à la fois internes et externes. Les causes internes se retrouvent dans des comportements en porte-à-faux avec leur statut du personnel définissant leur état de militaire ou paramilitaire, véritablement, leur identité. En effet, dès la formation militaire de base, il est inculqué cette identité qui se fonde dans la spécificité de leurs missions, telles que définies dans les textes organiques, à commencer par la loi sur l’organisation générale de la défense nationale jusqu’à ceux fixant le statut particulier de chaque corps militaire et paramilitaire. La «mère» de ces missions est celle d’«assurer en toute circonstance et contre toutes les formes d’agression la sécurité et l’intégrité du territoire national, la vie de la Nation ainsi que la protection des personnes et des biens». Cela nécessite des qualités individuelles qui ont pour noms la discipline, la fidélité à la patrie, l’intégrité et l’esprit de groupe.
La disciple est «la force principale des Armées». Elle requiert du subordonné ce qui est contenu dans le serment du militaire qui s’engage solennellement à : «Servir la patrie avec honneur et fidélité», complété dans celui des forces de sécurité par l’impératif «de ne faire usage de la force qui m’est confiée que pour le maintien de l’ordre et l’exécution des lois…». La troupe n’est pas le troupeau, pas non plus la «masse de manœuvre» citée plus haut, mais des hommes et femmes conscients de leurs responsabilités personnelles devant les lois de la République, les coutumes de la guerre et les conventions internationales. Ils sont unis dans l’idéal du don de soi à la patrie, allant jusqu’au sacrifice suprême, expression de leurs trois autres qualités précitées. Ils ont choisi, pour illustrer cela, des devises comme «Honneur et patrie», «Sauver ou périr», «Bu dee jotee (Jotna)» (Si l’heure de la mort doit arriver, elle arrive) ou la bien connue «On nous tue, on ne nous déshonore pas». Quand on comprend une telle réalité des Fds, il est difficile de concevoir la pertinence des déclarations et commentaires qui font quasiment l’apologie de l’«acte contrenature» militaire que cet officier de la gendarmerie a posé.
Le Général De Gaulle, s’adressant à une promotion d’élèves-officiers, a dit : «Je ne vous plains pas parce que vous avez choisi le métier de militaire... Il demande de renoncer à la liberté, à l’argent, peut-être un jour à la vie... Non je ne vous plains pas.» C’est cela qui constitue la particularité, l’identité du citoyen militaire ou paramilitaire. Dès lors, ceux d’entre eux qui ont eu des attitudes ou tenu des propos «de nature à porter atteinte (semer le doute) à la neutralité (politique et sociale) des Armées» se sont départis des qualités et valeurs qui font cette particularité/identité du métier qu’ils avaient librement choisi. La sanction est immédiate, car dans le métier des armes, il n’y pas d’erreurs, il n’y a que des fautes.
L’autre cause de la banalisation provient du traitement souvent non professionnel des affaires individuelles ou collectives concernant les Fds qui disposent portant de services en charge des relations publiques facilitant aux organes de presse l’exercice de leur «devoir de rechercher la vérité» tel que prescrit par le Code de la presse. Une bonne collaboration à ce niveau devrait permettre une meilleure connaissance des hommes et femmes qui ont choisi ce métier de renoncement dont parle le Général De Gaulle, et une meilleure prise de conscience des risques, pour la stabilité sociale de notre pays, de les indexer dans l’accomplissement de leurs missions régaliennes.
On a perçu l’émoi suscité chez certains par les présentations faites du recours à l’Armée pendant ces émeutes et sans aucun éclairage sur sa position de force dite de troisième catégorie au maintien de l’ordre derrière la gendarmerie (deuxième) et la police (première), ni sur les missions qu’elle a eu à accomplir dans ce cadre. Il est utile de savoir que l’Armée n’a assuré que la garde statique des édifices publics et points névralgiques à Dakar comme partout où le besoin s’est fait sentir. Elle n’a jamais été engagée dans les affrontements avec les manifestants. Les forces de sécurité ont été le plus souvent mises au banc des accusés malgré qu’elles aient fait preuve d’une très grande retenue jusque dans des situations où les conditions légales de l’usage des armes à feu étaient réunies conformément aux lois 69-29 du 29 avril 1989 modifiée et 70- 37 du 13 octobre 1970, relatives respectivement «à l’état d’urgence, l’état de siège et la gestion des catastrophes naturelles et sanitaires»- et «à l’usage des armes et matériel spécial de barrage par les militaires de la gendarmerie et les membres de forces de police», notamment quand des manifestants ont attaqué et même pénétré dans l’enceinte de leurs infrastructures. Il est aisé de deviner tous les autres risques qui peuvent survenir dans de telles situations.
Consciemment ou non, ceux qui penchent et s’épanchent dans ce sens ou qui font des déclarations et commentaires prenant les tournures d’apologie de l’«acte contre-nature» militaire de cet officier de gendarmerie font le lit de l’insouciance par rapport à la sécurité et au profit des «préoccupations individuelles» dont parle le général Georgelin. Ils doivent avoir plus de modestie dans l’étalage de leur connaissance de nos Fds et, au-delà, repenser leur approche de la chose sécuritaire. Une insouciance qui s’est manifestée tous ces jours durant, d’abord par une totale ignorance que nous vivons une période de pandémie due au coronavirus, quand des appels sont lancés pour de grands rassemblements de personnes, pis, dans certaines localités, des exactions ont été perpétrées contre le personnel de santé en pleine opération de vaccination contre ce virus.
L’insouciance sécuritaire est ensuite la perte de vue de la situation géopolitique du Sénégal, entouré d’«une ceinture de feu» et sous la menace des groupes extrémistes, narcotrafiquants et même des forces occultes ayant les yeux fixés sur les ressources pétrolières et gazières découvertes dans notre pays ou cherchant à saper nos valeurs religieuses et sociales au profit des leurs. L’insouciance sécuritaire est enfin de «jouer avec» la question de la paix en Casamance à travers des discours et autres «commentaires d’experts» cherchant à établir un rapport entre une affaire judiciaire survenue à Dakar et les opérations de sécurisation du retour des populations déplacées dans leurs villages abandonnés pendant des décennies de conflit .
Fort heureusement, dans ce brouhaha des «éditions spéciales» des télévisions et autres «directes» des radiodiffusions avec leurs lots de déclarations souvent plus passionnées que raisonnées, les voix de ceux qu’on appelle «les régulateurs sociaux», constitués surtout de chefs religieux, se sont élevées, ramenant ainsi le calme partout dans le pays. L’influence certaine de ces personnalités dans notre société et la grande attention que leur accordent l’Etat et la classe politique font la particularité de la laïcité au Sénégal. Une laïcité non seulement de reconnaissance et de protection de toutes les croyances religieuses, mais surtout qui place les affaires religieuses au cœur des politiques et actions publiques étatiques.
Les membres des Fds sont issus de cette société nationale. Ils sont animés des mêmes pulsions que tout un chacun des Sénégalais en termes de foi religieuse, d’aspiration à la paix et au bien-être dans un Etat fort et responsable. La noblesse de leur sacerdoce est incontestable et l’esprit qui constitue le ciment de leur communauté autour des valeurs partagées de discipline, loyauté et de solidarité doit inspirer chaque citoyen. On comprend dès lors le choix fait par les autorités de placer la célébration de la fête nationale de l’indépendance de 2019 sous le thème «Forces de défense et de sécurité, exemple d’éducation à la citoyenneté et à l’unité nationale».
Thème dont la pertinence s’affirme aujourd’hui de la façon la plus éclatante avec une société sénégalaise qui présente une image inhabituelle de division, de violences et de haine. Plus que jamais l’éducation à la citoyenneté doit être au cœur de toutes les préoccupations. C’est la condition sine qua non de la réussite de tout programme destiné aux jeunes. Une des solutions pourrait être le passage obligatoire de tous les jeunes du pays par un cycle de formation civique, soit avec le service civique national ou, pour les élèves, un service militaire raccourci au temps des vacances scolaires et sanctionné par les mêmes diplômes que les élèves du Prytanée. Cette formation civique devra constituer une condition pour une orientation aux études supérieures, formations professionnelles ou financements de micro-projets. Le brassage que ces contacts vont occasionner entre les membres des Fds et les jeunes sera un facteur de consolidation de la confiance entre eux et qui ira bien au-delà des courtes périodes passées ensemble «sur le terrain». De ce fait, les concepts «Armée Nation» et «police de proximité» seront un vécu quotidien des populations et non des manifestations ponctuelles.
Sankoun FATY
Colonel de Gendarmerie à la retraite
Juriste-Consultant, acteur de la société civile à Sédhiou
DU REPORT CONSENSUEL A LA RUPTURE DE CONFIANCE
Le report des Locales, initialement prévues le 1er décembre 2019, était le premier consensus obtenu par la Commission du dialogue politique.
Le report des Locales, initialement prévues le 1er décembre 2019, était le premier consensus obtenu par la Commission du dialogue politique. Mais c’est aussi celui de ces échéances annoncées au plus tard le 28 mars 2021 qui vient casser la dynamique entre les différents pôles. La rupture de confiance est passée par-là. La médiation du khalife général des Mourides pourrait y faire quelque chose.
Le report des Locales, prévues au plus tard ce 28 mars, n’est pas une information. A preuve, c’est au moment où la Commission du dialogue politique se réunissait, mercredi, que le Conseil des ministres a adopté le projet de loi portant report des élections territoriales et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux. Parce que, comme l’affirmait Ndiaga Sylla, il y a eu une semaine, «devant l’impossibilité d’organiser les élections à date échue, le gouvernement devait impérativement introduire un projet pour reporter à nouveau la date des élections et proroger le mandat des élus territoriaux». Ce n’est donc qu’une étape dans ce processus de légalisation de cette décision qui sera confirmée par l’Assemblée nationale. Comme ce fut le cas d’ailleurs lorsque la Commission cellulaire avait annoncé, à l’issue de sa réunion du 1er octobre 2019, le consensus sur le report des élections locales du 1er décembre 2019. L’Assemblée nationale avait ainsi décidé de la tenue desdites élections «au plus tard le 28 mars 2021». Pourtant, il n’y a rien d’extraordinaire dans ce qui se passe aujourd’hui encore. Les pôles participant au dialogue ont chacun exprimé sa position. Il n’y a pas encore eu de consensus sur la date, puisque seule la majorité vote pour 2022 et le reste (Société civile, opposition, non-alignés) opte pour 2021. Les discussions vont sans doute se poursuivre et il appartient à l’équipe du Pr Babacar Kanté de concilier les positions. Si tant est que le principe qui a prévalu jusqu’ici anime encore les concertations politiques, le consensus est encore possible.
Serigne Mountakha Mbacké, le dialogue parallèle
Cependant, il faut le noter, et c’est compréhensible, que le contexte politique et les exigences de l’opposition ne militent pas en faveur d’un report jusqu’en 2022. Cette unité de l’opposition, renforcée par les événements nés de l’affaire Ousmane Sonko, redéfinit le rapport des forces. Mais surtout la médiation du khalife général des Mourides et le mémorandum de l’opposition pourraient peser sur la balance et tempérer la position de la majorité. Par les différents messages qu’il a livrés aux opposants et au pouvoir, Serigne Mountakha Mbacké, à travers ses émissaires, mène un dialogue parallèle qui porte aussi ses fruits. C’est son ndigël qui a annulé la manifestation du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) à la Place de la Nation. C’est aussi grâce à lui que le gouvernement a consenti de faire libérer tous les détenus qualifiés de «politiques». Si la commission politique n’arrive pas à réconcilier les positions, le khalife des Mourides, à qui l’opposition a remis ses revendications dont les Locales en 2021, pourrait aussi jouer ce rôle.
Responsabilité partagée
Le Front de résistance nationale (Frn) considère, en effet, que «ce nième report relève de la seule et unique responsabilité du pouvoir» qui vient seulement de l’informer, «ce jour 24 mars 2021, que l’évaluation du processus électoral va démarrer le 1er avril 2021». Il y a aussi la responsabilité de l’opposition qui, parmi ces conditions, avait exigé l’audit du fichier et l’évaluation du processus après la réélection au premier tour de Macky Sall, laquelle étant «irrégulière» pour les candidats malheureux qui n’avaient pas cependant introduit des recours devant le Conseil constitutionnel. Il est vrai, en revanche, qu’il y a eu, comme le souligne le Frn dans son communiqué, des «lenteurs administratives» de la part du gouvernement qui n’a pas agi très tôt pour le choix des experts et des partenaires techniques et financiers pour la réalisation de ces deux points majeurs dont dépendent des élections incontestables. Si, comme le rappellent Moctar Sourang et ses camarades, l’audit du fichier a démarré depuis mi-février 2021, «l’évaluation du processus électoral, de la refonte partielle de 2016 à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de 2019», est, elle, prévue pour une période de 6 mois. En principe, elle devrait être bouclée en septembre. L’hivernage a souvent été un argument défavorable à la tenue d’un scrutin. L’opposition en est bien consciente et c’est pourquoi elle pense au plus tard décembre 2021 pour être au moins à 6 mois des Législatives de juillet 2022.
LE SENEGAL REPREND LA PRÉSIDENCE DE LA COMMISSIN DE L'UEMOA EN MAI
Le Niger, conformément à la résolution de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa qui s’était tenue en avril 2017 à Abidjan, va se retirer de la présidence de la Commission de l’Union
Le Sénégal reprend la présidence de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) à partir de mai 2021. C’est du moins l’une des décisions prises hier, à l’issue de la 22e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est tenue par visioconférence.
Le Niger, conformément à la résolution de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qui s’était tenue en avril 2017 à Abidjan, va se retirer de la présidence de la Commission de l’Union.
Après un mandat à la tête de l’organisation communautaire, ce pays va céder la place au Sénégal. La 22e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, tenue hier par visioconférence, «a décidé de confier la présidence de la Commission de l’Uemoa au candidat proposé par la République du Sénégal.
La nomination des membres de la Commission, sur proposition des chefs d’Etat et de gouvernement, interviendra au plus tard le 1er mai 2021», selon le communiqué final de cette rencontre virtuelle. La Conférence, d’après le document, «a félicité Abdallah Boureima, président sortant de la Commission, pour la dynamique qu’il a insufflée au processus d’intégration de l’Union et pour les résultats obtenus par la Commission, sous sa conduite, durant les quatre dernières années». Cet ancien ministre de l’Economie et des finances nigérien a hérité de ce poste pour un mandat unique de 4 ans, à la fin duquel le Sénégal devrait reprendre de manière définitive la présidence de la Commission de l’Uemoa. Roch-Marc Christian Kaboré, nouveau président en exercice de la Conférence
Pour rappel, «dans un esprit de solidarité et de fraternité et dans le souci de permettre la poursuite du bon fonctionnement de l’Union, le Président Macky Sall avait répondu favorablement à la sollicitation de ses pairs pour l’attribution jusqu’en 2021 de la présidence de la Commission de l’Uemoa au Niger, soit pour un mandat unique. Cela, en application des dispositions de l’Acte additionnel n° 07/2011/Cceg/Uemoa qui stipulait que le Sénégal devait assurer un mandat unique de quatre au terme duquel seul le Niger devait présenter un candidat pour le poste de président de la Commission de l’Uemoa».
Abdallah Boureima, qui a été élu à l’unanimité le 10 avril 2017, a succédé à la présidence de la Commission de l’Union l’ancien Premier ministre sous Wade, Cheikh Hadjibou Soumaré, démissionnaire. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont aussi profité de cette 22e session pour «adopter un Acte additionnel portant réforme du cadre institutionnel de renouvellement des dirigeants des Institutions de l’Union».
S’agissant de la présidence en exercice de l’Union, note le communiqué, «la Conférence a élu à l’unanimité Roch-Marc Christian Kaboré, Président du Faso, comme nouveau président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa». Il remplace le Président Ouattara qui, durant 5 ans, a présidé la Conférence.
PASSE D’ARMES ENTRE BIRAHIM SECK ET ALIOUNE NDOYE
«Birahim Seck ne s’intéresse nullement à la vérité, ne se renseignant jamais avant de jongler avec le discrédit.» Ainsi répondait le ministre de la Pêche au coordonnateur du Forum civil
«Birahim Seck ne s’intéresse nullement à la vérité, ne se renseignant jamais avant de jongler avec le discrédit.» Ainsi répondait le ministre de la Pêche au coordonnateur du Forum civil qui exige la reddition des comptes techniques et financiers dans cette affaire de brèche de Saint-Louis.
L’enveloppe de sept (7) milliards de francs Cfa est jugée insuffisante par les Chinois en charge du dragage de la brèche de Saint-Louis, révélaient nos confrères du journal L‘AS dans leur parution du mercredi. «Une entreprise chinoise ne renonce pas aussi facilement à un marché. Le ministère de la Pêche ne peut pas se limiter à évoquer une «déception». Il nous doit des explications objectives. Une brèche qui a fait 480 morts depuis 2003 n’est pas un jeu. Nous sommes dans le contractuel», a tweeté le même jour Birahim Seck, coordonnateur du Forum civil, section sénégalaise de Transparency international. «Finalement de qui est-il le porte-voix ce monsieur ?», se demande le ministre Alioune Ndoye qui déclare avoir reçu «les vrais acteurs» de Saint-Louis le vendredi 19 mars 2021 pour les informer. «Avec une malhonnêteté évidente dans la démarche, car ne se faisant aucun scrupule quand il s’agit de jouer sur les suspicions pour donner sens à sa mission. Il est clair que monsieur Seck ne s’intéresse nullement à la vérité, ne se renseignant jamais avant de jongler avec le discrédit, surtout pour les dossiers les plus évidents et qui ne demandent aucune expertise pour leur compréhension», a posté hier le ministre de la Pêche sur sa page Facebook.
Parlant toujours de Birahim Seck, le ministre sort du sujet en disant, «puisqu‘il aime interpeler au nom du Peuple, qu‘il s’exerce au nom de ce même Peuple à ce simple jeu de transparence en nous disant à la solde de quel gourou est-il et les sources de ses financements». Il qualifie la sortie du leader du Forum civil de «malheureuse qui annonce sûrement un autre séminaire dans les riches hôtels de la place avec toujours le financement de ses commanditaires à justifier». Avant de conclure : «Respectons-nous un peu et privilégions la vérité !» Connu pour sa position tranchée par rapport à la reddition des comptes, Birahim Seck est revenu à la charge sur le même réseau social utilisé par le ministre. «Les Sénégalais ont besoin d’explications objectives sur le renoncement au marché de 7 milliards par les Chinois, pas autre chose», rétorque-t-il.
Avant d’ajouter : «Monsieur le ministre Alioune Ndoye, neutralisez votre courroux débordant et légendaire, car l’exigence de reddition des comptes techniques et financiers dans cette affaire de brèche mortelle a de beaux jours devant nous ! Pour une fois, monsieur le ministre, soyez à la hauteur de votre mission ! Les attaques personnelles me laissent toujours de marbre.» Il y a seulement quelques jours, 11 pêcheurs ont péri en mer dont 7 issus d’une même famille à Saint-Louis dans deux accidents. Ce qui allonge la liste des nombreux pêcheurs disparus en mer et surtout à l’embouchure qui continue d’être un mouroir pour les pêcheurs. Depuis l’ouverture de la brèche en 2003, au moins 450 pêcheurs y ont perdu la vie suite au chavirement de leur pirogue. Par ailleurs, les pertes en matériels, provoquées par ces accidents, sont estimées à plusieurs dizaines de milliards. Cette situation avait amené les pêcheurs à exiger du gouvernement le dragage et le balisage, mais aussi la stabilisation de cette brèche. Après plusieurs années d’attente et d’annonce, les travaux ont été finalement lancés le 12 novembre dernier en grande pompe par le ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Alioune Ndoye, et le maire de Saint-Louis, Mansour Faye.
L’entreprise retenue avait ainsi démarré les travaux quelques jours après le lancement avant de quitter le chantier officiellement pour des raisons techniques. En 2018, le Président Français Emanuel Macron, en visite officielle à Saint-Louis, avait annoncé un investissement de 8 milliards de francs Cfa pour la réalisation des travaux d’urgence destinés à sauver la Langue de Barbarie de l’avancée de la mer. Et la Banque mondiale doit donner 18 milliards de francs Cfa dans le cadre du programme Waca.
«LA JUSTICE CONTIENT LES GARANTIES INTRINSEQUES DE NATURE A PERMETTRE A TOUT MAGISTRAT QUI LE SOUHAITE, D’ASSUMER SON INDEPENDANCE»
L’analyse faite sur le manque d’indépendance de la justice n’est pas partagée par le secrétaire général du ministre de la Justice
L’analyse faite sur le manque d’indépendance de la justice n’est pas partagée par le secrétaire général du ministre de la Justice.
Pour Aïssé Gassama Tall, les juges ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi dans l’exercice de leur fonction. «Il faut comprendre que la mobilité fonctionnelle des magistrats répond à la fois à un besoin de justice et d’équité dans la gestion de leur carrière. Il est donc nécessaire de trouver un équilibre permettant de préserver à la fois le principe de l’inamovibilité et le besoin d’une gestion juste des ressources humaines de la justice.
S’agissant des magistrats du parquet, ils sont sous l’autorité du ministre de la Justice», avance-t-elle. Il est donc normal, ajoute-t-elle, «qu’un gouvernement qui porte une politique pénale, qui la défend devant la représentation nationale, puisse l’appliquer, sous la direction du ministre de la Justice, par l’organe des Procureurs généraux. Pour autant, l’existence d’un lien entre le ministère public et le ministère de la Justice suppos-et-elle forcément une accointance avec le pouvoir politique ? Ce serait à l’évidence faire peu de cas du professionnalisme des magistrats, notamment ceux du parquet».
Selon toujours, la représentante du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, «depuis son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal s’est évertué à consacrer dans ses textes constitutionnels et législatifs la séparation des pouvoirs et à garantir l’indépendance du pouvoir judicaire. La Constitution du Sénégal dispose, dans son article que le pouvoir judicaire est indépendant du pouvoir législatif et exécutif».
Selon toujours le secrétaire général du ministère de la Justice, la justice contient les garanties intrinsèques de nature à permettre à tout magistrat qui le souhaite d’assumer son indépendance. Elle ajoute, par ailleurs, qu’elle est avant tout une question de responsabilité individuelle. «Il faut éviter de faire avec les lois ce qu’on peut faire avec les mœurs», peste-t-elle.
En la matière, renchérit, Aïssa Gassama Tall, le Sénégal est allé plus loin que beaucoup de vieilles démocraties en consacrant un pouvoir judiciaire. Selon elle, «ce lien, souvent présenté de façon caricaturale, mériterait d’être mieux compris eu égard notamment à l’option prise depuis un certain temps consistant pour la chancellerie à ne pas agresser des institutions individuelles du ministère public». Elle conclut en soutenant qu’il n’est pas compréhensible d’accorder aux magistrats le droit de se syndiquer et de faire une grève.
A l’en croire, la volonté du gouvernement est de consolider l’indépendance de la Justice et de renforcer la transparence dans le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature.