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23 septembre 2025
CARLOS VEIGA, A LA QUETE DE L’ELECTORAT A DAKAR
A Dakar, face à la presse, il a ainsi dit hier, jeudi, « Je suis ici parce que les élections présidentielles, c’est pour bientôt et la communauté cap-verdienne es très forte au Sénégal et leurs voix sont décisives.
Carlos Veiga, candidat à l’élection présidentielle de la République du Cap Vert, qui aura lieu le 21 octobre, a tenu une rencontre face à la presse à Dakar. Une occasion qui a lui permis de revenir en détail sur sa candidature aux prochaines joutes électorales du Cap Vert où il est soutenu par le Mouvement Pour la Démocratie (MPD), parti du gouvernement actuel.
Carlos Veiga, ancien Premier ministre du gouvernement de Cap Vert pendant 10 ans et ambassadeur du Cap Vert aux États Unis, actuellement leader du parti MPD (Mouvement Pour La Démocratie) a déclaré officiellement sa candidature pour les élections présidentielles qui auront lieu le 21 Octobre 2021. Pour autant, compte tenu de l’importance des voix des ressortissants du Cap Vert, il a estimé nécessaire de faire la tournée hors du Cap Vert pour convaincre l’électorat en vue du scrutin.
A Dakar, face à la presse, il a ainsi dit hier, jeudi, « Je suis ici parce que les élections présidentielles, c’est pour bientôt et la communauté cap-verdienne es très forte au Sénégal et leurs voix sont décisives. L’expérience m’a donné à savoir que pour mes récentes défaites au niveau des dernières élections, les voix de la communauté résidant à l’extérieur priment et c’est ce qui m’a manqué. J’étais à Bissau et aujourd’hui à Dakar pour espérer avoir l’avis des compatriotes pour gagner les prochaines élections présidentielles », déclarera-t-il tout en se disant optimiste d’une possible victoire, vu de son expérience en la matière.
De plus, à travers les postes qu’il a eu à occuper, Carlos Veiga se déclare le candidat idéal pour communier avec le peuple du Cap Vert et avec le gouvernement qui est déjà en place et dont il est le leader. « Je veux mener mon pays dans la voie du développement enthousiaste et je pense qu’on peut le faire en se basant sur les politiques du développement économique et social fondé sur le secteur privé, sur la démocratie et sur la liberté. J’ai une très bonne expérience sur cela et avec le nouveau parlement, nous sommes optimistes pour réussir ces résultats. Le gouvernement qui était en place a fait de son mieux mais beaucoup reste à faire parce que le Cap Vert ne va pas très bien et il faut avoir un système qui peut aider à faire les choses qui ont été proposées à l’Assemblée nationale ».
Par ailleurs, le candidat du parti Mouvement Pour la Démocratie (MPD), Carlos Veiga, a fait savoir qu’il entendait raffermir les liens avec ses pays voisins, le Sénégal et la Guinée Bissau avec lesquels son pays entretient de bonnes relations diplomatiques mais aussi de s’inscrire sur la lignée de la Cedeao pour bien mener le Cap vert..
Le Conseil d’Etat retire le Sénégal de la liste des pays «sûrs»…
Les Républiques du Sénégal, du Bénin et du Ghana ne feront désormais plus partie de la liste des pays d’immigration dits « sûrs ». Cette décision est motivée par l’engagement de la population, notamment les organisations islamiques, dans le combat contre les homosexuels et lesbiennes. Cette liste de 16 pays établie par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) est controversée car elle réduit les chances d’obtenir l’asile. En effet, avec l’entrée en vigueur de la loi asile-immigration fin 2019, les ressortissants de ces pays s’exposent à une procédure d’expulsion dès le rejet de leur demande d’asile en première instance, sans laisser de chance à un premier recours, indiquent nos confrères de 20minutes.fr. Plusieurs associations, notamment de défense des personnes LGBT, s’étaient alors tournées vers la plus haute juridiction administrative, après que l’Ofpra, chargé d’attribuer le statut de réfugié, a décidé le 5 novembre 2019 de ne pas modifier cette liste, inchangée depuis 2015. «La délibération du 5 novembre 2019 du conseil d’administration de l’Ofpra est annulée» et « les Républiques du Bénin, du Sénégal et du Ghana » doivent être retirées de cette liste, a tranché le Conseil d’Etat dans sa décision.
…Des risques liés à «l’orientation sexuelle» des ressortissants
Restons sur la décision du Conseil d’Etat dont la presse française évoque les risques liés à « l’orientation sexuelle » de ses ressortissants. Puisque les ressortissants de ces trois pays ne pourront donc plus faire l’objet de procédures accélérées pour leurs demandes d’asile, autre conséquence du placement d’un pays sur la liste. Concernant le Sénégal et le Ghana, ce sont les risques liés à «l’orientation sexuelle» de leurs ressortissants qui ont motivé la décision. «Compte tenu de l’existence de dispositions législatives pénalisant les relations homosexuelles au Sénégal et au Ghana et de la persistance de comportements, encouragés, favorisés ou simplement tolérés par les autorités de ces pays, conduisant à ce que des personnes puissent effectivement craindre d’y être exposées à de tels risques, l’Ofpra ne pouvait, sans commettre d’erreur d’appréciation, tenir ces Etats pour des pays d’origine sûrs dans l’examen des demandes présentées par leurs ressortissants», peut-on lire dans le texte.
Affrontements entre gendarmes et populations à Tessékré
Le village d’Amali situé dans la commune de Téssékré dans le département de Linguère a été hier le théâtre de violents affrontements entre des gendarmes de la brigade de Yang-Yang et une frange des populations de la localité. Des sources de Seneweb révèlent que tout est parti d’une patrouille de routine effectuée par les hommes en bleu au marché hebdomadaire d’Amali. Les forces de l’ordre ont interpellé deux jeunes dames pour défaut de pièces d’identité. Après plusieurs heures passées à bord du pick-up des gendarmes, leurs parents ont sollicité leur libération. C’est sur ces entrefaites que les hostilités ont démarré. Et les deux parties se sont violemment affrontées. Saykel Sow a été grièvement blessé et évacué au centre de santé de Dahra. On apprend aussi qu’un gendarme est légèrement blessé.Le chef de village de Beli Kodiolé Seydi, Asset Ba et son neveu Arona Omar Ba ont été arrêtés et placés en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Yang-Yang.
Les Douaniers de Thiès saisissent 15 T de sachets en plastique
Cette importante saisie de marchandises et de médicaments par les douaniers n’est pas une surprise. Le dispositif mis en place par les gabelous ne pouvait que donner ce résultat. La Douane a engagé d’intenses opérations de bouclage des couloirs et réseaux de trafics. Ce qui a permis au Groupement polyvalent de Recherche et de Répression de la fraude de Thiès (GPR) de mettre la main sur 15 tonnes de sachets en plastique. Selon un communiqué du bureau des relations publiques et de la communication de la Douane, l’opération s’est déroulée au marché central de Mbour jeudi passé après d’intenses investigations menées par le GPR, dans le cadre de la lutte contre l’importation de sachets en plastique. Ces actions entrent dans le cadre de la mise en œuvre du concept de Douane verte et participent à la protection de l’environnement, indique la même source. Outre les sachets plastiques, une grosse quantité de piles électriques de type Hellesens falsifiées et des insecticides de provenance douteuse ont été saisis lors de l’opération de Mbour. A rappeler que le GPR avait saisi 62 tonnes de sachets en plastique entre avril et juin.
Une importante quantité de médicaments saisis à Ngouye
Restons avec les douaniers pour dire que les agents de la brigade mobile de Nioro du Rip ont saisi également dans la seconde quinzaine du mois de juin une importante quantité de faux médicaments à Ngouye, une localité située dans le département de Birkelane. Il s’agit d’antalgiques, d’antibiotiques et d’aphrodisiaques. La valeur totale de la marchandise et du moyen de transport est estimée à 46 millions de francs CFA. A souligner que cette saisie porte à près de 2,100 milliards de francs CFA la valeur totale de médicaments saisis entre mai et juin 2021. La Douane appelle à l’accentuation de la sensibilisation à l’endroit des populations sur les dangers liés aux faux médicaments et aux sachets plastiques. En tout cas, les douaniers restent plus que déterminés à combattre ces fléaux néfastes à la santé physique et mentale des populations ainsi qu’à l’environnement.
Apaisement du climat social
La presse joue un rôle important dans la régulation du climat social. Consciente de cela, la présidente du Haut conseil du dialogue social (HCDS), Innocence Ntap Ndiaye, a lancé un appel aux journalistes afin qu’ils contribuent à apaiser le climat social aussi bien dans les entreprises que dans la vie politico-sociale. Elle a fait la déclaration lors d’un séminaire organisé au profit des journalistes membres du réseau du dialogue social. Mme Ndiaye a soutenu que la presse a été déterminante durant les émeutes du mois de mars pour l’apaisement du climat. Le thème de cette session de formation des journalistes sur le dialogue social est : «La gestion des crises et la prévention des conflits pour la consolidation d’une culture du dialogue et de la concertation». Il s’agit de capacitation des hommes de médias en dialogue afin qu’ils soient des artisans de la paix. Allant dans le même sens, le représentant du BIT, Dramane Haïdara, par ailleurs directeur de l’Equipe d’appui technique au travail décent de l’OIT, estime que la profession de journalisme que certains qualifient légitimement de quatrième pouvoir est une composante clé de la gouvernance des Etats modernes. Pour lui, la vitalité d’une démocratie se mesure, entre autres, par la vitalité de sa presse. Il en est ainsi parce que les médias alimentent par leurs contributions toutes les dynamiques politiques, économiques et sociales, dit-il. Cependant, relève M. Haidara, la presse a la capacité d’alimenter les conflits tant dans le sens de l’apaisement que dans le sens de l’aggravation.
Escroquerie au visa : Jules gruge 03,5 millions à Saliou
Jules. X. F. B se repose à la citadelle du silence pour escroquerie au visa portant sur 03,5 millions francs au préjudice de Saliou. Ce dernier, selon nos sources, a vu une publication, via Facebook d’une société dénommée «Pyramide voyage international», facilitatrice pour l’obtention de visa Schengen. Et Saliou est tombé dans le piège. Il entre en contact avec Jules pour faire voyager son jeune frère Babacar. Les deux parties s’accordent sur 03,5 millions francs CFA qui seront versés par tranches. Dans un premier temps, Saliou a versé 840 mille francs pour le voyage en Gambie. Arrivé en Gambie, les problèmes commencent. Car Jules lui a délivré de faux billets d’avions et de faux titres de séjour. Sentant que les carottes sont cuites, Jules quitte la Gambie pour rentrer au Sénégal pour sauver sa tête. Ses victimes qui ont eu écho de son retour au Sénégal, ont rebroussé chemin pour porter plainte à la Police de Grand Yoff. Entendu par les limiers, Jules X. F. B reconnaît les faits. Avant de présenter ses excuses. Placé en garde à vue, il sera finalement déféré au parquet pour escroquerie au visa.
Le message Serigne Mountakha à Président Barrow
Une délégation du Khalife général des mourides conduite par Serigne Isakha Bachir Mbacké a été reçue hier par le Président Adama Barrow au Palais de la République. Frère et envoyé spécial de Serigne Mountakha Mbacké, il a transmis les messages de convivialité et de paix du Khalife général des mourides au Président Barrow et au peuple gambien. Un communiqué de la Présidence gambienne renseigne que Serigne Isakha Bachir Mbacké séjourne en Gambie pour rencontrer aussi la communauté mouride en Gambie et des chefs religieux. Il a été accompagné au palais par Mamadou Tangara, ministre des Affaires Etrangères et l’ambassadeur du Sénégal en Gambie, Basirou Sène.
Le traitement du paludisme
L’unité post marketing de surveillance a réalisé une étude pour vérifier la qualité des médicaments utilisés dans le traitement du paludisme. Les résultats de l’étude présentés hier au cours d’un atelier révèlent que 98% de ces produits sont efficaces, de qualité et sans danger. C’est donc la sécurité du patient qui est assurée et également une confiance pour les professionnels de santé pour réduire la morbidité et la mortalité liées au paludisme, a soutenu Cheikh Sadibou Camara président de l’unité post marketing surveillance (Pms). A l’en croire, les prélèvements ont été effectués dans les 6 régions où il y a plus de risques de trouver des médicaments de qualité inférieure. Il s’agit de Dakar, Kolda, Tambacounda, Diourbel, Kaolack et Ziguinchor. Selon Dr Camara, l’étude a été effectuée au mois de décembre sur 12 jours, et il s’en est suivi le contrôle qualité au niveau du laboratoire nationale. Après cette étude, la pharmacie nationale d’approvisionnement va tendre vers l’élargissement du contrôle qualité avec d’autres catégories thérapeutiques, notamment les antibiotiques, les anticancéreux entre autres.
164 nouveaux cas de covid-19
Depuis quelques jours, on assiste à la montée en flèche de la courbe de la contamination au covid-19, dans l’indifférence totale des populations et autorités. Sur les 2210 tests réalisés hier, 164 cas sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 7,42 %. Parmi ces nouveaux cas positifs, on dénombre 64 cas contacts et 100 cas communautaires. Ces derniers sont recensés pour la majorité, dans la région de Dakar avec 84 cas, 04 cas à Louga, 04 cas à Podor, 03 cas à Thiès, 02 cas à Mbour, 02 cas à Saly, 02 cas à Diourbel, 02 cas à Kaolack, 02 cas à Matam et 01 cas Ziguinchor. Deux cas de décès sont déplorés. Cependant, le ministère de la Santé annonce la guérison de 67 patients. Les cas graves en réanimation sont au nombre de onze. A ce jour, le Sénégal a enregistré 43 427 cas positifs dont 41 554 guéris, 1 170 décès, 702 sous traitement. Quant à la vaccination, 536 916 personnes ont reçu au moins une injection.
par Fadel Kane
HISTOIRE DES PANDÉMIES
Je suis de ceux qui préconisent l'obligation vaccinale, malgré le sourire que j'imagine chez mes amis juristes
Il est question de « pandémie » lorsqu'une maladie infectieuse débute dans une région spécifique du globe pour ensuite se propager très rapidement à l'échelle mondiale. L'on parle d'une « épidémie » lorsqu'une maladie infectieuse se propage rapidement d'une personne à l'autre, mais que cette propagation demeure concentrée dans une région spécifique ou sur un même continent. Il est possible que la maladie ne soit pas infectieuse et que l'on parle de pandémie comme pour l'obésité dont le nombre augmente anormalement et que l'on retrouve partout. Mais pour les besoins de cette contribution, on se limitera aux pathologies infectieuses.
La première pandémie connue fût répertoriée entre le 6e et le 8e siècle. Elle concernait la peste bubonique. L'infection se caractérisait par l'inflammation et le gonflement des ganglions lymphatiques principalement au niveau des aines. Ces gonflements sont alors nommés des bubons d'ou le nom de peste bubonique. Selon les écrits, la pandémie aurait pris origine en Égypte ou en Asie centrale. Les échanges commerciaux ont été les vecteurs de transmission de cette peste. La pandémie a atteint son plus haut niveau dans la deuxième partie du 6e siècle. Elle reviendra en une vingtaine de vagues sur une période de 200 ans. L'estimation des morts serait de 25 à 100 millions de personnes. Par la suite, un autre type de peste apparut, sous le nom de preste noire, entre 1347 à 1353. Elle aurait été responsable de la mort de 25 à 34 millions de personnes en Europe. Elle se caractérisait par une infection bubonique sur tout le corps, causée par une bactérie transmise à l'homme par une puce. La peste aurait pris naissance en Inde ou en Chine (origine incertaine) et se serait propagée durant les guerres et les échanges commerciaux. La peste noire reviendra en force au milieu du 19e siècle dans les montagnes chinoises. Elle gagna l'Orient en longeant principalement la mer Rouge. Les villes portuaires furent alors mises en quarantaine jusqu'au 20e siècle.
La fièvre jaune s'est manifestée à plusieurs reprises aux 17e, 18e et 19e siècles. Les patients infectés présentaient alors une coloration jaune de la peau, d'où le nom donné à cette maladie. La fièvre jaune est une maladie hémorragique de source virale transmise par des moustiques infectés et provoquant des vomissements de sang à coloration noire. Elle a pris naissance dans les régions tropicales des Amériques, plus précisément dans le Yucatan, au Mexique, vers 1648. Le commerce d'esclaves de l'époque aurait contribué à la propagation de la maladie en Europe et affligea un très grand nombre de personnes. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), malgré un vaccin efficace, la fièvre jaune fait encore des ravages aujourd'hui. Elle tue chaque année entre 30 000 et 60 000 personnes en Afrique et en Amérique du Sud.
Le choléra est une infection toxique causée par une bactérie qui se transmet uniquement à l'espèce humaine par voies orales en ingurgitant des aliments ou des boissons impropres à la consommation. La contamination provoque une grande fatigue, des vomissements importants, une gastro-entérite, des crampes intenses, de l'épuisement et une déshydratation. Le choléra aurait fait un peu plus d'un million de morts dans le monde. L'OMS affirme que 3 millions de cas et 100 000 décès sont toujours répertoriés dans le monde chaque année.
La grippe espagnole fut le fléau pandémique le plus dévastateur de l'histoire. Elle s'est répandue à la grandeur du globe. Elle est apparue en 1918 vers la fin de la Première Guerre mondiale, mais possiblement déjà en éclosion entre 1916 et 1917. Elle est responsable de la mort de 25 à 100 millions de personnes dans le monde. La maladie est particulièrement morbide : les poumons sont submergés d'eau, les personnes atteintes deviennent à bout de souffle, trouble de la circulation sanguine, suffocation, délire, incontinence, écume de sang s'échappant de la bouche et du nez. Les personnes meurent à force de cracher pour libérer leurs voies respiratoires. Aucun antibiotique n'était disponible à l'époque. Les gens mourraient en l'espace de 10 jours.
La grippe asiatique H2N2 et la grippe de Hong Kong (de souche variante H3N2) auraient fait plus de 3 millions de morts. Active de 1968 à 1970, cette grippe gagne l'Asie et les États-Unis puis frappe l'Europe entière vers la fin de 1969. La vaccination contre la grippe H2N2 alors disponible pouvait atténuer environ 50% des cas confirmés de H3N2. Aux routes et aux voies maritimes, s'ajouteront les voies aériennes qui contribueront à la propagation du virus mondialement. Suite à cette 3e pandémie du 20e siècle, les systèmes de surveillance des pandémies sont alors renforcés. Les différents laboratoires d'observation des virus et de recherche médicale s'avancent en prédisant des retours possibles de pandémies de grippes environ tous les 10 ans.
Le syndrome d'immunodéficience acquise (sida) est aussi une pandémie et il a sévi en Afrique de 1920 à 1950. Le virus, en pleine mutation, se propagea alors dans le monde entier. Le sida se caractérise par plusieurs symptômes consécutifs de maladies causées par l'affaiblissement du système immunitaire déclenché par le VIH humain. La mort survient lorsque l'immunodépression est sévère, c'est-à-dire lorsque le système immunitaire n'a plus aucune défense et succombe à de graves maladies. Le VIH se transmet principalement par les rapports sexuels non protégés, par le sang (injections de drogues) et jusqu'en 1980 par transfusion sanguine chez les hémophiles. Il y a eu plus de 30 millions de morts dus aux maladies en rapport avec le sida.
Toutes ces pandémies n'ont pas eu la même ampleur. Alors que la grippe de 1918 fut terrible, celle du H1N1 fut un pétard mouillé. La longue incubation du VIH et les signes tardifs longtemps après l'infection font que nous vivons encore avec cette maladie. Puis survint la covid 19...
Elle arrive presque comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. En réalité, dans notre pays, elle avait été annoncée. Le Professeur Souleymane MBoup est le premier d'entre nous à monter au créneau en alertant, en 2018, que nous allons avoir une pandémie, "on ne sait pas encore quand et avec quel agent pathogène, mais elle aura lieu". Et qu'il fallait s'y préparer. Nous avions publié dans les colonnes du quotidien le Soleil (20 juin 2018) que la santé est devenue globale et que la sécurité sanitaire devrait nous préoccuper tous, essentiellement parce qu'une bonne partie des maladies chez l'homme provient du monde animal.
A date, la Covid-19 a fait plus de 180 millions de malades et presque 4 millions de morts.
Le virus, lui même nouveau, a complètement désarçonné les mondes scientifique et politique. Dès qu'il a été identifié, les recherches se sont accélérées pour mieux connaitre le virus, le traiter éventuellement et lui trouver un vaccin adéquat. Évidemment les politiciens se sont accusés mutuellement d'être à l'origine de l'apparition du virus. Mais il n'en demeure pas moins que les recherches se sont accélérées et que l'on a mis rapidement au point des vaccins efficaces.
On a beau être opposé à l'ancien président Trump, il faut lui reconnaitre qu'il a écouté ses conseillers et a mis les ressources pour trouver un vaccin. Son programme de travailler à une vitesse grand V pour trouver un vaccin a été un succès puisqu'il a abouti aux vaccins Pfizer et Moderna. Et l'équipe de Biden a bâti sur les résultats trouvés à leur arrivée en évoquant la nécessité d'un "Effort de guerre", mettant sur la table une loi datant de la guerre de Corée.
La Chine a joué sa partition en fabriquant un vaccin classique, rapidement et en a fait profiter le monde, notamment les pays à faibles ressources. On en connait peu sur ce que les Russes ont produit ; ils ont utilisé leur vaccin avant que les données ne prouvent son efficacité.
Toujours est t-il que de jeunes chercheurs ont osé proposer une démarche nouvelle et courageuse, donnant naissance au vaccin à ARN, ce qui est une énorme avancée scientifique. On appelle ces jeunes (si j'ose dire) les milliardaires du Coronavirus. Il n'y a pas de danger dans leur démarche et cela ouvre de beaux boulevards pour des vaccins efficaces contre par exemple le VIH, l'Influenza et le Cancer... Beaucoup de compagnies start-up ou non y travaillent résolument.
Le virus lui, continue à se propager et c'est le propre d'un virus que de muter, de donner de nouvelles souches, plus méchantes quelquefois. Le monde de 1918 n'est évidemment pas celui de 2021. Le virus atteint la planète entière et continue à tuer, à rendre invalide, à éprouver les systèmes de santé, à acculer les politiciens et ceux qui nous gouvernent.
Le journal The Economics du 11 Juin 2021 intitule son éditorial : "Vacciner, Vacciner, Vacciner !" Il mentionne qu'en vaccinant les populations, on a un retour sur l'investissement de 17900% en 4 ans. C'est en réalité notre arme la plus puissante contre cette nouvelle maladie.
On a entendu dire, au Sénégal, qu'il faut laisser le virus circuler et atteindre une immunité collective. C'est la pire des stratégies, elle entraine encore des morts inutilement. Et il y a des opposés à la vaccination. Coin d'histoire, ceux qui étaient opposés à la vaccination contre la variole il y a longtemps, s'étaient évertués à faire des caricatures montrant de petites vaches miniatures sortant des points d'inoculation... Les fake news ne datent pas d'aujourd'hui.
La vaccination fonctionne bien et donne de bons résultats partout où elle est bien faite. On peut même comparer dans un même pays, les zones où on vaccine et celles qui refusent la vaccination. En plus, le PEV du Sénégal est bon. Il s'est permis de transférer des vaccins de région en région pour ne pas les perdre à leur péremption. Je suis même convaincu qu’il pourra intégrer la vaccination des enfants lorsque ce sera demandé, à administrer une 3è dose au besoin et de mixer les vaccins plus tard dans notre stratégie vaccinale. Notre problème c'est l'acceptation, pour nos populations, de se faire vacciner. C'est logique de se battre pour que les vaccins soient disponibles pour nos populations, notamment pour toute l'Afrique. Il s'agit là de tout un pan de l'inégalité dans ce monde, les vaccins les meilleurs pour les plus nantis et à temps. Le reste pour les autres quand ils pourront se les procurer. Dire que Haiti n'a pas encore vacciné quelqu'un jusqu'en fin juin. Il ne suffit pas d'avoir les vaccins et les garder, les laisser périmer. Il faut les inoculer pour que nous soyons protégés contre la maladie ou contre les formes graves. Et nous n'en sommes pas encore rendus là...
Le directeur de la Prévention au MSAS dit qu'il faut continuer de discuter avec les populations en essayant de les convaincre pour qu'elles acceptent la vaccination. Le MSAS s'était fixé fin Juin pour amener les gens à se faire vacciner correctement et même un plan d'acquisition de vaccins supplémentaires est mis en place. Pire, mentionne le Directeur de la Prévention, il y a la circulation des variants qui peuvent ne pas être sensibles aux vaccins homologués par l'OMS et en cours d'utilisation. Mais les gens ne se bousculent toujours pas dans les centres de vaccination... Mon avis est qu'il faut les y contraindre quasiment. Je suis de ceux qui préconisent l'obligation vaccinale, malgré le sourire que j'imagine chez mes amis juristes.
Touba avait donné l'exemple dans les années soixante dix en exigeant que toute personne non vaccinée contre une épidémie en cours ne serait pas admise dans la ville sainte. Cette ferme demande avait boosté la vaccination. Plus récemment, en 2006-2008, lors de l'épidémie de cholera, le Khalife s'était lavé les mains devant les caméras de TV pour donner l'exemple dune hygiène appropriée. On peut aussi mentionner que les laboratoires de surveillance à travers le monde publient que les pathogènes respiratoires et la grippe saisonnière ont substantiellement diminué en raison de l'hygiène accrue actuelle.
Les manifestations politiques actuelles dans notre pays montrent qu'on est plus préoccupé à mobiliser les populations qu'à resserrer les mesures barrières, la distanciation physique et le port de masque. Or l'enjeu c'est de poursuivre les moyens simples de prévention et de faire vacciner nos populations, graduellement. Le pire scénario serait le rush des adultes, jeunes et personnes âgées en même temps si la vague prévue par OMS Afrique frappe à nos portes.
Il ne faut pas baisser la garde. Les stratégies de communication devraient se maintenir et être variées pour ne pas tomber dans une routine démoralisante. Aller dans un centre de santé pour prendre son vaccin et être éconduit pour rupture de stock ne devrait pas être tolérable dans notre pays.
L'incitation à la vaccination peut être légère par exemple sous forme de prix à gagner par tirage au sort des vaccinés. Ou plus ferme comme l'interdiction d'accès aux édifices publics (services gouvernementaux, marchés publics, ...) pour tout non vacciné. Les peuples, à travers le monde, cherchent par différents moyens à se protéger face à ce qui nous arrive de si inédit actuellement.
LES DIFFICULTÉS DES DÉSERTS MÉDICAUX DANS LA RÉGION DE KÉDOUGOU
L’accès à la santé est encore inégal sur le territoire sénégalais
L’accès à la santé est encore inégal sur le territoire sénégalais. Une problématique à laquelle s’attelle le gouvernement avec l’ouverture de quatre nouveaux hôpitaux régionaux, dont celui de Kédougou qui vient d’être inauguré par le président Macky Sall le 31 mai. Mais les disparités continuent à l’intérieur même de cette région la plus pauvre du pays, enclavée au sud-est du territoire, au désespoir des populations et du personnel de santé.
Au bout d’une piste accidentée de 90 kilomètres, deux jeunes infirmiers gèrent le petit poste de santé du village de Sambarabougou. Une seule pièce est utilisée comme salle d’attente et d’accouchement.
Hapsatou Diop, sage-femme, s’occupe seule des femmes enceintes et des nouveaux nés. « On enregistre beaucoup de cas d'infections respiratoires hautes, mais le plateau technique est assez restreint. On n'a pas de bouteilles à oxygène, ni rien. C'est la sage-femme ou l'infirmière qui prend en charge l'enfant. S'il est dans un état critique nous sommes obligés d'en référer à Saraya, qui est assez éloigné. Pour un petit enfant qui fait des détresses respiratoires, ça peut être un voyage assez dangereux. Il y a de la mortalité », explique Hapsatou.
Un centre de santé surchargé
Ici, ce n’est pas le Covid-19 qui inquiète, mais les cas de paludisme qui vont arriver avec la saison des pluies. Surtout que le village n’est pas équipé en ambulance précise Tamba Cissokho, dépositaire du poste de santé. « Il nous faut d'abord une ambulance, ce qui est prioritaire. Il n'y a pas de matériel. Au niveau de la pharmacie, on a besoin de beaucoup de médicaments. On se débrouille seulement. On a quelques produits d'urgence comme le paracétamol, l'amoxicilline, on a pour les premiers soins... », décrit Tamba Cissokho.
Le leader du parti Pastef accuse la France de « néocolonialisme », et met de nouveau en garde le président Macky Sall contre une éventuelle candidature à un troisième mandat en 2024
L’opposant a tenu un discours musclé vendredi 2 juillet lors d’une déclaration à la presse. Il dénonce les récentes lois contre le terrorisme. Le leader du parti Pastef accuse la France de « néocolonialisme », et met de nouveau en garde le président Macky Sall contre une éventuelle candidature à un troisième mandat en 2024. Après les émeutes du mois de mars et en vue des prochaines échéances électorales, Ousmane Sonko conforte son positionnement politique.
Il se définit lui-même comme un « opposant radical ». Vendredi, Ousmane Sonko a multiplié les attaques, souvent frontales. Le député est notamment revenu sur les lois contre le terrorisme votées la semaine dernière à l’Assemblée, « liberticides et vicieuses », selon lui.
« Pourquoi le Sénégal, pays qui havre de paix, éprouve subitement le besoin de se doter d’une loi contre le terrorisme beaucoup plus liberticide que les pays qui sont confrontés à ce phénomène depuis très très longtemps ? Quel dessein inavoué se cache derrière cela ? L’objectif visé, c’est de perpétuer un système, c’est d'imposer un 3e mandat, de museler l’opposition… »
Des lois qu’il estime être « une copie conforme du Terrorism Act de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, en 2006 ». « Macky Sall se fait dicter les lois. Qui sont ceux qui soufflent à l’oreille de Macky Sall ? Monsieur Tony Blair, sous couvert de son institut, est aujourd’hui l’un des conseillers privilégiés du gouvernement du Sénégal. »
VIDE SOCIAL, VIOLENCE ET STRATÉGIE DU CHAOS, LES GERMES DU DÉSORDRE SOCIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le parcours politique de Macky Sall révèle des épisodes qui tranche avec la tempérance. Sonko est prêt à assumer, quoi qu’il en coûte, le rôle de l’acteur principal dans le scénario d’un combat fractricide
Ma réflexion sur la question de la violence et des nervis adopte la distance critique vis-à-vis de la pratique du pouvoir qui s’adonne, en dépit de son autorité sur les forces républicaines, à ce que l’on peut appeler le construit politique de la violence dans ses rapports avec les opposants et les forces démocratiques. Dans le cadre de la praxis politique, la force de la tenaille que représente la dialectique des rapports de force conduit parfois à l’usage de la violence sous ses différentes formes. Mais, aujourd’hui, dans le contexte sociopolitique du Sénégal, la logique de conflictualité, pour les besoins du changement des rapports de force, présage des dérives aux conséquences imprévisibles. Il y a la stratégie du chaos, génératrice du désordre social, qui se construit, par la désacralisation et la fragilisation des forces de sécurité, avec la présence des nervis et des milices dans le champ politique. Les conséquences dramatiques qu’une telle pratique est susceptible de produire sont à situer dans un contexte de post crise, marqué par le vide social et la crise de l’éducation due à la fragilisation des différentes instances de socialisation que sont la famille, l’espace communautaire et l’école. Les médias et les réseaux sociaux, qui ont capturé les jeunes, n’ont pas aidé à inverser la tendance. Leur obsession aux chiffres de l’audimat et leur inféodation à des chapelles politiques les délestent, de plus en plus, de leurs rôles d’agents de socialisation. Il s’y ajoute les enjeux économiques et géostratégiques liés aux nouvelles ressources pétrolières et gazières qui aiguisent des appétits.
Vide social et mécanismes de construction de la violence sociale
Dans le jeu démocratique, les conflits d’intérêts, les affrontements d’idées, les oppositions d’opinions relèvent de l’évidence. Mais, quand la tendance à la radicalité l’emporte sur le jeu des équilibres, les divergences peuvent conduire à la violence aux conséquences souvent dramatiques. Au Sénégal, des signaux qui alertent sur un tel scénario sont, de plus en plus, perceptibles. L’espace politique est redevenu un lieu de conflictualité et d’expression de la violence aiguisée par la passion et les rancunes.
Des historiens de l’histoire politique du Sénégal vont remonter les compétitions électorales au mois d’octobre 1848, pour l’élection du député représentant la colonie à l’Assemblée nationale française. Le corps électoral était composé par les Français de souche, les métis et les habitants de Gorée et de l’île de Saint-Louis. Depuis les années 1960, on a dénombré neuf scrutins présidentiels et dix élections législatives. Bien que le Sénégal se prévale de cette longue tradition démocratique, notre pays n’est pas, au regard de la prégnance de la violence dans les rapports entre acteurs politiques, à l’abri des déchirures sociales. Depuis l’avènement de Macky Sall au pouvoir, la violence est immergée dans l’épaisseur des rapports politiques pouvoir/ opposition. Cette violence présage, en perspective des élections en vue et du troisième mandat, le scénario d’une dialectique aux allures de catastrophe : la violence du pouvoir contre la violence de résistance de l’opposition radicale. L’analyse sociologique et historique de la société sénégalaise montre que la violence politique a ses bases dans une société fortement configurée par la culture de la violence à travers ses différents ressorts et formes d’action. Elle est une donnée structurelle dans une société confrontée à la crise des sociabilités et à la défaillance de ces instances de socialisation et de reproduction sociale. La violence à l’école, la violence politique et la violence dans la rue au quotidien, relèvent toutes de la même source matricielle que sont le délitement des liens sociaux et son corollaire, la crise des valeurs et du religieux et le tarissement des sources de solidarité. C’est au prisme d’une telle lecture qu’on peut comprendre que le champ politique n’est que le lieu de prédilection de la violence structurelle, ancrée dans notre histoire politique et enchâssée dans les modes de sociabilité d’une société en crise, rattrapée par la perte de ses référentiels existentiels. Les multiples cas de violence, du verbal au physique, en passant par la violence symbolique, qui scandent le quotidien des Sénégalais, prouvent, à suffisance, qu’il y a dans notre pays la circularité de la violence, depuis les formes les plus ordinaires, les plus familières jusqu’aux formes les plus extrêmes qui se donnent à voir par des agressions violentes, pouvant conduire, souvent, à des morts d’hommes. La violence se banalise et devient une variable structurelle dans la société sénégalaise, confrontée aussi à son ouverture sous régionale qui en fait un lieu de refuge pour les délinquants de la sous-région.
Plusieurs facteurs ressortent de l'explication que les théoriciens donnent de cette violence dans notre contexte de vie. Mais, c’est par le prisme du triptyque vide social, culture juvénile délinquante et crise de l’éducation qu’il faut situer les mécanismes de production de la violence dans notre société. La notion de vide social, que nous empruntons aux sociologues de l’école de Chicago, vise à procéder à une objectivation de la situation des jeunes, confrontés à une double précarité : celle de l’angoisse des lendemains incertains et la précarité vécue dans l’univers familial où la survie au quotidien devient le signe révélateur d’un marasme social aigu.
Le vide social auquel les jeunes sont confrontés n’est pas le seul fait de la désorganisation sociale, mais il dérive plus des échecs politiques des régimes qui se sont succédé. Les différents pouvoirs, qui ont jalonné l’histoire économique, sociale et politique du Sénégal post indépendant, n’ont pas su produire des formes de gouvernance articulées à des stratégies efficientes dans la prise en charge des demandes sociales. C’est donc au niveau de ces échecs, corrélés à la crise de l’éducation, où se trouvent les mécanismes sociaux et/ou politiques de la violence dans notre société. On se rend compte que le construit politique de la violence n’est pas dissociable stricto sensu de celle qui imprègne l’ensemble des rapports sociaux. La paupérisation, le chômage des jeunes, la crise du modèle d’éducation, ont relié la violence à la crise des valeurs, donnant ainsi naissance à un contexte social chargé qui prédispose un champ politique en ébullition. La crise de l’éducation, qui résulte de la défaillance des rapports d’autorité au niveau des sphères familiale, scolaire, est un autre lieu de gestation de l’indiscipline et de la violence. L’affaissement de l’autorité familiale et la violence dans l’espace scolaire permettent de mettre en lumière l’homologie entre violence sociale et violence politique. Il subsiste ce que Bayart appelle cet « entrelacement des sentiments privés et de la politique publique ».
Certes, depuis le règne du parti socialiste, et bien avant même, la violence, tel un héritage génétique de l’évolution politique du Sénégal, est nichée au cœur de la vie politique de ce pays. Les « Tontons Macoutes » du PS, les « Calots bleus » du PDS, les « Marrons du feu » de l’APR, renseignent sur une tradition de mise en variable factuelle des nervis dans le champ politique sénégalais. Mais la dangerosité du phénomène est plus perceptible dans le contexte actuel où les enjeux sont à la fois énormes et complexes. C’est dans ce contexte de crises multiformes que prospère la réémergence des nervis sur la scène politique, avec des motivations inavouées qu’il faut situer dans la stratégie de préservation du pouvoir par tous les moyens.
Le construit politique de la violence au Sénégal
Les stratégies des hommes politiques s’inscrivent dans la logique de la mise en scène de la violence à travers toutes ses formes pour la fragilisation de l’adversaire. Le construit politique de la violence est allogène à la précarité et à l’instrumentalisation des appartenances à des fins d’endoctrinement (registre appartenances partisanes et identitaires, voire ethniques) ou bien par la marchandisation des allégeances politiques (argent distribué pour des besoins de mobilisation lors des rassemblements), ou encore par la défaillance des institutions démocratiques. Le construit politique de la violence au Sénégal est imputable à une conjonction de facteurs multiformes. On peut citer, à cet effet, l’absence de consensus sur les règles du jeu électoral ou leurs modifications unilatérales par les différents régimes au pouvoir, l’inefficacité et l’inefficience des mécanismes de régulation du processus électoral, l’instrumentalisation des organes de régulation des élections et de celui de l’audiovisuel, capturés par les régimes au pouvoir, une justice aux ordres des tenants du pouvoir, la présence des nervis et des milices dans le champ politique et l’instrumentalisation des identités de proximité ou ethniques. En dehors de ces déterminants qui s’expriment dans l’ordre du jeu politique, on peut évoquer le contexte socio-économique de précarité qui résume ce que nous avons désigné comme le vide social, en usant d’un concept des sociologiques de l’École de Chicago. Dans le registre communicationnel des opposants, renforcé par la violence symbolique de l’exhibition de la richesse mal acquise des hommes du pouvoir, l’opinion publique situe les difficultés sociales au niveau de la patrimonialisation des ressources du pays. Il s’est cristallisé, à travers les régimes qui se sont succédé, le sentiment d’amertume, la ligne de césure entre les politiques au pouvoir et le peuple sénégalais. Tous les régimes ont vécu cette temporalité du désamour entre le pouvoir et les populations. Voilà, en quoi le vide social devient une variable structurante de conflictualité et de violence dans notre pays, fortement ébranlé par une crise économique, sociale, politique, existentielle, à la fois profonde et multidimensionnelle.
Face au rejet des pouvoirs, après quelques années de grâce, l’élite politique gouvernante éprouve la peur de la perte des privilèges et, surtout, celle de rendre compte, pour avoir détourné les deniers publics. Les violences politiques des acteurs du pouvoir s’inscrivent dans l’obsession de rester au pouvoir, face à des populations résolues à opérer des ruptures profondes dans la gouvernance du pays. Le clivage entre les forces politiques actuelles se lit dans cette radicalité des postures, autour d’un duel de taliban entre Macky Sal et Ousmane Sonko.
Macky Sall et Sonko : les deux talibans du landerneau politique
Il est de tradition dans l’histoire politique du Sénégal, l’existence d’un invariant politique qui se traduit par une dualité pouvoir et opposition, par un duel affiché entre des figures au tempérament conflictualiste : Senghor/Dia, Wade/Diouf et aujourd’hui Macky/Sonko. Les discours politiques du moment et les stratégies en perspective vont se structurer et se produire dans cette dualité entre deux acteurs politiques que tout oppose et que rien ne prédispose à s’entendre, selon les principes de la concurrence apaisée, par le respect de la légalité démocratique et des institutions.
Comparant les tempéraments de Georges Bush fils et de Ben Laden, le philosophe iranien, Darush Shayegan, utilisait la figure métaphorique du taliban, pour désigner le premier comme le taliban du dollar et le second le taliban du pétrole. Ils sont tous deux portés vers la violence et la conflictualité permanente, partisans de la logique de la résolution des différends, par un usage démesuré de la violence. Au Sénégal, Macky Sall et Ousmane Sonko sont dans cette logique du clivage des postures tranchées, en perspective des échéances électorales en jeu.
Depuis 2012, il se dévoile dans la stratégie du pouvoir la transgression des fondamentaux du jeu démocratique, par la domestication des institutions et la manipulation des institutions judiciaires. Macky Sall est versé dans la constance du jeu politicien, comme un joueur d’échecs qui éprouve du plaisir à vouloir ériger, comme principe de gouvernance, la conflictualité dans l’adversité, face aux opposants pour qui il se donne la mission de les anéantir. Son obsession à diriger, comme un superman, la plus grande coalition de l’histoire politique du Sénégal, peut être interprétée, par le procédé de l’analyse psychologique, comme l’expression de la peur de l’adversité ou le réflexe de l’instant dictateur. Ou encore, il est, pour certains, dans la stratégie de se donner, à défaut de ressorts sociologiques, les leviers politiques pour briguer un troisième mandat, par la claudication de l’esprit de la constitution. L’analyse trajectorielle du parcours politique de Macky Sall révèle des épisodes dans la vie de l’homme qui tranche avec la tempérance. Le vote sans pièce d’identité, en tant que ministre de l’Intérieur de Wade, durant les élections de 2017, l’emprisonnement d’opposants politiques, l’exclusion d’adversaires d’envergure lors des dernières présidentielles, le rôle joué, en tant que Premier ministre, dans la disgrâce d’Idrissa Seck concernant les chantiers de Thiès, sa radicalité durant les émeutes du 23 juin, sont autant d’éléments instructifs sur le style machiavélique de sa gouvernance. Sa posture d’homme d’État n’a pas étouffé en l’homme l’âpreté de caractère. Le dernier projet de loi liberticide, proposé à l’assemblée, s’inscrit dans cette logique de conflictualité, dans la stratégie du chaos.
À propos de la présence des nervis lors de la tournée politique et/ou-économique, il faut en avoir une double lecture pour comprendre les motivations et les enjeux. Au-delà de sa fonction de mission-sécurité, la présence des nervis est aussi un signal, un message à l’endroit des prédicateurs de la seconde vague, en rapport avec les évènements de mars dernier. C’est d’ailleurs, ce message que retient une partie de l’opposition, en particulier Ousmane Sonko qui décide, dans le cadre du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D), de se donner les moyens et les instruments d’une adversité à la dimension de l’engagement du pouvoir à procéder par le forcing pour briguer un troisième mandat. Sonko est convaincu que Macky Sall est dans le schéma d’Alassane Ouatara et d’Alpha Condé.
À défaut du respect des règles du jeu démocratique, comme rituel inhibiteur de la violence politique, le pouvoir et l’opposition sont dans une logique d’affrontement. Sonko est dans cette optique, prêt à assumer, quoi qu’il en coûte, le rôle de l’acteur principal dans le scénario d’un combat fratricide aux conséquences imprévisibles. Pour cette raison, Ousmane Sonko semble prendre l'envol de l’opposant qui adopte la position de l’opposition radicale, à la dimension des défis et des enjeux du moment, dans un contexte où les acteurs du pouvoir sont hantés par le drame d’une troisième alternance, synonyme de retour au dehors, dans le vécu fatidique du sénégalais lambda. La sortie de Sonko, appelant à ses partisans à adopter la loi du Talion, réaffirmé dans son discours lors de la commémoration des dix ans des évènements du 23 juin 2011, est, selon lui, la seule réponse qui vaille face à la fermeté du pouvoir. Il exhorte la jeunesse à ne pas flancher face aux nervis de Macky Sall. « Soyez prêts. Préparez-vous au combat. Il n’y a pas plus dangereux qu’un président qui recrute des nervis. On répond à la violence par la violence. N’écoutez pas ceux qui vous disent le contraire. Ce n’est pas en restant les bras croisés que les choses vont changer. Les maux de 2011 ont doublé ». La tonalité de la déclaration de Sonko s’inscrit dans le registre culturel du principe dionysiaque de l’éthique tiedo, « door fayou ». Par-là, il traduit le modèle oppositionnel de Wade qu’Ousmane Sonko adopte comme paradigme. Il ne cesse de rappeler à ses partisans que le pouvoir ne s’offre pas sur un plateau d’argent. Voilà deux figures politiques, deux styles, mais le même référentiel dans la praxis politique : l’adversité dans la conflictualité qui caractérise l’habitus taliban.
Les déclarations d’Aly Ngouille Ndiaye et Mansour Faye, situant la responsabilité des émeutes du 22 mars au niveau de ceux qui ont appelé à manifester, montre la cécité du pouvoir à comprendre que dans la dynamique des crises sociales et politiques, les facteurs de cause transcendent les effets de circonstance. En dehors des déterminants liés aux difficultés des Sénégalais, les griefs portés à Aly Ngouille Ndiaye, lors de son passage au niveau du ministère de l’Industrie et celui de l’Intérieur, et la gestion décriée de Mansour Faye concernant les fonds de la Covid, sont parmi les facteurs explicatifs du débordement populaire qui a failli emporter le régime de Macky Sall. On a l’impression qu’ils n’ont rien compris, de ce qui se pointe à l’horizon comme une nuée dans l’histoire politique du Sénégal. Au lieu de travailler à un resserrement des allégeances aux idéaux du progrès social et de l’État démocratique, pour construire du sens politique autrement, le régime de Macky Sall est dans la logique de la stratégie du chaos. Il est temps que les dirigeants de ce pays comprennent qu’au-delà de l’image de reflet de la propagande politique forcenée, par un régime qui réinvente son retour aux consciences, la stabilité du Sénégal devrait être une surpriorité pour tous. Ceux qui pensent qu’ils sont à l’abri de qui peut advenir de la violence politique, en perspective des élections en jeu, sont dans l’illusion et la naïveté coupables du vieillard de la fable, emporté par le duel des margouillats. Il faut espérer, peut-être, dans ces moments d’incertitude, que l’exception sénégalaise puisse prévaloir, car jusqu’ici les ressorts sociaux et religieux n’ont pas totalement dysfonctionné. Ils nous servent encore de soupape de sécurité, à l’exemple des évènements de mars dernier, quand tout semblait être compromis.
Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant chercheur, directeur du laboratoire Groupe interdisciplinaire de Recherche sur l’Éducation et les Savoirs (GIRES) Université Cheikh Anta Diop
DES DEPUTES DE L’OPPOSITION RECLAMENT LE DEPART DE MALICK SALL
«Je ne répondrai pas au coup de pied de l’âne», avait lancé le 25 juin dernier Me Malick Sall aux députés de l’opposition qui le traitaient d’«incompétent».
14 députés de l’opposition ont adressé hier une pétition au président de la République pour le départ de Malick Sall du gouvernement. Ils n’ont toujours pas digéré la formule du «coup de pied de l’âne» utilisée par le ministre lors de l’examen du projet de loi sur le terrorisme.
«Je ne répondrai pas au coup de pied de l’âne», avait lancé le 25 juin dernier Me Malick Sall aux députés de l’opposition qui le traitaient d’«incompétent».
C’est cette petite phrase qui a mis, ce jour là, l’Assemblée nationale dans un tohu-bohu indescriptible pendant plus d’une dizaine de minutes. Les cris des députés de l’opposition se confondaient aux applaudissements de ceux de la majorité. Et même le président de l’Assemblée nationale, qui a tenté de sauver le ministre avec un recours au «latin», n’y est pas arrivé. Me Malick Sall essaie d’éteindre le feu.
«Honorable députés, la présidente de la Commission des lois m’a demandé, au cours de son discours, de ne pas répondre au coup de pied de l’âne. Et je lui ai dit que je ne répondrai pas au coup de pied de l’âne. Je n’ai ciblé personne», a-t-il insisté.
Avant de présenter des excuses. Mais telle une couleuvre, des députés peinent à avaler ces propos du ministre de la Justice. Hier, 14 parlementaires de l’opposition ont adressé une pétition au président de la République pour le départ de Me Sall du gouvernement. Serigne Cheikh Mbacké, Mor Kane, Woré Sarr, Mamadou Lamine Diallo, Mansour Sy Djamil, Cheikh Abdou Mbacké, Marie Sow Ndiaye, Toussaint Manga, Aminata Kanté, Mame Diarra Fam, Aboubacar Thiaw, Oulimata Guiro, Ousmane Sonko et Cheikh Bamba Dièye dénoncent les propos «discourtois et irrespectueux» du garde des Sceaux à l’endroit des députés.
«Ce manque de respect est condamné par la loi organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dispose : ‘‘Les agents publics doivent respect aux députés’’», rappellent les députés de l’opposition. Si la pétition a peu de chances d’avoir gain de cause, cette initiative montre le fossé entre le pouvoir et l’opposition après l’adoption par l’Assemblée nationale des lois renforçant les sanctions contre les actes de terrorisme.
En effet, la séance plénière organisée pour l’examen et le vote des projets de loi 10-2021 et 11-2021 modifiant respectivement le Code pénal et le Code de procédure pénale a été le théâtre de pugilat, d’insultes et d’attaques entre les députés de la majorité et ceux de l’opposition. Finalement votées par la majorité parlementaire, ces lois «liberticides», selon l’opposition, ont été attaquées mercredi devant le Conseil constitutionnel par 21 députés.