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25 juin 2025
par Abdourahmane Sarr
LIBERTÉ POLITIQUE OUI, LIBERTÉ ÉCONOMIQUE SURTOUT
Notre manque de liberté économique peut être corrélé à notre pauvreté. Cela devrait au moins nous amener à nous poser des questions sur nos options. Tout n'est pas que politique et démocratie
Les Sénégalais s'émeuvent de la régression d'un point sur l'indice de Freedom House (www.freedomhouse.org) qui a changé la représentation du pays du vert (libre, score de 71) à la couleur jaune (partiellement libre, score de 70), mais nous demeurons dans le peloton de tête des pays libres sur le plan de la démocratie. Nous sommes cependant en queue de peloton quand il s'agit de l'indice de liberté économique de Heritage Foundation (www.heritage.org). Les baisses de score sur cet indice ne dérangent personne surtout si on se compare aux performances de la Côte d'Ivoire qui s'aligne désormais sur la moyenne mondiale alors que nous avons régressé depuis l’alternance de 2000 en dessous alors que nous étions bien au-dessus.
L'indice de liberté économique évalue l’État de droit qui protège la propriété privée, l’efficacité réglementaire qui facilite les affaires notamment le marché du travail, la taille de l’État et le fardeau fiscal qui politisent l’allocation des ressources, l’ouverture des marchés qui facilite les échanges et la concurrence notamment à travers l’inclusion financière et le développement des marchés financiers. Notre libéralisme semble donc s’être arrêté au niveau politique. Notre manque de liberté économique peut être corrélé à notre pauvreté si on nous compare au monde. Les pays ayant les meilleurs scores dans l’indice de liberté économique sont également les pays les plus riches du monde, y compris émergents. Cette corrélation devrait au moins nous amener à nous poser des questions sur nos options. Tout n'est pas politique et démocratie seulement.
Le Sénégal est un paradoxe où règne la confusion. Avant l’alternance de 2000, nous étions sur une lancée de libéralisme économique après avoir constaté l’échec de toutes les variantes essayées du socialisme. En 1999, après la période des ajustements et la libéralisation, nous étions au même score que la moyenne européenne sur l’indice de liberté économique (60.6) et au-dessus de la moyenne mondiale (57.6). Une période de libéralisme économique allait alors s'ouvrir dans la durée suite à la dévaluation qui avait donné un second souffle à notre économie. Le peuple était cependant déjà à bout de souffle, et n’étant pas toujours au fait des enjeux, a réalisé l’alternance pour faire renaître l’espoir. Notre démocratie en est sortie renforcée. La direction du pays avait cependant déjà changé et devait être maintenue avec des réformes notamment monétaires qui étaient déjà dans les tiroirs d’après les protagonistes de l’époque. Ceci devait se faire dans le cadre d’une gestion budgétaire et d’endettement saine pour le bénéfice des populations. Ça n’a pas été le cas.
Nous sommes supposés être dirigés depuis 2000 par des libéraux qui se disent du libéralisme social et qui nous ont fait régresser dans tous les principaux domaines des libertés pour nous aligner sur la moyenne africaine (55.7) de l’indice de liberté économique. Nous sommes désormais en dessous des moyennes mondiales (61.6) et des pays d'Asie (60.2) plus libres qu’en 2000 alors que nous étions au-dessus en 2000. La Côte d’Ivoire, l'autre locomotive de l'UEMOA, semble prendre le chemin contraire (50.2 en 1999) se hissant bien au-dessus de la moyenne africaine pour se situer à la moyenne mondiale (61.6) en 2021. Tous ces signaux sont désormais au vert pour une renaissance suite à des législatives inclusives et des indicateurs macroéconomiques (dette surtout et déficit) meilleurs que les nôtres malgré la Covid. Il lui reste à mieux s'occuper de sa population et prendre le leadership de la réforme monétaire nécessaire. Une croissance élevée, une volonté de redistribution, et des infrastructures par l’endettement en devises ne sont pas synonymes de bonne gestion. Nous en payons les pots cassés.
Librement.
L'ÉTAT LANCE UN CONCOURS INTERNATIONAL POUR UN PARC URBAIN À DAKAR
Les ministères de l'Urbanisme et de l'Environnement ont installé mercredi le jury de 17 membres, qui supervisera le concours pour l'aménagement du "parc forestier urbain de Dakar-Yoff" et sélectionnera les meilleures oeuvres à soumettre aux autorités
Le gouvernement sénégalais a indiqué mercredi lancer un concours international pour la réalisation d'un parc urbain dans une capitale trop cruellement dépourvue d'espaces verts pour atténuer les effets d'une urbanisation galopante.Le président Macky Sall a ordonné en juillet 2020 de réserver 10 hectares, sur les 600 que compte l'ancien aéroport de Dakar en cours de réaffectation, à la création d'un tel parc. C'est beaucoup trop peu, disent ceux qui aspirent à plus d'oxygène dans la capitale mangée par le béton. Les ministères de l'Urbanisme et de l'Environnement ont installé mercredi le jury de 17 membres, qui supervisera le concours pour l'aménagement du "parc forestier urbain de Dakar-Yoff" et sélectionnera les meilleures oeuvres à soumettre à la décision des autorités, dit un communiqué ministériel. Le projet proposera un "aménagement paysager durable" et la création de "nouveaux équipements structurants de sport, de loisirs, d'éducation et de service".L e vainqueur sera choisi en fonction de son originalité, de son esthétique, de son insertion dans le paysage urbain et de son coût. Le communiqué ne précise aucune échéance.
Métropole de plus de 3,5 millions d'habitants, soit près du quart des plus de 16 millions de ce pays pauvre, Dakar, en constante expansion, n'abrite que de rares espaces verts que lorgnent des promoteurs immobiliers à l'appétit féroce. Les Dakarois disposent des côtes de l'Atlantique, mais celles-ci sont en voie de bétonisation et de privatisation, et l'accès y est de plus en plus restreint. Autrefois appelée Cap-Vert en raison de la luxuriance de sa végétation, la presqu'île et ses alentours sont de plus en plus congestionnés et pollués.
Les 600 hectares de l'aéroport Léopold-Sédar-Senghor représentent une rare trouée dans le tissu urbain. Reconverti en aérodrome militaire depuis la mise en service fin 2017 d'une nouvelle infrastructure à une cinquantaine de km de Dakar, le lieu est sous-exploité et en voie de réassignation. Cette réserve de terrains avait donné à un collectif l'idée de transformer le site en Central Park local, en référence au parc qui s'étend sur plus de 300 hectares à New York. Le collectif avait recueilli des milliers de signatures et signifié sa déconvenue devant les dimensions retenues par la présidence, équivalant à une vingtaine de terrains de football.
LA PRESSE PRISE ENTRE DEUX FEUX
Les journalistes exerçant au Sénégal disent avoir rarement connu autant de tentatives d'intimidation que depuis le début de l'affaire Sonko et les troubles qu'elle a déclenchés
Les défenseurs de la presse ont dénoncé les atteintes commises selon eux par le pouvoir pour contenir la contestation.Mais la pression est aussi venue de l'autre bord, celui des sympathisants d'Ousmane Sonko, surtout après la diffusion d'une interview de celle qui l'accuse de l'avoir violée à plusieurs reprises, rapporte la profession.
Mamadou Cissé, journaliste de la chaîne Leral, raconte qu'après la diffusion de cette interview, il a "reçu des insultes et des menaces de mort à partir de numéros sénégalais et européens". "Leurs auteurs nous accusent d'être des vendus et la honte du peuple", assure-t-il.
La presse est le réceptacle des passions qu'a déchaînées la plainte déposée début février par une jeune masseuse d'un salon de beauté de Dakar contre Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall.
M. Sonko, 46 ans, réfute catégoriquement les accusations de la masseuse et dénonce un "complot" ourdi pour l'écarter de la présidentielle de 2024.
L'affaire, à la confluence de la politique, du sexe et de la justice, a enflammé les esprits, dans un contexte d'exaspération face aux restrictions justifiées par la pandémie de Covid-19.
L'arrestation de M. Sonko le 3 mars a provoqué des émeutes telles que le Sénégal n'en avait pas connu depuis des années.La presse a rapporté au plus près les heurts entre jeunes et policiers dans la rue.Trop près, au goût des autorités.
- "Corrompus" -
Le Sénégal occupe une honorable 47e place sur 180 au classement mondial de Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse.
Le préfet de Dakar a pourtant été enregistré ordonnant à ses troupes de disperser au gaz lacrymogène les journalistes en même temps que les manifestants sur le chemin du tribunal emprunté par M. Sonko.Son souci, dit-il, était de libérer la voie publique.
Le gendarme de l'audiovisuel a suspendu pendant trois jours le signal de deux télévisions privées jugées coupables d'avoir diffusé "en boucle des images de violence". Et les réseaux sociaux ont rapporté des perturbations sur internet évoquant celles observées dans de nombreux pays à l'initiative des gouvernants en période de crise.
En retour, des manifestants ont attaqué dans la capitale les sièges de la radio et du quotidien du Groupe Futurs médias (GFM) du chanteur Youssou Ndour et du quotidien Le Soleil, considérés comme proches du gouvernement.
Après plusieurs jours de confrontation, le pouvoir et la société civile se sont employés à la désescalade.
Mais les ardeurs se sont à nouveau excitées la semaine passée quand la masseuse, Adji Sarr, âgée d'une vingtaine d'années, est sortie de son silence pour accorder un entretien à quelques médias et y déclarer qu'elle était enceinte des oeuvres de M. Sonko.
"On a reçu beaucoup de menaces de morts et d'insultes sur les réseaux sociaux.Ils nous accusent d'être corrompus et de ne pas épouser la thèse du complot" qui viserait M. Sonko, affirme Mamadou Diouf, journaliste au site d'informations Dakaractu.
- L'appel de Sonko -
Pour protéger ses journalistes, Dakaractu a renforcé la sécurité de ses locaux et ne signe plus les papiers publiés sur le site, dit-il.
De telles intimidations de la part d'un parti d'opposition ou de ses sympathisants est "une première", dit le journaliste Issa Sall, grande figure de la presse sénégalaise."Avant, les menaces étaient plus subtiles ou, mieux: c'était de la diatribe d'intellectuels", dit-il.
Au-delà de la presse, l'affaire a causé ce que le défenseur reconnu des droits humains Alioune Tine qualifie de "grand malaise", face à l'éventualité que le corps de la femme soit instrumentalisé à des fins politiques ou au contraire qu'une plainte pour viols puisse ne pas être instruite. Dans un climat envenimé, différents interlocuteurs avouent à l'AFP leur réticence à s'exprimer ouvertement sur l'affaire.
En visite vendredi dans des locaux du groupe de Youssou Ndour, Ousmane Sonko s'est démarqué d'une telle violence et en a appelé les auteurs à laisser la presse "exercer librement son travail".
"Ce sont des pratiques que nous dénonçons. Les groupes de presse ne peuvent pas être nos adversaires", a-t-il dit.
par Demba Moussa Dembélé
MACKY SALL FACE AU MÉCONTENTEMENT DE LA JEUNESSE
Comment peut-on croire que le président et son régime vont réussir en 3 ans là où ils ont échoué pendant 9 ans malgré un environnement national et international extrêmement favorable ?
Dans son édition du 9 mars, le quotidien gouvernemental, Le Soleil, barrait à sa Une « Je vous ai compris », en référence au discours du président Macky Sall, la veille. Un discours qui s’adressait plus particulièrement à la jeunesse du pays.« J’ai vu nombre d’entre vous sortir dans la rue pour exprimer la colère de votre mal-vivre, parce que vous n’avez pas d’emplois, parce que vous aspirez à un avenir meilleur… », a-t-il notamment dit.
Neuf ans et des centaines de morts pour … « comprendre » !
Ainsi, il aura fallu neuf ans de tâtonnements, d’échecs et des centaines de morts en mer, dans le désert du Sahara et d’autres fauchés en plein jour par les balles assassines de ses forces de l’ordre pour que Macky Sall dise enfin « comprendre » le malaise profond dont souffrent les jeunes du pays ! Neuf ans qu’il a consacrés plus à des manœuvres politiciennes pour emprisonner et écarter des adversaires et à « réduire l’opposition à sa plus simple expression » plutôt qu’à essayer de réduire le chômage des jeunes et améliorer leurs conditions de vie. Il aura surtout fallu des émeutes sanglantes dans la capitale et dans d’autres grandes villes, avec la mort de plusieurs jeunes à la fleur de l’âge pour qu’il avoue avoir décrypté leur message.
Mais ce n’est pas évident que ce soit le cas. En réalité, le vrai problème est que le gouvernement n’a jamais su par quel bout prendre la question de l’emploi des jeunes. Un conseiller de l’ancien Premier ministre, Boun Abdallah Dione, l’avait avoué en disant que « la question de l’emploi des jeunes est une bombe à retardement ». Cette remarque traduisait l’impuissance du gouvernement à proposer une politique cohérente sur ce problème crucial. Et la « bombe à retardement » a fini par éclater, avec une force qui a ébranlé Macky Sall et son régime !
Encore des promesses non tenues ?
Les promesses en cours risquent de rejoindre celles déjà faites au cours de neuf ans de pouvoir, dont la plupart n’ont jamais été tenues. En arrivant au pouvoir en 2012, Macky Sall avait fait plein de promesses pour changer « la gouvernance » du pays pour une meilleure gestion de ses ressources. A l’endroit des jeunes, il avait promis de créer 500.000 emplois durant son premier mandat. Au terme de celui-ci, lui-même avait reconnu son échec, avec 491.000 emplois créés en 7 ans, selon les chiffres officiels. Pour rectifier le tir, il avait décidé de placer son prochain mandat sous le thème de l’emploi des jeunes. Il avait décrété l’année 2019 comme « année sociale », en créant la DER, dotée de 30 milliards pour y contribuer.
Mais hélas, tous les programmes créés en direction de la jeunesse n’ont pas servi à grand-chose. Et la plupart des promesses qui étaient faites n’ont pas été honorées. L’une des illustrations les plus dramatiques de cet échec, ce sont bien sûr les tentatives désespérées de plusieurs centaines de jeunes pour gagner les côtes espagnoles avec des pirogues de fortune à la recherche d’un eldorado inexistant. Tentatives qui se sont parfois terminées par de nombreuses pertes en vies humaines, dans l’indifférence du pouvoir.
Après sa réélection en février 2019, Macky Sall avait promis de créer…un million d’emplois en 5 ans ! Promesse qui avait été accueillie par un scepticisme général. Car, on ne voit pas comment quelqu’un qui n’avait pas pu créer 500.000 emplois en 7 ans pourrait en créer le double en 5 ans ! Et l’explosion sociale qui a tiré Macky Sall de sa torpeur vient peut-être lui rappeler que cette promesse n’a apparemment pas encore connu un début d’exécution !
La quadrature du cercle
Le président Macky Sall dit avoir « compris » la profondeur du désarroi des jeunes, mais a-t-il les moyens et surtout la volonté de rectifier les erreurs, pour ne pas dire les errements, du passé pour enfin s’engager dans la bonne voie ? Il est permis d’en douter. En effet, il y a fort à parier que quand l’émotion et la peur se seront estompées, on va retomber dans la routine quotidienne. Les habitudes ont la vie dure. On ne les change pas du jour au lendemain
Mais il y a surtout que le contexte national et international ne permet pas à Macky Sall de réaliser ses promesses à l’égard des jeunes. Après les évènements récents, le Sénégal ne sera plus le même. Il y a un sentiment diffus que les choses ne peuvent plus être comme avant. Et surtout sur le plan politique. Macky Sall sait maintenant qu’il a en face de lui un peuple, en particulier sa jeunesse, qui n’a pas peur de ses gendarmes et policiers. En quatre jours, une dizaine d’entre eux ont perdu la vie, fauchés par les balles de ses forces de l’ordre. Cela a terni à jamais l’image son régime, quoiqu’il fasse ou dise. A cette situation politique nouvelle s’ajoute une situation économique catastrophique, caractérisée par un chômage de masse, l’explosion de la pauvreté et la précarité sociale croissante dans tout le pays.
Les conséquences économiques et sociales du Covid-19 se traduisent en dizaines de milliers d’emplois perdus, en centaines de milliers de personnes - au moins deux millions - dans la pauvreté. De 6,5% de taux de croissance en moyenne depuis plusieurs années, selon les chiffres officiels, on est tombé à 1% ou moins. A cela s’ajoute un contexte économique mondial tout aussi mauvais, sinon pire. Ce tableau est davantage assombri par la perception du Sénégal par les bailleurs, qui a été profondément changée par les émeutes. L’ancien Premier ministre, Dione, disait dans une émission récente que les marchés financiers ont commencé à « sanctionner le Sénégal » en portant de 5 à 7% le taux d’intérêt sur sa dette commerciale !
Dans un tel contexte national et international défavorable, comment peut-on croire que Macky Sall et son régime vont réussir en 3 ans là où ils ont échoué pendant 9 ans, alors qu’ils bénéficiaient d’un environnement national et international extrêmement favorable ? Certes, il a promis 350 milliards de francs CFA pour le financement de projets destinés aux jeunes. Il a donné des directives à ses ministres pour la mise en œuvre de son programme. Les responsables du parti présidentiel essaient de sonner la mobilisation pour accompagner le président dans sa nouvelle croisade contre le chômage des jeunes. Mais le volontarisme politique et les incantations ne suffisent pas à faire face à un tel problème en si peu de temps. Ce ne sont pas des conseils présidentiels ou interministériels ni la mobilisation des conseils municipaux et départementaux qui vont produire des solutions miracles. Ce n’est pas dans la précipitation, surtout le dos au mur, que l’on pourra trouver des réponses au problème lancinant du chômage des jeunes. En vérité, sa marge de manœuvre est très étroite, pour ne pas dire inexistante.
Alors, par où la sortie « honorable »?
Par-delà le problème de l’emploi des jeunes, Macky Sall est confronté à une fin de règne compliquée, qu’il n’avait sans doute pas imaginée avant l’explosion sociale récente. Son régime est au pied du mur, avec une image écornée sur le plan international et un peuple qui n’a plus peur de ses forces de l’ordre. Alors, comment finir « honorablement » les trois ans qui lui restent ?
Sur le plan politique :
Mettre fin au complot contre l’honorable député Ousmane Sonko, dont la sortie médiatisée de la dame Adji Sarr n’a fait que confirmer la véracité. L’opinion, dans son écrasante majorité, est définitivement convaincue que cette histoire relève d’une machination répugnante de personnes liées au régime contre l’honorable député. Si le président Macky Sall dit ne pas être derrière ce complot, il le sait maintenant et peut y mettre fin au nom de « l’apaisement » qu’il appelle de ses vœux
Une manière de mettre fin au complot contre Ousmane Sonko est d’essayer de restaurer l’Etat de droit qui n’existe plus depuis belle lurette. Et les déclarations irresponsables de son ministre de la Justice ne font que le confirmer. La restauration de l’Etat de droit passe par redonner à la Justice son indépendance afin qu’elle redore son image ternie auprès de l’opinion
Cette restauration passe également par le respect des libertés publiques si chèrement acquises, liberté d’expression, de manifestation, de réunion, etc. Des libertés qui ont été mises à mal depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir
L’apaisement passe aussi par la libération sans délai et sans conditions de tous les otages politiques, à commencer par Guy Marius Sagna et ses camarades de FRAPP, ainsi que les leaders et militants de Pastef. Amnistier Khalifa Sall et Karim Wade afin qu’ils retrouvent leurs pleins droits civiques.
Se débarrasser de la racaille de flagorneurs autour de lui qui ne cherchent qu’à sauver leurs privilèges en lui cachant la vérité sur la situation réelle du pays.
Surtout se débarrasser de cette armée de mercenaires de toute nature, qui eux aussi essaient de sauver leurs postes et privilèges, tout en cherchant à entraîner le président dans un engrenage dont il sera seul comptable des conséquences qui en résulteront.
Sur le plan économique :
Réduire de manière drastique le train de vie de l’État, sur plusieurs fronts ;
Rationnaliser les dépenses au niveau de la présidence de la République, en se délestant des Conseillers et autres aides inutiles ;
Limiter les déplacements du président et des ministres à l’étranger, qui coûtent cher et ne rapportent rien ou très peu au pays. Surtout, éviter les voyages de complaisance pour répondre à des invitations sans intérêt, sinon pour rehausser l’image personnelle du président ;
Réduire la taille du gouvernement de moitié ainsi que les privilèges attachés à la fonction ministérielle ;
Mais surtout, dissoudre sans délai le CESE, le HCTT, le Haut conseil du dialogue social et tous les conseils similaires qui ne servent à rien, sinon à caser des amis et soutiens politiques. D’autant plus que Macky Sall a vu que ces soutiens ne lui sont d’aucun secours quand les choses tournent mal. Il a dû se rendre compte que le « thiof » qu’il avait pêché à grand renfort de publicité, il y a quelques mois, n’a pas été à la hauteur de ses attentes. L’offre de « médiation » de ce dernier pendant la crise a été reçue dans l’indifférence générale, pour ne pas dire traitée par le mépris ! Que dire alors des « yaboye » dont les têtes commencent à pourrir.
Le régime de Macky Sall est à la croisée des chemins pour les 3 ans qui lui restent. Mais il n’est pas sûr que le président et ses alliés aient réellement « compris » le message envoyé par la jeunesse du pays. Déjà, on entend des appels à la revanche et on lit des communiqués musclés qui passent à côté du vrai problème posé par les jeunes. Il ne semble pas que le président et son régime soient prêts à amorcer les ruptures qui sont indispensables et salvatrices. Apparemment, ce régime n’a ni l’audace ni l’imagination permettant de prendre de la hauteur et des décisions courageuses qui soient dans l’intérêt supérieur du pays. Une fois encore, après la tempête, les intérêts de clan risquent de prendre le dessus sur ceux de la Nation.
Demba Moussa Dembélé est économiste.
LIBERTÉ PROVISOIRE POUR GUY MARIUS SAGNA, ASSANE DIOUF ET CLÉDOR SÈNE
Tous les trois avaient été placés sous mandat de dépôt en fin février pour ’’association de malfaiteurs, provocation aux crimes et délits mais aussi organisation d’un mouvement insurrectionnel’’.
Dakar, 24 mars (APS) – Le Coordonnateur de Front pour une révolution anti-impérialiste populaire (Frappe/France Dégage), Guy Marius Sagna, a obtenu, mercredi, la liberté provisoire, mesure dont ont bénéficié également Assane Diouf et Clédor Sène, a-t-on appris de différentes sources médiatiques.
Tous les trois avaient été placés sous mandat de dépôt en fin février pour ’’association de malfaiteurs, provocation aux crimes et délits mais aussi organisation d’un mouvement insurrectionnel’’.
Leur arrestation était survenu dans le contexte de tension qui avait prévalu après l’éclatement de l’affaire Ousmane Sonko, du nom de l’opposant placé depuis sous contrôle judicaire dans le cadre de l’instruction d’une affaire de ’’viols’’ et de ’’menaces de mort’’.
L’accusatrice du leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité est une jeune femme travaillant dans un salon de massage et de beauté de Dakar.
43 PÊCHEURS SONT MORTS OU DISPARUS EN MER DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE
Le directeur adjoint de la Protection et de la Surveillance a annoncé un bilan assez lourd relatif aux accidents survenus en mer
Les chiffres sont alarmants et font froid dans le dos. Le directeur adjoint de la Protection et de la Surveillance a annoncé un bilan assez lourd relatif aux accidents survenus en mer. Selon Adama Faye, du 1er janvier au 23 mars 2021, 43 pêcheurs ont péri en mer sur toute la côte sénégalaise. « Nous avons 29 accidents cette année et 43 pêcheurs ont été portés disparus ou morts en mer », a révélé Adama Faye. Qui, dans le même sillage, a indiqué que, pendant ce temps, il y a des pêcheurs qui ont été sauvés. « 167 personnes ont été assistées ou secourues en mer par le truchement de la marine nationale », dit-il.
En effet, le directeur de la Protection et de la Surveillance maritime a fait savoir que le bilan de l’année dernière était moins catastrophique. Car, se souvient-il : « On avait récapitulé 17 accidents avec un total de 26 personnes mortes ou portées disparues pour la même période et 86 personnes ont été secourues pour la même période ». A l’en croire pour l’année 2020, ils ont enregistré 88 accidents occasionnant 102 pertes en vies humaines et 500 personnes ont été secourues au cours de ces accidents. S’agissant des mesures qui ont été prises pour arrêter ce phénomène, il signale qu’« au niveau de ce premier trimestre, nous avons, avec l’appui de l’Anacim, recensé 29 campagnes de sensibilisation avec 42 375 SMS qui ont été envoyés aux communautés de pêcheurs et 28 220 messages vocaux qui ont été envoyés aux communautés de pêcheurs. »
OUSMANE SONKO EST DISQUALIFIÉ POUR LA PROCHAINE PRÉSIDENTIELLE
Yankhoba Diattara, a déclaré mercredi que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, « n’a plus la légitimité morale et politique » de briguer le suffrage des Sénégalais
Yankhoba Diattara, a déclaré mercredi que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, « n’a plus la légitimité morale et politique » de briguer le suffrage des Sénégalais. En plus clair, le deuxième vice-président du parti « Rewmi » estime que le député de l’opposition est « disqualifié » pour la prochaine élection présidentielle. « Sur le plan politique, nous estimons qu’il est disqualifié pour la présidentielle de 2024 d’autant plus qu’en tant que leader, qui se dit avoir des ambitions pour son pays, être à ce niveau de fréquentation de lieu non recommandé jusqu’à être accusé de viols et de menaces de mort sur une fille de 20 ans. Nous estimons qu’il n’a plus la légitimité politique et morale pour faire face aux Sénégalais et demander leurs suffrages », a-t-il indiqué sur les ondes de la Rfm.
Le responsable « Rewmiste » accuse Ousmane Sonko d’être « le seul responsable de tous les dommages humains et matériels » qui ont découlé des récentes manifestations. « Il a appelé à une mobilisation, il a appelé à faire face, il a même appelé à un combat de la mort. De ce point de vue, il a appelé à une insurrection, à une émeute. Donc, toutes les conséquences sont de sa responsabilité. Il doit y répondre et les assumer », a ajouté M. Diattara.
LA TUBERCULOSE, L'AUTRE TUEUSE SILENCIEUSE
Si le Covid-19 tue, la tuberculose n’est pas en reste ! En 2020, 420 patients tuberculeux sont décédés dans notre pays où on enregistre chaque année 117 nouveaux cas par tranche de 100 000 habitants
Hélas, ce n’est pas seulement le coronavirus qui tue dans notre pays ! D’autres maladies comme le paludisme et la tuberculose déciment en silence nos compatriotes sans bénéficier malheureusement de la même attention de la part des autorités. Pendant que des moyens prodigieux sont déployés pour contenir voire vaincre le covid-19, on apprend que le Sénégal a enregistré 12 808 nouveaux cas de tuberculose en 2020 contre 14 000 en 2019. Soit environ 2000 patients perdus de vue durant la période indiquée. Surtout, cette maladie a fait 420 morts rien que durant l’année 2020. Le ministère de la Santé loue les efforts de l’Etat surtout concernant la gratuité de la prise en charge des tuberculeux, mais invite à aller chercher le tiers manquant. Le directeur de la Maladie au ministère de la Santé, Dr Babacar Guèye, pense qu’il faudrait aujourd’hui une approche multisectorielle avec l’implication des ministères de la Jeunesse, de l’Education, des Forces armées…pour arriver à éliminer la tuberculose d’ici 2035.
Si le Covid-19 tue, la tuberculose n’est pas en reste ! En 2020, 420 patients tuberculeux sont décédés dans notre pays où on enregistre chaque année 117 nouveaux cas par tranche de 100 000 habitants. Sur un nombre total de 12 808 nouveaux cas de tuberculose dépistés en 2020, contre 14 000 en 2019, les autorités sanitaires déplorent le nombre important de malades « perdus de vue ».
Autrement dit, il y a environ 2000 malades qui n’ont pas pu terminer leur suivi médical du fait de plusieurs circonstances, dont principalement la pandémie de Covid-19, selon le coordonnateur du Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnlt), Dr Bernard Gning.
Faisant l’analyse du taux ou du nombre de personnes dépistées au cours de l’année 2020, le Dr Gning informe que l’incidence de la maladie se situe toujours à 117 pour 100 000 habitants. « Cela veut dire que le Sénégal attend chaque année 117 nouveaux cas de tuberculose par tranche de 100 000 habitants. Parmi les cas dépistés, nous en avons malheureusement perdu un total de 420 décès sur l’année 2020. Ce qui correspond à une létalité de 17 décès pour 100 000 habitants », a expliqué le coordonnateur du Pnlt.
La communauté internationale invite à l’élimination de la tuberculose d’ici 2035. Avant cette date butoir, le coordonnateur du Pnt voudrait qu’on situe d’abord la période 2025 dans cette stratégie destinée à mettre fin à la pathologie pour évaluer les résultats obtenus. Selon Dr Gning, trois indicateurs vont permettre de faire cette évaluation. Il s’agira d’abord de savoir si l’incidence de la tuberculose sera réduite de 50 % dans le monde, si le nombre de décès dus à la maladie sera réduit de 75 % ou si, en 2025, on pourra dire avec certitude que plus aucune famille n’est en train de supporter les coûts catastrophiques liés à la tuberculose. D’après les autorités, le Sénégal semble être sur la bonne voie avec les efforts remarquables de l’Etat qui a mis en place un dispositif de diagnostic et de traitement sur toute l’étendue du territoire national. Un dispositif qui va du « ticket d’entrée » au « reçu de sortie » du malade.
Autrement dit, de l’outil de diagnostic au contrôle de fin de traitement. Les autorités ont notamment mis en place des laboratoires. « C’est par le laboratoire qu’on entre dans le programme pour poser le diagnostic et dire que tel malade a une telle pathologie. C’est aussi par le laboratoire qu’on en sort. Le labo qui pose le diagnostic et qui, à travers un contrôle de fin de traitement, vous dit que n’avez plus la maladie et que vous êtes guéris », a indiqué l’adjoint au responsable du laboratoire au Pnt, Dr Pape Amadou L. Guèye.
Pour illustrer les efforts de l’Etat dans la lutte contre la maladie, Dr Babacar Guèye a parlé de logistique. De 45, informe-t-il, le nombre d’appareils qui permettent la détection de la tuberculose est passé à 131 au niveau des différents districts sanitaires. Rien que pour le « GeneXpert » dont l’utilisation est recommandée au Sénégal, il n’y a pas moins de 47 appareils qui aident le personnel de santé pour un meilleur diagnostic de cette maladie. « Mais d’autres maladies comme le Vih et le cancer du col de l’utérus », a tenu à préciser le directeur de la Maladie tout en se félicitant des efforts consentis par l’Etat pour rendre disponibles les médicaments pour tuberculeux. L’Etat qui, avec l’appui du Fonds mondial, a pu dégager une enveloppe de 500 millions de francs pour améliorer la disponibilité de ces produits.
En plus de la détection, le traitement de la tuberculose est totalement gratuit dans notre pays aujourd’hui. « Ce qui peut expliquer les 91 % du taux de succès du traitement, si nous enlevons les décès du nombre de malades dépistés », s’est félicité Dr Bernard Gning. Parlant des perspectives, il annonce que l’Etat vient d’acquérir des plateformes technologiques permettant le diagnostic très précoce de la maladie. C’est-à-dire avant même l’apparition des signes physiques. Ce qui est important, à ses yeux. « Car qui dit diagnostic précoce, dit traitement précoce, et un meilleur taux de guérison pour moins de tuberculose au Sénégal, moins de contamination et moins de transmission de la maladie au sein des communautés » se félicite le coordonnateur national du Pnlt. Donc, beaucoup plus d’espoir d’éliminer la tuberculose à l’horizon 2035 !
En évoquant cette probabilité, le directeur de la Maladie, Dr Babacar Guèye, pense qu’il faudrait une approche multisectorielle dans un cadre impliquant les ministères de la Jeunesse, des Transports, de l’Education, des Forces armées entre autres pour arriver à atteindre cet objectif d’élimination de la tuberculose.
L’objectif majeur, c’est, selon Dr Babacar Guèye, la multi-sectorialité avec l’effectivité dans les différents secteurs concernés. Par-dessus tout, il estime qu’il faut aller chercher le « tiers manquant » et aussi aller identifier les cas de tuberculose qui sont dans la nature et qui ne sont pas connus. Ce, à travers surtout l’implication communautaire pour pouvoir espérer être au rendez-vous de 2035. C’est également l’avis de Mandiaye Ndiaye. Ce responsable de la formation au Programme national de lutte contre la Tuberculose (Pnt) pense qu’il est bon que la sensibilisation soit élargie, maintenue et intensifiée pour que, dit-il, au niveau des communautés surtout, que tout un chacun puisse être un relais pour « nous » permettre de toucher le maximum de populations.
Mandiaye Ndiaye souhaite aussi que les populations s’y mettent assez tôt et se rendent au niveau des structures de santé d’autant que la moitié d’entre elles ont déjà des notions claires sur la tuberculose d’après une enquête menée dans ce sens. Cela dit, une bonne partie de nos compatriotes n’est toujours pas très avertie par rapport à la maladie. Ce, au moment où « l’horloge tourne » ! D’où le temps de l’action pour mettre fin à la tuberculose d’ici 2035. « C’est un excellent élément de contexte. Parce que qui parle d’horloge, parle de temps et de durée », dixit le coordonnateur du programme contre la tuberculose.
A l’en croire, il s’agira non seulement de mettre à profit la journée mondiale dédiée à cette maladie, ce 24 mars, pour informer et sensibiliser encore la population sur la présence de la tuberculose au Sénégal mais aussi rappeler les efforts du Sénégal dans la mise en place de plateforme de diagnostic rapide et la gratuité du traitement et des médicaments. Sans compter la prise en charge sociale de certains malades par rapport au remboursement du transport et aussi l’appui nutritionnel chez une autre catégorie de tuberculeux.
L’UNESCO VEUT FAVORISER LA MISE EN PLACE D’UN RESEAU DE FACT–CHECKERS EN AFRIQUE DE L’OUEST
De manière générale, plusieurs médias en Afrique de l’Ouest ne disposent quasiment pas de journalistes spécialisés sur les questions scientifiques. Et la majorité des médias ne sont pas engagés dans l’exercice de fact-checking (Ndlr, vérification des fait
Etienne NDIAYE (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 24/03/2021
De manière générale, plusieurs médias en Afrique de l’Ouest ne disposent quasiment pas de journalistes spécialisés sur les questions scientifiques. Et la majorité des médias ne sont pas engagés dans l’exercice de fact-checking (Ndlr, vérification des faits). Conséquence, les éléments de désinformation et de mésinformation circulent avec des conséquences inestimables au sein des populations. Dans le même temps, les citoyens et les acteurs de la société ne disposent pas des compétences relatives à la maitrise des médias et de l’information pour se prémunir et faire face au déferlement de la désinformation. Face à ce phénomène, l’UNESCO, avec l’appui de l’Union Européenne, a développé et met en œuvre dans plusieurs pays le projet « CoronavirusFacts : Addressing the ‘Disinfodemic’on Covid -19 in conflict –prone environments ».
Ainsi pour renforcer la résilience des populations contre la désinformation sur la pandémie de Covid - 19 et contribuer à la réalisation de l’ODD 16 en favorisant l’accès de la population à l’information crédible et fiable sur la Covid -19, l’Unesco, avec ses partenaires dont l’Union Européenne, l’OMS, le Réseau International des Factcheckers (IFCN), l’ONG FAMEDEV et l’URAC/RIF, a organisé à Saly un atelier de deux jours à l’intention d’une trentaine de journalistes issus de sept (7) pays francophones de l’Afrique de l’Ouest.
La réunion de Saly vise d’une part à soutenir la mise en place d’un réseau régional de Factcheckers, et d’autre part, de procéder au lancement d’un manuel sur la couverture de l’information en période de pandémie. Plus spécifiquement, il s’agira de définir les mécanismes pour la constitution d’un réseau francophone de fact-checkers en Afrique de l’Ouest ; d’engager les médias dans l’adoption des mesures efficaces pour une meilleure résilience et un meilleur traitement de l’information en période d’épidémie ou de pandémie. Et enfin, renforcer les capacités des journalistes à débusquer la désinformation sur les vaccins et la vaccination contre le Covid -19. Venu présider l’ouverture de cet atelier, le directeur de la Communication au ministère de la Culture et de la Communication, a relevé l’ « urgence et la nécessité de recentrer » le traitement des questions d’utilité publique, estimant que le monopole de l’information et de la communication n’appartient plus aux médias traditionnels. « Aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 nous a montré la nécessité et l’urgence pour les médias de recentrer le traitement de toutes les questions qui concernent nos populations », a dit M. Ousseynou Dieng.
Pour qui la multiplication des réseaux sociaux et des plateformes a fait en sorte que le monopole n’appartient plus aux médias traditionnels. « La question de la mésinformation, c’est-à-dire le fait de mal informer, et celle de la désinformation, qui est le fait d’informer autrement, préoccupent l’ensemble des organisations », a souligné M. Ousseynou Dieng. Que ce soit l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est en première ligne dans le traitement de la pandémie, l’UNESCO qui se bat pour un monde juste, de paix et de stabilité à travers la maîtrise de l’information, mais aussi nos Etats qui ont déployé énormément d’efforts pour arriver à bout de cette pandémie, on se rend compte malheureusement que la question de l’information devient une préoccupation majeure », s’est désolé le directeur de la Communication.
Selon lui, il appartient aux acteurs des médias, journalistes et aux autres professionnels de l’information et de la communication, de prendre cette question au sérieux et de faire en sorte que les fondamentaux du journalisme soient strictement respectés. Selon Ousseynou Dieng, en effet, les réseaux sociaux offrent à la fois des avantages mais aussi beaucoup d’inconvénients. Le conseiller régional pour la communication et l’information au Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest, Michel Kenmoe, a salué pour sa part le travail accompli par les journalistes depuis le début de la pandémie pour faire en sorte que les populations puissent avoir accès à une information « crédible et fiable ». « C’est pour garantir l’accès des populations à une information crédible et fiable, qui est un droit fondamental, que cette formation a tout son sens. Lorsque le droit à l’information est garanti, il permet à chaque être humain de pouvoir prendre des décisions sur tous les aspects de sa vie », a-t-il souligné. « Cet atelier vient à son heure parce qu’avec la prolifération des médias sociaux, beaucoup d’organes qui diffusent des informations n’utilisent pas des journalistes professionnels. Lesquels peuvent vérifier les informations ou les rumeurs avant de faire la diffusion alors que les récepteurs donnent beaucoup de crédibilité a beaucoup d’informations qui, malheureusement, sont des outils à but décisionnels et peuvent emmener des personnes à prendre des décisions qui soient contradictoires avec la véritable information. C’est en cela que nous saluons l’initiative de l’Unesco et je pense qu’elle mettra à la disposition des professionnels des médias et des journalistes des ressources permettant de pouvoir vérifier toutes les rumeurs qui circulent autour de la pandémie du Covid 19 », a relevé Médoune Seck, directeur des projets de l’ONG FAMDEV.
Face à la prévalence de la désinformation et la mésinformation, ainsi que des risques que cellesci font peser sur la santé publique et le vivre ensemble, la directrice générale de l’UNESCO a souligné que le «rôle des journalistes dans l’information du public pendant la crise actuelle est absolument crucial». Fort de ce constat, le Bureau régional Afrique de l’Ouest/ Sahel de l’organisme onusien, et l’ONG FAMDEV, ont jugé utile d’organiser un séminaire régional au profit des journalistes pour mettre en place un réseau de Factcheckers en Afrique de l’Ouest.
Par Cheikh FALL
LA REVOLTE DE LA DEMOCRATIE SILENCIEUSE
Quand la demande de démocratie et de bonne gouvernance des populations dépasse l’offre des acteurs du système administratif, les exigences citoyennes ne peuvent être comprises par les autorités
Le Sénégal jadis de tradition démocratique, un pays stable, a pendant quelques jours vacillé dans des eaux troubles. Trois jours de tensions vives, de violences inouïes et de diplomatie politique intense. C’est surtout des journées symboliques d’explosion d’une longue sédimentation de frustration, de colère, d’amertume, de vide, d’injustice et de sentiment d’ignorance.
Une «révolution juvénile» spontanée et virulente, que seuls ceux qui sont capables d’une écoute active pourraient décrypter et en tirer des leçons. Une révolution d’une démocratie silencieuse portée par une jeunesse citoyenne ayant soif d’un Etat de droit et d’une justice équitable. Quand les aspirations démocratiques dépassent les propositions politiques, cela crée un vide dont se nourrissent les frustrations populaires.
Quand la demande de démocratie et de bonne gouvernance des populations dépasse l’offre des acteurs du système administratif, les exigences citoyennes ne peuvent être comprises par les autorités. Je définis la démocratie silencieuse comme étant l’expression publique d’une partie de la population, restée longtemps aphone et qui se positionne en force de contestation pour des exigences républicaines. C’est aussi quand les forces citoyennes qui composent la Nation dépassent de loin les acteurs politiques, par rapport aux exigences démocratiques. C’est une crise de la démocratie qui nécessite une refonte des réponses systémiques.
Une centaine d’intellectuels universitaires du Sénégal l’ont qualifiée par «l’incapacité de la normativité institutionnelle à essentialiser la démocratie, la remise en cause de la fondation unitaire de l’Etat par l’atomisation du pouvoir, la justice sélective, l’organisation judiciaire de la compétition politique, l’urgence de la conservation et de la patrimonialisation du pouvoir etc.». Ces éminences grises concluent en ce sens que cette «crise du droit se prolonge en une crise de société».
#FreeSenegal, Monsieur le Président avez-vous entendu ce cri du cœur de la jeunesse ?
Un discours d’annonce d’un réajustement de la politique de jeunesse ou de réallocation de fonds supplémentaires pour l’entrepreneuriat ne constitue pas la véritable réponse à cette situation. Comprendre cette crise, c’est l’aborder hors de la bulle institutionnelle et sans oeillères partisanes. Ceux qui sont sortis manifester ne sont pas tous des chômeurs ou des jeunes en quête de travail. Les internautes sénégalais qui ont porté #FreeSenegal ne sont pas tous des demandeurs d’emploi. Ceux qui ont jeté des pierres à l’Université ne sont pas que des politiques.
Parmi les jeunes qui sont sortis défier les Forces de l’ordre, il y a ceux que vous avez traité par le passé d’oisifs errants sur les réseaux sociaux ; ceux dont les frères et les sœurs ont péri en mer en voulant rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. Ce sont les mêmes jeunes qui n’ont cessé de vous interpeller sur les mesures d’urgence par rapport au phénomène de l’émigration clandestine et le fort prix en vies humaines qu’il coûte à la Nation. Toujours parmi ceux qui sont sortis manifester, il y a ceux-là qui ont demandé en vain la vérité sur l’affaire de l’enquête de la Bbc accusant Aliou Sall. Et qui ne cessent de réclamer leurs «400 000».
Les jeunes qui étaient dehors, c’est également ceux à qui vous aviez promis une gouvernance sobre et vertueuse. Ceux à qui vous avez vendu la théorie de «la Patrie avant le parti». C’est à cette jeunesse aussi que vous avez promis de ne faire que deux (2) mandats. C’est à cette même population que vous avez brandi la menace à propos des vaccins : «Si vous ne les prenez pas, je vais les offrir à d’autres pays africains qui en ont le plus besoin.» C’est cette jeunesse qui pense que Karim Wade est victime de votre pouvoir et que Khalifa Sall est otage du système judiciaire. Si vous avez omis toutes ces exigences et toutes ces revendications, vous avez certes entendu la rue, mais pas compris son cri du cœur. La demande de #FreeSenegal, c’est : Une écoute active et une communication responsable et permanente pour plus de transparence et de redevabilité Une loyauté républicaine et démocratique qui voudrait que la limite des deux mandats consécutifs soit respectée Défendre et protéger les principes du constitutionnalisme, de l’Etat de droit et du respect de la limitation des mandats Une justice indépendante et stable Encourager le consensus national en garantissant les libertés et droits humains.
La jeunesse au front : Les 3 mobiles
1- La chimère d’un Etat-nation
L’Etat-nation peut être compris comme un Etat dont les citoyens forment un Peuple se reconnaissant comme ressortissant essentiellement d’un pouvoir souverain émanant d’eux et les exprimant. Quand ce même Peuple se cherche et cherche ses autorités, il vit un sentiment d’abandon et de déception. Le fait majeur de la gouvernance du Président Macky Sall c’est la rareté de sa parole. Au-delà de cette rareté, ses discours sont souvent source de polémiques et de commentaires hostiles. Quand la jeunesse n’a pas l’impression qu’on lui parle ou que la population attend en vain la réaction de son leader sur des questions cruciales, cela crée un vide. Le dernier exemple en date est la sortie du Président Macky Sall à propos des vaccins : «Si vous ne prenez pas les vaccins, je vais les offrir à d’autres pays africains qui en ont le plus besoin.» Tenir un tel discours est inadmissible pendant qu’il fallait sensibiliser, encourager et inviter les populations à se vacciner. Il est arrivé aussi à plusieurs reprises que des citoyens se lèvent pour demander une sortie du chef de l’Etat. Cela a été le cas lors de la disparition en mer de plus de 480 jeunes sénégalais. Le long silence du Président avait poussé les internautes sénégalais à décréter d’eux-mêmes une journée de «deuil national».
2 - Sentiment d’absence de justice
Du dossier du fils de l’exPrésident de la République Karim Wade à l’affaire du maire de Dakar Khalifa Sall, les Sénégalais ont été témoins de plusieurs autres dossiers de justice qui ont fait couler beaucoup d’encre. La perception d’une justice équitable est tellement importante que quand ceux qui la symbolisent ne sont pas perçus comme impartiaux, ils lui font perdre sa crédibilité. Quand elle donne l’impression d’être instrumentalisée, elle devient contestée. Cela constitue les germes d’un sentiment d’inégalité et d’injustice. Quand la perception fait penser que la justice ne s’applique que pour une partie de la population, cela installe un climat d’absence de justice. Rappelons que le frère du Président de la République a été directement indexé par une enquête de la Bbc à propos d’un scandale à 10 milliards de dollars. Il n’a toujours pas été inquiété par la justice sénégalaise. Il en est de même pour certains membres de l’administration épinglés par les rapports de l’Inspection Générale d’Etat (Ige).
3 - Une jeunesse connectée à l’école de la démocratie participative
C’est dans un environnement marqué par l’élargissement des espaces d’interconnexion à travers ce qu‘on peut appeler un village planétaire que les Sénégalais ont porté l’expression d’une indignation collective en ligne. Les combats citoyens portés par des Algériens sont aussi portés par des Béninois ou des Sénégalais. La panafricanisation des exigences politiques, démocratiques et citoyennes est aujourd’hui une réalité. Le soutien massif des Africains et même des Antilles en est une preuve. Cela témoigne encore une fois de l’état de déliquescence des démocraties au niveau du continent.
Portés par des dynamiques d’intelligence collective, les révolutions citoyennes constituent des amplificateurs des révolutions. Qu’elles aboutissent ou pas, elles contribuent à redistribuer les cartes afin de rappeler les principes fondamentaux de la démocratie. «Le pouvoir du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple.» Quand ce Peuple est connecté et organise la circulation de l’information à travers le cyberespace, il devient une force de pression, de contestation, de plaidoyer in extenso, une force de contribution et de participation. Il a fallu moins d’une semaine à #FreeSénégal pour réunir plus de 10 millions de francs Cfa pour les familles des victimes et les blessés. Un simple appel à mobilisation a permis en 72H au centre de transfusion sanguine de collecter plus de 300 poches de sang. «Ils ont essayé de nous enterrer mais ils ne savaient pas que nous étions des graines» proverbe mexicain Il y a 10 ans, le 19 mars 2011, je parlais de cette jeunesse qui a su manifester pacifiquement à la Place de la Nation et qui a pris le soin de nettoyer les lieux après le rassemblement.
Cette jeunesse mature et responsable a fait face à Abdoulaye Wade et n’a jamais fait usage de violence ou de pillage. Elle s’est toujours manifestée pacifiquement en respect aux institutions de la République. Le mouvement Y’en à marre, cette jeunesse est plus qu’un exemple en Afrique, elle est devenue une inspiration pour bon nombre de pays. Entre 2011 et 2012, elle s’est dressée au premier plan sur le front contre les velléités du Président Abdoulaye Wade d’imposer la dévolution monarchique du pouvoir. Dix ans après, j’ai l’impression de vivre la même situation aujourd’hui avec un Président qui a attendu que plusieurs jeunes se fassent tuer pour prendre la parole. Un ministre de l’Intérieur prend la parole sans même exprimer une once de compassion aux victimes et les taxer de terroristes. La jeunesse sénégalaise est de loin en avance sur les acteurs politiques. C’est une jeunesse mature, responsable, républicaine et très patriote. Elle a su démontrer sa maturité depuis plusieurs années et c’est cette maturité qui a conduit Macky Sall au pouvoir. Cette grande mobilisation de ces derniers jours, dépasse la personne de l’opposant politique Ousmane Sonko. C’est l’expression d’une longue sédimentation de frustrations, d’injustice et de perception d’une démocratie bafouée. Ce qui est attendu des autorités, c’est une ECOUTE active et attentive et des actions concrètes.